- Incroyable mais vrai ! - PV

Dans le monde de Keira Williams il y avait du rose, mais pas seulement. Elle avait très vite appris à jongler avec les couleurs, mais ce n’est que très tardivement qu’elle avait vraiment appris ce que ‘nuances’ pouvait bien signifié. Petite, elle avait été l’exubérance incarnée. Elle n’avait pas ces notions de réflexions ou de bien et de mal que les autres ont dès leur plus jeune âge. Elle avait toujours cru que tout le monde était bon, à condition de faire l’effort de les comprendre. C’est à l’adolescence, quand elle eut 14-15 ans environ et qu’elle entrait dans le véritable milieu de la mode qu’elle plongea. Tout ce en quoi elle avait toujours cru, tout ce pour quoi elle s’était dépensé… Elle avait réalisé brutalement que la réalité était très éloignée de son monde à elle, de ses rêves, de ses espoirs, de son mode de pensée propre. Et la chute aurait pu lui être fatale.

C’est grâce au soutient de ses amis qu’elle avait finalement su remonter la pente et, alors qu’elle pensait s’en être définitivement sorti, d’autres pièges se tendirent sur son chemin, emprisonnant ses sens et pourrissant tout ce qu’elle osait observer. Le pire de tous les poisons qu’elle toucha fut, sans conteste, Louis Sanders. Si Shiro était possessif et violent, ce n’était rien à côté de l’auror qui avait été son petit ami pendant près d’un an. Elle en était sortie complètement métamorphosée, cette relation l’avait profondément affectée et il lui avait fallu très longtemps avant de reprendre confiance en elle, mais aussi (et surtout) avant de pouvoir de nouveau accorder sa confiance au sexe opposé. C’est en grande partie Kaïn qui l’aida à reprendre sa vie en main, et elle avait commencé à penser qu’ils étaient des âmes sœurs. Sans lui, elle serait sûrement morte à l’heure actuelle. S’il ne l’avait pas retrouvée, elle ne s’en serait peut-être jamais sortie.

Le temps passant, ils avaient fini par sortir ensemble, emménager plus ou moins ensemble pour, finalement déménager dans un ‘chez eux’. Et malgré l’appartement commun, Keira avait le sentiment de voir de moins en moins sa moitié, et elle qui était si dépendante de l’autre le vivait de plus en plus mal. L’absence, elle ne la supportait pas. Cela faisait plusieurs mois, qu’elle réfléchissait à tout ça, et elle n’avait même pas pu en parler à Kaïn, elle le croisait à peine, de toute façon.

N’étant cependant pas le genre de personne qui passe ses journées à broyer du noir, la rouquine avait décidé de prendre un peu sa vie en main. Elle ne pouvait pas voir Kaïn, mais ce n’était pas une raison pour cesser de vivre. Ca lui pesait, oui, mais elle ne comptait pas rester dans l’appartement, bien sagement alors que dehors, les gens vivaient. Décidée à respirer un grand coup, elle prit ses affaires pour sortir. L’hiver étant arrivé et la neige tombant régulièrement dans le ciel pollué de la capitale anglaise, la rouquine opta pour une tenue spécial été, bikini, paréo et on est parti, yahouuu assez chaude. Elle avait attaché ses longues boucles rousse en une natte sur le côté, afin d’éviter que le vent n’emmêle trop sa chevelure, et avait mis un bonnet bleu. Une jolie robe violette lui arrivait aux genoux, ces derniers couverts par d’épais collants de laine orange. Par-dessus, elle enfila un long et chaud manteau beige, cintré, qui arrivait à hauteur de sa robe et, une fois ses gants (rose) en main, elle quitta son appartement, son sac à main bleu turquoise à l’épaule.

En deux temps, trois mouvements, elle arriva au Chemin de Traverse. Elle ouvrit dans les yeux, prête à admirer les moindres boutiques. Keira passait peu souvent dans le côté sorcier de Londres, elle était loin d’être une sorcière hors paire, mais malgré tout, elle aimait retrouver de temps en temps cet aspect là de sa vie. Alors qu’elle marchait sans suivre de but précis, elle finit par s’arrêter face à un homme qui sortait d’une boutique. Il était grand (et cela signifiait vraiment très grand, pour qu’elle le souligne puisqu’elle-même faisait un mètre soixante dix sept et portait des bottes (marrons, pour information) qui avaient bien huit centimètres de talon… ce qui avait attiré le regard de la sorcière n’était pas tant sa taille que son allure générale… Et son visage. Ses yeux, si bleus… Elle avait le sentiment qu’elle le connaissait, sans parvenir à mettre un nom sur son visage malgré tout. Doucement, elle inclina la tête, le vent balayant sa natte envoya quelques mèches bouclées dans les yeux de la sorcière, qui s’enquit :

