Ce que l'on s'aime [PV]

Cherise n'était pas au mieux de sa forme... Oui, oui, vous avez bien entendu ! Vous vous disiez peut-être que c'était impossible pour une petite fille pétillante comme la jeune lionne, mais bon, voilà quelque chose qui confirme encore le proverbe : "rien n'est impossible".
Alors, après, vous essayez peut-être de relativiser. "Bah, elle est juste amoureuse !" Peut-être que ce critère pouvait être pris en compte, mais à vrai dire, la petite avait de réelles raisons pour ne pas être trop en forme... Car pour qu'elle perde son sourire, il en fallait vraiment beaucoup, à notre petite cerise ! Et le fait d'être amoureuse devrait plutôt la rendre euphorique qu'autre chose... Elle s'en ferait une idylle et deviendrait certainement la personne la plus heureuse en amour sans savoir ce que la personne concernée pense ! Dans ce cas, vous vous dites : "où est le problème, alors ?"
Eh bien, à vrai dire, il y en avait plusieurs... Cherise comprenait bien qu'elle était en train de changer, autant mentalement que physiquement, d'ailleurs. Alors que jusqu'à présent elle n'avait considéré les garçons que comme des gens avec qui on pouvait autant délirer que les filles (quoique cela dépendait, certains ne comprenaient pas les délires de filles...), voilà qu'elle se rendait compte qu'elle avait d'autres attirances. Rien de très anormal, jusque-là. Sauf qu'il y avait un hic. Cherise ne pouvait pas dire si elle était amoureuse, et, encore pire... de qui elle était amoureuse. Quand elle voyait Haven Clarks, qui jusqu'à présent était son meilleur ami, on peut le dire, elle se surprenait à penser que le contact de ses lèvres sur les siennes (qu'elle avait pourtant pris très mal quand cela s'était produit l'année précédente) était tout de même très agréable, qu'il avait toutes les qualités du monde... En fait, elle se sentait heureuse à chaque fois qu'elle le voyait. Du coup, par la même occasion, elle avait tout le temps envie de le voir. Déjà qu'elle passait beaucoup de temps avec lui... Mais par peur de l'étouffer ou d'être suspecte, elle ne faisait rien de plus que d'habitude, c'est-à-dire continuait à aller voir des gens à droite et à gauche sans "monopoliser" son ami. Mais, par ailleurs, il y avait un autre phénomène étrange... Quand elle voyait Jack Chandlers, avec qui elle passait beaucoup moins de temps, il fallait l'avouer, il y avait une autre sorte de sentiments qui l'envahissaient. C'était plus des sentiments physiques du genre la gorge un peu nouée, le fait de se sentir intimidée tout à coup (alors que Jack était bien plus intimidé qu'elle ne l'était), et, il fallait le dire aussi, elle lui trouvait un charme, aussi. Pas le même qu'Haven... Haven la faisait rire, elle passait énormément de bon temps avec lui, mais il y avait chez Jack un aspect mystérieux qui faisait de l'effet sur notre petite Cherise.
Bref, la petite fille s'en voulait. Elle s'en voulait de ne pas pouvoir centrer ses sentiments... Et elle était infichue de savoir à qui elle pensait le plus, par exemple, ni qu'est-ce-qui lui plaisait le plus au plus profond d'elle-même. Elle en avait vaguement parlé à Orla, mais en fait il avait été assez difficile de lui dire, et même si sa meilleure amie était absolument géniale, on ne pouvait pas dire qu'elle soit de grands conseils en cette matière-là. Notre petite était donc confrontée à sa propre conscience, et passait sa journée à se donner des baffes virtuelles à chaque fois qu'elle ressentait les sentiments que nous avons décrit ci-dessus. Elle en aurait bien parlé à sa mère (à qui elle confiait pas mal de choses) mais c'est là que survint la deuxième source d'ennuis de la petite.... Cela faisait des mois que sa mère n'était pas revenue à la maison. Vous allez dire que cela ne changeait pas grand chose pour la petite vu qu'elle était à Poudlard, mais en fait si, car elle restait en contact avec son père et elle voyait bien que cela lui pesait... Et à elle aussi, du coup, car elle se demandait ce que pouvait bien faire sa mère. Les excuses de son père ne lui semblaient pas très crédibles, et elle ressentait trop son soucis pour ne pas se poser de questions. La preuve que notre petite grandissait, car auparavant elle se serait contentée de ce que lui disait son père, ni plus, ni moins... Là, elle commençait à se poser des questions.

