Entrons en rébellion ! [Viska]

Viska s’était laissée entraînée dans les toilettes mais elle se doutait de ce que Victoire voulait lui dire, or elle allait devoir doucher l’enthousiasme de son amie : Viska n’avait aucune envie d’attirer à Poudlard plus d’ennuis. C’était une chose de faire des recherches dans le château avec des professeurs à proximité pour leur venir en aide en cas de pépin, c’en était une autre que de se rebeller contre ceux qui avaient ces mêmes profs’ en otage. Viska n’avait aucune envie que leurs enseignants, même variablement respectés, subissent les conséquences de leurs agissements. C’est pourquoi, bien que se refusant à toute participation active à la scolarité revisitée de Magicis Sacra, n’avait plus fait parler d’elle depuis le jour de l’arrivée de Freja.

Ayant obtenue des preuves de vie dans les premiers jours, elle restait depuis lors effacée et sage de façon à assurer aux adultes enfermés une forme de sécurité. Elle avait conseillé à qui voulait l’entendre de faire comme elle : c’était ce qu’elle appelait de la résistance passive. Elle faisait tout ce qu’on lui demandait mais elle n’y mettait aucun entrain, de plus, elle était loin d’avaler les couleuvres présentées en classe. Elle n’avait pas changé d’avis sur MS ou sur les moldus, elle faisait juste preuve de prudence. Elle regrettait que Victoire veuille faire bouger les choses, elle plus que quiconque devrait savoir ce qu’ils risquaient en se faisant remarquer. Après les professeurs, Magicis Sacra pourrait très bien s’en prendre à leur famille ! Celle de Viska, en plus, était quasi uniquement composée de moldus – elle ne comptait pas son père biologique qu’elle n’avait jamais rencontré -. Ils étaient des proies trop faciles pour des sorciers de cette envergure. Risquer sa peau à elle était déjà discutable à son sens, mais celle de ses parents, il n’en était pas question.

C’est pourquoi, dans un premier temps, elle avait écouté Victoire en la dardant d’un regard glacial. Elle n’avait rien contre les Gryffondors, mais c’était typiquement une idée de lion de foncer sans réfléchir. Cela n’en avait peut-être pas l’air, et pourtant Viska avait toujours planifié avec soin les interventions de la brigade. Sous des airs de fausse impulsivité, la vipère avait toujours cherché à préserver les membres de la BAM. « Je suis désolée Victoire, mais je vais devoir décliner. » Elle hésita alors entre développer en parlant de ses parents, des enseignants, etc. mais elle n’en eut pas le loisir car il y eut un bruit étrange, un peu comme si quelqu’un avait ouvert une bouteille de champagne, sauf que le bruit venait de l’extérieur.

Viska s’approcha de la fenêtre en fronçant les sourcils, vaguement curieuse, et là, elle vit le bouclier qui entourait Poudlard devenir visible alors que d’habitude il était parfaitement impossible à repérer tant il se fondait dans le paysage. « Victoire ! Regarde ! Le bouclier ! » cette fois-ci, elle était un peu plus vivante et ressentait même un brin d’excitation : l’apparition du bouclier voulait forcément dire que des gens de l’extérieur étaient venus les sauver ! « Il faut qu’on fasse quelque chose... » Pas entrer en rébellion, ça, elle pensait toujours que c’était une mauvaise idée, mais peut-être rassembler les autres pour qu’ils soient plus faciles à trouver ?

Viska ne prit pas la peine de répondre aux récriminations d‘autant que l’apparition du bouclier qui entourait l’école était nettement plus intéressant que leur divergence d’opinion. Il semblait assez clair qu’elles ne tomberaient pas d’accord et que Victoire se trompait en ce qui concernait les objectifs de la BAM. Si il était bien question de lutter contre la Menace, ce n’était pas au dépend de leur proche ou d’eux-même. Ils n’étaient pas l’AD et, au demeurant, la Menace n’était pas Voldemort non plus. Bien sûr, si ses amis étaient en train de se faire torturer sous ses yeux, s’il y avait maltraitance, elle commencerait aussitôt une guerilla, mais en l’occurrence, ils étaient tous dans une relative sécurité… et celle-ci ne dépendait que de leur comportement.

