Quand la musique est bonne ! PV

Les dates de concert approchaient (même si en soit, le groupe avait encore quelques mois devant lui…) et l’heure était venue d’inspecter une salle de concert… La première vraie salle du groupe. CS avait pas mal joué… Mais l’Angleterre n’avait voulu d’eux que dans les bars et ils avaient participé à de nombreux festivals (en France et en Angleterre) pour l’instant… Là, ils allaient avoir une salle de concert, une vraie. Le groupe au grand complet s’était donc rendu sur place.

Cela faisait trois semaines, à peine, que Keira avait eu son aventure avec Kaïn. Et elle ne s’en était pas remise. Elle restait écoeurée, fâchée après sa propre personne et terriblement mélancolique, lorsqu’elle se trouvait seule. La rouquine ne digérait pas. Elle parvenait à se comporter normalement, quand elle se trouvait avec Kaïn, mais les soirs, elle implosait. Elle avait aligné les histoires sans lendemain et s’était noyée dans l’alcool. Mais rien n’y faisait. A l’heure actuelle, aucun homme, aucune femme, ni même aucune cuite n’avait su la faire changer d’idées.

C’est donc complètement à la ramasse qu’elle se dirigea vers la salle de concert, accompagnée de Raphaël, Roze et le dernier arrivé : Luc. Ce dernier avait eu des soucis ces derniers temps… Keira n’avait pas insisté, sentant bien (même si elle manque cruellement de subtilité et de sensibilité, parfois) que le sujet était tabou : apparemment sa petite amie serait morte… Un truc qui, de l’avis de la rouquine était tout simplement insurmontable. A sa place, elle ne savait pas ce qu’elle aurait bien pu faire… Mais la douleur devait être insoutenable.

Quand le groupe arriva, ils furent accueillis par une jeune femme, chargée de l’accueil (de toute évidence). Elle leur fit visiter les locaux. Keira observait attentivement, sans se sentir réellement concernée néanmoins. Elle avait beau se forcer, elle n’arriver pas à faire sortir Kaïn de ses pensées et ça la rendait aussi furieuse que désespérée. Une bonne heure plus tard, il fut temps de parler paperasse (ce dont Raphaël se chargeait, généralement…) Keira se tourna vers Raphaël, couinant alors :

« Rafiki… Tu n’as pas besoin de moi là, pour les papiers, hein ? »

Elle usa de charme (ben quoi ?) tout en faisant la moue. Son aîné la connaissait et savait que quand elle voulait être chiante, elle pouvait l’être très longtemps, aussi soupira-t-il :

« Non, je n’ai pas besoin de toi… »

Ravie, Keira s’exclama, pleine d’entrain :

« Chouette ! Je peux visiter toute seule encore un peu alors ? »

La question s’adressait aussi bien à son aîné qu’à l’hôtesse. Cette dernière céda néanmoins, et c’est enchantée que Keira prit la main de Luc :

« Aller viens, on va se promener ! »

La belle rousse laissa donc Raphaël et Roze parler affaire et sautilla (malgré ses talons hauts), tenant la main de Luc. Elle ne put s’empêcher de monter sur scène (ce qu’elle rêvait de faire depuis qu’elle savait qu’ils allaient visiter la salle). Une fois montée, elle s’écria (dans le silence de la salle) :

« Ouaou, c’est juste grave mortel quoi !!! Elle est encore plus impressionnante que celle de notre plus gros festival ! J’ai hâte bon sang… »

Pouvait-on penser qu'il était désespéré ? Aucunement. Pouvait-on croire qu'il venait de perdre sa petite amie ? Nullement. Luc rayonnait tout simplement. Plus que d'habitude même. A présent célibataire, tous ses charmes étaient mis en avant. Il travaillait toujours à temps partiel aux trois balais et à présent grâce à Faris, il jouait dans un groupe de musique. C'est par l'intermédiaire de son cousin qu'il s'était retrouvé dans les Carnal Sparks dont il n'avait entendu que du bien durant sa scolarité à Poudlard. C'est que le groupe avait été célèbre parmi les élèves, lui même les appréciait mais petit à petit ils avait fini par manquer de membres même s'il y avait eu comment dire...des intérimaires. Cependant c'est pour une longue durée que Luc comptait être dans ce groupe. Un très bon moyen d'ailleurs d'éviter de penser et ne pas penser lui faisait mettre de côté Elania.

