[Terminé] T'es sûr que c'est toujours un appartement, ça ?

Faith of Curty atterrit lourdement sur le sol poussiéreux du Chaudron Baveur. Il allait falloir qu'elle s'y habitue, elle le savait, puisqu'elle devrait utiliser le réseau de cheminée tous les jours pendant deux semaines. Elle n'aimait pas transplaner, c'était un fait, même si elle n'avait pas encore son permis et qu'aucune personne censée n'oserait le lui donner un jour elle avait déjà voyagé par transplanage d'escorte, et tout ce qui lui inspirait ce mode de transport, c'était la nausée. C'était immanquable, ça arrivait à chaque fois et elle se sentait mal pendant une bonne heure ensuite. Autant dire qu'entre avoir mal aux fesses parce que le propriétaire du lieu n'a pas pensé à installer un coussin rembourré dans sa cheminée quel manque de délicatesse ! et rendre son petit-déjeuner, elle préférait encore la première option. Quoiqu'il en soit, la jeune fille se releva péniblement, jetant de rapides coups d'œil aux alentours avant de prendre une position plus distinguée et d'arborer une expression signifiant que "Non, pas du tout je ne viens pas de m'écraser par terre comme une crotte de pigeon. Je suis arrivée avec toute la grâce dont une Of Curty est dotée, oui monsieur !" Geste qui ne tromperait personne, cela va de soi, son atterrissage en catastrophe ayant fait suffisamment de bruit pour alerter le moindre être humain doté d'ouïe. Mais heureusement pour elle, et pour le peu de dignité qu'elle avait pu conserver jusqu'à ses actuels dix-sept ans, le bar était quasiment désert. Elle épousseta doucement ses habits avant de se diriger vers la sortie du pub, celle menant sur le centre de Londres côté moldus.

Bon, finalement, elle y était. Le bal s'était achevé le soir précédent, les vacances de Noël avaient enfin commencé, et son programme était d'ores et déjà mis en place. Pas question de rester à la villa, Erwan n'y habitait même plus, rien ne la retenait là-bas. Non, pour ces vacances, elle avait trouvé bien mieux. Elle n'aurait même pas à aller chez elle pour être hébergée, elle avait trouvé une solution pour faire autrement et esquiver des "retrouvailles familiales" qu'elle ne tenait en aucun cas à vivre. D'ailleurs, elle n'aurait même pas à poser un orteil dans le domaine familial, elle comptait bien passer ses deux semaines à Londres !
En cette période de fêtes, et malgré l'heure relativement matinale, la rue sur laquelle elle venait de débarquer était peuplée de moldus en quête de cadeaux -de Noël pour les retardaires ou encore pour le Nouvel An- pour leurs amis, famille, ou, dans certains cas, pour eux-mêmes tout simplement han les égoïstes ! Elle venait vraiment rarement de ce côté-ci, et elle ne put s'empêcher d'observer les passants avec une pointe de curiosité. Néanmoins, même si elle n'était pas souvent en territoire moldu, elle restait en mesure de s'habiller à peu près convenablement histoire de passer inaperçue ben oui un kilt et un chapeau de paille et hop, ni vu ni connu !. Un jean, un pull, et un gros manteau accompagné d'une écharpe parce que Londres en hiver, c'est glacial. Bref, maintenant qu'elle était là, il ne lui restait plus qu'à localiser l'appartement d'Erwan, et ça restait le plus compliqué vu qu'elle s'y rendait pour la toute première fois.

