[THEME - PV] Halloween est un danger !

Halloween approchait à grand pas avec son lot de festivité en tout genre mais aussi ses quelques jours de congés gracieusement accordés par le système scolaire. Pour les pays anciennement celtiques mais aussi plus simplement les pays de souche britannique tel que l’Angleterre ou les Etats-Unis, Halloween était une véritable tradition. Ce n’était pas le cas dans les pays latins comme la France ou l’Espagne où ce n’était finalement rien de plus qu’une fête commerciale sans saveur. Cependant, chez les sorciers du monde entier, cette fête avait une connotation teintée de second degré qu’il était bon de noter… Et, en général, Camille aussi appréciait l’ironie de la situation lorsque petit garçon il frappait aux portes en criant « un bonbon ou un sort ! ». Ces moldus pensaient que c’était une blague, la plus grosse menace étant un rouleau de papier toilette sur leur façade blanche accroché avec des œufs plus ou moins pourris… sans savoir qu’ils avaient en face d’eux un futur sorcier, un vrai, qui ne savait pas encore lancer de sort mais qui avait hâte de pouvoir le faire.

Cependant, cette année, Camille avait pris cette fête en grippe. Il faut dire que depuis le début de l’année, son caractère était devenu encore plus ombrageux. Il ne savait pas l’expliquer mais il ne supportait pas qu’on essaie de s’interposer entre lui et sa sœur, hors la moindre activité entraînait son lot de vexation. Nina était une joueuse de Quidditch vénérée comme telle par le bas peuple de l’école, et en plus pour ses douze ans, elle était tellement mignonne que les garçons trop en avance pour leur âge (de l’avis de Camille qui en était encore à l’amour c’est nul et c’est beurk) commençaient à la regarder avec des yeux qu’il aurait volontiers arraché. Bref, ce n’était pas la joie chez les Moreau en ce moment, pas chez le benjamin de la famille en tout cas.

Considérant qu’il était temps d’y faire quelque chose, il retrouva Alix pendant les préparatifs de la salle commune. Elle était en train d’accrocher une guirlande en papier de petits fantômes quand il la rejoignit. Avant d’aller lui parler, il vérifia que Martin n’était pas là, c’était le mieux. Son alliance avec Alix reposant sur le fait qu’ils ne veuillent pas être abandonner par leur frère et sœur respectif, il ne fallait pas que le dit frère de la lionne le prenne lui en grippe, sinon ils n’avanceraient jamais ! En plus de ça, Camille n’était pas du tout intéressé par Alix, pour lui, elle n’était qu’une alliée bien pratique, quelqu’un qui comprenait ce qu’il ressentait pour Nina, mais ça n’allait pas plus loin. Faisant délicatement planer un petit papier vers elle le plus discrètement possible (vive le premier sort de cours de sortilège, toujours utile ce wingardium leviosa !), il lui jeta un regard de connivence et s’éloigna en s’assurant que personne n’avait rien vu. Il avait donné rendez-vous à sa complice dans le passage secret à 18h le soir même pour comploter… Car si Halloween était un danger pour lui, il l’était aussi forcément pour Alix. Mais faites confiance aux deux Gryffondors pour ne pas se laisser impressionner !

Le soir même, il attendait Alix adossé au mur. Tous les deux faisaient à peu près la même taille mais il devait avoir deux ou trois centimètres de moins. Toutefois, même si elle pratiquait le Quidditch, il était déjà plus massif qu’elle. Rien qu’à le voir à douze ans, on se doutait que ce serait pas un petit gars fluet et sans force dans quelques années… en effet, son ombre dans la soirée déjà sombre recouvrait presque entièrement sa camarade quand celle-ci s’approcha. Ils faisaient vraiment mauvais genre comme ça à comploter dans la nuit.

« Salut. » Lui dit-il simplement sans lui sourire. Ils étaient là pour affaire après tout, et Alix savait déjà que Camille n’était pas exactement un bout-en-train.

