Pas de bol jusqu'au bout... (PV Dawn).

Lorsque la cloche sonna, ce lundi après-midi là, annonçant la récréation de seize heures, Susan ne put contentenir un profond soupir de soulagement. En temps normal, les cours de sortilèges étaient un de ses favoris, mais ce jour-là, les choses ne s'étaient pas très bien passées. D'abord sa dernière disseration ne lui avait valu qu'un Acceptable, ce qui, comparé à ses notes habituelles, était franchement mauvais, ensuite elle avait été obligé de s'y reprendre à quatre fois avant de réussir son sortilège (seul Neville Londubat avait eu plus de mal qu'elle à effectuer l'exercice ! Un comble, tout de même !), enfin elle avait en partie renversée sa bouteille d'encre sur le pupitre, ce qui expliquait l'état particulièrement taché de ses mains. C'était son voisin, qui s'était tapé une bonne partie de marrade, à observer ses déboires, tout au long de l'heure ! A croire que quelqu'un avait versé un filtre de malchance dans son verre de jus de citrouille, au déjeuner !

*Bouh ! Et en plus, ce soir, il y a cette saleté de cours de transplanage !* s'appitoya-t-elle mentalement en remballant une à une ses affaires.

Elle avait d'autant moins envie d'assister à la leçon de transplange qu'était née en juin, elle ne pourrait même pas passer le premier examen, qui avait lieu en mai. Autrement dit, pour elle, l'obtention du permis ne se ferait pas avant septembre prochain, et encore, si elle avait de la chance !
De toute façon, depuis qu'elle s'était désartibulée devant tout le monde (un épisode que Rogue ne manquait pas de lui rappeler dès qu'il en avait l'occasion), cinq semaines plus tôt, Susan avait décidé - parfaitement traumatisée - que le transplanage, c'était vraiment un truc pourri.
Perdue dans ses pensées, elle quitta la salle d'un pas vif, oubliant même de saluer Flitwick (paf ! Vingt points en moins pour Poufsouffle !) et se dirigea presque machinalement vers les toilettes des filles. Elle détestait avoir les mains sales (pour une ancienne Jeannette, c'est assez paradoxal, soit dit en passant) et les frotter un bon coup l'aiderait peut-être à se sentir un peu moins idiote (Susan Bones, ou la thérapie par le savon. L'avantage de cette méthode, c'était qu'elle ne payait rien. Au contraire, c'était l'école qui fournissait eau et savon... Hinhinhin !).

La rouquine poussa prudemment la porte, de peur d'écraser une imbécile qui se serait mise derrière en attendant qu'une cabine se libère. Non, non, ne ricanez pas, ce genre de comportement est plus fréquent qu'on ne le croit, aux récréations. Fort heureusement, les lieux étaient déserts... Déserts ?! A cette heure de l'après-midi ? Mais généralement, c'était le point de rendez-vous de toutes les filles de l'étage ! D'autant plus que les toilettes les plus proches, après celles-ci, étaient celles de Mimi Geignarde, qui n'étaient pas connues pour leur confort.
Enfin, tant mieux, après tout ! Au moins, elle n'aurait pas à attendre trois heures devant un lavabo que les filles devant elle aient fini de glousser en se recoiffant. Tout de même, qu'est-ce que c'était puéril, une fille ! Sans même lancer un coup d'oeil à son reflet (c'est bon, elle savait à quoi elle ressemblait, pas besoin de regarder toutes les deux heures !) ~~dommage pour elle, elle aurait ainsi pu voir l'énorme tache d'encre qui s'étalait sur sa joue gauche~~, Susan ouvrit le robinet et commença à se laver vigoureusement les mains, sourcils froncés et lèvres pincées, comme s'il s'agissait d'un exercice réclamant toute son attention. Elle était si concentrée, d’ailleurs, qu’elle n’entendit pas la personne (de sexe féminin, très probablement. Ou alors c’est un jeune dévergondé. Ou un aveugle. Ou un type particulièrement pressé d’atteindre les toilettes. Ou… Oui, enfin bref, on s’en moque) qui entra dans les toilettes, quelques secondes plus tard…

(628 mots)