Il ne l'évoquait plus, les souvenirs physique de leur idylle amoureuse, il les avait fait disparaitre par magie comprenez par là, brulez. Ça avait été un dur moment d'ailleurs, un épisode larmoyant, long, douloureux et surtout larmoyant. D'un coup de baguette il avait mis dans un coin paumé de l'Angleterre, le feu à la boite en carton dans laquelle s'étaient trouvées les affaires qu'il avait partagé avec la demoiselle et les cendres d'un coup de baguette il les avait fait s'évaporer dans les airs. C'est d'ailleurs à ce moment là qu'il avait demandé à son colocataire de ne rien évoquer et encore moins à son entourage proche qui était le plus au courant de la chose. Pour les autres, il ne leur avait rien raconté. La plupart était sans doute au courant mais c'était un sujet qu'il se refusait d'évoquer et donc auquel il ne répondait pas si on lui posait une question.

Aujourd'hui il sortait, il sortait avec le groupe pour visiter la salle de concert qui allait être la leur le temps de concerts. Il était autant excité que les plus anciens. Après tout même s'il était le bleu de la bande, se produire devant autant de mondes comparé aux bars ou aux cafés dans lesquels ils s'étaient retrouvés, c'était juste grandiose. D'ailleurs faire partis d'un groupe de musique qui continuait vers une ascension grandiose de célébrité n'avait fait qu'augmenté sa popularité et c'est depuis la mort de sa belle et tendre qu'il s'était mis à multiplier ce qu'on appelle vulgairement les coups d'un soir. Ça n'avait jamais été ce qu'il faisait auparavant simplement, plutôt que de se retrouver seul un soir, il avait préféré ça. A chaque fin de concert et après avoir festoyé dans les bars où ils avaient joué, l'alcool l'emportant quelque peu aussi, il profitait d'une groupie prête à n'importe quoi pour passer le temps. C'était vulgairement dit, mais c'était simplement vrai.

Il écoutait d'une oreille seulement ce que l'hôtesse leur expliquait durant la visite des locaux. Il notait simplement où se trouvait telle ou telle pièce, de toute manière il repasserait sans aucun doute. Une fois l'heure des formalités venus, ça n'était surement pas de son ressort. Il laissait les plus anciens s'en charger, notamment ce cher Raphael alias Rafiki pour Keira. Lui ne se permettait pas de telle familiarité même si les deux hommes s'étaient rapprochés en faisant partie du même groupe. De toute façon pour un meilleur spectacle, une bonne cohésion de groupe était nécessaire et il s'entendait plutôt bien avec les trois autres membres.

Il scruta le dos de l'hôtesse qui leur avait fait visité les locaux et qui s'en allait à son bureau avec Raphael et Roze. Elle était plutôt bien foutue et s'il fallait expliquer familièrement son acte, il la matait tout simplement. Il fut cependant détacher du spectacle lorsqu'il fut prit par à part par Keira qui s'était décidée à refaire une visite de l'endroit pendant que leurs ainés réglaient la paperasse. Ils montèrent tous les deux sur scène et elle le lâcha pour s'avancer au devant et y crier sa joie. " J'ai hâte aussi, mais ne t'égosille pas. Si on n'a plus de chanteuse on est limite foutue hein. " lança-t-il à la demoiselle tandis qu'il s'approchait peu à peu d'elle. Il contempla lui aussi la salle, c'était tout simplement beaucoup plus grand que ce à quoi ils étaient habitués. " Ça va être un tantinet plus stressant. Comme dirais Faris, aussi stressant que de savoir la suite des Feux de l'amour. " lança-t-il se rappelant d'un jour où son cousin lui avait parlé de ces feuilletons moldus plus communément appelés soap. " C'est un feuilleton...qui traine plutôt en longueur d'après lui. " expliqua-t-il à Keira si jamais elle n'en avait jamais entendu parler.

