Hélas! combien je croyais savoir... [PV Heav']

« M*rde Nate, qu'est-ce tu fous encore? » aboya Raphaël en cessant de jouer, imposant donc aux autres le silence.

Keira avait soudainement arrêté de chanter, Roze avait laissé son doigt sur une touche de son synthé avant de se rendre compte du décalage occasionné et s'était assise de nouveau, en grande partie à cause de son état, et Michaël tenait ses baguettes en suspension avant de les poser sur la caisse et de croiser les bras sur son torse. C'était la quatrième fois qu'il reprenait Nathanael aujourd'hui. Et Raphaël avait beau être patient, il était aussi très perfectionniste, au point d'en agacer les autres membres du groupe, ce qu'il pouvait très bien concevoir. Lui aussi aimerait que tout soit parfait pour ne pas s'y reprendre dix mille fois. Il se rendait compte que c'était épuisant de recommencer trente-six fois la même chanson parce que l'un d'eux -au minimum- avait merdé. Surtout pour Roze qui n'avait pas besoin de rester aussi longtemps. Elle semblait parfois trop frêle, surtout maintenant, mais elle tenait bon. Ça l'impressionnait, mais le groupe avait pris des mesures, et elle avait une chaise confortable juste à côté d'elle lorsqu'elle jouait, et un fauteuil à quelques mètres pour se reposer si besoin.

L'héritier des Gibson, agacé par une si mauvaise volonté, posa sa basse sur son support et s'avança jusqu'à Nate. Quatrième erreur en moins d'1/2 heures! Sur le même morceau en plus. Il se foutait de sa gu*ule ou quoi?
Raphaël était encore plus exigeant depuis que le groupe commençait sérieusement à se faire son propre public et à se produire dans quelques lieux branchés de la Capitale. Si Nate n'était pas à la hauteur, il se passerait de ses services. Bon, il pensait ça sur le coup de l'exaspération, certes, mais il voulait le meilleur guitariste possible et si McGowan ne se bougeait pas un peu plus les fesses, il se chargerait lui-même de les lui botter lui-même.
Il se plaça devant Nate, lui laissant assez d'espace pour jouer lorsqu'il le lui demanderait.

« Ça fait quatre fois que tu loupes cet enchainement. Je sais que c'est une nouvelle chanson, mais bon sang, fais un effort. Personne ne s'est trompée une seule fois, excepté toi. Et il ne reste plus que deux jours avant la représentation. » le menaça-t-il.

Bon, ce n'était pas un véritable concert. Juste une scène avec 5/6 chansons pour continuer à se faire connaître et à promouvoir le groupe et sa musique. Mais justement, s'ils étaient mauvais, ils n'auraient aucune chance dans le milieu. Par contre, s'ils se montraient parfaits performants, il y avait de forte chance pour qu'ils se fassent remarquer. Enfin...remarquer...Canal Spark avait déjà une renommée plus ou moins confirmée auprès d'un public d'avertis. D'ailleurs le fils Gibson avait de plus en plus de travail niveau communication. Il ne prenait pas toutes les décisions tout seul. Il demandait aussi l'avis des membres quand ils devaient se produire à tel endroit, lorsqu'ils devaient se rendre à des shooting pour des magazines musicaux ou bien lorsqu'il fallait faire un peu de pub. Il ne se la jouait pas solo. Ils étaient cinq dans l'histoire et ce n'était parce qu'il était comme un manager pour le groupe, qu'il devait se croire tout permis.

« Les deux parties que tu as apprises sont acquises, mais il faut que tu t'entraînes pour les enchaîner. Tu dois réussir à visualiser la position de tes doigts avant l'enchaînement. Il faut que tu anticipes. Et pour ça, il n'y a pas de secret, même pour les pros: il faut travailler et répéter. » lança-t-il en mesurant le ton de sa voix, son seul but pour le moment étant de lui faire passer le message.

Il tentait de ne pas trop faire le « tyran », même si parfois, ça lui allait plutôt bien.
Il reprit plus calmement.

« Mais je peux te refiler un conseil: ralentit le tempo. Décompose! Peu importe si ça te prend plus de temps, tu dois réussir cet enchaînement. » précisa-t-il d'une voix plus posée.

