Petit repos au dortoir (bien mérité ?) [Terminé]

Encore cette fichue routine ! Dormir, se lever, manger, aller en cours, re-manger, re-aller en cours, et puis comme si on ne savait pas quoi faire d'autre, manger à nouveau, et puis re-dormir. Voilà, c'était ça, une journée, pour une petite de 12 ans ? Non, Juliet ne pouvait se résigner à ça. Elle avait beau comprendre que l'on ne pouvait pas échapper aux cours et aux repas (enfin, si, on le pouvait si on le voulait, mais bon, ce n'était pas super non plus), elle voulait échapper à cette routine. Et le seul moyen qu'elle trouvait d'y parvenir, c'était d'aller dans des endroits insolites au gré de l'imagination, ou bien d'écrire. Car écrire n'est jamais une routine, finalement, car on ne peut écrire deux fois la même chose. Bien sûr, vous allez me dire que pour les cours, c'est pareil, deux cours ne peuvent jamais vraiment être pareils, sauf que pour Juliet, ce n'était pas pareil. La comparaison ne pouvait se faire parce que les cours dépendaient essentiellement du prof, alors qu'écrire, cela ne dépendait que de Juliet. Libre à elle d'arrêter, de jeter son carnet dans les airs, de sortir en courant et de crier dans les couloirs, puis aller dans le parc et de plonger dans le lac... Enfin, non, quand même pas. Ce n'était pas que Juliet n'en était pas capable, c'était juste que si elle plongeait dans le lac, elle serait malade, et quelqu'un trouverait le moyen de l'emmener à l'infirmerie, chose qu'elle ne supporterait pas. Quoique, en même temps, cela changerait de la routine... Non, Juliet détestait tellement tout le milieu médical qu'elle ne pourrait pas faire cela, même si c'était pour échapper à la routine ! Et puis même, il y avait d'autres moyens pour y échapper, il suffisait de les trouver... Le plus souvent, notre petite n'essayait même pas de les chercher, elle se contentait juste de ne pas suivre les grosses masses. Comme par exemple à la fin du dîner, toute la table de Serdaigle se levait et montait les escaliers pour aller dans la salle commune. Hé bien, Juliet, au lieu de les suivre, elle restait à table, jusqu'à ce qu'on lui dise qu'il valait mieux qu'elle parte, et même une fois qu'elle avait quitté la table, elle refusait d'aller dans la salle commune, et errait un peu partout, au gré de son imagination. Le problème, c'est que les élèves ne peuvent pas rester éternellement dans les couloirs, et il arrive un moment où on est bien obligé de retourner dans son dortoir. C'était exactement ce qui venait d'arriver à notre pauvre petite, qui venait de croiser Rusard qui l'avait sérieusement réprimandée.

"Oh oh ! Mais que fait une si jeune fille hors de son dortoir à la limite du couvre-feu ? Dépêche-toi, jeune fille, dans exactement cinq minutes, je pourrais t'infliger toutes sortes de punitions avec un bon prétexte sous la main... En plus, Serdaigle, il te reste du chemin à parcourir..." grinça-t-il entre ses dents en se frottant les mains, peut-être était-il en train d'imaginer un plan pour attraper Juliet avant qu'elle n'arrive à son dortoir. Il s'éloigna donc discrètement en grommelant d'un air satisfait : "Bientôt, si ça se trouve, il n'y aura plus besoin de prétexte valable pour cela... Oooh, chère Dolores !"

Mais Juliet n'avait pas l'intention de se laisser avoir comme cela. Au lieu de prendre le chemin habituel pour se rendre à la salle commune des aigles, elle prit un chemin détourné, en prenant le risque de se faire avoir par les escaliers, ce qui bien évidemment arriva. Heureusement, elle ne croisa ni Rusard, ni Miss Teigne sur son passage, ils avaient du penser qu'elle avait pris le chemin logique pour aller dans la tour de Serdaigle, et arriva dans le dortoir complètement épuisée. Epuisée, mais contente : elle avait échappé à la routine. En arrivant dans le dortoir, elle se laissa tomber sur son lit, mais aperçut qu'une petite tête blonde la regardait. C'était Daphne. A vrai dire, Juliet n'avait pas tellement l'habitude de parler avec ses camarades, le soir, mais la petite blonde avait l'air d'avoir aussi envie de changer les habitudes. Bon, après tout, Juliet était bien partie pour échapper à la routine, ne pouvait-elle pas continuer sur cette voie ?

