Libres au dessus du monde [PV Joyce]

En ce début de nouvelle année à Poudlard, Tamarah ne se sentait pas vraiment bien. Les cours avaient repris et ils nécessitaient beaucoup de travail, du moins beaucoup quand on s'appelle Tamarah Filean, vu qu'elle assurait le minimum requis, c'est à dire tous les devoirs qui devront être rendus. Il ne fallait tout de même pas exagérer, elle n'allait quand même pas apprendre des cours qui ne feront l'objet d'examen que bien plus tard dans l'année, ce serait stupide vu qu'elle aurait oublié tout bien avant la date du test.

En fait, ce n'est pas le boulot qui perturbe la demoiselle, c'est l'école. Peu de temps plus tard, elle avait dépassé son record de temps passé dans un même endroit. En plus, avec autant de monde au même endroit, tous les Gryffondors réunis dans un si petit espace, la jeune fille se sentait un peu oppressée. Rien de bien grave, il lui était arrivé à peu près la même chose l'année précédente, il lui fallait juste un peu de temps pour s'y faire de nouveau après être retournée au foyer pendant les vacances. Un coup de blues passager en bref.

En ce week-end, le besoin de liberté était plus fort que tout, il lui fallait fuir avant d'avoir envie de s'enfuir. Le parc de l'école était grand, très grand même, ça n'avait rien de bien difficile pour un élève de s'isoler un peu, loin de toute cette foule, notamment les nouveaux qui comparent leurs baguettes à tout bout de champ, et tentent de lancer des sorts un peu partout avant de se faire rappeler à l'ordre, au mieux par des élèves, au pire par Rusard.

Arrivant dans la cours, Tamarah partit en sprint vers la forêt interdite et finit par s'arrêter bien avant la lisière. Il était encore trop tôt dans l'année pour cet interdit là. Le souffle un peu court, elle marchait vers les arbres. Enfin, pas ceux de la forêt mais quelques troncs qui se présentaient un peu avant, comme si ceux-là avaient trop peur pour se mêler à la forêt ou qu'elle leur était interdite à eux aussi.

Quelque chose de brillant attira son regard dans les branches. Difficile de dicerner ce dont il s'agissait. Après tout, Tamarah avait plutôt tendance à se cacher dans les arbres plutôt que de chercher dedans.

- Je dois m'attendre à une bonne ou une mauvaise surprise?

Toujours garder son assurance, c'est la clé. S'il y a quelqu'un, il se sentira repéré, s'il n'y a personne, pas de témoin pour se moquer d'elle. De toute façon, en cas de moquerie, il est préférable de protéger ses tibias.

Depuis la rentrée, Joyce avait un peu fuit les autres élèves. Enfin, non, elle avait cherché des endroits sans personne, ce qui n'était pas la même chose (certains diront que si... mais pas pour Joyce). Personne n'écoutait ses blagues les plus drôles, ils étaient tous préoccupés par leurs devoirs "importants", comme ils disaient. Joyce n'en avait rien à faire ! Car ce qu'elle cherchait, c'était la compagnie des arbres, des oiseaux... en les observant, elle se sentait libre ! Ce qu'elle préférait, c'était grimper aux arbres. Elle avait l'impression de voler !

Aussi, après avoir visité le château de fond en comble, elle se rendit vit compte que l'endroit rêvé était la Forêt Interdite. Elle sortit du château et traversa le parc en courant, les bras écartés. Cette sensation de voler lui faisait plus plaisir qu'un paquet de chez Weasley. Quoique...

Arrivée devant la forêt, Joyce décida finalement de ne pas y entrer. Pourquoi ? Allez savoir ! Non, elle n'avait pas peur, voyons ! Impossible... Enfin... bref, elle trouva un arbre très bien, pile poil à la bonne taille, assez grand. Elle y grimpa avec son habituelle habileté, celle qu'elle ne retrouve que lorsqu'elle a le sentiment d'être libre. En à peine quelques secondes, elle était sur la branche parfaite, très solide, et à une assez bonne hauteur pour voir le parc entier. Elle resta là à regarder les élèves pendant dix bonnes minutes. Elle se sentait plus importante que les autres, enfin, plus haute ! Non, Joyce n'était pas plus prétentieuse que ça...

