Journée formidable. Ironie. [Libre]

* C'est grand.
- Crétine. Bien sûr que c'est grand.
- Toi, la conscience, je t'ai pas sonnée.
- C'est justement pour ça que je te parle.
- . . .
- J'ai encore gagné.
- Tais-toi. *

Voilà bientôt deux heures que Helly visitait le château. C'est-à-dire : restait plantée au milieu du hall d'entrée comme un poteau télégraphique. Elle aurait bien voulu faire le tour de l'établissement, mais il aurait fallu pour cela qu'elle connaisse son chemin. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Et elle passait pour une parfaite idiote. En plus, elle s'était faite humilier pas sa propre conscience. Pitoyable. Elle n'était pas digne d'être à Serpentard. On aurait dû l'expédier à Poufsouffle d'un coup de pied aux fesses, elle l'aurait bien mérité. Mais là . . .

Elle repensa à la Cérémonie de la Répartition. Le Choixpeau avait hésité. Longtemps. Si longtemps qu'au bout d'un moment, Helly s'était demandée si elle ne finirait pas par prendre racine sur le tabouret à trois pieds. Enfin, alors que son coeur allait exploser d'appréhension et d'excitation mélangée, il avait prononcé le verdict. Serpentard, elle serait à Serpentard. Surprise. Elle ne s'y voyait pas du tout. Mais maintenant qu'elle y était, il fallait qu'elle se montre digne de sa maison.

Or, ce n'était pas ce qu'elle avait fait jusque là.

La soirée d'hier avait été un cauchemar. Tout d'abord, elle avait trébuché dans sa robe de sorcier trop longue en descendant les marches pour aller à sa table. Elle s'était retenue de justesse, mais avait tout de même arraché quelque rires de l'assistance. Heureusement que les applaudissements de sa maison l'avaient un peu couverte. Puis, elle avait cherché une place, et s'était finalement retrouvée entre un élève qui ressemblait à un gorille et une fille qui pouvait rivaliser avec le Baron sanglant dans la catégorie 'pâle comme un linge'. Sur tout ce temps, elle n'avait pas prononcé un seul mot, et ses nouveaux camarades la dévisageaient bizarrement, l'air de dire " Mais où est la joie du première année ? Les yeux qui brillent, le sourire béat ? " Helly se serait presque attendue à entendre " Ah, les jeunes, de nos jours . . . plus rien ne les intéresse ! "

Si, à ce moment-là, quelque chose l'intéressait. Ce quelque chose était une question : serait-il possible de quitter la table vite fait bien fait une fois réparti ? La réponse, elle s'en rendit compte très vite, était non. Elle avait donc passé un soirée 'formidable', entourée de 'charmants compagnons de table', à écouter les discours et les blagues du directeur. Franchement, comme fête de début d'année, on aurait pu s'attendre à mieux . . . le pire c'est que les autres avaient l'air content.

En fait, Helly faisait tache au milieu de tous ses gens ravis. Comme d'habitude. Rien n'avait changé, en fait.

Elle fut tirée de ses pensées sombres et profondes par un craquement sonore. Qui c'était, celui-là, déjà ? Ah oui. Peeves. Peeves qui flottait au-dessus d'elle, et qui tenait un récipient rempli d'une espèce de poudre blanche. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ?

Helly put répondre à l'instant ou le récipient lui atterrit sur la tête. Eh bien, ma chère, c'était de la poussière de craie. L'esprit frappeur s'envola avec un quolibet et une rire strident. L'élève soupira. Décidément, ses premiers jours dans cette école laissaient à désirer. Elle entendit alors des pas dans le grand escalier. La jeune fille releva la tête, histoire d'entre-apercevoir le nouvel arrivant à travers le nuage blanc qui l'enveloppait . . .

Peeves. Tout le monde connaissait cet esprit frappeur complètement débile. Il n’était une découverte pour personne. Bien au contraire… Il était craint comme la peste et on le regardait de travers. Oui, tout le monde sauf peut-être quelques Serpentards. Et oui, la suprématie ne s’arrête pas au niveau de la maison, mais va jusqu’à s’étendre au fantôme représentant cette dernière. Tout le monde savait que le Baron Sanglant était le seul fantôme ayant l’obéissance totale et le respect de Peeves. Et là, que disait-on ? Merci mon sieur le Baron !