Et d'ailleurs, notre petite revenait justement de la volière où elle avait reçu une lettre de son père, qui ne la rassurait pas le moins du monde. Elle se dirigeait donc vers la salle commune en se demandant si elle aurait le courage d'y répondre tout de suite, mais quand elle franchit le portrait de la grosse dame, cette question fut bien vite écartée en voyant Haven dans un fauteuil. Que faisait-il là, tout seul dans son coin ? Décidément, il n'y avait pas que pour Cherise que ça n'allait pas... La petite essaya de réprimer la forte envie qu'elle avait de se jeter dans ses bras pour s'y blottir. Quoique, après tout, elle pouvait le faire, il n'y avait rien de mal à le faire avec un ami. Sauf que celui-ci comprendrait que quelque chose n'allait pas, et elle n'en avait pas envie... Quoique là encore, elle pourrait toujours lui montrer la lettre de son père, c'était une excuse suffisante pour ne pas aller très bien. Elle s'approcha dans sa direction avec un grand sourire (même quand elle n'était pas au mieux de sa forme, elle souriait toujours en voyant Haven) tandis que le garçon se leva d'un bond de son fauteuil, content de l'accueillir.

"Haaaaven !" s'exclama-t-elle en se jetant instinctivement dans ses bras, avant même d'avoir eu le temps de se dire qu'elle ne respectait pas ce qu'elle avait décidé quelques secondes plus tôt. Elle le serra si fort qu'elle manqua certainement de l'étouffer, et se rendant compte de sa bêtise, elle le relâcha soudainement avec un petit sourire gêné. Après tout, elle l'avait déjà vu dans la journée, elle n'avait pas de raison de lui sauter dessus comme ça.

"Mais... ça fait longtemps que t'es là ?" lui demanda-t-elle en essayant de ne pas trop le regarder pour ne pas être tentée de nouveau de se jeter dans ses bras. Elle tenta par la même occasion de ranger la lettre de son père dans un coin, mais elle ne trouva que la table à côté pour l'accueillir. Bah, comme ça, elle remettrait ses tristes pensées concernant cette lettre à plus tard.

Cherise n'avait jamais été vraiment le genre de fille à être discrète. Dans tous les sens du terme. Quand elle se promenait dans les couloirs, elle n'était pas discrète, quand elle parlait avec quelqu'un ou qu'elle l'apercevait de loin elle n'était pas discrète... Et pour ce qui était de cacher ce qu'elle ressentait, elle n'était pas discrète non plus. Même si elle faisait des efforts de ce côté-là. Elle devait bien l'être un minimum, sinon Haven se serait douté de quelque chose avant. Quoique, peut-être se doutait-il de quelque chose mais n'osait pas le dire. Dans ce cas, c'était encore autre chose...
Là, la petite n'avait pas été du tout discrète. Elle n'avait pas pu cacher sa joie de le voir, puis son manque de tact en se dégageant subitement de ses bras comme si elle avait fait quelque chose de mal. Le jeune garçon n'avait rien dit, mais la petite avait cru voir sur son visage un peu d'étonnement. Bah, de toute façon, ils étaient amis, s'il avait envie, il pouvait lui faire des remarques par rapport à cela ! S'il n'en faisait pas, cela signifiait que ce n'était pas bien grave...