Deux heures plus tard. Son demi-frère lui avait dit qu'elle en avait pour une vingtaine de minutes de marche, le trajet lui prit une bonne demi-heure étant donné qu'elle eut le temps de se perdre et de repérer une boutique de vêtements moldus super sympa en chemin. Quoiqu'il en soit, grâce aux indications que lui avait données l'ex-Poufsouffle, Faith se retrouva enfin devant l'immeuble où vivait désormais son frère. Bon, ça valait pas la villa c'est sûr quoi y a pas de jacuzzi ? mais ça restait un chouette quartier, et puis à vingt minutes du chemin de Traverse quoi ! Elle grimpa quelques marches, et arriva devant la porte de l'appartement au moment où une jolie jeune femme en sortait. Hm, salut, lança-t-elle vaguement en ayant une moue mi-surprise mi-agacée. Elle arrêta la porte qui allait se refermer et pénétra dans le bordel l'appartement. D'accord ... Elle espéra un bref instant qu'elle s'était plantée de numéro jusqu'à ce qu'elle voie Erwan apparaître, vêtu d'une simple serviette. Lorsqu'il s'aperçut de sa présence, il y eut un bref silence jusqu'à ce que ... Je vois que certaines choses ne changent pas ! nota-t-elle en lui adressant un franc sourire, avant de désigner d'un vaguement mouvement de tête sa tenue, si on pouvait dire ça comme ça. La dernière fois que je t'ai vu, t'étais pas déjà à moitié à poil ? Alala Erwy, petit exhibitionniste, va ! lança-t-elle avant d'avancer vers lui pour le serrer dans ses bras avec précaution. Ben oui, pas besoin que la serviette tombe, elle était déjà une jeune fille suffisamment perturbée comme ça. Non mais. J'ai vu une "amie" à toi en arrivant, dommage que l'on ait pas pu faire plus ample connaissance, se plaignit-elle sarcastiquement.

Sa petite pique lancée, Faith se recula un peu et jeta un vague coup d'œil aux alentours. Appartement ou dépotoir ? La question était à poser ! Un bon coup de balai n'aurait pas fait de mal au lieu, sans parler des trucs un peu louches qui traînaient par-ci par-là. Dis-moi Erwy, c'est un string que je vois là ? Finalement, elle se tourna à nouveau vers son demi-frère -demi ou pas, quelle différence ?-, le sourire aux lèvres. Elle était tellement heureuse de le retrouver ! Même si c'était dans cette porcherie infâme. Bon, alors tu me fais visiter ou la vision de certaines parties de cette demeure pourrait me traumatiser à vie ? Ton colocataire n'est pas là ? interrogea-t-elle en cherchant des yeux un endroit où celui-ci pourrait s'être planqué. Bah Will, qu'est-ce que tu fais derrière le rideau ? Et dire qu'avant ça elle trouvait sa chambre désordonnée ! Comment dégouter vos filles de vivre en colocation avec un mec ? Amenez les chez Will et Erwan ! Bon sérieusement, c'était pas non plus si ... Ça restait ... Nan rien à faire, c'était pas très rangé quoi !

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SAPIN

Visiblement, Erwan avait oublié qu'elle venait aujourd'hui, bonjour la mémoire ! Et oui, 18 ans, déjà sénile ! Son air de poisson rouge échappé de son bocal en disait d'ailleurs long sur sa surprise. Elle lui lança un sourire goguenard alors qu'il lui demandait comment elle allait d'un ton profondément convaincu. Tu m'avais oubliée ! dénonça-t-elle en pointant vers lui un index accusateur. Hm, c'était peut-être pas le geste à faire étant donné ce qui s'était passé la dernière fois qu'elle avait brandi quelque chose en direction d'Erwan. A savoir un Poufsouffle à poil et un vol éhonté de salle de bain. Du coup, elle rabaissa bien vite le doigt, la situation actuelle présentait déjà bien des points communs avec celle qui s'était déroulée quelques mois plus tôt chez les Of Curty. Frère indigne, va. Heureusement que je me suis perdue en chemin, je ne préfère même pas imaginer sur quoi je serais tombée autrement, lâcha-t-elle en levant les yeux au ciel sur un ton à moitié réprobateur. Cet appartement respirait la débauche, lorsqu'on entrait là dedans, tous les sens étaient attaqués. C'était quoi le truc près du radiateur là, un morceau de pizza moisie ? Elle se pencha sur le côté histoire d'y voir un peu plus clair mais c'était vraiment pas évident à définir. Sans parler des formes de vie microscopiques qui devaient se développer là dedans et dans le reste de l'appart. Heureusement que les MST ne se transmettent pas par voix respiratoire hein ! Mais ça va ouais, et toi, le boulot ? interrogea-t-elle en se tournant à nouveau vers lui et s'autorisant à sourire. C'était pas un coup de balai qu'il fallait mais plutôt tout le talent d'une entreprise sanitaire employé sous forme massive ... Ou bien tout raser et reconstruire un nouvel appartement ensuite ?

