[THEME- PV] Incompréhension autour d'une citrouille

Hainoa avait supplié Fredericke de creuser des citrouilles pour décorer la salle commune le soir même à l’occasion d’Halloween. Notre chère Fredou avait bien essayé de refiler le bébé à Billie mais elle était plutôt de celles qui cèdent de toute façon, en plus, Billie avait disparu. Impossible de mettre la main dessus, elle n’était ni dans le dortoir, ni dans la salle commune… Et pourtant, elle était persuadée qu’elles avaient un devoir à faire pour le lendemain, un devoir de sortilège super difficile. Remarquez, peut être que Billie était moins sérieuse qu’elle hein !

Maintenant, elle devait creuser des citrouilles… Hainie’ avait tout préparé, plus qu’à faire quoi. Fredericke s’était assise devant sa citrouille et regardait son pauvre couteau d’un air triste avant de soupirer et de se décider à s’y mettre. Plus on commence vite, plus tôt on a terminé après tout. Heureusement, Vincent n’était pas là ce jour là, cela sauvait les meubles en quelque sorte. Il était avec Seth pour elle ne savait pas trop quoi, il avait sûrement dû le lui dire mais en réalité, en ce moment, Fredericke n’écoutait que d’une oreille ce qu’on lui disait puisqu’elle n’avait plus le moral depuis la mort de sa mère.

Elle avait enlevé le chapeau de sa première citrouille, observant son uniforme et lui disant au revoir par avance puisqu’elle n’était pas assez douée en la matière (elle ne l’avait même jamais fait) pour espérer s’en sortir propre, quand tout à coup Nicolas pointa le bout de son nez. Ce n’était pas que Fred’ n’aimât pas Nico’ mais ce n’était pas franchement son meilleur pote non plus. Il faisait parti de ceux qui n’aimaient pas du tout les Serpentard et qui, de fait, ne pouvaient pas voir la relation de Fredericke et Vincent d’un bon œil. Comme Fred’ avait plutôt mauvais caractère, elle était du genre à s’en offusquer. Non qu’elle ne comprenne pas le principe, elle non plus n’adorait pas franchement la maison des verts et argents en elle-même, mais il y avait toujours des exceptions à la règle non ? En plus, Vincent avait peut-être beaucoup de défauts, mais il était un né moldu, donc pas du tout un sectaire raciste comme ceux de sa maison (il n’allait pas se dénigrer lui-même, ce n’était pas vraiment son genre).

« Ne me dis pas que tu dois faire les citrouilles aussi… » Râla Fredericke, se redressant légèrement et posant un poing sur sa hanche, fièrement. Ce n’était pas l’entrée en matière la plus aimable que l’on puisse imaginer mais en réalité Fred’ s’en foutait complètement. Nicolas n’hésitait pas à lui montrer son hostilité lorsqu’elle supportait Vincent lors d’un match (même pas contre Gryffondor en plus !). Pour résumer la chose, ce n’était pas la personne que Fred’ préférait, pas du tout. Chose bien normal puisqu’elle était amoureuse de Vincent et que ce n’était pas agréable d’être critiqué juste pour ça. On ne choisissait pas de qui on tombait amoureux, elle ne cessait pas de la répéter à sa famille pour qu’ils comprennent ! Son père n’avait pas encore bien imprimé… Nicolas non plus, pour ce qu’elle en savait !

De corvée de citrouilles ! Par la barbe de Merlin ! Nicolas se demandait encore comment il avait pu faire pour accepter un truc pareil. Et puis d’ailleurs, il n’y avait bien que Hainoa pour se porter volontaire pour ce genre de tâches. Sauf que sa chère et tendre petite blonde s’était décommandée à la dernière seconde, afin de préparer la première représentation de Crapaud Soleil. Du coup, elle avait demandé au jeune Caremis de la remplacer, et il avait donc accepté en lui affirmant qu’il prendrait grand plaisir à évider des citrouilles. Evider des citrouilles. Elle en avait de bien bonnes. A dire vrai, ce genre de corvée aurait pu être très amusant si le petit duo s’était retrouvé ensemble. Il n’empêche que cette fois ci, le châtain était persuadé qu’il passerait l’après-midi seul, simplement accompagné d’énormes potirons, et d’un couteau. Nicolas avait toujours été manuel, et pensait qu'il pourrait finir son quota en peu de temps. Ce n'était pas le problème. Mais alors pourquoi se sentait-il tant… en colère ? Triste ? Déboussolé ? Il n’arrivait même plus à comprendre ses propres sentiments.

En fait, il était tout simplement jaloux. Oui. Depuis le début de l’année, que ce soit les filles ou les garçons, Nicolas regardait d’un œil noir toute personne qui s’approchait de trop près de sa blondinette adorée. Certes, il acceptait Orla, vu qu’il l’appréciait énormément aussi. Mais le fait est que Hainie passait beaucoup trop de temps à son goût avec la Serdaigle, et qu’il se sentait largement délaissé. Sans parler des nombreuses amies de dortoir de la jeune Stewart, Fred, Billie, Marine, et cætera. Un vrai calvaire. Et si en plus de ça, on devait ajouter de nouveaux garçons qui lui tournaient autour, on ne s’en sortait plus. Nicolas était fou de rage. Il aurait voulu lui en parler, essayer de se l’accaparer. Mais elle lui aurait simplement ri au nez, ou l’aurait traité de possessif. Ah. Qu’il était dur d’être un jeune garçon de 16 ans en pleine crise d’adolescence… Le Gryffondor se surprenait même à jalouser Spaghetti ou Gerbille, quelques fois. C’est vous dire à quel point il était atteint…