XXX

Oui, Dawn Kostovak avait du caractère, et ça elle ne l’avait jamais démentit. Elle avait toujours su se faire respecter, quitte à se montrer plus persuasive que nécessaire dans certaines situations. La jeune fille était charmante, oui. Physiquement, elle était plutôt jolie, mais ce qui caractérisait vraiment son charme relevait plus du charisme que de la beauté seule. Il émanait en effet de son être une force indéniable, une assurance incroyable. Rares étaient les personnes sachant mettre, vraiment, mal à l’aise la belle russe. Pourtant, elle ne manquait pas de points faibles, elle était loin d’être surhumaine, malgré les quelques surnoms qui avaient été collés à son image un temps. Ainsi, Terminator et elle (Kostovakor) n’avaient sans doute pour seul point commun que leur confiance en eux et leur aplomb. La volonté devait aussi entrer en compte. Après, la jeune fille ressemblait beaucoup moins à l’immense personne à laquelle elle avait scandaleusement été comparée l’an passé. Dawn était une jeune fille qui préférait la douceur à la violence. Une carrure peu imposante, elle intimidait de manière autre que sa meilleure amie : Myrielle. Cette dernière montrait souvent une certaine froideur que Dawn n’avait besoin de lui envier, puisqu’elle semblait se la partager, mais la belle rousse intimidait aussi par la réputation de sa famille, et sa propre réputation. Myrielle venant d’une lignée de tueur à gage, on évitait souvent de s’en prendre à elle… Question de bon sens. Pour Dawn, c’était moins évident. Les règles avaient été posées implicitement. On ne la contrariait pas, mais on ne savait pas pourquoi… Avant, étant préfète, elle savait se montrer cruelle avec ceux qui la gênaient et retiraient des points sans en éprouver la moindre pitié (Tiens, et 50 points en moins !!!! MOUHAHAHA), distribuant aussi les heures de retenues avec une certaine indifférence et, on peut bien se l’avouer, une générosité sans parielle (qui a dit que les vipère se la jouaient perso ? ). A présent, elle n’était plus préfète, mais restait la fille qu’on essayait d’éviter, surtout, si elle est de mauvaise humeur.

Dawn avait moins de force que Myrielle, c’était évident, elle n’avait pas suivi l’entraînement drastique de la jeune Symphonie. Elle était cependant plutôt sportive, et bien que personne ne l’ai encore jamais su, ni vu, elle pouvait être elle aussi très violente si jamais on se permettait de la titiller d’un peu trop près. Et cette règle là s’appliquait aussi bien à sa petite personne qu’aux êtres qui lui sont chers. Elle n’avait usé de violence qu’une seule fois, sur un élève de Poudlard. Il s’agissait de Gauthier… Cela remontait à sa première année d’étude. Elle avait été froide et extrêmement dure avec le jeune Poufsouffle. Et pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, elle l’avait aimé. Oui, elle l’avait vraiment aimé. Il avait été un appuie non négligeable alors qu’elle coulait lentement dans son propre monde. Il avait été la première personne à la sortir de ses propres ténèbres pour lui indiquer un chemin tout aussi difficile mais bien plus lumineux que celui que Dawn avait initialement choisi. La jeune fille ignorait ce qu’était devenu le garçon depuis. Il avait eu un accident et avait quitté Poudlard. Elle avait eu trop de fierté pour envoyer un hibou, et, le temps passé, elle avait craint qu’il l’ait oubliée. Elle ne lui avait donc jamais écrit, conservant en elle tous ces mots qu’elle aurait souhaité lui dire avec douceur, tout ce qu’elle aurait aimé lui montrer… ses amis, sa famille, sa véritable personnalité, celle qu’il avait aidé à façonner de manière non négligeable… Mais ça, elle ne l’avait pas fait et ne le pourrait certainement plus jamais. C’était regrettable, mais elle ne pouvait agir contre cette fâcheuse réalité.

Dawn soupira. Pourquoi avait-elle songé à ça ? Elle était en ce moment même en train de ranger ses affaires de cours dans son sac. Les cours en commun avec les élèves de Poufsouffle étaient habituellement particulièrement ennuyeux, voire amusant, quand on considérait certains énergumènes on ne peut plus stupides et particulièrement inapte à la pratique de la magie. Ils étaient à eux seuls une attraction des plus divertissantes. Une chance d’ailleurs qu’ils soient là, il fallait l’avouer, sinon le cours de sortilège serait bien ennuyeux sans eux… Aujourd’hui cependant, Dawn ne pensait pas de la sorte. Leur présence avait fait remonter en elle, de façon inexpliquée, des souvenirs qu’elle ne pensait pas retrouver un jour. Gauthier… Elle pensait qu’elle l’avait oublié. Cinq années s’étaient écoulées depuis. Elle n’avait de commun avec la petite fille qu’il avait connue que le prénom et le nom. Le regard aussi était resté le même. Glacial, peu expressif, rarement ouvert aux autres. Mais elle n’était plus du tout la petite fille froide et sombre qu’elle avait été jadis. Du moins, elle savait s’ouvrir à présent, puisqu’elle avait un nombre certains d’amis, plutôt proches par ailleurs. Petite, elle avait rejeté tous ceux qui avaient voulu l’approcher. Etant peureuse et plutôt méchante de nature, elle ne s’était jamais montrée sous un angle donnant envie aux autres de l’approcher, de la connaître, produisant plutôt l’effet inverse… A dix sept ans, elle restait une jeune fille intimidante, mais elle avait aussi apprit à voir le monde autrement qu’en noir et blanc, y glissant quelques nuances colorées de part et d’autres. Elle avait grandi, tout simplement.

