Discussions... ou pas... [pv]

Cette année, il fallait bien avouer que les vacances étaient passées très vite pour Ophélia. En effet, elle avait passé tout le mois de Juillet à suivre Ernie à la trace, ne le lâchant pas d'une seule semelle, et trouvant toujours un prétexte pour l'accompagner à peu près partout où il pouvait bien aller, que ce soit à Londres ou sur le chemin de Traverse. D'ailleurs, elle était parvenue à rester aussi longtemps que possible avec lui jusqu'à ce qu'il parte en voyage avec Juliette, et Ophy n'en était pas peux fière !

Aussi, elle avait passer les premiers jours de ses vacances à s'entraîner pour la toute première représentation de Sterne, qui avait eut lieu dans la maison de campagne d'Adrien. Si elle n'avait jamais fait de danse de sa vie, cette troupe lui aura au moins donné goût à cet art, si bien qu'elle en était devenue perfectionniste. A présent, Poudlard avait réouvert ses portes et il fallait reconnaître qu'Ophélia avait vraiment hâte de pouvoir retourner danser avec ses amis et apprendre la nouvelle chorégraphie qu'Adrien et Fredericke leur réservaient. D'ailleurs, d'après ce qu'elle en avait compris, cette année, ils ne seraient plus quinze mais bien vingt membres ! Et bien en tout cas, maintenant, le succès de Sterne n'était plus du tout à démontrer !

Quoi qu'il en était, il faudrait peut-être attendre encore un petit peu pour qu'Adrien, Fredericke et Anabelle puissent mettre tout en place. C'est pourquoi, ne perdant pas courage, la benjamine de la famille MacMillan avait décidé de reprendre tous les pas de danse qu'Adrien et Fredericke lui avaient appris l'année passée, histoire de ne pas perdre la main ! Elle avait donc décidé de s'entraîner avec son amie Abbygael aussi longtemps qu'il le faudrait pour que tout soit impécable, et même encore mieux que pour la représentation officielle.

Justement, en ce jour de début Septembre, elle s'apprêtait à rejoindre la salle attitrée de Sterne pour répéter un petit peu, mais trainait tout de même, puisqu'elle était à peine sortie de son dernier cours : La Botanique. Passant à proximité du parc de Poudlard, elle tourna son regard de façon brève, sans trop faire attention à ce qu'il pouvait bien y avoir ou non, et c'est alors que ses yeux s'arrêtèrent sur un jeune garçon brun qu'elle reconnut immédiatement. Un grand sourire sur ses lèvres, elle fit demi tour et partit en direction de chorégraphe adoré. Ses longs cheveux blonds et doux voltigeant dans son dos au fur et à mesure qu'elle avançait, elle fut très rapidement aux côtés d'Adrien.

- Coucou, Adrien !

Elle lui fit un grand sourire et, sans attendre, s'installa à côté de lui sur son banc.

- J'ai appris qu'on serait peut-être une vingtaine pour Sterne, cette année, et vraiment je trouve ça très chouette, on s'amusera encore plus que l'année dernière !

Ophélia était en effet très heureuse et ça se voyait ! Cependant, et là était peut-être le problème, elle n'avait pas fait attention au fait qu'Adrien était tout seul et, maintenant qu'il y faisait un peu plus attention, il n'avait pas tout à fait l'air dans son assiette.
Penchant un tout petit peu la tête sur le côté, elle reprit la parole.

- Heu... ça va pas ? Tu as l'air fatigué...

On ne peut pas dire qu’Adrien pétait la forme depuis la rentrée. Sa rupture était encore fraîche et même s’il avait dit à Heaven qu’ils pouvaient rester amis, il souffrait énormément. Il avait donné le meilleur de lui-même dans cette relation et il avait beaucoup de mal à s’en remettre. Il avait fait plusieurs crises de mutisme et quand il sortait de sa léthargie il n’en restait pas moins silencieux. Il n’avait pas pleuré ni montré sa peine mais on le sentait lointain dans toutes les conversations, dans chacun de ses gestes. La seule chose qui l’intéressait encore était Sterne et il mettait peut-être encore plus de passion qu’avant dans la danse.