M’enfin. Le 6 ème année se dirigeait mollement vers l’endroit où il devait aller évider ces fameuses citrouilles. Il traversa des rangées d’herbe en évitant d’écraser des insectes machinalement sa rencontre avec Solstice Cabaret l’avait profondément traumatisé, et vit au loin un amas de grosses citrouilles qui formaient une énorme tâche orange et floue. Cependant –chose qui le fit écarquiller les yeux-, il lui semblait que son après-midi d’évidage de cucurbitacées ne serait pas si solitaire que ça. En effet, une jeune fille aux longs cheveux blonds lui tournait le dos, et était assise devant une des citrouilles. Son estomac fit quelques looping, alors qu’il pensait que finalement, Hainoa avait pu se libérer et était venue l’aider. Quelle ne fut pas sa déception lorsqu’il reconnut Fredericke Maiden, la pro Serpentard de service traîtresse ! et préfète de Gryffondor cherchez l’erreur, assise devant une citrouille qu’elle s’affairait à taillader d’un air las. La déception se transforma bien rapidement en agacement lorsqu’il entendit la demoiselle l’accueillir de façon bien peu chaleureuse.

« Ah… C’est déjà bien assez pénible comme ça, mais si en plus il faut que ce soit avec toi… » railla-t-il en guise de salut.

Il s’installa néanmoins en face de la préfète, et fit venir un couteau jusqu’à lui en marmonnant le sortilège d’attraction. Il était furieux. Il aurait préféré être seul, plutôt que mal accompagné. Il n’aimait pas du tout Fredericke –et ce sentiment était clairement réciproque-. Déjà, cette allemande soutenait les Serpentard, ce qui était un très mauvais point pour Nicolas, qui était un élève de Godric fidèle, pur et dur. Et en plus de ça –et c’était certainement l’une des raisons principale-, Fred’ passait beaucoup trop de temps avec Hainoa. Elle dormait même dans la même chambre qu’elle. De quoi vous faire péter les plombs. Du coup, le Rouge & Or rejetait sa frustration sur la blonde, même si elle n’y était pas vraiment pour grand-chose esprit perturbé, va. Se craquant les articulations, le jeune garçon entreprit la tache de tailler sa première citrouille.

« C’est aussi Hainie qui t’a persuadée d’évider les citrouilles ? » demanda-t-il abruptement au bout d’un moment, histoire de faire la conversation –autant de montrer un minimum social vu qu’ils allaient passer au moins 3 heures ensemble-.

Il agita ensuite son couteau, et observa d’un œil critique l’énorme citrouille dont il avait retiré un chapeau, et enlevé toute la chair. Bah. S’il travaillait aussi vite, il pourrait peut-être s’esquiver au bout d’une ou deux heures, finalement. En espérant que l’autre greluche ne lui chaufferait pas trop les nerfs entre temps.

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VAMPIRE

A la raillerie de Nicolas, Fred’ répondit par un sourire en coin méprisant. Autant la lionne pouvait être adorable, autant elle pouvait aussi être une peste sans scrupule… Hors s’en prendre à sa relation avec Vincent (ouvertement ou non) était le meilleur moyen de la voir sortir les plus mauvais aspects de sa personnalité. Mais au moins, Nicolas savait à quoi s’en tenir. Quand Hainoa était présente, ils étaient obligés de faire des efforts parce que la petite blonde n’était pas responsable de leur inimitié (qui n’avait pas de raison très justifiable en plus), et Fredericke était plutôt douée pour rester polie avec Nicolas généralement parce qu’elle avait l’habitude de ce type de situation. Dans son monde, on devait savoir faire preuve de diplomatie en toute circonstance et supporter l’insupportable sans sourciller… Et Nicolas ne l’agaçait quand même pas assez pour être qualifier d’insupportable, il l’agaçait c’est tout, et elle méprisait ses préjugés comme elle méprisait ceux des Serpentards, y compris ceux de ses amies comme Marie qui pensait que seuls les blonds valaient quelque chose. Il n’était donc pas assez dans sa ligne de mire pour qu’elle se dévoile complètement mais avouons qu’elle profitait quand même de l’absence d’Hainie pour casser son image de gentille préfète. Au dernier match, elle avait sciemment ignoré Nicolas et son regard noir. Là, ce n’était pas la peine, surtout qu’ils allaient devoir passer l’après midi ensemble. Dommage qu’il soit de notoriété publique qu’il était amoureux d’Hainie, sinon Vincent aurait tapé (au sens propre) une crise de jalousie et là ce n’aurait pas été Fred’ qui aurait protesté. Après tout, il fallait bien donner une raison à Nicolas de le détester non ? Mais bon… c’était visiblement une illusion, puis, au fond, elle savait que ça ferait de la peine à Hainie’ et ce n’était pas ce que Fredericke voulait.

