Et Vincent devînt blond... [ libre ]

Les remarques de Marie, au moins autant que celles de Vincent, firent sourire puis franchement rire Tobias. Oui, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, il se fichait complètement que Marie trouve que Vincent était plus beau que lui parce que 1) c’était faux, 2) elle était un peu comme Fredericke, son jugement n’était pas objectif. En tout cas, il avait du mal à cacher son hilarité. Il se retenait tellement qu’il en avait les larmes aux yeux. C’était vraiment trop drôle. Qu’il était bête quand même ce Fayr ! Cela donnait encore plus envie à Toby de le taquiner mais la présence de toutes les filles qu’il côtoyait au quotidien le retenait d’avoir des paroles trop franches.

Il nota du coin de l’œil que Fredericke était blessée par les paroles de son meilleur ami. Elle pinçait les lèvres et fronçait les sourcils, ne disant pas un mot. Tobias savait que si elle ne disait encore rien pour le moment c’est parce qu’elle risquait de déraper et de parler en allemand. C’était peut-être la seule chose qui énerva vraiment le blondinet… Il comprenait bien mieux que Vincent l’allemande, de même, il était de manière général plus polie et serviable, mais c’était à lui qu’on passait tout ses caprices. Il était pourtant presque certain qu’on attirait pas les mouches avec du vinaigre… mais ces nobles étaient carrément des filles bizarres (si, si, il parle bien de Marie et Fredericke, respectivement Princesse et Comtesse).

« Je ne suis pas d’accord Princesse. » Oui, oui, là il parle à Marie. « C’est le fait qu’il hurle qui le rend si mignon. » Il se retint d’ajouter qu’on dirait un petit chien parce qu’il sentait un regard haineux sur sa nuque. D’ailleurs, il s’intéressa plutôt à Hell. « Si tu savais ma chère comme ça arrangerait mes affaires que Vincent se soit teint pour Marie… Mais vu comme il braille, j’en doute. »

Sur quoi, il s’approcha d’Ophélia, toujours choquée, et passa un bras autour de sa taille. « Ophélia, ma belle… » commença Tobias d’un air taquin qui sentait l’ironie (en général quand il usait de propos mièvres avec Ophélia c’est qu’il se moquait de la galerie mais pas d’elle, la Poufsouffle était – et de loin – sa meilleure alliée) « A qui penses-tu que Vincent ressemble, dis-moi ? » Et il resta près de la jolie jaune et noire, ignorant Fredericke qui, désemparée, allait craquée q’il osait seulement l’approcher. Dommage, il adorait câliner Fredericke en présence de Vincent. Leurs réactions respectives pouvaient être très drôle…

Fredericke restait en retrait. Elle avait l’habitude des coups de sang de son meilleur ami – surtout en présence de Tobias – mais elle se sentait mal à l’aise. Elle savait pertinemment que c’était dans sa tête mais elle ne supportait pas très bien les grands garçons blonds aux yeux bleus, encore moins qui se mettaient à crier. Tobias avait bien des défauts mais il ne criait presque jamais, préférant l’ironie cinglante… quant à Roman ou Zack, elle entretenait avec eux des rapports conflictuels qui passaient de l’amitié la plus sincère à la prise de tête ce qui confortait Fredericke dans son délire. Ce n’était pas vraiment une couleur de cheveux, c’était plus une réminiscence. Elle revoyait son frère pleurnichant dans les jupes de leur mère tandis que Friedrich senior levait la main sur sa femme. De ce père qu’elle voyait très peu, elle ne se souvenait que des cris et une auréole dorée… les cheveux de son père.

« Je crois que je vais me sentir mal.. » murmura-t-elle si bas qu’elle n’était pas certaine qu’on lui répondrait. Le choc était d’autant plus rude que tout le monde semblait très excité par ce changement et qu’elle se demandait si elle arriverait à être objective sur la question. Elle trouvait ça moche. Elle ne le dirait pas à Vincent, mais elle voulait impérativement qu’il redevienne brun. Il n’était pas assez grand pour que l’image de son meilleur ami se superpose réellement à celle de son père mais ses cris devenaient de plus en plus insupportable.