La vipère posa son regard sur Quentin. Il ne la regardait pas, son regard étant perdu. La jeune fille fronça les sourcils, se remémorant sans difficulté le bal de Noël. Elle n’avait eu d’explications qu’une fois rentrées de Russie. Isaac lui ayant fait, comme présent de Noël, la plus belle chose qu’elle n’ait jamais osé espérer. Ils étaient en effet tous deux allé en Russie, alors que le bel anglais éprouvait une certaine rancœur là-bas. Rancœur contre son père, son demi frère… Sa belle-mère peut-être aussi… Pourtant, c’était lui et lui seul qui avait eu cette idée-ci pour le Noël de la russe. Dawn n’avait cessé de le remercier, frétillant de joie. La froideur de son regard froid avait laissé, quelque temps, une étincelle de bonheur et de chaleur se propager dans ses prunelles. Le voyage n’avait pas été trop long. Perséphone avait été de la partie, évidemment. Elle n’avait pas dormi à l’hôtel non plus, s’abritant gentiment au manoir familial. Isaac et Dawn n’avaient pas dormi chez eux (oui on pouvait dire chez eux, puisque le père d’Isaac avait épousé la tante, et tutrice de Dawn). Ils étaient allés dans un hôtel très fameux. Dawn avait gagné quelques libertés depuis qu’elle était majeure et sa tante l’avait laissée faire sans critiquer, ce que la belle brune avait su apprécier. Les vacances avaient été formidables. Dawn allant rendre visite à sa tante, et, surtout, à son filleul dès que possible, profitant aussi de la Russie avec son petit ami. Il y avait eu de nombreuses visites, que ce soit des musées, des expositions, du théâtre, des ballets… Il y avait eu quelques expériences qu’ils auraient préféré oublier, comme rester enfermer dans un hall d’exposition, parce qu’ils n’avaient pas prêté attention aux horaires, être oublié par leur chauffeur, ce qui leur avait valu quelques kilomètres de marche à pied (une chance qu’ils soient plutôt e bonne humeur ^^). Il y avait aussi eu des expériences positives, dont la plus marquante résidait dans leur première fois. Ca, Dawn ne l’oublierait jamais.

Nouveau soupir. Que le temps de la Russie semblait être lointain à présent. La russe laissa son regard vagabonde rune nouvelle fois, quittant Quentin pour venir se poser sur la petite amie de ce dernier. La brune perdit immédiatement son sourire. La vision de cette sotte lui donnait des nausées. Comment un garçon aussi censé que Quentin pouvait-il trouver du charme à cette… imbécile ? Non mais vraiment… -_-. Dawn ferma son sac et quitta sa place avec grâce, se glissant sans bruit hors de la salle de cours. Depuis toujours, la jeune fille s’était montrée très discrète et plutôt délicate dans chacun de ses mouvements. Elle avait certainement gagné ces aptitudes à force d’étudier l’art de la danse. En fait, c’était plus qu’une hypothèse, c’était une évidence. Les enseignements russes étaient durs, oui, mais aussi de très bon niveau. Dawn était très fière d’y avoir vécu une partie de son enfance. Elle savait que sans ça, elle n’aurait jamais été celle qu’elle était à présent. A savoir, une fille ferme, droite, avec des valeurs élevées et une haute estime de l’amitié. Quant elle offrait son cœur, elle ne le faisait pas à moitié. Se glissant dans les couloirs, elle demeura silencieuse, observant avec attention Susan. Elle avait osé mettre en doute la sincérité de Quentin, et ça, elle allait le payer cher. La brune avisa la rousse qui passait dans les toilettes des filles. Parfait. Dawn l’y suivit d’un pas rapide, de longues enjambées silencieuses la conduisant aisément à la porte qu’elle franchit sans encombre. Sa baguette d’un agréable blanc laiteux à la main, elle en donna un coup sur la porte fermée derrière elle, y glissant un verrou magique. Ainsi, les deux sorcières ne pourraient être dérangées. Le regard froid et dur de la belle brune se posa instantanément sur la silhouette de la préfète.

« Bones… Bonjour. J’espère que tu vas bien… »

Le regard haineux de la jeune russe laissait voir une très nette contradiction avec ses propos. Elle se moquait bien de la jeune fille qui lui faisait face. Qu’elle aille bien ou mal lui importait peu. Rangeant sa baguette dans sa poche, la brune s’avança vers la jeune fille qui avait volé le cœur de Quentin, puis, sans lui adresser le moindre sourire, l’observa avec attention.

