THEME : Le temps des potins [TERMINE]

Ernestine boudait. Rien d’étonnant à cela, la grosse chouette grise d’Annagovia était réputée pour son mauvais caractère légendaire et sa susceptibilité à fleur de peau. Les plumes gonflées, le volatile fixait de ses yeux ambrés sa jeune maîtresse, d’un air tout à la fois offensé et lourd de reproches. De toute évidence, la chouette n’avait pas du tout apprécié, après deux mois de liberté pleine et entière, de se retrouver enfermée dans une cage étroite. Elle avait d’ailleurs chèrement vendue son droit à un vol sans entrave et les bras d’Annagovia portaient les marques du combat épique qui s’était livré, quelques heures plus tôt, dans la cuisine familiale.

Mais peu importait les coups de bec et les égratignures, Annagovia était aux anges. Les joues roses d’excitation, la fillette sautillait littéralement d’impatience sur le quai, sans prêter la moindre attention aux dernières recommandations parentales («Sois sage, brosse-toi bien les dents, n’oublie pas de faire tes devoirs, mange des fibres, et… Annagovia, tu m’écoutes ?»). En réalité, elle ne cessait de jeter des coups d’œil fébrile à la locomotive rutilante qui envoyait, à intervalles réguliers, des panaches de fumée sur la foule assemblée : il lui tardait d’être à bord.
Non que la rouquine se fût ennuyée, durant ses vacances, ou qu’elle n’aimât pas ses parents, seulement pour une petite sorcière aussi enthousiaste qu’elle, huit semaines sans avoir le droit de toucher à sa baguette, c’était beaucoup trop long. Si au moins elle avait eu la consolation de voir la magie se pratiquer au quotidien… Mais ses parents étaient moldus, et le seul contact qu’Annagovia ait eu avec la sorcellerie au cours des vacances, ce fut au cours d’une brève après-midi «achat des fournitures scolaires».

Pour compenser son manque de magie, la Poufsouffle avait dévoré ouvrages théoriques sur ouvrages théoriques, dans un besoin irrépressible de se sentir toujours reliée à la communauté magique. Inutile de préciser que ses livres de classe de deuxième année lui avaient mis l’eau à la bouche. Deuxième année ! Les choses sérieuses allaient commencer, elle n’était plus un bébé incapable de tenir sa baguette correctement, à présent ! Les «Grands » de sa maison lui avaient même dit qu’en deuxième année, on commençait à étudier des plantes vraiment dangereuses, en botanique ! La perspective de lutter contre des tentacules vénéneux ou de rempoter une mandragore emplissait la fillette de joie. Elle s’était d’ailleurs entraînée avec les cactus de sa Grand-Mère, durant l’été ! Certes, un cactus ne risquait pas de vous étourdir avec un cri déchirant ou de vous bavouiller sur le pull, mais c’était le seul végétal un peu délicat qu’Annagovia avait été autorisée à manipuler, ses parents ayant catégoriquement refusé – les ingrats – de lui offrir une plante carnivore.

- … Et surtout, tu n’envoies plus Ernestine !

La rouquine fut brutalement tirée de ses pensées par la voix de sa mère. Pardon ? Mais de quoi parlait-elle au juste ? Dans le doute, Annagovia hocha la tête d’un air entendu et adressa son sourire le plus candide à ses parents. Apparemment, il était suffisamment réussi pour convaincre les Quirm que la Poufsouffle avait pris note de leurs recommandations car, après un dernier baiser, ils la laissèrent monter dans le train. Il était grand temps : à peine Annagovia eut-elle hissé sa lourde malle dans le couloir que le Poudlard-Express s’ébranla. La rouquine en frissonna d’impatience : dans quelques heures, elle serait à Poudlard !
Débordante d’enthousiasme à cette perspective, la fillette entreprit de traîner ses bagages (ce qui incluait une Ernestine hululant sa désapprobation) pour trouver un compartiment libre.

- Pardon, pardon, s’cusez-moi… Ouuups, désolée pour ton pied, mais j’avais dit pardon, aussi ! Pardon… Pardon… Si tu ne bouges pas, je lâche ma chouette… Et elle est très remontée… Merci… Pardon, pardon…

Quelques orteils écrasés plus tard, Anna fit coulisser la porte du compartiment quinze, priant pour qu’il soit libre : on avait beau être une petite sorcière débordante d’énergie, tracter une malle sur toute la longueur d’un train était plutôt éprouvant pour des bras malingres. Ses espoirs furent toutefois déçus : le wagon n’était pas inoccupé, mais rien n’aurait pu réjouir davantage Annagovia que de voir la personne qui se trouvait déjà à l’intérieur.

- Roman ! s’exclama-t-elle d’une voix flûtée, je suis trop contente de te voir !

Sans plus attendre, la petite entra dans le compartiment et fit glisser sans ménagement sa valise sous un siège, avant de se laisser tomber en face de Roman et de poser la cage d’Ernestine à côté d’elle :

- Tu vas bien ? C’était comment tes vacances ? Elle n’est pas là Ophélia ? Rhâlala, tu sais quoi ? Je me suis entraînée à rempoter les cactus de ma Grand-Mère tout l’été pour garder la main en botanique ! Oh ! Et j’ai vu des nouveaux dans le train ! Tu te rends compte ?! Des nouveaux ! Ils sont petits, hein ? Moi j’ai grandi pendant l’été… T’as grandi, toi ?

Elle cessa un instant de babiller pour gratifier Roman d’un coup d’œil perçant avant de reprendre :

- J’espère qu’il y aura des nouveaux Poufsouffle chouettes et qu’on gagnera la coupe ! Je vais essayer de gagner plein de points en cours, tu vas voir ! D’ailleurs, je ne vais manger que des choses aux couleurs de Poufsouffle, cette année !

Elle adressa un sourire ravi à son aîné et s’avachit un peu plus dans sa banquette tandis qu’Ernestine battait des ailes avec frénésie.