« On se connaît je crois… »

Même si Harrison était un jeune homme fort occupé –il fallait dire qu’il n’avait pas vraiment un boulot tranquille et qu’en plus sa charmante et délicieuse collègue Penelope Harris (alias Penny d’amouuur) était actuellement en congé avec son mari- il avait quand même des moments de libre pour lui. Il savait se trouver quelques instants dans son emploi du temps de dingue pour sortir un peu, voir ses amis ou faire du sport –il pouvait difficilement se priver de ça- et puis quand même, il ne travaillait pas non plus tout le temps pas comme un certain Abell qui lui quand il ne bossait pas draguait au lieu de voir ses amis.

Enfin, aujourd’hui, il avait fait un rapport pour une de ces missions et il avait eu du temps de libre pour aller se balader en ville. Il avait beau faire super froid –Harry était corse et il avait grandit toute son enfance sous le soleil alors même s’il était habitué aux températures plus basses du Royaume Uni ou même de New York où sa mère vivait, il préférait quand il faisait moins froid- le jeune homme n’aurait pas gaspillé son temps à rester chez lui et il s’était donc rendu au Chemin de Traverse, cette petite rue remplie de magasins sorciers à Londres, et avait, entre autre, rendu visite à Asher Peterson à la Gamme d’Or. Asher était à la base un des potes d’Abell Crowford qui était donc le meilleur ami du brun oui il est cinglé mais comme Harry était un fan de musique –il ne jouait pas mais adorait quand même en écouter- et bien les deux jeunes hommes s’étaient rapidement liés. Ils avaient, ce jour là, pas mal discutés avant que le jeune homme ne laisse le blond –il fallait qu’il travaille aussi- et sorte du magasin. Et c’est, alors qu’il tournait le regard, refermant son manteau chaud sur lui, qu’il aperçut une rouquine qui attirait le regard de par son extravagance –par ses habits et ses cheveux de feu-. Par ça, il reconnut sans peine la jeune fille. Harrison était quelqu’un de très physionomiste et avec une mémoire très bonne, il retenait même le plus insignifiant des détails, et puis franchement, la rouquine n’était pas de ceux que l’on oubliait facilement. De plus, elle était célèbre, star, chanteuse d’un groupe connu qu’Harry adorait. Et finalement, son cher et adorable kof kof meilleur ami la connaissait très bien et était l’un de ses amis les plus proches alors forcément, il ne pouvait pas vraiment oublier son nom. « Oui on se connait effectivement…Keira Williams c’est cela ? » Il lui offrit un large sourire en lui tendant sa main pour qu’elle la serre. « Harrison Renucci, on était ensemble à Salem et on s’est vus pour quelques photoshoots après… » Keira Williams ça alors pour une surprise…Il avait beau afficher une certaine assurance, il était plutôt surpris. Bien sûr, il savait qu’elle habitait à Londres alors évidemment il y avait une chance pour qu’ils se croisent mais elle était si minime…Et puis, il fallait dire qu’ils n’avaient jamais été assez proches pour qu’ils gardent contact. Alors il n’aurait su dire si c’était un plaisir de la voir ou pas…Et puis bon, autant le dire franchement, ils ne s’étaient pas forcément toujours très bien entendus tous les deux, ils n’arrêtaient jamais de se disputer même à une époque…

Oui, ils s’étaient connus à Salem. Harrison, beau gosse populaire, adoré de tous pour son sens de l’humour, son intelligence et sa générosité, craint, respecté et redouté de tous pour son mauvais caractère, son impulsivité et son côté bagarreur, avait croisé la route de Keira qui, à l’époque n’était pas vraiment au mieux de sa forme –mais là, il était rassuré elle avait grossit (ce n’était pas un défaut pour Harry, bien au contraire, c’était un signe de bonne santé)- puis qu’elle avait de gros soucis avec la drogue -elle était en plein sevrage lorsqu’ils s’étaient rencontrés et surement anorexique-. Et la voyant lutter contre une dépendance à des cochonneries –il n’avait jamais touché à ça puis que de une, c’était de vraies saloperies et de deux, il était diabétique et tout cela risquait d’aggraver sa maladie- il avait cherché à l’aider. Sauf qu’elle l’avait clairement envoyé bouler que –merci sa fierté mal placée- il l’avait très mal pris et ainsi avait commencé une guerre entre deux terminés à la fin de la scolarité, quand, se croisant par hasard à un shooting, ils avaient tous mis à plat et étaient repartis de bon pied –sans pour autant cherchés à en savoir plus que cela l’un sur l’autre ou à chercher à rester en contact-. Enfin bref, rien de plus normal à ce qu’il soit surpris de la recroiser après tout ce temps –cela fait bien quatre ans plus ou moins qu’ils ne s’étaient pas vus- le temps déciderait si ce serait une bonne surprise oui ou non.

