Quelques mondanités [PV]

Dans la vie de la princesse du Liechtenstein (la seule, unique, puisque sa fratrie était entièrement constituée de garçons, une fois qu’on ne la comptait plus dans les rangs) il y avait des hauts et des bas en fait c’est même le cas pour tout le monde, paraît-il sauf que voilà, Marie est plutôt du genre à ne juger les choses que par rapport à elle-même…. Il y avait Roman qui la harcelait jusque dans ses rêves (le malautru !) et puis… Il y avait Roman (et Roman aussi mais je ne sais plus trop si il a été mentionné précédemment ?). Bref, la jeune femme était totalement obnibulée par ce paysan *paaaf* des bas quartiers. Elle ne pensait qu’à lui, tout le temps !!!! Alors que ce n’était QUE Roman Jones, quoi. Pas de quoi en faire tout un fromage basque non plus ! Et pourtant. Elle n’arrivait pas à se débarrasser de lui. C’était quand même dingue ça !

Ce soir cependant, elle savait qu’elle ne pourrait en aucun cas tomber sur lui (sauf si il a épousé une duchesse, une comtesse ou Dieu seul pouvait savoir qui, suffisamment bien placé pour venir ici… Et c’était plus que hautement improbable. Dieu soit loué.) La jeune femme avait revêtue pour cette soirée mondaine une robe blanc cassé, très basique, parce que c’était une soirée mondaine, comme précisé précédemment ET Marie n’était pas du genre à se pavaner les seins à l’air dans des robes aux couleurs trop voyantes… Marie était classée dans le clan des filles sobres (en apparence, parce que si on l’a sur le dos, elle peut être très énervante et pas sobre du tout dans ses insultes).

Joseph n’était malheureusement pas là, ce soir (il fuyait toutes ces histoires… C’était tellement dommage !). Mais, Marie eut la joie de voir Fredericke Maiden, une de ses amies. Pourtant, au début, elles étaient tout sauf des amies, mais comme Dieu faisait parfois de bien étrange tours à ses croyants, voilà qu’elles avaient fini par devenir amies, envers et contre tout. Offrant un large sourire à son amie, la blondinette la salua de bon cœur :

« Oh moi aussi Fredericke !!!! Cela faisait tellement longtemps ! »

Elles allaient en avoir, des choses à se raconter (à condition de bien faire attention aux oreilles qui traînaient, de ci, de là… C’était si compliqué d’avoir un peu d’intimité dans cet univers si étroitement fermé !). Saluant son amie avec distinction (on est une fille du monde ou on ne l’est pas) elle but une gorgée dans sa coupe la dernière ivre a perduuuu mouhaha :

« Je vais… Pas trop mal on va dire… Et toi, dis moi ? »

Marie ne savait pas trop comment expliqué ses soucis de cœur à Fred… Parce que niait était inutile… Roman lui plaisait. Vraiment. Et ça l’agaçait ! Profondément.

Fredericke hésita avant de répondre, elle jeta un petit coup d'oeil sur les côtés pour vérifier que personne n'écoutait leur conversation... heureusement, on ne faisait pas trop attention aux demoiselles. Il était de notoriété publique qu'elles avaient été à la même école, du coup, qu'elles se parlent n'avaient pas éveillé la curiosité des autres nobles. Tant mieux. Fred' détestait se sentir espionnée, et elle était d'autant plus méfiante depuis son accident qui était tout sauf accidentel.

« Maintenant ça va. Je pense que tu l'ignores mais c'était un de mes cousins qui était responsable de ma chute dans les escaliers, il a été arrêté. Je me suis un peu disputée avec Vincent aussi à un moment, mais je crois qu'on a réussi à retrouver un minimum d'équilibre dernièrement. » Fredericke n'avait pas donné beaucoup de nouvelles ces deux dernières années, elle avait écrit à Marie pour lui annoncer l'accident, la perte de son précieux bébé, mais elles ne s'étaient pas vus alors et dans leurs lettres, une fois l'annonce faite, elles avaient évité de parler des choses déprimantes. Surtout que Marie était encore plus pratiquante que Fred' religieusement (et pourtant, Fred' l'était beaucoup déjà!), et que Fred' craignait que son amie lui dise qu'elle avait mérité ce qui lui était arrivé. Une idée qui, en bonne chrétienne, lui avait traversé l'esprit, mais tout bien pesé, si Dieu avait pensé qu'elle ne devait pas avoir de bébé dans ces conditions, elle aurait fait une fausse-couche banale, son cousin n'aurait pas essayé de la tuer. Quelque part, dans cet accident, à défaut du bébé, Dieu l'avait protégé, donc elle ne pensait pas qu'il soit contre elle (même si elle n'allait pas jusqu'à penser que Dieu l'approuve dans ses péchés, fallait pas abuser non plus). Mais était-ce sa faute à elle si Vincent n'était pas croyant ? Si elle devait attendre qu'il la demande en mariage, elle allait pouvoir attendre longtemps ! Elle se demandait même s'il y pensait, comme ils vivaient maritalement, il n'en voyait peut-être même pas l'utilité.

