Tour de ronde > Fred <

Mine de rien, ce n'était pas parce qu'elle était entrée dans une nouvelle année que Billie avait des raisons de faire comme si tout avait changé. Il y avait un bon nombre de détails qui restaient inchangés et par exemple, pour ça, on pouvait notamment parler de son statue de préfète. Et oui, elle l'était toujours, c'était un point qu'il ne fallait surtout pas négliger. Et cette année, tout comme les autres années, elle comptait bien s'occuper de sa tâche à merveille, il était hors de question qu'elle se laisse aller ne serait-ce qu'une fois, elle en était tout bonnement incapable de toute manière, et c'était hors de question, vraiment. Elle ne pouvait pas se le permettre, c'était impossible. Et puis même, comment aurait-elle osé ? C'était un honneur, quelque chose qu'on lui avait confié parce qu'on lui faisait confiance, alors il était hors de question qu'elle se mette à faire n'importe quoi, ça allait de soi. C'était évident. Oui, voilà.

Et ce soir, il était temps de faire la ronde. Le soleil était couché depuis peu et une chose était sûre, la jeune Gryffondor espérait vraiment qu'il n'y aurait pas le moindre problème ce soir. Non mais c'était vrai quoi, si on regardait plus attentivement les choses, c'était toujours plus long lorsque sur la route, on croisait des gens qui s'étaient décidés à ne rien respecter. Et c'était là que c'était vraiment la galère. Parce qu'il fallait les punir, il fallait aussi s'arranger pour qu'ils ne recommencent plus. Et en plus de ça, ils n'étaient pas du genre à vouloir se faire coincer alors il fallait leurs courir après. Donc en clair, c'était toujours bien mieux quand il n'y avait personne dans les couloirs, mais mine de rien, c'était un peu trop rare quoi !

Enfin bon, allez, une nouvelle soirée qui se profilait et il était temps de se rendre dans le hall où elle avait convenu de retrouver Fredericke. Bah oui, elles avaient beau se trouver dans la même maison et dans la même année, elles avaient tout de même des amis différents et pour ça, elles avaient décidé de se retrouver ici. C'était leur toute première ronde ensemble. Bien souvent, Billie aimait les faire seule, c'était un moyen de se détendre et puis, l'an passé, elle n'avait pas tant d'affinité que ça avec Haven donc bon. On ne pouvait pas vraiment dire qu'elle avait tant voulu que ça trainer avec lui quoi. Donc elle l'avait fait toute seule de son côté, et lui du sien. Donc bon, de toute manière, c'était la première ronde ensemble mais ça ne voulait pas pour autant dire qu'elles étaient obligés de passer leurs temps à faire leurs rondes ensemble. Faire des rondes en solitaire, c'était malgré tout un moyen comme un autre de se détendre, de rester tranquille avec soi même quoi. Et c'était parfait ainsi, on ne pouvait pas mieux se sentir, ça allait de soi.

Billie se mit à sourire en voyant la jeune fille se pointer doucement vers elle. Mine de rien, bah elle n'en restait pas moins contente de la voir. Elles allaient passer un super moment, à papoter. Oui bon, okay, elles devaient faire attention à ce que personne ne se pointe bien sûr, ça allait de soi, mais bon, ce n'était pas non plus comme si elles étaient obligées de ne pas parler hein !

•• Hey Fredericke ! Prête pour ta première ronde ! J'espère qu'on ne tombera pas sur une tête de con mine de rien ! Parce que bah... Sinon, on va devoir rester éveillée plus longtemps ! Passé de bonnes vacances ? ••