"Arf, j'ai jamais compris comment tu pouvais faire tes devoirs aussi rapidement et facilement. Et en avance, surtout !" dit la petite en essayant de sourire comme d'habitude, mais son regard venait de se porter sur la lettre qu'elle avait posée sur la table d'à côté. Elle le détourna aussitôt mais raté, elle était sûre que ses pensées devaient se lire sur son visage comme le nez se voit au milieu de la figure. Car quand la petite était contrariée, triste, ou énervée, cela se voyait encore plus que quand elle était de bonne humeur...
Mais qu'est-ce-que c'était chiant de devoir lutter contre ses émotions ! Surtout quand on sait qu'on n'est pas discret ! Enfin bon, là encore, Haven ne dit rien et la prit par la main pour l'emmener s'asseoir. Heureusement qu'il ne vit pas la tête que la petite cerise fit à ce moment-là, car elle ouvrit grand les yeux comme si c'était la première fois que le garçon la prenait par la main, alors que pas du tout. Elle se laissa tomber sur un fauteuil en face d'Haven, et cette situation lui rappela étrangement l'année précédente quand le jeune Lion l'avait invitée au bal. Cela avait commencé comme cela, assis sur des fauteuils l'un en face de l'autre. Puis Cherise avait allumé la musique, s'était mise à sauter partout...
Bah, elle chassa ses pensées de sa tête en se disant que de toute façon elle n'était pas assez de bonne humeur pour sauter partout. Et puis le garçon non plus ne paraissait pas enclin à sauter partout. Ils avaient grandi, mine de rien, les pitchous. Peut-être n'étaient-ils plus si pitchous que ça, d'ailleurs...
Bon, il fallait entamer une conversation, loin de la lettre, loin...

"C'était cool le bal, t'es vraiment un super cavalier !"

... du bal.
Hum... La petite s'était pourtant dit que ce n'était pas le meilleur truc que de parler du bal. Mais bon, on ne la contrôle pas, n'est-ce-pas ? Pas plus qu'elle ne se contrôle elle-même, on dirait.

Ce qu'il y avait de marrant avec Haven, c'était qu'il trouvait toujours le moyen de rapporter quelque chose au Quidditch. Elle lui parlait de devoirs (remarque, c'était un sujet très passionnant >_<), il lui répondait Quidditch. Mais la petite ne s'en plaignait pas. A vrai dire, cela la faisait rire que son ami soit autant obnubilé par ce sport. Certes, c'était un sport sympa, mais de là à passer son temps à lire des magasines dessus... Quitte à être passionné, autant se trouver sur un balai, pas derrière un magasine. Mais bon, ça, c'était l'avis d'une petite qui préférait de manière générale bouger que de s'enfermer derrière un bouquin.
La petite fille lâcha un rire franc, ce qui ne lui était pas arrivé depuis quelques jours (un exploit la concernant !). Elle s'en rendit compte et se mit à rosir de plaisir rien qu'à cette idée. Oui, vraiment, elle ne pouvait pas se passer d'Haven. Plus elle le voyait, et plus elle s'en rendait compte. Le problème, c'est qu'elle ne s'en rendait compte que quand elle ne le voyait pas. Dès qu'elle se retrouvait seule face à ses pensées, celles-ci prenaient trop de place et ne laissaient même pas apparaître le plus important : elle était bien avec lui, que demander de plus ?

"Baaah non, j'le savais pas, mais de toute manière, j'ai pas besoin de lire tes magasines sportifs, je sais que tu vas forcément me faire un résumé !" s'exclama-t-elle avec un vrai sourire, oubliant subitement toutes les causes de ses tracas. Puis elle reprit... "Quand même... Pourquoi tu t'inscris pas dans l'équipe de Gryffondor si t'aimes tant le Quidditch ! Je sais, c'est pas du niveau de l'équipe irlandaise, mais voilà, quoi !"

Ce n'était pas la première fois que Cherise posait cette question... Forcément, vu que le sujet du Quidditch était récurrent dans leurs conversation, il avait bien fallu qu'elle le dise, mais bon, la petite était du genre têtue, donc elle ne comprenait toujours pas, et du coup, dans ces cas-là, on radote.

La p'tite cerise se sentait mieux, à présent. Elle était contente d'être là, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu un sentiment aussi simple, qui faisait autant plaisir. Depuis trop longtemps elle avait l'impression que ses sentiments étaient trop compliqués, et là, avec Haven, tout devenait plus simple. Elle recevait les compliments sur sa performance de cavalière en rosissant (car il fallait quand même avouer que ces compliments ne lui faisaient pas le même effet qu'avant) et s'enfonçait à chaque fois un peu plus dans son fauteuil.