Puis, elle entra au plus profond dans les branches et se nicha entre les deux côtés d'une double branche. Là, elle vit un oiseau qu'elle n'avait jamais vu, il était noir et orange sou les ailes, et plus grand qu'un merle ou que n'importe quel oiseau de ville moldue : elle l'observa et décida de retenir le plus de détails pour après le redessiner. Elle faisait souvent quelques dessins dans un carnet qu'elle avait nommé "Trouvailles dans les airs". Elle y dessinait tout ce qu'elle trouvait dans les arbres, ce que personne ne pouvait voir sans être en communion avec la nature. Un jour, lorsqu'il serait plein, ou alors pendant les vacances, elle le montrerait à ses parents pour qu'ils puissent profiter du monde magique autant que leur fille.

Soudain, Joyce entendit des bruits de pas, ce qui fit fuir l'oiseau.
"Non, reviens !"

Puis, elle entendit une voix : "Tu dois t'attendre à une surprise surprenante, j'imagine ! Après tout, c'est le rôle des surprises, non ?" répondit-elle avec un grand sourire, en sortant de sa cachette.

Elle se pendit par les pieds à une branche plus basse, pour être à la hauteur de la jeune fille (à l'envers, oui, mais au moins, elle s'entendaient mieux).

"Qu'est-ce que tu fais ici ? Toi aussi tu en as marre des devoirs et des gens sérieux ?"

Bon, son plan de tranquilité avait échoué, mais elle avait trouvé une personne qui aimait la nature aussi, visiblement. Personne ne s'approcherait de la Forêt Interdite sans raison !

Ainsi donc il y avait quelqu'un qui se cachait dans l'arbre qu'elle convoitait. Il faut dire que ce n'était pas de chance. Quelles étaient les probabilités de trouver quelqu'un dans l'arbre où l'on avait choisit de se cacher justement pour trouver la liberté loin des gens? Probablement faible.

Le visage de la fille lui disait quelque chose. Elle mit un peu de temps a replacer les choses dans l'ordre. Il y avait tellement de visages nouveaux depuis qu'elle était arrivée dans l'école. En plus, la jeune fille, bien qu'elle ne soit pas beaucoup plus vieille, venait d'arriver à son tour, ça n'aide pas à mémoriser. Ce qui a aiguillé Friday, c'est justement sa tendance à ne pas être totalement avec le gens. Dans une maison comme Gryffondor où tout le monde semble chercher un acolyte pour tenter un coup pendable, ça se remarque.

- Je dois bien avouer que je ne croise pas souvent de surprise avec la tête en bas.

La remarque était dite d'un ton neutre voire froid. En soi, Tamarah n'aimait pas forcément les surprises. Dans son ancienne vie, quand elle se faisait surprendre, elle avait tendance à se retrouver à son foyer, généralement escortée par une armée de policiers.

Elle se dérida un peu lorsque la miss sous-entendit qu'elle aussi s'éloigner des gens, ce qui confirma Tamarah sur sa reconnaissance faciale.

- Trop de gens, trop de boulot, trop de mur, pas assez d'espace. Dès qu'on tourne la tête, on voit du monde. Même dans les arbres.

La dernière phrase était bien évidemment destinée à Joyce. Pas forcément prononcée méchamment, elle se trouvait entre la boutade et le fait que Tamarah ne voulait pas non plus se montrer trop amicale. C'était sa façon de faire avec les gens, si on se montre trop rapidement gentil, les gens pensent avoir une certaine supériorité et ça ne plaisait pas du tout à la fille qui aimait remettre les gens à leur place à coups de pompe bien placés.

- Fait une place.

Elle se mit à parcourir rapidement la distance qui la séparait du tronc de l'arbre, prit appuie dessus avec son pied pour se propulser vers la première branche. Une fois suspendue par les mains, il lui fallut se tracter et se tortiller un peu pour se hisser totalement avec de s'asseoir. Chez elle, en Angleterre, c'était plus souvent des murs ou des grillages qu'elle escaladait ainsi, c'était un peu plus simple.