Pas le terme qu’elle aurait choisi ? Un sourire se glissa alors sur les lèvres de Billie. En faite, elle avait senti dès le début que ce poste de préfète n’allait pas être un truc qui lui plaisait. Bien sûr, ça avait un petit quelque chose de classe, on était plus important, par rapport aux autres, sur certains points quoi. Mais à côté de ça, on avait moins de temps libre quoi. Ce n’était pas vraiment ce qu’il y avait de si fantastiques que ça et tout c’était tellement compliqué par moment. Entre les cours et les rondes, on n’avait plus tant l’occasion que ça de profiter des moments où l’on pouvait retrouver nos amis. C’était un truc à prendre vraiment en considération quoi, et bien sûr, c’était probablement ça qui énervait le plus Fredericke, elle qui devait trouver le juste milieu entre les cours, sa troupe de danse, le Quidditch et les rondes pour pouvoir voir Vincent. Ce n’était vraiment pas facile quoi, loin de là. Et c’était le genre de situation qui pouvait vraiment énerver. Donc forcément, la brune ne pouvait que comprendre que ça puisse ne pas lui plaire, ni lui convenir. Mais on ne pouvait pas toujours décider de ce que l’on voulait dans une école et sur ce point, malgré tous les défauts du monde, ça restait quand même un certain privilège qu’il ne fallait tout simplement pas nier.

« Et quel terme aurais-tu choisi ? Ne t’inquiètes pas Fredericke, ça ne sera pas si catastrophique que ça non plus ! »

Après tout, voilà déjà un an qu’elle le faisait elle même et elle ne trouvait pas cela si pénible que ça, bien sûr, il y avait mieux quoi, mais au moins, ils n’avaient pas de couvre feu à respecter, enfin, d’une certaine manière en tout cas ! Et puis bon, c’était un moyen pour tout faire pour que la maison gagne, en plus de ça ! Et c’était non négligeable. Elles avaient le devoir de motiver les troupes quoi !

Vivre avec son copain... En réalité, Billie devait bien avouer qu’elle estimait que pour ce genre de chose, elle n’avait pas beaucoup de courage. D’une certaine manière, elle n’avait pas de copain de toute manière, alors on ne pouvait pas non plus dire que c’était évident de vivre avec ! Après, pour le reste, elle devait bien avouer qu’elle n’était pas non plus la personne la plus spectaculaire qui soit quoi. Elle n’était pas prête, peut être que Fredericke l’étais oui, mais pas elle, c’était tout aussi simple que ça et on ne pouvait pas vraiment dire que les choses pouvaient être autrement et cela, en tout cas du moins, pour le moment. Bien sûr qu’elle restait quand même persuadée que ce jour finirait par venir. Enfin bon, pas demain la veille, étant donné que pour l’heure, elle avait doucement tiré un trait sur le sentiment amoureux. Pour l’heure, en tout cas. Après, les choses pouvaient changer dès demain. Ça allait de soi.

« Oh je veux bien croire que ça doit être super tiens. Pour le moment, je ne suis pas amoureuse et d’ailleurs, j’ai décidé de tirer un trait sur ce genre de sentiment quoi. Alors je ne peux pas comprendre quoi. Mais une chose est sûre, je ne pense pas me sentir prête pour partager, déjà maintenant, chacun de mes temps libres avec quelqu’un. Peut être que demain, ça sera différent. Aucune idée. »

Un sourire sur le visage elle aimait la compagnie de Fredericke, elle était le genre de personne avec qui il tait vraiment possible de parler de tout et de rien et au moins, comme ça, elle devait bien dire que le moment de la ronde allait carrément passé plus vite et ça, c’était du point positif hein ! Il ne fallait surtout pas oublié ça, voilà tout. Enfin bon, pour autant, ce n’était pas non plus comme si elle était du genre à ne pas s’entendre avec les gens bien sûr, loin de là d’ailleurs. Mais disons que l’on ne pouvait pas toujours s’entendre avec tout le monde non plus. Enfin bref elle, au moins, elle était une fille super, voilà.

« Moi bah... Vacances en famille... C’est clairement chiant de devoir rester chez soi quand tes propres parents peuvent pas te voir tu vois. Enfin bon, j’ai quand même eu l’occasion de voir un paquet de gens et c’était juste d’enfer ça quoi ! J’ai passé de très bon moment en tout cas. »

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Fred’ fit mine de réfléchir un instant et répondit en riant de son propre malaise « Je ne sais pas, peut-être paniquée, pour garder le P. » Même si ce n’était pas le mot exact non plus, en réalité, elle était plutôt ennuyée. Mais l’avantage de tout ça – outre la compagnie de Billie bien entendu – c’est que les rondes n’empiétaient pas vraiment sur son temps avec Vincent ou n’importe lequel de ses amis. Fredericke suivait généralement scrupuleusement le règlement (sauf pour ce qui concernait le port de l’uniforme),