« Dis moi, Susan… Tu te crois vraiment digne de Quentin ? Moi j’ai la conviction que tu ne le mérites pas, vois-tu… Il perd son temps avec toi, puisqu’à Noël tu nous as très clairement montré à quel point tu étais stupide et inintéressante… et surtout à quel point tu pouvait être insultante à son égard. »

Le regard de la jeune femme était plus glacé que jamais. Non, elle n’avait pas oublié le geste fort outrageant qu’avait eu la préfète. Comment osait-elle encore émettre le moindre doute sur Quentin alors qu’il était avec elle depuis plus d’un an ? Il s’était dressé contre l’avis de ses amis pour être avec une fille qui ne méritait pas un centième de l’attention qu’il lui portait. Dawn aimait beaucoup Quentin, Elle pouvait tout lui dire, il pouvait tout lui dire, et aucun secret ne s’éternisait entre eux. C’est pour cette raison qu’elle tenait à parler seule à seule avec Susan. Si le jeune homme avait été présent, il se serait très certainement senti piéger. Dawn voulait que tout ce qui suive se passe uniquement entre elle et Susan. Personne ne devait intervenir et la brune était prête à tout pour faire entendre raison à la petite amie du préfet. Quitte à la violenter si jamais la tension se faisait trop pesante. Dawn n’hésiterait pas une seconde, les choses étaient plus que claires dans sa tête. Rien ne la ferait reculer. Et surtout pas une fille qui osait malmener l'honneur de son meilleur ami.

[1 861]

XXX

Mais qu'est-ce que... ?

Susan, les mains toujours sous l'eau, releva la tête et haussa un sourcil stupéfait en voyant Dawn tirer le verrou de la porte. Quel que soit le but de sa venue ici, l'attitude - clairement offensive - de la jeune fille ne laissait rien présager de bon. L'espace d'un instant, la rouquine se prit à penser qu'elle n'aurait peut-être jamais besoin de passer son permis de transplaner, finalement. Mais elle repoussa bien vite cette idée, parfaitement saugrenue : Dawn n'avait tout de même pas l'intention de la tuer de sang-froid au beau milieu de l'école, tout ce même ? A moins qu'elle ne soit assez sotte pour penser faire courir la rumeur d'un retour en force du basilic, bien entendu.

Le sourcil redescendit et Susan se détourna un instant pour fermer le robinet (non, elle n'avait pas l'intention d'asperger Dawn de la tête aux pieds, juste pour voir son joli brushing dégouliner. Restons Poufsouffle, tout de même !) et prit le temps de se sécher tranquillement les mains avant de faire de nouveau face à ~~sa pire ennemi~~ cette pimbêche de Kostovak (sauf le respect qu'elle devait à Quentin, bien entendu).
Il y avait un an encore, Susan se serait probablement mise à trembler de tous ses membres, à la simple évocation d'un tête à tête avec Dawn Reine des Icebergs ~~mais de toute façon, t'es mal barrée, ma grande, c'est le réchauffement climatique, là, dehors ! Alors, si ton espèce doit s'éteindre tape dans tes mains !~~. Mais, depuis, elle avait pris du poil de la bête ~~et à chaque pleine lune, elle se transformait en bête assoiffée de sang~~ et savait désormais faire montre d'un peu plus de maîtrise de sa personne, ce qu'elle avait parfaitement démontré au bal de Noël, n'en déplaise à Celle-Qui-N'est-Jamais-Contente.

D'ailleurs, elle avait encore son mauvais cours de sortilège sur le coeur et ne souhaitait franchement pas ajouter à ses déboires un effondrement pathétique devant Dawn. Pourtant, la Serpentard n’était de toute évidence pas venue dans les toilettes pour une petite réunion Tupperware entre filles : tout, dans son attitude, annonçait un affrontement d’autant plus évident que la jeune fille avait verrouillé la porte. Susan retint un sourire amer : Dawn ou comment toujours obtenir ce que l’on veut. Et là, ce qu’elle voulait, c’était certainement faire passer un sale quart d’heure à l’innocente (si, si, innocente, elle maintient !) Poufsouffle.