Tobias continuait à jouer. Il trouvait ça drôle. Pas Fredericke. Il le savait et il continuait pourtant, l’évitant pour qu’elle ne l’en empêche pas. Ophélia était là mais ne s’était même pas aperçu de sa présence. Oui, c’était exactement comme ça que ça se passait quand l’homme se mettait à crier… on l’oubliait dans un coin. L’esprit de Fred’ se déconnecta malgré son air réprobateur pendant plusieurs minutes avant qu’elle ne prononce plus fort quelques paroles d’apaisement pour Vincent. « Vince s’il te plaît, calme toi. Arrête de crier. » Mais elle n pouvait pas en dire plus parce qu’il y avait trop de monde. Elle cacha son trouble derrière un masque imperturbable et s’approcha du banc non loin où elle jugea préférable de s’asseoir. Elle prit un verre propre qui traînait sur une table, un pichet, et se servit un grand verre d’eau. Tout allait bien, ce n’était que Vincent, il finirait par se calmer… ou le cas échéant, elle partirait. Ce n’était pas comme si on s’était rendu compte qu’elle était présente de toute façon.

Ophélia ne revenait toujours pas du changement de Vincent. Pour elle, cela aurait presque été quelque chose d'incroyable tellement ça paraissait étrange. Jamais elle n'aurait pensé que le Serpentard ait un jour envie de se teindre les cheveux, surtout pour une couleur si claire. De plus, à tout ceci s'ajoutait le fait que passer de brun à un blond était tout de même quelque chose de surprenant, surtout dans le sens où il était parfois très dur d'obtenir un résultat naturel ou, sans aller jusque là, d'à peu près beau. D'ailleurs, la discussion que Miss MacMillan avait eu avec Tobias sur le sujet, avant les vacances d'été, pouvait tout à fait en témoigner.

- Je trouves que tu as très bien fait de te teindre les cheveux en tout cas, Vincent ! Vraiment !

Mais lorsqu'il cria qu'il ne ressemblait pas à Tobias, Ophélia, même si ce n'était pas tout à fait conscient, ne pu s'empêcher de reculer, sous la surprise, ses yeux grand ouverts. De toute évidence, Vincent ne devait pas être habitué à avoir autant de monde autour de lui, et encore moins à entendre autant de commentaires différents sur ses cheveux. Mais quoi qu'il en était, la discussion du jour ne tournait absolument pas autours des habitudes de Vincent, mais de ses cheveux, chose très importante comme chacun en conviendra, bien évidemment. Tobias, d'ailleurs, ne mis pas bien longtemps pour se trouver près d'Ophélia. La prenant par la taille, elle ne fit pas immédiatement attention à lui, toujours un peu choquée. Ce n'est d'ailleurs que lorsqu'il prononça son prénom que la jeune Poufsouffle réagi réellement. Il lui demanda ensuite de lui dire à qui Vincent lui faisait penser mais Ophélia ne répondit tout d'abord pas. Instinctivement, elle releva sa petite tête blonde vers Tobias, et regard se posa presque immédiatement sur ses mèches blondes. Elle les regarda quelques instants, puis tourna la tête vers Vincent afin de poser son regard sur ses cheveux. Après quelques très courts instants, elle reprit la parole.

- Non, au départ, je trouvais une ressemblance entre Vincent et toi..., dit-elle en s'adressant à Tobias. Mais ce n'est pas tout à fait la même couleur... tes cheveux sont bien plus clairs que les siens !

Et si elle l'affirmait, tout le monde devait la croire ! D'ailleurs, douter d'Ophélia, surtout sur un sujet te que les cheveux blonds, était tout simplement quelque chose d'impensable...
Alors qu'elle se trouvait toujours près de Tobias, elle entendit une petite voix qu'elle reconnu parfaitement, quand bien même celle-ci était très basse. C'était celle de Fredericke, la meilleure amie de notre petite blondinette. Elle n'eut pas le temps de réagir que cette dernière se trouvait déjà assise sur un banc. S'en voulant de ne pas l'avoir vu plus tôt, elle laissa la conversation où elle en était restée et se dirigea rapidement vers sa meilleurs amie.

- Fredericke ! Je m'excuse ! Je suis désolée, je ne t'avais pas vue !