« Il va falloir qu’on se supporte, parce que Hainoa va nous faire une crise si on ne lui prépare pas ses citrouilles. » Et pas qu’un peu parce que le matin même sa camarade de classe était plus une pile électrique qu’une fille vous voyez… Et Fredericke préférait qu’elle retrouve son calme le soir même, sinon elle allait finir par casser quelque chose et Fred’ serait obligé de la coller. Ce ne serait pas génial, mais Fred’ essayait d’être une préfète irréprochable… encore plus depuis qu’Anabelle avait été renvoyée à cause d’elle. Enfin, ce n’était pas comme si Fred’ se sentait coupable, c’était la Poufsouffle qui avait ouvert les hostilités un peu trop franchement alors que Fred pensait qu’elle se contenterait de la détester encore plus. C’est pas comme si Fred’ avait roulé une pelle à Adrien en plein cours quoi, elle l’avait juste rejoint pour le TP de potion ! C’était encore un truc qui se faisait entre amis non ?

Il fallait croire que la jalousie des autres (par elle ou les autres) faisait juste parti de sa vie. Heureusement qu’elle avait l’habitude avec Vincent… « Hum… oui… qui d’autre ? » Répondit-elle évasivement tout en commençant son opération de vidage avec soin. Elle pensait toujours à Anabelle et se fichait pas mal de Nicolas, ça se voyait. « On se demande bien à quoi elle pensait, me mettre avec un crétin dans ton genre… xénophobe avec ça. » Oui, c’était exactement ce qu’elle pensait de Nicolas qu’il était xénophobe. Pas raciste puisqu’il ne prenait pas en compte la race mais il détestait ce qu’il ne comprenait pas, donc les serpentards, sans même chercher à les connaître. Gryffondor ne serait pas fier d’eux s’ils les voyaient de nos jours, lui qui était pour l’égalité ! Bon, ok, les Serpentards étaient pour la plupart des crétins sectaires qui se regardaient le nombril, mais si on ne cherchait pas à en savoir plus, on ne pouvait pas progresser ou les faire changer. C’était tout au moins la manière de penser de Fred’ qu’elle exprimait sans sourciller, se fichant pas mal que Nicolas n’en pense pas moins d’elle. C’est pas comme si c’était nouveau quoi hein…

Il fallait au moins reconnaître une chose à Fredericke Maiden : elle avait l’abominable capacité de jouer aisément avec les nerfs de ce pauvre Nicolas. Aussi, lorsqu’elle lui décrocha son sourire méprisant, le Gryffondor se força à reporter son attention sur la citrouille, creusant une bouche grossière dans l’épaisse peau et se répétant inlassablement : ne craque pas, ne craque pas, ne craque pas. Il était certain que dès l’instant où il hausserait la voix, ou se montrerait trop agressif envers la préfète, elle ne tarderait pas à tout cafter à Hainoa, qui lui en voudrait jusqu’au restant de ses jours. A chaque fois qu’ils se retrouvaient tous les trois, le 6 ème année devait prendre sur lui pour ne pas balancer de répliques cinglantes à l’allemande. C’était un fait : il détestait Fredericke. Pourtant, en soit, elle ne lui avait pas fait grand-chose personnellement. Il ne se souvenait même plus depuis quand il la haïssait autant. Ca remontait peut-être à deux ans, ou quelque chose comme ça. Avant, il ne la fréquentait pas du tout, puisque Hainoa passait le plus clair de son temps en compagnie d’Orla Quirke ou de Anabelle Montgomery. Depuis la Grande Bataille, sa meilleure amie avait cependant la fâcheuse tendance à traînasser avec cette racaille de Maiden. Quelle canaille. Nicolas était persuadé que si sa Hainie fréquentait de plus en plus de garçons, c’était parce qu’elle était sous la mauvaise influence de cette mangeuse d’hommes qu’était Fredericke. Enfin… C’était la réputation qu’il en avait. En même temps, en étant ami avec Anabelle Montgomery, il était normal d’avoir ce genre d’image de la préfète des Gryffondor.

Réussissant progressivement à garder son calme, le jeune châtain tailla le premier œil et se contenta de renifler d’un air méprisant lorsque sa camarade parla de « se supporter ». C’était plutôt lui qui allait devoir supporter cette pimbêche effarouchée, et non le contraire. Il avait toujours été très sympathique avec tout le monde. Bonne pâte, à vrai dire. Mais en compagnie de Maiden, il ne pouvait pas. C’était au-delà de ses moyens. Elle l’insupportait, un point c’est tout. Et Nicolas était du genre incroyablement borné : il ne comptait donc pas changer d’avis sur la blondasse de sitôt. Il n’empêche qu’elle avait raison en disant qu’Hainie risquait de péter un durion si elle se rendait compte que ses citrouilles n’avaient pas été faites. Disons que la décoration de la Grande Salle en aurait été corrompue. Toute l’administration comptait sur Hainoa Stewart pour s’occuper des évidages de cucurbitacées. Et donc, par extension à présent, sur Fred’ et Nico. La grosse honte, s’ils n’arrivaient même pas à finir cette heu… trentaine ? Voire quarantaine de citrouilles. Oh par Merlin ! Il y en avait bien plus qu’il ne l’aurait imaginé. Il fallait au moins prévoir d’être coincé trois heures avec Maiden, au final. Quelle tuile ! Grognant de plus belle, Nicolas lança un regard noir à la lionne lorsqu’elle le traita de crétin xénophobe. Pardon ? Pardon ? Il n’était pas du tout xénophobe, qu’il le sache. Est ce qu’elle disait ça parce qu’elle était Allemande et qu’elle croyait qu’il ne l’aimait pas pour cette raison? C’était totalement faux. Elle aurait bien pu être anglaise de pure souche, il l’aurait détestée tout autant. Et puis un crétin. Quelle sale truie.