Si elle eut d'abord un regard outré à sa remarque concernant certains penchants vicelards qu'elle pourrait avoir, il se transforma rapidement en un air malicieux tout à fait en accord avec ce qu'elle s'apprêtait à dire. Bah j'ai bien peur que tu ne fasses pas le poids de toute manière Erwy, je veux pas te blesser, mais j'en ai vu pleeiiiiiiiiiiin d'autres des mecs dans le plus simple appareil avec mes lunettes de vision nocturne infrarouge à tête chercheuse et t'as aucune chance quoi. En plus regarde, ta peau commence déjà à pendouiller, ça cache tout abdo, tu te fais trop vieux je le crains, commenta-t-elle posément en faisant un geste vers le jeune homme. Sans parler de tes bourrelets ! Oui enfin, un peu inexistants les bourrelets mais bon, c'était pas comme si ses affirmations précédentes étaient vraies non plus. Genre elle était une espèce d'obsédée qui poursuivait les mecs chez eux pour les voir à poil et conserver des poils de nez en souvenir. Et puis, si il la cherchait alors il la trouvait le blondinet, comme s'il pouvait faire le poids contre elle ! Bon sérieusement, Erwan était, plutôt, si ce n'est, carrément, canon, mais en fait, elle ne l'avait jamais vraiment regardé comme ça. C'était juste son frère quoi, elle trouvait ça aussi bizarre d'y réfléchir que de se dire qu'Edward était sexy. Nan c'était ses frères, et même s'ils avaient été gâtés par dame nature, elle ne s'en souciait pas franchement, tant mieux pour eux hein ! Ils étaient plus agréables à regarder c'est tout.

A son grand soulagement, il n'y eut pas d'accident type la serviette tombe, et là, c'est le drame, donc la discussion put continuer comme elle avait commencé, c'est-à-dire dans les piques et la bonne humeur. Et quand il fit son sous-entendu pas implicite du tout, parce que non Erwan ne fait pas dans la finesse, elle considéra que la guerre était bel et bien déclarée. Aux aaaaaaaarmes ! Et il avait intérêt à tenir la route, le vieux ! Ouais t'as raison Erwy, il vaut mieux pas qu'on chasse sur les mêmes terres. Je comprends que tu veuilles le garder pour toi, après tout, c'est tout à fait ton type non ? Blond, forte poitrine aux yeux bleus, viril, c'est comme ça que tu les aimes ! Elle marqua une pause, lui adressant un sourire radieux. Aller, me dis pas qu'après tous ces mois passés tous les deux, t'as toujours pas réussi à conclure ?! acheva-t-elle sur un ton faussement étonné. Dans les dents Erwan, aller je te laisse prendre des notes mon petit, c'est la meilleure manière de progresser après tout. Bon, la conclusion de tout cet échange de bons procédés, c'était que son pote n'était pas dans l'appartement, donc pas de risque de voir d'autres nanas pulpeuses débouler à tout bout de champ. Quoiqu'Erwan avait peut-être d'autres rendez-vous surprises ?

Le jeune homme l'autorisa finalement à faire le tour des lieux, comme si elle aurait attendu son accord pour le faire de toute manière ! Enfin quoique, juste la garantie qu'elle n'aurait pas de mauvaise surprise en ouvrant une porte quoi ! Bah Will ? Pourquoi t'es enchaîné ? Dégage, lança-t-elle en lui tirant la langue tandis qu'il partait se changer. Pendant ce temps, elle avança quelque peu dans la pièce et jeta des coups d'œil aux alentours sans pour autant farfouiller quelque part en particulier. Vu les trucs qu'elle voyait déjà d'ici, pas besoin de s'en approcher ! Elle enleva en revanche son manteau, qu'elle tenait à la main et le déposa dans le fouillis, gardant néanmoins son sac. Je ne "m'intéresse" pas à lui, je sais juste que c'est ton colocataire, c'est tout. Tu sais, les gens normaux –donc pas toi– peuvent poser des questions concernant des amis de leurs amis sans pour autant prévoir de les mettre dans leur lit, lui fit-elle remarquer sur le ton auquel on explique à un enfant en bas âge que deux et deux font huit quatre. Faudrait pas le bousculer le pauvre. D'ailleurs, elle ne connaissait même pas Will, ou pas beaucoup. Ils étaient dans la même maison à Poudlard, mais puisqu'elle évitait consciencieusement Erwan à l'époque, il en allait de même pour ses plus proches amis. Ceci dit, elle lui avait déjà parlé, mais en l'absence de son demi-frère quoi. Erwan casse-toi !