Il faut dire qu'il avait eu le temps de parler avec Faris, ce dernier était infatigable excepté lorsqu'il fallait faire des efforts physiques. Le jeune homme avait demandé à Luc de l'initier à l'art du sport pour se remettre en forme ce que Luc avait accepté (encore un moyen de remplir ses journées) du coup eh bien il avait le droit à toute la vie de son cousin à chaque fois qu'ils se voyaient pour une séance de sport et ce jusqu'à la dernière minute, le garçon ne cessait de parler même si physiquement il était éreintée. " Merci encore pour m'avoir accepté dans le groupe hein. C'est clairement devenu un moyen d'expression qui me manquait, ça me fait vraiment du bien et puis ça va de plus en plus dans le bon sens. Vous faites tous un travail génial. " lança-t-il à la demoiselle. De plus son acceptation après le départ d'un certain Michael Corner s'était faite assez rapide. Personne ne l'avait rejetée au contraire. Bref, il s'était admirablement bien intégré.

Keira adressa un regard pétillant de bonne humeur à son jeune collègue et ami (elle a le don de vite caser les gens dans la catégorie ‘amis’) et leva les yeux au ciel, sans perdre une micro goûte d’amusement :

« Pfffeu, dis pas n’importe quoi ! J’ai jamais perdu ma voix, et pourtant Dieu sait à quel point je peux hurler et m’égosiller… »

Elle adressa un clin d’œil complice à Luc et se tourna de nouveau pour admirer l’immensité de la salle, toute chose, devant ce futur qui semblait se rapprocher d’eux à une vitesse alarmante. Quand il parla de stress, la rouquine se mit à rire avec bonne humeur :

« Moi je ne suis pas vraiment une fille stressée par définition… Je dirais plutôt que ça va être très excitant ! »

Quant aux feux de l’amour, la rouquine se mit à rire de plus belle :

« Oh oui, je connais tu sais, je suis d’origine moldue, et dans le monde du show biz depuis que j’ai été conçue, alors il n’y a pas grand-chose que je ne connaisse pas, niveau télévision, mode et cinéma… »

Pour la musique, c’était autre chose, les parents de la rousse étaient respectivement acteur et mannequin, ils l’avaient d’avantage plongée dans ces deux mondes là que dans celui de la musique… Et pourtant, la voilà, elle, aujourd’hui, sur le point de marquer un véritable tournant dans sa carrière musicale. Tout sourire, la jeune femme se tourna vivement vers Luc, visiblement intéressée :

« Tu as déjà regardé ce feuilleton ou c’est juste Faris qui t’en parle ? Tu as des origines moldues, toi aussi ? »

Keira était une vraie fausse sorcière, si l’on peut dire… la jeune femme était, en effet, du genre à ne pas beaucoup user de la magie dans la vie de tous les jours (et ce, pour diverses raisons, dont, les principales : elle a été élevée sans et s’en est toujours bien sortit ainsi, et, en plus, elle est plutôt mauvaise dans cette catégorie *-sort*). Elle n’avait jamais été très intéressée par les naissances ‘sang pur, mêlé, né moldu…’ pour elle c’était du pareil au même. Un moldu, un sorcier, c’était la même chose à ses yeux (vision qu’on partageait rarement avec elle, à son plus grand regret…).

Quand Luc la remercia, Keira se mit à rire avec bonne humeur… On pourrait presque croire qu’elle se moquait de lui, d’ailleurs… Si on oubliait que la rouquine ne se moquait jamais des autres (sauf si on la cherchait vraiment, mais en règle générale, Keira Williams était une jeune femme particulièrement ouverte, gentille et désintéressée… En revanche, si on la poussait à bout, elle pouvait se montrer sous un tout autre angle, et dévoiler alors toute la personnalité d’une véritable furie. La transformation était aussi saisissante qu’effrayante, par ailleurs…). Levant les yeux au ciel, la rouquine répliqua avec bonne humeur :

« Tu n’as pas à nous remercier, tu devrais le savoir. Nous, on bosse avec ceux qui ont à la fois la force, la volonté et le talent. Tu nous as montré que tu avais les trois, tu nous as rejoint, c’est normal. On aurait trouvé meilleur que toi, on ne t’aurait pas pris, tu dois le savoir. La seule personne que tu dois remercier, c’est toi-même. »

Puis tout sourire elle poursuivit, l’air rêveur :