Harrison eut un sourire amusé lorsque Keira lui retourna sa poignée de main. Elle avait vraiment une force de moineau, surtout pour lui qui avait beaucoup de force. Il n’avait même presque pas senti la poigne de la rouquine. Mais bon, rien d’étonnant à cela, quand on voyait la jeune fille, on savait déjà qu’elle ne possédait pas une force extraordinaire. Alors ouais, le jeune homme n’avait pas retenu son sourire amusé –il n’était de toute façon pas quelqu’un qui cachait ses sentiments ou autre- mais ce n’était pas méchant et il espérait que la rouquine ne le prendrait pas mal. En tout cas, elle l’avait finalement reconnu. Pas difficile me direz vous vu qu’il s’était re-présenté mais en même temps cela ne voulait rien dire, un nom n’était pas forcément parlant. Enfin, à la base, c’était quand même elle qui l’avait interpellé donc c’était normal qu’elle le replace. Néanmoins, il perçut sa gêne –il était observateur et même s’il ne cherchait pas forcément à chaque fois les causes il était assez empathique- ainsi il lui adressa un sourire qu’il espérait un peu réconfortant.

Il détecta aussi le fait qu’elle était mal à l’aise. Harry pouvait le comprendre, il était vachement surpris et quelque peu gêné de se retrouver face à elle après tant d’années. Il savait qu’il avait quand même des choses à se reprocher dans toute cette histoire. Il avait beau être quand même plutôt quelqu’un de plutôt sympathique en règle générale, il avait un sale caractère, il ne le niait pas. Et quand il se sentait blessé dans sa fierté, il pouvait vraiment devenir incroyablement méchant et mesquin et il l’avait été à l’époque avec Keira. Il s’en était voulu après alors et quand il avait pu la revoir, il avait pu s’excuser et puis repartir du bon pied. Alors certes, ils ne s’étaient pas revus après leurs quelques photoshoots après Salem –mais Harrison n’était guère resté longtemps en temps que mannequin, la superficialité de ce métier l’avait rapidement soulé- et ça rajoutait à l’étrangeté de la situation –ça faisait franchement bizarre de revoir Keira après tant d’années- mais au moins ils avaient pu tout mettre à plat, c’était le plus important. Surtout que toutes ces disputes entre eux…quand on y réfléchissait bien c’était vraiment du n’importe quoi total, parti de rien, et totalement inutiles et le jeune homme avouait bien que c’était en grande partie sa faute –mais que voulez vous, on ne changeait pas un mauvais caractère et plus à son âge !-.

« Mon meilleur ami est pote avec le gérant de La Gamme d’or –il désigna le magasin d’où il venait de sortir- et je suis un fan de musique donc bon… » Il sourit. « Ouais j’ai déménagé ici il y a…euh il y a plus ou moins quatre ans ici. L’Amérique ce n’est pas que ça me plaisait pas mais je préférais vivre en Angleterre, j’aime bien ce pays et puis c’est surtout pour mes études que je les fais, je suis devenu Auror depuis un peu plus d’un an donc voilà c’est bien fatiguant mais j’adore ce métier. » Il finit sa phrase avec un nouveau sourire, se rappelant que la dernière fois qu’ils s’étaient vus, il n’avait pas encore commencé ses études, puis demanda : « Alors et toi ? Toujours mannequin s’il me semble bien et chanteuse à succès hein…Tu sais que je suis un vrai fan de ton groupe si je n’étais pas aussi fier, je te demanderais un autographe… » Il eut un sourire amusé mais il ne plaisantait pas vraiment. Il n’était pas du genre à faire les groupies alors il ne demandait jamais d’autographes il envoyait Abell à sa place sauf à de bons groupes de rock où tous les mecs le faisait sinon, faire sa minette et demander un autographe ça le touchait dans sa virilité. Oui il est sensible comme mec.

« Non, il n’y pas de soucis je suis libre, j’ai fini de bosser c’est bon. » Il lui fit un sourire gentil –la voir avec un sourire timide sur le visage l’avait surpris parce qu’il ne l’avait jamais vu comme ça. « Tu veux pas aller dans un bar ou un café ? J’ai beau vivre ici depuis quatre ans, je ne suis toujours pas habitué au froid qu’il y a ici en hiver. » Harrison eut un rire léger. Rien d’étonnant à ce qu’il ait du mal avec le froid ambiant, il préférait le soleil de son île natal où, quand il y avait l’hiver, il ne faisait pas excessivement froid. Et oui, que voulez vous, il restait à jamais Corse, accroché à ses valeurs et à la chaleur de là bas. Il avait d’ailleurs du mal à se passer de ce temps merveilleux mais bon, il avait sa vie maintenant en Angleterre, ses amis, son métier et puis bon, il se rendait quand même souvent en Corse, même très souvent donc ça allait.

