Dans le salon de thé familial ! ^^ [terminé]

Terry prit un air outré et haussa les épaules. Elle trouvait absurde que Lisa cache des choses comme le nom de son copain… La jeune fille, elle, était plutôt du genre à le crier sur tous les toits…
Elle leva les yeux au ciel et poussa un soupir. De toute façon, on ne lui changerait pas sa sœur. Autant l’accepter comme ça.

« Je finirai bien par l’apprendre de toute façon… »

Marmonna-t-elle dans sa barbe.
Elle croisa les bras dans son dos, une moue sceptique sur le visage, et se mit à faire de grand pas, observant un silence absolu.
Chose très, très, très rare chez elle.
Il n’y a que deux choses capables de générer les silences de Terry : la mort (totale ou en voie d’être), ou la contrariété.
Ici, bien entendu, il s’agissait du deuxième cas.
Terry était contrariée.
Beaucoup de choses la contrariaient.

Terry, absorbée par ses pensées (relativement nombrilistes, il faut bien le dire…) passa devant la librairie sans s’en apercevoir.
Elle en prit conscience quelques instants plus tard et poussa un grognement.
La jeune fille fit alors demi-tour très brusquement, heurtant Lisa de plein fouet.
Elle ne s’excusa pas, cela va de soi.

Elle attendit ensuite sa sœur, plantée devant la boutique, raide et guindée avec la fragilité d’une poupée de porcelaine. Elle haussa un sourcil, pour avoir l’air méprisant, expression qui en général ne générait pas l’effet escompté.

Un léger vent souffla, soulevant sa longue chevelure. Terry, qui commençait à avoir vraiment très chaud, en ressenti un soulagement.
Instinctivement, elle leva les yeux vers le ciel.
De gros nuages étaient apparus, particulièrement menaçants.
Terry eut l’air accablé. Et en plus il allait pleuvoir ?
Quelle journée. Vraiment !
La jeune fille pinça les lèvres, décidemment de mauvaise humeur pour le reste de la journée.
Elle jeta un œil embêté sur sa jupe, sa chemise et ses ballerines. Pas très efficaces contre la pluie…
Pourquoi fallait-il que Lisa ait toujours raison ?

Décidemment rien n’allait comme elle l’avait prévu. Cette journée était censé être agréable et voilà qu’elle se transformait en cauchemar (oui, Terry, exagère souvent les choses…).
Toujours est-il que la jeune fille sentit les larmes lui monter aux yeux, comme à chaque fois qu’elle était contrariée.
Elle réprima bruyamment un sanglot.
Il fallait toujours qu’elle gâche tout : si elle n’avait pas insisté auprès de Lisa, ce ne serait pas arrivé.

Tout d’un coup, Terry ressentit un violent sentiment de déception. Des fois, elle se sentait vraiment nulle. Dans ces moments là, même le fait d’être à Serpentard ne la gonflait pas de fierté, comme à l’accoutumer.
Et puis, pourquoi, elle, n’avait pas de copain, alors que même Lisa s’en était trouvé un ? Lisa qui ne parlait jamais à personne, Lisa toujours très discrète, Lisa jamais maquillée, Lisa jamais apprêtée. Pourquoi ? C’était injuste !
Et pourquoi Lisa avait-elle eu de si bons résultats à ses BUSES alors qu’elle allait très certainement les rater ?
Bref, Terry fabulait. Terry déprimait.
Subitement.
Pour rien.

Penaude, elle baissa la tête et fouilla dans son sac pour y trouver un mouchoir.
Si elle pleurait, le peu de maquillage qui restait allait être réduit à néant. Et c’est pas forcément beau le néant.
Et puis tant pis. Au point où elle en était…
Elle prit un mouchoir et s’essuya les yeux, enlevant toute trace de crayon.
Puis elle renifla bruyamment et leva un visage mouillé de larme vers Lisa.
Visage qu’elle détourna bien vite, préférant que sa sœur n’y voie pas les dégâts commis par les larmes.