Deux heures plus tard, Nate maîtrisait l'enchaînement et Keira voulait juste torde le cou de Raphaël parce qu'elle commençait à en avoir sérieusement marre de répéter depuis plus de 4 heures. Alors le bassiste avait déclaré que les répétitions étaient finies pour aujourd'hui. Keira avait juste prit le temps de ranger son micro fétiche puis de déguerpir en moins de deux. Il n'avait pas oublié de préciser qu'ils se donnaient rendez-vous demain à la même heure pour bosser encore les chansons pour la représentation. Il n'avait reçu que de vagues réponses, mais il savait de toute façon qu'ils seraient là. C'était préférable pour eux.

Il avait quitté le studio, mais après y être resté enfermé autant de temps, il voulait s'aérer l'esprit. Il avait laissé sa basse sur place. Il n'avait pas envie de se balader avec et se faire remarquer. Par contre, il irait bien sur le chemin de Traverse. Faire un tour, juste pour se dégourdir les jambes, penser à autre chose que le boulot. Ces derniers temps, il n'avait pas eu le temps de se poser. Quand il ne répétait pas avec le groupe, il s'occupait de la paperasse de CS. Quand il n'enseignait pas la maîtrise mentale à Taliesin, il s'entraînait avec Sykes, son mentor. Il passait son temps à transplaner entre Aberdaron et Londres plusieurs fois par semaine, voir même plusieurs fois par jour. De plus quand il était sur Londres et qu'il avait un peu de temps de libre, Lily avait parfois besoin de lui pour garder les enfants. Et comme il était gaga de sa nièce, il acceptait. Du coup, ça ne lui laissait presque plus de temps pour lui, encore moins pour Daphné. Son couple était dans une phase difficile, mais Raphaël n'était pas connu pour baisser les bras si facilement. Il était du genre têtu. Alors dès qu'il le pouvait, il rentrait sur Londres et passait du temps avec elle. Mais il avait l'impression que chacun « s'évaporait » ailleurs. Qu'ils s'échappaient l'un à l'autre et qu'il y avait pas mal de non-dits.

Il avait rejoint Traverse à pied. Il faisait très beau en cette journée d'avril. Autant en profiter. Lunettes noires sur le nez, l'héritier des Gibson ne s'attendait pas à tomber sur une quelconque connaissance. Daphné était au Ministère, idem pour Quentin et Damian. Lily devait être chez ses parents avec les enfants. Sam était à Paris, afin de jouer un match qualificatif pour la prochaine Coupe d'Europe de Quidditch. Dawn était à Julliard. Myrielle devait sûrement bosser à une nouvelle création. Et Heaven devait être à Lairg puisque c'était les vacances.
Enfin, ça c'est ce qu'il croyait jusqu'à qu'il ait la preuve sous les yeux.
Ah bah non, visiblement, Heaven n'était pas à Lairg mais juste devant lui. Elle venait de sortir de la ménagerie magique, seule. C'est ici-même qu'il avait acheté Raëlle. Il n'avait pas revu la jeune femme depuis...depuis l'année dernière. Octobre dernier pour être plus précis. Depuis qu'il lui avait laissé sous-entendre qu'elle représentait bien plus qu'elle n'aurait dû. Après, il s'était traité d'abruti. Il savait que son visage ne trahissait pas ses pensées, mais ça ne voulait pas dire qu'il n'en pensait pas moins. De plus ses lunettes noires cachaient son regard gris-vert. Il pensait qu'elle allait poursuivre sa route mais elle restait pensive. Instinctivement, il s'était stoppé, retenant l'espace d'un instant sa respiration. C'était ridicule, mais parfois, certaines réactions ne s'expliquent pas. Raphaël en profita pour la détailler. Cela aurait pu être déplacé, surtout dans un lieu public, mais ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Ses cheveux étaient plus longs que la dernière fois. Puis il prit sur lui et s'avança enfin vers elle. Heaven semblait un peu dans les nuages en regardant la vitrine de la ménagerie. Il prit donc l'initiative de la ramener sur Terre.
Spectacle de claquettes.