Lorsque Keira lui demanda s’il connaissait Asher, il fronça les sourcils. Il ne se souvenait pas qu’elle, elle le connaissait. Cependant, Keira Williams n’était pas non plus le sujet principal qu’il abordait avec son meilleur ami désolé chérie. Mais quand on y réfléchissait, ce n’était pas bien étonnant que la rouquine connaisse le blond. Après tout, il était le gérant de la Gamme d’Or et elle était chanteuse. Alors il ne connaissait pas le lien qui pouvait bien les unir mais il pouvait au moins être sûr qu’ils étaient devenus proches parce que la même passion pour la musique les animait.

« Ouais c’est un bon pote, il est cool. » Il sourit avant de demander : « Et toi ? Tu le connais bien ? » Quand on y réfléchissait bien, les deux jeunes gens avaient décidément beaucoup de personnes proches en commun. Abell tout d’abord qui était le meilleur ami des deux, Lena Marks aussi, la grande amie d’Abell qu’il avait présenté à Harry, Asher donc et puis le jeune Auror connaissait aussi vaguement Erwan au nom imprononçable et Lexy Terence, deux proches de la rouquine. Et aussi bizarre que cela puisse paraître avec autant de connaissances en commun, ils ne s’étaient pas vus depuis quatre ans. Et encore plus étrange, ils se croisaient complètement par hasard, dans une rue du Chemin de Traverse, par une froide journée, devant la boutique d’un ami commun. C’était une grande surprise pour les deux –en tout cas ça l’était pour Harrison- que de se retrouver après tant d’années. Mais qui sait, peut-être que cela déboucherait sur quelque chose de bien comme une jolie amitié. Mais seul le temps le dirait.

Le jeune homme sentit aussitôt le mal être, de Keira quand il parla de son métier. Il fronça les sourcils. Ce fut comme si elle s’était soudainement refroidie, comme ça, tout d’un coup alors qu’au final, il n’avait dit que quelque chose de très banal. Il ne pouvait pas savoir ce que le métier d’Auror pouvait rappeler à la rouquine de si sombres souvenirs, personne ne le pouvait. Abell ne le savait même pas lui, du moins pas dans les détails il n’en savait rien, alors qu’il était bien plus proche d’elle que Harry ne l’était voire ne le serait jamais –il savait très bien ce qui pouvait unir son ami à la jolie rousse-. « Keira…Tout va bien ? Tu as un problème ? » Il avait parlé tout doucement, ne voulant pas la brusquer mais il savait déjà qu’elle ne parlerait pas, c’était plutôt évident. Mais il ne s’en vexa pas, il était bien trop tôt pour qu’elle lui accorde sa confiance et se mettre à lui raconter des choses personnelles, ils venaient à peine de se retrouver.

La jeune fille reprit contenance ensuite en le remerciant. Il eut un sourire avant de se chuchoter comme sur le ton d’une confidence : « Mais surtout ne le répète pas, certaines personnes donc Abell risqueraient de se foutre de moi s’ils savaient que j’étais aussi fan… » Il lui adressa un clin d’œil, ses lèvres s’étirant en un sourire amusé. « Sérieux tu ferais ça ? Ce serait trop cool, tu nous sauverais la vie à moi et à ma fierté ! » Son sourire s’agrandit encore plus. Elle venait de le taquiner ou il rêvait là ?? Elle était vraiment plus sympa que dans ses souvenirs. Ceci dit, rien d’étonnant à cela puisque quand Harrison était à Salem et après avoir eu sa première dispute avec Keira, il était passé en mode ‘cette fille n’est qu’une pétasse méchante et malsaine et tout ce qu’elle pourrait faire ou dire ne la rachètera pas, elle n’est et ne me sera jamais sympathique’ donc bon, même si jamais elle avait été gentille ou d’humeur taquine, il ne l’aurait pas remarqué, aveuglé par sa stupide fureur déclenchée par sa toute aussi stupide fierté mal placée.