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La rentrée des classes était bien évidemment un des moments préférés de la vie de Roman. Pour ne pas dire le préféré mais il fallait dans ce cas exclure le bal de Noël, les goûters de Poufsouffle, les matchs de Quidditch, les cours, les moments avec les amis, les excursions avec Ana à Pré-au-Lard et j'en passe, en fait.

Le petit Jones (plus si petit que ça à présent) avait passé son été à travailler chez Honeydukes, avec Ophy et Emily et bien évidemment, le gérant Honeydukes. Le vieil homme faisait de plus en plus souvent plaisir à Roman en l'invitant à travailler avec lui, il fallait dire que Roman adorait ça et en redemandait souvent. Bien qu'il adorait aussi aider Emily et Ophy en boutique - soit porter des cartons lourds ou conseiller les clients - travailler avec le grand chef était un honneur rarement égalé à ce jour. Bref, Roman adorait ses stages et remerciait encore le ciel d'avoir un jour été embauché par ce merveilleux grand hommenuméro 3 dans le classement, on le rappele.

Ce qui était le plus gratifiant dans tout ça, c'était que Honeydukes (en tant que grand nom du métier et jury d'examen à ses heures) avait proposé à Ophélia et Roman de leur laisser passer leur diplôme de pâtissier-confiseur dans son magasin, à la fin de l'année scolaire suivante. Ce qui en principe se faisait dans des établissements officiels avec un jury neutre. Mais le fait était que l'honnêteté et la justesse du plus grand confiseur de tous les temps étaient si grands, que la requête avait été acceptée. Roman avait naturellement dès ce jour, commencé à travailler durement tout ce qu'il avait appris pour réussir haut la main son examen. Il le voulait le plus tôt possible !

A ce propos, à défaut de moyens sorciers dans son petit chez soi londonnien, Roman avait commencé à pratiquer, avec des moyens moldus, la pâtisserie chez lui. Macarons à la pralinoise, pour un début, ça sonnait bien. Le petit Poufsouffle espérait sincèrement que ses amis jaunes et noirs se régaleraient, en particulier ses amis proches. Il comptait d'ailleurs en montrer à Honeydukes pour avoir son avis.

« Anna !! Tu vas bien ?! »

Roman était ravi de voir la petite fille et naturellement, se leva pour la serrer dans ses bras. Que c'était bon de la revoir, elle avec qui il avait un lien si particulier depuis l'année passée. Ce n'était rien de le dire en fait, Anna, il n'y en avait pas deux dans Poudlard, et la seule existante, c'était Roman qui avait eut la joie de l'éduquer de la guider.

« Moi super ! Non, pas là Ophy, mais tu sais on est plus ensemble ! Enfin on est toujours très amis, mais pas ensemble, tu vois... Super, en plus y'a un nouveau prof, tu vas pouvoir l'épater ! »

C'était le bruit qui courrait dans les couloirs du train, en tout cas, et Roman était impatient de voir s'il était à la hauteur de Chourave ! Chourave qui fort heureusement, restait leur merveilleuse directrice !

« Moi j'ai un peu grandit ouais, mais pas autant que toi ! »

Roman afficha un sourire ravi à sa jeune amie, très content qu'elle ait déjà passé une année à Poudlard. Elle savait déjà plein de choses grace à lui nottament comment aller à Pré-au-lard en toute illégalité et Roman en était très fier !

« Bien sûr qu'on va la gagner ! On est pas des loosers attends, surtout qu'on gagne depuis tellement longtemps que si on perd cette année, Pomona ne s'en remettra pas. Surtout qu'en plus, les gens vont croire que c'est à cause d'elle qu'on gagnait, si cette année on perd ! Vu qu'elle est plus professeur cette année, pff ! »

Ca, Roman voulait vraiment éviter, puisque Pomona était une des rares directrice de maison, à ne pas favoriser la sienne et à rester parfaitement juste et droite. C'était d'ailleurs sa plus grande qualité.

« Manger jaune et noir ? Ah ben bon courage alors ! Mais au pire je te colorerai tous les gâteaux que je ferai de nos couleurs, au moins tu pourras en manger ! Je maitrise parfaitement le sortilège de changement de couleur ! D'ailleurs... »

Roman prit sa valise, l'ouvrit, et en sortit une petite boite, qui contenait... des macarons. Oui, des macarons, à la pralinoise. Parfaitemment. Et Roman comptait bien partager, là, tout de suite, maintenant. Il sortit sa baguette, la pointa sur le macaron et prononça :

« Partem Colorias ! »

Le macaron devint instantanément jaune et Roman, un sourire jusqu'aux lèvres, le tendit à son amie. Ça n'avait pas été long !

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Maintenant qu’elle avait soigneusement calé son popotin sur la banquette, le voyage pouvait commencer. Annagovia n’en croyait pas sa chance : elle avait Roman Jones pour elle toute seule ! L’occasion rêvée de le bombarder de questions sur sa vie, son œuvre, ses bêtises et de préparer un plan d’attaque pour l’année à venir. Mais avant toute chose, il lui fallait calmer Ernestine, qui hululait de plus en plus fort, comme pour bien faire comprendre à l’ensemble du wagon qu’elle n’avait pas l’intention de rester enfermée dans sa cage jusqu’à l’arrivée au château. Si elle continuait ainsi, dans quelques minutes, un comité anti-maltraitance animale allait faire une entrée musclée dans leur compartiment ! Sans oublier qu’il n’était pas évident de tenir une conversation avec une chouette lançant des cris assourdissants à tout va. En désespoir de cause, donc, Annagovia tritura la porte de la cage jusqu’à ce qu’elle s’ouvre, et s’écarta prudemment pour laisser sortir Ernestine. Le volatile passa sa tête ronde à travers l’ouverture, lança un « ouh-ouh » de reproche à la fillette et entreprit de sautiller jusqu’à un coin de la banquette où, après avoir longuement ébouriffé ses plumes grises d’un air avantageux, elle ferma à demi ses yeux couleur d’ambre, de manière à se reposer sans toutefois perdre de vue ce que trafiquaient les deux Poufsouffle, des fois qu’il leur prendrait l’idée saugrenue de la remettre en cage.