"Pfiouuu, un jour, Rusard finira par m'avoir..." dit-elle simplement, car c'était la seule chose qu'elle avait trouvé à dire pour lancer la conversation. Et puis, si les deux petites avaient l'air d'avoir la volonté de discuter, cela devrait marcher, non ?

[753 mots]

&&& Tous

Juliet était assise sur le lit, et regardait le plafond. Bien sûr, elle s'était bien relevée un peu pour parler à Daphne, parce qu'elle avait bien senti son regard qui était porté sur elle, mais elle était quand même d'humeur un peu boudeuse. Elle était bien dans les couloirs, elle, pourquoi Rusard était venu l'embêter ? Forcément, à chaque fois qu'on a l'impression d'avoir un peu de liberté, dans cette école, on nous réprime directement ! Et cela encore plus depuis cette année... Maintenant que la tête de Dumbledore apparaissait de moins en moins souvent dans les couloirs... Là, en ce moment, la petite s'imaginait encore et toujours Rusard qui prenait un certain plaisir à prendre sur le fait les élèves hors des dortoirs, et cela la faisait grogner. Il y en avait toujours qui avaient plus de pouvoirs que d'autres, alors qu'ils ne le méritaient pas spécialement, c'était vraiment pas juste ! En tous les cas, Daphne avait du comprendre ce qui se passait dans l'esprit de Juliet, (et sûrement grâce à sa réflexion aussi) puisqu'elle se décida à continuer la conversation, ce qui étonna un peu Juliet. La petite blondinette était très gentille, mais il était vrai qu'elle avait toujours un peu de mal à parler avec les gens. Pourtant, elles se connaissaient depuis plus d'un an, maintenant, avec Juliet. Celle-ci n'était pas spécialement timide, au contraire on pouvait même la qualifier de tête brûlée par moments quand elle tenait tête aux plus grands qu'elle (notamment ce grand poursuiveur de Serpentard qu'était Raphaël Gibson), c'était juste qu'il lui arrivait assez souvent de ne pas vouloir parler. C'était aussi bête que cela. Mais là, elle venait de se faire refouler par Rusard, et s'était réfugiée dans son dortoir à contre-coeur, aussi n'avait-elle pas envie d'aller dormir. D'autant plus que Daphne paraissait mourir d'envie de discuter un peu. Après tout, pourquoi pas ?

"Oui... C'est marrant le désir de liberté qu'on peut avoir en ce moment... En fait, j'ai l'impression que plus ils sont stricts, et plus j'ai envie de faire ce que je veux, sans tenir compte d'eux. La prochaine fois, tu pourras venir avec moi, tu verras, ça donne une bouffée d'air."

Quoi ? Juliet venait de proposer à Daphne de l'accompagner lors de ses sorties qui étaient ordinairement solitaires ? Alors là, c'était vraiment une première... Surtout que Daphne n'avait pas touché un mot par rapport à ça, aussi si la petite Serdaigle proposait cela, ce n'était que de son propre gré. C'était vrai qu'à voir Daphne craindre à ce point Rusard et compagnie, cela ne lui faisait que donner l'envie de lui montrer que l'on pouvait quand même faire ce que l'on voulait... Ombrage... Pfff, tout ce qu'elle méritait, cette bonne femme, c'était qu'on la fasse tourner en bourrique ! D'ailleurs, Juliet le faisait déjà plus ou moins, à sa manière, bien sûr. Parce qu'elle aurait pu intégrer l'A.D, mais déjà, elle ne connaissait pas l'existence de cette association autour d'Harry Potter, mais en plus, ce n'était même pas sûre qu'elle veuille y participer. Pourtant, cela n'avait pour but que de défier Ombrage (bon, et de s'entraîner, aussi, mais bon...), et on pouvait penser que c'était aussi le but de Juliet, mais la petite ne se rendait qu'à moitié compte de cela. Et puis, elle préférait le faire seule, aussi...

"Ouais, mais Rusard de toute façon... Il est pas très malin, non plus. Le seul truc qu'il peut me faire, pour l'instant, c'est donner des retenues." dit-elle simplement, comme si elle était totalement lassée des retenues, alors qu'elle n'en avait encore jamais eu. D'ailleurs, on pouvait se demander par quel miracle elle avait réussi à y échapper, alors qu'elle ne tenait pas forcément compte de toutes les règles.