Mine de rien, en rajustant son sac de cours sur son épaule, Susan vérifia que sa baguette était bien à portée de main, dans la poche de sa cape. Elle doutait que Dawn la passe à tabac alors qu’elle était préfète et de surcroît délatrice en puissance («Madaaaaame, Dawn m’a frappée !»), mais mieux valait-il se préparer à toute éventualité. Après tout, Dawn, toute fine soit-elle, restait une Serpentard (maison d’attardés s’il en est ! Exception faite de Quentin et de Flora, bien entendu. De toute façon, ils n’avaient été placés à Serpentard que pour relever le niveau de la maison !). La rouquine passa rapidement en revue les sorts que Potter avait appris aux membres de l’Armée de Dumbledore et les conseils de duel qu’il leur avait donnés. Techniquement, elle n’était ni ignare ni mauvaise. Techniquement. Parce qu’entre de sympathiques petits exercices entre amis et un vrai duel à mort dans les toilettes (au moins tout ça !), il y avait tout de même un certain fossé (pour ne pas dire un fossé certain) à franchir (et le tout sans pont, même pas un petit machin branlant, s’il vous plaît !).
La Poufsouffle eut un haussement de sourcil sarcastique quand Dawn feignit de s’enquérir de sa santé. Au fait, Kostovak, au fait ! Susan n’était pas encore assez naïve pour sincèrement penser que la petite vipère pouvait s’intéresser à sa misérable petite personne. Dieu merci, Dawn n’avait pas l’air de vouloir s’embarrasser plus longtemps de politesse.

*Non mais vraiment ! Quelle gourde, cette fille ! De quel droit vient-elle m’embêter avec des affaires strictement privées ?* songea-t-elle, franchement scandalisée que Dawn puisse se montre à ce point impudique.

Car en bonne petite anglaise qu’elle était, la jeune fille avait beaucoup de mal à concevoir qu’on parler aussi ouvertement de sujets aussi personnels, a fortiori lorsqu’on n’était pas concerné ! C’était parfaitement déplacé et… Et… Inconvenant ! Grand Dieu, on se serait cru dans un mauvais roman à l’eau de rose, un de ceux que Susan méprisait tant que sa cousine Angélique portait aux nues. La malheureuse ! Et de toute évidence, Dawn jouait le rôle de l’empêcheuse de tourner en rond.

*Stupide, inintéressante et insultante, rien que cela ? Mais… Elle devait déjà le savoir, non ?* pensa-t-elle d’un air presque amusé.

Elle ne s’était jamais fait d’illusion sur l’opinion de Dawn à son égard et les paroles de jeune fille ne l’auraient probablement pas blessée outre mesure si elles n’avaient pas directement mis en accusation sa relation avec Quentin, sujet sensible s’il en était. La pauvre fille (Susan, pas Dawn. Quoique…) avait déjà bien du mal se résoudre à avouer à ses parents qu’elle sortait avec un Serpentard alors si en plus les amis de l’un ou de l’autre se croyaient subitement en droit de s’en mêler, ils n’étaient pas sorti des Trois Balais !
Susan plissa les yeux et fixa Dawn d’un œil sec un court instant. Cette fille était vraiment… Bizarre. Voilà qu’un an et des brouettes après le début de sa relation avec Quentin, Dawn cherchait subitement à la blesser. N’aurait-il pas été plus logique de s’y prendre plus tôt ? A croire qu’elle était jalouse ! Mais non ! Susan se refusait d’évoquer cette possibilité. D’ailleurs, Dawn était avec Isaac. Alors quoi ? Une soudaine pique de fierté serpentardienne ? Un besoin pressant de se trouver un bouc émissaire ? La Poufsouffle préféra éluder la question pour le moment, sentant confusément que les diverses hypothèses qu’elle pourrait élaborer ne la servirait guère, et elle se contenta de répondre d’un ton cassant :

-Oh, comme c’est mignon de ta part, Kostovak, de t’inquiéter pour Quentin. Mais tu ne crois tout de même pas qu’il a besoin de toi pour me dire ce genre de choses ? Je pense qu’il est assez grand pour s’exprimer tout seul, non ?

Non mais c’était vrai, à la fin ! Pour qui se prenait-elle, cette garce ?

(1060 mots)

XXX

Dawn regarda la jeune fille de Poufsouffle s’essuyer les mains… Etait-elle naturellement lente, en plus d’être une arriérée ou était-elle juste stupide ? Laissant sa colère bien en elle, pour l’instant ; la brune se contentait de regarder l’autre fille sans rajouter le moindre mot. Susan ne tarda d’ailleurs pas à lui répondre. Et la réponse, il fallait bien l’avouer ; exaspéra la vipère qui se trouvait avec elle. Non mais qu’elle était… agaçante cette rouquine à la fin ! La brune aurait presque eu envie de prendre son apparence de louve, histoire de faire une petite frayeur au blaireau qui lui faisait face. Mais elle devait se contenir, sachant très bien que son secret devait surtout rester là où il en était. Personne ne devait le savoir. Isaac et damian ne savaient rien…Quentin non plus d’ailleurs. Pas même Myrielle et Elea. Alors si Susan Bones l’apprenait, c’en était plus que fini pour elle (Dawn pas Susan :p bien que la première aurait voulu régler ses comptes avec la seconde ^_^). La sorcière aux couleurs vertes et argent se contenta donc de ronger son frein, passablement irritée. La porte bien verrouillée, la brune s’avança à pas mesurés vers la jeune demoiselle qui avait le don d’être là où elle n’aurait jamais dû être ; à savoir, dans la vie de Quentin et sur le chemin de Dawn. Attention, la guerre venait d’être annoncée.