« Et toi, alors, pourquoi seulement pas trop mal ? Tu as des soucis ? » Elle fronça les sourcils, soupçonneuse. Souvent, Marie avait des problèmes de cœur bien plus qu'autre chose. Fred' avait, à cet égard, toujours pensé que la rupture avec Tobias était une grosse erreur, même si à côté de ça il s'était mis en couple avec Ophélia, une autre amie de notre allemande. Enfin, après, elle était bien en couple avec Vincent, un des garçons les plus détesté de leurs années à Poudlard, alors qui était-elle pour donner son avis, hein ? « Ce ne serait pas une histoire de garçon par hasard ? » Elle avait parlé tout bas mais une étincelle taquine dans les yeux. Voilà longtemps qu'elle n'avait pas parlé de garçons avec ses copines, il fallait y remédier !

Il était évident qu’il y avait des lieux plus adaptés pour leurs discussions ‘personnelles’ que cette soirée… Mais en jouant de ruses (ce pour quoi la Vipère était très douée et son amie n’avait pas grand-chose à lui envier non plus dans ce domaine), les deux damoiselles pouvaient fort bien converser de tout ce qu’elles voulaient. A condition de ne jamais laisser retomber leur garde, évidemment… Marie écouta donc les dernières nouvelles de son amie. Ainsi c’était un membre de sa propre famille qui avait agi de la sorte ? Si entre Marie et Nicolas ce n’était pas le grand amour, ce n’était pas pour autant qu’ils pousseraient l’autre dans les escaliers ! enfin je crois ? XD. Ils étaient très désagréables l’un vis-à-vis de l’autre mais de là à tenter de tuer l’indésirable il y avait malgré tout, tout un monde (de plus, Marie reste très croyante et Dieu ne lui pardonnerait jamais un tel crime ! Tuer est déjà inadmissible mais son frère, qui plus est ??? Son sang ???). Aussi la blonde écarquilla les yeux de surprise, tout en répondant, à voix basse, quand même :

« Non… Comment… Enfin, plutôt pourquoi ? C’est si… incroyable… »

Quant à Vincent, Marie imaginait que les disputes étaient plutôt normales dans un couple, aussi ne s’inquiéta-t-elle pas trop pour ce côté de l’histoire :

« C’est bien que tout soit à nouveau calme en ce moment. »

Elle sourit à Fredericke. Puis lorsque cette dernière mit le doigts sur le sujet (ça alors, qu’est ce qu’elle est forte cette Fred !) la blondinette sentit ses joues rosir bien malgré elle. Soupirant, elle se mordilla la lèvre, et répondit d’une petite voix :

« Et bien… Oui c’est ça… »

Pourtant elle avait longtemps été éloignée de ce genre de problèmes, puisqu’elle était sortie un bon moment avec Tobias Sandeau. D’ailleurs, elle n’aurait jamais pu imaginer qu’un jour leur histoire puisse prendre fin… Ils étaient censés se marier. C’était si logique… Et pourtant à présent, ça n’avait plus lieu d’être. Et c’était encore et toujours étrange, aux yeux de la Princesse. Elle reprit :

« Je suis sûre que tu vas te moquer de moi. »

Du point de vue de Marie, il y avait largement de quoi, qui plus est !!! Mais à ce stade autant tout balancer, ce serait plus rapide…

« C’est… »

Rien que le dire lui coûtait énormément !