« Bah tu sais, à la limite, je préférerais ne pas avoir envie de passer tout mon temps libre avec lui. Je me sens parfois carrément trop pathétique comme fille tellement je suis accro… » C’est clair que quand elle avait 11/12 ans, si on lui avait dit qu’elle finirait comme ça, folle amoureuse et prête à passer une bonne partie des caprices de son copain, elle ne l’aurait pas crût. Pire, elle souffrait quand elle n’était pas avec lui… Mais elle se disait que c’était sûrement normal, ça ne faisait même pas un an qu’ils étaient ensemble pour de bon, ils étaient encore dans la phase passionnelle de la relation, elle espérait sincèrement que ça deviendrait plus facile avec le temps. Ce qu’elle ne prenait pas en compte c’est que cela tenait aussi de son caractère qui était assez volcanique et engagé, Fred’ était toujours à fond dans ce qu’elle entreprenait depuis toujours, il n’y avait pas de raison pour que cela ne fût pas aussi le cas en amour. En revanche, elle trouvait triste que dans le cas de Billie, l’amour ne soit pas au rendez-vous du tout.

« Mais toi… tu veux vraiment laisser tomber les relations amoureuses ? Sans devenir aussi ridicule que moi, tu n’as pas eu que de mauvaises expériences, si ? » Fredericke n’avait pas vécu autant d’histoires que Billie, en fait, pour tout dire, elle n’avait qu’une histoire depuis qu’elle était entrée dans l’adolescence. Vincent était son homme depuis toujours. Elle avait bien essayé d’aller butiner ailleurs pour l’oublier à un moment, mais ça n’avait pas été efficace, elle avait continué à ne voir que lui. Du coup, sans ignorer la douleur d’un chagrin d’amour (merci Marie), elle ne pouvait pas comprendre la déception de vivre histoire sur histoire et de les voir se terminer, ni la lassitude que cela pouvait entraîner.

« Si tu t’es amusé c’est le principal, mais j’en déduis que ça ne s’est pas arrangé dans ta famille… » Fred’ se mordit la lèvre inférieur d’un air assez inquiet. Puis, elle ajouta « Tu sais… moi aussi de ce côté c’est pas génial. Je n’en ai pas parlé à Vincent donc tu gardes ça pour toi mais… mes parents divorcent. » Elle poussa ensuite un énorme soupir. Pour être tout à fait honnête, elle ne savait pas pourquoi elle n’avait pas parlé à Vincent de ce qui se passait dans sa famille. Au début c’était parce que ça lui faisait trop mal pour qu’elle en parle et elle avait préféré se faire consoler d’une autre manière, puis le temps passant, elle avait loupé l’occasion de le lui annoncer et maintenant ils étaient à Poudlard et elle ne l’avait toujours pas fait. « La famille… quelle poisse quand même. » Conclut Fredericke, heureusement que ce n’était pas le seul aspect de leur vie quand même ! Et au moins, à Poudlard ils avaient une autre famille avec leur maison et leurs amis…

Et oui, c'était ça l'amour, justement le petit côté que Billie avait souhaité doucement éviter et se passer. Cet esprit de besoin, de nécessité. Non vraiment, elle ne parvenait pas à supporter l'idée d'autant plus qu'elle avait aimé comme ça oui. Elle avait déjà eu l'occasion de se comporter comme ça, de ressentir le besoin d'être avec la personne qu'elle aimait, la nécessité de ne jamais la quitter sans quoi, on avait l'impression de perdre une part de soi. Mais pour autant, ce n'était pas non plus comme si ça lui manquait de toute manière. L'amour, oui c'était un très beau sentiment et lorsque l'on tombait dedans, on pouvait difficilement en sortir. C'était peut être pour ça justement que Billie avait peur de ça, peur de replonger, de se retrouver à nouveau coincée dans tout ça sans pouvoir faire quoique se soit. Et ce n'était vraiment pas facile. Mais bon, c'était ainsi et de ce fait, on ne pouvait tout simplement pas faire grand chose mine de rien. Un soupire s'échappa doucement de ses lèvres et elle préféra chasser tout ça de sa tête.