Dawn venait justement de croiser le dit Baron, fantôme qu’elle avait apprit à connaître au fil des années. Reconnaissant la préfète, le fantôme s’était étonné qu’elle ne porte plus son blason indiquant son rang au sein de l’école. Dawn lui avait alors poliment expliqué qu’elle avait du céder son rôle pour quelques raisons familiales. Le fantôme avait donc hoché la tête, sans rien répondre, si ce n’est un léger haussement d’épaules. Puis, souhaitant une bonne continuation à la russe, il passa au travers d’un mur et disparu ainsi de son champ de vision. La brune poursuivit alors son chemin, la guidant vers le hall d’entrée.

Descendant les escaliers, Dawn aperçut une silhouette couverte de poudre blanche, et Peeves non loin de là. La silhouette portait les couleurs de Serpentard, s’étant retournée vers la jeune fille qui arrivait. Dawn posa donc son regard glacé sur l’esprit frappeur qui semblait bien s’amuser.

« Peeves… Sais-tu que je viens de converser avec ce cher Baron ? Peut-être devrais-tu filer avant qu’il n’arrive… Enfin, si je dis ça c’est dans ton simple intérêt, cela va de soit… »

A cet instant précis, un fantôme commença à traverser le mur non loin de la préfète et Peeves partit en vitesse. Quand le fantôme eut traversé, Dawn reconnut aisément la dame blanche qu’elle salua doucement. Que cet esprit frappeur pouvait être niais parfois… Descendant les quelques marches qui la séparaient de la jeune fille, Dawn vit rapidement en elle une nouvelle arrivée… première année. Elle l’observa rapidement :

« Tu n’as pas de chance… Mauvais débuts à ce que je voie. Tu veux aller aux dortoirs, histoire de t’enlever tout ça peut-être ? »

Dawn se trouvait à présent face à elle. Plus grande que la jeune fille (une chance quand même sachant qu’elle avait 16 ans et que l’autre avait 5 ans de moins) elle l’observait avec calme. Si Dawn avait ainsi fait ses débuts à Poudlard, elle aurait certainement était furax… Bien que les siens non plus n’aient pas été très… calmes. La vipère entendit quelques personnes rire non loin de là. Les observant sans ciller, elle remarqua qu’ils se moquaient de la première année couverte de craie. Elle ne dit rien, mais son regard parla pour elle. Les règles à Poudlard étaient implicites. Et l’une d’elle consistait à ne pas offenser, ni se mettre à dos Dawn Kostovak. Tout comme on laissait en paix Myrielle Symphonie. C’était une simple question de bon sens… Les deux ‘ex perfect’ étaient plutôt redoutables dans leur genre… l’une agissant plus au niveau mental, l’autre physiquement… Dans les deux cas c’était très efficace.

Se tournant vers la jeune fille, elle se présenta :

« Dawn Kostovak, Serpentarde de 6ème année. Bienvenue dans notre maison. Tu vas bien vite savoir qu’elle est de loin la meilleure de toutes. »

[561]

XXX

Helly mit un certain temps à répondre. Apparemment, la fille se trouvant devant elle était respectée. Drôle d'accent. Slave, peut-être ? Son nom la conforta dans cette idée. La jeune fille soupira. Elle se moquait bien de voir qu'on riait d'elle ; elle avait depuis longtemps adopté la stratégie de la passivité, qui consistait à ne rien dire si l'on vous insultait et à ne répondre que cinq secondes plus tard si l'on vous parlait normalement. Stratégie qui en avait énervé plus d'un.

Elle écouta la dénommée Dawn. En voilà, une vraie Serpentarde. Arrogante et fière de sa maison. Étrangement, son comportement stimula Helly. Après tout, elle aussi pouvait se montrer glaciale. C'était loin d'être un problème.

La blondinette se redressa, faisant face à son interlocutrice. Certes, elle n'était pas bien grande et maculée de craie, mais l'expression détachée de ses yeux en disait long.