« Je peux te renvoyer le compliment. De toutes les personnes qu’elle fréquente, il a fallu que ça tombe sur toi. Si je ne la connaissais pas assez, on aurait pu penser qu’elle avait une idée derrière la tête. »

Comme l’idée de faire s’entendre Fredericke et Nicolas ? Complètement impossible. Ces deux-là étaient trop tête brûlées pour coexister. Et puis Hainoa n’avait certainement pas remarqué qu’ils ne s’entendaient pas. A dire vrai, Nicolas faisait tout pour être irréprochable lorsqu’elle était dans les parages. Enfin. Il ignorait surtout l’allemande. Ce n’était pas son genre, de faire l’hypocrite.

« Je me demande bien ce qu’elle te trouve… » bougonna le Gryffondor au bout d’un moment.

Non mais c’était vrai quoi. Sa Hainie, si mignonne, si gentille, si intelligente… qui traînait avec la succube de service, et pro Serpentard de surcroît. Non mais qu’est ce qui lui était passé par la tête ? Il est vrai que Hainoa était assez ouverte d’esprit pour discuter avec tout un tas de gens, comme Orla, l’adorable allumée de Serdaigle, Anabelle, son amie qui avait des copains imaginaires, ou même Harry Potter, qui était complètement siphonné. Et encore, eux, Nicolas les appréciait plutôt pas mal. Même Isaac Irving, le Serpentard aristocrate et ex préfet passait. Mais pas Maiden, quoi…

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VAMPIRE

En un haussement d’épaule, Fredericke balaya les paroles de Nicolas. Il était désagréable, c’était le moins qu’on puisse dire, mais elle le lui rendait bien alors elle n’allait pas en faire tout un cinéma. De toute façon, au niveau rapport de force, c’était elle qui gagnait. Elle était préfète et titulaire de l’équipe de Quidditch, l’avis d’un miséreux comme le meilleur ami d’Hainie n’avait strictement aucune valeur. Et oui, même si elle faisait de son mieux pour se comporter comme les autres filles, Fredericke n’en était pas moins une jeune héritière issu de la vieille noblesse sorcière allemande, richissime (bien que ça n’est pas toujours été le cas), elle avait été élevée dans l’idée qu’il fallait mépriser le petit peuple. Le fait est que Vincent était le gars typique des bas fond puisqu’il avait grandi seul dans la rue, alors elle avait remisé ses idées au placard depuis fort longtemps… mais quoi qu’on en dise, les vieilles habitudes ont la vie dure, surtout quand Fred’ se voit obligé de rester un minimum correct avec quelqu’un qu’elle n’aimait pas. Impulsive par nature, elle devait en appeler à son éducation pour ça, et son éducation était tout sauf Gryffondor ! En fait, Fredericke avait plutôt été élevée avec des idées de Serpentard mais comme ce n’était pas dans son caractère, ça n’avait jamais bien pris.

« Hainoa n’a pas encore compris que la vie ce n’était pas un Walt Disney. Quant à me renvoyer le compliment, j’t’en prie, ça me ferait presque rire. » Crétine, elle ne disait pas. Elle n’avait rien d’un nobel, elle avait même appris à ses dépends qu’elle manquait singulièrement de jugeotte. Xénophobe en revanche… Ce n’était pas elle qui mettait les gens dans des cases hein. Enfin, il n’avait pas l’air beaucoup plus futé qu’elle, fallait pas lui en vouloir.

« On a les mêmes goûts pour plein de choses et je suis gentille comme fille en fait, la plupart du temps en tout cas. » Oui parce que Fred’ n’était pas une vraie gentille du genre de Hainie. Elle était plutôt de ceux qui sont gentils mais qui ont mauvais caractères. Il ne fallait pas beaucoup chercher Fred’ pour la voir sortir les griffes, elle pouvait même être violente… mais c’est bien pour ça qu’elle avait réussi à amadouer Vincent Fayr le terrible. Il n’y avait qu’elle pour savoir lui tenir tête sans aller trop loin.

« Ceci dit, tu sais, j’m’en fiche que tu ne m’aimes pas. Non seulement ça ne va pas m’empêcher de dormir mais en plus je vais même pouvoir passer à ma seconde citrouille malgré ça. » Elle avait en effet terminé la première citrouille et s’apprêtait à entamer la seconde mais un hibou de taille respectable vint se poser à côté d’eux avec fracas. Courrier urgent pour Miss Maiden. Elle prit le petit papier et plissa les yeux pour lire les quelques mots qui y étaient écrit. Pendant quelques secondes on aurait pu croire qu’elle allait se mettre à pleurer… et c’était effectivement presque le cas. Mais elle se contenta d’ouvrir sa besace et d’en prendre sa plume et son encrier. De sa plus belle écriture, elle signa le papier et le rendit au hibou non sans une caresse de félicitation.

Subitement très fatiguée, elle posa la tête sur sa citrouille pas encore entamée et quand elle releva la tête, elle avait repris son expression précédente. « Je vais te laisser prendre de l’avance, je dois envoyer un autre message pour… Enfin, je dois écrire à Vincent. Je vais essayer de faire vite. » Attrapant un parchemin, elle écrivit quelques lignes mais elle s’interrompit subitement et déchira le tout sans rien dire, se remettant subitement à sa citrouille, sans aucun commentaire supplémentaire.

