Les deux cousines Kostovak [PV]

Dawn avait beau tenir à la valeur même que représentait la famille, les valeurs de la russe avaient été clairement revues à la baisse depuis un sacré moment… Depuis les ruptures de fiançailles avec Isaac Irving, à vrai dire… Ce fut tout un scandale que la nièce de cette superbe Ievdoska Södergren rompe pareil ‘pacte’ avec un sorcier au si parfait arbre généalogique. Que rêver de mieux pour une sorcière au sang pur qu’un époux au sang tout aussi pur ? Le couple était parfait, il allait dans le sens des valeurs chères aux sorciers de cette espèce. Les sorciers de sang pur, si préservateurs, si fermés… les critiquer était chose aisée, pour la russe à présent. Mais à l’époque, elle partageait ces mêmes valeurs. Sa haine des moldus lui avait été inspirée par sa famille adoptive où seul son frère Ivan avait su l’aimer. Les autres l’avait rejetés et elle els avais tous détestés. Mais de cette nombreuses fratrie, seul celui qui comptait était décédé, et c’était sa faute. C’en fut fini des moldus. Jamais plus elle ne fraterniserait avec eux… Enfin… c’était ce qu’elle pensait. Mais il y avait Lexy, de sang mêlé… l’école avec les moldus… Et finalement… Dawn s’était (plus ou moins, n’exagérons rien) faîte à l’idée qu’elle pourrait côtoyer des moldus dans sa vie sans forcément tous vouloir les tuer.

Depuis quelques semaines déjà, Dawn se promenait avec une bague de fiançailles accrochée non stop à sa main. La contempler en soupirant était devenu un geste mécanique. Que Lexy l’ait demandée en mariage était la plus belle chose qui ne lui soit jamais arrivée. On peut penser ‘et Isaac dans tout ça ?’ Sauf que voilà, avec Isaac les choses avaient été très différentes. Ils s’étaient rapidement dits qu’ils se marieraient. Ils voulaient une famille. C’était ‘normal’. Lexy en revanche refusait tout, et ce dès le début : d’abord le simple fait de s’engager dans une relation monogame, puis l’idée du mariage (et ne parlons même pas des enfants). Pourtant, tout s’était petit à petit, fait autour d’eux : la relation monogame, la demande de fiançailles… Il en était même à dire que peut-être il voudrait bien un enfant !!!! On n’arrêtait plus le progrès, n’est-ce pas ?

Bref, revenons-en aux histoires de famille… Quand Dawn avait annoncé ça à sa famille en Russie, dire que ce fut dramatique n’était décidément pas suffisant pour décrire l’ampleur de la situation. La colère, els cris d’indignations avaient fusé de part et d’autres… Dawn s’en était d’ailleurs sortie en assez mauvais état (ce qui semblait être devenue monnaie courante pour chacun de ses voyages en Russie, soit dit en passant…). Dire qu’elle ne s’y atendait pas relèverait du mensonge. Bien sûr qu’elle savait que tout se passerait plutôt mal ! C’était ‘normal’. Et c’était pour ça qu’elle n’avait rien di à Lexy (quitte à ce qu’il râle son retour). Si elle, elle avait des chances de s’en tirer : lui c’était bien plus discutable. C’était d’ailleurs Isaac qui avait fait cessé les choses… Il avait aussi ramené Dawn en Angleterre. Pas de rancune. L’histoire était au passé, ils n’avaient plus d’histoire en cours ni à venir.

