Après une chute dans un satané escalier qui avait amené Luna et Ron à se retrouver coincés ensemble (au grand dam de Ron), un acte courageux du Gryffondor devant deux serpents, et la patience de Luna pour dégager dans le sable une ouverture pour sortir de l'endroit sombre où ils étaient piégés, Luna et Ron avait progressé dans un conduit d'aération qui débouchait en haut du mur d'une grande salle... pleine de monde.
Cachés dans le conduit, Luna et Ron pouvaient observer du haut de leur mur l'immense salle en contrebas. Un brouhaha se faisait entendre, et d'immnombrables elfes, d'un blanc plus ou moins laiteux et plus ou moins bien habillés, étaient assis en tailleur sur le sol, jambes croisées, et bras enserrants leurs jambes. Quelques elfes, sur une sorte d'estrade, étaient assis derrière de petites tables et l'un d'eux tapait parfois sur la table avec un maillet. Quelques peintures aux motifs bizarres et incompréhensibles décoraient les murs. Ca ressemblait dans l'ensemble à une salle d'audience ou un tribunal.
"Chut, chut, les elfes doivent se taire", fit l'elfe au maillet, et le silence se fit. Un autre elfe assis à côté de lui prit alors la parole et déclara qu'une décision devait être prise au sujet de la dénommée Winky, qui déshonorait la profession en engloutissant des bierrabeurres à longueur de journée. Une sanction devait être prise. Qu'en pensait Winky?
"Oui, oui!", fit Winky éplorée. Une sanction sévère fut proposée: deux jours de vacances imposés; mais des voix s'élèverent pour rappeler que jamais on ne s'était si durement prononcé, et la sanction fut ramenée à une demi-journée de congé. Winky pleura plus fort.
Mais les elfes passaient déjà à une autre affaire, plus sérieuse: le problème de la tour Gryffondor et des vêtements (taille elfe) qu'on y trouvait régulièrement. C'était insultant. Les travailleurs elfes ne pouvaient accepter pareil traitement. Cela durait depuis l'an dernier, on allait enquêter pour savoir quels élèves étaient responsables de cette humiliation et déposer une requête auprès du directeur de Poudlard, et même manifester s'il le fallait. Un elfe prononça tout bas "une grève si cela ne suffit pas" mais il se rassit, tout tremblant de sa propre audace. "Une grève, tout de même... ", fit le meneur de l'assemblée qui paraissait lui-même impressionné. Enfin, on verrait.
Affaire suivante. Dumbledore avait cette année décidé, "à titre d'expérience" avait-il dit, de payer les elfes de Poudlard qui jusque-là travaillaient gratuitement une mornille par mois. C'était scandaleux, inacceptable, depuis quand les elfes se faisaient-ils payer? Quels mauvais regards se tournèrent en direction de Dobby, qui recroquevillé dans son coin essayait de se faire tout petit. Il fallait écrire un courrier collectif, une pétition, pour protester contre cet abaissement de la condition des elfes. Les elfes ont beau être tout petits, ils ont leur dignité, tout de même! L'orateur fut bruyament applaudi.
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