« Qu'est-ce qui te plaît autant dans cette vitrine pour que tu rêvasses devant? » demanda-t-il, l'air de rien, comme s'ils s'étaient quittés la veille.

Hé bien si, il avait bien croisé la route d'une connaissance. Et pas n'importe laquelle.

Si Raphaël portait des lunettes, c'était plus par nécessité que par vanité. On ne le répétait jamais assez, mais les yeux clairs ont une endurance moins importante face au soleil. Les lunettes de soleil, bien noires, permettaient de les protéger. Son regard gris-vert était donc caché, même si le terme n'était le terme exact, du soleil. Ça, c'était la première idée. En second...Raphaël n'était pas son frère. Samuel s'accommodait parfaitement des journalistes et paparazzi. Le cadet des Gibson avait encore du mal. Quand c'était une rencontre officielle, il était professionnel. Mais en dehors de tout ça, il ne supportait vraiment pas qu'on le prenne en chasse. Ce n'était pas tout le temps heureusement, mais il y avait le droit à chaque fois qu'il sortait de studio. Comme aujourd'hui. Pour le moment, il n'en avait repéré aucun. Ils s'étaient sûrement lassés. Une bonne chose vu qu'il était en compagnie d'Heaven.

Les journaux aimaient inventer de sacrées conn*ries. De telles idioties qu'au début, il avait plutôt été perplexe de se voir en photo avec n'importe qui. A chaque fois qu'il sortait dans une soirée V.I.P, une soirée promo ou même lorsqu'il parlait à la vendeuse d'une quelconque boutique, on lui prêtait une aventure avec. En plus, c'était des jeunes femmes connues de la musique, du mannequinat, de la TV , et même du cinéma. A croire qu'il passait son temps à coucher à droite et à gauche. C'était plutôt flatteur de le faire passer de femmes en femmes chaque jour, mais il n'avait vraiment pas le temps de s'occuper de ça. Les rumeurs se démentaient très vite parce que Raphaël s'en foutait. Certains de ses amis le charriaient un peu, mais ils savaient que tout était bidon. Alors on le laissait tranquille. Mais pas les journalistes qui avaient encore sorti aujourd'hui-même un article totalement débile.
« L'actrice anglaise Sally Cavill emménage chez le bassiste de CS » et tout ça parce qu'on voyait effectivement l'actrice anglaise avec un sac de sport sur le dos devant chez Raphaël alors qu'il sortait de chez lui et qu'il la saluait. Une photo pouvait être totalement détournée...et il trouvait cela pathétique et dangereux à la fois.

Lui qui avait horreur de la lumière, d'être sous le feu des projecteurs, il était servi.
Il ne souhait donc pas que Heaven se retrouve dans un torchon simplement par sa présence. Il était rassuré par le fait qu'elle soit une inconnue pour eux -normalement- et qu'elle porte des lunettes noires tout comme lui. Mais comme aucun paparazzi n'était dans le coin, il n'avait pas à s'en préoccuper.

A vrai dire, il savait que si ça devenait trop sérieux, son père ferait en sorte de régler le problème comme un Gibson. Julian se souciait de l'image de la famille. Il était hors-de-question que les journaux à scandale en fassent leur choux gras. Lorsque Samuel était devenu père, Julian avait fait en sorte que la presse ne l'apprenne pas jusqu'à ce Sam et Lily le décident. On avait beau dire, on pouvait compter sur Julian à ce niveau-là. Lui qui veut tellement tout contrôler.