Aujourd’hui, Dawn voyait sa cousine, Charisma. Jamais les deux filles Kostovak n’avaient été intimes. Elles s’ignoraient plus qu’autre chose. Pourtant, Dawn était venue aider sa cousine l’an passé et revenait cette fois encore pour parler avec elle. Elle savait que lorsque Charisma souhaitait la voir, ce n’était pas pour des banalités. Jamais. Elle arriva aux trois balais avant la Serdaigle et s’installa donc en l’attendant. Dawn, tout comme Charisma possédait ce que l’on appelait ‘une beauté froide’. Elle dégageait un charisme énorme, possédait de magnifiques yeux de glaces, peu expressifs et de longs cheveux noirs et contrastaient indiscutablement avec sa peau blanche comme neige. Elle avait des traits délicats, fins, et élégants. Dawn possédait une grâce indiscutable qui se reflétait dans chacun de ses mouvements, de sa démarche à sa façon de tourner la tête pour observer une chose ou une autre. Très sobre, elle n’était pas le genre de femmes qui jouaient de superflu, tout au contraire. Dawn ne jurait, en règle générale que par la sobriété. Les tenues farfelues n’étaient pas pour elle. La seule marque ‘d’originalité’ dont elle pouvait parfois faire preuve relevait de tenues rouge sang (qui s’avéraient être voyantes, évidemment). Mais sinon les teintes sombres étaient celles qui se faisaient les plus abondantes dans sa garde robe. Aujourd’hui, elle portait une élégante robe de sorcière pourpre. Ses cheveux d’un noir de jet étaient relevés en un élégant chignon qui soulignait la finesse (et al rudesse) de ses traits. Ses yeux d’un bleu pâle et laiteux étaient soulignés d’un simple traits d’eye ligner et de mascara. Ses lippes roses étaient naturelles, sans gloss ni rouge à lèvre. La robe était cintrée, révélant une taille fine. A ses pieds, des chaussures à talons qui lui donnaient l’air d’être ‘de taille normale’ à côté de la population sorcière qui occupait les rues du petit village sorcier ce jour là.

Quand la cadette Kostovak arriva, Dawn lui offrit un léger sourire, de ceux qu’elle avait pour habitude d’offrir lorsqu’elle savait qu’elle était censée sourire mais que son cœur n’y était point. La Russe n’était pas de ceux qui s’expriment très ouvertement, en ce qui concerne ses sentiments, tout au contraire. La jeune felle était, depuis aussi loin qu’elle se souvienne, assez distante vis-à-vis du monde qui l’entourait, son petit cercle fermé excepté, bien entendu. Guère ouverte sur le monde magnifique (ou pas) des expressions faciales, elle possédait un visage froid qui était rarement éclairé par une lueur amusé. Les expressions principales de ce joli minois étant la froideur, la méfiance et, surtout, l’indifférence. Pour Charisma, il y avait un peu d’indifférence (elles étaient loin d’être intimes), mais il y avait aussi un petit quelque chose de plus. Un petit quelque chose qui signifiait que non, elle ne lui était pas non plus totalement indifférente, hochant doucement la tête à l’intention de sa cousine, Dawn répondit donc d’une voix douce, accompagnée par son habituel accent russe :

«Bonjour. »

Un petit sourire légèrement intrigué s’afficha par la suite sur le visage de la Russe qui s’enquit d’une voix très calme et dans laquelle ne perçait guère de sentiments :

« Je ne suis pas pressée, il n’y a aucun mal. Mais pour quelle raison un si joli visage demande-t-il du fond de teint, ma cousine ? »

Simple question marquant légèrement l’intérêt que pouvait bien portait Dawn à Charisma. Ce n’était pas parce qu’elles n’étaient pas proches que la Russe se fichait totalement de ce qui pouvait arrivait à sa cousine pour autant. Disons qu’elle savait se mesurer. Dawn étant une habituée du maquillage depuis son enfance (on n’a pas idée d’envoyer des danseuses, même âgées de cinq ans, sur scène sans maquillage…). Aussi n’avait-elle jamais rencontré de difficultés à se maquiller.

Puis à la question de sa cousine, Dawn hocha doucement la tête en signe d’approbation, joignant la parole au geste :

« Je vais très bien, oui, je vais me marier ! »

Un sourire, réel, c’était incontestable, ainsi qu’un éclair de bonheur traversèrent le temps d’une fraction de seconde le visage de la sorcière. Tout le monde, dans son cercle intime, était au courrant à présent, et elle ne voyait pas pourquoi Charisma n’en serait pas informée, puisque tout était on ne peut plus officiel.