Tout dans l’attitude de l’héritière Maiden énervait passablement Nicolas. De ses haussements d’épaule jusqu’à la manière dont elle tailladait ces malheureuses citrouilles. Hautaine, noble, égocentrique, insolente. C’était tout ce qui émanait de la blonde à chaque fois que le Gryffondor posait ses yeux dessus. Il savait bien, qu’il devait faire des efforts pour l’apprécier, puisque Hainoa l’aimait énormément. Mais il avait du mal. Enormément. Et de son côté, la préfète ne faisait aucun effort pour changer son image. Elle lui répondait d’un air désagréable, le snobait avec une élégance agaçante, et réussissait même à avoir d’aussi jolies citrouilles évidées que Nicolas. Si ce n’était plus. Ca le mettait carrément hors de lui. Il se défoulait donc sur les légumes orangés, dont il venait de terminer le premier exemplaire. Le regardant d’un air satisfait, le lion le dégagea sur le côté, et prit une nouvelle citrouille, dont il creusa un chapeau. Maintenant qu’il avait grosso modo attrapé le coup de main, il pourrait en faire de bien plus belles que cette fichue Fredericke. Qui venait de lui balancer une horreur à la figure, pour changer, tiens.

Il jeta un regard féroce à Miss pimbêche, et planta son couteau dans la chair de la citrouille, en se répétant une nouvelle fois ne craque pas, ne craque pas, ne craque pas. Ce serait lui accorder bien trop de plaisir. Non seulement elle se moquait ouvertement de lui, mais en plus, elle osait critiquer Hainoa. Dire ce genre de choses sur un ton si méprisant le rendait fou de rage amoureux passionné, va. Il ne fit cependant aucun commentaire là-dessus, persuadé qu’il finirait par faire bouffer une citrouille entière à Fredericke s’ils commençaient à parler d’Hainie. La conversation finirait par dériver, et qu’elle le veuille ou non, la préfète aurait certainement laissé échapper quelque chose de dégradant sur sa meilleure amie. Il avait beau aimer Hainoa comme un dingue, il n’empêche qu’il avait bien conscience de ses défauts, et de sa bizarrerie.

Nicolas renifla d’un air méprisant lorsque Fredericke employa le terme « gentille fille » pour se désigner. Ben tiens. Par rapport à quoi. Une Harpie ? Pour ce qui était des mêmes goûts, d’accord. Sauf que sa Hainie ne partageait pas la même adoration que l’allemande pour ces fichues serpillères. Et d’ailleurs, le Rouge & Or ne se gêna pas pour le faire remarquer.

« Mêmes goûts, mêmes goûts… Heureusement qu’elle ne partage pas ta passion pour l’équipe de Quidditch des Serpentard. » maugréa-t-il, toujours d’humeur massacrante.

Et elle continuait de piailler comme la garce finie qu’elle était. Nicolas comprenait vraiment Anabelle, lorsque celle-ci lui disait qu’elle détestait Fredericke. L’allemande était totalement inintéressante, mauvaise, succube, influente, et en plus, elle parlait beaucoup trop. Le châtain dut s’y reprendre à deux fois pour ne pas balancer la grosse poignée de chair de citrouille qu’il tenait entre ses mains, et qu’il préféra déposer rageusement dans le seau à sa droite prévu à cet effet. Et en parlant des cucurbitacées, Fredericke passait à présent à sa deuxième. Tandis que lui venait de finir d’évider entièrement la sienne. Le lion s’apprêta à répliquer quelque chose, lorsqu’un gros hiboux vint se percher sur l’une des citrouilles, apportant un bout de parchemin à la préfète. Non mais ! Il manquait plus que ça ! Qu’ils soient dérangés toutes les 5 minutes parce que Fredericke était pas fichue de mettre son portable sur silencieux de passer une après-midi sans se faire harceler par les lettres. Et pour couronner le tout, et le laissa planté là pour envoyer un message à Vincent.

A la mention du nom du Serpentard, Nicolas fronça un sourcil, mais ne fit aucun commentaire, bien trop occupé à sculpter une magnifique bouche dans la citrouille. Il faisait ça comme un véritable pro, à présent ! Levant tout de même la tête lorsqu’il entendit un bruit de déchirure, Nicolas fut surpris de voir sa camarade se rassoir l’air de rien devant sa citrouille, et continuer de l’évider sans ajouter quoi que ce soit.

« Il t’arrive quoi ? » demanda-t-il, plus curieux que soucieux de l’humeur de la préfète.

Ca ne le regardait pas, il était vrai. Mais il n’avait pas pu s’empêcher de poser cette question. Bien qu’il déteste Fredericke, Nicolas ne pouvait pas se résoudre à rester indifférent devant ce genre de réactions bizarres. C’était dans sa nature, de s’inquiéter un peu pour les filles. Même s’il ne voulait pas se l’avouer. Et même si c’était Maiden.