Cependant, ce jour là, il ne dansait pas. Il était sur un banc dans le parc, le regard vide. Il n’était pas en train de faire une crise de mutisme car contrairement à lorsqu’il était dans cet état, il avait conscience de ce qui se passait autour de lui, mais il avait quand même l’esprit totalement vide. Il n’avait pas envie de penser car s’il le faisait il en reviendrait toujours au désordre qui régnait dans sa famille et au chagrin qu’il ressentait encore chaque jours lorsqu’il croisait Heaven. Là où il s’en sortait plutôt bien c’est qu’il n’était ni dans la même maison ni dans la même année que la jeune fille… Sinon, ça aurait viré à la torture mentale permanente.

Lorsqu’il s’aperçut que quelqu’un lui parlait et que ce quelqu’un était Ophélia MacMillan il hésita à lui dire qu’il n’était pas vraiment d’humeur… et finalement il n’en fit rien. Comme il n’était pas d’humeur à papoter, il se contenta de la saluer et de répondre à ses premières questions par des phrases relativement courte. S’il parlait, il risquait de penser à nouveau et s’il pensait trop, il retomberait dans le noir et l’inconscience. Peut-être le souhaitait-il au fond… mais non, il essayait de devenir plus fort. Plus pour Heaven comme au début mais bien pour lui. Il devait apprendre à dompter son chagrin. « Salut. » Bon début. « Oui, mais peut-être qu’on ne sera que quinze ou alors moins… » Et finalement, Ophélia vit qu’il n’était pas le Adrien enjoué de d’habitude. Bravo Ophy, tu as été plus rapide que certains !

« J’ai connu des jours meilleurs. » donna-t-il en premier lieu comme explication. Puis il étendit ses longues jambes de danseur et soupira profondément. Son chagrin était si perceptible qu’il ferait même pleurer les pierres… il en était presque sûr. Presque seulement. Les ragots ne couraient pas encore mais ça ne saurait tarder et il s’en inquiétait. Et voilà, il n’avait pas été celui que Heaven avait rejeté mais celui qu’elle avait largué. Il se demandait encore si ce n’était pas pire… Les Serpentards ne s’en sentirait plus de joie et il ne parlait même pas de son imbécile de grand frère ! Autant anticiper les potins du Hibou Bavard… « Heaven et moi c’est terminé. » Il préférait dire ça comme ça plutôt que de dire qu’elle l’avait quitté parce qu’elle ne l’aimait pas comme elle pensait l’aimer. C’était tellement pathétique alors que lui il était encore fou d’amour…

Pauvre Adrien, c’est dur un premier chagrin d’amour !

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Ophélia était très heureuse d'avoir trouvé Adrien dans ce Parc. En effet, quand bien même avait-il quelques années de plus qu'elle, Ophélia l'appréciait beaucoup, et lui était très reconnaissante d'avoir eu la patience ( en le courage ? ) de lui apprendre à danser comme il se devait. Et Ernie savait à quel point il pouvait être facile de perdre patience face à sa jeune soeur. Grâce à lui, elle avait développé une réelle passion pour la danse, à tel point qu'elle s'était mis en tête de répéter, ne serait-ce que ce qu'elle avait appris l'année d'avant, dès qu'elle le pouvait.
Elle s'était immédiatement installée à côté d'Adrien et lui avait chaleureusement dit bonjour. Son chorégraphe, quant à lui sembla hésiter quelques instants. Finalement, après quelques secondes, il la salua assez tristement, mais Ophélia n'y fit pas tout de suite attention. Après une nouvelle pause, mais tout du moins assez courte, elle enchaîna en parlant de Sterne, expliquant que d'après ce qu'elle savait, ils pourraient bien former un groupe de vingt personnes, ce qui était absolument génial. Mais Adrien ne sembla pas aussi optimiste que notre petite MacMillan, ce à quoi elle ne pu s'empêcher de réagir.

- Comment ? Moins de quinze ? Mais non, voyons, on sera tout autant, si ce n'est plus que l'année dernière !

Oui, Ophélia en était certaine. Sterne était une troupe géniale, et c'était bien sûr évident que de nouveaux élèves chercheraient à s'inscrire dès qu'ils en seraient au courant ! Aussi, notre jeune Poufsouffle savait pertinemment que le succès de Sterne n'était bien évidement pas dû aux membres, mais bien évidement à l'organisation et aux organisateurs ! Et ce, avec Adrien en tête de liste ! C'était un chorégraphe formidable, et Ophélia ne se cachait pas pour le dire, que ce soit à tous ceux qu'elle connaissait ou à Adrien lui-même.