« Et toi, comment te portes-tu ? Tu me sembles être quelque peu fatiguée. »

Simple constatation. Pour le sujet suivant, Dawn offrit toute son attention à sa cousine, hochant doucement la tête, ‘un air entendu :

« Ce n’est pas grave, on peut toujours commencer par les bases aujourd’hui et tout fignoler ultérieurement. »

Il était certain qu’elles ne pourraient pas voir tout dans les détail le temps d’un seul et unique après midi de toute façon, c’était évident.

La question était ardue, mais Carry n'était pas de ceux qui flanchent devant l'obstacle, elle comptait même se montrer honnête en répondant. De toute façon, sa tentative était ratée, alors autant admettre qu'elle s'était plantée. Elle était sûre que Dawn, elle, n'était pas le genre de fille qu'on abandonnait pour le boulot. Même si elle ne connaissait pas beaucoup sa cousine, Carry la voyait comme quelqu'un de bien plus fort qu'elle ne l'était elle-même. Oh oui, évidemment, Charisma était vraiment très douée pour cacher ses émotions, elle avait des années d'entraînement pour ça, mais cela l'avait rendu antipathique au sein de l'école, alors que sa cousine, elle, était une vraie légende. Non que cela soucie vraiment Carry hein, mais elle aurait parfois aimé avoir plus de facilité à s'entourer. Là par exemple, elle commençait à réfléchir à la suite (parce qu'elle ne pouvait pas faire que pleurer tout le temps), mais elle se demandait comment composer avec ses étrangetés par rapport à Axel. Enfin, il savait qu'elle était bizarre, elle ne l'avait jamais trompé sur la marchandise, et il avait eu l'air de la vouloir quand même, cela ne voulait pas dire qu'il ne fallait pas qu'elle fasse un effort. S'ils en faisaient tous les deux un petit peu, la distance entre eux finirait sûrement par s'atténuer, et là, elle parlait de distance psychologique, pas du tout de la distance kilométrique. Il lui restait à peine quelques mois à faire à Poudlard, elle était certaine que ce ne serait pas un problème. Au demeurant, elle n'en était pas là, parce qu'elle souffrait encore de la perte de son premier petit ami. Elle l'avait aimé à un point considérable... et elle avait honte maintenant de pleurer pour lui. Les faits montraient qu'elle avait tord de le faire, qu'il ne méritait pas ses larmes, mais elle pleurait aussi sur le dernier bout d'innocence qui lui avait été pris. Cette fois, elle n'avait vraiment plus rien d'une enfant. Elle ne l'avait pas été très longtemps, certes, dès qu'elle avait vu sa mère mourir, elle avait grandi d'un coup, son esprit se forgeant au contact du chagrin... Pourtant, ce premier amour, les espoirs qui allaient avec, elle y avait tenu. C'était fini, et elle se disait qu'elle aurait préféré ne pas pleurer, encore moins le montrer. Dans la liste de ses choses à améliorer, elle noterait d'apprendre à se maquiller ! Lors des périodes de crise, cela pouvait servir, aussi joli soit-on au naturel ! Mais revenons en à notre conversation, car Carry devait répondre, et elle savait déjà ce qu'elle allait dire.

« J'ai pleuré, à cause d'une rupture. Le sel a séché ma peau et l'a rougie, je voulais le cacher. C'était une mauvaise idée, on ne devrait jamais utiliser des artifices qu'on ne maîtrise pas. » Elle n'avait jamais pensé faire mystère de sa rupture, elle était trop indifférente aux autres pour cela. Non, si elle se refusait à montrer ses larmes, c'est parce qu'elle considérait les larmes et les actes comme deux choses différentes. Elle ne voyait aucun problème à raconter qu'elle avait rompu avec Enry, elle n'en faisait pas un secret, par ailleurs, il ne l'était pas. La plume ne cessait de raconter dans toute l'école que son couple n'allait pas bien, alors pourquoi le cacher ? Les larmes en revanche, c'était autre chose, elle pleurait rarement, parce que sa carapace et son visage froid étaient quelque chose qu'elle avait soigneusement rôdé avec les années. *Pas assez* lui souffla la voix, toujours prompte à interrompre ses pensées. C'était vrai, cependant, elle avait fait confiance à Enry, elle l'avait laissé entrer dans son monde, finalement, il avait trahi sa confiance en la laissant seule comme on ne devrait jamais laisser celle qu'on aime... ce, sans compter aussi qu'il y avait le problème d'Andrew, et qu'il lui avait dit qu'il l'aiderait. Finalement, parfois, il valait mieux s'en remettre aux liens du sang, c'était pourquoi elle écrivait à Dawn. Ces lettres n'avaient rien de très chaleureuses, mais c'était un lien, ténu mais solide, qui s'était reformé entre les deux princesses de l'inexpressivité.