- Friday.

Il ne lui était pas venu à l'esprit que pour la majorité des gens, Friday est un jour de la semaine et non un nom.

Jusque-là, Joyce était assez contente de trouver quelqu'un qui lui ressemblait, malgré le fait de ne plus être seule. Elle s'était montrée plutôt amicale, à l'inverse de la nouvelle venue.

"Moi, j'aime bien être la tête en bas... pas toi ? Enfin, non, apparemment... mais on est jamais au bout de ses surprises !"

Malgré le ton froid de sa camarade (ce qui avait un peu déplu à Joyce), la jeune Gryffondor avait gardé le ton de la conversation. Après tout, la fille avait peut-être des problèmes personnels...

Cependant, la phrase suivante refroidit encore plus Joyce.

"Je suis désolée d'être dans ton arbre... je ne savais pas qu'ils appartenaient à quelqu'un."

La jeune fille n'avait pas dit que c'était son arbre, mais c'était tout comme. Joyce aussi cherchait la liberté, l'autre fille n'était pas la seule. Joyce ne voyait pas, mais alors pas du tout, pourquoi la fille lui en voulait. Elle n'était pas la propriétaire de la Forêt ! Et il y avait tant d'autres arbres !

Mais oui, elle voulait vraiment cet arbre, que Joyce y soit déjà, ou non ! En plus, c'était un ordre, apparemment. Joyce ne supportait pas ! Aussi, la première année ne répondit rien et se contenta de remonter sur la branche où elle s'était allongée pour observer l'oiseau. Elle aurait aimé lui répondre, mais elle se serait enflammée... et ce n'était pas son but, Joyce préférait se faire des amis à Gryffondor, pas des ennemis. Tout le monde à Poudlard se faisait des amis dans leurs maisons respectives, et Joyce ne comptait pas faire entorse à la "règle".

"Tu ne préfères pas un autre arbre ? Si tu cherches à être seule, n'espère pas que je parte..." se contenta-t-elle de dire.
Un, la fille avait fait fuir l'oiseau que Joyce voulait dessiner.
Deux, elle l'avait dérangée.
Et trois, maintenant, elle voulait l'arbre !
Joyce ne se laisserait pas faire et ne bougerait pas !

Quand la jeune fille se présenta, Joyce ne réalisa pas tout de suite que c'était son nom...

"On est samedi, pas vendredi. Je déteste le vendredi, alors un par semaine suffit largement." Puis, elle se dit que Friday n'était pas folle et connaissait sûrement les jours de la semaine.
"Oh, excuse-moi, c'est ton nom... je ne l'oublierai pas. C'est vrai que l'on ne rencontre pas beaucoup de personnes du nom de Friday. Laisse-moi deviner, c'est ton surnom ?"

Tamarah n'avait pas bronché face au discours contrarié de la jeune fille avec elle. Elle trouvait ça plutôt drôle en fait. Non, pas drôle, on va dire intéressant. Peu de monde avait l'habitude de lui tenir tête même si à l'école, c'était surtout une marque de dédain envers elle, elle n'en valait pas le coup pour les plus âgés. Mais Joyce, elle, elle le faisait et… elle appréciait ça. Friday trouvait toujours agréable de connaître du monde qui ose dire les choses.

Une fois bien installée sur la branche, elle écouta la réplique sur le refus de partir. Grand bien lui prenne. Elle donna une petite tape amicale à Joyce en arborant un grand sourire.

- Roh, je te taquine. Bien sûr que non, ce n'est pas mon arbre et je n'avais même pas l'intention de te dire de partir. Je dirai même plus, tu m'as même un peu impressionnée. Si tu veux que je te laisse tranquille, j'irai me trouver un autre arbre.

Ouais, enfin, il ne fallait pas non plus que Joyce tente le coup, tout de même. Si Tamarah n'allait pas se battre pour un arbre qu'elle est venue occuper en second, elle n'allait pas forcément laisser passer qu'on l'envoie chier. Elle était quand même en train de se montrer amicale, ça n'arrive pas vraiment tous les jours.