Mais bon, après tout, elles n'allaient pas passer leur temps à parler de Rusard, ce n'était pas la star de Poudlard !

"J'espère qu'il va être bien, le match contre Poufsouffle..."

ça, c'était tout du Juliet. Au lieu de dire "ouaiiiis, on va gagneeer ! On est les meilleurs, on va les écraser !", elle espérait simplement que le match allait bien se passer. Bien sûr, là-dedans, on pouvait comprendre de manière physique, c'est-à-dire surtout avec les Cognards qu'elle se prenait à chaque fois dans la figure... Mais c'était aussi d'une manière générale. Elle ne voulait pas de haine entre les deux maisons, déjà que les différents préjugés que chacun subissait à cause de ça l'énervaient suffisamment...

Peut-être que Juliet ne se doutait pas de la chance qu'elle avait de pouvoir parler librement, en tout cas elle ne se rendait pas vraiment compte des difficultés que cela posait à Daphne. Pour elle, la petite blonde était une gentille camarade de classe, et il n'y avait pas de raison à ce qu'elle reste dans son coin. Ou alors, si elle le faisait, cela devait certainement être par choix, c'était obligé. Elle-même était comme cela, d'ailleurs, la plupart du temps elle restait seule, mais ce n'était pas par timidité, c'était de son plein gré. D'autant plus que comme elle regardait toujours le plafond en parlant, elle ne pouvait pas se rendre compte du bonheur que l'on pouvait lire dans les yeux de sa jeune camarade. De toute façon, qui aurait cru que cela pouvait faire plaisir à quelqu'un de parler avec Juliet ? Enfin, en tout cas, la petite fille se parlait en même temps à elle-même qu'à Daphne, et était déjà en train de songer à ses prochaines escapades ou bien alors au prochain match de Quidditch. Et cela, elle pouvait en parler, puisque Daphne était directement concernée aussi, puisqu'elle faisait partie de l'équipe en temps que gardienne. D'ailleurs, elle avait peut-être lancé un sujet qui permettait à la petite blondinette de parler librement, en tout cas ce n'était pas pré-médité, et d'ailleurs, elle ne se rendit même pas compte que Daphne avait parlé peut-être un peu plus que de coutume. Vous comprenez, ce n'était pas le genre de choses que Juliet pouvait remarquer, d'ailleurs ce n'était même pas sûre qu'elle conçoive l'existence de la timidité. Peut-être était-ce cette absence de pitié (c'est vrai, quelle est cette manie de vouloir s'attendrir des personnes timides ? Elles n'en sont peut-être que plus mal-à-l'aise !) qui permettait à Daphne de s'exprimer librement. Certainement que si elle s'attendait à un regard surpris de Juliet (du genre "Oooooh, elle a parlé ! Miraaaacle !") elle ne l'aurait pas fait. Ou alors c'était tout simplement parce que le désir de parler était plus grand que la véritable nature de la petite fille.
Juliet, quant à elle, se contenta de sourire aux paroles de Daphne, non pas parce qu'elles étaient disproportionnellement longues, mais parce que c'était exactement ce qu'elle pensait, elle-même.

"Oui, pas de rivalités entre maisons, c'est tout ce qu'il faut. Mais bon, dans ce jeu, faut quand même un minimum de compétition, sinon on s'en sort pas. Si on n'a pas envie de gagner, forcément... Mais bon, il y en a qui en font tout un cirque aussi. Et même en dehors du Quidditch, c'est toujours énervant d'être jugé en fonction de sa maison."

