Un manoir pour une poupée de cire

La famille Greengrass était comme toujours invitée chez les Sang-Pur même si elle n'en faisait pas entièrement partie. Comment ce père moldu avait-il réussi à se faire si apprécier des sorciers ? Cela restait le plus grand mystère du siècle. Cependant, il y avait eu un petit changement à d'habitude. Daphné, qui avait toujours réussit à fuir les soirées chez les autres, n'avait pu dissuader son père cette fois-ci. Qui avait-il pu se passer pour que cet homme veuille à tout prix montrer sa fille ? Habituellement, plus elle était cachée, mieux c'était. Alors pourquoi ? La jeune brune regarda son majordome dans l'espoir d'une explication mais le voyant hausser les épaules avec une mine navrée, elle comprit que cette fois-ci elle ne pourrait plus fuir ses responsabilités. Prenant soin de couvrir ses épaules pour éviter les regards indiscrets qui voudraient voir ses nombreuses cicatrices, la jeune fille sentit une présence derrière elle. Se détournant rapidement pour faire face à cette présence, elle écarquilla des yeux en voyant son père dans sa chambre. Que... qu'allait-il faire ? Déglutissant, ses lèvres s'ouvrirent légèrement, son corps totalement paralysé.

« Tu as intérêt à faire de faux pas ! »

- Non, père.

« J'espère. Sinon tu sais à quoi t'attendre... »

Daphné ne baissa pas les yeux mais de détourna vers le miroir. Reprenant comme si de rien était, elle glissait délicatement ses doigts fins dans sa chevelure foncée. Tout en se regardant plus attentivement, elle se demandait vraiment si Raphaël l'aimait toujours ? Allaient-ils pouvoir correspondre pendant ces vacances ? Aurait-elle le droit à le voir au moins une minute ? Soupirant en se faisant violence pour ne plus penser à lui, elle détourna son regard vers ses affaires. Sa mère lui avait laissé quelques ustensiles de maquillage et la jolie Serpentard les regarda avec insistance, rêveuse.
Quand elle sortit de sa chambre, la jeune fille partit rejoindre ses parents dans le Hall d'Entrée comme convenu. Arrivée en bas, son père la regarda avant de lui lancer « Tu ressemble vraiment à une p**** ! Va te laver ce visage espèce de c****** ! » Elle n'eut pas le temps de réagir qu'elle se retrouvait déjà à terre, la joue rougit par le coup. La mère de Daphné dit à son mari de se calmer, le rassurant comme quoi sa fille allait se laver immédiatement. Hugo, le majordome attrapa la brunette et l'attira dans la Salle de Bain du premier étage.

- Voyons, mademoiselle Greengrass... quelle idée de...

- Je... Pardon.

- Allons, ce n'est rien. Venez ici que je vous lave votre visage...

La jeune fille s'exécuta sans un mot de plus, sentant le gant tiède lui parcourir le visage. Baissant les yeux, elle ne pu s'empêcher de serrer ses poings avec colère. Quand Hugo eut fini, il glissa son index sous le menton de l'adolescente avant de lui relever le visage dans l'espoir de la regarder dans les yeux.

- Vous savez mademoiselle Greengrass, ce n'est pas en le provoquant que vous réussirez à vous imposer en tant que la fille Greengrass.

- Mais...

- Je vous prie, mademoiselle Daphné... ne faites plus ce genre de chose irréfléchie.

- Je...

- Mademoiselle Daphné...

- ...

- ...

- Très bien.

Cet homme avait toujours eu le don de comprendre Daphné et même de la faire parler avec facilité. Il était comme un père aimant qu'elle n'avait jamais connu en ces lieux. Le majordome fit tourner la tête de la Vert et Argent, regardant avec méprit la marque rouge sur la joue de celle-ci. Il avait toujours eu envie de frapper le géniteur de cette enfant, mais c'était toujours retenu pour pouvoir prendre soin d'elle malgré tout. Il savait qu'en faisant cela, il serait immédiatement renvoyé, et si il l'était, que deviendrait cette pauvre enfant ?
Il lui fit un sourire bienfaisant, puis passa un gant froid sur la joue avant de l'embrasser sur le front pour lui donner courage. Daphné ferma dans l'espace d'un instant les yeux, appréciant ce baiser. Elle se disait qu'au final, elle n'était plus seule. Raphaël était là tout comme Hugo. Et ces deux hommes prenaient tous les deux soins d'elle comme personne. Elle qui avait pourtant peur des hommes et les haïssaient, elle ne pouvait mettre ces deux là dans le même sac. Est-ce que son frère, Hayden, était fier de ce qu'elle était entrain d'accomplir ?

