Tomas déambulait au hasard dans les couloirs du quatrième étage, sans destination précise ni aucun objectif particulier. Il aurait aimé pouvoir aller courir dans le parc, mais à présent que le temps s’était nettement amélioré, l’extérieur du château était envahi d’élèves bruyants et surtout très dérangeants. Impossible de courir en paix, et ça avait le don de l’énerver. Plus il était à Poudlard, et moins il avait le temps de faire du sport. Ayant donc décidé de se promener dans le château, qui avait au moins le mérite d’être au calme, il fut satisfait de constater qu’il n’y avait absolument aucun bruit. Le silence. Les autres élèves étaient vraiment incapables de comprendre cela. Toujours à piaffer d’un côté à l’autre, parler de trivialités, gaspiller leur salive. Ce n’était clairement pas le genre de problèmes auxquels il était confronté, lui. Le Serdaigle passa devant le couloir de la bibliothèque mais n’y accorda qu’un bref regard, il n’avait aucun intérêt à s’y rendre, ses devoirs étaient faits, du moins ceux qui l’intéressaient. Poussant un soupir, il plaça ses mains dans ses poches et tourna à l’angle du couloir, sans vraiment savoir où cela le mènerait. Il se demandait ce que pouvait bien faire Cristal pendant ce temps, cela faisait quelques temps qu’il n’avait pas eu l’occasion de passer du temps avec sa cousine, et son absence était pesante, même si elle était pourtant courte, c’était déjà trop. Elle constituait sa seule véritable source de distraction, la plupart de ses camarades étant peu dignes d’intérêt, et leur conversation bien limitée. Il supposait que l’indifférence qu’il manifestait généralement à leur égard les avait dissuadé d’essayer de sympathiser avec lui, et au fond c’était sans doute préférable. Le Bleu et Argent n’avait aucunement besoin de s’encombrer d’un boulet, ou d’un moulin à paroles, la solitude était largement préférable à ses yeux.
Mais alors qu’il s’avançait dans ce nouveau couloir, un petit homme portant une cravate orange et un bonnet à clochettes se matérialisa juste devant lui, le faisant s’arrêter net. Son sourire goguenard n’indiquait rien de bon, mais le jeune garçon ne se démonta pas pour autant, s’il commençait à avoir peur de Peeves, alors il était vraiment mal parti. De toute manière, que pouvait faire l’esprit frappeur, se moquer de lui ? Tant mieux si ça l’amusait, de son côté il n’en avait absolument rien à faire.
- Alors alors, le p’tit Toto se promène dans les couloirs alors que ses autres copains riquiquis sont dehors ? ricana Peeves avant d’effectuer un salto arrière dans les airs.
Imperturbable, le Serdaigle s’apprêtait à contourner l’esprit frappeur mais celui-ci se décala d’un même mouvement. Tomas poussa un soupir agacé avant de lui lancer un « Qu’est-ce que tu veux » sur un ton glacé. Il n’était pas rentré dans le château pour perdre son temps avec l’esprit frappeur complètement ahuri de Poudlard. A la limite lorsqu’il s’acharnait sur quelques élèves innocents ça pouvait être légèrement divertissant, mais en l’occurrence c’était juste gonflant.
- Ce que je veux ? Il fit mine d’hésiter. Là tout de suite, que tu me supplies de t’épargner, répondit-il finalement lui lançant un regard méchant avant de brandir un grand flacon rempli d’une mixture d’une couleur vert jaunâtre. Du pus de bubobulb. Non dilué très certainement étant donné l’expression de joie profonde qu’affichait à présent l’esprit frappeur après avoir vu passer une légère lueur d’appréhension dans les yeux du Bleu et Bronze. Non, il n’avait pas peur de Peeves, mais de là à vouloir être couvert de cloques particulièrement douloureuses pour en attester, jamais. Sans attendre une seconde de plus, il fit volte-face et rebroussa chemin à toute allure. Sa rapidité lui avait permis de mettre quelques mètres entre lui et l’esprit frappeur. Tomas tourna à l’angle d’un couloir, légèrement perdu, avant de s’apercevoir que les bruits de caquètement semblaient s’être arrêtés. Avait-il semé l’esprit frappeur aussi facilement ? Il fit quelques pas et s'apprêta à s'appuyer contre une tapisserie accrochée au mur le temps de reprendre son souffle, mais lorsqu’il posa la main celle-ci, il sentit avec surprise son bras s’enfoncer dans le vide avant qu’il ne bascule tout entier derrière la tapisserie. Etonné, il s’aperçut qu’il se trouvait dans un renfoncement du mur, peu spacieux mais suffisamment grand pour une ou deux personnes de sa corpulence. A peine se redressait-il qu’un ricanement bruyant se faisait entendre de l’autre côté de sa cachette. Finalement, il n’avait peut-être pas semé Peeves. Mais apparemment, l’esprit frappeur ne l’avait pas vu passer derrière la tapisserie puisqu’il l’entendit pousser quelques jurons sonores avant que le silence ne revienne. Cette fois-ci pas question de se faire avoir, il comptait bien attendre un peu avant de revenir dans le couloir, histoire d’être sûr que la saleté s’était trouvée une autre victime. Décidément, pas moyen qu’on le laisse tranquille dans ce château de fous furieux.