« Mais après je te comprends ! La musique c’est juste magique quoi… Personnellement, je me sens toujours mieux quand je chante… »

La rouquine admira une dernière fois la salle depuis la scène puis finalement, elle se tourna pour poser son regard sur son nouveau batteur :

« Je sais pas pour toi, mais moi je vais voir les coulisses ! »

Et la demoiselle fit demi tour, sautillant gaiement en descendant de scène. Keira semblait ne pas avoir changé, vue d’extérieur. Pourtant, au fond, elle n’avait jamais été aussi blessée. Mais elle voulait avancer. Vraiment, sincèrement. Elle essayait de l’oublier, d’évoluer en oubliant Kaïn… Comme si c’était possible… La rouquine se dirigea vers les loges et décida d’entrer dans l’une d’elle, pensive. Elle avait perdu son sourire et sa gaîté, tout à coup. Elle observait la pièce, presque avec froideur. Elle était fatiguée, fatiguée de cette mascarade, de cette vilaine comédie… Elle avait besoin de vivre, mais le souvenir de Kaïn la maintenait dans un monde de ténèbres et même si elle tentait de le fuir, elle n’y parvenait pas… c’était un échec.

Il la taquinait, c'était tout à fait charmant. Elle était tout à fait charmante lorsqu'elle riait aux éclats, ça lui allait décidément bien. D'ailleurs elle continuait de rire lorsqu'il parla de Faris et des Feux de l'amour. Il ne savait pas trop si c'était l'évocation de Faris ou du soap qui la faisait rire. Les deux semblaient être faits pour amuser la galerie en fait (sans rancune le cousin). Elle connaissait les Feux de l'amour et bien c'était tant mieux, ça éviterait à Luc de s'avancer sur un terrain pentue qu'il ne maitrisait pas du tout cas non, il n'avait jamais regardé les Feux de l'amour. Tout ce qu'il en savait venait de son cousin. " Oh ben il semble qu'attendre les feux de l'amour mène aussi à l'excitation. Tout ça provient de Faris ce que je te dis sur ce soap hein. " rectifia-t-il lorsqu'elle lui demanda. Ça ne serait surement pas sa tasse de thé s'il regardait. La seule chose qu'il pouvait mater à la télévision était le sport, rien d'autres ne l'intéressait vraiment.

Elle lui demanda alors s'il avait des origines moldues. Il tenta de chercher dans sa mémoire mais ses deux parents étant des sorciers ça n'était pas le cas. " La seule chose que je peux te dire c'est que je ne suis pas un sang pur donc je dois surement avoir des ancêtres moldus ça ne fait aucun doute. " dit-il. Mais après quelle importance ? Il souleva les épaules pour dire que pour lui ça n'avait pas trop son intérêt. La conversation passa à un domaine un peu plus professionnel lorsqu'il remercia la demoiselle de l'avoir accepté dans le groupe. Elle riait de nouveau il lui lança : " Hey pourquoi tu te moques de moi ? " dit-il ne comprenant pas trop mais un sourire aux lèvres. La voir rire comme ça le faisait sourire lui. Enfin elle le complimenta surtout lui mais il la remerciait tout de même puis il se remercia : " Eh bien merci Luc d'avoir le talent, la volonté et la force. " riait-il à présent.

Il pouvait aussi remercier son charme mais ça donnerait plus l'impression d'un mec grave sur de lui qui peut surtout paraitre agaçant. Auprès d'une délicieuse jeune fille comme Keira il valait mieux éviter. Elle se sentait mieux quand elle chantait, il se sentait mieux tout court lorsque son esprit était occupé à autre chose qu'à penser à elle. Tous les deux avaient donc une raison de se diriger vers la musique. D'ailleurs, heureusement pour lui elle demandait un grand engagement et donc beaucoup de temps à répéter évitant ainsi encore une fois les pensées dont il ne voulait pas. Elle voulait allez voir les coulisses il y alla lui aussi, pourquoi pas après tout : " Je t'accompagne ! " lui lança-t-il.