- Helly Moore. 1ère année, comme tu le vois. Vu l'accueil, je ne me suis pas vraiment sentie bienvenue. Mais ça aurait pu être pire. Si on m'avait envoyée à Poufsouffle, je me serais jetée du haut de la tour d'astronomie.

La jeune fille entendit des chuchotements furieux. Elle tourna la tête ; tiens, quand on parlait du loup : un groupe de troisième année aux couleurs jaunes et noires la fixait avec un regard rempli de haine. Ils avaient dû l'entendre. La jeune Serpentarde sourit. Ils pensaient peut-être qu'elle allait baisser les yeux, penaude, et s'excuser. Que neni, mesdames et messieurs.

- Oui, vous m'avez très bien comprise. Poufsouffle . . . franchement, je vous plaint.

Les intéressés, des garçons pour la plupart, serrèrent les poings mais ne répliquèrent pas. Il y avait quelque chose chez cette fille qui leur intimait de s'écraser. Peut-être était-ce sa manière de se tenir, son port de tête majestueux, ou encore l'effet glaçant de ses yeux. Toujours est-il qu'ils décidèrent de ne rien répondre, et montèrent les escaliers sans un mot. Helly les accompagna du regard, méprisante.

- Quelle bande de lâches. Même pas capables de défendre leur honneur face à une première année. Ca m'étonne déjà que le Choixpeau aie accepté de les répartir.

Elle se tourna à nouveau vers Dawn.

- En effet, j'aimerais bien rentrer aux dortoirs. C'est ce que je voulais faire, mais je ne me souviens plus du chemin. Ni du mot de passe, d'ailleurs. Le néant total. Je n'ai pas écouté le préfet, hier.

[hé hé, je suis d'origine russe ^^]

Lorsque la jeune fille se redressa pour faire face à la sixième année, cette dernière l’observa sans trop de curiosité, mais sans laisser son regard vagabonder pour autant. Elle n’était pas du genre à laisser son regard filer en douce, pas le genre de fille qu’on intimidait aisément. De toute évidence, la blondinette qui lui faisait face entrait dans la même catégorie et Dawn eut l’impression de revoir Elea quelques années plus tôt… Elle ne sourit pas mais fut plutôt attendrie, bien qu’elle n’en montra rien. Elle n’avait pas l’intention de se prendre pour une nourrisse !

Lorsque la jeune fille parla de Poufsouffle, la maison qualifiée de ‘déchet’ par bien des gens (que les Poufsouffles qui passent dans le coin n’en veuille pas à ma personne, je ne fais que répéter les pensées d’autres protagonistes ^_^) Dawn se mit à rire. Doucement, mais sincèrement. La tour d’Astroniomie… pas bête comme plan suicide. Enfin, en partant du principe où l’on souhaita se retirer la vie. Dans le cas de la jeune fille, ce n’était pas vraiment sa situation. La jeune femme laissa sa cadette s’occuper de son cas, je le dis et le redis, Dawn n’était pas une nounou, et elle constata avec plaisir et fierté que la petite n’avait pas la langue dans sa poche. Dans un sourire amusé, Dawn suivit du regard la progression de blaireau qui devait rentrer au terrier, puis, se tournant vers la première année se prononça avec simplicité.

« J’ai comme l’impression que tu mérites bien ta place parmi nous… »

Oui, cette fille savait ce qu’elle disait, calculait visiblement l’impact de ses paroles, s’avait s’imposer, se faire respecter… bref, elle était une parfaite vipère. Presque accomplie. Après quelques semaines, lorsqu’elle saurait un peu mieux se repérer, la brune pourrait dire qu’elle était vraiment un serpent de premier choix. En attendant, la russe appréciait déjà sa cadette.

« Quelqu’un a di un jour qu’il fallait de tout pour faire un monde. Par là, il entendait des êtres supérieurs, comme nous, et des blaireaux… »

Oh, évidemment, Dawn aimait beaucoup Erwan qui était à Poufsouffle, mais franchement, qui d’autre appréciait-elle là-bas ? Pas Susan, c’était certain… Enfin, pour le moment en tout cas. Et évitons de parler du préfet mâle de cette maison. Il était juste désagréable. Oh, oui Myrielle lui en avait chanté des éloges sur ce garçon, mais très franchement, Dawn ne l’appréciait pas d’avantage. La brune posa son regard opalin sur la première année.