Ce problème réglé – du moins jusqu’à ce qu’ils arrivent à Poudlard – Annagovia reporta de nouveau toute son attention sur Roman. Elle écarquilla les yeux de stupeur à l’annonce de la rupture du jeune garçon avec Ophélia. Le plus beau couple de Poudlard ? Séparé ? C’était une plaisanterie !

- Hein ?! s’exclama-t-elle avec classe et distinction Mais… Comment cela rompu ? Tu veux dire que vous n’allez pas vous marier ? rajouta-t-elle, l’air profondément choqué, elle t’a trompé ? Tu l’as trompée ? Comme dans Amours et Trahisons ?

Non, Annagovia n’avait pas fait que rempoter des cactus, chez sa Grand-Mère. Tous les midis, elle avait également suivi, avec une passion toute relative, les déboires des héros de la série favorite de la vieille dame. Pour le moment, Kendra traversait son quatrième divorce pour se remettre avec son deuxième mari, Kenneth, tandis que sa meilleure amie Priscilla combattait son septième cancer et que le fils d’Ashley et de Preston, les milliardaires dépressifs, sombrait petit à petit dans la drogue. Palpitant, quoi. En tous les cas, ce qu’Anna avait appris au fil des épisodes, c’était que chaque rupture était précédée de tromperies sordides… Lesquelles impliquaient souvent, d’ailleurs le/la meilleur(e) ami(e) du/de la cocufié(e). Oh Merlin ! Roman avait-il trompé Ophélia avec Fredericke, sa meilleure amie dans le monde entier ?! Décidemment, Fredericke, quelle dépravée ! Ou bien Ophélia avait-elle osé embrasser Damon ? A moins qu’ils ne se soient trahis mutuellement… Annagovia allait avoir besoin d’un débriefing dans les règles ! Deux mois loin de la communauté magique et elle avait le sentiment d’avoir une cinquantaine de trains de retard. Comment cela, la séparation des deux Poufsouffle n’était pas un événement majeur du monde sorcier ?

Mais il y avait pire que la rupture du couple mythique Roman/Ophélia. Attendez… Un nouveau professeur de botanique ? Comment dans « Pomona Chourave est partie » ?! Mais… Mais… Pourquoi ? Est-ce qu’ils avaient fait quelque chose de mal ? Est-ce que Pomona était en colère contre eux ? Est-ce qu’elle était partie à cause de ses Poufsouffle ? Mais pourtant, ils avaient gagné la coupe et… Bon, d’accord, ils avaient perdu au Quidditch, mais est-ce que c’était une raison suffisante pour les abandonner ? A moins que les autres directeurs de maison ne l’aient menacée pour qu’elle s’en aille ? Parce qu’ils en avaient assez de voir Poufsouffle remporter la coupe des maisons ? Tout ceci ne serait alors qu’une ignominieuse tentative de déstabilisation… A cette idée, la fillette cligna des yeux et s’écria d’une voix flûtée :

- Pourquoi est-ce que Chourave nous laisse ? Elle n’a pas le droit de nous laisser ! Surtout sans nous l’annoncer avant… On est quand même ses petits Blaireaux, non ? Tu crois qu’elle ne nous aime plus ? Ou alors c’est un complot administratif et elle a été renvoyée pour des raisons obscures ?!

La fameuse théorie du complot. Annagovia en était une adepte depuis sa plus tendre enfance. Quoi de plus amusant, en effet, que de transcender la banalité du réel en s’imaginant qu’elle prenait sa source au sein de noirceurs insoupçonnées ? Quand elle était encore une simple petite moldue, Annagovia voulait être détective privé, pour traquer les mystères de ce monde. Maintenant qu’elle était sorcière, bien entendu, ses projets d’avenir étaient un peu chamboulés. Y-avait-il un équivalent au détective privé pour les sorciers ? Il faudrait qu’elle se renseigne !
Elle fut tirée de ses pensées par une nouvelle autrement plus réjouissante que les précédentes :

- Waouh ! C’est vrai ? Tu maîtrises le changement de couleur ? s’exclama-t-elle d’un ton extatique, tu pourras me montrer ? Tu pourras m’apprendre ? C’est très pratique, non, comme sort ?

Elle n’eut pas le temps d’ajouter que c’était sans doute utile, par exemple, pour refaire une décoration, car Roman avait déjà fait montre de son talent en modifiant la couleur d’un macaron :

- Han ! Merci, c’est trooop sympa ! reprit la fillette, en regardant le macaron sous toutes ses coutures, comme s’il s’agissait de la chose la plus fantastique qu’elle ait jamais vue, tu les as eus où ? C’est toi qui les as faits ? demanda-t-elle enfin, avant de mordre à belles dents dans sa friandise.

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Roman avait prévue la réaction d'Annagovia, dans la mesure où elle avait toujours été particulièrement attachée à Ophélia et à leur couple. Roman ne s'attendait pas à ce qu'elle comprenne toute la complexité de cette histoire, puisqu'elle n'avait quand même que 12 ans, mais le jaune et noir allait quand même essayer de lui expliquer. D'un parce qu'elle le lui avait demandé implicitement, de deux parce qu'elle était son amie, et de trois parce que Roman lui devait bien des explications claires.