Pendant un moment, Friday se demandait comment réagir quand Joyce lui annonça qu'on était samedi. Etait-ce une sorte d'humour pour se moquer de son nom? Prenait-elle son ainée pour stupide au point de ne pas connaître la journée? Il lui fallut un petit moment pour réaliser qu'en donnant son surnom, elle avait peut-être induit la cadette en erreur, ce qui se confirma par la suite de son discours.

- Oui, oui, c'est mon nom. Enfin, mon surnom mais c'est devenu mon nom depuis un moment. En fait, il n'y a que les profs qui utilisent mon vrai nom parce que je préfère le second. Euh, je suis claire, là? Je n'ai pas l'impression.

En soi, ce n'était pas si difficile que ça à comprendre… une fois qu'on avait compris.

- Bref… C'est quoi ton nom? Je pense que si je t'appelle "la fille en l'air" ou "tête en bas", ça ne va pas te plaire. T'es en première année, c'est ça? Je n'ai pas souvenir de t'avoir vu l'année dernière et tu ne te caches pas assez bien pour que je te rate pendant un an.

Ca, ce n'était pas forcément sûr, la meilleure cachette que Joyce pouvait trouver pour échapper à Tamarah était de se cacher dans un recoin de son indifférence. Friday ne remarquait jamais ce dont elle se fichait éperdument.

- La vue est sympa d'ici en fait. Tu peux voir une bonne partie de la cours sans te faire repérer.

Oui, c'est une remarque inutile pour entretenir la conversation.

Oh... Joyce s'était encore emportée pour rien ! Mais bon, elle avait l'habitude...

"Je suis désolée... ça m'arrive souvent, quand je ne connais personne. En fait, c'est une sorte de carapace."

Ce qui poussait Joyce à se dévoiler, c'était que les deux lionnes semblaient dans le même cas. Enfin, on dirait ! La petite blondinette n'était sûre de rien.

"Moi ? Je t'ai impressionnée toi ? Pourquoi ? Enfin, je veux dire... tu peux rester ! Enfin, non, je ne veux pas te donner d'ordre, tu n'as pas besoin de ma permission... Tu comprends ce que je veux dire ?"

Joyce s'emmêlait les pinceaux, de plus en plus. Aussi, elle décida de ne plus rien dire. Elle espérait ne pas être trop ridicule, aux yeux de Friday.

"Moi, je n'ai pas de surnom. Je me suis toujours demandé comment ils venaient. Oh, ce n'est pas que j'en aie besoin, mon prénom est court... c'est juste histoire de savoir. Comment il est venu, le tien ?"

Tout le monde l'appelait par son prénom. Ses amis moldus, tous, sans exception. Joyce prenait le soin de leur choisir un surnom unique à chacun. Et elle ferait pareil ici, à Poudlard.

"Moi, c'est Joyce (ça ne me dérange pas comme nom, Tête en bas ! C'est rigolo...) et oui, je suis en première année. Je suis contente d'être à Gryffondor, on ne s'y ennuie pas. Il parait qu'il y a beaucoup d'activités, à Poudlard, en général. Je viens d'entendre parler du Quidditch. Je crois que c'est le stade, là-bas ?" dit-elle en montrant du doigt le stade. "C'est bien, le Quidditch ? On ne m'en a parlé que très peu, je ne connais pas bien le rôle des différents postes. Je viens d'une famille moldue. Tes parents sont sorciers ?"

Que de questions ! Joyce ne connaissait pas la magie, et elle avait bien l'intention de faire changer ça ! Elle ne supportait pas être mal à l'aise. Elle passait bien trop de temps à s'amuser, elle n'avait pas le temps pour ça !

Des excuses? Joyce venait de lui faire des excuses? Pour quelle raison? Avoir été elle-même?

- Ah non, pas d'excuse. Pas avec moi. Enfin, si tu me marches sur le pied sans le vouloir, d'accord mais là, tu n'as fait qu'être toi, faut pas s'excuse pour ce qu'on est.

C'est vrai, on n'a pas à demander l'avis des autres pour avoir son caractère.

