- Hivernalement, votre... - PV

Mattew n’était pas de ceux qui se reposent sur le passé, ou se projettent dans le futur. Il n’avait rien à tirer du passé, et n’avait rien à espérer du futur, si ce n’est de possibles déceptions. Il se contentait, et ce depuis toujours, de vivre au jour le jour. Ca lui allait très bien comme ça. Penser au repas du soir, qu’ils mangent à leur fin, c’était toujours sa priorité. Enfin, ça, c’était lorsqu’il n’était pas à l’école. A Poudlard, il avait ce sentiment, si agréable, de pouvoir se réveiller et avoir le droit de manger à sa fin, sans devoir courir partout, chaparder, et risquer tant de choses… Ce qu’il craignait le plus, c’était d’être enlevé à sa famille. Il avait besoin d’eux, tout comme eux avaient besoin de lui. Ils étaient six, et c’était pour la vie. Les mains dans les poches, Mattew marchait d’un pas tranquille, dans le parc de Poudlard, son cours de Botanique était terminé, sa journée de cours venait de s’achever. Alors que les autres évoluaient devant lui, il les laissa partir, pour rester seul, faisant face à l’horizon. Depuis peu, ils ne parvenaient plus à communiquer avec l’extérieur, et ça l’embêtait… Ne pas savoir comment ses parents et Micah allaient l’inquiétait énormément. Néanmoins, il avait aussi conscience qu’il ne pouvait rien faire de plus qu’attendre, sagement. Se faire trop de soucis, devenir hystérique, tout cela ne servirait à rien… A part peut-être à ralentir les choses, aussi se tenait-il tranquille, dans son coin, comme toujours.

Le Lion n’était pas de ceux qu’on pouvait classer parmi les élèves populaires, il était plus dans le gang des exclus, des têtes brûlées. Il ne se liait pas aisément, et ne faisait pas confiance. A part Alice et Nasira, ses sœurs, il ne pouvait pas vraiment se confier aux autres, quelque chose, tout au fond de lui l’en empêchait. Il y avait une telle frontière entre eux et les autres. Sa famille était à part, sur absolument tous les points. Mais il en avait conscience et le vivait bien, ainsi. Silencieux, il balaya l’horizon du regard, là où il ne saurait aller, à l’heure actuelle. Si proche et si loin à la fois… Ils étaient séparés du monde, mais le voyait malgré tout, juste là, sous leurs yeux. C’était ridiculement énervant. Baissant les yeux vers le parc, il se détourna, pour poursuivre sa route quand soudain, son regard se posa sur une silhouette qui ne lui était pas si inconnue et avec laquelle il pouvait même admettre avoir quelques affinités.

Samara Sheridan était là, à quelques dizaines de mètres à peine, assise non loin du lac, comme souvent elle semblait le faire. Mattew était extrêmement observateur, peu de choses lui échappaient, il était comme ça, déformation professionnelle. Il était un voleur après tout, un petit arnaqueur, et il savait bien mener sa barque, la règle de base de tout chapardeur qui se respecte étant de tout voir, si ce n’est d’avantage encore, et dans le genre, Matt était particulièrement doué (bien qu’Alice ait toujours été la meilleure des quatre pour les interprétations). Sans plus hésiter, le Lion quitta sa trajectoire initiale pour rejoindre le lac et plus précisément la jaune et noir qui s’y trouvait.

Mattew portait la tenue réglementaire, achetée d’occasion, évidemment. Il avait une cape épaisse, mais encore insuffisante par rapport au froid ambiant, mais il avait tellement l’habitude d’avoir froid qu’au final, ce n’était pas si grave que ça. Le pantalon était un peu trop court, mais il préférait attendre encore avant d’en changer. Il grandissait trop vite, c’était agaçant, ça coûtait cher (heureusement, Micah allait bientôt venir et pourrait aussi porter les vieux uniformes qui n’allaient plus à Mattew… c’était comme pour les livres, ceux achetés pour Mattew servaient toujours aux autres enfants de la famille). Le lion arriva à la hauteur de Samara et prit la parole, de la buée se dégageant de sa bouche alors qu’il parlait :


« Salut… Je te dérange ? »

Mieux valait prévenir que guérir après tout. Et Samara savait très bien qu’il était inutile de prendre des gants avec lui. S’il gênait, il partait, ce n’était pas plus compliqué que ça.