Contente de le savoir, je transmettrai à Edward si tu savais le poids que ça m'enlève des épaules ! J'appréhendais vraiment de t'en parler tu vois, je savais pas comment tu le prendrais, mais vraiment je suis super heureuse de voir que tu l'acceptes ! Je vais pouvoir te présenter Kimberley ! s'exclama-t-elle joyeusement. Bon, elle poussait peut-être un peu là, mais l'important c'était qu'il ait un petit doute, pour voir ce que ça donne s'il y croit vraiment. Et puis, pas question de se rendre, si elle capitulait, il n'aurait de cesse de le lui rappeler pendant des semaines. Et ça, pas question ! Il était suffisamment orgueilleux comme ça, pas besoin de lui rajouter des raisons de se la jouer. Pendant tout son speech, elle s'était efforcée de regarder une voix convaincante, ne laissant transparaître ni ironie, ni rire, ce serait se trahir. Maintenant, restait à voir si Erwan la prendrait au sérieux, mais ça elle en doutait très sérieusement !
Il lui fit ensuite une visite guidée rapide de l'appartement, qui même s'il n'était pas immense était plutôt sympa, hormis le bazar qui traînait de ci de là. Attends. Tu fais la cuisine ? Tout s'explique, Will est mort d'intoxication c'est pour ça qu'il est pas là hein ? demanda-t-elle d'un air sceptique tandis qu'ils passaient à côté de celle-ci. Etrangement, c'était le seul coin de l'appart à peu près rangé, on se demande pourquoi !

Attends, j'ai le tien ! s'écria-t-elle brusquement avant de commencer à farfouiller dans son sac avec affairement. Avec tout ça elle avait presque oublié ! Elle tendit un petit paquet légèrement mou posé sur un autre un peu plus gros et solide cette fois, au jeune homme avant de saisir le sien avec curiosité. Je suis désolée, ils avaient pas de XXL en strings léopard, alors j'ai pris la taille en dessous ! Bon le mou, il contenait effectivement ce qu'elle venait d'énoncer, parce que quand elle disait quelque chose, elle le faisait elle ! Et puis c'était juste pour le fun quoi, elle l'avait repéré dans un magasin moldu en passant et elle l'avait pris. Autant dire que le vendeur avait été un brin surpris. Le deuxième par contre, il était plus personnel, et elle l'avait préparé longtemps à l'avance. C'était un album de photos d'eux deux, prises pour la plupart l'année précédente, tout simplement, histoire de bien officialiser leur fraternité parce que même si des albums de famille, les Of Curty en avaient, elle n'avait aucune photo avec son demi-frère ... Lorsqu'elle ouvrit son propre cadeau, elle poussa une exclamation de joie, frôlant limite l'hystérie avant de serrer foooort son frère dans ses bras. Merci merci merci merci ! Je ne pouvais pas rêver mieux, je ne te savais pas aussi attentionné Erwy ! commenta-t-elle amusée, affichant un sourire des plus sincères. C'était clair et net, ces vacances de Noël seraient les plus mémorables qu'elle ait connue !

Faith lâcha un dernier « Pfff » pas du tout convaincu avant de baisser les armes. Il n'admettrait tout simplement pas que si elle était arrivée presque comme à l'improviste, alors qu'à la base sa venue était prévue depuis des semaines, c'est parce qu'il l'avait zappée, donc à quoi bon lutter ? Et puis, elle n'allait pas lui en tenir rigueur, surtout pour un truc comme ça. C'était Erwan quoi, il avait eu autre chose en tête, ou du moins il avait dû être plutôt affairé pendant la nuit. Maintenant qu'elle était là en tout cas, au revoir les blondasses. La demi-sœur est dans la place. Elle la laissa donc changer de sujet sans plus insister, autant passer à autre chose maintenant que sa négligence avait bien été mise en avant. Et puis, même s'il ne l'admettait pas, elle savait qu'elle avait raison donc ça suffisait largement, nan ? En tout cas, ça lui suffisait.