Elle regardait.... « Tout et rien »?? Il en doutait fortement. Il jeta à nouveau un oeil par-dessus son épaule et inspecta la portée de chatons. Bon, il ne savait pas s'ils étaient de la même mère, mais il est vrai qu'ils étaient...attendrissants. Heaven en voulait-elle un autre? Le règlement de Poudlard n'indiquait-il pas qu'un seul animal de compagnie était autorisé? Chouette, hiboux, rats, crapauds, chats...Lui avait opté pour un chat. Le sien était noir avec le bout des oreilles blanches ainsi que le bout de la patte arrière gauche. Et des yeux azur qui vous transperçaient quand il vous fixait sans bouger. Parfois, quand Carlisle le regardait fixement, il avait l'impression de se retrouver face à un mentaliste. Ses yeux étaient magnétiques. Sûrement une des raisons qui avait poussé Samuel à le lui acheter.
Il se souvient du jour où il avait acheté Raëlle. Ce sont ses yeux vairons qui l'avaient attiré au premier abord. Identiques à ceux d'Heaven. Sa féline ne lui suffisait plus? C'était possible après tout. La jeune Clarks semblait toujours en vouloir plus. En même temps, quand une personne aimait les animaux, c'était qu'elle n'était pas si mauvaise. Il ne disait pas qu'Heaven était mauvaise. C'était juste un constat. C'est lorsqu'un être humain n'aime pas les animaux qu'il faut se poser des questions.

« Tu veux t'acheter un félin? » demanda-t-il en regardant les chatons derrière la vitre.

Qu'est-ce qu'il faisait là? Tout et rien! Il était sûr que la réponse agacerait Heaven. Lui non plus n'aimait pas les réponses vagues. Quand il posait une question, il aimait qu'on lui réponde clairement. Encore un défaut paternel. Mais lui, il ne trouvait pas que c'était un défaut. Il considérait que c'était une exigence tout à fait normale. Légitime même. Il était chiant, et il le savait. Ce n'est pas pour autant qu'il changeait sa façon de faire.
Certes, il avait bien répété avec le groupe. Mais après être resté 4 heures enfermées, il n'avait aucunement envie de se cloîtrer chez lui. D'accord, le cadet des Gibson était peut-être un jeune homme solitaire, il n'était pas non plus ermite. Encore moins insensible aux belles journées printanières. Et décompresser en marchant est toujours un bon remède.

« On ne va pas répéter toute la journée...même si moi, ça ne m'aurait pas dérangé plus que cela. Mais Keira risquait de m'étrangler si je la faisais encore chanter une seule note, » s'amusa-t-il d'un sourire en coin, « Et Roze avait besoin de repos. » ajouta Gibson plus sérieusement.

Roze étant enceinte, il ne pouvait tout de même pas se comporter en bourreau avec elle. Il avait un minimum d'humanité quand même. Excepté quand il s'agissait de la performance de chacun. Roze était douée, mais McGowan...il les lui hachait menu parfois.

« Nate va sûrement se plaindre en rentrant à Lairg, mais à deux jours de la représentation, vaut mieux qu'il cesse de geindre et qu'il bosse sérieusement. » fit-il d'un ton réprobateur, qui n'admettait pas de « mais ».

Ce n'était évidemment pas dirigé contre Heaven, mais en repensant à ce temps perdu sur un simple enchaînement, il avait failli lui faire bouffer sa gratte au guitariste.
Qu'est-ce qu'il avait de difficile cet enchaînement??? Raphaël ne comprenait pas. Pour lui, visionner la prochaine « prise » était une évidence. Encore plus quand on est censé l'avoir bosser. Donc si Nate avait autant merdé, c'était pour une seule raison: c'était une fainéant! Bah oui! Un bosseur, il le travaille son morceau, jusqu'à savoir le jouer les yeux fermés. Bon, Raphaël était un peu dur sur le coup. Mais ce n'est pas en étant laxiste que les choses avanceraient.

Donc...ce qu'il faisait là? Oh...pas grand chose. S'aérer l'esprit un minimum. C'est pas interdit, si? Il haussa les épaules, comme si ça n'avait aucune importance.

« Donc après 4 h de répèts', j'ai décidé de profiter du beau temps, tout simplement. J'ai pas trop le temps habituellement. Et toi? » en remarquant le sac de Fleury & Bott avant de laisser son regard dériver sur la silhouette de la jeune femme.

Quelque chose qu'il ne faisait que rarement, mais dont il avait l'habitude quand il s'agissait d'Heaven. Et puis bon, c'était toujours discret. Encore mieux quand on portait des lunettes noires sur le nez. La brunette ne pouvait pas se rendre compte de la chose.
Bon, d'accord, il ne faisait pas que profiter du beau temps. Il avait bien une ou deux emplettes à faire sur Traverse, mais rien qui ne vaille la peine de se presser. Raphaël remarqua alors que la Serpentard avait meilleure forme. Elle semblait plus ''remplumée''. Moins osseuse. Et même si déjà avant elle était agréable à regarder, aujourd'hui...elle lui plaisait encore plus.