Voir le bouclier apparaître faisait quand même naître l’espoir en Viska qu’au dehors, il se passait des choses : ils seraient peut-être bientôt libre. « Si, il est sensé être invisible, s’il est apparu c’est sûrement que quelqu’un à l’extérieur essaie de le briser. » répondit-elle dans un premier temps, se haussant sur la pointe des pieds pour mieux voir à travers l’étroite fenêtre (comme si ses talons ne suffisaient pas). La pique de Victoire l’agaça au plus haut point, son amie semblait ne rien comprendre du tout et y mettre beaucoup de mauvaise volonté. « Il n’a jamais s’agit de se défiler, seulement de ne pas se comporter comme des idiots. » Répliqua-t-elle froidement, l’air autour d’elle semblant subitement avoir perdu quelques degrés. La patience n’avait jamais été la plus grande qualité de Viska, ça ne s’était pas beaucoup arrangé avec les années.

Une partie d’elle était prise d’une pulsion de violence, née de la frustration de leur situation depuis deux mois, qui lui donner envie de prendre Victoire par la gorge et de lui faire mal. Mais Viska était bien plus stable psychologiquement que sa tante Myrielle, et si les pulsions étaient les mêmes, elle savait les réfreiner. Elle serra les poings et les rouvrit plusieurs fois pour se concentrer sur ce qu’elles devaient faire maintenant, avec la donnée nouvelle à leur disposition.

« Vu que MS est déjà ici, ça ne peut être que ceux de notre camp. » déduit-elle après un dernier regard vers l’extérieur. « On peut supposer qu’il va y avoir une bataille rangée, mais l’an dernier ça n’avait pas vraiment été en notre faveur. Vu que nous n’avons pas de connaissance suffisante pour nous battre contre MS, nous pourrions rassembler tout le monde dans un seul endroit dès que le bouclier aura céder pour que nous soyons plus faciles à trouver... » Elle réfléchissait à voix haute : elle était douée pour rassembler des gens autour d’elle, mais même en se passant le mot, il y avait un risque que certains n’aient pas le message. De plus, si elles avaient vu le bouclier, elles n’étaient sûrement pas les seuls, et MS devait déjà avoir une idée de quoi faire d’eux pendant qu’ils se défendraient contre le Ministère.

« Il va falloir être les plus malins... » Magicis Sacra n’avait qu’à bien se tenir, la leader de la BAM était de retour !

« Des énigmes sûrement. » Répondit sobrement Viska qui avait pris l’habitude de devoir participer à des résolutions d’énigmes tordues fomentées par S. Cette dernière était d’ailleurs dans le château assez fréquemment, mais elle était toujours masquée. Viska s’était d’ailleurs demandée, avec sa curiosité habituelle, à quoi pouvait ressembler la spécialiste es sortilèges bizarres de MS, dans la mesure où il était difficile de se faire une idée, car outre ce qui lui cachait le visage, il y avait aussi ces horribles capes et capuches qui camouflaient la silhouette. Viska se consolait du dernier échec de la BAM en imaginait que S. était peut-être une dinde à la silhouette disgracieuse et des furoncles plein de visages.

Visiblement, Victoire n’était pas très douée pour les sous-entendus, c’est pourquoi avec le même ton glaçant que précédemment, elle rétorqua : « C’est idiot : il n’y a qu’une enfant de deux sorciers pour ne pas penser à ce que risquent les moldus en dehors de ces murs. » Rappelons à toutes fins utiles que les deux parents de Viska étaient des moldus, elle ne comptait pas son père biologique vu qu’elle n’avait pas envie de le connaître. Avoir un ex-mangemort dans sa ligne directe la branchait très moyennement, encore moins en ce moment. Bien entendu, elle avait de la famille sorcière : Myrielle, son mari Alexis, et ses cousins (dont Alexandre)… mais ce n’était pas comme ses parents, Viska tenait énormément à eux. Ils l’avaient élevée, ils lui avaient donné de bonnes valeurs, elle était peut-être impitoyable à sa manière mais elle aurait toujours ce bon fond grâce à l’éducation dont elle avait bénéficiée. Victoire ne pouvait pas se mettre à sa place parce que ce n’était pas elle qui était concernée par les volontés de MS mais les gens comme Viska dont les parents étaient moldus. MS voulait la forcer à abandonner sa famille, et elle préférait le faire par la manière douce plutôt qu’ils ne changent d’avis et les tuent. Après tout, ils avaient suspendus des enfants dans le vide il y avait à peine deux ans, rien ne permettait d’affirmer que s’ils échouaient maintenant, ils ne durciraient pas le mouvement avec des méthodes plus « voldemoresques ».