A cet instant, alors qu'elle allait s'asseoir à côté de la jeune Allemande, elle remarqua son air plutôt décomposé et il lui sembla que son teint était bien plus pâle que d'habitude.

- Tu n'as pas l'air d'aller très bien... tu as besoins de quelque chose ? Peut-être qu'il faudrait que je t'accompagnes à l'infirmerie..., dit-elle de sa voix inquiète.

Il était connu à Poudlard que l’une des seules personnes à avoir un peu d’influence sur le comportement irracible de Vincent Fayr était la jeune Fredericke Maiden, sa meilleure amie. Ce fait s’avérait à nouveau vrai puisqu’il acceptait de se calmer, bien que ce soit d’un air plutôt las que compatissant, sur sa demande. Cela la réconforta un peu. Elle aurait aimé le soutenir mais c’était un peu trop pour elle que de voir même Ophélia approuver un changement aussi brutal… Et puis Marie ! Si Fred’ était en meilleur forme, elle lui aurait fichu une baffe pour avoir oser parler sur ce ton à Vincent. On ne s’adressait pas ainsi à l’un de ses proches ! Mais elle n’était pas certaine de réussir à tenir debout, alors frapper…

Oh, bien entendu ! Fred’ était une fille solide ! Elle courait vite, grimpait aux arbres, était souple et savait frapper… Mais psychologiquement, elle était perpétuellement sur la corde raide. Plus jeune, elle faisait des crises de nerfs affreuses qui brisaient la plupart des objets qui passaient à sa portée. C’était sa manière à elle de gérer les disputes de ses parents, la vision de son père frappant sa mère et lui criant dessus qu’elle deviendrait une traînée comme elle… Oui, c’était ainsi qu’elle gérait pendant que Friedrich lui s’enfermait dans sa bulle pour jouer de la musique. Les Maiden sont fragiles. Tous, sauf peut-être Serena… Pourquoi ? A cause des mariages consanguins évidemment. Ils ont affaiblis le patrimoine génétique de cette grande famille de sang pur. Roze était atteinte de schyzophrénie, Friedrich, on ne savait pas trop ce qu’il avait mais il n’était clairement pas normal non plus, quant à Fred’, elle avait une maladie qui s’appelait le syndrome de Klein-Levin. Cela touchait principalement le cycle du sommeil et la prenait par crise… sauf que contrairement à Roze qui avait des parents aimants qui la faisait soigner, ceux de Fred’ la laissait dans sa maladie. Il faut dire que la plupart du temps, elle passait inaperçu, sauf que Fredericke se mettait à tout casser pour ensuite dormir vingt heure d’affilé, tout ça pendant une ou deux semaines. Ce n’était jamais arrivé à Poudlard mais là, elle n’en était pas loin. L’énervement ambiant adjoint à la situation du monde sorcier en Angleterre qu’elle subissait chaque jour attaquait les défenses qu’elle s’était forgés depuis son arrivé à Poudlard il y a deux ans.

Aux paroles d’Ophélia, Fredericke leva légèrement la tête vers elle.

« C’est bon Ophy… Je vais bien. »

Ce que contredisais son regard terne et son teint encore plus pâle que d’habitude mais peu importait, jamais elle ne montrerait de signes de faiblesses avérés devant cette peste de Marie. Pour prouver ses dires, elle se leva et s’approcha de sa meilleure amie.

« Tu ferais mieux de surveiller Tobias, ça va mal finir s’il continue… » Elle avait chuchoté de manière à ce qu’il n’y ait qu’Ophélia qui l’entende. En revanche, elle ne savait pas si ça allait mal finir parce que Vincent allait péter un câble ou si c’était parce que la première victime de sa future crise risquait d’être le blond serpentard.