« C'est ça justement le problème principal avec l'amour, c'est que l'on ne peut pas contrôler ses propres pensées, on ne peut pas dire qu'on veut être comme ça, ou comme ça, parce que nos sentiments amoureux nous guident ! »

Non elle n'avait pas eu que de mauvaises expériences. Du moins, pas tant que ça, même si à chaque fois, disons que ça c'était vraiment fini de façon bien difficile quoi... Enfin bon, bien sûr que ça lui avait quand même permis de passer de bons moments et de ce fait, c'était carrément non négligeable. Mais pour autant, on ne pouvait pas vraiment dire que si elle en avait l'occasion, elle recommencerait. Pourquoi ? C'était plutôt simple, ça faisait tout simplement trop mal pour qu'elle puisse se mettre en tête de recommencer. Et puis mine de rien, sa relation avec Wade était tellement simple et sans prise de tête qu'elle voyait mal pourquoi elle se serait à nouveau compliquée la vie. Ce n'était pas forcément le genre de chose dont on pouvait parler, certes, et c'était en général jugé pervers et tout ça, mais elle s'en moquait, elle menait la vie qu'elle voulait et de toute façon, elle se plaisait dans une telle situation. Donc bon.

 « Au moins, maintenant je sais que je ne souffre plus, en m'éloignant de ça. Je me trouve bien, très bien comme je suis à l'heure actuelle et je n'ai besoin de rien de plus d'après moi. Ca peut être con, bien sûr, dis comme ça mais pourtant, j'ai trop souffert. Je n'ai certes, pas vécu que de mauvaises expériences, mais ça c'est terminé tellement mal à chaque fois qu'au final, j'ai peur d'aimer. »

Et non, ça ne s'était tout simplement pas arrangé avec ses parents mais à force, elle s'était tout bonnement rendue compte que non, ça ne s'arrangerait jamais. Enfin bon, avec le temps, elle s'y était faite et ce n'était pas non plus comme si elle n'allait jamais pouvoir le supporter. Elle avait compris, et voilà, c'était peut être la seule chose qui comptait, elle se moquait bien de ce que les gens pouvaient penser à ce sujet et il ne s'agissait que de sa propre vie. Avec ses parents, ça craignait mais il n'y avait pas qu'eux dans la vie, et aux prochaines vacances, elle serait majeure et capable de se trouver un appartement. Voilà tout.

Mais les problèmes de famille étaient partout et ça, Billie ne pouvait que s'en rendre compte. Pour preuve, les parents de Fredericke étaient en train de divorcer. Mine de rien, il ne fallait jamais se mettre à croire que l'on ne pouvait voir que ses propres problèmes, il fallait toujours pouvoir dire que les autres pouvaient en avoir aussi. Et Fredericke en avait, voilà tout. La famille, c'était la chose la plus importante pour la plupart des gens, mais pour beaucoup, c'était surtout ça qui était capable de les détruire.

On ne pouvait pas prétendre le contraire, Fredericke était on ne peut plus d’accord avec Billie pour ce qui était du premier point. Après tout, l’amour, c’était quand même ce qui avait complètement changé Fredericke. Lorsqu’elle était entrée à Poudlard, elle avait vraiment un sale caractère, elle était même plutôt violente, voire carrément égoïste ! Elle était farouchement indépendante, presque solitaire, et elle n’arrivait pas à s’intégrer dans l’école parce qu’elle ne parlait pas bien l’anglais. Maintenant, c’était très différent. Non pas qu’elle ait radicalement changé de caractère, mais elle était dans une autre optique. Son côté violent par exemple ne ressortait plus qu’en de rares occasions, d’une parce que tout le monde autour d’elle avait grandi et que elle… elle était restée une brindille ! Mais surtout parce que en deux, Vincent était violent pour deux. Elle passait tellement de temps à s’excuser pour lui qu’elle n’en avait plus pour se battre ! Puis, la violence paraissait moins drôle maintenant, allez savoir pourquoi… Quant à son statut social, il avait bien évolué. Les premiers mois de sa seconde année, il n’y avait que Vincent et elle, personne d’autre, mais il ne parlait pas un traître mot d’allemand alors elle avait été obligée de s’améliorer en anglais pour discuter avec lui, chose qu’elle n’avait eu envie de faire pour personne d’autre avant ! Et une fois l’anglais maîtrisé, elle s’était fait tout un tas d’amis, on pouvait même dire qu’elle était très populaire maintenant. Gros contraste donc. Mais tout ça, c’était juste parce qu’elle avait rencontré Vincent, sans lui, rien n’aurait été possible… l’influence de l’amour était vraiment impressionnante.