Elle était sincère. Il le percevait en tout cas. Et même si elle ne voudrait jamais le reconnaître devant personne, elle était gaga de Raëlle. Bon, il ne ferait aucune remarque à ce propos. Au fond, on est toujours content lorsqu'un cadeau plaît. Surtout sur le long terme. Mais bon, Raphaël avait eu peu de chance de se tromper puisqu'il avait eu accès aux pensées d'Heaven à de nombreuses de reprises. Il n'avait fait qu'exhausser un vœu. Non non, le fils Gibson n'avait rien de la fée bleue ou de cet idiot de père noël. Il avait juste voulu faire plaisir à celle qui était sa protégée à l'époque. Certes, elle ne l'était plus aujourd'hui, mais il gardait cet instinct protecteur envers elle. Il avait beau faire, il ne pouvait s'empêcher de vouloir la protéger. Malheureusement, pour plusieurs raisons, il ne pouvait plus trop prétendre au poste. Il ne pouvait plus la surveiller comme il le faisait auparavant lorsqu'il était à Poudlard et puis, des sentiments autres qu'amicaux avaient pris place. Pas toujours aisé à gérer d'ailleurs. Surtout en présence de la concernée.

« Elle ne t'en fait pas voir de toutes les couleurs? Mince alors! Moi qui pensait qu'elle serait aussi diablesse que sa maîtresse... » fit-il d'un sourire en coin, l'air faussement innocent.

Il ne faisait que la taquiner. Plutôt rare chez le fils Gibson, mais avec Heaven, il se sentait plus à l'aise.
Il savait que Keira et elle étaient proches. Mais il s'inquiétait parfois de cette relation. Heaven n'était pas aussi forte qu'elle ne le montrait et Keira était une fille instable par bien des aspects. Il ne voulait pas que l'une entraîne l'autre dans sa m*rde. Mais il avait l'impression que les deux amies étaient plus fortes à deux que seule. Il comprenait aussi cette absence. Certaines personnes proches de lui avaient désertés quelque peu son horizon. Raphaël ne voyait quasiment plus son frère de coeur, Dawn s'était exilée à New York... A présent, il côtoyait surtout les membres du groupe, son mentor et la petite famille de son frère. Il était toujours aussi gaga de sa nièce. Il avait toujours du mal avec son « neveu ». Le sang ayant une très grande importance dans le clan Gibson, savoir qu'ils n'avaient aucun lien du sang l'avait toujours bloqué. Néanmoins, le petit allant sur ses trois ans, il ressemblait de plus en plus à Lily. Ce qui aidait Raph' à s'en approcher sans éprouver de trop grandes réticences.

A la remarque d'Heaven sur Nate, Raphaël ne put s'empêcher de hausser les épaules. Il ne doutait pas de la véracité de ses propos. Nate était un vrai troufion parfois. Il jouait au c*n et préférait s'amuser plutôt que de répéter. Et quand Keira s'y mettait, c'était pire. Quand ces deux-là se liaient pour le rendre chèvre, il n'avait qu'une seule idée en tête: les étrangler! Mais comme Gibson était un homme civilisé, maître de lui-même et posé, il s'en était toujours abstenu. Encore heureux vous me direz parce que ça aurait fait très vite mauvais genre. Et surtout, ça aurait donné une très mauvaise image au groupe. Imaginez...le bassiste de CS trucide la chanteuse et le guitariste du groupe. Hum...ouais, très mauvais genre.

« C'est peut-être un de ses objectifs, mais il gèlera en enfer avant qu'il atteigne son but. Celui qui me rendra dingue n'est pas encore né. » déclara-t-il le plus naturellement possible avant de reprendre « En tout cas, il a intérêt à assurer, sinon il risque de m'avoir sur le dos continuellement et c'est lui qui va devenir fou. » fit-il d'un sourire qui n'était pas très amicale.