Ils arrivèrent dans les loges et Keira entra dans l'une d'elle. " Elles sont vraiment pas mal il y a de la place pour les affaires et tout. On est vraiment tombé sur un bijou. " dit-il mais avec une légère impression de parler dans le mur comme lorsqu'il discutait avec un Faris en train de manger. Keira avait un air absent sur le visage, il s'approcha d'elle, contempla le reflet de la demoiselle sur un miroir de la loge et posa ses mains sur ses épaules. " Allo la Terre, Keira ça va ? " demanda-t-il légèrement inquiet. Il la préférait plutôt souriante, ça lui allait si bien et il comprenait à présent l'intérêt que Faris portait à constamment sourire.

Luc décida de suivre la rouquine qui, en soit, n’avait rien du tout contre cette idée (bien au contraire ! Ca lui faisait de la compagnie comme ça ^_^). Tous deux quittèrent donc la salle de concert pour entrer dans les veines périphériques de cette immense industrie du spectacle. Keira n’entra pas dans la première loge, sans pour autant s’expliquer vis-à-vis de Luc. Tout était parfaitement logique, pour elle : elle n’entrait que dans celle qui avait un numéro qui lui plaisait, voilà tout ! Puisqu’elle trouve le numéro ‘1’ moche, elle préfère aller dans la ‘2’ par exemple… Aussi poussa-t-elle la porte de la 2ème loge et entra-t-elle. Mais elle était déjà dans un autre monde, et quand Luc prit la parole, elle l’écoutait, sans vraiment parvenir à revenir sur Terre malgré tout…

Pourtant, elle partageait l’avis de Luc. C’était parfait… trop parfait sans nul doute… Et c’était ça qui la fit revenir sur Terre… plutôt douloureusement, par ailleurs… devenue plus sombre, à tendance mélancolique, la jeune musicienne laissa son sourire et ses paillettes au placard momentanément, ce qui n’échappa pas à son compagnon… Lorsque Luc posa ses mains sur ses épaules, la sorcière tressaillit sans pour autant le repousser. Elle se sentait perdue. Totalement à l’ouest.

« Non. »

Elle battit des cils, comme si elle revenait à la réalité tout à coup, et fit face à Luc, l’air presque en colère à présent :

« Non, ça ne va pas du tout. »

Les sourcils froncés, elle posait un regard dur mais aussi endolori sur son jeune ami :

« Pourquoi tu ne la pleures jamais ? »

Elle ne le comprenait décidément pas. Elle était morte ! Sa copine était morte et lui… Il donnait le sentiment de vivre sans vraiment en souffrir… Pourtant Keira se doutait bien qu’il en souffrait… mais il était si… si doué dans sa façon de paraître qu’elle se sentait encore plus minable, elle, à ne pas savoir faire le deuil d’une simple relation, et pas carrément de l’homme qu’elle aimait. Pourquoi était-elle aussi… fragile ? Stupide ? Pourquoi ne pouvait-elle pas être aussi forte qu’autrefois ? Elle aurait aimé savoir encore mentir comme avant… Mais plus le temps passait, plus elle se trouvait faiblarde dans ce domaine. Secouant doucement ses boucles rousses, elle chuchota :

« Je ne te comprends pas… »

Osant alors ce qu’elle aurait sans doute jamais dû faire, si elle n’avait pas un culot démesuré, elle ajouta :

« Tu l’as déjà oubliée ? »

Des paroles bien cruelles, si l’on se place du point de vue de Luc. Mais pour Keira c’était à la fois inadmissible et admirable. Elle aurait aimé pouvoir tourné la page… Mais elle n’avait de toute évidence, pas ce don là, elle…

L'ambiance changea d'un coup à partir du moment où Luc demanda à Keira si elle allait bien cette dernière ayant perdu tout sourire en moins de quelques secondes. Tout en posant ses mains sur les épaules fragiles de la demoiselle, le jeune homme lui demanda si ça allait. Dans ce genre de cas il s'attendait à ce qu'elle réponde oui, il fut surprit t'entendre le contraire. Non ? Elle n'allait pas bien du tout disait-elle et la raison pour laquelle elle n'allait pas bien pétrifia Luc. Pourquoi il ne la pleurait jamais demanda-t-elle. Il murmura : " Je n'ai pas envie d'en parler. " perdant complètement tout sourire et ayant pris un air gravement sérieux tandis qu'elle s'était retourné face à lui libérant les mains du garçon.

