Faut-il sauver les apparences ? [PV]

C’était un matin comme tous les autres au pays de Poudlard land. Adrien s’était levé, lavé, habillé, coiffé (si, si, cela lui demande du temps) puis il était descendu prêt à rejoindre ses camarades à la grande salle. Depuis sa mésaventure avec Heaven il s’était écoulé un peu moins d’une semaine. Il gardait précieusement le bijou qu’elle avait mis à son poignet mais pour qu’on ne lui pose pas de question, il ne relevait plus ses manches. On l’avait même traité de frileux dans les dortoirs…

Toujours est –il qu’il n’avait pas croisé Heaven depuis, il n’avait pas non plus cherché à le faire, il savait juste avec certitude qu’elle portait son écharpe, et qu’elle ne s’en cachait pas, puisqu’il l’avait vu de loin avec le jour du match opposant Gryffondor à Serdaigle. En bon Poufsouffle qui se respecte (ou pas) il se demandait avec beaucoup de sérieux si elle la portait parce que les écharpes de Serpentard étaient moins épaisses que celles de Poufsouffle. Enfin, lui, il ne portait jamais l’écharpe de sa maison. Il devait bien avoir trois ou quatre écharpes faites par sa mère et il savait qu’elle serait triste si il ne les portait pas… D’ailleurs celle qu’il avait passé à Heaven (sans prévoir qu’elle la garderait) faisait parti de cette collection. La mère du jeune Sallers croyait encore que son fils cadet était le petit garçon maladif d’autrefois, d’où pulls et écharpes. Mais cela faisait toujours plaisir à Adrien de voir que sa mère l’aimait si fort. Comme ce n’était pas vraiment le cas du reste de sa famille, c’était toujours bon à savoir. Bref, pour en revenir à notre histoire d’écharpe, Adrien ne portant jamais l’écharpe fourni avec l’uniforme, il ne savait pas si elle était chaude ou pas.

Pendant que nous déblatérions sur le sujet, il était arrivé dans la grande salle. Il entra d’un pas tranquille mais son épaule rencontra un autre corps encore inconnu. Il n’avait fait que frôler la personne mais cela n’empêchait pas qu’il allait s’excuser pour être poli. « Pardon, je… » mais il ne termina pas sa phrase. *Heaven...* Elle était là, en face de lui. Le hasard faisant comme d’habitude bien les choses, voilà qu’il était face à la vipère et en public cette fois pour bien faire les choses. Une partie de lui se dit que ce n’était pas plus mal parce qu’au moins comme ça, il était certain qu’elle ne l’embrasserait pas. Attention, ce n’était pas qu’il n’aimait pas quand elle l’embrassait, mais cela le perturbait toujours un peu. Flirté avec Heaven quand on était juste Adrien et rien de plus, ça semblait irréel non ?

Comme il réalisa qu’il avait fait un arrêt sur image, il tenta de dire quelque chose. « Je… » Mais que dire ? Ils n’étaient même pas supposé se connaître. Les seuls personnes au courant du fait qu’Adrien ait une existence toute relative aux yeux de la vert et argent étaient Elizabeth et Anabelle. Un coup d’œil à la salle suffit à lui dire que la salle était dominé par du vert et du bleu. Pas de bol pour lui. Où sont les amis quand on a besoin d’un prétexte pour partir poliment ? Observant Heaven encore un moment, il prit une inspiration. « Non rien. Bonjour. » Et il fit mine de partir. Machinalement, il tira sur sa manche qui cachait la gourmette de Heaven… Il aurait bien aimé lui parler mais … mais… ils étaient dans la grande salle T_T