Puis son sourire s'élargit encore plus quand le garçon en profita pour lui faire un compliment généralisé. Mais comme elle était une fille, et que les filles, c'est quand même compliqué, elle ne put s'empêcher de voir un petit coin d'ombre dans les paroles du garçon (fallait les trouver, pourtant !). Pourquoi lui parlait-il soudainement de leur amitié ? Comme si c'était du passé... En tout cas, c'était l'impression que Cherise avait. Bien sûr qu'elle était contente d'avoir Orla et Haven comme amis, mais elle ne se sentait pas le besoin de le faire savoir, pour elle, c'était une chose acquise !
La petite ne put s'empêcher de se lever de son fauteuil pour aller dans les bras d'Haven. Eeeh oui, elle aimait le contact, cette petite ! (même si elle regrettait ses gestes un peu trop significatifs par la suite) Quand il avait dit ça, ce fut sa première réaction, car elle sentit le besoin de lui montrer à quel point elle tenait à lui aussi. Mais une fois qu'elle eut blottie sa tête sur son cou, elle laissa timidement entendre son doute...

"Moi aussi je vous adore... Mais... pourquoi tu dis ça ? Tu... tu doutes de notre amitié ?" demanda-t-elle avec une pointe de tristesse dans la voix.

Ah, ces filles, alors !

Avec Cherise, ce qui était drôle, c’est qu’elle réussissait toujours à faire sourire et rire Haven, quand bien même il n’avait pas la tête à ça ! Par exemple, en ce moment même, il était ravi de l’avoir avec elle, et il souriait beaucoup (Colgate x-tra white !), alors que quelques minutes plus tôt, il avait presque envie de se jeter dans le lac et d’aller dire bonjour au Calmar géant… Comme quoi l’italienne avait un effet monstre sur l’écossais ! Enfin, cela n’était pas pour lui déplaire, au contraire ! Et puis, lui aussi arrivait à la faire sourire et rie, alors il était content. En soi, c’était quand même une réussite ! Au moins, il ne la faisait pas pleurer, ne la faisait pas –plus- s’énerver… Non, tout était calme –peut-être un peu trop- et au moins, il faisait bon vivre avec eux deux ! Enfin, eux trois, si on rajoutait Orla, mais là, elle était pas là.

« Ah, oui, c’est vrai que je te fais toujours un résumé… Si ça t’ennuie dis le hein ! J’ai pas envie de t’ennuyer moi ! Pour l’équipe… Hum, je ne voulais pas te faire d’ombre ! Je plaisante ! Je sais pas, ici, c’est plutôt tendu, même voir plus qu’en club, donc j’ai pas tellement envie de tenter… Peut-être que j’ai tout simplement peur… C’est la honte, pas vrai ? » dit-il avec un petit sourire en coin.

C’est vrai qu’il parlait toujours de Quidditch, à n’importe quelle heure de la journée, et pourtant, quand Gryffondor sélectionnait les équipes, il restait toujours dans les gradins. Peut-être qu’après tout, il était un gros trouillard, sans courage, et donc qu’il n’était pas digne d’être à Gryffondor ? C’était la honte quand même, d’être dans la maison des courageux et d’être, en gros, un lâche… Peut-être qu’au final il aurait été mieux dans la même maison que sa sœur ? Et pourtant, il se sentait super bien chez les rouge et or ! Tandis que rien que le fait de marcher dans le couloir des Serpentard lui donnait des frissons… Ouais, en fait il n’était peut-être qu’une simple lavette… Rah, ça craignait quand même ! Mais contrairement à sa sœur, il n’irait pas se faire pleins de filles de façon à montrer qu’il n’en était pas une. Non, et puis déjà, il en serait incapable, puisqu’il aimait bien trop Cherise pour aller voir ailleurs –a part dans ses magazines de Sport-

Enfin bref. S’il avait ensuite décidé de parler de son amitié avec les deux piles électriques qu’étaient Cherise et Orla, c’était parce qu’il voulait vraiment qu’elle sache qu’elles étaient vraiment très importantes pour lui, qu’il était vraiment très content de les avoir à ses côtés, et qu’il ne les laisserait jamais tomber. Il avait eu soudainement le besoin de le dire, à cause de ses éloignements fréquents ces derniers temps. Il ne voulait pas que les filles se fassent des idées, mais en même temps, des filles restaient des filles, et Cherise, après l’annonce du petit écossais vint se blottir dans ses bras. Légèrement surpris, Haven resserra quand même son étreinte sur Cherise. Elle pensait qu’il avait des doutes sur elles… Oh non ! Qu’est-ce qu’elle allait penser là ?!