D’aucun aurait pu s’étonner de voir Alix sourire aussi franchement à Camille, mais le fait est qu’il n’y avait personne avec eux et donc personne pour s’étonner. Comme il était content de la voir, il fit un semblant de sourire pour répondre au sien une fois qu’elle lui eût de son côté rendu son salut. Au final, il n’y avait pas à dire, ces deux là s’entendaient plutôt bien. Ils n’avaient pourtant pas grand-chose en commun au niveau du caractère, Alix était clairement plus énergique que le calme et contemplatif Camille… Pour autant, ce n’était pas grave aux yeux du jeune garçon car il n’avait rien contre le fait de parler à des personnes différentes de lui. Il aimait bien ça en général même, du moment qu’on ne le forçait pas à parler lorsqu’il n’en avait pas envie. Oui, vraiment, si on y repensait, c’était la seule chose que le Gryffondor ne pouvait pas supporter… Silencieux par choix autant que par caractère, il n’était pas contre une conversation mais lorsqu’il n’en avait pas envie, soit on monologuait, soit on lui fichait la paix, sinon il fallait s’attendre au retour de bâton car Camille n’avait rien d’un gentil garçon patient.

Là, comme c’était de toute façon lui qui avait invité Alix, ça ne pouvait que bien se passer. Cessant de sourire, il réfléchi à ce qu’elle lui disait à propos du banquet, sujet de tous leurs soucis. « Si tu connaissais Nina, tu ne mettrais pas son prénom et le mot cours dans la même phrase. » De toute évidence, il devrait trouver un autre genre de sujet pour détourner son attention… Hors faire la causette ce n’était pas vraiment son truc. L’autre problème c’est qu’il n’y avait pas que lui à tourner autour de Nina, il y avait sa copine Estelle… il faudrait peut-être bien se méfier d’elle, elle était un danger potentiel qu’il ne fallait pas oublier.

« Il faut que tu te méfies d’Estelle aussi, elle n’a l’air de rien comme ça mais elle pourrait bien nous causer des ennuis à tous les deux… ou à toi seule d’ailleurs, ce n’est pas exclu. » Il ne connaissait rien aux goûts d’Estelle en matière de garçons, il ne savait même pas si elle en avait en vu, mais il se disait tout de même que la jeune fille ne devait sûrement pas être différentes des autres donc il allait falloir garder un œil sur elle… ne serait-ce que parce qu’elle pouvait très bien décider d’aller parler à Alix en entraînant Nina à sa suite pour une raison ou une autre.

En réalité, c’était peu probable puisque Alix détestait les filles qui devaient sûrement bien lui rendre, mais Camille était loin de ces préoccupations, il préférait viser large pour ne pas se planter. Hors de question que Martin et Nina se parlent à nouveau ! Déjà que Camille faisait un gros effort pour supporter que sa sœur chérie passe du temps avec son capitaine Mike lors des entraînements, il ne faut pas trop en demander. On pouvait les trouver pas net tous les deux, Alix et Camille, mais au moins on ne pouvait pas leur nier une qualité : ils savaient ce qu’ils voulaient et faisaient tout pour atteindre leurs objectifs.

Il était effectivement plus sage de laisser tomber les cours même si Camille ne savait pas trop de quoi parler d’autre non plus… ce n’était presque jamais lui qui engageait les conversations, il ne savait pas trop pourquoi, peut-être parce qu’il n’était pas bavard ou encore parce qu’il manquait d’imagination… mais c’était plus probablement pour les deux à la fois. Tout bien compté, Camille n’était pas un garçon très intéressant… et il ne faisait vraiment rien pour aller dans ce sens non plus, il fallait bien l’avouer. Ce n’était pas sa faute, il avait grandi trop vite et s’était mis dans la tête que les gens ne valaient rien, qu’ils passaient juste leur temps à se faire mal les uns les autres, et que pour sa propre sécurité, il valait mieux qu’il en reste éloigné. Vous me direz que c’est étrange de penser ainsi quand on a douze ans et qu’on a eu une enfance tranquille, mais ça tient purement à son caractère. Camille est très intelligent pour son âge, sans être surdoué, il est en avance au niveau du tempérament et à force d’être trop réaliste, il en était devenu aigri. En plus, son frère et sa sœur étant son total opposé, il s’était très jeune confié le rôle de protecteur de la famille dans son ensemble et de Nina dans le particulier pour qu’ils n’aient pas à supporter cette noirceur qui, lui, l’effrayait. Camille avait sincèrement le sentiment que sa famille était un peu attardée sur les bords, ou tout au moins qu’elle s’aveuglait volontairement sur les réalités du monde. Des tas de gens mourraient pourtant de la main même de son frère de race ! Des hommes tuaient d’autres hommes parce qu’ils n’étaient pas de sang pur ! Parce qu’il était blanc, noir, arabe… Sorcier ou moldu, tout était prétexte à se battre et à faire couler le sang. Lui aussi on l’avait un peu discriminé, même si c’était juste par des moqueries, et pourquoi donc ? Parce qu’il n’était pas le vrai fils des Moreau ! Comme si c’était sa faute si ses vrais parents étaient morts. Mais non, ça avait continué jusqu’à ce qu’il entre à Poudlard où la guerre avait tellement décimé la population que les orphelins étaient légions.

