- Et si on enterrait cette hâche de guerre ? - PV

Alix Davidson était entrée à l’université à la rentrée 2004. La sorcière entrait dans un cursus basé sur la médecine par les plantes. Certes, elle avait vu le côté magique, mais elle voulait voir TOUS les côtés et les études moldues s’imposaient donc. De toute façon, elle ne savait pas quoi faire, en attendant que Camille sorte de Poudlard… Alors elle faisait la fac moldue. Pour l’hébergement, elle s’était tournée vers le système si célèbre en amérique, des sororités. Si entrer n’était pas donné à tout le monde, elle pouvait remercier ses talents de gymnastes qui lui avaient ouverts la porte de la sororité.

La jeune fille vivait donc dans une jolie maison, avec d’autres étudiantes. Les premières années partageaient leur chambre, deux premières années par chance… Et le hasard (qu’elle trouvait franchement dégueu, tout à fait entre nous) avait décidé que l’autre étudiante avec laquelle Alix dormirait toute l’année à venir ne serait autre que… Tosca. Oui, oui Tosca, la seule, l’unique, alias l’ex petite amie de l’affreux frère jumeau d’Alix (affreux parce qu’il l’avait lâchement abandonnée et qu’elle était plutôt rancunière comme fille !).

Bref, c’était tout sauf ‘cool’ mais elle n’y pouvait strictement rien, alors bon… Aujourd’hui, Alix triait patiemment les fleurs et feuilles ramassées pour son herbier. Avec la magie, elle les avait séché dès la récolte. C’était pratique. Comme ça, elle n’avait plus qu’à tout bien légender et le travail à rendre pour la fin des vacances de Toussaint (dans plus d’un mois donc) serait fini bien en avance ! Parce que dans les projets de la sorcière, travaillait pendant les vacances n’était pas du tout à prendre en compte !!!! Surtout pas si Camille venait !

Immédiatement, les pensées de l’ancienne lionne filèrent à vive allure vers son amoureux qui était en Ecosse en ce moment précis… Un soupire, et elle ferma les yeux. Il lui manquait tellement ! Plongée dans ses pensées, elle ne prêta guère attention à sa colocataire, quand cette dernière passa le seuil de leur chambre. De toute façon, elles évitaient de se parler. Comme ça, au moins, ça évitait les crêpages de chignon.

Depuis son entrée à la fac, la petite Alix garçon manqué avait commencé à changer. Elle se coiffait, elle se faisait jolie, même… Un peu de maquillage et quelques tenues accordées… Visiblement, sa féminité commençait, enfin, à se réveiller… A chaque fois qu’elle se regardait dans un miroir, elle se demandait si Camille la trouverait mignonne ainsi, bien qu’en règle générale, il soit plutôt du genre à la trouver mignonne, peu importe la tenue… mais là n’était pas la question !!!!

Aujourd’hui, la jeune fille était en short noir, collants foncés, petit haut blanc, simple mais élégant. Ses cheveux étaient retenus par une petite pince en forme de cœur, blanche. Rien de bien exubérant, Alix n’avait jamais été du genre à se faire remarquer de toute façon !

L'université. Tosca devait bien avouer que les choses avaient été un peu différentes, au début, genre vraiment différentes. Et il n'avait pas pensé à mal en agissant comme il l'avait fait, de toute façon, il n'avait jamais voulu se montrer insupportable. Jamais voulu se montrer chiant ou un truc du genre. Ce n'était pas son genre, pas son genre du tout, d'ailleurs, si on voulait vraiment tout savoir. Mais bon, il avait fallu choisir un destin, choisir une voie à suivre. Et elle avait opté pour l'université. Et du coup, elle avait fini par opter pour la photographie. Sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir si c'était dans ça qu'elle voulait vraiment aller. Bizarre hein. Mais bon, pour le reste, elle avait juste fait de son mieux, elle avait juste fait ce qu'elle penser possible, en fin de compte. elle finirait bien par savoir si elle avait pris la bonne décision de toute façon. Elle aimait la photo, immortaliser des moments. Et si elle pouvait améliorer sa façon de faire, ce n'était négligeable. Peut être vivre de ça ? Oui, pourquoi pas hein ? Elle verrait bien, de toute façon. Sa famille était très fière en tout cas. Eux qui pensaient qu'elle ne serait pas capable de faire quoi que ce soit de sa vie, ils s'étaient drôlement plantés. Elle avait réussi sa scolarité à Poudlard, elle avait eu d'assez bon résultat et voilà qu'elle se trouvait dans une université moldue. L'avantage étant que l'école de sorcellerie lui avait donné les bons papiers pour qu'elle puisse être prise dans cette école. Et ça, c'était vraiment cool, en fin de compte. Genre vraiment méga cool.