- Bah oui, je suis impressionnée. Là d'où je viens, les gens n'osent pas me dire quand ils ne sont pas contents. A croire que je suis une terreur du haut de mes douze ans. En tout cas, tu ne joues pas les hypocrites et j'aime bien ça.

On peut dire que les deux filles avaient du mal à faire des phrases simples et compréhensibles. Tamarah pour expliquer qu'elle ne se nommait pas vraiment Friday et Joyce qu'elle voulait bien partager l'arbre. Ca promettait des discussions épiques.

- Ouf, ça m'arrange que tu veuilles bien de moi, je n'avais pas vraiment envie de redescendre. Elle est bien confortable cette branche.

Elle se mit à sourire mais d'un sourire qui exprimait bien plus le fait que ce n'était pas une habitude pour elle que de rire.

- Mon surnom vient de mes initiales. Mon nom complet c'est Tamarah Gabrielle Isy Filean ce qui donne T.G.I.F comme l'expression "Thank God it's Friday". Mes amis n'ont gardé que Friday.

Elle n'avait pas envie d'expliquer les autres raisons, c'était personnel et elle ne connaissait pas encore Joyce depuis assez longtemps pour en arriver à parler de ses fugues.

- Pas de surnom? Même avec tes parents? En général, c'est la famille ou les amis qui donnent les surnoms. C'est pour te dire qu'ils t'aiment et que tu as un lien particulier. Bon, comment t'appeler alors? Si t'as une carapace, il y a toujours "Tortue" ou "Shell". Oui, j'aime bien, "Shell".

Joyce était contente d'être chez les Gryffondor, normal, c'était une bonne maison avec du monde de jovial. Ce n'était pas les intellos de Serdaigle ou Poufsouffle, ce n'était pas non plus les "C'est moi la plus belle" de Serpentard. Non, chez les rouges et or, il y avait de l'animation et de la solidarité. Quant au quidditch, ahhhh, le quidditch…

- C'est super comme sport, tu verras. C'est un peu comme du handball, sauf que tu es sur un balai et que tu risques de te faire un peu plus mal mais c'est super bien. Y'a le gardien qui protège trois anneaux, les buts, il y a le poursuiveur qui doit marquer les buts avec une balle, le souaffle. Il y a aussi les batteurs, ils doivent envoyer les cognards, une balle assez méchante, vers les joueurs adversaires pour les empêcher de bien jouer. Et le rôle le plus chiant, l'attrapeur. Il doit attraper une balle qu'on ne voit pas bien et s'il y arrive, le match se termine et son équipe marque 150 points. Enfin, vient aux entrainements et tu verras par toi-même. Et non, je n'ai pas des parents sorciers. En fait, je ne connais pas mes parents, je suis orpheline.

En soi, c'était faux. Elle n'était pas orpheline car son père ne l'avait pas abandonné officiellement mais c'était tout comme, elle ne connaissait ni sa mère, ni son père et se fichait parfaitement que ces informations étaient détenues par le foyer et qu'elle pouvait les consulter. Mais ça, c'était une autre histoire.

Finalement, Friday commençait à bien plaire à Joyce. Elle était plutôt sympa, en fait ! Ne pas s'excuser pour ce que l'on est... Ahh... si c'étaient les parents de la petite blonde qui disaient ça ! Joyce adorait ses parents, et c'était bien normal. Il le lui rendaient, normal aussi. Comme elle était fille unique, elle était le petit trésor de ses parents... leur petite princesse. Seulement, une seule remarque un peu "déplacée", et c'était la fin du monde. Comme Joyce ne tenait pas en place, elle parlait toujours beaucoup et très vite. Alors forcément, une petite remarque désagréable finissait par sortir... et là, ses parents ne laissaient rien passer. Comme ils étaient assez riches, sa mère travaillait en collège privé, ce n'était pas très grave, mais c'était un collège privé dans un endroit assez... comment dire ?... prout-prout, comme disait Joyce. C'était vraiment la vieille école ! La petite Gryffondor, elle, avait réussi à y échapper. Elle aurait été en collège public, si elle n'était pas une sorcière... et ça, c'était grâce à son père qui, étant son propre patron, comme il aimait dire, trouvait normal que sa fille puisse choisir le collège dans lequel elle irait.