Quand certaines personne étaient loin de nous, on pouvait se rendre compte à quel point on tenait et on avait besoin d’eux. Samara avait beau avoir quelques difficultés avec sa mère ses derniers temps, c’était sa mère, elle l’aimait, et alors qu’une catastrophe –ce qui pouvait paraitre exagéré mais peu importe- était tombé sur le monde sorcier. Alors que personne ne l’avait prévu, Poudlard avait été complètement coupé du monde et le contact n’était plus possible avec sa famille et ses proches et pour quelqu’un qui était aussi attaché à sa famille que la blondinette, c’était particulièrement dur. Bref, c’était arrivé et Sam avait réalisé après même pas une semaine sans nouvelles que sa ère lui manquait tellement que tout ce qu’elle avait bien pu dire avant –concernant ses rêves d’être danseuse professionnelle- ne comptait pas. La jeune jaune et noire ne savait pas quand cette situation serait réglée –et ça la tuait d’ailleurs mais elle savait qu’elle pouvait compter sur tous ses amis- et elle espérait bien que ce le soit un jour mais quand cela le serait, elle n’hésiterait pas à dire à sa mère qu’elle l’aimait et que seul ça comptait. Son père, c’était une autre histoire. Sam n’avait pas besoin de lui dire qu’elle l’aimait, il le savait bien. Elle était particulièrement proche de son père et cela depuis toujours, et sûrement plus proche de lui que de sa mère, alors il était évident que de ne plus avoir de nouvelles de lui, c’était encore plus difficile pour elle.

Tout ça, cette absence, ce manque, lui trottait dans la tête chaque jour, à chaque heure, à chaque minute qui passait mais elle s’efforçait d’essayer que cela n’entrave pas sa scolarité. Et puis les cours, ça l’était à ne plus penser à tout cela et à surtout ne pas s’angoisser. Même si ça, c’était impossible. Samara savait bien que s’inquiéter ne servait strictement à rien mais elle ne pouvait pas s’empêcher de le faire. Alors elle se plongeait dans les études pour oublier sa peur et son angoisse, elle passait du temps, encore plus, à faire du sport, elle passait du temps à s’amuser avec ses amis à se changer les idées et ça marchait.

Mais parfois, elle se sentait obligée de se trouver seule pour se retrouver un peu. Sam avait beau avoir de très bons amis, elle était avant tout une grande solitaire. Se retrouver seule lui faisait du bien et c’est en sortant d’un cours de Défenses Contre les Forces du Mal, l’un de ses préférés, qu’elle ressentit le besoin d’être un peu seule et comme d’habitude, c’est vers le lac qu’elle se dirigea. C’était sans conteste son endroit préféré à Poudlard. Cet endroit magnifique avait le pouvoir de la calmer et elle trouvait les eaux claires de ce lac profond étrangement rassurantes. Elle rabattit sa cape de sorcier d’hiver bien chaude sur son pull en cashmere –avoir des pulls comme ça était habituel pour Sam, ses parents en avait les moyens- et sortit son carnet de dessin en soupirant, savourant l’air pur de ce petit coin de paradis. Le carnet, jaune, était empli de dessins de toute sorte et elle commençait tout juste à tracer quelques lignes lorsqu’elle entendit les pas derrière elle. Elle se tourna légèrement et aperçut Mattew Orwell, l’un de ses camarades de son année, de Gryffondor pour qui elle éprouvait beaucoup de sympathie bien qu’elle ne pouvait pas toujours aisément parler avec lui, le jeune homme était encore plus solitaire qu’elle-même et puis elle lisait beaucoup de méfiance dans ses yeux, il semblait n’avoir confiance qu’en ses deux petites sœurs, Alice, une première année de Serdaigle qui était également à Sterne et qui était absolument adorable et Nasira, une très jolie et également très sympathique fille. Ceci dit, Sam ne connaissait pas grand-chose de lui alors elle ne pouvait pas savoir la raison de sa méfiance. « Salut Mattew. » Elle lui sourit chaleureusement. « Non absolument pas, je ne faisais rien de particulier. Viens, assis toi à côté de moi. » Elle tapota le coin d’herbe à ses cotés avant de continuer. « Est-ce que tu vas bien ? Ne pas avoir de nouvelles de ta famille ne t’affecte pas trop ? » Il lui semblait se souvenir que Matt avait également un petit frère et puis il y avait ses parents et Sam pouvait très bien comprendre le manque que l’on ressentait lorsqu’on était loin de ses proches étant donné qu’elle l’éprouvait également.