Bon, là, peut-être que Daphne ne serait pas d'accord, car après tout Juliet semblait être une des rares personnes à trouver que le système des maisons n'était vraiment pas super, même qu'il lui arrivait de rêver que tout le monde se retrouve ensemble. Mais peut-être que la jeune gardienne faisait partie du petit nombre de personnes qui essayaient de juger les gens sur leur personnalité, et pas sur la maison à laquelle ils appartiennent. Si ce n'était pas le cas, Juliet ne pouvait pas lui en vouloir, c'était vraiment très difficile d'échapper aux préjugés, et elle-même n'était pas sûre d'y réussir.
Tandis que la petite était repartie dans sa vision de Poudlard idéalisé, elle n'avait pas remarqué que Daphne avait du faire face à un combat intérieur intense pour essayer de revenir sur le sujet qu'elle avait précédemment abordé, c'est-à-dire celui de ses petites sorties solitaires. Bien sûr, quand elle avait proposé à sa camarade de l'accompagner, elle n'avait pas pensé qu'elle accepterait, car ce serait bien audacieux de sa part de vouloir rejoindre Juliet dans sa folie intérieure. Car bien sûr, elle ne faisait pas que se ballader sans réfléchir, tout cela était sujet à réflexion, et les réflexions de notre petite Serdaigle pouvaient s'avérer... Assez étranges... Mais bon, cela pouvait être bien après tout de les partager ! Mais ce serait certainement mieux pour Juliet que pour Daphne, la pauvre.
Aussi, quand celle-ci exprima timidement le souhait de l'accompagner, Juliet se releva de surprise. En croisant le regard de la blondinette, elle comprit tout de suite que ce n'était pas pour se moquer d'elle qu'elle avait dit ça, ni même pour blaguer. Quoi ? Comment quelqu'un pouvait accepter une telle proposition en connaissant déjà pas mal le caractère loufoque de Juliet ?
ça, c'était certainement la preuve que Daphne avait un grand coeur, ou qu'elle avait une insoutenable envie de liberté. Oui, cela devait être ça, ce n'était pas possible que ce soit juste pour être avec Juliet, soyons raisonnables...

"Hein ?" s'exclama-t-elle avec surprise, sans faire attention que son exclamation pouvait être interprétée d'une toute autre façon pour son interlocutrice. "Oh, je pensais pas que tu voudrais... Ben, quand tu veux, alors..."

Juliet faillit rajouter "Tout de suite, même", mais en voyant le visage de Daphne, elle se dit que ce n'était peut-être pas une bonne idée de chambouler les bonnes habitudes de sa compagne aussi rapidement.

[848 mots]

Voilà, Juliet avait vraiment tout gagné. Non seulement elle était tellement à fond dans son histoire de maisons qui ne devraient pas exister (mais en même temps, avait-elle vraiment réfléchi au fonctionnement de l'école s'il n'y en avait pas ? Et puis, il fallait avouer que cela ajoutait des côtés sympas, quand même...) qu'elle parlait toute seule, mais en plus, elle avait été tellement surprise de la réponse de Daphne que celle-ci se sentait gênée au point de vouloir disparaître sous terre. Alors que ce n'était quand même pas l'intention de Juliet. Bien sûr, elle pouvait se douter qu'en réagissant comme ça, et en marquant ainsi la surprise, Daphne, connue pour être assez timide et se sentant de trop un peu partout (mais non ! Ce n'était pas le cas !) se sentirait forcément mal à l'aise. Mais bon, on ne se contrôle pas tout le temps. Il fallait se rattraper maintenant. Et peut-être que Juliet n'était pas très douée pour ça non plus, surtout qu'elle était en plein dans son trip de "tout les élèves doit être égaux, il ne doit pas y avoir de préjugés". Mais bon, comment peut-on parler d'égalité quand on a un Rogue au sein du corps professoral ? Lui, on pouvait dire qu'il était tout, sauf impartial. Certainement que tout le monde avait pu remarquer que tous les Serpentard (même les plus médiocres...) avaient des bonnes notes avec lui, et tous les autres, non. Juliet avait même récolté un deux, dernièrement. Bien sûr, on aurait pu penser que ça l'aurait révolté, mais à vrai dire, pas le moins du monde. En fait, elle commençait à être habituée à recevoir des notes comme cela, et elle savait que même si elle donnait le meilleur d'elle-même, elle ne recevrait pas mieux. Alors, maintenant, sa technique, c'était d'avoir le sentiment d'avoir passé un bon moment. Et pour cela, elle n'essayait plus de répondre aux critères de Rogue (qui lui auraient certainement valu un 18 si elle avait été à Serpentard), elle voulait juste s'amuser. Du coup, elle laissait aller libre cours son imagination, et ses copies devenaient très vite de véritables hors-sujets qui amusaient vraiment Juliet. Parce qu'en plus, elle se faisait un plaisir d'essayer de deviner les commentaires de Rogue. En fait, maintenant, elle essayait juste de le surprendre. Elle imaginait déjà sa tête quand il se plongeait dans sa copie où il pouvait voir qu'elle racontait des trucs abracadabrants qui avaient un lien avec les potions assez recherché, et, il fallait bien le reconnaître, assez maigre. Il devait certainement s'arracher les cheveux, et cette vision était très plaisante pour la petite fille, qui, de cette manière-là, arrivait à dépasser l'injustice que tous les élèves subissaient. D'ailleurs, le commentaire qu'il lui avait adressé en lui rendant son deux était vraiment... délectable !
Mais bon, là n'était pas la question, il fallait trouver un moyen de rattraper le coup ! Daphne était sur le point de disparaître sous terre, il fallait remédier à ça ! Le meilleur moyen, dans ces cas-là, c'est la franchise.