Soucis ? Elle scruta son visage quelques instants, la tête légèrement penchée sur le côté. Comment ça des soucis ? Des problèmes parce que tout le personnel hospitalier -hommes inclus ?- est déjà passé sous tes draps ? "Il faut coucher pour réussir" ça marche pas en médecine ? le railla-t-elle gentiment. Connaissant Erwan, c'était la première chose qui lui était venue à l'esprit, les femmes (ou les hommes d'ailleurs pas de jaloux !). Il était juste intenable là-dessus. Mais au fond, elle était quand même un brin inquiète. Son demi-frère était brillant, il ne pouvait pas avoir de problèmes à suivre n'est-ce pas ? Non, ça lui semblait tout bonnement impossible. C'était forcément quelque chose en dehors de son apprentissage. Si lui galérait, que ferait-elle lorsqu'elle entrerait dans le monde du travail ?

Elle fronça les sourcils lorsqu'il parla de Poudlard. Le sujet qui fâche, si vite ? Et le bal, ça c'était déjà plus sympa. Elle préférait penser à la soirée qu'elle avait passé avec Peter que les montagnes de devoirs sous lesquelles elle était chaque jour ensevelie. Pour l'instant, je sens rien du tout ouais j'ai le nez bouché, répondit-elle d'un air pincé. Déjà qu'elle savait qu'elle ne serait jamais à la hauteur de ses frères ... Enfin limite, c'était pas trop grave ça, sa mère ne lui mettait pas tellement la pression là-dessus, mais bon elle avait quand même sa fierté quoi. Le pire c'était juste l'idée de se planter en beauté en fait. J'ai hâte que ça se termine, et en même temps je n'ai pas envie de quitter Poudlard. Paradoxal, non ? Quant au bal, bah j'y suis allée avec Kimberley voyons ! Tu suis ou pas Erwy ? j'y suis allée avec un ami, il est à Poufsouffle. Peter Andrews, tu le connais ? Pas évident qu'il le connaisse vu comment le jeune homme se faisait discret, et ce tout le temps. D'ailleurs, avant cette année ils ne se parlaient pratiquement jamais. Pourtant ils étaient dans la même maison et la même année depuis sept ans maintenant ! Elle regrettait de ne pas l'avoir fréquenté plus tôt, il était tellement gentil, et surtout très intelligent. Il n'avait pas de problèmes en cours, lui. Mais bon, ça la motivait à bosser alors c'était positif !

Ouais, me raconte pas, sinon je vais avoir l'image mentale en tête et j-...Aaah ! Trop tard ! s'exclama-t-elle d'un ton accusateur, tout en essayant de chasser cette vision de son esprit. Comment ne pas être traumatisée après ça ? Je te la présenterai après qu'elle ait rencontré ma mère ... Et étrangement, je ne suis pas sure que ça colle entre elles. Dommage, non ? Tordant. Maman, je te présente Kim. Kim, ma mère. Bon ben je vous laisse faire connaissance ? Déjà qu'avec un mec pas sûr de ce que dirait Marianne ! Enfin, ça pourrait toujours être marrant. Si elle avait été un peu plus courageuse elle l'aurait fait. Elle le ferait peut-être lorsqu'elle quitterait la villa, qui sait ? Lorsqu'elle oserait enfin tenir tête à sa mère. Hm, pas gagné.

Quand il se moqua de ses capacités culinaires, Faith tira tout simplement la langue à son demi-frère. Genre elle n'était pas capable de cuire un steak, il la prenait pour quoi ? Bon d'accord, elle vivait dans des conditions plus qu'aisées, et elle avait des majordomes et autres domestiques, et à Poudlard c'était les elfes qui s'occupaient de tout ... Mais elle savait faire à manger ! ... N'est-ce pas ? Ouais, j'ai déjà cuisiné. Le 32 février 1998. Parfaitement. En tout cas, je suis sure que je ne fais pas pire que toi. D'ailleurs, je pourrais faire à manger tant que je suis là, histoire d'éviter que vous ne finissiez obèses tous les deux avec toutes les cochonneries que vous devez manger, suggéra-t-elle gaiement. En gros, elle s'installait quoi. Deux sorciers meurent après avoir ingéré des pâtes radioactives. Bon, d'accord, elle n'avait jamais vraiment vraiment cuisiné, mais elle pouvait apprendre, non ? Si les autres le faisaient pourquoi pas elle ? Si ça se trouve, elle avait un don caché qui ne s'était pas encore révélé ! L'espoir fait vivre.

Euuuuh, je suis pas sure de vouloir voir ça, en fait. Garde le plutôt pour tes conquêtes, on va faire comme ça hein ! protesta-t-elle avant d'attraper le bout de tissus et de le fourrer dans sa poche. Non non non, pas question. Et puis "superbes fesses" si c'était pour qu'il lui affiche ses fesses toutes flasques en plein champ de vision, non merci. Elle y réfléchirait à deux la prochaine fois, tiens !