« Non, bien sur que non, je vous fais totalement confiance, ne t’en fais pas ! J’avais juste besoin de le dire… »

Le lionceau qu’il était serra un peu plus la jeune fille contre lui, et l’embrassa sur la joue. Ne t’inquiète pas demoiselle, la plus grande peur du garçon et de te perdre, de perdre Orla. Mais il sait qu’il ne les perdra pas, il avait confiance en elle.

Finalement, on en avait encore la preuve avec l'exemple de nos deux lionceaux, même quand deux personnes sont assez différentes, il n'y a pas de raisons que ça ne marche pas. Cherise était une pile électrique, alors qu'Haven non. Ce dernier était un peu plus réfléchi que la petite italienne qui était elle-même plus impulsive que le garçon. Il y avait pas mal de points qui les séparaient, en fin de compte. Mais c'était sûrement justement pour cela que ça marchait entre eux deux, c'est qu'ils pouvaient se compléter, en quelque sorte.
Aussi, la petite leva les yeux au ciel quand Haven parla du fait qu'il avait peut-être tout simplement peur de s'inscrire dans l'équipe de Quidditch, et que c'était la honte. Car la petite avait deviné ce qui se cachait derrière ses paroles. Un manque de confiance en soi. Elle avait bien compris que le garçon, à côté d'une soeur ultra-connue et très sûre d'elle, se sentait peut-être inférieur. Il avait besoin d'être rassuré, et Cherise était spécialement là pour ça. Même dans les moments où elle-même n'allait pas bien, elle restait toujours capable de rassurer Haven car elle était persuadée au fond d'elle-même que ce garçon était extraordinaire, et méritait toute sa place à Gryffondor.

"Arrêeeeete ! Tu sais très bien que c'est pas vrai, tout ça ! Déjà, est-ce-que je suis du genre à me forcer pour faire quelque chose ? Quand jt'ai vu la première fois, j'te rappelle, t'étais plongé dans ton magasine de sport et t'as presque pas participé à la conversation, si ça m'ennuyait tant que ça, j'aurais pas cherché à te connaître plus ! Et piis, t'as le droit de penser que c'est trop tendu le Quidditch à Poudlard, sans forcément te dire que c'est la honte ! T'as tes idées, cherche pas forcément de justification, hein !"

Elle avait dit tout cela, mi-exaspérée, mi-amusée. Combien de fois avait-elle besoin de rassurer Haven ? Elle ne les comptait plus, à vrai dire... Mais bon, ça ne lui déplaisait pas spécialement, en fait, car elle se rendait compte que ça lui faisait en général plaisir.

"Et puis..." commença-t-elle avec un petit sourire. "Vu la performance que j'ai eu aux quelques matchs que j'ai osé faire, ya pas de risques de me faire de l'ombre xD Enfin, j'veux dire, t'es le seul à te rappeler que j'ai été dans l'équipe de Quidditch !"

Bon, bien sûr, elle exagérait certainement un peu, mais c'était aussi le propre de son caractère. Tout dans des dimensions extra-larges. Y compris la tristesse, d'ailleurs... Quand elle est toute seule à déprimer, vaut mieux pas que vous alliez la voir, sinon ça serait vous qui seriez déprimé en voyant sa tête.
Et à propos de tout faire dans les grandes largeurs, le fait de se jeter dans les bras du garçon après sa gentille déclaration d'amitié obéissait aussi à ce principe-là. Peut-être que la petite l'avait interprété autrement qu'une déclaration d'amitié sans sous-entendus, qui sait ? Son esprit aussi peut voir dans les grandes largeurs...
Maintenant, elle n'avait plus envie de bouger, elle était bien, là. Même si quelques Gryffondor la regardaient un peu interloqués. Ce n'était pas son problème.

"Tu as besoin de le dire... parce que tu es triste ?"
Voilà, on touchait certainement le noeud du problème. Il fallait bien que cela arrive, de toute manière. Depuis un moment, les deux enfants faisaient comme si tout allait bien, mais il était évident que ce n'était pas le cas, ni d'un côté, ni de l'autre. La petite releva la tête pour pouvoir regarder le garçon dans les yeux.