- Des élèves vont s'inscrire, tu verras, tu n'as pas à t'inquiéter ! Et puis tout le monde sait que tu es un excellent chorégraphe.

Ponctuant sa phrase d'un joli sourire, elle attendit qu'il lui réponde et s'apperçu très bien à cet instant de la mine quelque peu déconfite d'Adrien. Septique, elle lui demanda s'il allait bien car il avait vraiment l'air d'être très fatigué si ce n'était même malade. La grippe, c'est pas un peu tôt, en Septembre ? Il affirma qu'il avait connu des jours meilleurs, et Ophélia l'espérait grandement pour lui.


- Oui, je vois ça...

Elle répondit simplement, mais cependant toujours aussi intriguée par la fatigue ou la tristesse apparente de son ami. C'est alors que, après quelques instants, il lui expliqua qu'Heaven et lui avaient rompus. Ophélia ouvrit alors de grands yeux surpris, et comprenait à présent très précisément la raison de sa mine pour le moins déconfite.

- Oh, je comprend mieux !

Dans sa voix, on pouvait ressentir toute la compassion qu'elle ressentait pour son ami. En effet, cette explication l'avait rendue triste pour lui, et immédiatement, elle ne pu s'empêcher de penser à Anabelle, et surtout au fait qu'elle n'avait jamais aimé la jeune Serpentard, sans pour autant que Miss MacMillan n'ait compris pourquoi.
Cependant, bien déterminée à redonner le moral à son ami, Ophélia reprit la parole.

- Mais il ne faut pas que tu te laisses abattre, d'accord ?

Elle n'aimait pas voir les gens triste. Aussi, elle ferait son possible pour que son ami sourit de nouveau.

Adrien fit un léger signe de tête en guise d’approbation aux paroles d’Ophélia. Il ne savait pas s’il était vraiment d’accord ou non avec ce qu’elle disait mais il n’avait pas le courage d’épiloguer… D’ailleurs, il s’en moquait un peu du nombre d’adhérent à Sterne du moment qu’ils étaient assez nombreux pour ressembler à une troupe. Hors une troupe de cinq personnes ça existe et ça peut très bien fonctionner ! Et à ses derniers comptes ils étaient treize. Ce n’était donc pas l’avenir de la Troupe son plus gros problème ce jour là, loin de là. Son chagrin d’amour prenait le pas sur tout… Sur ses envies, ses désirs, ses passions… Il ne voyait qu’une seule chose, c’est qu’il était seul et qu’elle l’avait quitté.

« Je ne m’inquiète pas pour Sterne, il n’y aura probablement aucun problème pour que nous fassions un spectacle aussi bon que le précédent. » Qui avait été un succès total, il faut bien le dire. Cependant, penser à leur dernière représentation revenait à penser aux quelques jours qu’Heaven avait passé avec Anabelle et lui dans sa maison de campagne… Cela ne pouvait que le rendre plus triste encore qu’il ne l’était. Est-ce que c’était à ce moment là qu’il avait fait un faux pas et que quelque chose avait cloché ? Est-ce qu’il avait fait quelque chose qui lui avait déplut ? Tant de questions qu’il n’oserait jamais poser… Il était trop timide pour ça et puis… à quoi bon ? On ne commandait pas les sentiments d’autrui. Il le savait mieux que personne, lui, le vilain petit canard de la famille Sallers.

Le ton de pitié d’Ophélia lui faisait presque mal mais il tint bon. Il n’y avait rien à ajouter de plus et puis, elle réagissait par bonté, par gentillesse… Sauf qu’il n’avait pas spécialement envie qu’on soit gentil avec lui. Au contraire, ça lui donnait encore plus l’impression d’être misérable… « Contrairement à ce que tu dis, je ne me laisse pas abattre… je constate juste que quelque chose cloche chez moi et que c’est sûrement ce quelque chose qui a… enfin tu vois, provoqué la fin. » De sa relation, de son amour… quoi que non, il était toujours amoureux, c’était bien là le vrai problème. Mais que pouvait-il y faire ? Il n’avait rien à dire car il savait – en bon garçon raisonnable qu’il était – que son amour finirait par passer mais qu’il faudrait du temps. C’était ce qui l’énervait. Si on était certain de pouvoir oublier l’amour, pourquoi souffrir ainsi ? Pourquoi ne pas simplement effacer tout de son esprit ? Se jeter un sortilège d’oubli ?