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A bien y réfléchir, Mattew ne savait pas trop pourquoi il avait décidé de rejoindre sa camarade et amie (pouvait-il la qualifier ainsi ? Il en avait envie, mais en même temps il avait un peu de difficulté avec ce concept… l’amitié, un bien petit mot pouvant pourtant entraîner d’incroyables conséquences…). Il avait un peu agi sur un coup de tête, et il avait senti qu’elle avait peut-être besoin de parler avec quelqu’un. Mattew avait beau être un brutal sur les bords, il était malgré les apparences un garçon sensibles qui était bien plus attentif au bonheur d’autrui qu’il ne le laissait croire de prime abord. Certes, il n’était pas si sympathique avec tout le monde, il avait son petit cercle… Mais il était loin d’être un vilain garçon, bien que bon nombre de personnes aient sans nul doute cette image de lui en tête. De toute façon, le lion se moquait des avis d’autrui. La seule chose qui comptait réellement pour le sorcier c’était sa famille. Eux seuls lui importaient, le reste n’était que superflu.

Si jamais il avait pu remettre en cause son irruption dans les songes de la Poufsouffle le sourire qu’elle lui offrit en le saluant à son tour lui confirma qu’il ne dérangeait pas trop en se joignant à elle. Samara avait ce don plus que certain de répandre une douce chaleur autour d’elle. Mattew l’avait assez vite remarqué. Elle était très gentille, toujours attentive aux autres et souriante. S’il devait la qualifier d’un seul terme, il choisirait sûrement attentionnée. Elle avait bien d’autres qualités, certes, mais cette dernière était clairement prédominante chez la jolie blonde.

Alors que la Jaune et Noir invitait son camarade à s’assoir à côté d’elle à même le sol gelé, il eut un moment d’hésitation. Déjà qu’il n’avait pas franchement chaud, là, debout, alors qu’il venait de marcher, il douter de la logique qui consistait à s’assoir par terre dans de telles conditions climatiques. Ceci dit, il était venu de son plein gré, et ce serait bête de forcer la blondinette à se tordre le coup pour le regarder alors qu’elle lui parlait, aussi obtempéra-t-il, lui offrant un sourire assez discret. Mattew n’était pas des plus expressifs, du moins, pas avec ceux qui ne sont pas de sa famille. Il avait toujours ce recul, cette méfiance omniprésente. Assis à terre à présent, il observa le paysage en silence, et alors que la sorcière l’interrogeait sur sa famille, et l’absence de nouvelles, il haussa les épaules :

« Je sais que tout va bien pour eux. Je ne m’inquiète pas. »

Il était assez pragmatique. Chez eux, ils étaient tous des rois de la débrouille, alors il ne s’inquiétait pas vraiment. Il savait que quoiqu’il arrive, ses parents tout comme son petit frère sauraient se débrouiller, parce que c’était ça, leur vie : apprendre à survivre, trouver les meilleurs plans le plus vite possible avec une efficacité maximale. Il donnait une bien meilleure chance de survie à sa famille qu’à celles des autres élèves de l’école qui étaient bien plus habitués au luxe et à tout avoir à disposition sans trop faire d’effort. Chez eux, on savait se battre, dans tous les sens du terme, aussi avait-il confiance. Il ajouta :

« Mais c’est vrai que j’aimerais avoir de leur nouvelle… Alice surtout, je pense. »

Elle était la plus jeune, mais le fait qu’elle soit très pragmatique changeait peut-être la donne… Pour que ce soit Nasira la plus inquiète des trois… Enfin, qu’importe, Mattew avait confiance et remontait le moral de ses sœurs, si jamais cela s’avérait être nécessaire.