« Vous êtes plus chanceuse que moi en amour... » conclut Carry en soupirant. Enfin, cela dit, le mariage, cela ne la tentait pas plus que ça dans l'immédiat. Quand elle se projetait dans le futur, elle s'arrêtait toujours au moment où elle se retrouverait seule dans une pièce avec Axel. Rien de bien romantique autrement dit, Axel n'était à son avis pas du genre fleur bleu, mais bon, ce n'était pas comme s'il était question d'un grand amour entre eux hein... parce qu'ils n'en étaient pas là. Elle ignorait même s'il en serait question un jour, elle voyait l'avenir, mais pas le sien, alors ce serait la surprise. Depuis quelque temps, son pouvoir la boudait... la déprime sûrement. C'était toujours mieux que lorsqu'il lui filait des migraines au fond.

« Hum ? Toute rupture mise à part, ça va à peu près. Je suis un peu triste mais c'était la bonne décision, en plus, je crois que je suis intéressée par quelqu'un d'autre, alors ça me passera. Mon nouveau... prétendant... ne serait pas au goût de notre famille d'ailleurs. Mais comme j'ai été vendu, je ne crois pas que mes fréquentations les regardent. » La liberté des uns finit là où commence celle des autres, comme on l'avait privé de liberté depuis longtemps, elle ne voyait pas pourquoi elle s'inquiéterait encore de sa famille, et par là elle l'entendait au sens large. Dawn et Damian lui avaient toujours semblé très différents des souvenirs qu'elle gardait de ses oncles et tantes (plus ou moins éloignés) de Russie.

« Quant au contrat, j'en connais par cœur les grandes lignes. J'ai été cédée contre une somme d'argent... ce qui en Angleterre devrait suffire à casser le contrat. Mais je me méfie d'Andrew, je m'étonne qu'il n'ait pas une sorte de... comment dire ? De garantie. Vous pensez qu'il aurait pu user de magie noire ? Je n'ai jamais vu l'original du contrat de vente. » Même si elle parlait de ses problèmes de cœur, elle n'oubliait pas pourquoi elle était venu. Carry avait les pieds sur terre et une conscience aigu des priorités, se séparer d'Andrew était en tête de liste.

Une rupture ? Dawn arqua un sourire, signe incontestable (et incontesté) d’étonnement :

« Une rupture ? Que s’est-il donc passé Charisma ? »

Pour une fois que les cousines pouvaient abordé un sujet à peu près ‘normal’ entre elles, il ne fallait tout de même pas se priver ! Parce que leur famille étant vraiment très loin des ‘normes’ elles n’avaient jamais vraiment eu une relation qualifiable de ‘normale’ elles non plus… Certes, Dawn avait une relation tout ce qu’il y a de plus naturelle avec Damian, mais même avec lui, tout n’avait pas toujours été facile, à cause de leur famille… Il n’y avait pas à dire, on en bavait chez les sangs purs russes.

Pour en revenir à cette histoire de rupture, Dawn ne savait même pas que sa cousine avait quelqu’un. Ceci étant, ça ne l’étonnait pas du tout malgré tout. Charisma, même si elle était, sans conteste, très bizarre, était aussi absolument magnifique et possédait une personnalité qui valait le détour. Encore fallait-il savoir passer au-delà des apparences qui pouvaient induire bon nombre de personnes dans l’erreur.

« Je t’apprendrais si tu veux, pour le maquillage. Mais je te souhaite de ne pas trop pleurer à l’avenir quand même. »

Dawn avait su se maquiller avant même de savoir lire. Evidemment, ce n’était pas du aussi bon travail qu’à présent, mais depuis qu’elle avait une dizaine d’années elle savait faire des tonnes de choses avec du maquillage. Alors le fond de teint, c’était largement à sa portée. Quant au fait que Dawn soit plus chanceuse que sa cousine en amour, cela se discutait grandement, du point de vue de la Russe.