Il suivit la rousse lorsqu’ils décidèrent de se réfugier dans un établissement où ils pourraient être au chaud. Elle lui montra un café et Harry lui sourit, lui répondant : « Parfait, allons y. » L’endroit dans lequel ils entrèrent était très charmant et le Corse ne retenait plus un sourire réjoui. Cependant, il avait bien remarqué que quelque chose clochait chez la jeune fille qui l’accompagnait. Elle semblait préoccupée et elle était toujours aussi mal-à-l’aise. Mais il ne pouvait ni lire ses pensées, ni la forcer à raconter ce qu’elle pouvait bien avoir. Aussi se contenta-t-il seulement d’afficher un sourire rassurant et d’essayer d’être le plus gentil et chaleureux possible pour faire en sorte qu’elle se détende au moins un petit peu. Après avoir prit place, Keira commanda un thé au citron tandis que lui-même se prenait un thé vert. Il aimait beaucoup le thé, ça lui venait de sa mère qui, malgré qu’elle ait passé sa vie aux Etats-Unis buvait énormément de thé. Et puis le café avait tendance à l’énerver et il avait un caractère suffisamment désagréable comme ça sans que l’on en rajoute en plus. Et il ne buvait aucun alcool. Il savait que ce n’était pas forcement recommandé pour quelqu’un comme lui qui avait du diabète.

Il fut distrait de sa contemplation des mains de Keira, qui semblait si fragile, qui se tordaient, trahissant sa nervosité ce qui titilla à nouveau sa curiosité, par sa question. Il leva la tête vers elle, planta ses yeux bleus dans les siens et son visage s’éclaircit soudainement, tandis qu’un sourire amusé se planta sur ses lèvres. « Non tu connais Penny d’amour aussi ? Pas croyable ! » Son sourire s’agrandit un peu plus avant que le serveur n’apporte leurs boissons. Il but une longue gorgée de son thé, super bon, avant de reprendre : « C’est en quelque sorte ma coéquipière, elle a un saleté de caractère kof kof il a pas vu le sien alors tu penses bien que tout ne se passe pas très calmement entre nous… » Cette fois ci, son sourire découvrit ses dents parfaitement blanches. C’était le moins qu’il ne pouvait dire. Penelope et lui, ils n’arrêtaient pas de se chamailler pour des choses complètement stupides parce qu’ils avaient des caractères tellement forts tous les deux que ça ne pouvait qu’exploser. Ceci dit, jamais cela n’a atteint leur travail et leur professionnalisme. Ils avaient beau se disputer, ils avaient de très bons résultats en temps qu’équipe.

Soudainement, son téléphone portable, il en avait un depuis la disparition de la Magie quelques années plus tôt et l’avait depuis gardé, bipa. Il regarda et un sourire apparut sur son visage quand il aperçut un message de son meilleur ami qui lui demandait si ça lui disait de prendre un verre. Il répondit, s’excusant auprès de la jolie rouquine assise en face de lui, en écrivant qu’il était en train de discuter avec Keira Wiliams et que, n’est ce pas, les filles –et surtout Keira Williams- passait avant les potes dans certains cas. Le connaissant bien, Harry savait que ce message énerverait Abell au plus haut point mais tant pis, c’était sa revanche quant au fait qu’il ne lui avait jamais présenté la jeune fille comment ça jamais Harrison ne lui avait dis qu’il la connaissait ?. « Désolé, mon meilleur ami a du mal à se passer de moi… » Il eut un sourire taquin : « Mais je crois que tu le connais bien...C’est Crowford, Abell Crowford Abell, Abell Crowford…Je me demande bien pourquoi il ne nous a jamais présentés l’un à l’autre… » Son sourire s’agrandit un peu plus, sachant très bien que c’était un mensonge. Il prit une autre longue gorgée de thé avant de finir : « Enfin si, je sais, il a peur que je te séduise puis te brise le cœur ou un truc du genre…Ironique quand on connait l’animal n’est ce pas ? » Ouais, quand on connaissait la raison d’Abell, on se disait clairement que c’était l’hôpital qui se fiche de la charité.

L’amusement de Keira était facilement perceptible et Harrison s’en étonnait. Il n’avait jamais vu Keira comme ça…Même après Salem quand ils s’étaient croisés lors de shootings, elle n’avait pas semblé aussi…vivante. Ceci dit, lors qu’ils s’étaient recroisés après l’école, il y avait eu une certaine réserve entre eux, quoi de plus normal lorsqu’on connaissait leur passif…Puis bon à l’école de sorcellerie américaine, Harry n’avait pas vraiment eu l’occasion de voir la rouquine amusée…C’était surprenant, étrange mais plutôt dans le bon sens. C’était clair qu’elle était mieux maintenant plutôt que complètement défoncée ou en sevrage et anorexique comme à l’époque de l’école… « ‘Le meilleur ami de la femme d’un de mes meilleurs amis’…C’est pas un peu compliqué et long comme titre ? » souffla-t-il, amusé. Ceci dit il ne situa pas automatiquement que la dite femme qui était la meilleure amie d’Asher était Luca, la belle Luca, une de ses ex et éventuellement une bonne amie et que l’un des meilleurs amis était Erwan qu’il connaissait également. Il ne se dit pas que c’était d’eux dont parlait Keira. Pourtant il le savait tout cela…Simplement il n’y pensait plus sur le moment. « Je te l’ai dit, c’est un pote de mon meilleur ami. Quand j’ai débarqué ici il y a quatre ans je ne connaissais que lui alors il m’a présenté pleins d’amis à lui et voilà…J’aime bien la musique alors on s’est rapidement entendus Asher et moi… »