Heureusement pour Victoire, Viska avait mieux à faire que de laisser sa colère éclater. Comme décider quoi faire pour le bouclier à l’extérieur. « Une distraction pourrait être une bonne idée mais il faudrait qu’elle soit de grande ampleur. » Il était peu probable que des petites jeunes comme elles pouvaient mettre suffisament de bazard dans l’école pour distraire Magicis Sacra. Des septièmes années en revanche… « Il faut qu’on trouve des septièmes années prêts à mettre l’école à sac si nécessaire. Sébastian par exemple ! Mais comment trouver les plus grands… qu’est-ce qu’ils ont comme cours à cette heure-ci... » Elle pensait tout haut, chose qui lui était assez habituelle. Dans son état normale, elle était plutôt volubile, le tout était de ne pas la faire retomber dans son état précédent de froideur et de colère qui était plus efficace en duel qu’en stratégie. Victoire n’avait pas l’heur de connaître Myrielle, sinon elle aurait reconnu quelques traits héréditaires dans la conduite de son amie…

Viska perdait patience. Une forte envie de gifler Victoire lui picotait la main. Pourtant, faisant à cet égard preuve d’un self-control admirable, elle inspira et expira calmement par deux fois et s’abstint de répondre. Elle jeta un regard noir à sa soit-disant amie mais préféra ignorer ses paroles dénuée de sens pour se préoccuper du bouclier à l’extérieur. Il était probable que ce conflit larvé entre elles aurait des conséquences dans un futur proche sur leur amitié car Viska avait la rancune facile. Elle trouvait très pompeux de la part de Victoire de s’inclure dans le « nous » des manipulés et autres alors qu’elle n’avait jamais eu à souffrir des actes de MS. C’étaient les Serpentards qui avaient vu leur maison mise à sac deux ans auparavant, qui avaient subi les brimades des autres maisons de Poudlard (dont les brillants Gryffondors, rappelons-le!). C’étaient Erin et Julian qui avaient été manipulés, des gens avec qui Victoire n’avait aucun lien (à ce sujet, Viska n’en a pas avec Julian mais ce n’est pas le propos). C’était Payton qui avait été oubliettée, encore quelqu’un avec qui Victoire n’avait aucun lien direct. C’étaient les enfants de moldus comme elle qu’on menaçait de séparer de leurs parents à tout jamais. Victoire ne risquait RIEN. C’était facile d’être courageuse quand on n’a absolument rien à perdre.

Oh ! Viska connaissait ses classiques et la grande histoire des Weasley lors de la guerre contre le Seigneur des Ténèbres. Elle ne doutait aucunement que la famille de Victoire souffrait encore des pertes essuyées alors, mais la Gryffondor n’y avait eu aucune part, elle n’était même pas née. Viska trouvait son (ex ?)amie présomptueuse, irréfléchie et injuste. Mais vous remarquerez que les deux jeunes filles ne sont pas dans la même maison. Viska n’avait aucun préjugé sur les maisons en arrivant à Poudlard, et elle avait été répartie à Serpentard car c’était cette maison qui correspondait le plus à son caractère. Elle aspirait à de grandes choses et était capable de viser la grandeur avec un certain courage, mais elle ferait toujours passer la sécurité et le bien-être des siens (et d’elle-même) en premier. Se battre contre l’oppression, oui. Prendre des risques, oui. En faire prendre à ses parents incapables de se défendre, non, bien sûr que non, surtout que Victoire semblait oublier qu’il y avait une différence fondamentale entre chercher des points faibles à MS bien en sécurité dans la salle sur demande et se battre contre eux de front. Viska avait beau être orgueilleuse, elle ne se voyait pas réussir là où le professeur McGonagall avait échoué. Et proposer Quino comme perturbateur allait dans la même lignée de bêtises : comment un troisième année comme elles pourraient-ils provoquer MS sans risque pour sa sécurité ? Victoire allait-elle continuer à repousser sans cesse les limites de la bêtise ?

Mais encore une fois, Viska garda le silence. Elle s’était remise à réfléchir mais pour elle-même. Elle n’avait plus envie de rien partager avec Victoire qui la heurtait et la blessait à chaque parole qu’elle prononçait. Et de son côté, la blonde serpentard ne tenait pas plus que ça à lui rendre la pareille, à la blesser, car Viska était profondément gentille (tout narcissisme mis à part). C’était aussi pour ça qu’elle se taisait : elles n’arriveraient pas à se mettre d’accord, leur vision des choses étant bien trop diamétralement opposée. Cela valait malheureusement aussi pour le plan immédiat.