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VAMPIRE

Pour le coup, Fredericke fusilla du regard Nicolas. Elle se moquait pas mal qu’on ne l’aime pas ou qu’on la critique puisqu’elle ne manquait pas d’amis ni de confiance en elle. Puis, bon, on ne pouvait pas aimer tout le monde non plus… après, en général, chez elle c’était œil pour œil, dent pour dent, donc elle n’aimait pas ceux qui ne l’appréciaient pas. Jusque là, elle trouvait qu’elle restait logique, un point c’est tout. Par contre, elle ne supportait pas qu’on critique Vincent ou son propre amour pour lui, selon elle, personne ne pouvait juger de ses sentiments à sa place, et surtout pas quelqu’un qui ne connaissait rien de leur histoire. Vincent et elle avaient traversés pas mal d’embûches avant d’en être là où ils en étaient, elle ne laisserait personne cracher sur leurs efforts communs juste parce que son copain n’était soi-disant pas dans la bonne maison.

« Quand on ne sait pas de quoi on parle, on se tait. L’équipe de Serpentard je m’en moque, en revanche c’est le rôle d’une petite amie de soutenir son copain en toute circonstance. Si Ophélia l’a compris alors qu’elle était dans l’équipe adverse, tu n’as pas le droit de porter de jugement. » Surtout que Vincent ne jouerait jamais contre Gryffondor alors qu’il y aurait un risque qu’il lui envoie un cognard par inadvertance (Vincent ne se remettrait pas de lui faire du mal, il la prenait encore pour une petite poupée fragile), et Vincent l’encourageait dans les match contre Serpentard, peut-être pas avec autant d’entrain qu’elle-même le faisait, mais elle était plus expansive que lui. En plus de ça, c’était Poufsouffle qui avait gagné alors on n’allait pas lui faire tout un fromage de deux ou trois encouragements sans importance, surtout que ça avait plus ou moins sauvé Ophy. Pas Elizabeth cela dit, mais elle ne pouvait pas protéger tout le monde non plus, son influence sur son copain avait ses limites… en plus, elle soupçonnait la préfète des jaunes et noirs d’être de mèche avec sa presque ex-collègue Anabelle, ennemie du moment de Fredericke.

Après le départ du hibou et l’abandon de son idée première, elle se remit à creuser sa citrouille d’un air étrange. Enfin, pour qui la connaissait c’était un air triste qu’elle tentait de cacher, mais le fait est que Nicolas ne la connaissait pas et ne saurait donc pas reconnaître les signes. Elle avait fini d’enlever le chapeau de sa seconde citrouille et commençait à la creuser quand le Gryffondor (à qui elle avait pourtant décidé de ne plus adresser la parole) lui posa une question. Elle leva des yeux bleus légèrement rougis par les larmes qu’elle avait retenu sur lui et ses lèvres se pincèrent pour retenir une réflexion acerbe. Ce n’était pas une attaque, elle ne devait donc pas y répondre comme tel.

« J’ai reçu le testament de ma mère. » Elle ne précisa pas en quoi ça concernait Vincent puisque de toute évidence Nicolas ne faisait aucun effort pour comprendre ce qui liait la Gryffondor au Serpentard. Pourtant, il était au contraire très impliqué dans les histoires de famille de l’allemande puisqu’il était le pupille de sa cousine Roze Maiden-Montgomery, qu’il était aussi l’héritier de cette dernière (uniquement pour ce qu’elle possédait en Allemagne cela dit) et qu’il était aussi son prétendant officiel du point de vu de la noblesse… dans la mesure où ils avaient passé une étape durant l’été. Comme Vincent n’avait plus vraiment de famille (qu’ils osent seulement demander un centime à Vince’ et elle envoyait sa garde contre eux), Fred’ considérait qu’elle la remplaçait… et que de toute façon, ils devaient tout se dire. Bon, pas les détails, mais les trucs importants (genre ce qui concernait le décès de sa mère à elle), ça devait être partagé. En plus, c’était le genre de chose qui la remuait donc sa première idée était toujours de faire appel à son petit ami… Si elle lui avait écrit, il serait sûrement venu, mais elle ne l’avait pas fait justement à cause de ça. Non seulement elle avait des citrouilles à creuser mais en plus mettre Nicolas et Vincent en présence… ce n’était pas une bonne idée dans une telle situation.

Laissant ça de côté, elle continua à s’occuper de sa citrouille mais d’un geste peut-être plus rageur qu’auparavant. Ce n’était pas qu’elle était plus fâché contre Nicolas qu’avant (Fred’ avait plutôt la colère froide), c’est juste qu’elle avait besoin de se défouler et de contrôler ses nerfs en les passant sur les pauvres citrouilles. Efficace cela dit, elle vint au bout de la seconde en un temps record.