« Ecoute Anna', tu sais, tout ne se passe pas toujours comme on l'aurait souhaité et des fois on prends de mauvaises décisions. Je ne dis pas que j'ai eut tort de sortir avec Ophélia, mais, nous y avons tous les deux réfléchit et ce n'était pas la décision la plus adaptée que nous ayons prise. Tu le sauras, l'amitié - en terme de force - est plus importante que l'amour. C'est ce dont on s'est rendus compte avec Ophélia. On était trop amis – trop complices si tu préfères – pour vivre une histoire d'amour. C'était un peu tout gâcher, tu vois ? Pour moi Ophélia c'est comme une soeur jumelle qu'on m'aurait arrachée dès le berceau et que j'aurai eut la chance de redécouvrir à Poudlard. On se ressemble beaucoup, on se complète beaucoup, on a les mêmes goûts, les mêmes envies que et, l'amour aurait gâché un peu tout ça, je pense. En tout cas je te rassure, on a prit cette décision tous les deux, ensemble, et franchement c'était la meilleure qu'on ait prise. Ça ne veut pas dire que je ne crois pas en l'amour et Ophélia non plus, hein ! C'est obligé qu'elle trouve quelqu'un qui l'aime comme un amoureux, parce qu'Ophy, elle est juste géniale quoi ! »

C'était un fait, et ni l'amitié, ni l'amour, n'y changeraient rien.

Le sujet en vint ensuite au professeur Chourave. Roman avait aussi eut du mal à digérer la nouvelle. Pourquoi les quittait-elle ? Y avait-il une raison obscure ? Roman s'efforçait de croire que non...

« Non, non, Anna, ne t'inquiète pas... Je crois que Pomona restera toujours notre seconde maman, notre plus sympathique professeur et notre directrice de maison préférée, mais si elle est partie, je pense que c'est à cause de son âge... Je pense que c'est la raison la plus logique en fait, elle a voulu passer le flambeau à quelqu'un de plus jeune... Mais elle ne quitte pas pour autant le navire, puisque d'après ce que j'ai compris, elle reste à Poudlard et n'a pas l'intention de donner la direction de notre maison à un autre professeur ! En tout cas ce qui est sûr c'est qu'elle nous aimera toujours, on restera ses enfants à jamais, ça c'est sûr... »

Et ça, Roman en était persuadé. Personne n'était plus juste, droit, aimante et gentille que Pomona Chourave. Personne, sur terre, ne lui arrivait à la cheville.

Annagovia devait sans aucun doute être d'accord, puisque tous les Poufsouffle pensaient pareil de leur directrice de maison. Quand Annagovia vit les macarons et le changement de couleur de l'un d'entre eux, Roman ne put s'empêcher de rire. Anna était si facilement impressionable... Le jeune homme – après avoir tendu un macaron à la jeune fille – ne put s'empêcher d'en manger un. La pralinoise, c'était tellement bon... Roman bénissait le moldu qui l'avait inventée !

« Oui, je te montre ça dès demain, dans la salle commune ! Oui, c'est moi qui les ai fait ! Et tu sais pas quoi en plus ? Tu sais cet été j'ai passé les deux mois chez Honeydukes, avec Ophélia, et M. Honeydukes nous a proposé à Ophélia et à moi, de nous préparer à l'examen de pâtissier-confiseur pour qu'à la fin de l'année, on puisse passer notre diplôme ! C'est pas super cool ça ! Du coup j'ai vachement travaillé chez moi et j'ai essayé de m'entrainer avec les moyens du bord. Bien sûr sans magie c'est plus dur, mais j'ai réussi à faire mes premiers macarons ! Goûte, goûte, et dis moi ce que tu en penses ! »

Roman était naturellement très fier, d'autant plus qu'ils étaient plutôt jolis esthétiquement. Après il n'avait pas prit les plus dur, la ganache à la pralinoise n'étant pas la plus complexe. Plus tard il se lancerait dans des entremets et des gâteaux de follies, quand il pourrait utiliser la magie chez lui !

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A douze ans, Annagovia ne connaissait, effectivement, rien des relations amoureuses. Elle avait eu un amoureux, en primaire, un petit blondinet répondant au doux nom de Marcus, mais leur histoire avait tourné cours le jour où Marcus - ce mufle - avait osé donner une gomme Pocahontas à cette pimbêche d'Elaine Chesnut. Ce qui était plutôt dommage, à bien y réfléchir, car Marcus faisait un excellent Capitaine Hastings, lorsqu'ils jouaient à Hercule Poirot. Mais l'histoire entre Ophélia et Roman avait l'air autrement plus complexe que les échanges de billes scellant des amourettes enfantines. Déjà, Annagovia était quasiment persuadée qu'ils ne jouaient plus aux billes depuis belle lurette, et ensuite, elle doutait qu'il fût possible de qualifier le couple de Poufsouffle d'enfantin. Après tout, ils s'étaient embrassés sur la bouche, comme des grandes personnes, alors que Marcus, lui, avait seulement le droit de lui tenir la main et de lui faire un bisou sur la joue de temps en temps. Annagovia milite contre la dépravation des moeurs.

Elle fronça les sourcils d'un air comique, dans un effort visible pour comprendre l'intégralité du petit discours que lui tenait Roman. Mais de toute évidence, certains aspects de la question lui échappaient avec obstination. Alors on ne pouvait pas être à la fois amoureux et amis ? Mais... Pourtant, son papa-maman, ils s'entendraient très, très bien et ils s'étaient mariés ! Ou alors il fallait d'abord tomber amoureux et ensuite devenir amis ? Parce que c'était plus simple d'embrasser quelqu'un qu'on a toujours considéré comme un petit ami potentiel que quelqu'un avec qui on n'avait, à la base, que des liens purement amicaux ? Pourtant, l'amour, c'était censé être quelque chose de très positif, non ? Alors comment est-ce qu'il pouvait gâcher un belle amitié ? Au contraire, il devrait, logiquement, la renforcer en rapprochant encore plus les amis ! La fillette, totalement égarée, loucha avec application et fronça le nez, perplexe.

- Je crois que je n'ai rien compris, avoua-t-elle de sa voix flûtée, en posant deux prunelles noisette blablabla adjectifs de couleur emplies de confusion sur son aîné, Mais en tout cas, rajouta-t-elle aussitôt, ça a l'air drôlement compliqué, les histoires d'amour !