« Tu as déjà été amoureuse ? » demanda-t-il alors de but en blanc. Pas qu’il ne pouvait pas continuer à parler en long en large et en travers de son chagrin d’amour mais il trouvait plus simple et plus bénéfique pour lui de changer complètement de conversation ou au moins de dériver lentement vers autre chose… histoire de penser à Ophélia plutôt qu’à Heaven ce qui serait en soi déjà un gros pas en avant !

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Adrien n'avait pas tout à fait l'air d'écouter Ophélia, ou tout du moins il le faisait distraitement. Pour lui donner une réponse, aussi vague pouvait-elle être, il se contentait d'hocher distraitement le tête, de haut en bas. Cependant, la benjamine des MacMillan ne lui en voulait pas le moins du monde. Elle savait très bien, ne serait-ce que grâce à l'expression qu'arborait son visage, que cela devait être quelque chose de dur à vivre. Ca ne lui était encore jamais encore arrivé, et elle espérait bien ne jamais être dans le même état qu'Adrien à cet instant. Ce qu'il lui dit peu à près la surpris beaucoup, d'ailleurs. Mais enfin, comment pouvait-il dire et surtout penser des choses comme ça ? Il était si gentil, Adrien ! Non, vraiment, Ophélia ne comprenait pas. Aussi, elle ne pu s'empêcher de penser que s'il était dans cet état, c'était parce que c'était Heaven qui l'avait quitté. Oui, forcément. Maintenant, Ophélia comprenait mieux pourquoi Anabelle n'aimait pas la Serpentard.

- Quelque chose clocherait chez toi ? Mais enfin Adrien, ne pense pas ça ! Si c'est fini, c'est que ça devait se terminer. Et ce n'est pas pour autant que tu dois forcément être le fautif...

Elle n'avait absolument pas dit ça pour prendre le parti de l'un ou de l'autre, non, c'était tout simplement parce qu'elle le pensait. De plus, l'idée qu'Adrien se rabaisse comme ça lui était intolérable. Il était si gentil, comment pouvait-il penser ça de lui ? Assis l'un à côté de l'autre, ils restèrent quelques instants comme cela, sans parler, et c'est Adrien qui fini par prendre de nouveau la parole, demandant si Ophélia était déjà tombée amoureuse.

- Amoureuse ? Non, pas encore..., lui répondit-elle sincèrement.

Sa question la surprit quelque peu, il fallait bien l'avouer. En effet, elle ne se serait jamais attendu à ce qu'il pose une question semblable à celle-ci. En réalité, depuis qu'elle savait pourquoi Adrien restait là, assis sur ce banc avec un visage si triste qu'il en paraissait même fatigué, elle s'était presque attendue à ce qu'elle doive faire la conversation elle-même ce qui, en soit, ne la dérangeait pas vraiment. Cependant, à cette question, elle comprit ce qu'il en était exactement.

- Tu es toujours amoureux d'elle, c'est ça ?

En réalité, ce n'était pas une question, à proprement parler, qu'elle venait de prononcer, non. Au fond, cela ressemblait plutôt à une sorte d'affirmation, et il fallait reconnaître qu'Ophélia n'attendait pas réellement de réponse de la part d'Adrien. Aussi, elle décida d'arrêter de se mêler de la vie de son chorégraphe, car elle ne voulait pas non plus jouer les curieuses, ce qu'elle avait très certainement bien assez fait jusque là. C'était bien sûr involontaire, d'une certaine façon, pour la simple et bonne raison qu'elle avait voulu l'aider, mais bon...
Elle réfléchis quelques instants sans rien dire, puis, tout à coup, un beau sourire naquit sur son visage. Elle tourna alors la tête vers Adrien avant de reprendre.

- Tu voudrais danser ? Je comptais aller m'entraîner un peu, et c'est là que je t'ai vu... Ca te changerait peut-être les idées ?