Même lorsque tu deviendras un super médicomage internationalement reconnu, tu ne pourras pas m'oublier comme ça ! lança-t-elle en se dégageant légèrement de son étreinte pour lui adresser un sourire un brin ému. Non, elle n'allait pas pleurer. Elle n'était pas une fontaine non plus. Mais bon, qui sait si ils ne finiraient pas par se perdre de vue un jour ? Alors elle tenait absolument à graver ce moment dans sa mémoire, pour toujours.

Il y a un moment où trop, c'est trop, et visiblement, ils avaient largement atteint ce moment, et même franchi la barrière depuis plusieurs kilomètres. Plaisanter avec son frère, ça va, mais lorsqu'il commence à utiliser les mots positions et expérience, c'est que c'est clairement le moment d'arrêter d'insister. Elle eut une moue dégoutée. Hé ho ! On se calme là, j'ai pas envie d'avoir des images de toi en train de... Batifoler en tête. Stop ! Cri d'horreur. Trop tard ! J'espère bien que t'as rien envie d'en voir attends ! Déjà que t'es une espèce de... Dépravé (et je te dis ça en toute fraternité), il ne manquerait plus que tu sois en plus un gros tordu. Pas besoin d'approfondir le sujet ! l'arrêta-t-elle, de manière à couper court à toutes autres précisions qu'il souhaiterait lui donner. Non mais sérieusement, elle n'avait pas du tout envie d'avoir des détails de ce qu'il faisait avec ses 'amies' même si elle se doutait bien qu'ils ne passaient pas leurs soirées à jouer au Monopoly soyons clairs. Okay, elle l'avait peut-être cherché, mais elle n'insisterait plus davantage !

Elle eut un mince sourire, peu convaincue lorsqu'il aborda le sujet ASPIC. Ce n'était même pas un problème de sentiment d'infériorité, ce qui aurait pu être le cas étant donné les résultats brillants d'Erwan par exemple, non, elle ne s'était jamais comparée à lui ou à Edward d'ailleurs, pas de compétition, elle était trop différente. Non le vrai problème, c'était qu'elle savait qu'elle n'avait pas assez bossé les années précédents, donc elle partait avec un sérieux handicap. Ceci dit, elle ne se décourageait pas, elle ne comptait pas sur des résultats exceptionnels, mais elle aurait ses ASPICs, c'était certain. Mouais, je te donne les résultats dans quelques mois ... répondit-elle tout en haussant les épaules d'un air détaché. Elle était en vacances, qui plus est chez son demi-frère, alors pas question de penser aux examens !

Il est gentil, et oui, très timide. Et il manque de confiance en lui aussi, mais c'est vraiment quelqu'un de bien. La soirée était sympa, mais on est juste amis quoi, ça s'arrête là, et je ne vois pas les choses évoluer autrement. Quant à ta dernière question, oui, il sait danser, du moins, je n'ai aucune blessure à vous déclarer, Docteur, répliqua-t-elle en lui tirant gentiment la langue. En clair, elle n'avait personne en vue pour le moment, et c'était peut-être mieux comme ça. Les relations amoureuses et elle ... Certes, elle n'avait pas énormément d'expérience dans le domaine, mais jusqu'à maintenant, ça lui avait largement suffi. Pas question de revivre un nouvel épisode 'Eric'. Ceci dit, elle n'était pas non plus fermée à tout sentiment amoureux, elle préférait ne pas y réfléchir en fait. Prendre les choses comme elles viennent.

Promis. Tu prendras des photos pour l'album familial, on pourra les utiliser comme carte de vœux ! proposa-t-elle d'un ton guilleret. Non vraiment, il y avait matière à faire quelque chose de sympa de cette situation. Quitte à être déshéritée, autant le faire bien comme il faut, non ? De toute façon, elle n'était même pas sure d'être héritière de grand chose, tout irait à Edward, c'était certain. Sauf s'il tombe accidentellement d'une falaise entre temps ! Au fond, elle n'en avait un peu rien à faire, tout ce qu'elle voulait, c'était éviter d'être confrontée à sa mère pour l'instant.