"Pas d'excuse... ça me plait ! Ne t'inquiète pas, je m'excuserai quand même si je te bouscule dans le couloir..."

Joyce, assez fière d'avoir réussi à impressionner sa camarade, répondit par un grand sourire avant de répondre :

"Moi aussi, je t'aime bien. Tu es la première personne à qui je parle vraiment, depuis que j'ai mis les pieds à Poudlard. Et bien sûr que tu as le droit de rester, être libre, c'est jusqu'au bout."

Joyce changea de position : les boîtes de Pastilles de gerbe commençaient à lui rentrer dans la cuisse. Elle réfléchit donc à quel cours elle les utiliserait... peut-être pour celui d'Histoire de la Magie... oui, c'était une bonne idée ! Et l'idée des amis de Friday, pour le surnom, n'était pas mauvaise non plus.

"En fait, mes parents m'appellent "petite princesse". C'est mignon, mais devant mes amis, c'est parfois un peu gênant. Enfin, je trouve. Et pour ce qui est de mes amis, c'est plutôt moi, qui leur donnais des surnoms. Eux, ne sont pas très imaginatifs alors ils n'en donnent pas et comme je n'ai jamais pensé à m'en donner toute seule..."

Shell, c'était bien ! Oh, ouais ! C'était mignon, mais pas assez pour être ridicule.

"Toi aussi, tu as l'air d'être imaginative pour les surnoms ! Shell, ça me plait bien ! Ouais, surnom adopté !"

Enfin, un surnom ! La liberté, c'était jusqu'au bout, c'était la devise de Joyce. Elle n'avait pas encore pensé qu'elle n'était jamais vraiment libre. Elle n'avait pas choisi son nom. Alors que pour Shell, elle avait le choix, et c'était une fille qui aimait la liberté aussi, qui le lui avait donné. Shell, le surnom de la liberté !

Le Quidditch, le Quidditch ! Ca avait l'air fantastique ! Le rôle le plus chiant, l'attrapeur... Non, ce poste-là plaisait beaucoup à la petite Gryffondor. Faire gagner son équipe, rien qu'en attrapant une balle ! Fan-tas-tique !

"Le prochain match est pour bientôt ?" demanda-t-elle.

Elle avait peut-être pris une décision. Peut-être. Pour le moment, elle n'y avait pas beaucoup pensé, et ce n'était pas pour tout de suite, car elle fut très surprise que Friday n'ait pas de parents.

"Oh, je suis désolée ! Vraiment, je ne savais pas..."

Joyce ne pouvait pas imaginer la vie sans ses parents. Ils l'énervaient, parfois, c'est vrai... mais elle les aimait tellement !

[593 mots]

Le message que voulait faire passer Friday était passé, c'est ce qui importait. Aux yeux de la plus vieille des Gryffondors, c'était une vérité absolue et il le fallait bien sinon elle aurait passé la moitié de sa vie à devoir s'excuser. Certes, on le lui avait demandé des dizaines et des dizaines de fois mais elle avait toujours refusé de céder, qu'importe les conséquences. En l'occurrence, les conséquences n'avaient pas l'air bien fâcheuses puisque Tamarah se trouvait à Poudlard.

Ainsi donc Friday était la première personne à qui Joyce parlait vraiment. C'était triste. D'accord, l'orpheline était aussi du genre à ne pas parler à tout le monde rapidement, un brin trop sauvage pour se mêler à la foule, mais quand même, certaines personnes valaient le coup d'être connue.

- Si tu veux, je te présenterai à quelques personnes de la maison. D'accord, dans l'ensemble, tout le monde cherche à faire le plus de conneries en se faisant le moins attraper mais certains valent le coup d'être connu. Ehawee, par exemple, elle est sympa, c'est une guerrière, une vraie. Genre, tu lui demandes de tartiner une biscotte, c'est limite si elle ne t'explique pas comment manier un couteau. En plus, elle se balade tout le temps avec un arc sur elle.