"Mais non, qu'est-ce-que tu racontes ! Je ne blaguais pas du tout, quand j'ai dit ça... Et puis même, si je blaguais, tu avais le droit de te tromper, parce que dans ce cas, ça n'aurait pas été très visible. C'est juste que j'étais encore dans mon histoire de préjugés par rapport aux maisons, je ne m'attendais pas à ce que tu me reparles de ça."

Gagné, à présent, Daphne allait culpabiliser du fait d'être revenu sur un sujet qui pouvait être considéré comme "clos". Non, vraiment, Juliet n'était pas douée dans les relations sociales. Avec les personnes qui s'affirmaient bien, cela passait, mais il fallait prendre plus de précautions avec cette pauvre petite blondinette qui pensait qu'elle n'était pas la bienvenue dans les sorties de Juliet !

"Mais t'as bien fait d'en reparler, hein ! Moi j'accepte avec plaisir ! Tu sais, si je n'avais pas voulu, je pense que je te l'aurais dit... Je ne suis pas du genre à ne pas dire ce que je pense... C'est peut-être pas super, d'ailleurs, mais bon. On y peut rien."

Bon, là, c'était peut-être un peu mieux. En fait, il suffisait juste de chauffer le matériel, parce qu'après, cela grinçait un peu moins, certainement. Juliet était comme une machine, finalement. Elle avait besoin de chauffer préalablement avant de fonctionner à peu près correctement. Mais le problème, c'était qu'il pouvait y avoir des petits bugs, de temps en temps... Mais espérons qu'elle continue à fonctionner au moins un petit peu !

"Tu veux... qu'on y aille tout de suite ? Ou plus tard ?" demanda-t-elle doucement, pas sûre que Daphne accepte, car après tout, tout cela était encore assez nouveau pour elle. "Pour celle-là, c'est toi le chef !" s'exclama-t-elle plus joyeusement, pour donner un peu d'entrain à la situation, et effacer toute situation de malaise.

C'était drôle, Juliet se sentait un peu comme une grande soeur, avec Daphne. Pourtant, elles avaient le même âge, mais la petite paraissait si fragile qu'on avait instantanément envie de la protéger. Et pourtant, je peux vous dire que ce n'était pas forcément dans la nature de Juliet, elle qui considérait ses six frères et soeurs comme de véritables fardeaux. Oui, vraiment, ici, ce n'était pas Daphne le fardeau !

[886 mots]