D'ailleurs, Ophélia avait pris avec elle son sac de danse où elle avait mis une bouteille d'eau et ses chaussures, qu'elle mettait toujours avant de répéter. Elle lui fit un sourire et attendit sa réponse, espérant qu'il dirait oui. Elle ne savait pas avec exactitude si cela l'aiderait vraiment, il fallait bien l'avouer. Cependant, ce dont elle était certaine, c'était que ça lui permettrait de penser à autre chose, pendant un petit moment, tout du moins.

Pourquoi est ce que tout ce qui a un commencement a une fin ? C’est la question qui germa dans l’esprit d’Adrien tandis qu’il écoutait Ophélia lui parler. En ce qui concernait la grande amitié entre Anabelle et Heaven, Adrien n’avait pas encore trouvé l’occasion pour discuter avec Belle de la Serpentard et de sa rupture avec elle donc il ne savait pas encore s’il aurait droit à un « Je te l’avais bien dit » ou non… mais en tout cas, puisqu’elles ne s’entendaient pas bien, ça réglait le problème. Au fond, même si Belle était sa meilleure amie, il n’avait pas vraiment envie de parler avec elle de sa rupture. Elle était trop proche de lui et puis… elle n’avait pas sa langue dans sa poche. Elle ne lui avait jamais dit clairement qu’elle n’aimait pas Heaven mais il n’était pas stupide (enfin pas à ce point là tout au moins), elle trouverait sûrement que c’était bien fait pour lui. Bah… tant pis. En attendant d’être prêt à en parler avec elle, il pouvait toujours se morfondre dans son coin.

« C’est gentil d’essayer de me réconforter Ophélia, mais disons-le, toute l’école pensait que je n’étais pas assez bien pour elle, et elle vient juste de prouver que c’était vrai… » ce qu’il ne reniait pas puisqu’il pensait un peu pareil mais ça restait assez douloureux à accepter. Il avait beau être doux, aimable, gentil et patient, il avait quand même un peu d’orgueil et il avait l’impression qu’il s’était fait roulé dans la farine et qu’il était maintenant le ridicule de l’école. Allons, allons Adrien, tu es trop transparent pour ça ! Mais passons… de toute façon, Ophélia venait de répondre à sa question.

« J’espère que quand ça arrivera tu auras plus de chance que moi… » Murmura-t-il non sans amertume. On était loin de l’Adrien joyeux et plein de vie qui avait ouvert Sterne il y a quelques mois de ça. Mais heureusement, la danse restait sa grande passion et Ophélia intervint rapidement en ramenant la conversation sur le sujet. Il n’avait pas répondu à sa dernière question tant la réponse était évidente… Bien sûr qu’il l’aimait encore, c’était justement pour ça qu’il souffrait autant… si seulement… si seulement il pouvait l’oublier.

« Ouai, j’ai besoin de me dégourdir les muscles. Tu veux que je t’apprenne un nouvel enchaînement tant que je suis là ? Par contre je préfère qu’on reste ici. J’ai pas envie de rentrer au château… » La danse était toute la raison de vivre du jeune homme qui ne se privait pas pour le faire savoir à qui voulait bien l’entendre. Il était aussi un très bon professeur. Il était très fier de ses petites recrues, il aimait beaucoup leur enseigner les pas et leur donner l’amour de la danse moderne. En ceci, Ophélia avait été l’une des meilleures. Non seulement ses progrès étaient spectaculaires mais en plus elle semblait vraiment aimer ce qu’il lui enseignait. Finalement, il y avait au moins quelque chose qui fonctionnait encore dans sa vie… avec les amitiés évidemment car quoi qu’il en dise, Belle et Eli’ seraient toujours là pour lui. Mais il était un peu pessimiste ces derniers temps… Et encore le « un peu » est un euphémisme !