Elle se tut un court instant, cherchant à percer le sens de ce qu'elle venait d'entendre, avant de reprendre d'un ton vaguement chiffonné, comme si ce détail la turlupinait encore plus que tout le reste :

- Mais pourquoi est-ce que vous ne vous êtes pas rendus compte plus tôt que vous n'étiez pas amoureux ?

C'était vrai, ça ! Quand on est amoureux, on doit le savoir, normalement ! Et quand on est juste des amis, on n'est pas amoureux... Roman et Ophélia étaient des êtres intelligents (les plus intelligents de tous, aux yeux d'Annagovia), ils auraient bien dû le savoir, qu'ils étaient des amis !
La rouquine secoua la tête, plus perdue que jamais, et tritura machinalement une de ses nattes, sans cesser de fixer Roman d'un air curieux : cette petite conversation lui laissait entrevoir un univers dont elle ignorait tout, jusqu'aux règles les plus élémentaires, et elle aurait aimé en savoir plus. Malgré tout, la Poufsouffle sentait confusément que certains aspects de l'existence ne pouvaient pas être clairement expliqués, disséqués point par point à un néophyte, mais qu'il fallait les vivre pour les appréhender pleinement.

- En tout cas, moi, décréta finalement avec ferveur, si un jour j'ai un amoureux, ce sera pour toujours !

Oyez, oyez, Messieurs, Annagovia n'était pas fille à faire des compromis, ce serait tout, ou rien... De quoi faire fuir les futurs prétendants !
Ceci étant dit, Anna mordit de nouveau dans son macaron, et, tout en mâchonnant la pâtisserie, songea que puisqu'Ophélia n'était plus avec Roman, elle pourrait peut-être lui chercher un véritable amoureux au cours de l'année... Ce serait amusant, de trouver un fiancé à Ophélia ! En plus, la pauvre, avec tous les examens qu'ils devaient avoir, les grands élèves, elle n'aurait probablement pas le temps de s'en occuper toute seule... Sans compter que si elle était capable de faire une erreur aussi grossière que de sortir avec un ami, elle n'était sans doute pas la mieux placer, au final, pour se dégotter un petit ami ! Voilà, c'était décidé, Anna jouer les entremetteuses pour Ophélia ! Et une petite amie pour Roman !
Forte de cette résolution, elle gratifia son aîné d'un sourire angélique (qui ne laissait rien présager de bon pour lui) et revint à Pomona :

- Son âge ? s'offusqua-t-elle, Mais elle n'était pas vieille du tout ! Et si le nouveau professeur est méchant ? Ou s'il fait des bêtises avec les plantes ? Comment on va faire ?

Tristounette à l'idée de perdre le Professeur Chourave, la rouquine baissa la tête en direction de ses souliers et agita les jambes d'un air profondément ennuyé. Mince à la fin ! Elle n'aurait eu droit qu'à une année avec la meilleure des enseignante ! Heureusement, la perspective d'apprendre un nouveau sort lui remonta un peu le moral :

- Oh merci ! Et tu crois qu'on pourra repeindre les couloirs en jaune, après ? Tout cette pierre brute, c'est un peu sombre, non ?

Le pire, c'est qu'elle était parfaitement sérieuse dans sa demande. Annagovia avait un sens des règles et des limites très personnel.

- En tout cas, tes macarons sont super bons ! Tu vas t'entraîner aux cuisines, cette année ? Pour ne pas perdre la main ? Je pourrais venir avec toi ?

Pas collante, la gamine.

(917 mots)

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Il ne fallait pas se faire d'illusion et Roman ne s'en faisait pas. Annagovia était une petite fille et les problèmes de coeurs (en particulier quand ce n'était pas les siens) devaient être difficiles à comprendre. Surtout que Roman – lui-même – n'était pas franchement sûr de comprendre toutes les subtilités de ce qui c'était passé avec Ophélia. Il savait juste qu'il tenait beaucoup à elle, et qu'ils seraient plus heureux en demeurant complices, soudés, mais amis.

Ainsi quand Annagovia essaya de comprendre, Roman réalisa qu'il n'aurait jamais du l'enquiquiner avec ça. Annagovia était encore jeune et était donc en quelques sortes un moule qu'on pouvait modeler à sa façon, et Roman comptait bien en faire une mini-Roman une fille bien, soit une fille qui entrait dans ses critères en aimant ce qu'il aimait, faisant ce qu'il faisait, etc... Elle avait donc tant à apprendre avec lui dans le monde de Poudlard, des farces et attrapes et de la confiserie, que quelqu'un d'autre se chargerait de lui enseigner les rudiments de l'amour. Une fille par exemple. Une qui avait de l'expérience et s'y connaissait en garçon Anabelle, Elizabeth, ou une autre.

« Tu sais, Ophélia a été ma première petite amie, alors, je ne peux pas dire vraiment que je m'y connaisse en amour... »

C'était le moins que l'on puisse dire et Roman tenta donc de rassurer Annagovia sur ce point là.

« Disons que c'était une erreur de notre part, voilà... Mais ne tracasse pas avec ça, va, il y'a des choses bien plus importantes et je ne veux pas que tu te tracasses si jeune de mes petits problèmes qui n'en sont même pas ! Je suis très heureux de vivre, d'être avec toi, et c'est tout ce qui compte ! »

Roman ou comment résoudre une équation en enlevant les inconnues...

« Tu as bien raison ! »

Trouver l'amour du premier coup était le rêve de tout le monde, mais hélas ça n'arrivait pas à tous. Pas souvent aussi. Mais passons, nous n'étions pas là pour parler des amours de Roman, parce que rapellons quand même que dans l'histoire, c'est Roman le maître d'Anna, celui qui lui apprenait et lui apprendrait tout. Pas question qu'on inverse les situations et qu'elle se divertissse de choses sans importance. Le plus important c'était elle.