« Oh oui… Le préfet… c’était lequel qui a présenté hier ? Le blond ou le brun ? »

Dawn était presque sûre que c’éait son petit ami, Isaac Irving (le blond donc) qui avait présenté Poudlard aux nouveaux venus, étant donné que Quentin Montgomery (le brun) venait tout juste d’être promu préfet, remplaçant ainsi Dawn à ce rang. Isaac ne l’aurait sûrement pas laissé parler seul, comme ça dès le début. Bien que Quentin sache être ferme et sûr de lui, Isaac n’était pas de ce genre là. Souriant à la jeune fille elle lui fit un signe de la main, pour qu’elle la suive.

« J’imagine que tu devais être fatiguée hier. Je te fais un résumé… Notre salle commune se trouve dans les cachots. On a des risques d’y croiser les blaireaux, puisque eux, ils sont au sous-sol. Les aigles et les lions sont plus durs à voir à ce niveau là, mis à part quand ils vont en cours de potion, puisque les Serdaigles sont dans la plus haute tour du château et les Gryffondor dans une autre tour. »

Tout en parlant, la brune s’engouffra dans les escaliers menant aux cachots. Croisant Elea, elle lui adressa un sourire, puis poursuivit sa marche en direction de la salle commune.

« On a, comme tu as du le remarqué, une table d’attribuer par maison, dans la Grande Salle. J’imagine que je n’ai aps besoin de te préciser que notre table est la plus propre ? »

[661]

XXX

Helly se sentait de mieux en mieux. Il faut dire qu'elle était agréablement surprise par ses aînés : si tous les Serpentard étaient comme cette fille, la blondinette passerait une très bonne année.

* Merci mon Dieu, de me l'avoir envoyée. Au moins, toi, tu m'écoutes.
- Lui, au moins ? Et moi, je comptes pour du beurre ?
- Toi la conscinece, ce n'est pas pareil ... c'est Moi qui ne t'écoute pas.
- Peuh !
- cette fois, tu n'as rien à dire.
- ...
- Et toc.*

- Un blond. C'est un blond qui nous a parlé.

La jeune fille recommençait a parler par phrases courtes. Elle cligna des yeux, lâcha une larme : cette fichue poussière de craie la gênait.

- Dans les cachots. Je me disais aussi. Parfait ... je n'aime pas les endroits où il y a de la lumière ...

Elles descendirent les escaliers.

- Eh bien, j'ai eu l'ocasion de voir qu'à notre table, on ne plaisantait pas avec les bonnes manières. Ce n'est pas comme ette bande tarés, les lions, qui faisaient un boucan à en faire trembler les murs. Pendant un moment, hier, j'ai cru que le plafond allait nous tomber sur la tête. Il n'arrivaient pas à se taire.

La 1ère année fit mine de contempler les torches acrochées aux murs, tout en continuant a marcher sur les pas de Dawn.

Il faisait de plus en plus sombre. Les ténèbres enveloppaient les murs, et elle devait ressembler à un fantôme ridicule, avec sa robe enfarinée.

Helly se sentait bien, ici. Le noir lui avait toujours plu. A quoi bon le soleil, lorsqu'on pouvait se réfugier dans des profondeurs incertaies et rassurantes ? C'était bien plus excitant de retenir son souffle, de marcher à tâtons. si les torches s'étaient éteintes, cela ne l'aurait pa gênée le moins du monde.

Elle soupira.

- En fait, s'il y a une maison à part Serpentard pour laquelle j'ai un minimum de respect, c'est Serdaigle. Eux, au moins, sont intelligents. Et ambitieux.

Les deux jeunes sorcières se glissant le long des couloirs, Dawn expliquait à sa cadette ce qu’elle n’avait pas pris la peine, pour une raison X ou Y la veille. C’était si habituel pour Dawn, le discours de début d’année, qu’elle parlait comme si elle l’avait fait toute sa vie, ce qui n’était si loin que ça de la réalité, puisqu’elle avait révisé un certain nombre de fois son discours. A présent, elle n’en n’avait plus besoin, mais il restait fermement encré dans sa tête.