Keira sembla plus mal lorsqu’il aborda son métier. C’était plutôt étonnant alors le jeune homme lui demanda si tout allait bien. Quoi de plus normal ? Mais Harry n’insista pas lorsqu’elle lui répondit qu’elle avait juste la tête ailleurs. Ce n’était pas ses affaires de toute façon…Lui poser plus de questions aurait été malvenu…Et ce n’était pas vraiment son genre de se mêler de ce qui ne le regardait pas.

La suite le surprit encore plus. Il rêvait où Keira venait de rire là ? Encore une fois ce n’était pas quelque chose qu’il avait eu l’occasion de voir lorsqu’il était dans la même école qu’elle…Cela le surprenait beaucoup oui autant que cette rencontre surprise…Mais ça prouvait simplement qu’elle avait changé et le changement était vraiment appréciable…La Keira de maintenant était quand même ‘mieux’ que celle qu’il avait connu à Salem, en meilleure forme déjà et puis moins haineuse, moins agressive qu’avant…Là elle riait, elle le taquinait…C’était vraiment une surprise…Le brun retourna le sourire complice à la rouquine avant de répliquer : « Désolé je ne peux rien te promettre, tu vois je suis un vrai groupie dans l’âme… » Il eut un sourire amusé à son tour. Il commençait à se détendre un petit peu, le choc, la surprise du fait d’avoir croisé Keira maintenant commençait à passer.

Les deux jeunes gens se décidèrent ensuite à rejoindre un petit café où ils seraient à l’abri et au chaud. Dès lors que le Corse rentra dans l’établissement, il se sentit bien mieux, il commençait vraiment à faire froid dehors, trop froid pour lui en tout cas. Et c’était lorsqu’il faisait ce temps là qu’Harry se demandait bien ce qu’il était venu faire en Angleterre…Mais bon ce pays était quand même sympathique malgré ses températures froides durant l’hiver. Sitôt qu’ils furent assis, Keira lui demanda s’il connaissait Penelope Harris. Vraiment, entre Asher, Abell, Erwan, Luca et Penny désormais cela commençait à faire vraiment beaucoup de monde qu’ils connaissaient qu’ils avaient en commun…Harrison avait un sourire amusé lorsqu’il avoua qu’il connaissait la blonde. Il s’agrandit lorsqu’elle s’étonna franchement du surnom qu’il avait attribué à la jeune maman –et qu’il n’aurait pour rien au monde révéler à Penelope puisque sinon, elle l’aurait trucidé-. « Bien sûr ! Moi elle m’appelle Harry mon chou ou Harry mon choupinet ça dépend des jours… » Il avait un grand sourire maintenant, vraiment amusé. Il continua à sourire lorsqu’elle lui posa sa question, remarquant au passage qu’elle aussi elle était amusée. « Jason qui ? Je ne connais aucun Jason. » Puis soufflant, il termina : « Il ne sait rien de notre folle aventure alors chut, je révèle ce secret mais surtout, ne lui dis rien ! » Il avait de nouveau un sourire très amusé clairement visible mais au fond, il n’en menait pas large, si sa charmante et si douce kof kof coéquipière savait ce qu’il avait dit, elle le trucidait –quelle personne revancharde elle était n’est ce pas kof kof-. « Bien sur. » dit-il concernant le mauvais caractère de la blonde. Il but une longue gorgée de thé avant de développer : « Je te jure que son mauvais caractère peut même rivaliser le mien. C’est pour ça que ça explose toujours entre nous d’ailleurs. » Ouais, les missions avec Penelope Harris ça n’avait rien de très reposant…Par contre la réplique de Keira… Ça c’était de nouveau une surprise –attendez mais elle venait de le charrier là c’était énorme !!-. Décidément, il allait de surprises en surprises depuis qu’il avait recroisé la chanteuse…Affichant tout de suite un sourire amusé il répliqua : « Sérieusement ? A cause de moi ? Tu te fiches de moi là ?? Je suis persuadé que tu n’as jamais vu Penelope en pleine action sinon tu saurais qu’à côté d’elle, je suis un vraiment un garçon adorable. » kof kof *s’étouffe* Il était passé en mode super taquin mais comme c’était Keira qui avait commencé à le charrier on rejette la faute sur qui on peut il pensait être en droit de faire quelques plaisanteries. Et puis ce n’était pas bien méchant.