« Les hormones sans doute. » Dit-il sans conviction pour répondre à l’interrogation d’Alix sur le comportement des mademoiselles. Lui, franchement, il n’avait pas hâte d’être tiraillé par ce truc là. Quand il entendait les grands parler des filles dans le dortoir… et bah, ça lui faisait presque de la peine pour ces mêmes filles en fait. Etant le preux chevalier de sa sœur qui n’a rien demandé, il ne voulait pas devenir comme tous ces mecs rien que parce qu’il aurait de la peine pour le potentiel frère de la fille sur qui il fantasmerait. Tout ça dans l’hypothétique… pour l’instant, personne n’était assez intéressant à ses yeux pour qu’il en arrive là. Bon, y’avait Corann, mais c’était genre un dinosaure avec ses millions d’années de plus que lui ! Au moins tout ça ! N’empêche qu’il resterait dans les annales comme le premier année qui avait emmené au bal un canon de septième. Mais ses chevilles se portaient bien, merci pour lui.

« C’est vrai. Et puis, avec un peu de chance, Nina sera accaparé par autre chose. Mais tout sauf un des autres crétins de l’équipe de Quidditch… » Même si on sortait de leur plan machiavélique, il n’y avait qu’avec Alix qu’il pouvait exprimer franchement sa jalousie alors il en profitait au passage.

« Tant qu’à faire, pourquoi ne pas essayer d’être chacun à un bout de table ? » C’était aussi simple que de mettre cinq places entre eux, non ? « Les banquets… c’est galère. » commentaire hautement spirituel d’un Camille un peu agacé qu’il y ait autant de monde près à voler les frères et sœur dans cette école. Heureusement, il avait sa complice du crime… d’ailleurs, quelqu’un approchait et comme ce fût Camille qui repéra le bruit en premier, il attrapa sa camarade et la colla contre le mur, cachant sa chemise blanche – donc visible dans le noir – avec lui-même qui, de dos, avec son pantalon noir et sa cape de sorcier noir, se fondait parfaitement bien dans le décor… d’autant plus qu’il était brun. Le tout fût fait sans sourciller et sans même un battement de cœur inopportun. Ces deux là savaient ce qu’ils voulaient et rien ne les en éloignait… et en plus, leurs hormones à eux se portaient bien XD

Par habitude, Camille avait failli retirer sa main lorsque Alix l’avait prise. Il n’était pas très tactile lui pour sa part, en fait, il ne l’était même pas du tout. Allez savoir pourquoi puisqu’il avait grandi avec des gens qui l’étaient plus ou moins, surtout sa mère, mais ça l’avait toujours laissé pour le mieux indifférent bon courage Alix dans le futur, pour le moins grincheux. Toutefois, l’idée qu’elle venait d’énoncer avait quelque chose de très séduisant et il ne pût retenir un sourire, oubliant par la même de récupérer sa main. Bon, il y tenait toujours hein, mais il pouvait bien la prêter à quelqu’un d’aussi malin et machiavélique que sa complice préférée sa seule complice en fait.

« Ton idée est très bonne mais il vaut mieux que tu t’occupes de demander… j’ai un léger… différent… avec Maiden. » Et Ziegler, il ne lui parlait pas parce qu’il méprisait tout ce que son frère aimait (réaction pour le coup assez normale entre frangins ayant si peu de différence d’âge). Pour en revenir avec Fredericke, il se trouvait que l’année précédente, il s’était malencontreusement retrouvé avec le soutien-gorge de celle-ci dans la main et qu’elle en avait tiré au premier abord les mauvaises conclusions… ensuite, ils s’étaient un peu disputés, et depuis Camille la battait froid. C’est que, de toute manière, il était dur de rentrer dans ses bonnes grâces.

« On pourrait peut-être faire un truc d’histoire qui fait peur, le groupe qui a concocté l’histoire la plus effrayante a gagné ? » c’était dans le ton de la soirée et ça permettait que les conciliabules se tiennent vraiment entre personnes du même sexe. Parce que bon, inventer une histoire d’épouvante, même en brodant sur une connue, ça demandait un minimum de concertation non ?