La brune hocha doucement la tête lorsque la première année confirma sa pensée. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la russe sans qu’elle ne fasse de commentaire, hochant seulement brièvement la tête, d’un signe approbateur. Les deux sorcières eurent le temps, le long de cette conversation d’atteindre les sous-sols. Poursuivant leurs routes, elles tracèrent leur chemin sans hésiter, ou plutôt Dawn n’éprouvait aucune hésitation quant au chemin qu’elle suivait. La brune se contenta de hausser les épaules. Elle, elle préférait la lumière. Enfin, du moment qu’on ne l’enfermait pas, elle allait bien. Ceci étant, elle était claustrophobe de nature, elle n’avait donc rien contre les lieux clairs et surtout espacés. Dans un couloir, mieux valait ne pas trop en demander, mais elle ne ressentait pas l’oppression de la même façon dans une allée que dans une pièce.

« Si ça te convient… Tant mieux. »

Lorsque la jeune demoiselle parla des manières, Dawn ne pu contenir un sourire amusé. Evidemment… Les Serpentards savaient généralement se tenir… Eux. Le regard pétillant de fierté, la brune répondit sans perdre son sourire à sa cadette :

« Oui, à Serpentard, nous venons pour la plupart de grandes familles aristocratiques. On a donc une certaine tenue… pas comme ces autres sauvages qu’il nous ait hélas aisé de croisé dans ce château… Enfin… Petit conseil, entre nous, prends soin de t’assoire dos à la table des lions. Aussi lâches et stupides soient-ils, ils sont assez logiques pour éviter de s’en prendre à un Serpentard, ainsi tu peux leur tourner le dos sans crainte… Et éviter ainsi le triste spectacle que peut offrir leur table… »

Brune et blonde faisait leur bout de chemin. Dawn écouta Helly lui parler des aigles et elle acquiesça doucement.

« Oui, ils ne sont pas trop mal… Enfin, rien à voir avec la classe naturelle que nous possédons tous par définition à Serpentard, mais il est vrai qu’ils ont un minimum d’intellect… »

Les jeunes filles tournèrent dans un couloir, plus étroit, plus sombre que les précédents. Dawn savait où elle allait, ce chemin était devenu si routinier. Elles étaient dans els cachots, ayant abandonné les sous-sol derrière elles.

« Dis moi Helly…. Ton nom me dit quelque chose… Tu es écossaise ? »

Oh, la famille d’Helly n’était pas connue pour la pureté de son sang, non, mais elle était aisée aux dernières nouvelles, et les sorciers riches se connaissaient plus ou moins de noms. Rien à voir avec les liens entre les sangs purs, mais c’était déjà plus intéressant que les sorciers modestes et au sang sale…

Helly haussa un sourcil. Interprétation : elle était étonnée. Etonnée qu'on aie entendu parler de son nom. Aux dernières nouvelles, pourtant, sa famille n'était pas très célèbre.

Mais, peut-être que Dawn avait déjà croisé sa soeur. Après tout, elle était à Serpentard, elle aussi ...

Elle, elle méritait d'y être.

La jeune fille sentit sa gorge se serrer. A chaque fois, c'était pareil.

* Bon sang, ressaisis-toi !
- Ce n'est pas beaucoup, deux ans. *

Oui, c'était très peu, une année. Alors deux ans, ça ne changeait pas grand-chose non plus. Oh, il fallait qu'elle dise quelque chose. On ne devait pas la prendre pour une pleurnicharde. Surtout pas. Mais ses mots restaient coincés ... elle avait l'estomac noué, tout d'un coup.

- Oui, je suis une écossaise de pure souche. Et fière de l'être.

La jeune fille ralentit.

- Tu as peut-être entendu parler de ma soeur. Karyn Moore. Elle était à Serpentard, elle aussi. Et elle ... est morte il y a de cela un peu plus de deux ans. Maintenant, elle aurait été en sixième année.

Quelques larmes rebelles tentèrent de se frayer un passage, mais Helly les retint. Elle ne devait plus pleurer. Les Moore ne pleuraient pas. Elle reprit d'une voix faible mais ferme.