La russe s’arrêta à une distance respectable de la préfète. Non pas qu’elle la craigne, loin de là cette misérable pensée par ailleurs. Elle préférait simplement ne pas employer la manière forte, enfin, pour le moment. (visualisation d’un duel Susan/Dawn dans les toilettes…) Ding ding !!!!! Premier round. La vipère pinça ses lèvres et resta très froide, face à la jeune demoiselle rousse.

« Oh je t’en prie, j’espère que tu connais mieux Quentin que ça… »

Le regard de la brune se faisait incandescent tant sa froideur grandissait… C’était devenu un froid mordant. Ce genre de froid qui vous glace des pieds à la tête, n’épargnant ni orteil, ni cheveu. Ce froid qui, lorsqu’il vous atteignait, donnait une désagréable impression de brûlure. C’était tout simplement, difficilement soutenable. La brune observait toujours la rousse qui lui faisait face. Au fond, elles n’avaient rien en commun, Susan… Dawn. Elles étaient radicalement opposées, alors pourquoi Quentin arrivait-il à s’entendre avec les deux ? Que faisait-il donc au milieu ? (BAISSE TOI QUENTUIN, J’ENVOIE UN OBU !!!!) Quel sort lui avait jetée cette sale fille qui se permettait, à présent, d’humilier publiquement un garçon qui n’avait rien fait pour mériter pareil sort… La jeune demoiselle russe reprit la parole.

« Il ne sait évidemment pas que je suis venue te parler, il aurait été mal à l’aise, et ça se comprend, avoir une petite amie aussi stupide que toi, il n’y a pas de quoi ressentir la moindre fierté. »

Le regard de Dawn restait dur. Froid, insoutenable, accusateur. Elle n’avait ressentit pareille haine depuis fort longtemps et avait l’impression qu’un feu naissait en elle, grandissant à vue d’œil. Qui avait-elle autant détesté dans sa vie ? Le seul prénom qui s’affichait dans sa tête était celui de Katie… sa demi sœur, ou plutôt, sœur adoptive. Une moldue, une idiote… la pire de toutes… Alors pourquoi ressentait-elle une pareille colère à l’égard de Susan, qui ne pouvait décemment être aussi terrible que Katie ? C’était simple, finalement… Elle s’était juste aventurée sur un terrain que ses pieds n’auraient jamais du frôler.

S’efforçant de conserver un ton poser et de rester de marbre malgré la colère toujours plus intense qu’elle éprouvait, la vipère commenta d’une voix toujours impassible, bien que des accents colériques commencèrent à se montrer.

« Je dois le savoir, Susan. Tu es vraiment sérieuse avec lui ? Je dois avoir une réponse honnête. Je refuse qu’il s’abaisse au niveau d’un vulgaire jouet que tu jetteras quand tu en seras lassée. Et je ne suis pas la seule à penser de la sorte. Donc dis-toi que ta sincérité est dans ton intérêt… »

Oui, Dawn savait que Raphaël penserait comme elle. Tous deux n’avaient pas aimé le fait qu’il soit avec Susan, mais l’avait laissé faire malgré tout. Si ils apprenaient cependant que la jeune fille s’était juste amusée du Serpentard, là, ils risquaient tout deux de se fâcher et pas qu’un petit peu. Dawn reprit, une dernière fois.

« Si tu comptais t’amuser, alors dis toi que c’est fini. Je refuse que l’honneur de Quentin soit tâché par une imbécile. Si tu es sincère… »

Dawn reprit le silence. Elle savait que si Susan était sincère, il y avait plusieurs choses qui devaient être éclaircies…

[777]

