Les deux jeunes élèves, l’un assis, l’autre allongé, attendait de nouveau avec patience. Erwan avait fermé ses yeux, ce qui n’apportait pas de réelle différence pour lui. Sa camarade ne pouvait voir son geste, puisqu’il lui tournait le dos, étant adossé au canapé. La main de la jeune demoiselle vint se poser sur l’épaule du roumain qui rouvrit alors les yeux, à la fois surpris par ce contact qu’il n’avait pas prémédité, mais aussi rassuré. Etant aveugle, il possédait un certain sens qui n’était pas présent chez les autres… Une capacité sensorielle qui n’était pas vraiment l’ouie, ni tout à fait le toucher… C’était autre chose… Une autre façon de sentir les choses et les personnes… En cet instant, il pouvait sentir grâce à ce simple contact ce que pensait la jeune fille qu’il avait fait chutée. Elle semblait comprendre… plus ou moins. En tout cas, elle ne semblait pas ressentir de réelle colère à son égard. A peine soulagé néanmoins, le roumain attendait l’arrivée de son soleil… ou alors de l’infirmière…
Le temps passa doucement… puis, la porte s’ouvrit. Erwan se redressa alors, ne reconnaissant le pas de Merryl qu’après une courte analyse. Elle n’était pas seule. L’infirmière devait l’accompagner. Effectivement, il reconnu la voix de la femme chargée de soigner les nombreux élèves de cette école magique. Erwan restait debout, droit, légèrement tendu. Il sentit la main de Merryl le frôler dans un but rassurant, ce qui eut le mérite de le détendre légérement. L’infirmière s’enquit de l’état de la blessée.
Elisabeth semblait assez hésitante dans ses propos, aussi le roumain expliqua de son mieux l’état des choses. Mentionnant la possible fracture ou entorse. L’absence du craquement caractéristique, mais la douleur qui restait omniprésente. La femme sembla réfléchir un moment, un silence suivant les propos du jeune homme. Enfin, elle hocha la tête et analysa de plus près la cheville blessée. Elle sourit doucement et s’adressa aux sorciers, la blessée, mais aussi le jeune homme blond :
« C’est bon, ça devrait aller… une entorse. Elle semble être moyennement poussée… deuxième stade je dirais. Tu vas voir, après une bonne nuit à l’infirmerie, et bien sûr, une potion et un baume, tu seras toute neuve ! »
L’infirmière adressa un sourire à la blessée et remercia Merryl et Erwan, puis, finalement, elle expliqua aux adolescents, qu’elle allait lancer un sortilège de lévitation des corps pour transporter sans risque la jeune élève de deuxième année. Erwan hocha doucement la tête, s’avançant avec hésitation vers le canapé… butant doucement contre, il se laissa tomber accroupi et prit la main de la jeune fille :
« J’espère que ça va aller… je viendrais te voir dès ton réveil demain. Je te le promets. »
Il esquissa un pâle sourire, tandis que l’infirmière exerçait le sortilège sur la demoiselle à la cheville invalide…
[Fin pour Erwan]