Fiou ! Enfin en sûreté. Friedrich, toujours apeuré de trouver un jour sa sœur dans son dos, ne se sentait bien que dans les pièces où il était sûr qu’elle ne puisse pas pénétrer. Les cours ? Elle était bien capable d’en sécher un pour venir le trouver et se servir de lui comme Punching Ball. Du moins, ça Junior en était persuadé. Et il fallait dire qu’entre Fredericke et Serena, il n’était pas gâté, et aucune ne pouvait retenir l’autre, au contraire. Heureusement que sa cousine ainée, Roze était bien plus calme que les deux autres.
Fatigué et las, Friedrich se laissa tomber dans un fauteuil près de la cheminée. Il soupira longuement, et porta sa main gauche à sa tempe. Il était carrément affalé dans le fauteuil, ça ne lui ressemblait pas tellement, ou peut-être bien en fait. Artiste incompris par tous, surtout sa famille, il avait parfois des accès de mélancolie, comme maintenant. Après, il avait une période où il était inspiré pour écrire une petite partition, avec différentes voix, parfois uniquement des instruments, et d’autres fois uniquement avec des voix. Bref, en période créative quoi ! Avec sa sensibilité à fleur de peau, ça semblait si simple. Mais en fait non, sa vie n’était pas simple, loin de là.
Friedrich avait passé une énième journée à toujours regarder sur ses talons pour être sûr que personne n’avait d’envie subite de se faire les ongles ou de passer ses nerfs. Une journée normale en soi, mais le jeune Serdaigle n’en était que plus épuisé. Déjà faire attention à son démon de sœur, mais depuis trois ans, il devait en plus faire attention à tous les élèves autour de lui. Trop craintif, le petit ? Un peu parano surtout.
Bref, le jeune Maiden, affalé comme il l’était dans son fauteuil, porta sa main libre à sa gorge et desserra sa cravate, qui finissait par l’étouffer un peu trop encore. Il avait transpiré dans ses habits chauds de sorcier, il lui faudrait une douche bien remontante, une qui pourrait lui permettre d’oublier tout ce qui le tracassait. Mais ces douches-là n’existent pas. Et Friedrich, bien qu’acharné à les trouver, n’y parvenait jamais complètement.
Pour cette journée, il n’avait eu droit qu’à quelques quolibets, des petits bonbons collants de chez les Wealsey jetés sur sa robe de sorcier, on avait aussi changé sa baguette pour une qui fond dans les mains, et il avait passé l’heure de métamorphose dans les toilettes à essayer de se dégraisser les mains. Et les habituelles ritournelles, les moqueries… Au fur et à mesure, il ne s’en formalisait pas, et même mieux, il rigolait avec les élèves comme s’il ne s’agissait pas de lui. Mais au fur et à mesure, il prenait sur lui, il encaissait les chocs, comme un vaillant, il gardait ça pour lui, et arrivait les soirs de mélancolie, comme celui de ce soir. Un de ces soirs, ou effondré, quelques larmes se laissaient aller à couler sur ses joues blanches et creuses. Fried était de ceux qui pleuraient en silence, et seul. Ca lui était égal qu’on le voit pleurer, en fait. Mais on lui avait appris qu’être un homme, c’était ne pas pleurer en public. Il ne fallait pas pleurer du tout.
Mais c’était si dur de se retenir… Et ça faisait tellement de bien de se laisser aller parfois.
Tellement de bien, qu’il n’était plus du tout conscient de ce qu’il se passait dans la pièce. Fried n’était pas seul, ça aurait été trop beau. IL devait bien se trouver là une personne pour le faire tourner en bourrique une dernière fois pour la journée…
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AAA par A.S. 20.10.08
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