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Adrien semblait réellement anéanti par sa rupture avec Heaven, ce qui rendait Ophélia bien triste. C'était incontestable que notre petite Poufsouffle était très peinée, et elle espérait réellement qu'Adrien irait très vite mieux, et sourirait de nouveau comme il le faisait avant. Ce qu'elle voulait, surtout, c'était qu'il redevienne l'Adrien qu'elle avait connu à Sterne, toujours joyeux et le coeur sur la main. Mais elle savait très bien que tout cela ne lui passerait pas du jour au lendemain, et c'était tout de même très compréhensible. Lorsqu'il évoqua le fait que toute l'école pensait qu'il ne méritait pas cette jeune Serpentard, et qu'elle n'avait fait que le prouver, Ophélia laissa échapper un soupire désolé. Ca lui faisait vraiment de la peine qu'il parle comme cela, et surtout qu'il pense cela de lui. Et elle ne savait absolument pas quoi faire pour le réconforter. C'est étrange mais il y a des instants ou l'on voudrait faire beaucoup et où, pourtant, on a l'impression de ne pas y arriver, ou de ne pas pouvoir y arriver. Cependant, Ophélia était bien loin d'avoir dit son dernier mot. Et malgré le fait qu'Adrien semblait ne pas vouloir ouvrir les yeux et comprendre qu'il était un garçon génial, Ophélia ne renoncerait pas à essayer de lui faire entendre raison.

- Si tu n'étais pas assez bien pour elle, je ne vois pas ce qu'il lui fallait... et puis tu n'as pas à te soucier de l'opinion des gens. Les élèves parlent de tout et de rien et ils sont toujours à l'affut d'une bêtise à inventer sur quelqu'un, lorsqu'ils s'ennuient...

Suite à cette petite affirmation, Ophélia fit un sourire qui se voulait aussi réconfortant que possible, à l'adresse d'Adrien. Quand bien même cela n'arrangerait-il pas les choses aussi bien que notre petite Poufsouffle l'aurait voulu, Miss MacMillan devait le lui dire car elle le pensait vraiment. Puis, il lui demanda si elle avait déjà été amoureuse, et qu'elle lui répondit que, pour le moment, cela ne lui était pas arrivé, il lui souhaita d'avoir plus de chance que lui. Oui, il avait vraiment l'air déprimé, Adrien, mais non, Ophélia ne baisserait pas les bras.

- Tout finira par s'arranger... C'est comme ça, la vie, c'est pas toujours rose. Cependant, parfois, on a la chance de voir quelques rayons de soleil au travers de nuages. Ne perds pas espoir.

Même si elle ne pouvait pas faire grand chose, Ophélia était bel et bien décidée à lui remonter le moral, avec tout son optimisme. Même si elle ne connaissait pas encore Adrien comme elle connaissait généralement ses amis ( Fredericke, Tobias, Bérénice ou Abbygael, par exemple ), cela ne l'empêchait pas de l'apprécier énormément et de soutenir qu'il ne méritait absolument pas ce qui lui arrivait. Aussi, la danse lui vint immédiatement à l'esprit, lorsqu'elle réfléchis à ce qui pourrait lui changer les idées, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

- C'est vrai, tu voudrais bien m'apprendre un nouvel enchaînement ? Pour de vrai ? Oh, ce serait vraiment trop chouette ! Et aucun problème, ça ne me dérange pas de rester là !

Elle farfouilla un instant dans son sac et en sortit les jolies chaussures qu'elle mettait toujours pour faire de la danse, lors des répétition de Sterne ou même lorsqu'elle s'entraînait toute seule. Elle retira rapidement ses ballerines et les enfila avant de se mettre debout, presque en sautillant.

- Je suis prête !

Il n’y avait pas beaucoup plus sceptique en ce moment que ce cher Adrien mais il n’était pas non plus très contrariant dans son genre alors il ne fit aucun commentaire. Il était évident qu’il y avait beaucoup de garçons mieux que lui et que c’était tout le problème. La concurrence était trop rude et Heaven était bien trop populaire, elle voulait quelqu’un de son niveau. Il l’avait toujours su… La chute n’en était pas moins douloureuse car il l’avait oublié un moment. Cela lui apprendrait à croire qu’il pouvait être accepté. Il aurait dû apprendre la leçon depuis le temps qu’il vivait dans une famille comme la sienne. Il était le mal aimé, ça ne pouvait pas changer… Il était stupide d’avoir pensé qu’il pouvait lutter.