- Sinon, je ne vois pas vraiment en quoi ma famille pourrait être connue. Certes, nous sommes assez riches. Mais bon, je ne pense pas que cela fasse notre réputation.

Ouf ! Elle avait réussi à parler normalement. Pas de sanglots, pas de hoquet. Heureusement ; si elle s'était retrouvée en pleurs sur l'épaule de son guide, cela n'aurait pas fait bonne impression.

Helly respira à fond. Tout allait bien. Pendant un instant, lorsqu'elle avait prit la parole, il lui avait semblé revoir le chien. Le chien gris ! Mais maintenant, c'était passé. Elle se sentait mieux.

- Désolée. Je dois avoir l'air idiote. Je n'aurais pas dû t'en parler. Laisse tomber, ce n'est rien.

Pathétique. Elle qui s'était juré de ne jamais pleurer une fois à Poudlard, elle risquait d'avoir du travail.

La brune sourit à sa cadette. Ecossaise, c’est bien ce qu’elle croyait. La brune n’avait pas vraiment raison pour tout cependant, puisque Helly lui apprit assez rapidement que sa famille n’était guère connue. Pourtant son nom ne lui était vraiment pas inconnu et c’était assez étrange… Où Dawn aurait-elle pu l’entendre si elle n’était pas connue ? La brune entendit cependant rapidement l’explication de la petite, au sujet de sa sœur aînée… Ah ben voilà, tout s’éclaircissait. Dawn l’avait connue, puisqu’à l’époque, elles étaient dans la même année d’étude et que les deux jeunes filles partageaient donc le même dortoir… Et puis en tant que préfète elle avait connu le nom de tous els élèves de sa maison. C’était la moindre des choses. La voix de la brune murmura doucement à sa cadette :

« Je suis désolée. »

C’était vrai. Pas une simple remarque plie, non. Dawn savait ce que la jeune fille avait pu endurer. Dawn avait vu son frère de cœur mourir. A défaut d’être liée à lui par le sang, il avait été le seul de sa famille adoptive à l’aimer comme un membre à part entière de sa famille. Il avait été un frère, un ami… Et un père. Pas un jour ne passait sans qu’elle n’ait une pensée pour lui. A présent, la plaie s’était refermée, mais chaque voyage effectué en Russie, elle passait voir sa tombe, y déposer un bouquet et parler un moment, seule, devant la pierre blanche. Peut-être passait-elle pour une folle à lier… mais elle ne pouvait envisagé sa totale disparition. Elle avait besoin de croire qu’il l’entendait, où qu’il soit…

« C’est pour ça que je connaissais ton nom alors, on avait le même âge… »

La brune eut l’air vraiment désolée quand Helly lui assura que ce n’était rien, allant jusqu’à présenter des excuses à son aînée. Dawn secoua doucement la tête.

« Ne t’excuses pas… Je sais que c’est dur, mais tu verras qu’un jour peut-être, tu arriveras à mieux te sentir. Même si on n’oublie jamais. Et c’est sûrement mieux comme ça. Si on oublie nos mauvaises expériences, on oublie aussi les bonnes et on n’apprend plus rien. »

Dawn savait qu’elle ne voulait oublier son ‘frère’. Ivan avait apporté trop de soleil dans son existence pour qu’elle mette définitivement un voile sur sa personne. Et puis, elle ne pouvait pas non plus oublier qu’elle avait causé sa mort. Elle avait ainsi pu apprendre à éviter pareilles erreurs par al suite. Elle avait pu mûrir, aussi dur ait été l’apprentissage. Vivre n’était pas si facile qu’on se plaisait à le croire…

- Merci.

Helly était reconnaissante envers Dawn. Si reconnaissante . . . elle l'avait comprise. Et consolée. Personne ne l'avait jamais fait, auparavant ! C'était la première fois que quelqu'un la poussait à aller de l'avant, au lieu de l'ignorer ou de l'enfoncer comme l'avaient fait ses parents. Et la blondine n'aurait jamais imaginé que cela pouvait faire autant bien. Tout d'un coup, elle se sentait plus légère qu'elle ne l'avait été en deux ans.