« Je ne vois que trop bien ce que tu veux dire. Pour Vincent, je me suis fâchée avec mes parents, et le pire c’est que je ne le regrette même pas. C’est comme s’il y avait deux personnes en moi, celle qui ne pense qu’à tout faire pour être lui, et l’autre, plus critique, qui me dit que vraiment je me comporte parfois comme une idiote. » Mais malgré ça, Fredericke n’avait jamais été aussi heureuse qu’en ce moment. Sauf quand elle pensait à ses parents bien entendu… mais ce qui était certain c’est qu’elle trouvait l’optique dans laquelle vivait Billie un peu triste et défaitiste. Malgré tout, c’était son choix. La dernière fois qu’elles avaient parlé d’amour, Fred’ disait à Billie qu’elle ne pouvait pas abandonner ses sentiments pour Vincent alors même qu’il sortait avec une autre, et c’était sûrement aussi super défaitiste vu de l’extérieur, pourtant Billie n’avait pas critiqué, donc Fred’ respecterait aussi son choix.

« Peut-être que tu penses ça parce que tu as besoin d’un peu de recul. Finalement, les peines de cœur, ça épuise. Tu as peut-être juste besoin de t’en remettre, de vivre plus simplement… et quand tu seras prête et bien tu pourras décider d’en revivre une. Après tout, on a que seize ans, on a toute la vie devant nous, tu n’es pas pressé ! » C’était vrai non ? Pourquoi se prendre la tête si Billie ne voulait plus vivre de grandes histoires d’amour, elle avait le temps pour se caser pour de bon et rencontrer le mec qu’il lui fallait ! Ce n’était pas comme si elle avait déjà la trentaine hein !

Passant sur le sujet de la famille pour ne pas retourner le couteau dans la plaie, elle dévia sur autre chose. « Au fait, tu veux que je te raconte ce qui m’est arrivé alors que je suis préfète depuis peu ? Je te jure… j’vais faire un malheur avant la fin de l’année ! » Le rapport avec la famille ? Attendez… on va y venir !

Se fâcher avec ses propres amis pour un garçon... Billie devait bien dire que c’était, au moins, le genre de chose qui ne pourrait jamais se prendre la tête avec ses parents pour un garçon, c’était toujours ça. Ce n’était pas l’idéal c’était évident, mais on ne pouvait pas toujours avoir ce que l’on voulait dans la vie de toute manière, c’était évident. Enfin bon, elle aurait quand même aimé ça, et cette situation ne remontait pas à si loin que ça bordel... Et mine de rien, ça pouvait franchement faire mal, c’était évident et tout ça, mais mine de rien, bah... Elle n’y pouvait rien. C’était devenu ainsi et elle ne pouvait s’en prendre à personne, ça allait de soi. Malheureusement d’ailleurs, parce qu’elle devait bien avouer qu’elle aurait vraiment été capable de tout donner pour que la situation redevienne d’un seul coup comme avant quoi... Mais ce n’était pas possible, c’était même impossible, oui voilà, c’était aussi simple que ça.

« Bah oui, tu as une part de toi qui essaie de rester simple, d’être contrôlée et tout mais tu n’y arrives pas quoi. Ça se comprends, c’est la volonté d’être responsable, mais en même temps, tu agis bien souvent sans même t’en rendre compte. C’est l’amour ! »

Mais mine de rien, même si elle ne parvenait pas toujours à contrôler ses propres gestes et tout ça, Billie devait bien dire que sa joie, son bonheur, c’était flagrant chez elle. Mais ça ne marchait pas toujours aussi bien malheureusement et c’était justement pour cette raison que Billie avait bien trop peur de ce sentiment. Mais ça restait le genre de chose qui vous tombez dessus, le truc bien impossible à nier, et on ne peut pas non plus lutter contre ça, c’est comme ça, voilà tout, et nous sommes, tous autant que nous sommes, bien obligé de faire avec. Voilà tout.