Enfin… Ophélia avait raison sur au moins un point, ça finirait bien par lui passer. Il redeviendrait le Adrien joviale que tout le monde charriait gentiment parce que c’était si facile de se moquer de lui… le Sallers qui s’était trompé de maison. Il n’était pas dans une famille de sang pur comme les MacMillan où, finalement, il était justement de tradition de ne pas se vanter de son sang et d’être dans une autre maison que Serpentard. Chez les Sallers, il fallait être imbuvable pour être aimé… c’était bien difficile à vivre quand on était aussi doux et gentil qu’Adrien. Heureusement qu’il avait Sterne pour oublier ses ennuis qu’ils soient amoureux ou familiaux… car évidemment, pour son père, être largué par une Clarks, c’était bien la preuve que son fils était une loque. Adam aurait réussi à garder une fille comme ça lui ! Mais oui, Adam réussit toujours tout ! Adrien le sait à force qu’on le lui dise !

« Ok, dansons alors ! » dit-il en se levant. Il portait ses tennis donc ça devrait être bon. « Je vais t’en mettre plein les yeux ! » fit-il avant de reculer de quelques pas et de s’élancer. Il posa un pied sur le banc où ils étaient assis et sauta, faisant un flip arrière parfaitement exécuté. Son atterrissage était parfait et il leva un pouce en direction d’Ophélia. « J’aurais pas été mauvais en gymnastique non plus ! » C’était certain, Adrien était plutôt souple, voir même très souple, mais c’était aussi pour ça que malgré sa force physique dans la moyenne pour son âge, il faisait un peu gringalet. Mais bon, il était mignon quand même hein ?

« Mais on va peut-être faire quelque chose d’un peu moins dur pour commencer ! Tu veux qu’on fasse un mouvement en couple ? C’est du modernjazz, pas du breack mais c’est bien aussi. » De toute façon, au fond, Adrien aimait toutes les danses, limite il aimait aussi le classique même si ce n’était pas son trip quand il s’agissait d’écouter la musique… mais danser ce n’était pas pareil. D’ailleurs, la plupart des danseurs professionnels avaient une formation double, classique et moderne. Adrien devrait peut-être faire des stages de danse classique au lieu de jouer au petit singe en faisant des acrobaties de plus en plus compliqué mais un peu inutile pour la troupe… Il faudrait peut-être creuser l’idée. Ou alors demander à Fredericke !

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Lui en mettre plein la vue ? Une chose était certaine, ce ne serait pas bien dur. Il fallait reconnaître que tout ce qu'Adrien pouvait montrer pendant les répétitions de Sterne impressionnait énormément Ophélia, et même la fascinait. Ca avait l'air si facile quand il montrait des pas de danse à tout le monde, et tout de suite, lorsqu'Ophélia essayait, c'était une autre histoire. Cependant, elle y mettait toujours beaucoup de bonne volonté et répétait aussi souvent qu'elle le pouvait, ce qui faisait qu'elle parvenait très rapidement à reproduire les mouvements de son chorégraphe. Certes, c'était loin d'être aussi réussi que lui, il fallait rester réaliste, et jamais elle n'aurait eu la prétention de comparer avec ce que Fredericke parvenait à faire, mais néanmoins, il fallait reconnaître que notre petite Poufsouffle était assez fière d'elle.

Ainsi, lorsqu'il lui assura qu'elle en aurait plein les yeux, Ophélia ne pu se retenir de laisser échapper un petit rire, pour la simple et bonne raison qu'elle n'en doutait pas une seule seconde. Il recula un peu, puis s'élança et, posant sont pieds sur leur banc, il exécuta une magnifique figure arrière. Ophélia ne s'était absolument pas doutée de ce qu'il allait faire. Aussi, elle avait regardé Adrien avec beaucoup d'attention, et avait écarquillé ses grands yeux, tellement elle trouva que c'était parfaitement réussi. Une fois réceptionné comme il se devait, il leva ensuite son pousse dans la direction d'Ophélia, manifestement content de lui, et notre petite Poufsouffle l'applaudit instantanément, en lui souriant avec beaucoup d'admiration. D'ailleurs, Ophélia ne pu qu'approuver lorsqu'Adrien affirma qu'il aurait pu être un bon gymnaste. En effet, cela ne faisait aucun doute pour notre petite Poufsouffle que peu de gens pourraient parvenir à faire ce que faisait Adrien.