Il aurait été trop simple qu’elle le laisse partir. C’était bien le genre de Heaven que de montrer à toute la population du château avide de cancan qu’ils se connaissaient. Il avait bien besoin de ça dans sa vie tiens, un scandale, ça manquait >.< Mais comme il était raide dingue de la jeune fille et que par nature il était conciliant, il ne tenta pas de s’enfuir ou simplement de se dégager. Il se contenta de rougir et d’éviter son regard. Les autres Poufsouffles ne manqueraient pas de venir le rejoindre bientôt et il le trouverait ici, Heaven accroché à son bras… Comble du ridicule (pour lui, pas pour elle), il venait de comprendre qu’elle voulait vérifier qu’il portait la gourmette. Evidemment qu’il la portait notre grand romantique ! Seulement là, il se sentait un peu idiot. Non que ça changea énormément de d’habitude… Il aurait juste aimé la voir seule plutôt qu’en public. Devant tout le monde, il avait trop l’impression qu’elle se moquait de lui, c’était assez désagréable. Lorsqu’elle lui rappela subtilement leur flirt, il rougit de plus belle mais réussit à se contrôler. Ce n’était pas comme s’il n’assumait pas ce qui s’était passé, au contraire, il en était ravi, mais il avait semblé clair à ses yeux que pour Heaven c’était une erreur de parcours, un truc dont d’un commun accord ils ne parleraient plus et qui ne recommencerait jamais. Comme il allait répondre, il réalisa un truc étonnant : elle ne l’avait appelé ni par son nom de famille, ni par un des sobriquets idiots dont elle aimait l’affubler (petit poussin par exemple). Elle avait utilisé son prénom… C’était anodin mais cela lui fit suffisamment plaisir pour qu’il ne cache pas sa gêne avec une des remarques amère qu’il avait déjà pu lui servir quelques fois.

« Je n’ai rien fait dont je puisse avoir honte. » C’était déjà pas mal. Encore que rien que d’imaginer la tête d’Elizabeth si elle arrivait maintenant… et bien ça l’inquiétait un peu. Non que ce soit à ses amis de décider de sa vie (il ne prenait déjà pas en compte son propre père alors ses amis…) mais c’était connu qu’Heaven jouait avec les garçons. Il préférait être un jouet anonyme. Il ne voulait pas de la pitié de ses camarades, surtout qu’à priori lui ça lui allait très bien comme ça. « La situation est différente de la semaine dernière Heaven. » Il appuya bien sur son prénom puisqu’il avait tendance à l’appeler Clarks, enfin ça c’était avant le flirt évidemment.

Il se décida enfin à la regarder dans les yeux (gentil garçon) mais cela eut immédiatement l’effet inverse à ce qu’il aurait voulu. Au lieu d’affermir sa position de mâle dominant (enfin, si on veut >.< ), il se sentit fondre comme glace au soleil. Avec un petit soupir et de sa main libre il remit correctement l’écharpe au dessus du col d’uniforme de la jolie brune. C’était un mouvement instinctif, le même genre que quand il avait passé l’écharpe autour du cou de Heaven.

« Cela ne me dérange pas d’être vu avec toi, c’est le côté trophée de chasse qui m’ennuie un peu. Tu n’as pas assez de courtisans officiels que tu tiennes absolument à ce qu’on fiche aussi ceux qui veulent rester discret ? »

Il se souvenait parfaitement avoir fait une déclaration d’amour à la jeune fille mais il se souvenait tout aussi bien lui avoir avouer ne rien attendre d’elle. Dès la première fois où il avait vu la jeune fille et où il l’avait trouvé absolument parfaite, il s’était immédiatement dit qu’elle n’était pas pour lui. En tout état de cause, il préférait se faire ce genre de réflexions tout seul plutôt que d’entendre tout le monde le lui dire. Hors, parce que Heaven venait d’afficher, à défaut de leur intimité toute relative, le fait qu’ils se connaissaient, il allait avoir droit à toutes sortes d’interrogatoires. Il ne savait pas mentir donc il était dans un beau pétrin. Enfin… chaque problème en son temps. Heaven était toujours accroché à son bras, la main sur sa gourmette. Peut-être voulait-elle la récupérer ? Il ne savait pas trop… C’était toujours dur pour lui de savoir ce que la serpentard avait à l’esprit.

Heaven se détacha de lui et beaucoup de choses passèrent par l’esprit du Poufsouffle durant le court laps de temps qui s’écoula avant que son cerveau ne lui envoit un message urgent : Heaven lui posait une question. Bref, pour en revenir à ce qu’Adrien imaginait (tout ça juste à cause d’un bisou sur la joue), cela se résumait à peu de choses… Il avait tout simplement envie de l’embrasser. Le fait qu’elle coupe le contact physique lui en faisait cruellement ressentir le manque. Pendant un instant, il se demanda vraiment si c’était si dangereux que ça de l’embrasser en publique. La réponse était oui, irrémédiablement. Il fallait qu’il chasse toute image compromettante. Il était un Poufsouffle que diable ! Et elle était une serpentard, pas la plus gentille pour couronnée le tout, elle n’était pas pour lui ! Il s’était répété cette phrase tellement de fois depuis qu’il connaissait Heaven qu’il se demandait si elle avait encore du sens. Il fallait pourtant qu’il se rende à l’évidence et surtout qu’il ne regrette rien. Elle était belle et elle pouvait être douce mais ils n’allaient pas ensemble. Pourquoi alors cette image entêtante de ce soir il y a une semaine quand ils étaient seuls dans un couloir ? Il se rappelait le contact de ses lèvres glacés… Et… Et rien parce qu’à ce moment là il revint sur terre.