Etre libre, c'est jusqu'au bout. Voilà de quoi plaire à Friday. Pour quelqu'un qui a tendance à fuguer, c'est plutôt bien ciblé.

- Libre jusqu'au bout? Je suis bien d'accord. Tu plairais beaucoup à mes potes, chez moi.

Puisqu'elle avait officiellement l'autorisation de rester sur l'arbre, elle s'installa plus confortablement. Elle s'adossa au tronc, les jambes le long de la branche et les mains derrière la nuque. Dans son mouvement, elle avait failli se retrouver à faire un câlin au sol mais elle s'était rééquilibrée à temps.

La jeune fille retint une grimace à l'évocation de son petit surnom familial. Elle trouvait ça totalement ridicule d'appeler les gens "princesse". Cependant, elle ne se moquait pas, après tout, niveau familial, elle n'était pas la mieux placée pour dire quoi que ce soit.

- C'est vrai que "Petite princesse", ça ne se porte pas très facilement en public. En plus, je ne connais pas beaucoup de princesse qui grimpe dans les arbres. Ceci dit, je ne connais pas plus de tortue qui le font.

Non, définitivement, les princesses, ce n'était pas son truc. Dans le domaine des contes, Friday était plus portée vers les chevaliers solitaires et taciturnes. Ceux qui sauvent la veuve et l'orphelin en grognant parce qu'ils pourraient se démerder seuls un peu de temps en temps et arrêter d'attendre qu'on leur vienne en aide. C'est aussi ça, la liberté, savoir affronter les emmerdes quand elles arrivent.

- Ouais, les surnoms, je maitrise un peu. On va dire que là où je vis, on ne tient pas forcément aux véritables noms qu'on nous donne. La majorité sont débiles d'ailleurs. J'adore les frères Bob. Deux jumeaux. L'un d'eux passe son temps à démonter les trucs donc on l'appelle Bob le bricoleur et l'autre se tape tout le temps la vaisselle, donc c'est Bob l'éponge. En tout cas, va pour Shell.

Quant à la date du prochain match de Quidditch, Tamarah se mit à compter sur ses doigts. Elle n'était pas spécialement très douée en ce qui concernait les dates. Finalement, lassée par une telle épreuve mathématique, elle fit au plus simple.

- Le prochain match est dans quelques semaines. On affronte les Serdaigles. Pas de grande inquiétude, ils se sont fait explosés l'année dernière. Trois défaites d'affilé. Les Serpentards, eux, sont plus coriaces, ils ont un bon attrapeur. Quant aux Poufsouffles. Il n'y a plus rien à craindre. Ils avaient de très bons joueurs l'année dernière mais ils ont plus ou moins disparus depuis, ça tombe bien. Enfin bref, t'as le temps de faire ton choix.

La tête de Joyce était marrante lorsqu'elle apprit que Friday était orpheline, ça la fit rire. Tamarah n'en avait cure à vrai dire.

- La liberté, c'est jusqu'au bout, non? Je n'ai même pas de parents sur le dos. Il n'y a pas besoin d'être désolé, ça ne peut pas me manquer vu que je n'en ai jamais eut.

Tamarah n'était pas du genre à se laisser abattre par ce genre de chose. Peut-être qu'un jour ça viendrait en grandissant mais pour elle, tout ce qui comptait n'était pas les liens de sang mais la famille qu'elle s'était choisie.

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DISCORDE

Oui, Friday était la première personne à qui Joyce parlait vraiment, et alors ? Elle n'était pas malheureuse pour autant. Elle avait passé son temps à chercher des passages secrets dans Poudlard et surtout un endroit sûr où elle pourrait dessiner et regarder les oiseaux. En fait, elle n'avait pas vraiment cherché à rencontrer des gens...

Non mais quelle idée de se balader avec un arc ? Remarque, elle ne risquait pas de se faire embêter. Joyce non plus, même sans arc, c'est vrai, mais là, Ehawee n'avait vraiment aucun souci à se faire. Et puis son nom était plutôt sympa ! Pas très répandu, certes, mais c'était plutôt un avantage, d'avoir un nom original. A condition qu'il ne soit quand même pas ridicule. Mais dans le cas d'Ehawee, elle avait eu de la chance.