Le professeur Chourave vint sur le tapis qu'est-ce que tu fous là ? et Roman ne pouvait s'empêcher de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Heureusement Roman avait croisé Elizaza dans un couloir et était déjà plus rassuré qu'il ne l'avait été au moment de la prise de nouvelle. Pomona qui les lâchait cette année ? Attends, c't'était quoi c't'embrouille ? C'était encore un complot de l'administration, ça ! Même si Roman ne préférait pas le croire.

« Ecoute, je vais te confier un secret ! »

Roman savait qu'Anna apprécierait, en particulier s'il le lui disait comme un secret. Après tout ils ne devaient être que deux à le savoir, vu qu'Eli ne l'avait dit qu'à Roman ! C'était quand même la classe d'avoir des amis haut placé dans l'administration ! En particulier depuis que Susan était assistante et Ana préfète en chef !

Roman s'approcha de la petite rouquine porta sa main droite à son oreille et murmurra :

« Je sais qui sera notre nouveau professeur. C'est le frère d'Elizaza ! Notre préfète ! Et apparement il a fait beaucoup d'études pour en arriver là. Et tu vois toi, un Harris méchant ? »

Oui ça paraissait logique, mais rien ne voulait dire que tous les Harris se ressemblaient. Heureusement d'ailleurs !
Anna énonça ensuite une nouvelle idée qui en donne une autre à Roman...

« Hum, non, on risque de se faire démasquer et nos préfètes risquent de prendre cher pour leur grade. Par contre j'ai une idée. On pourrait peindre la porte de la salle commune des Serpentard en rouge, histoire de créer une bonne guerre entre les deux maisons ! Pendant ce temps avec Serdaigle, on regarde. »

Roman était plutôt fier de son idée, en fait. Parce que déjà, si les Serpentard étaient occupés à taper sur du lion, ils n'auraient plus le temps pour embêter les jeunes Poufsouffle. Vous pensiez que c'était pour quoi vous, que la guerre Lions-Serpents se maintient depuis toutes ses années ? C'est parce que les aigles et les blaireaux l'entretiennent, pardi !

« Merci ! Oui oui je vais m'entrainer, et pas qu'un peu ! Je le veux cet examen ! Bien sûr que tu pourras venir, attends ! »

Roman s'imaginait déjà en train de cuisine, et Annagovia assise sur la table en train de goûter les préparations crues dans les plats. Tout un programme !

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CHOIXPEAU

Tandis que le train filait à travers la campagne anglaise et qu'Ernestine ronflait doucement (oui, le malheureux volatile souffre des végétations, décidément, elle n'a que des qualités !) dans son coin de banquette, Anna s'efforçait de démêler l'embrouillamini des affaires amoureuses. Sourcils froncés et air concentré, la fillette semblait en proie à un problème insoluble : jusqu'à présent, pour elle, quand on commençait à sortir avec quelqu'un, c'était nécessairement pour se marier ensuite et avoir des tas d'enfants avec cette personne ! En fait, sortir avec quelqu'un, c'était un peu comme se fiancer, la cérémonie en moins. Oh ! Annagovia savait bien que, parfois, les fiancés rompaient leur engagement, mais tout de même, c'était plutôt rare, et il fallait avoir une bonne raison de le faire ("Paul-Emile m'a trompée avec Jacqueline-Henriette, je ne peux plus l'ignorer..."). Or, ni Ophélia, ni Roman ne s'étaient comportés de manière outrageusement blessante à l'égard de l'autre... Pire ! Ils étaient d'accord pour se séparer. Sans oublier qu'ils demeuraient amis. Quand elle était en primaire, les parents de sa copine Magda avaient divorcé. Et le moins que l'on pût dire, c'était qu'ils n'étaient pas du tout restés amis, après cela, loin s'en fallait ! De toute façon, s'ils avaient pu être amis, ils n'auraient probablement pas divorcé, n'est ce pas ?

*Han ! Il faut que j'essaie de faire un résumé de tout ça avec des flèches de couleur et des cas types, parce que là, moi, je ne comprends plus rien !* songea-t-elle, hésitant presque à sortir dès à présent encre, plumes et parchemins, pour tenter d'éclaircir un peu tous ces mystères amoureux.

Malheureusement pour elle - et heureusement pour Roman - elle se souvint à temps que, dans sa joyeuse désorganisation, elle avait rangé tout ce qui lui aurait été nécessaire dans le fond de sa malle (ou plutôt, sur la couche de déchets qui restaient de sa première année et qu'elle avait eu la flemme de jeter) et que, à moins de la vider entièrement de son contenu dans le wagon (ce qui signifiait exposer ses petites culottes aux yeux d'Ernestine de Roman), il lui était impossible de dénicher de quoi écrire. Dans un froncement de nez comique, la Poufsouffle renonça donc à son projet pour le moment, estimant même que cela était, tout compte fait, préférable de le remettre à plus tard.

*Comme ça, je pourrai me livrer à une véritable enquête dans la salle commune, avec un questionnaire et tout, et tout ! Je vais pouvoir poser des questions sur leur couple à tous les amoureux de Poufsouffle, et avoir un peu plus de matière sur laquelle travailler !* se dit-elle, les yeux brillant d'enthousiasme.

- Ben en tout cas, décréta-t-elle de sa petite voix flûtée, c'est drôlement tordu, tout ça ! Vous devriez fournir un mode d'emploi aux petits, vous, les grands, pour qu'on comprenne mieux ! Puis comme ça, on n'aurait pas à se poser trop de questions quand on aura nous aussi des amoureux ! Il suffira de suivre les instructions !

C'était dire à quel point Annagovia se sentait perdue, car il n'était pas dans ses habitudes de réclamer des instructions. Bien au contraire, elle était plutôt du genre à faire fi des règlements, ou à découvrir leur existence seulement après avoir fait une bêtise ("Ah booon ? La forêt interdite est interdite ? Mais... Depuis quand ?").