Un soupir s'échappa doucement de ses lèvres. Malgré tout, tout n'était pas parfait, en fin de compte. Elle avait eu l'occasion d'entrer dans une Sororité. Ca lui avait fait plaisir bien sûr hein, ça montrait qu'elle était capable d'appartenir à un groupe. Mais elle y avait retrouver quelqu'un et ça, par conte, elle ne s'y était pas attendue une seule seconde. Alix Davidson. Cette fille qui lui vouait une haine certaine parce qu'elle était sortie avec son frère.

Une relation qui ne s'était pas du tout bien terminé, d'ailleurs. Genre, pas du tout même, si on voulait tout savoir. Encore aujourd'hui, quand de temps en temps, elle se mettait à y songer, elle ne comprenait pas. Il l'avait dégagé, l'avait jeté comme une vieille chaussette. Et il avait disparu. Elle n'avait absolument rien compris et si vraiment, elle avait eu l'occasion, elle aurait sans doute posé la question à Alix. Mais elles ne se parlaient pas. Depuis Poudlard, rien n'avait vraiment été entre elles. Et du coup, ça n'allait sans doute pas changé avant un moment, elle en était convaincue, parfaitement convaincue, si on voulait tout savoir. Elles partageaient la même chambre, et ce n'était vraiment pas facile tous les jours. Surtout que cette fille, elle ressemblait un peu trop à Martin. Et c'était encore trop frais, encore trop douloureux. Elle avait mal, elle avait le cœur brisé. Elle était pleinement convaincue que la première blessure de cœur était la plus compliquée, la plus difficile, la moins évidente oui, voilà. C'était vraiment loin d'être évident, en fin de compte. Et c'était vraiment ce qu'il y avait de plus difficile à gérer, en fin de compte. C'était horrible, vraiment horrible. Mais que pouvait-on bien faire hein ?

Et aujourd'hui, la douleur se montrait vraiment intenable, en fin de compte. Recroquevillée sur son lit, elle pleurait, tentant d'être silencieuse pour que l'autre ne se mette pas à se moquer d'elle, à se foutre de sa gueule. Elle ne la connaissait pas vraiment, c'était vrai, et elle ne savait pas de quoi elle pouvait bien être capable. Mais à côté de ça, il fallait juste faire avec, d'une certaine manière, oui voilà.. Facile ou non, il fallait juste apprendre à faire avec, d'une certaine manière, en tout cas. Et au final, on ne pouvait pas vraiment y faire grand chose. Oui, voilà.

Alix et Tosca avaient beau partager la même chambre (et pendant quelques temps s’être ‘partager’ Martin, alias le jumeau de la première et petit ami de la seconde) elles n’avaient jamais été amies pour autant. A vrai dire, Alix avait même toujours particulièrement détesté sa camarade et préfète, du temps de leur scolarisation à Poudlard. A présent, l’histoire entre Tosca et Martin relevait du passé. Et Alix était, d’ailleurs, particulièrement remontée contre son frère. Déjà qu’en quittant Poudlard elle n’avait plus l’occasion de voir son Camille, mais en plus, son frère osait se faire la mal loin d’elle !!! Et prendre ses distances. Pour la jeune fille qui avait toujours été très fusionnelle avec son jumeau c’était inadmissible… Inimaginable… Il prenait ses distances. Quand il le lui avait annoncé, cela lui avait fait un sacré coup dans l’estomac. Il l’abandonnait ! Ni plus, ni moins. Une dent contre son jumeau (il n’avait pas été des plus doux et diplomate en plus), elle n’avait pas de nouvelles de lui et n’en n’avaient pas eu en réponses quand elle s’était inquiétée pour lui. Jamais, auparavant, elle ne s’était encore sentie aussi abandonnée.

Installée sur son lit, la demoiselle lisait une lettre de Camille (pour à peu près la quinzième fois). Elle ne s’en lassait pas. Camille lui écrivait très souvent et elle lui répondait tout aussi régulièrement. C’était vraiment dur, cette relation à distance. Mais ils se verraient à chaque vacance ! Quand Alix aurait cours, ce serait Camille qui viendrait et sinon, ils se retrouveraient en Angleterre. Pensive, la sorcière soupira avant de porter son attention sur Tosca. Avec le temps, à force d’être, justement, obligée à vivre avec elle, elle commençait à s’habituer à sa présence, peut-être même que finalement, elle pouvait ne pas autant la détester qu’auparavant… Peut-être… Cessant de rêvasser pour se plonger dans le présent, elle hésita à s’adresser à sa compagne de chambre. Ce n’était pas parce qu’elle ne la détestait plus qu’elles étaient amies, à présent… Du coup, elle n’était pas sûre de devoir lui parler… Elle finit par prendre sa décision, décidant que si jamais la miss l’envoyait voir ailleurs, alors ce serait fini, elle ne ferait pas un effort pour elle. Oui, voilà. Peut-être devaient-elles, toutes les deux, se donner une chance, juste une petite chance ?