« Oh, je n’en suis pas si sûre, tu sais ! »

Elle sourit, vraiment amusée, tandis qu’elle repensait à son histoire à elle. Elle l’expliqua d’ailleurs à Charisma :

« A ton âge, j’étais fiancée depuis plusieurs mois à Isaac Irving, déjà. Et tu voies où j’en suis arrivée… On ne s’est jamais marié. Pourtant tout aurait dû être parfait. Il était censé être tout ce qu’une sang pur puisse désirer. Mais je n’ai pas supporté ses absences et j’ai fini par le tromper et finalement, par rompre nos fiançailles. Ce que je ne savais pas encore c’était que l’homme avec lequel j’ai trompé mon fiancé me demanderait finalement en mariage plus tard. »

C’était vraiment inattendu, oui !

« D’ailleurs, Lexy au début ne voulait même pas entendre parler de ‘stabilité’. Notre relation était censée être transitoire, et finalement, il ne m’a pas trompé, il est resté avec moi, et lui qui ne voulait même pas entendre parler de mariage m’a demandé ma main. Et il commence même à envisager la possibilité qu’on ait un enfant tous les deux ! »

Tout en tripotant sa bague de fiançailles, plus heureuse que jamais, la sorcière conclut donc :

« Tu ne dois surtout pas perdre espoir, Charisma. J’ai souvent cru qu’après ma rupture avec Isaac je n’arriverais plus à rien, et voilà où j’en suis à présent. Alors surtout, garde espoir, tu mérites de trouver quelqu’un qui t’aimera à ta juste valeur. Et je suis persuadée que tu vas le trouver. Même si au début, tout semblera mal parti… C’était le cas pour Lexy et moi, et finalement, tout n’arrête pas de devenir plus magique encore que la veille ! »

Quant au nouveau prétendant de sa cousine, la brune sourit doucement :

« Lexy non plus n’est pas du goût de notre famille. Un sang mêlé, tu imagines ? Et mannequin en plus. Plutôt dégradant pour notre petite société de bourges au sang pur incroyablement coincés. »

Oui, ça décrivait bien leur famille, du point de vue de Dawn. Haussant les épaules, elle ajouta :

« Mais personnellement, j’ai décidé de mettre un réel coup de frein à mes relations avec la Russie. J’ai eu tellement de problèmes avec eux. C’est difficile, tu sais à quel point je suis attachée aux valeurs familiales. Mais je sais quand je dois cesser les frais. »

Pour en revenir au contrat, Dawn déploya toute son attention.

« Je pense qu’il est fort possible en effet qu’il ait usé de magie noire. Il faudrait qu’on trouve l’original. Je le verrais immédiatement si il y a de la magie noire là-dessous. Et je pourrais peut-être essayer de trouver un contre sort, j’ai beaucoup appris ces dernières années en terme de magie noire. Tu t’en doutes certainement, mais de ce côté-là, mes parents étaient plutôt bien équipés. Une chance d’ailleurs qu’ils aient consigné toutes leurs connaissances ! »

Avec des parents mangemort, en effet, on avait d’avantage de chance d’approcher des ouvrages traitant de magie noire qu’avec des parents membres de l’Ordre du Phénix. N’est-ce pas ?

« Disons que monsieur Stanley et moi avons pris des chemins différents. Oui, je crois que c'est une bonne façon de résumer les choses. » Si elle filait sa métaphore, elle irait jusqu'à dire qu'elle trouvait dommage d'avoir fini par suivre une route aussi éloignée de celle de son ex petit ami. Mais ils étaient différents, ils l'avaient toujours été, et à un moment, cela s'était creusé. Lui avait semblé bien supporter l'absence alors même qu'il était plutôt possessif, et de l'autre côté, Carry, elle, avait fini par se lasser de cette séparation. Elle avait l'impression de ne pas être importante pour lui. Et elle détestait cette sensation, elle préférait encore être seule que d'être ignorée.