« Roman… »

Elle reprit son souffle et repartit :

« Je ne comprends pas. Vraiment. Il m’insupporte à un tel point… Tu n’en n’as pas la moindre idée ! Il est si… Rah… Lui, quoi. Il n’a pas de manières, il n’est pas du tout un bon parti, il ne sait rien du protocole, je suis sûre qu’il n’est même pas croyant, en plus… Il est… Franchement insupportable. Mais ce que je supporte encore moins c’est de le voir avec une autre… Je ne me comprends vraiment pas, Fred. Tobias est sans conteste tellement mieux que Roman… Pourtant, quand on s’est séparé, j’étais déjà intéressée par Roman… Je crois… »

Pourquoi ? Ah... ça... Fredericke aurait donné cher pour le comprendre. Elle connaissait les raisons mais ne parvenait pas à les intégrer. On lui avait pris son enfant, et pour quoi ? Pour de l'argent ? Pour son titre ? La belle affaire ! Cela avait d'ailleurs eu tout l'effet contraire parce qu'elle s'accrochait bien plus au domaine depuis qu'elle avait perdu son bébé. Hors de question de contenter ses ennemis, Fred' était comme ça depuis toujours, elle n'avait nullement l'intention de donner satisfaction à ses ennemis.

« Pour l'argent, pour l'héritage... pour ce genre de choses je crois. Romuald était le fiancé de Roze avant qu'elle ne rompe avec lui pour se marier à Edward. Mon cousin n'a pas apprécié, il n'a jamais complètement avalé cette couleuvre... alors il a essayé de remonter dans la liste des héritiers en m'assassinant. Sauf qu'il a raté. » Fred' haussa les épaules d'un air faussement dégagé. Elle n'était plus aussi déprimée qu'avant mais une lueur de désespoir brillait parfois dans ses yeux furtivement. Elle ne se remettrait jamais tout à fait, c'était aussi à cause de ça qu'il y avait eu une dispute avec Vincent. Ils ne faisaient pas leur deuil de la même façon et ils avaient tous les deux mauvais caractère... cela provoquait quelques étincelles inévitables.

« Oui, enfin, calme... tu connais Vincent comme moi. Ce n'est jamais vraiment calme. » Ok, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité, on sait.

« Tiens, tiens... vas-y, raconte-moi, je suis toute ouïe ! » Voilà des années que la vie amoureuse de Fred' était dénuée de tout potin (mais elle avait donné sa part à une époque) donc elle était plus qu'intéressée par les histoires des autres. Il fallait bien trouver du croustillant là où il y en avait hein !

« Whaou. » Dit-elle simplement, cachant sa surprise derrière le verre qu'elle tenait à la main pour que personne ne remarque son expression mi-incrédule, mi-amusée.

« Je ne suis pas sûre d'être la personne qui te dira ce que tu veux entendre. Je sors avec Vincent je te rappelle, et même si ça me fait mal de te le rappeler, tu es sortie avec toi aussi, or c'est le mec le plus mal dégrossi de notre époque à l'école. A côté Roman est un saint. Tu ne te chercherais pas plutôt des excuses pour ne pas te lancer ? Je veux dire... certes, Tobias te correspondait parfaitement, mais si vous avez cassé, c'est bien qu'il manquait quelque chose. » Il était vrai que Roman n'avait aucun rang et aucune manière mais c'était un gentil garçon qui travaillait dur. Quelque part, il était sûrement plus adapté aux mondanités que Vincent (par ailleurs toujours absent à ce genre de fêtes, la preuve), et cela n'avait pas empêché Fred' de tout faire pour conquérir son meilleur ami. D'après elle, la réaction de Marie était purement psychologique. Elle n'osait pas, c'est tout. Elle ne voyait que les défauts de Roman parce qu'elle craignait de se lancer dans une relation plus profonde mais, par le fait, plus compliquée. Après tout, avec Tobias, c'était si facile que ça en perdait d'intérêt. Toby faisait tout ce que voulait Marie. Il faisait tout ce que voulait n'importe quelle fille en fait, c'était dans sa nature. Marie avait peut-être perdu l'habitude, mais elles n'étaient pas amies pour rien, elles aimaient les défis, quelque part, Roman en était plus un que Tobias. Ce n'est pas toujours la personne qui nous ressemble avec qui on se sentira le mieux, voilà près de neuf ans qu'elle avait compris cette terrible – et effrayante – vérité.