Non il n'avait pas envie d'en parler. S'il remplissait constamment ses journées de toutes sortes de choses, c'était justement pour ne pas avoir à y penser. S'il passait du temps avec son cousin c'était justement pour ne pas avoir à y penser. S'il était entré chez Carnal Spark c'était en partie pour ne pas avoir à y penser et s'il enchainait les coups d'un soir c'était parce qu'il n'avait pas du tout envie d'y penser. Alors non, il n'avait pas envie d'en parler mais elle insistait. Peut être que le murmure qu'il avait prononcé ne suffisait pas.

Elle ne le comprenait pas disait-elle, et lui ne comprenait pas qu'elle puisse lui demander cela. " Je n'ai pas envie d'en parler de toute manière je te dis ! " lança-t-il d'un ton assez sévère, un ton qu'il n'avait jamais employé auparavant. Et puis...Elle n'avait pas été la seule chose triste ces derniers temps, sa sœur aussi. Sa sœur qui avait disparu de la circulation sa chère sœur qu'il avait l'impression d'avoir abandonné. Sa tante était partie à sa recherche en lui disant de ne pas s'inquiéter qu'elle devait avoir fugué mais pour quelle raison ? Il ne comprenait pas. Sauf que ça Keira ne le savait pas, elle était plutôt concentrée sur ce qu'elle aurait voulu voir de Luc, de la tristesse. Mais pourquoi ?

Les dernières paroles de la fille le vexèrent. " Tu rigoles là ? " demanda-t-il souriant mais vraiment pas parce que ça le faisait rire plutôt parce qu'il ne s'y attendait pas et parce que ça commençait à vraiment l'agacer sauf qu'il avait tout sauf envie de se mettre en colère. Il savait que la demoiselle était quelqu'un de plutôt sensible alors il se doutait que la moindre once de colère pouvait faire tourner leur discussion à la catastrophe. Il se lança : " On en parlera qu'une seule et unique fois je ne veux plus avoir à en parler. " commença-t-il par dire avant de continuer une boule à la gorge tout de même. " Ça m'a suffit de pleurer le jour de sa mort point final. " conclut-il et c'était tout à fait vrai. A quoi bon chercher à se remémorer des moments heureux pour ensuite finir dans la tristesse.

Il avait les yeux quelque peu humides car tout de même quelques images de celle qu'il avait aimé se logeait dans sa tête. Il tourna le dos à Keira et s'apprêta à sortir de la salle : " Je sors prendre l'air un peu... " lança-t-il sans se retourner. Il pensait que ça pouvait être pire s'il restait, il ne savait pas vraiment ce qui arriverait si elle continuait avec ses questions.

Le ton de Luc était très sec, froid… Presque agressif. Keira sursauta légèrement, devant ce changement d’attitude mais tint bon. Ceci étant, elle n’en menait pas large non plus… Elle ne connaissait pas encore assez Luc pour avoir en lui la confiance aveugle qu’elle avait en Raphaël. Elle resta donc à distance, des fois que l’envie lui prenne de se mettre à la frapper. Encore une fois, elle pensait que si jamais il en arrivait là, c’était parce qu’elle l’aurait cherché, qu’elle l’aurait mérité. Au fond d’elle, la jeune femme savait qu’elle avait tord de penser ainsi, que personne ne pouvait se permettre d’user de violence sur autrui… même par colère ou dépit. Mais malgré ces pensées on ne peut plus censées, elle ne parvenait pas à se reprendre correctement…

Il finit par lui répondre… Lui annonçant qu’il avait pleuré le jour où elle l’avait quitté à jamais… et que cela avait été la seule fois, que ça lui avait suffit… Pourtant, Keira dénuée d’empathie sentait qu’elle n’aurait pas dû poser cette question, qu’il souffrait encore de son départ qu’il ne s’en était pas remis. Pas comme il le prétendait en tout cas… se mordillant la lèvre avec inquiétude, elle le rattrapa quand il annonça qu’il allait prendre l’air. Keira s’en voulait tellement ! Le retenant en attrapant, à son tour, les épaules de Luc, elle souffla :

« Non… Attend… »