Besoin d’un peu de recul ? Oui, il état possible qu’il ne s’agisse que de ça bien sûr, mais elle n’était pas vraiment dans la capacité d’y penser de façon un peu plus sérieuse pour le moment. Elle ne savait pas, vraiment pas, et au final, elle ne pouvait pas non plus toujours tout savoir. Enfin bon, bref, elle n’allait pas non plus trop se prendre la tête, surtout que ce n’était pas du tout son genre. Enfin bon, on ne pouvait pas vraiment faire tout le temps ce que l’on voulait bien sûr, ça se faisait comme ça se faisait, c’était comme ça, oui voilà tout.

« Oui peut être... Très franchement, je sais enfin... Je suis persuadée que l’amour me retombera dessus sous peu, mais pour le moment, vraiment, j’insiste pour que je n’ai pas à devoir me casser la tête avec tout ça pour le moment. La seule chose dont j’ai envie, en faite... C’est d’être heureuse, et tranquille surtout. Oui voilà. »

Et puis comme le disait Fredericke, elle n’avait que seize petites années, ce n’était pas comme si elle avait la nécessité de se fixer de suite, loin de là. Et elle avait trouvé comment s’amuser simplement. Pourquoi ne pas tout simplement s’amuser avec Wade ? Enfin... Bref.

Oui voilà, il ne fallait pas parler des familles, alors son changement de sujet se glissait ici de manière subtile et parfaite. Vraiment. De toute manière, Billie ne voyait pas ce qu’elles auraient bien pu dire de plus à ce sujet hein ? C’était très bien comme ça, c’était tellement mieux d’oublier de se prendre la tête. Oui voilà.

« Un malheur avant la fin de l’année ? Dis moi tout alors ! Parce que là, tu me surprends mine de rien. »

Notre jeune lionne ne pût qu’opiner du chef. L’amour, c’est quand même la chose la plus merveilleuse mais aussi la plus compliquée qu’il lui ait été donné de connaître. Pour sa part, elle n’avait pas autant d’expérience que Billie. Il n’y avait – et elle espérait que ce serait toujours le cas dans le futur – jamais eût que Vincent dans sa vie. Elle était tombée amoureuse un an et quelques mois après l’avoir rencontré, au tout début c’était un amour innocent qui se satisfaisait de rester la meilleure amie puis ensuite il était sorti avec Marie et tout était devenu plus compliqué. Elle avait eût des flirts avec d’autres garçons, elle était même plus ou moins sortie avec Axel, mais tout son amour n’avait toujours été que pour son premier ami, celui qui l’avait tiré – sans s’en rendre compte – de sa propre noirceur. Du coup, comme elle ne pouvait pas franchement étendre son cas à tout le monde (autant de constance à 16 ans, c’est assez rare), elle pouvait seulement faire confiance à ce que disait Billie.

« J’ai souvent l’impression que quand je ne vois pas Vincent, je suis comme une droguée qui n’a pas eu sa dose. Je suis inquiète, fébrile, ça me perturbe. C’est pareil quand on se dispute – ce qui arrive souvent -, j’ai l’impression que la terre a arrêté de tourner, alors que je sais pertinemment que c’est faux. Mais je suppose que ça fait parti des règles du jeu. » Si c’était trop parfait, ce serait ennuyeux après tout, elles n’étaient pas des machines. Ceci dit, Fred’ était persuadée que son amie trouverait rapidement chaussure à son pied, bon, ce serait peut-être encore pas le bon, mais elle était tellement jolie qu’il n’y aurait aucun problème ! En fait, Fred’ trouvait que Billie avait un petit air de sa cousine Serena. Ce n’était pas dans le style bien sûr, mais dans les caractéristiques de naissance, hors Fred’ avait toujours trouvé que sa cousine Serena était un canon. Elle n’avait jamais été très objective avec ses cousines de toute façon.