Elle passa ensuite à Vincent, dont elle s’approcha. « Peut-on s’en aller Vincent ? J’ai des brownies dans mon sac si tu as faim. De toute façon je ne vais pas aller en cours ce matin. » Elle commençait à avoir le vertige. Il fallait qu’elle parte avant de tomber comme une souche au milieu de la grande salle. Surtout que personne ne pourrait la réveiller, pas même l’infirmière de l’école, alors autant qu’elle aille retrouver son lit le plus vite possible. Mais elle ne pouvait pas le dire à Vincent parce qu’il semblait lui-même assez mal et que – contrairement à certaines – elle ne tenait pas à en rajouter. Tout ça pour une histoire de couleur de cheveux… Ils étaient vraiment impressionnables dans cette école… Certes, elle était choquée aussi (c’était moooooche !) mais pas de quoi virer à la dispute non plus… Personne en dehors d’elle n’avait compris à quel point Vincent était susceptible ou quoi ?

C’était une question intéressante mais il était clair que ce n’était pas ce jour là qu’elle trouverait la réponse car elle commençait vraiment à tourner de l’œil bien qu’elle continua à lutter.

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C’était de plus en plus ridicule. Qu’est ce que c’était que ce cirque franchement ? Il comprenait qu’on se moque un peu de Vincent, qu’on le charrie et, éventuellement, qu’on le félicite… mais là ça prenait des proportions dingues. Mais passons, il se fichait pas mal de l’avis de chacun. L’état actuel de Fredericke le perturbait beaucoup plus. Il ne pensait pas possible que ce soit juste quelques cris provoquent ça, elle passait la plupart de son temps à se disputer à grand renfort de hurlements avec Vincent alors… Peut-être qu’elle faisait une crise d’hypoglycémie. En tout cas, peu importait la raison, il ne croyait pas un mot de ce qu’elle disait à Ophélia. D’ailleurs, c’est pour ça que pour une fois il fit ce que Vincent lui demanda et se la ferma, se contentant de surveiller les faits et gestes de l’allemande. Il la vit chuchoter quelque chose à Ophélia et quand elle quitta la Poufsouffle, il s’approcha de son amie et passa un bras autour de ses épaules.

« Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? Tu sais ce qu’elle a ? » demanda-t-il à Ophélia à mi-voix. En réalité, il n’avait plus aucune velléité de sortir avec Fredericke, s’il s’inquiétait, c’était seulement en tant qu’ami. Il aimait bien embêter Vincent par l’intermédiaire de la Gryffondor, mais là ce n’était pas le moment, d’ailleurs, son cher rival semblait presque aussi apathique que sa meilleure amie. Ils formaient un bon duo d’éclopés !

Puis, ça alla plus vite que ce que Tobias aurait cru ; Fredericke poussa une exclamation en Allemand et tomba en arrière. Elle était par terre et Tobias fut le premier à réagir. « Fredericke ! » Il se pencha sur elle et attrapa son poignet pour chercher son pouls (fils de médecin ayant suivit des stages juniors de secourisme pendant ses camps de natation eheh !). Il était très régulier, c’était super bizarre.

« C’est bon. Elle s’est juste évanouie, à priori, elle dort. » Il essaya de la réveiller en lui mettant de petites tapes mais il n’obtint aucune réaction. Le souffle de Fred’ était toujours calme, elle ne semblait pas souffrir. « Il faut l’emmener à l’infirmerie. Ophélia, aide moi à la soulever. » Il donna des indications à son amie et réussit enfin à porter Fredericke. Elle avait grossit depuis la dernière fois, c’était pas possible ! Bref, et Vincent ? « Bon, tu viens Vincent ? » Il le sentait hyper mal ce coup là. Il avait agi sans réfléchir mais vu l’humeur actuelle de Fayr, il aurait mieux fait de le laisser s’en occuper, là, ça n’allait qu’augmenter son ressentiment général. Enfin, au fond il s’en foutait complètement. Il s’inquiétait plus pour Fredericke car il se souvenait de ce que ça avait donné la dernière fois. Vincent était vraiment une tête de cochon. Fred’ aussi cela dit…

Comme il ne tiendrait pas longtemps (et que de toute façon, il n’avait pas le droit d’user de la magie en dehors des cours), il commença à avancer. En gros, il suivait le concept du « qui m’aime me suive, du moins qui l’aime elle » et tant pis pour le reste. De toute façon, c’était pas une bande de gamin de douze ans qui arriveraient à faire quoi que ce soit et il était grand temps de mettre fin à cette réunion capillaire.

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[Terminé pour Fred et Tobias]