L’obligeant à se tourner pour lui faire face, elle vit son regard vitreux et sans plus réfléchir, lui caressa la joue avec douceur et précaution, encrant ses prunelles dans celles du batteur, elle murmura :

« Excuse moi… Je suis une idiote… »

Elle le serra contre elle, chuchotant toujours, à son oreille :

« Pardon… »

Puis, s’éloignant à peine de lui, elle prit son visage entre ses deux mains, obligeant Luc à la regarder dans les yeux, et tout naturellement, elle l’embrassa. D’abord sur la joue, au coin des lèvres, puis le deuxième baiser fut donné, sans équivoque, sur les lèvres du jeune homme. Elle agissait par réflexe. Elle ne savait pas aider les gens… Elle ne savait pas donner des mots de réconfort, rassurer ses amis, les gens qu’elle aimait… mais elle savait aimer. Elle aimait sans discernement, elle aimait de tout son cœur et faisait tout son possible pour offrir son amour à ceux qu’elle portait dans son cœur. Attention, par ‘aimer’ nous ne parlons pas seulement du grand Amour, là… mais de l’amour en général… Celui qu’on offre à nos amis, notre famille…. Keira avait un cœur gros comme l’univers qui semblait ne jamais être comblé. Elle avait toujours de la place pour tout le monde. Après sa façon d’agir était, certes, plus que discutable… mais au moins faisait-elle partager de bons sentiments comme elle le pouvait…

Sentant que Luc la laissait faire, la sorcière le poussa légèrement, glissant une main sous son T shirt pour le relever, santant alors les muscles se dessiner sous ses doigts qui caressaient la peau du jeune homme. Elle était en train de faire une énorme bêtise... vraiment. La pire de toute son existence sans doute... Mais elle était désespérée... Elle se croyait capable de tout endurer, y compris la colère (voire la haine et le mépris) de ses coéquipiers, pour tenter, à son tour, d'oublier son visage, son odeur, ses mains... Toute la personne qu'était Kaïn Haner et qui hantait les rêves de la rouquine...

Retirant le T shirt de Luc, elle continua à l'embrasser sur la bouche, le nez, dans le cou, et se laissa doucement aller contre lui, défaisant, à son tour, les boutons de son chemisier, l'ouvrant sur un soutien gorge coloré aux bretelles de dentelles. Elle allait faire une énorme boulette, c'était sûr... mais à l'heure actuelle, elle refusait d'y penser. Ce qu'elle désirait plus que tout, c'était oublier Kaïn. Et elle était prête à tout pour ça :

« Fais moi tout oublier. »

Luc comptait sortir ça c'était certains. Il ne voulait pas rester une minute de plus si c'était pour se faire questionner sur une personne dont il ne voulait plus parler. Comme on disait souvent dans les soaps de Faris, la personne restait dans le cœur mais si on parlait des souvenirs, il préférait simplement les effacer pour éviter de rendre sa vie trop douloureuse. Sauf que voilà c'était trop récent et du coup depuis la mort d'Elania et plutôt que de sombrer dans une tristesse profonde jusqu'à ce que la blessure cicatrice, il enchainait les coups d'un soir volontairement lorsqu'il n'y avait que cette possibilité. Il s'était donné d'autres activités entre Carnal Spark qui lui prenait une bonne partie de son temps ou l'entrainement physique de Faris qui de même l'occupait assez. Sauf que durant les soirées parfois il se sentait seul et venait à draguer tout ce qui bougeait mec comme fille même si pour le moment il n'avait conclu qu'avec les filles. Parce que physiquement il attirait les deux sexes.

Il s'avançait donc vers la sortie, il irait respirer un coup ou sinon il sentait que les larmes commenceraient à couler, ça c'était hors de question il se l'était promis le jour de l'enterrement de sa chère et tendre avait été la dernière fois. Cependant, il sentit les mains de Keira se poser sur ses épaules et elle lui souffla d'attendre. Il se retourna, plongea ses yeux dans ceux de Luc que lui tentait de détourner sans réussir à le faire, puis elle s'excusa. Il y avait de quoi, il ne disait rien comme il le faisait d'habitude entendez par là qu'il ne murmura aucun " ce n'est pas grave ".