Faith fit quelques pas dans le coin cuisine, lorgnant d'un air intéressé les quelques ustensiles qui traînaient et le plan de travail. Hinhin, trop facile ! Attends, je vais être rémunérée ? Le tout sur un ton innocent et en lui adressant un sourire radieux qui avait de quoi émoustiller n'importe quel être humain doté d'une quelconque sensibilité. Elle avait hérité de ses frères il faut croire. Finalement, elle ramena son regard sur le tiroir le plus à proximité, qu'elle ouvrit avec curiosité. Tiens, quelles sont ces choses pointues et argentées ? Okay, donc les couverts étaient là. Eh bien voilà, elle avait fait sa découverte de la journée. Pour le moment où elle préparerait le repas, il n'aurait qu'à repasser, parce que d'un il n'était pas l'heure de manger, et de deux, sentir son regard posé sur elle lui mettait la pression. Si ça devait foirer, elle préférait être toute seule !

Elle balaya les paroles de son frère d'un revers de la main, levant les yeux au ciel. Il faut croire que je ne suis pas n'importe quelle fille, hein ? Mais ... Han, comment tu m'as démasquée ? D'accord, je l'avoue, je suis Edward, j'ai pris du Polynectar pour me transformer en Faith et te dessiner des moustaches au feutre indélébile pendant ton sommeil ! proféra-t-elle d'un ton menaçant absolument pas crédible. Ben quoi ? S'il disait n'importe quoi, elle avait bien le droit de faire de même, non ? De toute façon, elle n'allait pas s'en priver ! Aborder le sujet Edward n'était peut-être pas une merveilleuse idée mais bon, pas la peine de s'y arrêter hein !

Elle adressa un sourire ému à son frère suite à ses paroles. Waouh Erwy, je ne savais pas que tu pouvais te montrer aussi profond, railla-t-elle d'une petite voix, les yeux brillants. Le cœur n'y était pas pour le coup. Nan je pleurs pas, j'ai une poussière dans l'œil j'te dis. Préférant ne rien dire pour éviter de laisser une larme lui échapper dans un moment de faiblesse, elle se rapprocha de lui et le serra à nouveau dans ses bras, posant sa tête contre son torse. Il était tellement grand, c'était hallucinant ! Elle faisait minimum une tête de moins que lui... Mais en même temps, ce n'était pas non plus comme si elle était franchement grande pour son âge. Elle était dans la moyenne on va dire. Comment casser un moment empli d'émotion: parler de bouffe. Dur dur le retour à la réalité ! T'es vraiment sûr de vouloir me voir faire la cuisine ? Tu sais que c'est ici que sont les couteaux ? S'il était toujours partant tout en sachant ça, eh bien, à ses risques et périls !

Le sujet ASPICs évacué vînt celui du Bal, bien plus réconfortant. Non mais on a pas idée de parler d'examens le premier jour des vacances, y a de quoi la maudire là ! Et puis facile à dire pour Erwan, lui il gérait vraiment, mais dans le genre intello dans un corps de beau gosse quoi, alors qu'elle elle était plus ... Moins brillante quoi. Ceci dit elle le vivait bien, qu'on ne s'affole pas, se la couler douce lui allait tout aussi bien. Par contre s'il y avait moyen de devenir la meilleure élève de Poudlard sans rien faire, alors on pouvait compter sur elle, elle était prête ! Quant au bal, elle se contenta de hocher la tête aux paroles de son frère, que dire de plus, oui ça s'était bien passé, Peter était quelqu'un de génial, ils étaient amis, et elle était sûre que c'était une bonne chose pour elle, parce qu'être avec lui lui était profitable. Erwan parla d'ambigüités, elle n'en voyait aucune, et elle était bien partie pour le lui indiquer. Hey, tu sais, pas besoin de tout ramener à toi Erwy, c'est peut-être la méthode que tu pratiques avec les filles, celle du « bon copain », mais il ne se passera rien avec Peter, parce que ce serait presque comme si je sais pas, je sortais avec toi tu vois. Et rien que d'y penser ... Brr. C'était la pure vérité, le Poufsouffle était plus proche du frère que du grand amour, à ses yeux c'était très clair en tout cas ! Et la comparaison avec Erwan eh bien, c'était exactement ça.