« Quoi ? De quoi tu… ? » Puis, comprenant enfin (faut dire qu’il avait un peu perdu le fil de la conversation). « Ah, oui, la gourmette… elle est très belle, mais je n’ose pas la montrer… » Parce que si quelqu’un s’amusait à la regarder de plus près il pourrait y lire le nom de sa propriétaire. Le coup de l’écharpe était quand même moins voyant. D’ailleurs, il se demandait encore pourquoi elle portait son écharpe à lui mais bon, il est naïf le petit Ady, il ne chercha pas plus loin que ça la réponse.

La pensée vint à Adrien qu’il était ridicule planté là devant Heaven. Il était tellement mal à l’aise que ça suintait par tous les pores de sa peau alors que la jolie brune, elle, semblait absolument sûre d’elle. Notez, c’était une des choses qu’il aimait le plus chez elle. Elle avait une confiance absolue en ses capacités ce qui n’était pas le cas du garçon.

« Pour ce qui est de l’histoire du trophée, le problème c’est que nous ne sommes même pas sensées nous connaître… Alors je vais avoir droit à un interrogatoire. » Il faillit ajouter qu’il ne savait pas mentir mais il se retint. Heaven s’en doutait probablement. Il passa la main dans ses cheveux comme pour se donner une contenance et soupira. « Enfin peu importe… » Il regarda ensuite une nouvelle fois Heaven, mettant ses mains dans ses poches pour être sûr de ne pas les passer dans ses cheveux ou sur l’écharpe… on est jamais trop prudent ! Puis, finalement, il retourna la question. « Et pour toi, elle te convient ? J’ai vu que tu l’avais au dernier match. » La Saint Valentin était pour bientôt et il se dit innocemment qu’il devrait peut être lui acheter un vêtement chaud. Brave garçon va, tu n’as absolument aucune subtilité mais on t’aime bien comme ça !

Adrien observa sa… sa quoi ? camarade ? Moui, bon, ce n’était pas tout à fait ça, mais passons. Elle lui tendait une perche plus grande qu’elle pour tester sa jalousie mais il ne la prit pas parce que ce n’était pas son genre et que c’est seulement la joueuse derrière lui qui a l’esprit retord. Pour en revenir à nos moutons (ou à nos Poufsouffles), il y avait plein de gens susceptible de lui faire subir un interrogatoire une fois que la rumeur « Sallers et Clarks se connaissent » arriveraient aux oreilles de tout un chacun. Même son frère pouvait potentiellement venir lui parler d’un truc aussi gros. Enfin passons… Et répondons.

« Et bien il y a surtout mes amies comme Anabelle ou Elizabeth… ou bien mon frère. N’importe qui me connaissant en fait. Je ne suis qu’un petit poussin après tout, ils pourraient avoir peur que je ne me fasse manger. »

Une lueur de malice passa dans le regard du Poufsouffle et son sourire se fit amusé. Cela ne dura cependant qu’un instant car même s’il prenait la chose avec humour, il avait caché volontairement à ses camarades ce qui s’était passé il y a une semaine avec Heaven. Il détestait mentir, même par omission, et si on lui posait des questions, il se sentirait obligé d’y répondre. Il avait fait une rechute, il était retombé amoureux… les prières d’Elizabeth n’avaient pas été entendus…

« Elizabeth et Anabelle sont au courant… pour mes sentiments. » Il retira la main de sa poche et la passa sur l’arrière de ses cheveux d’un air gêné. Pourquoi les filles étaient-elles toutes si compliqués ? Mais au fond c’était vraiment gentil qu’Eli se fasse du soucie pour lui, il y avait peu de gens dont s’était le cas alors ça le touchait énormément.