Puis, il fallu qu’il réponde à Abell, ce qui ne prit pas beaucoup plus que quelques secondes, voire une ou deux minutes. Lorsqu’il annonça qui était son meilleur ami, la rouquine fut étonnée. Quoi de plus normal après tout ? Abell ne les avait jamais présentés l’un à l’autre comme il l’avait fait avec Lena, Erwan, Asher et Lexy. Voilà, tout était de la faute d’Abell. « Ouais je me demande encore pourquoi d’ailleurs… » Il offrit un sourire complice à la jeune rousse avant qu’elle ne lui dise qu’elle doutait du fait qu’Abell ne les ai pas présentés l’un à l’autre pour la protéger –idée stupide d’ailleurs mais on parlait d’Abell là *paf*-. Le jeune homme, qui ne savait pas que Keira était en couple –Abell ne parlait pas de ça, ni vraiment de Keira avec lui- répondit : « Oh tu sais je crois que le projet d’Abell te concernant serait de t’enfermer dans un couvent…Chouette idée n’est ce pas ? » Il eut un autre sourire amusé –que de sourires amusés n’est ce pas !- avant de reprendre un peu de thé. « Et bien Abell me la dit bien sur. » D’ailleurs quand il lui avait dit ça la première fois, il se l’était pété carrément, fier de connaitre une star. Il avait arrêté de se la jouer quand Harry lui avait dit qu’il avait fait ses études avec. Et après ceci, le photographe n’avait abordé le sujet ‘Keira’ que pour les phrases du style : ‘J’ai une séance de shoots avec Keira’, ‘Je vais chez Keira ce soir me mater un film et commander thaï car elle ne sait pas cuisiner’, ‘On va en boite avec Keira et d’autres potes ça va être cool !’ ce jour là Abell était revenu complètement défoncé, ça avait été un spectacle hilarant. Et Harrison avait été tellement occupé, soit pris par ses études, son boulot ou ses copines que jamais il n’avait eu l’occasion d’aller en fête avec son meilleur ami et la rouquine ce qui rassurait Abell. Et puis même s’ils avaient pu tout mettre à plat quand ils étaient sortis de Salem, Harry avait quand même un peu peur de recroiser la rouquine –oui lui peur c’est étonnant n’est ce pas !-. Peur car déjà il avait honte de son comportement passé et puis bon il ne s’était jamais vraiment entendu avec elle alors il n’avait pas vraiment cherché à la retrouver…Et finalement, il la recroisait quand même, comme ça, un jour…Incroyable non ?

Harrison eut un sourire amusé lorsque Keira dit qu’elle ne trouvait pas qu’elle complique le titre qu’elle avait donné à Asher. Il aurait été plus simple selon lui de donner des noms. Ca aurait été moins compliqué. Peut-être plus flou aussi puisque il n’était pas censé connaître ces personnes. Enfin, il n’empêche que le long et compliqué titre avait amusé Harry. Ce qui était vraiment étonnant lorsqu’on y pensait. Keira amusante…C’était quelque chose qui le surprenait vraiment….Il fallait dire qu’il avait vu la jeune rouquine dans son pire état, agressive au possible, anorexique et surement dépendante à la drogue –ou en train d’essayer de décrocher ce qui devait entrainer la mauvaise humeur et la méchanceté- alors imaginer qu’elle avait ne serait-ce qu’un petit peu de sens de l’humour…Ce n’était pas possible. Voilà pourquoi le jeune Auror était autant surpris. Et elle continuait à le taquiner…C’était tellement surprenant…Passé le choc premier des retrouvailles et du changement énorme de la rouquine, Harry n’avait heureusement pas trop de mal à se comporter malgré le fait qu’il était assez gêné et mal à l’aise –ce qui arrivait très rarement- il gardait sa spontanéité. « Oh tu sais je peux suivre quelqu’un en toute discrétion c’est mon job après tout… » Il lui adressa un clin d’œil. « Je ne connais pas beaucoup ni ton copain ni la police d’Angleterre mais ça m’étonnerais beaucoup qu’ils soient aussi efficaces que par chez moi… » Harry avait fait pas mal de bêtises par le passé et bien les policiers Corses savaient très bien comment faire pour vous dissuader de faire des délits à vie, quand on les avez vu une fois dans sa vie, on ne voulait plus jamais les recroiser. A côté toutes les autres formes d’autorité ne lui faisaient absolument rien –à part quand Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom était au pouvoir évidemment-. « Mais t’inquiètes je ne suis pas trop dérangeant comme groupie. » Il lui fit un nouveau clin d’œil, sérieusement amusé désormais.