Lorsqu'il employa les mots "cher et tendre", elle ne releva pas, à quoi bon le lancer là-dessus, il n'allait plus lui lâcher la grappe après. Du reste, elle lui jeta un regard surpris. Euuuh, comment ça ? C'était pas au programme cette histoire ! Et de toute façon, quand je danse, je veux un cavalier à ma hauteur moi, et je ne suis pas sûre que tu puisses faire l'affaire, commenta-t-elle en faisant mine de le jauger du regard. En vérité, danser avec lui ne la dérangerait absolument pas, au contraire, il était certain que l'idée l'enchantait, mais s'il l'embêtait, elle était en droit de faire de même, n'est-ce pas ? Mais il ne continua pas sur sa lancée, donc elle n'ajouta rien de son côté.

Le rire d'Erwan était communicatif, et en une fraction de seconde, ils se retrouvaient tous les deux en train de se fendre la poire en plein milieu de l'appartement. Pourtant à la base, la blague n'était pas non plus ultra délirante, mais c'était juste l'idée de la tête que ferait sa mère si une chose pareille arrivait ... Impossible de ne pas rire, c'était trop. Stoppant son fou rire, l'ex-Poufsouffle finit par reprendre la parole pour valider son idée, et elle lui lança un regard entendu. Ça a toujours été son rêve en plus, on fera ça pour son anniversaire ! conclut-elle innocemment. L'opération M était lancée héhé ! Mais pas question de faire une chose pareille pour l'instant, elle logeait toujours chez sa mère actuellement, et elle n'était pas en mesure de se trouver autre part où vivre. Will, Erwy, j'emménage !

Lorsqu'il lui fit la remarque sur le paillasson, Faith lui tira la langue sans aucune gène. Tu logerais ta propre sœur, la chair de ta chair –ou presque– sur un malheureux paillasson ? D'ailleurs, as-tu seulement un paillasson ? s'offusqua-t-elle en ayant un regard vers la porte d'entrée, qui était à présent fermée. Elle n'avait pas fait attention en arrivant en fait, à tous les coups, il n'en avait pas, bordélique comme il était ! Ce qui expliquerait d'ailleurs les traces de chaussure par terre, soit dit en passant. Un peu de ménage ne serait pas de refus ! Mais si elle le lui faisait remarquer, ça allait encore être elle qui serait de corvée, et ça pas question ! L'état de l'appartement était suffisamment inquiétant, elle n'avait pas envie de tomber sur des restes de steak haché quasiment non identifiables.

Au moment où elle prononça le nom de son frère, elle sût qu'elle avait gaffé. Si le sourire d'Erwan disparut, ce fut aussi le cas du sien. Le ton sur lequel il s'adressa à elle la blessa, vraiment. Jamais il ne lui avait parlé comme ça, jamais, même pas quand elle lui avait dit qu'ils étaient de la "même famille" et qu'elle ne lui annonçait ça que trois siècles plus tard. Le moment d'aborder le sujet Edward en en rigolant joyeusement était loin d'être venu, et bien sûr, elle le savait. Mais ça lui avait échappé, ça lui avait échappé, et elle le regrettait infiniment. Tout comme ce qui s'était passé d'ailleurs. Elle avait eu peur, si peur que tout son univers se détruise, que tout vole en éclats ... Et si elle n'avait pas été là, que se serait-il passé ? Qu'auraient-ils faits ? Elle qui abhorrait les conflits, elle avait débarqué limite en pleine boucherie. Y repenser lui faisait mal, alors qu'elle n'avait reçu aucun coup. C'était comme si elle n'était pas faite pour avoir une famille heureuse, comme s'il fallait forcément que son père meure, que son frère ne l'aime pas –parce qu'autrement il lui parlerait, n'est-ce pas ?– et que sa mère haïsse la seule personne qu'elle aimait. Elle lança un regard peiné, blessé à son demi-frère, ne pouvant retenir un mouvement de recul. Désolée ... s'excusa-t-elle faiblement. Le nom d'Edward était tabou désormais, son propre frère, si tenté qu'il se soit jamais comporté comme tel.

Elle ne voulait pas penser à tout ça, pas lorsqu'elle avait été aussi heureuse quelques instants plus tôt. Aussi accepta-t-elle la diversion "Tous aux fourneaux" sans rechigner. Boah, pourquoi m'inquiéter d'une coupure lorsque j'ai un médicomage diplômé à mes côtés ? Prépare ta baguette, ça pourrait saigner, avertit-elle d'un ton léger. Non mais sérieusement, il allait vraiment falloir qu'elle cuisine ?