- C'est vraiment génial, ce que tu arrives à faire ! Mais ne me dis pas que tu vas me faire faire ça, quand même, j'ai pas ton niveau...

Elle avait un peu peur de faire comme lui, tout d'abord parce qu'elle n'avait jamais fait ses figures de sa vie, mais aussi parce que ça l'impressionnait tellement qu'elle n'osait même pas imaginer combien de fois elle devrait tomber avant de parvenir à quelque chose d'à peu près correcte. Mais Adrien la rassura bien vite, en lui disant que, pour débuter, il pourrait lui montrer quelque chose de moins dur.

- Oui, pour commencer, je préfèrerais... Je veux bien un mouvement en couple, et puis je te fais confiance quand tu me dis que le modernjazz c'est sympa ! Comme je n'en ai jamais fais...

En fait, pour simplifier un peu les choses, tout ce qu'Ophélia savait sur la danse, c'était Adrien qui le lui avait appris, et il fallait reconnaître qu'elle lui en était très reconnaissante. En s'inscrivant à Sterne, elle n'aurait jamais pensé qu'elle aimerait autant la danse, tout du moins pas au point d'en faire l'une de ses passions, si ce n'était sa passion principale. Toujours avec un sourire ultra bright ( What else ? ), Ophélia reprit à l'intention d'Adrien, très motivée pour connaître et apprendre ce qu'il allait lui montrer à cet instant.

- Bon, alors, je t'écoute ! On fait comment ?

Ophélia fit un nouveau sourire ( cette fois-ci suivi d'un jeu de cheveux senteur vanille ) à Adrien, puis attendit qu'il lui donne les premières instructions qu'il pourrait lui donner. Elle était très heureuse d'être là avec lui, tout d'abord parce qu'elle pouvait danser, et surtout parce qu'elle l'aimait bien, Adrien.

D’un geste sûr, Adrien posa les mains sur la taille d’Ophélia et la souleva lestement au dessus de lui. « Alors c’est parti ! » Comment ça il voulait lui faire peur ? Mais non, ce n’était qu’une espièglerie entre deux bons amis histoire de se changer les idées. Par ailleurs, pour les mouvements en couple, il fallait qu’Ophélia lui fasse entièrement confiance. D’ailleurs, lorsqu’il la reposa à terre, il posa sur elle un regard suspicieux suivit d’un sourire ambigu. Ce serait sûrement amusant… en plus, ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas entraîné aux mouvements de danse moderne à deux.

« Tu me fais confiance pas vrai ? » lui lança-t-il en s’éloignant de quelques pas et de frimer en faisant un pas chassé suivit d’une rotation rapide qu’il termina en croisant les bras et en soulevant un sourcil interrogateur (si, si, les sourcils savent faire ces choses là). Adrien avait clairement la classe quand il dansait, il pouvait même être assez sexy. Le truc c’est qu’il fallait déjà le voir danser ce qui n’était pas donner à tout le monde… en dehors de Sterne évidemment. Ophélia, elle, avait relativement l’habitude de cette subite transformation et de ses cabrioles.

Se la jouant volontairement pour faire rire Ophélia (non, non, il ne compte pas la subjuguer, qu’on se rassure XD), il tira un peu sa veste d’uniforme tout en continuant à sourire comme un crooner (ça le faisait rire au moins…). Il lança un sort pour mettre de la musique et fit ensuite de nouveaux pas jusqu’à arriver derrière la petite blonde (au moins aussi légère que Fredericke). Il posa ensuite sa main sur son épaule, la regardant intensément de l’air de celui qui s’amuse comme un petit fou. « Alors, es-tu prête à danser avec moi ? »

Il n’y avait vraiment que la danse qui pouvait faire oublier à Adrien le chagrin qui résonnait dans sa poitrine à chaque fois qu’il pensait à Heaven. Présentement, il y pensait encore… mais ça ne le rendait pas triste car il agissait de manière à oublier autant que c’était possible. La compagnie d’Ophélia y aidait beaucoup car il s’amusait à danser devant elle d’une manière qui sans être totalement ridicule était un peu rétro, un peu jazzy, et pas du tout aussi moderne que d’habitude. C’était comme un nouveau jeu… et ça l’amusait beaucoup.