Elle montra la boutique du menton et lança un regard interrogateur à Lisa.

« On y entre ou pas ? »

Une grosse goutte vint s’écraser sur son crâne. Précipitamment, Terry mit sa main sur sa tête, pour se protéger, puis se mordit la lèvre.
Aïe, la pluie était arrivée plus rapidement qu’elle ne l’avait prévu.

« Je n’ai rien pour me protéger ! »

La goutte tombée, une kyrielle de ses semblables déferla sur les deux sœurs, sur le doux air du grondement du tonnerre.
Terry leva la tête, se protégeant le visage d’une main en visière.

« Oh lala… Ces orages estivaux ! Quelle plaie…»

Terry se colla contre la vitrine, espérant être protégée par le petit auvent.
L’avantage de cet orage, c’est que la lourde chaleur était soudainement tombée.
La jeune fille sentait ses pieds se mouiller progressivement.
Etonnement, l’idée (le réflexe même) d’entrer dans le magasin ne lui vint pas.
Elle resta plantée dehors, comme figée, l’air béat, fixant le ciel, maintenant d’un gris de plomb.
Après tout, tous ces gris avaient un certain côté esthétiquement… très joli.

Devant elle, des passants passaient en courant. La rue était devenue vide tout à coup.
Il n’y avait plus un bruit. Seulement celui discontinu du tonnerre.
Cette scène avait son charme.

Ce brusque caprice météorologique eut l’avantage de délester Terry de toutes ses idées noires…
Aussi vite qu'elles lui étaient venues.

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C'était probablement dû à la chaleur étouffante mais la patience habituelle de Lisa face à sa jeune soeur avait disparu, peu à peu l'exaspération montait, cela arrivait rarement et Lisa savait que si Teresa continuait il lui faudrait bien plus que de la patience. Justement elles arrivaient à la librairie, comme d'habitude sa petite soeur n'entrerait pas, Lisa lui adressa un léger sourire avant d'ouvrir la porte, elle effectua rapidement leurs achats en gardant un oeil sur sa soeur qui se tenait raide comme un piquet. La bleue et bronze ressortit en à peine quelques minutes les bras chargés, elle se délesta un peu en donnant à Terry les ouvrages qui lui appartenaient, sa soeur les récupéra mécaniquement, elle avait manifestement l'esprit ailleurs, Lisa suivit son regard, pour découvrir que le ciel s'était rapidement chargé, d'ailleurs elle n'y avait pas fait attention mais la rue était devenu plus sombre...Lisa n'était pas rassurée avec ce qui se passait en ce moment elle interprétait n'importe quoi comme un signe de mauvais augure...

"On devrait rentrer Terry"

Son murmure fut couvert par la pluie qui commençait. La jeune fille frissonna, et dire que lorsqu'elles étaient parties il faisait si chaud, c'était vraiment dingue...Elle s'inquiétait toujours inutilement d'habitude mais avec ce qui se passait depuis quelques temps son angoisse avait augmentée à mesure que les vacances avançaient, et avec ce stress qui la tenaillait elle comprenait à présent pourquoi elle avait si peu de patience avec Teresa lorsqu'elle s'éloignait un peu de chez elle. Elle était à cran et le mauvais temps lui donnait une étrange impression. Elle voulait rentrer à présent, il y aurait surement du monde dans le salon à cause de la pluie, elles n'auraient rien à craindre là bas...
Voyant que sa cadette avait la tête ailleurs Lisa lui répéta un peu plus fort:

"Terry, on rentre."