Ils en étaient là de leur conversation quand l’incident survint. Camille resta parfaitement immobile et silencieux, sous souffle dans le cou d’Alix pour la protéger des regards (et lui avec du même coup), mais dès que le bruit d’éloigna suffisamment, il relâcha sa pseudo étreinte et, au passage, récupéra sa main. On ne sait jamais, elle pouvait lui servir. « Franchement, qu’est-ce qu’ils foutent dehors ? C’est pas une heure pour traîner ça ! » Oui, enfin, là encore, sauf pour eux quoi… mais de l’avis très personnel et pas du tout orienté (genre !) de notre lionceau, eux ils avaient une excellente raison de se planquer dans la pénombre d’une soirée de novembre pendant que tout le monde s’apprêtait à fêter Halloween, eux ils faisaient ça pour protéger leur famille respective ! Ahah !

Comme il avait quand même un peu de mal à se persuader de ça lui-même, il changea de sujet un peu brusquement, sur une inspiration du moment. « Au fait, c’est déguisé ce truc ? Je me souviens plus. » Il pensait sûrement encore aux petits oiseaux (au sens littérale du terme) l’année dernière car il n’en avait aucun souvenir. Mais qu’une chose soit bien claire : Camille n’avait aucune (mais alors vraiment aucune) envie de se déguiser en quoi que ce soit ! Il joue pourtant si bien les pères fouettards.

Camille hocha la tête vigoureusement pour montrer son assentiment. Enfin, plus vigoureusement qu’à l’ordinaire en tout cas. L’avantage d’avoir une complice c’est qu’ils avaient les mêmes objectifs et qu’il ne pouvait qu’être d’accord avec elle, c’était clair et net, il fallait toujours qu’ils fassent attention et là, le meilleur moyen était de mettre l’idée d’Alix en application. Camille pensait bien que les préfètes accepteraient. Ziegler et Maiden adoraient les activités en tout genre, elles avaient même prévus une espèce de chasse au trésor pour dans deux ou trois jours, mais à chaque jour suffisait sa peine et Camille préférait se concentrer sur le banquet, il s’occuperait de surveiller Nina à l’activité le moment venu. Sachant qu’il comptait bien sur l’aide d’Alix, faire chier les autres (ou les surveiller, pour le dire plus poliment) semblait être une seconde nature chez elle, elle était bien plus douée pour ça que Camille en tout cas, qui n’aurait jamais pu trouver cette idée de jeu. Faut dire que rien que le côté collectif de l’idée manquait de piment quand on était un solitaire. Loin de nous l’idée de le faire passer pour un vieux loup solitaire mais il était quand même pas un modèle de sociabilité et ce n’était pas non plus un parfait boute-en-train donc il semblait logique que les jeux de société (quel qu’ils soient) ne pouvaient pas faire parti de ses activités préférés.

« J’attendrais ton message. » Simple, clair, concis. Tout ce qu’aimait Camille quand il conversait avec quelqu’un. Maintenant que le plan de bataille était établi, il ne manquait plus qu’à le mettre en place. Le pire dans tout ça, c’est qu’il ne leur restait pas beaucoup de temps, ceci étant, à part demander aux préfètes et ensuite obliger les filles et les garçons à se séparer à table, il n’y avait pas grand-chose à faire non plus. Encore heureux…

« Moi je prie juste pour que Nina n’est pas prévu pour moi. » Camille était le mannequin ambulant de sa famille. Sa mère et sa sœur choisissaient ses vêtements à sa place et, dans l’absolu, ça ne le dérangeait pas spécialement. Mais il refusait tout net qu’on le déguise ! Déjà que quand il avait six ans pour mardi gras ce n’était pas gagné… mais maintenant qu’il en avait douze bien tassé, il se considérait assez grand pour se passer de ce genre de chose ! Enfin… il verrait bien après tout.

Regardant sa montre à la demande d’Alix, il constata qu’elle aurait tout juste le temps d’aller voir les préfètes avant que tout Gryffondor se dirige vers la grande salle… leur timing était serré mais, à tout bien peser, plutôt bon. On ne pourrait les suspecter d’aucune mauvaise pensée alors qu’ils s’y prenaient au dernier moment, non ? Moins encore puisque seule Alix demanderait. Pour le moment, personne n’avait remarqué le jeu des deux lions, et c’était tant mieux. « 18h23. Il va être temps d’y aller. » Et de voir s’il avait des raisons de se méfier de Nina (voire même de Hugh tout bien peser !)… Rah, il espérait qu’elle n’avait rien prévu dont il aurait honte le restant de ces jours ! Mais il ne pouvait faire qu’espérer, la réponse l’attendant dans la salle commune et pas ailleurs.