Une chance que Roman parvint à détourner l'attention de la rouquine avec son histoire de secret, sans quoi, elle aurait probablement passé le reste du voyage à le cuisiner sur sa rupture avec Ophélia et "Oh ! J'ai une idée ! On va inviter Ophélia dans notre wagon pour qu'elle nous donne son point de vue !".
Le mot "secret" suffit à ce que la fillette tourne vivement la tête vers Roman, l'air très intéressé, ses prunelles luisant d'excitation. Elle tâcha toutefois de contenir sa curiosité pour gratifier son aîné d'un sourire candide, dans le genre "Vas-y, dis-moi tout, tu vas voir, je ne le répéterai pas ! Ou alors juste à lui... Et elle... Oh, et puis elle ! Et aussi..." .

- Le frère d'Elizaza ? s'exclama-t-elle avec une surprise réjouie lorsque Roman lui eut livré son grand secret, on va rencontrer la famille d'Elizaza ? précisa-t-elle, l'air extatique, tu crois qu'il viendra prendre le thé avec nous ? demanda-t-elle aussitôt, comme si rien n'aurait plus lui procurer plus de plaisir que de prendre le thé avec le grand frère d'Elizabeth, Il était dans quelle maison, d'abord ? Poufsouffle, hein ? dit-elle finalement, visiblement peu décidée à croire qu'un Harris pouvait être ailleurs qu'à Poufsouffle.

La rouquine, qui s'était penchée vers Roman paf, collision pour mieux entendre son secret, se renfonça dans sa banquette, pensive. Le Professeur Chouchou allait bien lui manquer, mais la savoir remplacée par le frère d'Elizaza était une grande consolation. Il serait certainement trop cool comme prof ! Dans le cas contraire, ils pourraient toujours envoyer Elizaza lui parler pour qu'il arrête de taper sur tout le monde...

- Han ! Ce serait une troooooop bonne idée, Roman ! On y va dès ce soir ? Tu sais où c'est, toi, l'entrée de la salle commune des Serpentard ?

Anna, toujours partante pour les bêtises, était à présent très impatiente à l'idée de barbouiller un bout de mur en rouge, et, maintenant que Roman avait proposé de le faire, elle ne le lâcherait plus jusqu'à ce que leur mission soit accomplie... Ou qu'ils aient fait perdre cent points chacun à Poufsouffle !

- Ouais, moi, je ferai la goûteuse... Pour te donner un avis objectif et impartial sur tes réalisations ! conclut-elle, en battant des mains d'un air joyeux.

(947 mots)

CHOIXPEAU

Quand Annagovia parlait de l'amour à Roman, le jeune homme ne préférait pas en rajouter (et croyez bien que c'était dur pour lui de ne pas parler), puisqu'en rajouter équivalait à relancer et le sujet et en faire un sujet parfaitement stérile. Non mais c'était vrai, ça ne ménèrait à rien puisque Roman lui même ne pouvait expliquer concrêtement ce qui c'était passé.

Mais quand Roman lâcha le secret, il sut qu'il avait fait fort. Après tout Ana était facilement impressionable et un tel secret avait de quoi faire crier n'importe qui. Alors Ana, on vous laisse imaginer ! Une source donc innépuisable de conversation !

« C'est vrai que tu n'as pas connu Willy toi ! Il est partit l'année où tu es arrivée en fait ! Il était trop cool Willy, c'était un Poufsouffle ! Je ne sais pas s'il pourra boire le thé avec nous, son frère prof, tu sais, vu que nous serons et j'ai écris "sommerons", je vais prendre un café, je reviens ses élèves. Mais on pourra toujours s'incruster chez Eli aux prochaines vacances d'été, hein ! Sinon je sais qu'Eli a 8 frères et soeurs et que beaucoup sont passés par Poufsouffle. Quelques uns à Gryffondor et pareil pour Serdaigle. Mais aucun à Serpentard, je le sais, je m'en serai rappellé. Mais je ne sais pas sa maison à lui ! »

Très certainement Poufsouffle, vu qu'il était professeur de botanique, après tout ! Puis en étant Harris, il avait quand même de très fortes chances d'être un ancien jaune et noir. Enfin, ils demanderaient ça à Eli au banquet de début d'années !

« Non, non, ce soir on fait un goûter à Poufsouffle ! D'ailleurs faudra faire passer le mot aux jaunes et noirs au banquet ! Oui, les préfètes ont organisé un goûter pour accueillir les nouveaux cette année, même que j'ai fait pleins de petits gâteaux pour l'occasion ! »

Roman réfléchit. Il ne savait pas s'il voulait embarquer Anna dans cette histoire ou pas. Après c'était sacrément risqué s'ils se faisaient chopper !
Mais Roman eut une idée de génie, qui lui traversa rapidement l'esprit. A Pré-au-Lard, Annagovia s'était faite attraper ? Non, alors adoptons le même stratagème !

« J'ai une idée - oui je sais où elle est, j'ai surpris un Serpentard en sortir un jour ! - j'ai une super idée, même ! Tu sais la technique qu'on a employé pour te faire aller à Pré-au-lard en toute discrétion la dernière fois ? Et bien, là, pareil ! Je vais te passer une perruque blonde Ophélia sera contente, et moi j'en mettrait une noire, pour homme. J'ai un stock de déguisement que je laisse toujours à Poudlard, une soirée déguisée ou une opération commando est si vite arrivée à Poudlard ! Bon, ensuite, j'ai réussit à me procurer des uniformes des trois autres maisons, donc on va se déguiser en Gryffondor ! Ça renforcera l'histoire si on se fait attraper ! Par contre l'idéal aurait été de boire du Polynectar pour jamais se faire avoir, mais c'était vraiment trop risqué, et puis c'est super long à faire... et puis, le jour où on y arriver, tant qu'à prendre l'apparence de Serpentard, on s'introduit dans leurs salles communes pour bombarder un mur, et laisser le lac noir se déverser dedans. »

Quand Annagovia proposa à Roman d'être sa goûteuse, Roman réfléchit quelques instants, manifestement pas sûr que l'idée soit très bonne. Dans un sens Anna était une grand fan de pâtisserie c'est bien, Roman l'avait bien éduquée, et donc ferait un jury de premier choix, en dehors de ça, elle connaissait trop bien Roman et serait nécessaire enchantée à chaque goûté. Elle ne serait pas pleinement objective et surtout, elle était un peu jeune pour savoir ce que proposait le marché, les concurrents et donc si Roman était ou pas à la hauteur.