XXX

Susan gratifia Dawn d’un coup d’œil torve. Franchement, cette fille était excédante au possible ! Quelle idée ridicule de l’enfermer, d’ailleurs ! Comme si elle allait s’enfuir ! Susan était peut-être une gentille Poufsouffle peu portée sur le conflit, mais elle n’était pas une lâche pour autant ! Elle savait affronter les problèmes, même les gros problèmes dans le genre de celui qui venait de lui tomber inopinément dessus (sans vouloir dire que Dawn est obèse, bien entendu !).
L’ennui, en réalité, c’était que Dawn et Susan avaient une vision radicalement opposée de la situation : là où Dawn voyait humiliation pour Quentin, Susan, elle, voyait humiliation pour elle. Après tout, c’était elle qui s’était retrouvé contrainte de danser avec Zacharias Smith, pendant le bal (vision subite de Quentin dansant avec Zacharias... Euuuh...)!
Et quiconque a déjà eu l’occasion de danser avec Zacharias sait à quel point l’exercice se révèle… Douloureux. Sans compter que la fille qui se faisait larguer par son petit ami pour la première danse n’était pas considérée de façon très positive par le reste de l’assemblée (quelle injustice, d’ailleurs ! Pourquoi les potins n’avaient-ils pas également couru sur Isaac ? Il avait été, lui aussi, obligé d’ouvrir le bal avec une autre que sa chère et tendre, qui n’avait de tendre que le nom, et encore, même pas !). Le Hibou Bavard allait avoir de quoi jaser, dans son prochain numéro !
Bref. De toute façon, le problème avait été réglé dans un couloir désert, le 25 décembre dernier (Joyeux Noël, Bonne Année et Joyeuses Pâques, surtout !) et, de l’avis de Susan, il n’était plus nécessaire de revenir dessus. Surtout lorsqu’on n’était pas directement touché par la question (oui, oui, Dawn, c’est de toi que je parle !).

La jeune fille pinça fermement les lèvres (ouh la copieuse !) et pâlit sensiblement en entendant Dawn l’accuser, plus ou moins directement, de bafouer l’honneur de Quentin. ~~Genre l’honneur des Montgomery est sans tache, pistache ! Pensons à Claire, pensons à Claire !~~ Elle retint toutefois l’insulte qui lui brûlait les lèvres (elle a été bien élevée, cette petite tout de même !) et s’abstint de répondre à la provocation. Elle n’avait nullement l’intention de s’abaisser à un crêpage de chignon en règle avec Dawn. D’ailleurs, elle avait une queue de cheval, aha !
Ceci étant, plus Susan écoutait Dawn, et moins elle comprenait. Au fond, Dawn aurait pu (aurait dû ?) venir la voir beaucoup plus tôt ! Pourquoi maintenant ? Que s’était-il passé pour qu’elle soit à ce point amère à son égard ? Certes, Susan ne s’était jamais fait d’illusion sur l’affection que la Serpentard lui portait : elle était nulle (l’affection, pas Dawn. Elle devait bien avoir quelques qualités, cette vipère. Sans quoi, elle ne serait certainement pas amie avec Quentin ! Oui, Susan laisse la bénéfice du doute à Dawn, est-elle mignonne !). Mais tout de même, on n’allait pas lui faire croire que c’était l’affaire du Réveillon (très joli titre de roman policier, tiens ! Avis à nos écrivains, je le vends à bon prix !) qui était la cause de cette petite entrevue. Non ! Le problème devait être plus profond. Plus latent. Il devait couver depuis le début.
Susan adressa un regard en biais à Dawn, à la fois perplexe et étonnée. Comment osait-elle remettre en doute sa sincérité ! Elle était une Poufsouffle, nom d’une girafe à roulettes ! La loyauté était la première de ses vertus !

- Ecoute-moi bien, Dawn, répondit-elle d’une voix sourde, parce que je ne le répéterai pas : jamais, tu m’entends, jamais, je ne me permettrais de traiter qui que ce soit comme un vulgaire jouet, a fortiori pas Quentin ! Je suis une Poufsouffle, ne l’oublie pas !

Ce qui sous-entendait assez clairement que les Poufsouffle n’avaient pas pour habitude de manipuler leurs semblables ou de jouer avec leurs sentiments. Contrairement à d’autres, n’est ce pas ! Les Serpentard devaient vraiment être tordus, pour penser qu’elle pouvait s’amuser avec Quentin. Et puis tout de même, au bout d’un an, on aurait pu penser qu’elle se serait lassée ! Sans compter que si elle avait voulu s’amuser, elle aurait probablement visé moins haut que Serpentard. On ne pouvait pas dire que les débuts de leur relation avaient été bien simples !

- Bien entendu que je suis sincère. Il est parfaitement insultant que tu puisses penser le contraire. Ce serait juste… Abject, conclut-elle d’un ton sec, en esquissant une grimace à la simple idée qu’elle pourrait être en train de se jouer des sentiments de Quentin. Susan avait bien trop de respect pour son prochain pour se livrer à de tels jeux.