« Elles n’approuvent pas. » Enfin, surtout Eli’ parce qu’Anabelle se moquait un peu de tout et encore plus des histoires de cœur. Elle suivait ça avec un intêret tout relatif surtout parce qu’elle aimait bien Adrien mais après, Serpentard ou non, Heaven ou pas, elle s’en fichait probablement.

Comme ses yeux noisettes rencontrait le regard vairons de la jeune fille, il soupira et leva les yeux au ciel. Ce n’est pas comme si il avait fait exprès de tomber amoureux de la seule fille qu’il ne pouvait pas avoir… Tiens, Elizabeth par exemple, elle était bien amoureuse d’Olwen sans oser l’avouer alors que ça se voyait… elle n’avait pas choisit, c’était arrivé c’est tout. Et pour lui c’était exactement pareil. Il aimait Heaven, sans retour certes, et il ne pouvait pas le guérir comme si c’était une maladie. Ce n’était pas aussi simple. Alors il faudrait qu’Elizabeth s’y fasse (c’était pas gagné ça >.<)

Mais revenons en à l’écharpe.

« Hum oui, mais moi je suis un grand romantique. » Répondit-il avec une certaine emphase qui donnait l’impression qu’il se moquait de lui même. C’est vrai, lui il avait gardé la gourmette par amour pour Heaven, et elle, c’était quoi son excuse ? Il allait vraiment lui acheter une écharpe si ce n’était que ça >.<

Adrien fit une légère grimace. Il ne fallait pas abuser, s’il racontait qu’il avait vraiment flirté avec Heaven il y aurait deux réactions possibles, la première c’est que ses amies se diraient qu’il avait fumé et rêvé, la seconde, elles le croiraient mais appelleraient un exorciste. Même l’honnêteté a ses limites, tant qu’on ne lui posait pas de questions, il ne raconterait pas ce qu’il considérait comme étant son petit secret.

« Tu rigoles j’espère, Elizabeth fait une attaque si elle l’apprend. » C’était à peine exagéré. Les deux jeunes filles étaient plus ou moins rivales sur le terrain de Quidditch et elles ne s’aimaient pas. Ce n’était pas la peine de donner plus de matière à Elizabeth pour haïr Heaven, elle la détestait déjà assez comme ça. Le pire c’est qu’il ne savait même pas comment défendre la Serpentard. On ne pouvait pas dire que les critiques d’Eli’ soient injustifiés… Heaven était une peste, ils étaient tous d’accords sur ce point. Le truc, c’est que pour Adrien, elle n’était pas que ça. Elle était aussi plein d’autres choses tellement attirantes… Et là, il ne parlait pas de son physique. Adrien est un jeune homme pur. Enfin, il l’était encore il y a peu toujours.

Elle l’embrassa encore sur la joue. Il en avait un peu marre de jouer au chat et à la souris. Le mal était déjà fait de toute façon, la moitié des Serpentards le fixait avec des yeux qui heureusement n’avait pas le pouvoir de tuer. Il était un Poufsouffle alors que foutait-il avec Heaven, leur poursuiveuse vedette ? Oui, bah, mesdames et messieurs, il se pose la même question alors c’est pas lui qui vous le dira. Demandez plutôt à Heaven, ce sera plus efficace.

Il passa la main sur la joue de Heaven, glissant jusqu’à ses cheveux longs et doux. A bien y penser, Anabelle aussi avait les cheveux doux, mais son amie était bien loin de ses préoccupations présentes.

« Qui te dit que ce n’est pas déjà le cas ? » Murmura-t-il avec un petit sourire en coin. Non, non, il ne l’embrasserait pas. Son visage était à quelques centimètres mais ils étaient en publique. Il y avait des moments où il trouvait vraiment Heaven cruelle avec lui, mais ça avait quelque chose d’enivrant aussi ce petit jeu... « Pour être tout à fait honnête, j’ai très envie de t’embrasser, mais je ne le ferais pas parce que je suis un petit poussin bien comme il faut. » Il déposa à son tour un baiser rapide sur la joue fraîche de la serpentard et lui murmura « Il y a des jours comme ça où être un gentil garçon, ça craint. » Mais on ne pouvait pas le changer, alors il resterait là, à ne faire que des caresses innocentes et des bisous amicaux parce que la vie doit être un long fleuve tranquille… quand on est un Poufsouffle.