"Justement, je suis ton amie, je suis là pour t'écouter." dit-elle avec un petit sourire en essayant de chasser de son esprit une image hors de circonstance, qui la montrait à la même place en train d'embrasser Haven. "Quand on est allés voir Crapaud-Soleil... J'ai bien vu que tu faisais la tête, mais bon, on pouvait pas trop parler. Là, maintenant, il n'y a aucune raison. Dis-moi..."

Et ce fut au tour de Cherise de faire un petit bisou sur la joue (qu'est-ce-qu'ils sont mignons ces gosses #SBAFF#) pour l'inciter à lui faire confiance, à lui dire ce qui n'allait pas. Peut-être qu'en retour, elle aussi pourrait dire ce qui n'allait pas.

C’était vrai qu’Haven aimerait jouer au Quidditch ici, s’illustrer, un peu comme sa sœur, mais à quelle place serait-il le meilleur ? Sa sœur était une poursuiveuse hors pair, on ne pouvait pas le nier, mais lui, est-ce qu’il serait aussi bon ? Ils étaient jumeaux, certes, mais qui dit que le « gène Quidditch poursuiveur » (appelons cela comme ça) s’était copier sur les deux enfants ? Et si Haven n’avait aucune qualité spéciale pour le Quidditch, s’il était seulement un gros boulet ? C’était possible après tout…

M’enfin, tout ce que Haven savait, c’est qu’il avait trouvé que Cherise jouait bien au Quidditch –pour une fille- et il avait d’ailleurs été triste de voir qu’elle n’avait pas jouer au dernier match. Enfin, au moins il l’avait eu à ses côtés dans les gradins, c’était très bien aussi comme situation !

« Non, je suis pas…Triste… Peut-être un peu perturbé, mais je suis pas triste… Mais, tu sais, je sais pas, j’ai changé depuis l’année dernière, j’suis plus comme avant, ça me tracasse, j’ai l’impression de devenir comme Heaven, et je veux pas ! Je suis moi, je suis Haven, je suis un Gryffondor, et je veux rester un Gryffondor ! Mais, tout le monde me voit comme « le frère de Heaven » et donc ils pensent que je suis comme elle, et quand on vient me parler, c’est toujours pour elle… Je voudrais bien qu’on me reconnaisse pour ce que je suis ! Enfin, je veux pas non plus être célèbre comme elle, je crois que ça m’soûlerais plus qu’autre chose, mais au moins qu’on me connaisse par mon nom… »

Haven se stoppa net dans ses lamentations. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Lui qui s’était tut depuis des mois, le voilà qui ne s’arrêtait plus de parler. Il se lamentait sur ce qu’il était mais après tout, n’avait-il pas un tant soit peu raison ? On ne le connaissait pas pour ce que lui était, mais pour ce que sa sœur était, de quoi être frustré quand même… Et puis il y avait Cherise, qu’il aimait depuis un bon petit bout de temps, et dont il ne devait rien laisser paraître. Ils étaient bien comme ça, ils étaient amis, s’entendaient à merveille, mais est-ce que si jamais ils venaient à finir ensembles, est-ce que ça durerait ? Haven espérait bien que oui, mais après, l’avenir n’est pas fixé dès que quelqu’un entre dans votre vie. La preuve, sa sœur collectionnait les garçons, ça n’était sérieux avec aucun, sauf le dernier là… Un cousin de Cherise en plus, si Haven avait bonne mémoire…

« Et… Non, laisse tomber, ça va, t’inquiète pas… Mais toi non plus ça a pas l’air d’être la super forme, je me trompe cerise ? »

Même si Cherise faisait tous les efforts qu’elle voulait, Haven était passé maître dans l’art d’analyser les émotions de la demoiselle. Peut-être parce qu’il l’aimait, probablement même, mais même s’il s’était juré de ne rien dire, ça avait été plus fort que lui, il fallait qu’il sache ce qui enlevait le joli sourire du visage de sa jolie cerise.