« Quand tu n’auras plus envie d’être tranquille, ce sera le signe que tu peux retomber amoureuse, non ? Enfin, après, moi je n’ai jamais connu tout ça. Comme tu sais, mon expérience sentimentale est assez… particulière. » Elle sourit en disant ça, et ensuite, elle passa la main dans ses cheveux tranquillement. Tout son cœur était à Vincent, on y pouvait rien. Elle savait cependant que c’était assez mal vu dans son entourage, surtout à Gryffondor. Une lionne et un serpent ensemble, c’était bizarre non ?

« Oh bah… tu connais Damon Peterson ? Il m’a fait un scandale ce matin parce qu’il m’a vu en sous-vêtement. Je ne sais pas ce qu’il fout à Gryffondor celui là parce que niveau courage c’est un zéro pointé qu’il mérite. Il tremblait comme une feuille à l’idée que Vincent le cogne. Débile. Voilà qui m’a bien mise en colère, j’peux te le dire… » Car Fredericke et la patience vous savez… ce n’était pas très compatible. Elle ne l’était même pas vraiment à cause de son impulsivité.

C'était bien ça justement le problème principal de l'amour, dans un sens. Ca pouvait paraître stupide, mais lorsque l'on était amoureux, on n'avait pas la moindre envie d'être séparé de la personne que l'on aime. C'était ça, justement, l'un des plus gros problèmes. En aimant une personne, on n'avait pas la moindre envie d'en être éloigné et donc, on n'avait plus vraiment de vie, on n'avait plus la volonté de faire ce que l'on voulait, on n'avait que l'unique volonté d'être avec cette personne. La liberté, c'était terminé, on ne voulait plus se mettre avec elle, si elle nous empêchait d'être avec les gens qu'on aime. C'était encore une chose qui faisait que Billie ne voulait plus avoir à aimer, c'était tellement prise de tête, on perdait toutes possibilités d'être soi-même, puisque la seule chose qu'on voulait, c'était plaire à cette fameuse personne. Très peu pour elle donc, mais ça, elle l'avait déjà répété des dizaines de fois bien sûr.  « Les règles du jeu de l'amour. C'est pour ça que je ne veux plus y mettre les pieds. Chaque action, chaque geste dépend ensuite de la personne qu'on aime. On n'a plus de liberté. »

Et pour ce qui était de retomber en amour, elle en avait peur, elle n'en avait pas hâte. Elle avait tellement souffert pour le moment qu'elle ne voulait pas que cela se reproduise. Pourquoi se casser la tête, justement, lorsque l'on peut facilement se contenter des plaisirs de la chair, lorsque l'on n'est pas obligé de supporter tous les mauvais points d'une relation, il suffit de ne pas tomber amoureux. Après, oui c'est plus facile à dire qu'à faire. L'amour, c'était une chose qui nous tombait dessus, qu'on ne pouvait pas éviter non plus. On ne pouvait pas éviter un truc de ce genre, c'était comme ça.  « Honnêtement, je ne sais pas, je dois bien dire que je refuse de m'approcher de près ou de loin de l'amour. Mais après, ça nous tombe dessus après tout. Donc je verrais bien ce qu'il se passera. » Et après, bah... Elle ferait ce qu'elle aurait à faire. Bien sûr. Pour l'heure, elle n'était pas amoureuse, voilà tout. Et c'était ça qui comptait le plus. Elle n'avait tout simplement pas envie de se prendre la tête pour le moment, voilà tout. Mais elle savait aussi que pourtant, ça pouvait par exemple arriver demain. Même si elle n'avait pas de nombreuses croyances dans les coups de foudres quoi.

Damon Peterson, c'était un nom qui lui disait vaguement quelque chose mais en tout cas, c'était tellement vague qu'elle n'en savait pas plus. Oui, voilà. En tout cas, la question, dans tout ça, c'était de savoir comment, justement, il avait pu voir Fredericke en sous-vêtement, ça restait quand même une belle question ça hein ! C'était plutôt incompréhensible aussi quoi. Et par contre, on pouvait parfaitement comprendre que Damon ait pu avoir un peu peur. Vincent était du genre à cogner sur tout ce qui bougeait. Et d'après ce que Seth avait pu lui dire un jour. Il était arrivé juste à temps pour qu'il ne tue pas Tobias !  « Non mais normal qu'il puisse avoir peur de Vincent. Si Seth était pas intervenu la dernière fois, ton copain aurait tué Tobias, tellement il lui tapé dessus. Et puis bon, comment il a fait pour te voir en sous-vêtement ? Pourquoi t'es pas pudique ! »