« Un arc ? Oh oui, vraiment, ça me ferait plaisir que tu me la présentes, effectivement ! Je sens qu'elle va me plaire... » dit Joyce en riant.

C'est vrai, maintenant que Friday le disait, qu'il valait mieux que Shell, maintenant qu'elle s'appelait ainsi, se fasse des amis, parce qu'il valait mieux être bien entourée, à Poudlard. Ce n'était pas que c'était dangereux, bien au contraire, mais c'était plus simple de faire les quatre cents coups avec une bande d'amis.

« Vraiment, tu penses que je leur plairais ? Je doute que tu puisses me les présenter... mais si l'occasion se présentait, je ne dirais pas non. » répondit Shell en se retournant sur la branche pour pouvoir regarder sa camarade.

C'est sûr que des princesses qui grimpent aux arbres, ça ne court pas les rues. Des princesses tout court non plus, d'ailleurs et encore moins des tortues grimpeuses.

C'est sûr que Friday et ses amis ne devaient pas beaucoup tenir à leurs noms d'origine. Surtout s'ils n'avaient jamais connu leur famille. D'ailleurs, leur famille devenait leurs amis à partir du moment où ils entraient en orphelinat, alors c'était normal qu'ils soient rebaptisés. Qui dit changement de famille dit aussi changement de nom, non ?

« Ils doivent être sympas aussi, tes frères Bob. Mais pauvre Bob l'éponge... ! J'aime bien le dessin animé, enfin le personnage, mais la vaisselle, c'est vraiment pas mon truc. En fait, tout ce qui n'est pas drôle n'est pas mon truc. Moi, j'aime monter aux arbres, courir, faire des blagues et dessiner pendant les heures de cours (à part pendant l'Histoire de la Magie où là, je peux pas m'empêcher de fermer les yeux et de partir dans les nuages avec les oiseaux). Toi, t'aimes faire quoi ? À part me piquer mon arbre – je rigole, ne t'inquiètes pas...»

Le Quidditch, ça lui disait bien, à Joyce, mais elle n'était pas sûre de pouvoir faire un match tout de suite. Enfin quoi, elle venait d'arriver à Poudlard et elle passait un peu pour la cancre de service dans sa classe et elle ne voulait pas redoubler. Alors, pour le moment, il fallait qu'elle pense à s'accrocher un peu. Elle n'aurait jamais pensé dire (enfin penser) une chose pareille, un jour. Mais même si son père était assez cool niveau scolaire (« Fais comme tu le sens, du moment que plus tard, tu trouves un boulot que tu aimes pour payer ce que tu as dans ton assiette », disait-il), sa mère ne laisserait sûrement pas passer un redoublement et là, c'était sa vie à Poudlard que Shell risquait.

« Je pense que j'irai le voir, ce match. Je ne pense pas être prête à tenter, pour le moment, je ne voudrai pas faire perdre l'équipe. Je vais le voir et je vois si je me sens capable de faire ça. Et toi, tu joues ? »

Comme Friday devait se sentir seule ! Vivre sans parents, c'était franchement horrible... Certes, elle était libre, mais bon... Les avait-elle connus, au moins ? Où était-elle allée à l'orphelinat sans connaître les joies d'une vraie famille ? Visiblement, c'était la deuxième option, celle que Joyce supportait le moins, que l'aînée avait subie, vu ce qu'elle avait dit (ça ne peut pas me manquer vu que je n'en ai jamais eu)...

« Tu... ne les as jamais connus, tes parents ? » parvint-elle à articuler.

« Enfin quoi, ressaisis-toi, andouille », se disait Shell. « Ce n'est pas la mort, elle n'a pas de parents, et ça n'a pas l'air de la déranger tant que ça... »

C'était sûrement l'amour qu'elle ressentait pour ses parents qui la poussait au bord des larmes, Pourtant, elle n'était pas une fille sensible, enfin au moins elle essayait de le cacher. Elle avait encore plus de peine que Friday. Pourtant, cette dernière avait choisi sa famille qu'elle avait constituée de ses amis et c'était sûrement mieux comme ça.

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