Arrivée dans leur immense jardin la famille Greengrass transplana à l'aide d'un portelin. Arrivée au lieu de rendez-vous, le père de Daphné prit le premier la marche et frappa à la porte du manoir. La porte s'ouvrit, et une dame d'âge mûr leur demanda d'entrer. Daphné regardait toujours la femme tout en comprenant très bien qui elle était dans cette maison. Une servante. Regardant toujours autour d'elle, elle croisa le regard de son père, un regard dur et méchant. Elle baissa donc les yeux comme il lui avait demandé par l'intermédiaire de ce regard jusqu'à ce qu'elle entende une voix assez criarde. « Bonjour à vous ! Monsieur Greengrass ! Comme je suis heureuse de vous revoir. Madame Greengrass, comment vous portez vous ?! » C'est alors qu'elle remarqua Daphné qui baissa immédiatement les yeux avant de faire une révérence et de saluer la dame. « Oh… comme elle est mignonne ! Daphné c’est ça ? » Daphné ne pu répondre que son père prit la parole. « Oui, oui madame Parkinson. C’est bien Daphné. Mais ne nous occupons pas d’elle. Elle ne le mérite absolument pas ! »

Remarquant le froid, la mère Parkinson changea immédiatement de sujet et reprit la parole. « Ah… Pansyyyyy chérie !!! Les invités sont là ! Viens les saluer. » Puis se détournant vers la famille Greengrass, la jeune femme sourit en rajoutant « Je vous prie d'excuser mon mari, mais il ne va pas tarder à rentrer. Il a été retenu au travail... »
« Bonjour, monsieur. Madame. Je suis ravie de vous voir dans notre humble manoir. » dit Pansy tout en saluant les personnes présentes dans le Hall.
« Vous avez vraiment une charmante fille ! » Reprit le père à Daphné avant de lui chuchoter plus froidement « Tu devrais prendre exemple sur elle ! Elle, au moins, est parfaite comme fille ! » Il termina par « Indigne ! » alors que l'adolescente baissait les yeux.
« … » … « Hum. Daphné, viens avec moi. Laissons les adultes entre eux. » Alors que Pansy commençait à monter les escaliers, Daphné resta immobile, semblant être paralysée. « Et bien qu’attends tu imbécile ! Va la rejoindre ! » Daphné s'exécuta, évitant soigneusement le regard de la famille Parkinson.

Alors que la jeune fille rejoignait la chambre de la Princesse de Serpentard, elle se demandait pourquoi Pansy avait-elle insisté pour l'inviter ici ? Ne pouvant pas le lui demander, Daphné restait donc silencieuse, debout face à l'autre Vert et Argent. « Tu dois te demander pourquoi je t’ai fais venir, non ? » Dit alors la brune alors que Daphné relevait la tête, le regard surprit. Ne bougeant toujours pas, Pansy reprit la parole, comme si elle n'attendait pas de réelle réponse. « Oh ! Greengrass… tu pensais tout de même pas que je t’ai fais venir pour te sortir de ton bourreau de père quand même ? » Resserrant ses poings discrètement, Daphné regrettait de plus en plus sa venue. Déjà qu'elle s'était fait frappée au visage juste avant de venir pour s'être légèrement maquillée alors si en plus elle devait supporter les moqueries constantes de l'autre Serpentard, ce n'était plus supportable. Plongeant son regard froid mais vide, la jeune brunette ne disait toujours pas un mot. Ce n'était pas la peine de se faire remarquer dès à présent. Surtout si c'était pour recevoir une correction devant toute la famille des Parkinson. Pansy saurait se moquer d'avantage d'elle et serait la risée de tous. Mais en réalité, même si Daphné s'en fichait de ce qu'on pouvait penser d'elle, elle n'avait pas envie d'être le centre d'attention à Poudlard.