« Ce serait gentil de votre part. Parfois j'aimerais savoir me maquiller, car à chaque fois que l'envie m'en prend, j'en suis incapable. » Du coup, si sa cousine pouvait lui apprendre, ce serait un problème de moins. Peut-être qu'il n'était pas aussi important que ceux que Carry affrontait au quotidien avec ses visions et son tuteur, mais elle était certaine qu'il était plus facile d'apprendre à se maquiller, alors pourquoi ne pas se contenter de ce petit plaisir tout simple ?

« C'est amusant. J'ai rompu à cause de l'absence d'Enry et je l'ai trompé à cause de ça, comme vous. Mais je doute beaucoup que celui avec lequel je l'ai fait me demande un jour en mariage à l'instar de votre fiancé. » Si cela devait un jour être le cas, elle en serait la première surprise parce que pour l'instant, elle n'était même pas sûre que leur flirt continuel donnerait quelque chose de plus profond au final.

« Je suis vraiment contente pour vous. » Conclut-elle sur une note plus optimiste à propos de Lexy et Dawn. Elle représentait une forme d'espoir pour Carry, même si elle restait trop différente de l'ancienne serpentard pour réellement pouvoir se comparer à elle, elle avait réussi alors que leur famille n'était pas des plus facile, alors pourquoi pas elle ? Pas tout de suite sûrement, mais plus tard peut-être... lorsqu'elle serait prête à rencontrer le vrai prince charmant ou qu'Axel et elle réussirait à être autre chose que deux jeunes bourrés d'hormones. Après tout, au point où elle en était, peut-être que sans y mettre trop d'espoir, garder cette possibilité dans un coin n'était pas une si mauvaise idée.

« Notre famille est d'une hypocrisie tellement absolue qu'il est très étonnant qu'ils ne se soient pas encore étouffés dedans. Je ne sais pas si je pourrais leur pardonner un jour d'avoir fait comme si de rien n'était lorsque mon père m'a vendu à un étranger. Alors pour ce qui est de couper les liens, je vous dirais pour ma part de trancher net. » C'était un peu mélodramatique comme tournure de phrase, mais elle trouvait que c'était représentatif de ce qu'elle ressentait envers les Kostovak. A ses yeux, Dawn (et Damian par extension) étaient des exceptions à la règle. Elle recommençait à considérer ses cousins comme des membres de sa famille depuis qu'elle avait repris contact avec la danseuse, mais c'était parce que Dawn était à part de toutes ces mesquineries qu'il y avait chez eux, en Russie. Etait-ce encore chez elle d'ailleurs ? Elle en était partie enfant, et elle était jeune femme. Cette question méritait qu'on s'y penche, mais pas maintenant, car il y avait l'histoire du contrat à régler.

« Il faudrait le voler, mais j'ignore où il se trouve. Andrew ne me le dira pas, il faudra que je missionne Dorémi. Ensuite, s'il y a besoin d'un contre-sort, il faudra y travailler. Pour le moment, je crois que je ne risque rien. Je suis encore trop jeune pour lui, il veut attendre encore un peu, et puis j'ai été claire sur mes intentions de devenir auror. » Andrew le savait et ne s'y était pas opposé, donc elle pensait qu'il allait la laisser faire. Il ne souhaitait pas qu'elle le haïsse, et de fait, elle n'éprouvait pas de haine pour lui (ignorant certaines choses qu'il avait faite), donc le statu quo pouvait encore durer un peu... mais il faudrait bien à un moment qu'elle se libère enfin.