- Oui, tu as sans doute raison. Même si . . . j'aurais largement préféré oublier comment elle est morte. Juste savoir qu'elle n'est plus là, ça m'aurait suffit.

Le chien. Il était encore là, et il ne partirait jamais ! Ses poils gris, sa mâchoire bavante . . . des crocs, des aboiements.

Puis, plus rien. comment cela avait-il pu ce passer si vite ? Elle aurait tellement aimé revenir dans le passé. Sauf que cette fois, elle aurait eu sa baguette. Le monstre n'aurait eu qu'à bien se tenir . . .

Mais son interlocutrice avait raison, tout cela était du passé. Elle ne pourrait rien y changer. Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de ponctuer ses sombres souvenirs de "et si ?" insistants.

Helly soupira. Décidément, elle était incorrigible.

Puis elle leva les yeux vers Dawn. L'expression de son visage la surprit.

- Euh . . . tu es sûre que ça va ? Tu as l'air un peu triste. J'espère que je n'ai ren dit de mal ? A moins que je ne t'aie rappelé quelque chose . . .

Elle reconnaissait cette expression ; la tête typique qu'arboraient ce qui se souvenaient . . . d'évènements plus ou moins agréables.

En général, les deux en même temps.

C'est vrai, depuis le début de la conversation, tout tournait autour de la première année. Et la brune ? La jeune fille ne savait rien d'elle. Peut-être était-ce voulu ? Helly n'avait jamais aimé parler. Et elle était bien obligée de l'avouer, sa famille ne l'y avait pas aidée. Mais Dawn ? Peut-être qu'elle aussi, préférait-elle le silence . . . ça ne l'étonnerait pas.

Un léger sourire accompagné par un imperceptible hochement de la tête vinrent répondre au remerciement de la jeune vipère. Dawn savait juste ce que c’était, elle pouvait la comprendre. Enfin, elle avait quelques idées de ce qu’elle avait pu ressentir, même si dans tous les cas ce qu’elles avaient vécu toutes deux ne pouvaient certainement pas être comparable. C’était uniquement… similaire.

Lorsque Helly lui annonça qu’elle aurait préféré ne pas connaître les circonstances, la brune ne répondit pas. Elle avait pensé identiquement quelques années plus tôt, quand son frère était mort depuis quelques mois. Après s’être profondément haïe pour sa propre négligence, elle en était venue à se demander s’il était possible qu’elle oublie qu’elle était la raison de ce décès. Mais passé quelques mois encore, elle avait réalisé que chaque instant passé avec Ivan avait été la clé de son épanouissement personnel. Que ces moments aient été bons ou mauvais, fades ou plein de vie, elle ne pouvait se permettre de les trier pour en faire une utopie. Elle avait fini par vivre avec les évènements, les acceptant malgré son âme meurtrie. A présent, lorsqu’on la voyait il ne restait plus rien de la petite fille farouche qu’elle avait été. Elle se contentait d’imposer ses règles du jeu, de vivre pleinement sa vie, couvant peut-être (sûrement même) un peu trop ses amis, la peur de la perte étant des plus intenses.

Lorsque la voix de la jeune fille reprit, Dawn lui adressa un sourire.

« Oui oui, je vais bien. Tu m’as effectivement rappelé quelques souvenirs… Mais ça fait du bien de repenser à tout ça. Au moins, on sait qu’on n’oubliera jamais els êtres qui nous sont et nous ont été chers. »

La brune agissait presque de façon maternelle avec sa cadette. Elle avait tellement l’impression de se revoir quelques années plus tôt, en moins farouche, cependant. Ca avait le don de l’apaiser et d’éveiller en elle un sentiment protecteur. Récupérant ses sens, elle sourit plus franchement :

« Bon, on est bientôt arrivées, tu pourras te laver et te changer… Tu as des cours aujourd’hui ? »

Dawn avait encore une heure de libre devant elle, aussi pourrait-elle, si le besoin était, montrer quelques endroits dits ‘stratégiques’ à sa cadette. Entre Serpentard, on se serrait les coudes (tout dépend du Serpentard en question après… Si c’est un traître, il peut toujours courir…) Helly n’avait rien d’une traîtresse au premier regard. Elle semblait être adaptée à sa maison…

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