« Bref… si je t'ai fait venir ici c’est parce que l’heure est grave. Tu veux récupérer ton cher et tendre Gibson, non ? » Daphné resta paralysée par les dires de l'autre jeune fille. Comment ça récupérer Raphaël ? N'était-il pas son petit ami officiel ? Avait-il dit aux autres que tout était fini sans même la prévenir elle ? Elle sentait son coeur battre fort et lui faire mal alors que son visage s'assombrissait de plus en plus. Elle était de plus en plus vide, au point où Pansy la poussa pour s'asseoir sur le lit. Reprenant ses esprits, la Vert et Argent détourna son regard vers la brune. « Tu nous fais quoi là, Greengrass ? Tu as bien vu de tes propres yeux la blonde qui tourne autour de Gibson, oui ou non ? » Bien sûr qu'elle l'avait vu ! Même que Raphaël, qui d'habitude rejetait les filles, l'acceptait avec le sourire. Elle l'avait comme ensorcelé ! Qui était-elle donc ? « Que comptes-tu faire ? » Daphné releva la tête vers Pansy, un regard interrogateur. Que pouvait-elle bien faire contre une fille aussi belle ?

« Alors tu vas le lui laisser ? Pff… moi qui avait un tantinet d’estime pour toi. Tu me déçois bien, Greengrass ! Finalement… j’aurais mieux fait de ne pas t’inviter. » La jeune Serpentard ne savait absolument quoi penser. Voilà que Parkinson se mêlait de sa vie privée et en plus, était de son côté. Qu'était-il arrivé à Pansy pour qu'elle veuille l'aider à récupérer Raphaël ? Ne pouvant toujours pas répondre, Pansy continua son blabla infernal. « Par Merlin mais bats toi ! Récupère ton dû ! Il est à toi, non ?! Alors charme le ! Drague le ! Fais n’importe quoi pour attirer son attention… mais par Merlin bouge ton popotin, Greengrass ! » La brunette regardait toujours avec stupeur l'autre jeune fille, ne comprenant pas bien tout ce qui lui tombait sur la tête. Elle avait toujours fait confiance à son petit ami alors pourquoi devrait-elle douter à présent de ses sentiments ? N'était-il pas lui même venu lui confesser ses sentiments les plus intimes ? Ce n'était pas à cette blonde qu'il était allé les faire, non ?
« Bon sang, GREENGRASS !!! On parle de ton petit ami là ! Et je te rappelle qu’il t’a déclaré ses sentiments avant que l’autre blondasse vienne détruire tes projets ! »

- Co... comment... sais-tu que... ?

« Comment ne pas l’être. Tout le monde était dans la Salle Commune au moment de vos retrouvailles siiiiii romantiiiiiiiiiiiiiqueuh ! » Restant silencieuse, Daphné sentit alors un coup sur la tête. Grimaçant légèrement, elle releva la tête vers l'objet non identifié qui avait osé la frapper. Fronçant des sourcils en dévisageant Pansy, elle attrapa le livre que la jeune fille avait entre ses mains et le posa à ses côtés. C'est alors que Pansy eut une idée farfelue, qui faisait de plus en plus peur à la pauvre Serpentard. « Bon ! Puisque tu vas te battre pour l’avoir, alors je vais t’aider ! Et pour ça… j’ai une idée grandiose ! » Daphné resta paralysée sur le lit jusqu'à ce qu'elle détourna la tête suite à un bruit venant de la porte. Pansy cria d'entrer et là, une jeune femme que Daphné n'avait pas encore vu, vint leur apporter une collation. Il semblait que ce soit, elle aussi, une servante dans cette demeure. « Tu peux disposer Emma. Merci. » … « Oh, c’est ma gouvernante ! Ne t’inquiètes pas, elle ne mord pas. »

- Mais, je ...