Elle s'en fichait de la pluie même si elle allait attraper un rhume elle ne voulait à présent plus rester dehors. Elle referma sa poche de livre pour les protéger tant bien que mal de l'eau et passa doucement sa main sur l'épaule de sa soeur pour l'inciter à en faire de même et à la suivre.
La rue était quasiment vide...
N'y tenant plus elle s'engagea sous la pluie, une chose était sûre ce n'était pas une pluie d'été elle était très froide de grosse goutes gelées s'écrasèrent sur sa nuque la faisant frissonner de plus belle, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle était trempée jusqu'à l'os et complétement frigorifiée. Elle se félicita mentalement d'avoir mit ces grosses chaussures.
Jetant un coup d'œil derrière elle, elle s'aperçut que Terry était plus où moins dans le même état qu'elle. Sauf que ses petites ballerines ne lui servait plus à grand chose.
Personne n'avait pensé au système d'évacuation des eaux de pluie ici ou quoi? On était en Angleterre pourtant...

La pluie tombait à verse. Des trombes et des trombes d’eau froide et perçante.
Terry perçut le ton de sa sœur et elle prit peur.
Pourquoi Lisa, si calme et sereine d’ordinaire avait l’air si tendue et inquiète ?

« Lisa ? Lisa, tu crois que c’est eux ? Tu crois qu’il pourrait s’agir de mangemorts ?
Oh Lisa, j’ai peur ! Dépêchons-nous s’il te plait. »

Terry accéléra le pas puis se mit à courir. Ses ballerines n’adhéraient pas très bien au sol et la jeune fille manqua plusieurs fois de tomber.
Elle arriva à la hauteur de sa sœur.
Ses vêtements étaient trempés. Sa petite chemisette blanche lui collait à la peau et la gênait considérablement. Elle tenta de la reboutonner un peu, en vain. Cela ne servait à rien.
Quant à sa jupe, inutile d’en parler. Très peu pratique pour courir, elle pesait en plus un certain poids. Rien de très agréable.
Les longs cheveux de Terry lui tombaient sur le visage et se collaient mollement à sa peau.

La jeune fille était déjà essoufflée.
Pourtant, le café de leurs parents n’était pas encore tout près.
La peur et la course accéléraient les battements de son cœur.

Peut-être n’était-ce qu’un vulgaire orage d’été. Mais avec les temps qui couraient, plus rien n’était simple. Les gens avaient peur. Et tout le monde sait qu’il est très facile de manipuler une foule quand elle a peur. Un jeu d’enfant.
Les mangemorts et leurs sympathisants maintenaient donc un climat de terreur propice à la manipulation.

Terry essaya de se rassurer, de réfléchir avec méthode. De laisser la raison calmer les sentiments.
Mais rien n’y fit.
Elle avait peur.

Même la présence de sa sœur, qui en temps normale la rassurait, n’avait pas l’effet escompté. A l’inverse même, son comportement l’effrayait.
Si même une fille intelligente et pragmatique comme elle se laissait aller à la peur, qu’en serait-il des personnes lambda ?

Certes, la situation avait été pire quinze ans plus tôt. Mais malheureusement, au lieu de se stabiliser, elle se dégradait à une vitesse affolante.

Terry leva la tête vers le ciel. Les nuages étaient toujours lourds et opaques.
A force de regarder en l’air, ce qui devait arriver arriva : la jeune fille chuta sur les pavés mouillés.
Elle dérapa et se retrouva à même le sol.
Teresa se leva tant bien que mal et essaya de reprendre sa course.
Elle se mit à boiter et regarda son genou.
La peau avait été éraflée, et du sang en coulait.

Fichue journée.

Tant bien que mal, la jeune fille repris sa route, boitillant.
Quand elle vit l’enseigne du café de leurs parents, Terry ressenti un fort sentiment de soulagement.
Elles étaient arrivées. Enfin.
Teresa pénétra brusquement dans le salon, complètement essoufflée, l’air paniqué.
Elle sourit aux nombreuses personnes attablées, comme pour les rassurer.
Enfin, elle grimpa les escaliers. Elle se dirigea alors vers son père et se jeta dans ses bras.
Le pire était passé.
L’orage se calma, la pluie cessa.
Il ne s’agissait donc que d’un orage estival. Ni plus ni moins.

Mais Terry continuait d’avoir peur.
La rentrée à Poudlard lui tarda. Au moins, là-bas, elle se sentait en sécurité.

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