Plus de liberté ? Hum, c’était possible. Pourtant, Fredericke se savait éprise d’une certaine liberté, mais elle était probablement plus physique que psychique… en effet, Vincent avait toujours été un brin possessif un brin, genre et ça ne l’avait jamais franchement dérangé, elle trouvait même que c’était mignon. Bien sûr, être dépendante de lui, ça l’inquiétait vraiment par instant, elle ne savait plus comment réagir parfois… l’aimer autant lui faisait presque mal. Mais voilà, en un sens, c’était devenu réciproque donc c’était agréable, parce que lui aussi avait besoin d’elle. Elle devait admettre que comme il refusait systématiquement toute aide concrète de sa part et qu’il ne se confiait presque jamais, elle ne savait pas trop dans quelle mesure ça avait de la valeur pour lui, mais bon… l’important c’était les faits après tout. Hors elle savait que Vincent la voulait pour lui, donc qu’il avait besoin d’elle, CQFD. Fredericke a toujours été un peu simplette.

« Autant Vincent me soûle à vouloir jouer mon impresarii et à décider à qui je peux parler et à qui je ne peux pas, autant je n’ai pas la sensation qu’il m’enlève ma liberté… parce qu’il a de l’influence sur moi – trop d’influence peut-être -, mais j’en ai aussi. Il est plus gentil depuis qu’il me connaît non ? » Enfin c’est ce qu’on lui avait dit en tout cas. Les rares fois où ils s’étaient fâchés assez longtemps pour que Vincent se retrouve seul dans Poudlard, ça avait été un massacre. Il faisait plus d’effort quand elle était à ses côtés… déjà en sa présence il ne se battait pas, même s’ils n’étaient pas tout le temps fourrés ensemble, ça avait son importance.

« J’suis sûre qu’un jour tu trouveras le bon, alors tu pourras te dire que les autres n’étaient que des étapes pour en arriver jusqu’à lui. » Oui, d’accord, Fredericke lit trop de romans à l’eau de rose… c’était son péché mignon, on le savait bien dans le dortoir ! Pour autant, la jeune fille ne pratiquait pas un romantisme affolant dans son couple. Elle pouvait l’être pour les grandes occasions mais sinon, non… Et pourtant, comme vous pouvez le constater, certaines idées de midinettes sont bien enfoncées dans son crâne de blondinette.

Les deux filles laissèrent momentanément le sujet de l’amour pour parler de Damon, un pauvre crétin de l’avis de Fredericke qui ne détestait rien tant que la lâcheté. Certes, les arguments de Billie étaient recevables, mais seulement dans une certaine mesure… « Tobias c’est particulier, c’est l’ennemi numéro un de Vincent. Il ne frappe pas aussi fort en temps normal. Puis, bon, Tobias est un peu une lavette. On ne dirait pas en apparence, mais il ne tient pas la route en fait, ses muscles c’est du chamallow. » Sous entendu, pas ceux de Vincent. On a jamais dit qu’elle était très objective mais bon… là, les faits parlaient d’eux-mêmes non ? C’était vraiment dommage pour Toby d’ailleurs, parce que contrairement à lui, Vincent ne se foulait pas beaucoup, chez lui la force c’était naturel, pas besoin de la cultiver. Un truc qui impressionnait vachement Fred’ par ailleurs parce que elle, pour rester musclé, elle devait faire du sport quotidiennement… sinon, adieu les beaux enchaînements de danse !

« C’est pas ma faute, avant d’entrer à Poudlard je vivais juste avec mon frère et mes parents, on m’a jamais appris à être pudique ! Et puis, je ne pouvais pas savoir qu’il y aurait un peureux qui voudrait prendre sa douche pile quand j’en sortais. » Et là, elle oubliait de dire qu’elle avait oublié ses vêtements dans le dortoir en plus d’avoir squatté la salle de bain des garçons.