« Et toi ? Ca va ? »

Samara avait été un peu surprise par le fait que Mattew vienne l’a rejoindre. Elle avait beau le considérer comme un ami, elle n’était pas sûre que ça soit la même chose pour lui considérant le fait qu’il était assez méfiant. Mais Sam s’en fichait totalement de cela, tout le monde n’accordait sa confiance aussi rapidement qu’elle. La blondinette considérait pas mal de personnes comme ses amis, c’était comme ça, c’était son tempérament et que les autres en soient pas comme ça, elle le savait et honnêtement, elle s’en fichait. Mattew était méfiant, soit, ça ne la dérangeait absolument pas. Et le fait qu’il vienne la rejoindre là, ça lui faisait plaisir. Seulement, elle voyait bien qu’il n’était pas trop partant pour s’asseoir sur le sol gelé. Normal ceci dit il faisait froid. La jeune jaune et noire ne le ressentait pas car sa cape était super chaude aussi se décida-t-elle à proposer doucement au rouge et noir : « Tu veux qu’on partage ma cape ? Tu as l’air d’avoir froid… » Ça ne la dérangeais pas de lui donner un bout de sa cape –qui était super grande- surtout que c’était elle qui lui avait demandé de s’asseoir à côté d’elle.

Pour commencer, Sam interrogea le garçon sur l’absence de nouvelles des familles suite au contact rompu et ce que Matt ressentait à propos de ça. Il semblait bien moins angoissé qu’elle et son calme rassurait la jeune fille. Elle se disait que son angoisse et sa peur n’avaient pas lieu d’être. Elle avait besoin de quelqu’un d’aussi calme à ses côtés pour la rassurer, cela lui faisait du bien. La solitude n’était peut-être pas la bonne solution finalement… « Tu as raison de ne pas t’inquiéter…L’angoisse ça gâche tout… » Elle inspecta ses mains aux ongles complètement rongés et soupira. Elle aurait aimé ne pas s’inquiéter mais c’était plus fort qu’elle. Sam avait beau avoir une nature assez calme, elle s’angoissait très rapidement. Le stress était familier pour elle et le stress n’était pas quelque chose contre lequel on pouvait lutter malheureusement…Lorsque le jeune brun ajouta qu’il aimerait bien avoir des nouvelles de sa famille même s’il ne s’inquiétait pas pour eux, Sam lui sourit. « Je pense que tous les élèves sont comme toi, ils aimeraient avoir des nouvelles… » Peut-être pas Alek mais lui, son cas était un peu particulier et puis il aimerait sans doute des nouvelles pour Joy. « Alice va bien ? Je veux dire, un tel truc pour elle alors qu’elle est juste en première année ça doit être difficile…Enfin il y a ta sœur et toi sur lequel elle peut compter c’est bien… » Puis le garçon lui demanda si elle allait bien…Ca c’était une vraie question…Elle soupira : « Pas vraiment…J’ai tendance à m’angoisser pour un rien alors ça…Je sais que c’est stupide et que mes parents vont très bien mais je ne peux pas m’en empêcher…Stupide hein ? » Elle soupira de nouveau en resserrant sa cape autour de ses épaules. « Du coup j’essaye de penser à autre chose, c’est pas forcément toujours facile mais mes amis sont là pour moi et moi pour eux alors ça peut aller…J’espère juste que cette situation va finir par s’arranger… » Oui parce que sinon elle ne saurait que faire… « Enfin, inutile de trop penser à ça… » Elle secoua la tête en retrouvant le sourire, il fallait absolument penser à autre chose, aussi elle finit : « Quoi de neuf pour toi ? Ça fait longtemps qu’on a pas eu l’occasion de discuter ! » Soit, Mattew et elle n’étaient pas non plus super proches –ceci dit qui était vraiment proche de Mattew Orwell à part ses sœurs ?- et n’avaient jamais vraiment eu de longue conversation mais bon…Et puis il y avait un début à tout non ?

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