Derrière cette froide façade que la russe laissait généralement voir au peuple, il fallait savoir qu’il y avait un cœur. Dawn n’en avait certes pas l’air, mais c’était une femme qui, lorsqu’elle s’ouvrait, pouvait faire tout et même plus encore pour ceux qui, à ses yeux, en valaient la peine. Bien qu’elle ne soit pas proche de sa cousine, elle ne lui était pas totalement indifférente non plus. Pourtant, leurs histoires de familles étaient des plus compliquées, pour l’une comme pour l’autre (ce qui en soit est logique, étant de la même famille, ça finit par se croiser !). Un sourire entendu se dessina brièvement sur le visage pâle de l’aînée, qui ne répondit à sa cadette que pour l’histoire du maquillage :

« Tu verras, les bases s’apprennent très rapidement, et tu peux vite faire de très jolies choses avec peu de matériel. »

Dawn trouvait l’art du maquillage incroyable. Elle avait toujours trouvé que ‘c’était beau, depuis toute petite. Et même si elle avait souvent l’air peu maquillée, ça ne l’empêchait pas de se maquiller tous les jours, à l’aide d’ombres à paupières discrètes mais absolument magnifiques (à ses yeux) et de crayons fins, précis et naturels…). Quand elle entrait dans une phase plus ‘femme fatale’ elle mettait alors des couleurs qui ressortaient clairement avec son teint clair et sa sombre chevelure.

Quant aux questions de fiançailles, la brune ne pu que rire, très naturellement (ce qui était néanmoins très rare pour elle, même si Charisma était sa cousine, elle était difficilement ‘naturelle’ à 100% avec celle-ci) :

« Je pensais exactement la même chose de Lexy ! Aujourd’hui encore, quand je le regarde, j’ai du mal à croire qu’il m’ai vraiment demandé de l’épouser, j’ai l’impression que c’est un rêve, et que je vais finir par me réveiller, sans lui… »

D’un haussement d’épaules, elle ajouta :

« Mais tu voies, je suis toujours réveillée, visiblement, et tout aussi fiancée ! »

Dawn hésita un bref instant avant de tenir tout doucement la main de sa cousine dans la sienne, alors que Charisma lui affirmait être contente pour elle.

« Merci. »

Et c’était di du fond du cœur. Et pour ce qui tenait à leur chère et tendre famille –kof kof- la brune soupira :

« Il accumulent tant les erreurs. Ils ne comprennent toujours pas que les temps changent. Ils n’évoluent pas. Si jadis, je suivais volontiers leurs mœurs et leurs coutumes, j’ai aussi appris qu’il y avait une vie en dehors de ce cercle si étroitement fermé. Eux, non. »

Pour le contrat, Dawn hocha doucement la tête.

« Le contre sort ne devrait pas trop me poser de soucis, je pense. Et si tu as besoin d’aide pour le voler, je te donnerais volontiers un coup de main. »

Dawn n’avait pas peur d’Andrew et elle était entraînée. Oh, oui, elle s’était aussi pris une bonne déculottée en Russie ! (Que ce soit pas le meurtrier de son oncle qui s’était fait passer pour ce dernier ou encore par sa propre famille). Mais avec ces erreurs, elle avait aussi appris. Elle en connaissait un, néanmoins, qui risquait de grimacer à ce sujet… Ceci étant, elle savait qu’elle allait devoir en toucher quelques mots à Lexy, parce qu’elle ne pouvait décemment passer son temps à lui cacher des informations aussi importantes, alors qu’il avait autant confiance en elle. Elle avait foi en lui, évidemment… mais elle craignait aussi de le blesser… Elle ne supporterait pas qu’il lui arrive quoique ce soit par sa faute ! De plus, elle connaissait fort bien l’aversion du jeune homme pour la magie noire.

Carry ne savait pas trop si elle serait réellement capable de se maquiller. Elle avait l'impression que cela demandait beaucoup d'investissement en temps et en patience, elle avait rarement l'un et l'autre. L'argent, à la limite, ça pouvait se trouver, les denrées immatérielles en revanche... Mais elle répondit par un petit signe de tête, préférant ne pas contredire sa cousine sur un sujet qui n'en valait pas la peine. D'autant que n'ayant jamais essayé en dehors des grandes fêtes, elle n'était même pas certaine que cela lui prendrait vraiment du temps.

Un sourire fugace passa sur ses lèvres lorsque sa cousine évoqua Lexy. Elle était sincèrement heureuse pour elle. Même si elle n'était pas proche de sa famille, le peu qui lui restait comptait à ses yeux. Assez tout au moins pour qu'elle leur souhaite beaucoup de bonheur.