« Tu vas peut-être penser que ça ne me concerne pas, et tu as peut-être raison. Mais si tu veux parler… »

Alix ne savait pas trop comment aborder l’histoire, la ‘chose’. Déjà, elle ne savait pas ce que Tosca avait (pour commencer). Cours, famille, cœur, ou merlin seul avait quoi d’autre… Et c’était peut-être très personnel, que pouvait-elle en savoir ? Mais elles étaient obligées de cohabiter et puis elles étaient seules, l’une comme l’autre, alors peut-être que seules contres tous, elles feraient mieux de tenter le duo ?

Tosca n'aimait pas la pitié et là, tout de suite, elle avait surtout l'impression que c'était pour ça, que sa camarade de chambre se mettait à lui adressait la parole. C'était franchement insupportable en faite, si on voulait tout savoir. Mais elle ne disait rien, de toute façon, à quoi bon, puisqu'elle partageait sa chambre avec la sœur de Martin. Cette fille l'avait toujours détesté, du temps où elle sortait avec lui. Maintenant, elle devait être contente. Mais en réalité, l'ancienne préfète de Gryffondor savait que les choses n'étaient pas aussi simples que ça, et ne le seraient sans doute jamais, de toute évidence. Surtout que là, dans la situation actuelle, elles avaient toutes les deux étaient abandonnés, en faite. Martin les avait trahi toutes les deux et à l'heure actuelle, Tosca n'était même pas en mesure de savoir où il était. Plus la moindre nouvelle, il avait simplement disparu de sa vie, en fin de compte. De leurs vies, en faite, s'il comprenait bien. Mais c'était loin d'être facile. Et en fin de compte, n'étaient-elles pas deux à souffrir. Là, peut être que Alix ne savait pas de quoi il était question, ce qui faisait que la pitié avait pris la place de tout le reste, mais dans le fond, c'était une souffrance commune non ?  « J'ai du mal à réaliser que tout soit fini. Je sais, c'est stupide. Pleurer autant pour un mec, c'est ridicule. Mais je ne parviens pas à m'en empêcher. Je souffre, j'ai mal, à l'intérieur, mon cœur est en feu.. Mais je ne sais pas quoi faire et du coup, je ne fais rien.. J'attends que ça passe.. Je suis stupide hein ? ». Disons surtout que si là, tout de suite, elle était stupide, ce n'était pas par rapport à ce qu'elle ressentait, ça, c'était juste la force d'une peine de cœur, elle ne pouvait rien y faire. Mais si elle était stupide, c'était surtout parce qu'elle parlait de ça avec une fille qui ne lui avait jamais montré la moindre trace de sympathie, une fille qui s'était toujours montrée vraiment insupportable.

Elle se sentait stupide, dans le fond, elle avait envie de se donner des baffes mais elle avait beau faire ce qu'elle voulait, elle ne parvenait pas à aller contre ça. Cette souffrance, cette sensation d'être toute seule, dans un coin, d'être abandonnée aussi. C'était juste horrible, au final. Juste insupportable.  « Tu.. Tu as des nouvelles toi ? ». Après tout, peut être qu'elle avait fini par se tromper et qu'il avait fini par lui donner des nouvelles non ? Enfin.. Elle espérait que non, la douleur serait moins intense si ce n'était pas le cas. Elle préférait rester sur l'idée qu'il les avait quittées toutes les deux. Peut être pour une fille, ailleurs ? Il avait peut être fui.. ? Bordel, pourquoi est-ce que les histoires de cœur étaient aussi compliquées ? Elle détestait ces gens qui étaient heureux en amour, pourquoi est-ce que dans ce cas, elle, elle n'avait pas cette chance hein ? N'avait-elle donc pas le droit d'être heureuse ? Est-ce que c'était tant un crime que ça ? C'était juste horrible en faite. Mais elle avait beau faire ce qu'elle voulait, ça ne semblait pas être suffisant. Martin avait été son premier amour et elle avait dix huit ans. Elle rêvait du jour où sa route croiserait le garçon de sa vie, mais quand est-ce que ça arriverait hein.. ?

Essuyant ses joues doucement, elle renifla et fit face à Alix. Elle se trouvait nulle et elle devait réagir. Faire la fête, se détendre ou allez donc savoir quoi. Elle devait juste apprendre à aller mieux, en faite. Même si ce n'était pas évident. Ca ne l'était jamais, de toute façon. Et c'était souvent là que se trouvait le gros du soucis, en fin de compte. Mais il fallait juste apprendre à faire avec, en fin de compte. D'une certaine manière, Alix vivait avec elle, du coup, elle devait franchement en avoir marre, de constamment l'entendre pleurer.  « Je suis désolée d'être comme ça. Je n'arrive pas à aller mieux, à m'arranger. Je sais que c'est insupportable, mais je fais de mon mieux et.. Il n'y a pas vraiment de mode d'emploi en faite.. ».