Fredericke venait de balancer une réplique cinglante à Nicolas lorsque celui-ci fit sa remarque sur l’équipe de Serpentard, et sur l’infâme trahison de sa camarade rouge & or. Et avec toute la mauvaise humeur et l’insolence dont elle était capable, s’il vous plaît. Les oreilles chauffées à blanc, le jeune lion continua de tailler sa citrouille sans dire un mot. Bon OK, il s’était planté sur toute la ligne en pensant que l’allemande soutenait les Serpentard. Encourager son petit ami, c’était plutôt normal, en fait. Si jamais Hainoa était chez les vipères, et qu’ils étaient amis malgré tout, le brun l’aurait certainement soutenue. Même s’il était peu probable que sa meilleure amie se retrouve dans une maison aussi malsaine, et encore moins qu’elle se décide un jour à grimper sur un balai. A cette pensée, Nicolas sentit une nouvelle bouffée de jalousie lui tirailler les nerfs. Il avait complètement zappé Fredericke pour le moment, et pensait au Capitaine de Gryffondor, Mike Con’Rad. Ce type, qu’il avait autrefois admiré parce que c’était un plutôt bon joueur de Quidditch, lui sortait à présent par tous les orifices –oui, oui, même pas les narines-. Non seulement parler à Hainoa était une très mauvaise initiative –qui a dit possessif ?-, puisqu’il se démenait ces derniers temps pour écarter tous les parasites qui pourraient tourner comme des Billywigs autour de sa princesse au petit pois. Mais en plus, la forcer à faire quelque chose d’aussi… ignoble… malsain… répugnant. C’était… grr ! –oui, il ne trouvait pas d’autre mot. Sacré Nico #PAF#-. Non, non. Ce pauvre Mike ne l’avait pas embrassée, enlacée, ou quoi que ce soit d’autre. Il l’avait simplement forcée à faire un entraînement de Quidditch avec lui. Bon, dans le résultat, on obtenait la même chose : une Hainoa revenue du stade complétement éméchée, haletante, ruisselante de sueur, le cœur tambourinant contre sa poitrine, et les joues rouges écarlate. Ce qui était, selon le Gryffondor en mal d’amour, totalement i-nac-cep-ta-ble ! M’enfin.

Se rendant compte de sa petite erreur, Nicolas, bien trop fier cependant pour s’excuser, regarda bouche bée Fredericke, et lâcha tranquillement un : « Ah. Oh. D’accord. » Il essuya sa main pleine de chair de citrouille sur sa robe de sorcier, et se passa une main dans les cheveux. Bon. Il avait fait erreur sur toute la ligne, et avait accusé injustement la préfète. Mais s’il s’excusait, elle l’enverrait sûrement bouler, tout en se moquant à gorge déployée de lui. Et ça, ça l’insupporterait certainement. Rougissant légèrement, le Gryffondor continua de tailler sa citrouille pour s’occuper les mains et les pensées. Il se sentait légèrement stupide de s’être braqué aussi rapidement lorsqu’il avait entendu Fredericke encourager Vincent au dernier match. Pour le coup, il avait vraiment cru qu’elle soutenait l’équipe des vipères. Il s’était attendu à ce que Hainie fasse une remarque à son amie d’un ton exaspéré, ce qui lui aurait prouvé qu’il était dans le vrai, mais elle était tellement occupée à se concentrer pour ne pas dégobiller dans son sac en papier, qu’elle aurait été bien incapable de faire le moindre signe à Nico. Bah.

« Scuse, dans ce cas » lâcha-t-il après quelques secondes de réflexion. Les mots lui brûlèrent la gorge, mais, en fin de compte, il se sentit un peu mieux après les avoir dit. Oh, ne vous détrompez pas. Nicolas n’aimait toujours pas Fredericke, rien que parce qu’elle fricotait trop souvent avec Hainie. Mais au moins, il la détestait (un peu) moins.

Il se mordilla ensuite la lèvre inférieure lorsqu’elle lui parla du testament de sa mère. Ah oui. Hainoa lui en avait vaguement touché un mot, en lui faisant promettre de ne surtout pas faire de blagues vaseuses sur la mère de Fredericke. Comme si c’était son genre, tiens ! Bon certes, il traitait souvent ses amis de « fils de Cognard » ou « fille de Harpie ». Mais c’était généralement plus affectif que vulgaire. Ne sachant pas trop quoi dire, conscient qu’ils venaient tous deux de jeter un froid, le châtain attrapa une grosse poignée de chair de citrouille, et l’envoya en plein dans la figure de Fredericke et du premier coup, en plus tout en scandant d’un air moqueur :

« Gaffe Maiden, si tu fronces trop les sourcils, tu vas finir par avoir des rides ! »

Puis il continua de tailler sa citrouille, comme si rien ne s’était passé. Un léger sourire se dessinait cependant sur ses lèvres. Il commençait à comprendre un peu plus Fredericke. Un peu.

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VAMPIRE

Si Nicolas n’avait pas été un ami d’Hainoa et un camarade de sa maison, elle lui aurait sûrement répondu par un air dédaigneux et un sifflement tout aussi méprisant. Toutefois, ce n’était pas le cas, les choses étant ce qu’elles sont, elle se contenta d’un petit signe de tête signifiant qu’elle acceptait ses excuses. Globalement, elle trouvait toujours impardonnable qu’il ait pût se permettre un quelconque jugement, et elle savait aussi qu’il continuait à mépriser tous les serpentards en bloc sans faire de différence entre les bons et les méchants… mais elle préférait faire des efforts… Ils n’en étaient qu’à quelques citrouilles chacun et ils en avaient encore beaucoup à faire durant les heures qui viendraient. Puis, toujours dans l’optique Hainoa, ça ne servait à rien de se fâcher avec Nicolas, ça ferait juste de la peine à la jeune fille.

Comme elle pensait encore à sa mère, elle sentit un truc visqueux lui arriver sur la figure. Quand elle passa les doigts dessus, elle vit aussi que c’était orange et odorant… de la chair de citrouille ! Faut dire qu’avec tout ce qu’ils avaient déjà évidé, ils en avaient un paquet à disposition. Eclatant d’un rire aussi amusé que nerveux, elle attrapa à son tour une grosse poignée et la balança en plein dans la tronche de Nicolas. Ils pouvait d’ors et déjà dire adieu tous les deux à leur uniforme propre du matin (dans son cas à elle toujours).