Le silence ne pouvant pas perdurer plus longtemps, Viska chercha une partie de l’idée de Victoire qu’elles pourraient utiliser sans risque pour personne et qui n’envenimerait pas leur dispute. La serpentard avait assez de recul à la fois sur son caractère (loin d’être souple) et sur la situation pour que sa colère, très vive aux paroles de Victoire, s’amenuise au fur et à mesure que le silence permettait à son esprit de retrouver son calme. Elle ne changeait pas d’avis sur le fond, mais trouvait de la consolation à ne pas avoir cédé sur la forme en ne se laissant pas aller à son mouvement d’humeur. Bien sûr, elle en voulait toujours à Victoire de ne pas faire l’effort de se mettre à sa place, car Viska était, comme nous l’avons déjà évoqué, plutôt rancunière. Il faudrait à l’avenir qu’elles y reviennent calmement. Ce n’était ni le moment, ni l’endroit…

« Peut-être devrions-nous nous séparer pour trouver le plus de monde possible : moi les septièmes années et toi Peeves ? Et en même temps, c’est sûrement plus dangereux d’opérer seule... » De fait, Viska hésitait, surtout qu’elle se disait que son plan était peut-être faussé par son désir de s’éloigner de Victoire, ce qui ne serait pas franchement une grande preuve d’intelligence… Dur, dur de faire la part des choses quand on n’a que quatorze ans !

Viska gardait les bras croisés sur la poitrine et ses doigts seuls bougeaient, tapotant le tissu de son uniforme dans un rythme qu’elle seule entendait. Sa colère froide n’était pas retombée mais le fait que Victoire ait cessé de parler de ce qui la contrariait (Quino, sa propre implication dans la lutte contre MS…) l’aidait à être un peu plus « normale » avec la Gryffondor. On était cependant encore loin de l’attitude pétillante que Viska ne se privait pas d’afficher la plupart du temps. Bon sang ne sachant mentir, la vipère avait sans le savoir un comportement plus proche de celui de sa famille sorcière, les Symphonie, que de sa mère – qui était une vraie crème -. Une différence fondamentale demeurait toutefois entre la partie sorcière des ascendants de Viska : elle avait eu une éducation parfaite, dénuée de tout abus, aussi, bien que prompte à la colère, elle savait ne pas y céder. C’était d’autant plus vrai quand les enjeux étaient de taille comme c’était le cas en ce moment. Le bouclier était certes désormais visible de tout le château, toutefois, il fallait créer une cohésion chez les élèves pour espérer servir à quelque chose aux adultes venus de l’extérieur.

Elle finit par quitter sa posture, tâchant de dénouer la tension dans ses épaules. Elles devaient se bouger. « Admettons. Nous n’avons qu’à y aller alors, il n’y a pas de temps à perdre si nous devons prévenir tous les tableaux ! » Viska s’approchait de la porte d’entrée, pas totalement convaincue par ce plan mais décidée à passer à l’action. Toutefois, ni Victoire, ni Viska, ne parvinrent à leur but. Une femme, S à en juger par ses vêtements oranges (son visage était toujours masqué), venait d’entrer dans les toilettes, une boule de cristal dans une main et sa baguette dans l’autre. Il ne lui avait fallu pas plus de quelques secondes pour les immobiliser toutes les deux. « Désolée mesdemoiselles mais vous n’irez nul part. Vos camarades sont déjà en train d’être tous transférés dans la Grande Salle dont vous ne bougerez pas jusqu’à la fin de la visite de vos sauveurs. » On entendait le sourire dans la voix de S ce qui avait tendance à agacer Viska même si elle était dans l’impossibilité totale de dire quoi que ce soit, soumise au sortilège dont d’autres personnes dans le château avait déjà fait les frais. « Vous êtes vraiment naïves… vous pensiez vraiment que je n’avais mis en place aucun dispositif de sécurité sur les membres de votre petite brigade ? Enfin, après tout, vous n’avez que quatorze ans. C’est sûrement normal. » Les voilà maintenant soulevées de terre et transportées comme des sacs de pomme de terre dans le couloir. Viska ne pouvait que bouger les yeux donc elle les tourna vers Victoire pour vérifier comment elle allait… encore qu’elle ne risquait pas vraiment de se laisser abattre si on en croyait ses grands discours d’il y avait à peine quelques minutes. En cours de chemin, S sembla se rendre compte que la position des deux adolescentes n’était pas confortable, elle leva son sortilège, le remplaçant par l’apparition de cordes en forme de serpent qui contraignaient leurs mouvements mais leur faisait perdre en raideur. Elles avaient aussi recouvert l’usage de la parole. Pourtant, Viska était incapable de trouver quoi que ce soit à dire… cela ne faisait que confirmer ses craintes initiales : elle n’avait pas le niveau pour affronter en face à face des adultes de l’acabit de MS.

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{HRP : Je te laisse décider si on raconte encore un peu le trajet avec S ou si on s'arrête là !}