« Tatata… ! Bon revenons à nos moutons ! Comme je disais, j’ai une merveilleuse idée mais pour cela, il va falloir l’accord de tes parents. » … « Hum… laisse moi faire. Je me charge de ton père. Il ne pourra pas résister à une aussi gentille fille que moi ! » Rien n'était moins sûr mais après tout, Pansy était la reine de la manipulation alors pourquoi ne pourrait-elle pas réussir. Malgré tout, Daphné ne se faisait aucune illusion, pensant que son géniteur allait tout bonnement refuser pour des questions de "Je ne voudrais pas vous déranger avec ma bonne à rien de fille". Le regard dans le vide, Daphné fut surprise de voir Pansy partir en courant vers le salon. Ne préférant pas venir avec elle, la brunette était simplement restée assise. Elle allait relever la tête vers la fenêtre quand une main l'attira vers le dehors de la chambre. Daphné resta choqua et ne pu résister physiquement. Arrivée devant le salon où se trouvaient les quatre adultes, Pansy attendit un instant avant d'entrer dans la conversation, alors que Daphné baissait à présent la tête.

« Je vous prie de bien vouloir nous excuser du dérangement mais… pourrais-je vous demander quelque chose ? »
« Bien entendu Pansy chérie, qui a-t-il ? »
« Voilà, si monsieur et madame Greengrass sont d’accord, pourrions nous garder Daphné avec nous ces vacances ? Nous nous amusons vraiment bien ensemble et nous aimerions rester d’avantage ensemble ! Alors ?! » reprit alors la Serpentard.
« Et bien… si ses parents sont d’accords, effectivement je ne vois pas d’inconvénient à ce que Daphné reste parmi nous. »
« Hum… je suis désolé mais je doute que cela soit une bonne idée. Elle serait trop encombrante pour vous et… » répondit alors le père de Daphné. Il ne voulait pas perdre son souffre douleur et encore moins ne pas pouvoir la surveiller pendant les vacances, seuls moments où il pouvait encore la voir.

« Oh, excusez moi monsieur Greengrass, mais je vous assure que cela ne posera aucun problème. Et puis comme cela, vous pourrez vous-même être tranquille et passer de bonnes vacances avec votre femme. » Pansy semblait vraiment déterminée au point même de devenir indiscrète.
« Pansy chérie… » commença sa mère quand...
« Pardon de mon insolence monsieur Greengrass. Mais cela serait-il mal que votre fille apprenne enfin les manières d’une vraie fille de Sang-Pur ? »
« Ce n’est rien, ce n’est rien. Hum… et bien… en effet, si nous le voyons sous cet angle… mais… » Ne pouvant pas relever la tête, Daphné restait totalement paralysée. Elle espérait à la fois être libre de son père et pourtant, quelque chose lui disait que cet été n'allait pas être le plus beau de sa vie non plus. Que faire ? « Vous êtes sûr qu’elle ne vous sera pas un poids ? » demanda alors le père de la brunette, espérant une réponse positive. Il allait devoir lâcher prise, mais pour le moment ne l'admettait pas.
« Oh, non je vous l’assure. Ce serait même un plaisir de nous occuper d’elle. Nos filles pourront donc s’amuser ensemble. » dit alors le père Parkinson.
« Je vois. Bon et bien c’est d’accord alors ! » Il venait de la laisser partir pour deux mois puis une année encore à Poudlard. Que venait-il pas de faire ? N'était-il donc pas entrain de perdre sa fille ? « Mais attention, tu as intérêt à bien te comporter ! Au moindre faux pas… tu sais ce qu’il t’attend ! » reprit-il d'un ton glacial, faisant frissonner l'adolescente qui était malgré tout soulager de ne pas supporter les coups pendant ses vacances d'été. Elle ne pourrait jamais se mettre en maillot de bain par la faute de son père, mais au moins, elle pourrait sortir librement au soleil.
« Bon les filles, retournez jouer dans votre chambre ! » dirent les parents de Pansy alors que les adolescentes se reculaient lentement pour partir.
« Oui maman ! Merci ! Merci monsieur et madame Greengrass. »

- Bien madame. Merci de votre hospitalité ! dit-elle avant de se détourner vers ses parents, sans vraiment les regarder. Merci père. Merci mère. Elle les salua dans une magnifique révérence puis rejoignit Pansy dans les escaliers.

Et dire que tout ne faisait que commencer...