« Et toi tu devrais envisager de changer d’huile solaire, t’es bizarrement devenu orange » Elle éclata de rire de plus belle, tout en sachant que même si elle s’était essuyée, elle devait être elle aussi encore un peu orange… et aussi que ce n’était pas encore fini ! Prenant son couteau, elle se fit des réserves de chair de citrouilles, finissant ainsi sa troisième si on ne comptait pas qu’elle n’avait pas encore tracer le sourire et les yeux. Se cachant derrière le légume plutôt corpulent (et faut dire aussi qu’elle-même ne l’était pas, corpulente), elle finit rapidement sa tâche et dès que ce fût fait, envoya une seconde salve de citrouille. Non seulement Fredericke n’était pas une chochote qui s’inquiète de l’état de ses fringues ou de son maquillage (bien qu’avec Ophy et Marie comme amies, on aurait pu le penser), mais en plus, elle ne disait jamais non à une bonne bataille inoffensive du genre bataille de polochon (spécialité de la chambre de Hainoa, Fred et compagnie), bataille de nourriture ou autre…

« Allez, bas-toi si t’es un homme Caremis ! » Ceci était bien sûr dit avec amusement, sans la moindre trace d’agressivité. Pour le moment, Fredericke avait perdu de sa hargne juste parce qu’elle s’amusait. Et puis, Nicolas semblait aussi être passé à autre chose, pas la peine de se la jouer sorcière de l’ouest non plus… Comme elle essayait d’être une bonne préfète et aussi une bonne duchesse, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait ce genre de chose dans un endroit aussi public que le parc… mais si Nicolas pensait gagner contre elle, c’est qu’il la connaissait mal ! Ils finiraient tous les deux couverts de citrouilles de la tête aux pieds, pas de jaloux, foi de Maiden !

Nicolas avait balancé de la citrouille sur Fredericke histoire de détendre un peu l’atmosphère. En plus, il avait remarqué qu’elle avait les yeux brillants, comme si elle s’apprêtait à pleurnicher. Il avait été assez traumatisé par Solstice Cabaret pour pouvoir affirmer qu’il ne tenait plus à se retrouver une face d’une madeleine, et avait donc tenté de sauver les meubles en tentant de faire rire l’allemande. Par chance, celle-ci réagit comme il l’avait souhaité. Au lieu de se lever d’un bond en le fusillant du regard et en lui promettant un dîner aux chandelles avec Rusard, le concierge, elle s’était contentée de rire aux éclats. Bon ça déjà, c’était un bon point. Définitivement, l’ambiance s’était décrispée, et les deux lions pouvaient rester à quelques mètres l’un de l’autre sans se sauter à la gorge. Ou en tout cas, leur petit crêpage de chignon Nicolas ne peut pas se faire de chignon, mais qu’importe était passé aux oubliettes, et ils se comportaient à présent de façon plus civile. Enfin, civile… tout est relatif, quoi.

Tandis qu’il souriait en continuant d’éplucher sa troisième citrouille, fier de son coup, Nicolas sentit quelque chose lui recouvrir le visage tout entier. Sous le choc, il vacilla vers l’arrière, et dut se retenir à sa citrouille pour ne pas tomber. Oh ! Elle avait osé ! Le jeune Gryffondor s’était attendu à une contre-attaque, mais il n’avait pas prévu qu’elle arriverait si tôt. Fredericke éclata de rire, puis se moqua de lui, exactement comme il l’avait fait quelques minutes auparavant. Bien ! Si elle cherchait la guerre, elle allait l’avoir. Mais cette fois ci, c’était en bons camarades, et pas en ennemis. Quoique. Nicolas avait toujours du mal à digérer le fait qu’elle l’ait traité de xénophobe crétin. Faut dire qu’il était plutôt rancunier, le petit.

« C’est toujours moins ridicule que ton fond de teint ! Tu t’es tartiné tout le pot sur la figure ce matin ou quoi ? »

Swloooosh ! Une nouvelle poignée de citrouille envoyée sur Fredericke. Cependant, il n’eut même pas le temps de voir si son tir avait atteint son but, puisqu’elle venait de répliquer en lui envoyant de la chair orange un peu partout. Cette fois ci, ce fut sa chemise qui prit le plus gros, et il étouffa un juron en s’accroupissant derrière sa citrouille, tandis qu’elle en faisait de même. D’un geste rapide, il attrapa le gros seau rempli de munition, qui contenait grosso modo l’équivalent de trois citrouilles –ce qu’il était parvenu à évider avant que ne commence leur petite bataille-, et prit en main une nouvelle poignée. Il entendait Fredericke le provoquer, de derrière l’autre citrouille, et risqua un coup d’œil vers sa direction. Apercevant un petit bout de la préfète, il balança la chair en faisant un tir en cloche pour qu’il passe au-dessus de la citrouille de Fredericke et aille la frapper pile sur la tête.

« Ca va bien la douche, Maiden ? » cria-t-il de derrière son abri, en cherchant rapidement des yeux quelque chose qui pourrait lui couvrir la tête. Sans succès. A moins de se foutre un chapeau de citrouille sur la tignasse –ce qui était presque aussi salissant que la chair-, il n’y avait pas grand-chose. Il se couvrit donc avec ses mains, en attendant que la lionne réplique.

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