« Je suis pas sûr que ton avis soit juste très objectif, en fait ! Dans le doute, je prendrai quelqu'un que je ne connais pas trop, trop, ça vaut mieux ! Mais bien sûr, tu auras un droit exclusif pour goûter en premier tout ce que je fais ! »

Ça paraissait normal à Roman, en fait ! Anna était peut être une de celle qui était le plus proche de lui après Ophélia (mais en même temps Ophélia faisait aussi des gâteaux et connaissait très bien ce que Roman faisait !) et Damon, sans conteste. Il voyait plus Anna que Damon, en fait, vu qu'elle était à Poufsouffle, mais ça ne voulait pas dire que Damon ne goûterait rien, encore heureux !

Au moment où il formulait cette pensée, Roman s'aperçut que les lumières des wagons avaient été allumées par le machiniste. Surpris - comment ? Ils bavardaient depuis tant de temps ?! - le Poufsouffle se tourna vers la fenêtre et constata avec un étonnement teintée d'excitation que le crépuscule les avait rattrapés. Il était grand temps de se préparer à arriver au château ! Il se leva donc précipitamment pour attraper son uniforme avant de décréter, à l'attention d'Annagovia :

" Je crois qu'on ferait mieux de passer nos uniformes. On ne devrait plus tarder à apercevoir Poudlard... Je vais aller aux toilettes pour te laisser te changer ici ! "

Puis, après avoir adressé un sourire à la fillette, il sortit du compartiment, son uniforme à la main.

[Terminé pour Roman]

(771)

[ 900 mots ]
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Tandis que les deux Poufsouffle échangeaient idées farfelues et plans de bêtises, le Poudlard-Express poursuivait sa route au milieu de la campagne anglaise, avalant les kilomètres à grand renfort de panaches de fumée. A présent, les plaines du Sud avaient cédé le pas à un paysage plus vallonné et également plus sauvage. Bientôt, les premiers contreforts des montagnes au creux desquelles nichait Poudlard seraient en vue. Mais, bien entendu, Annagovia était bien trop occupée pour le remarquer. Et pour cause : la conversation de Roman était autrement plus intéressante que le paysage !

- Beeeen, commença-t-elle avec classe et distinction, ça dépend des profs, je suppose ! Parce que tu vois, il paraît que Flitwick, il fait des goûters avec ses élèves... Et pourtant, c'est un enseignant, lui aussi... Et Slughorn invite bien ses favoris à souper ! Ceci étant, rajouta-t-elle après un temps de réflexion, je ne vois pas MacGonagall prendre le thé avec qui que ce soit... Mais, c'est parce qu'elle est un peu de la vieille école, je pense. Alors que le frère d'Eliszabeth, il est jeune ! Il doit avoir une vision rafraîchissante de l'enseignement ! conclut-elle avec un optimisme quelque peu naïf.

Et d'ailleurs, en parlant de s'en mettre plein la panse aux frais de l'école...

- Ouais, ouais, pas de problème, assura-t-elle avec enthousiasme, compte sur moi pour faire passer le mot pendant le banquet ! Pendant la cérémonie de répartition, même !

Pour sûr, elle n'allait pas laisser un seul Poufsouffle ignorer que des réjouissances fastueuses l'attendait dans la salle commune ! Le revers de la médaille étant, malheureusement, que l'information ne risquait pas d'être délivrée discrètement, Annagovia ayant la joie particulièrement bruyante. Il y avait, en réalité, de bonnes chances pour que, penchée au-dessus d'un plat, elle s'acharne à attirer l'attention du type assis dix places plus loin avant de s'égosiller : "Hé, toi ! Ne mange pas trop, on a le droit à une grosse soirée entre Poufsouffle, après !" Visiblement, le sens de l'expression "faire passer le mot" échappait à la rouquine. Il ne serait donc pas très étonnant de voir les Serdaigle, dont la table était située directement après celle des Poufsouffle, demander s'ils pouvaient s'inviter à la petite sauterie pour échapper au gâteau de Flitwick.

- Ah ouais ! Trop bon plan ! embraya-t-elle en gratifiant Roman d'un regard admiratif, il faudra qu'on utilise des faux noms, aussi, tu penses ? Si jamais Rusard nous attrape ? Il faut qu'on agisse très vite, en tout cas ! Demain soir ?

Elle adressa un sourire candide à Roman, enchantée d'avoir obtenu le droit de goûter ses futures créations pâtissières, et s'apprêtait à renchérir sur l'accès aux cuisines (d'aucuns prétendaient qu'il était interdit aux élèves, mais c'était tout bonnement ridicule, n'est-ce pas ?!), lorsque le jeune garçon réalisa subitement qu'ils étaient proches du château.
Anna écarquilla les yeux de surprise et rosit instantannément de plaisir : ils seraient au château dans une poignée de minutes ! Elle se leva et s'approcha de la fenêtre, contre laquelle elle colla son petit nez en sautillant d'impatience :

- Hiiii ! Je crois que je vois les tours !

Elle plissa les yeux dans l'espoir de mieux voir, mais dut y renoncer tant la nuit tombait rapidement. Finalement, tandis que Roman quittait le compartiment, la fillette attrapa son uniforme d'une main fébrile et entreprit de se changer.
Ensuite, il ne lui resterait plus qu'à faire entrer Ernestine dans sa cage... Ou à la laisser s'envoler jusqu'à la volière, ce qui serait certainement plus prudent !

[Terminé pour Annagovia]