(776 mots)

XXX

Haussant les sourcils, étonnée par la réponse fournie par la jeune fille, Dawn l’observa avec plus d’attention et moins de rancœur, du moins s’y efforçait-elle. Le souci, avec Dawn, c’était qu’elle était de nature méfiante et pensait donc toujours qu’on lui mentait avant de lui dire la vérité, aussi doutait-elle souvent de ce qu’on pouvait lui dire. Du moins était-ce le cas avec les inconnus ou les personnes auxquelles elle ne pouvait accorder sa confiance. La brune resta silencieuse un bon moment donc, observant avec le plus de neutralité possible la jeune femme qui se tenait face à elle. Comment savoir si elle était sincère ? Dawn avait l’impression qu’elle pouvait la croire… Mais en même temps, une voix sourde dans sa tête lui hurler de prendre garde, que tout ceci n’était que mensonge et manipulations… Elle avait grandi dans cet environnement alors pourquoi cela changerait-il à présent ? Retenant son souffle, elle resta silencieuse sans esquisser le moindre signe de faiblesse, bien que son regard commença à perdre sa froideur incandescente.

Un soupire fila entre les lèvres de la jeune femme. Elle quitta alors le visage de Susan pour observer son propre reflet, puis celui de la rouquine au travers du miroir. Elle voulait vraiment croire les paroles de Susan. Elle souhaitait plus que tout en ce moment qu’elle lui dise la vérité. Mais pouvait-elle al croire ? Dawn savait bien qu’elle pouvait lui mentir, mais rien ne lui ferait dire la vérité, à moins qu’elle ne passe par un filtre de vérité, chose à laquelle Dawn avait déjà pensé, si si ! Faut pas croire, rien ne lui échappe quand il s’agit de stratégie. La jeune fille regrettait même de ne pas avoir prit cette potion par ailleurs. Elle n’aurait ainsi pu douter des propos de la jeune femme qui se trouvait là avec elle. Mauvais calcul… Stratégie à revoir, mais pas pour le moment… Là, elle avait d’autres blaireaux à fouetter.

Soupirant à nouveau, la brune reporta toute son attention sur la jeune fille. Bien, on passait donc à la suite du projet, plan B-2.c (oui c’est très technique une stratégie de Serpent ^_^). Le regard moins dur, elle reprit la parole après avoir conservé un bon moment le silence (non, elle n’était pas morte, c’était une feinte ; aha !).

« En admettant, je dis bien, en admettant que tu me dises la vérité, ce dont je me permets de douter pour l’instant, et ce pour des raisons que je t’exposerais dans quelques instants… J’aimerais comprendre ce qui t’est passé par la tête au bal de Noël… »

C’était vraiment LE problème qui avait tout déclenché chez Dawn… Pourquoi Susan s’était montrée si irritée ? Evidemment, la brune ne savait pas que Quentin lui avait dit, au tout dernier moment qu’il allait danser avec la vipère brune… Non, ça Dawn l’ignorait… Elle ne savait pas non plus que Susan s’était faite violenter au cours de sa première danse (petite pensée pour ses orteils qui ont du certainement souffrir le martyr). Forcément, comment diable pouvait-elle agir différemment si on ne lui disait rien, ou, du moins, que la moitié des choses ??? (C’est vrai quoi, si on dit pas tout aussi…).

La russe se calmant petit à petit, bien que la tension resta présente dans son système nerveux (oui, faut pas croire qu’elle est zen et décontractée non plus), elle commençait néanmoins à acquérir un regard plus détaché, moins subjectif…

« Si je me suis permis de douter de ta franchise, c’est uniquement parce que j’ai trouvé ton comportement, le fameux soir du bal plus qu’insultant pour Quentin. Tu imagines ? Je lui demandes un tout petit service, et pendant ce temps, la fille qu’il aime part à toute allure en lui lançant un regard à faire fondre un iceberg. Et après ça, je trouve plutôt indigne de ta part de réclamer encore le titre de petite amie… Peut-être ai-je manqué quelques épisodes dont tu aurais l’amabilité de me faire part ? »

Passant ses doigts dans ses longs cheveux noirs, la brune garda son regard gelé bien fixé sur la préfète. Elle avait le sentiment que la situation commençait à s’éclaircir, sans que le brouillard ne soit complètement dissipé pour autant… La jeune fille voulait vraiment mettre les choses au clair. Après tout, elle aimait énormément Quentin et voulait plus que tout le voir heureux. Mais elle n’arrivait plus à être naturelle avec lui, quand elle repensait aux étranges actes de Susan. Elle ne pouvait que douter de la préfète, chose qu’elle trouvait on ne peut plus naturelle. Oh, Dawn ne comptait pas devenir la siamoise de Susan, il ne fallait pas exagérer non plus. Mais elle préférait être plus en harmonie avec la fille qu’aimait son meilleur ami… Question de bon sens, d’après la russe.

[800]

XXX

» A bout de souffle
» Tu m'as manqué bout de chou ! [PV]
» Pour un bout de tarte [PV Emma]
» Un petit bout de signes [Libre]
» Un stupide bout de bois [Pv Ellessar]