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XXX

Si Cherise s'était imaginée en incitant Haven à parler que celui-ci s'exécuterait aussi facilement... Même si les deux lionceaux étaient vraiment très amis, ce n'était pas trop dans l'habitude d'Haven de monopoliser la parole, ni même de parler trop de ses sentiments. Pour ce qui était de monopoliser la parole, en général, la petite s'en chargeait très bien, et parler de sentiments... Cela n'avait jamais été trop le cas, ou du moins, cela dépend ce qu'on entend par "sentiments". En tout cas, la petite était contente d'entendre dans la bouche du garçon ce dont elle se doutait elle-même. C'est-à-dire qu'une partie des soucis de son ami venaient de sa soeur. Non pas qu'il ne l'aime pas, au contraire (peut-être l'aimait-il trop d'ailleurs), mais plutôt par rapport à l'image qu'elle donnait.
Si la petite n'avait pas déjà été dans ses bras au moment de sa longue tirade, elle se serait certainement jeté sur lui pour le serrer fort, pour le consoler. Bien sûr, tout ce qu'il lui disait maintenant, elle le savait. Mais Haven ne pouvait pas savoir à quel point c'était important pour Cherise qu'il le lui dise avec ses mots, ne serait-ce que pour pouvoir le rassurer après.

"Mais oui, tu as changé, bien sûr, moi aussi, mais c'est pas pour ça que tu ressembles à ta soeur !!! J'ai jamais vu des jumeaux aussi différents, moi ! Je parle de vos valeurs, de vos pensées, de vos caractères ! T'inquiète pas, tu restes toujours un Gryffondor... Après, ce que pensent les gens, tu t'en fiches ! Ce qui est important, c'est ce que pensent les gens qui te sont proches, non ?" dit-elle en relevant la tête pour croiser son regard et lui faire un petit sourire, "Tu sais quoi ? On pourrait mettre un système en place pour que les gens arrêtent de venir te parler de ta soeur. Genre une phrase que tu pourrais à chaque fois sortir... Heuuu... J'sais pas si t'as une idée... Je cherche. Quelque chose qui montre que t'as ton caractère et que t'es différent d'elle."

Cherise lança un regard à Haven pour l'inciter à chercher avec elle. Il fallait avouer qu'elle galérait un peu à trouver, mais elle cherchait quand même un truc comique qui pouvait donner le sourire au garçon et le mettre en confiance en même temps.

"Je sais ! Vu que tu fais la rubrique sportive dans le Hibou Bavard, tu pourrais dire un truc du genre pour la rubrique people, adressez-vous à Megan Jones, moi je m'occupe du Quidditch. Héhéhééééé, comme ça, c'est pas méchant, ça fait rire les gens mais ça les fait réfléchir en même temps et ça leur rappelle que tu es Haven Clarks, et pas le-frère-d'Heaven-qui-pourrait-me-filer-des-infos-sur-elle."

Il n'y avait pas à dire, Cherise était fière de sa trouvaille ! D'ailleurs, en cet instant, elle aimerait presque être Haven Clarks pour pouvoir sortir cette réplique à quiconque viendrait lui parler d'Heaven.

Mais le garçon paraissait déjà gêné (ou regrettait-il ?) d'avoir fait une longue tirade comme celle qu'il venait de faire, et essayait à présent de détourner le conversation. La petite eut un pincement au coeur en s'apercevant que le garçon s'était aussi aperçu que ça n'allait pas bien pour elle. Mince, il s'en était rendu compte. Finalement, les deux lionceaux se connaissaient bien, Cherise se doutait de ce qui n'allait pas pour Haven, et celui-ci semblait savoir des choses, aussi...
Son sourire disparut un instant, mais elle essaya de se ressaisir pour sauver les apparences.

"Et toi, p'tit coquin, tu serais pas en train d'essayer de détourner la conversation, par hasard ? On parle de toi, que je sache ! Alors on règle d'abord ton problème, et ensuite on voit s'il y a des choses à régler de mon côté... Puis elle ne s'empressa de rajouter :"Mais c'est pas sûr, hein."

A vrai dire, elle se voyait plutôt mal lui expliquer les causes de sa bonne humeur un peu forcée de ses derniers temps (quand elle arrivait à la maintenir, car parfois elle n'essayait même pas de sauver les apparences). Certes, elle pourrait toujours le problème de sa mère, mais cela faisait un moment que cela durait, et l'année dernière, on ne pouvait pas dire que cela mettait la petite cerise dans cet état. Bref... On n'en était pas encore là.