« Je peux voir l'avenir, mais pas le mien, et sûrement pas assez loin non plus... sinon j'aurais aimé savoir si je vivrais quelque chose d'aussi romantique que vous. » Parce que ça l'était, romantique, et Carry trouvait que c'était trop mignon, même si elle n'était pas vraiment romantique elle-même. Au moins une chose (une des rares) qu'elle semblait partager avec Axel. Enry ne l'avait jamais beaucoup été non plus, ce qui, finalement, avait conforté Carry dans ses (mauvaises?) habitudes. Pour elle, l'amour était une faiblesse, on ne pouvait pas vivre sans, mais c'était quand même le talon d'Achille d'une personne. Elle détestait profondément que cela soit le sien, elle s'y était faite avec le temps, encore heureux !

« Moi... je ne sais plus très bien si je fais encore partie de cette famille, de la Russie. Parfois, j'ai même du mal à parler le russe. Cela fera bientôt dix ans que je suis partie de là-bas avec Andrew, je crois que je suis devenue trop différente d'eux... » Elle soupira et conclut « Ce qui fait de vous et de votre frère tout ce qu'il me reste de famille concrète, c'est un peu triste même si c'est mieux que rien. » Sachant qu'elle ne voyait jamais Damian en plus de ça. La dernière fois qu'elle l'avait vu c'est lorsqu'il était encore à Poudlard lors de sa première année à elle.

« Nous verrons, je pense qu'il faudra voir ce qu'il en est cet été. Je vous écrirais pour vous tenir au courant. » Elle regarda l'heure. « Il va être temps que je rentre. » Comme elle était arrivée un peu en retard, forcément... « Je vous écrirais bientôt, merci d'être venue... et de m'aider. » Elle posa sa main sur celle de Dawn brièvement. Un geste simple en apparence, mais les deux jeunes femmes n'étaient pas très portés sur les effusions publiques, c'était donc beaucoup. « Au revoir. »

Dawn esquissa un sourire à l’attention de sa cousine. Elle n’avait pas eu une vie facile. Dawn non plus, d’ailleurs, mais leurs difficultés différaient. Elles avaient droit au bonheur elles aussi. Dawn en était profondément convaincue. Et elle répondit sans la moindre hésitation à sa cousine, en pensant chacun de ses mots :

« Je suis persuadée que tu auras beaucoup de chances un jour, toi aussi. On ne peut pas toujours retourner les mauvaises cartes. Il suffit d’attendre le jour où le soleil se décidera à chasser la pluie. Mon jour a fini par arriver, et je sais que le tien viendra aussi. Demain ou dans un an, mais il viendra. J’en suis persuadée. »

Et rien ne pourrait faire changer la jolie brune d’avis ! sauf si sa cousine meurt avant que ce fameux jour arrive mais bon… *paaaaf*. Quant à leur ‘famille’, Dawn soupira :

« On est loin d’avoir eu beaucoup de chance, du côté familial, toi et moi. Je crois que nous méritons bon nombre de médailles étant donné toutes les difficultés qu’on a affrontées à cause d’eux. Mais je me plais à penser que tout cela nous a formé. Et que nos problèmes ne sont pas vains. On finit toujours par en apprendre quelque chose. »

Oui, comme éviter de répéter ces erreurs avec leurs propres enfants, à l’avenir, par exemple… La Russe sourit à sa cousine :

« Et bien prochainement ta famille va s’agrandir, puisque Lexy va y rentrer. Ce n’est pas un lien de sang, mais il vaudra bien mieux que ceux que nous avions précédemment. »

Ce n’était, de toute façon, pas bien compliqué, de faire mieux… Hochant la tête en signe d’acquiescement aux dires de sa cousine, Dawn répondit :

« Aucun soucis, nous verrons cela cet été. Tu peux compter sur moi. »

La main de Charisma sur celle de Dawn, bien que d’un contact brève était lourd de signification. La Russe offrit un sourire entendu à sa cousine et la regarda partir :

« Prends soin de toi, surtout, Charisma… »
Elle patienta un peu avant de partir, préférant se perdre dans ses pensées quelque peu. Puis, à son tour, elle se leva et déserta le lieu. Tout ne faisait que commencer, sans aucun doute…