« Ah mais je suis pas d’accord ! »
Sur le ton du débat, Wendy, petite indienne en deuxième année à l’école Poudlard, tenait la bavette à un personnage de tableau. Etrange ? Non. Parce que Poudlard est l’école de sorcellerie de Grande Bretagne, et qui dit sorcellerie, dit plein de trucs magiques à tous les coins de couloirs. Bon, là en fait, on était en plein milieu du couloir, mais vous avez saisi l’idée.
Et là, le vieux croûton dans sa peinture, avait balancé une remarque en vrac dans le silence, on ne sait même plus laquelle c’était, et qui avait valu que la gamine s’était retournée sur lui, braquant un doigt accusateur sur l’indélicat, et le sermonnait vertement. Le respect des vieux ? Mouais, pas tellement au programme du jour.
Les autres personnages des tableaux voisins avaient tendu l’oreille, discrètement ou pas, pour écouter la conversation. Voir même avaient tenté une intervention, mais les deux protagonistes d’origine ne relevaient pas les remarques et continuaient leur discussion animée.
« Je pense que c’est mieux d’être un fantôme ! » Avait déclaré le personnage, petit bonhomme un peu bossu, à la calvitie assez prononcée, les vêtements rapiécés.
« Ah ben oui, mais non, être un personnage de tableau c’est bien plus drôle ! » avait argué la miniature plus tellement petite de chez Poufsouffle. « Vous pouvez aller voir partout où sont vos tableaux, et passer dans les tableaux des autres. Vous êtes bien plus libres ! » Elle s’emportait (dans le bon sens du terme) dans sa démonstration, persuadée qu’elle avait raison, et voulant persuader son interlocuteur imaginaire. Bien entendu, la discussion tirait en longueur, chacun étant persuadé qu’il fallait convaincre l’autre du bien fondé de son raisonnement… Dialogue de sourd ? Oh oui, bien sûr. Mais pour le moment, personne ne semblait l’avoir remarqué, entre la petite fille et le vieux bonhomme. Quelques tableaux spectateurs étaient repartis à leurs occupations plus ou moins intéressantes, d’autres commençaient à grommeler que les bruits de paroles entre les deux les dérangeaient, et les derniers écoutaient pour s’endormir à nouveau.
Le vieux répliqua alors que les fantômes peuvent interagir avec les humains, plus ou moins solidement, qu’ils peuvent passer à travers les objets, ou jouer des tours aux autres, avec l’aide des esprits frappeurs. C’était vrai que sur ce point, il n’avait pas tord. Mais Wendy n’en démordrait pas ! Les personnages des peintures avaient la chance de pouvoir vadrouiller d’une peinture à une autre, qu’elle soit celle d’à coté, ou à l’autre bout de la terre. Les fantômes, eux, étaient en général cantonnés à hanter toujours les mêmes pièces jusqu’à la fin de l’éternité ! Si ça ce n’était pas de la malchance !
« Mais j’avoue que les fantômes de Poudlard ont de la chance, parce qu’il y a toujours de nouvelles personnes à rencontrer. Mais vous aussi, les tableaux, vous rencontrez des gens, quand ils passent devant vous ! »
« Faudrait p’tet déjà qu’ils pensent à s’arrêter devant ma toile, pour que je leur cause, à ces garnements ! » avait persiflé le vieillard.
Ah ! Làlà… Pas évident de se mettre d’accord !
[j'ai compté 526 mots]
[Pour Eric Madrown]
§§§