Tous comptés

Juliet s'était efforcée à paraître la plus claire possible. En effet, ce n'était pas vraiment dans sa nature. La plupart du temps, ce qu'elle pensait était si évident qu'elle "oubliait" d'en faire part aux autres. Même quand sa pensée était vraiment farfelue... En fait, la petite possédait une logique qui ne semblait pas être la même que celle des autres. Et lorsqu'on raisonne à partir d'une logique, on ne se sent pas forcément le besoin de s'expliquer, tout est clair. Si encore elle se rendait compte que tout ce qu'elle faisait obéissait plutôt à l'inspiration du moment qu'à une logique, cela pourrait régler bien des problèmes... Mais là, elle commençait à connaître le caractère de Daphne, et savait que la moindre de ses paroles pouvait être interprétée différemment par la blondinette. Forcément, elle était quand même tombée dans le panneau, au début, mais finalement, elle n'avait pas trop mal rattrapé le truc. En logique, Daphne aussi devrait commencer à bien la connaître, et à savoir que la petite aux yeux noisettes n'avait pas pour habitude d'être hypocrite. Quand quelque chose la gênait, elle le disait. Et ne se rendait pas forcément compte qu'elle pouvait blesser quelqu'un, d'ailleurs... En général, elle le disait avec tellement d'innocence que les gens ne pouvaient lui en vouloir. Sauf qu'on ne peut pas être innocent toute sa vie, et que si elle bénéficiait encore d'un peu de compassion, c'était parce qu'elle était petite. Viendrait le moment où les gens en auraient marre d'elle et de ses petites remarques stupides - qui, pourtant, étaient emplies de logique selon elle.
Enfin, là, dans ce cas, Juliet était persuadée de s'être exprimée parfaitement, pour une fois. Il n'y avait aucune ambiguïté possible. Pourtant, la petite Daphne trouva tout de même le moyen d'émettre un doute sur la sincérité de Juliet. La petite ne put s'empêcher de laisser échapper un soupir d'exaspération. Pourtant, elle avait vraiment tout fait pour faire comprendre à la petite blonde qu'il n'y avait aucune forme d'hypocrisie dans son discours, non ? Mais peut-être que sa camarade n'avait pas envie de venir avec elle, et qu'elle n'osait pas lui dire ! Vraiment, Juliet ne voyait pas d'autre explication. Elle avait franchement l'impression que la petite faisait tout pour la faire changer d'avis. Mais Juliet était du genre têtue, elle avait décidé d'emmener Daphne avec elle, un point c'est tout, il n'y avait aucun moyen pour la faire changer d'avis.

"Oh, mais c'est pas possible ! Je t'ai dit que j'étais sincère ! Si t'as pas envie de venir avec moi, dis-le d'une autre manière, parce que moi je ne suis pas douée pour décrypter le langage. D'ailleurs, je n'ai rien compris à ton message codé, tu me l'expliqueras dehors, parce que là, on y va ! Eh oui, si tu voulais pas venir, il fallait le dire avant, parce que quand j'ai décidé quelque chose, difficile de me faire changer d'avis..." s'exclama-t-elle en se levant d'un bond de son lit. Il n'y avait pas vraiment une touche d'énervement dans sa voix, juste une certaine incompréhension. C'était pour cela que Juliet n'était pas du genre à vouloir absolument parler aux autres. C'était parce qu'il y avait plein de subtilités dans le langage qu'elle ne comprenait pas.

Là, pour elle, Daphne faisait des subtilités. Elle savait que sa réaction n'était pas appropriée, que la petite se sentirait coupable de voir sa camarade s'emporter comme cela. Oh non, c'était un éternel cercle vicieux ! Il ne fallait absolument pas que Daphne se remette à faire des politesses en disant qu'elle n'était pas obligée de venir avec elle. De toute façon, maintenant, elle était obligée. Elle n'avait plus le choix. Juliet lui avait laissé suffisamment de temps pour qu'elle dise qu'elle n'avait pas envie de venir, si c'était le cas. La petite, sentant que sa réaction allait sûrement provoquer un tsunami du côté du lit de la petite Colls, s'approcha d'elle, lui prit les mains pour la tirer.

"Pardon." dit-elle simplement en devinant les sentiments de Daphne. "Si je te dis que j'ai envie que tu vienne avec moi, ça te va mieux ? Viens avec moi, s'il te plaît. Je veux te montrer la liberté." ajouta-t-elle avant de faire un petit sourire à sa camarade.

Juliet avait vraiment une façon étrange de montrer à une personne qu'elle l'appréciait. Car elle appréciait Daphne, c'était sûr. Pour elle, c'était une petite fille qui était simple et compliquée à la fois, mais qui avait juste besoin d'avoir confiance en elle. Et si elle pouvait lui donner cette confiance en lui montrant la liberté... Peut-être qu'elle ne la mettait pas très à l'aise en parlant comme elle le faisait, mais de toute façon, elle n'avait jamais été douée pour cela, et Daphne l'avait sûrement compris. Elle fixa les yeux bleus de sa camarade, lui adressa un petit sourire, et tourna les talons en la tirant doucement derrière elle.

"Allez, c'est parti !" s'exclama-t-elle avec une pointe d'excitation dans la voix. En fait, il était vrai que c'était excitant. Elle n'avait jamais fait cela avec quelqu'un d'autre que sa propre conscience. C'était donc une véritable première.
Elle espérait juste que Rusard avait bien pris la peine de rentrer dans son bureau, et ne campait pas juste devant la salle commune des aigles...

[Terminé pour moi =) ]