Enfin, il fallait bien qu’à un moment ou un autre si les deux voulaient continuer leur discussion, d’aller dans un endroit plus chaud –parce que oui, Harry se les caillait sévère dehors-, ils se dirigèrent donc vers un café assez sympathique où le brun apprit que la jeune rouquine connaissait également son adorable collègue Penny d’amour –on ne dirait pas comme ça vu comment ils pouvaient se friter au boulot mais ils s’appréciaient réellement- ce qui poussa Harry à continuer à plaisanter. Parce que oui, en dehors de son mauvais caractère et de sa super fierté mal placée, il avait un caractère très taquin. Il adorait plaisanter, il était d’ailleurs toujours plus ou moins en train de plaisanter. Alors d’accord avant, il aurait été impensable de plaisanter avec Keira Williams mais il avait un peu changé depuis, il avait toujours le sang chaud mais il essayait de se maitriser et de ne plus être aussi rancunier pour des choses stupides qu’on lui faisait. Mais la jeune fille aux cheveux couleur de feu aussi semblait avoir bien changé. Alors même s’il était toujours un peu mal à l’aise sous son masque confiant, même si cela commençait à se dissiper, d’être en face d’elle, il se permettait de plaisanter. Le temps avait passé depuis leur scolarité et peut-être cette rencontre fortuite allait poser les bases d’une belle amitié ? Qui sait, finalement Harry ne connaissait pas vraiment la jeune fille…

Il eut un sourire amusé lorsque Keira lui dit qu’elle ne le croyait pas. « Et bien la prochaine fois que tu vois Penny, tu lui demanderas… » Ceci dit là il s’engageait dans une pente glissante là parce qu’il n’était pas certain que la jeune fille ait compris qu’il plaisantait et que si toute cette histoire remontait aux oreilles de Penelope, il allait se faire tuer. « Quel dommage…Ca va démolir ce pauvre Jason et les enfants tu as pensé aux enfants ? Les pauvres chéris ils vont être traumatisés à vie…Non moi je pense que parfois les mensonges font du bien, ils te protègent de la vérité… » Il continuait à plaisanter d’un ton léger même si ça lui paraissait toujours étrange l’idée qu’il puisse le faire avec Keira Williams la fille qu’il ne pouvait pas encadrer lors de ses études –pour une raison totalement ridicule mais bon-.

« Eh ne mets pas en doute mes paroles ! » répliqua le Corse au ‘ben voyons’ de la chanteuse. « Un jour, viens au Bureau des Aurors, tu verras à quel point Penny est tyrannique ! » Une vraie hystérique si si !! Bon quand ils se chamaillaient c’était peut-être vaguement violent car ils avaient tous les deux des tempéraments explosifs –bien que lorsque l’on voyait la blonde, on ne pouvait pas deviner son caractère et elle était beaucoup plus douce avec sa famille voilà surement pourquoi Keira avait du mal à imaginer que Penelope ait un peu mauvais caractère- mais ce n’était jamais bien méchant.

« Oh je suppose qu’Abell est assez persuasif…Et j’ai entendu dire qu’il manque d’effectifs dans les couvents, ils acceptent tout le monde. » Il prit une longue gorgée de thé et sourit franchement à la réponse que la rouquine donna quand à la raison du pourquoi Abell ne les avait jamais présentés l’un à l’autre. « Quoi tu pensais que j’étais louche à la base ? Tu me brises le cœur là…Et tu as un jugement étrange, le type le plus louche quand même c’est plutôt Abell ! » Ben ouais il était carrément beaucoup plus ‘normal’ par rapport au photographe d’accord il adorait les armes mais….en fait il était trop bizarre *paf*.

Puis Keira s’éloigna lorsque son téléphone sonna. Harry se contenta donc de finir de boire son thé vert. Il l’a vu revenir ensuite avec un grand sourire sur le visage. Et en moins d’une seconde, la rouquine s’excusa et se prépara à s’en aller et surtout elle paya pour leurs consommations avant qu’il n’ait eu la chance de lâcher un seul mot. Légèrement froissé dans sa fierté il lui en fallait peu, il se leva rapidement et attrapa –aussi délicatement que possible pour ne pas la brusquer- le bras de la jeune fille en lançant un : « Attends une seconde ! » et fouilla dans son manteau. Il sortit un stylo et écrit aussi vite que possible sur la main de la rousse. « C’est mon numéro de téléphone histoire qu’on reste en contact et puis tu sais tu m’appelles et je t’inviterais. » Il lui sourit chaleureusement, lâcha son poignet. « C’était sympa de te revoir aussi Keira Williams. » Il l’a regarda partir et quitter le petit café puis partit à son tour, le sourire aux lèvres. Seul le temps dirait où cette rencontre surprise mènerait. Mais Harry avait l’impression que ce serait plutôt chouette.

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