Pour le fils Gibson, la perfection était un art obsessionnel. Il était perfectionniste au point de s'en rendre malade et de faire vivre un enfer aux autres. Il en était conscient, mais ce n'est pas pour autant qu'il comptait changer quoi que se soit. Mais s'il était super exigeant avec les membres du groupe, il était encore plus avec lui-même. Son frère lui apprenait à relativiser certaines choses, mais ce n'était guère évident. Il n'est pas aisé de vouloir changer le regard d'un être quand ce dernier est persuadé d'y voir la vérité. Heureusement, ce qui l'empêchait de tomber dans les extrêmes, c'était qu'il était humain. Il poussait les autres au-delà des limites, mais quand il sentait qu'il allait trop loin, il arrêtait.
Il s'était promis de ne jamais ressembler à son père. C'était un combat de chaque instant car le moindre détail pouvait le ramener à son bon souvenir, ce qui agaçait prodigieusement Raphaël. Le père et le fils se ressemblaient parfois tellement que le cadet de la famille semblait vouloir rendre des armes avant de se reprendre.

«Les BUSEs sont importantes Heav', » déclara Raph' à la brunette, « mais je conçois que rester enfermée par cette journée relève plus de la torture qu'autre chose. »

Et puis au moins ça lui permettait de la revoir enfin. Depuis plusieurs mois, ils ne s'étaient pas vu. Il ne pouvait nier qu'il avait eu envie de la voir, mais, il s'était trouvé bon nombre de prétextes pour reculer à chaque fois l'échéance. Le boulot à Taliesin et le groupe avaient été les deux arguments principaux de sa fuite. Oui, c'est bien connu, la lâcheté est une caractéristique chez les Serpentards. Mais Raphaël n'était pas lâche de nature. Il avait juste du mal à affronter ses sentiments en présence de la responsable, alors il enfouissait tout. C'était plus pratique. Surtout en étant mentaliste. Et puis après, lorsqu'il réussissait à avoir du temps pour lui lors des vacances, il se donnait l'excuse que Heaven devait passer son temps à réviser pour ses BUSEs, et donc, qu'elle n'aurait pas le temps de sortir. Alors le Gibson passait son temps à bosser comme un malade, au point d'en oublier certaines choses. Ainsi, il n'avait pas su que la jeune Serpentard était venue jusqu'à Londres pour le voir. Encore moins qu'elle était tombée sur Sykes. Il n'aurait pas apprécié, mais alors pas apprécié du tout la tournure de l'entrevue. Raphaël avait beau avoir une certaine forme de respect pour son mentor, il n'aurait pas hésité à réagir face à la brute épaisse. Pourquoi? Parce que casser la gu*ule à un mec ne lui posait plus de souci à présent (merci qui? Merci Sykes!), et parce que toucher à une femme était un fait qu'il abhorrait toujours autant. Et puis bon, il ne fallait pas se leurrer. Il ne fallait pas toucher à Heaven. Point barre!

Les courses pour son frère? Heaven faisant les courses pour quelqu'un? Gros silence...Il porta son attention sur la poche de Fleury & Bott. Il haussa un sourcil, mais préféra se taire. Elle faisait ce qu'elle voulait. Lui perso, il se déplaçait seulement pour lui-même. Il n'acceptait jamais de servir de « boy » pour quiconque. D'ailleurs, ceux qui vivaient avec lui ou qui avaient vécu à l'époque savaient à quoi s'en tenir. Gibson ne jouait pas les elfes de maison. Alors le jour où Lily lui avait demandé d'acheter un paquet de couches pour les jumeaux, il avait haussé un sourcil avant de lui répondre qu'il n'était pas dans ses habitudes de jouer les commis. Raphaël avait préféré envoyé l'elfe de Sam. Il aimait bien sa futur belle-sœur, mais pas à ce point. Non mais des couches! Il avait la tête à se balader avec un paquet de couches sous le bras? Soyons sérieux!
Alors face à la bonne volonté d'Heaven de rendre service à « l'autre », il avait juste hoché la tête. Être serviable n'était pas une tare, n'est-ce pas? Très convaincant...
Chacun sa perception des choses au fond. Bon, il doutait qu'elle accorde ce privilège à tout le monde. Son jumeau devait sûrement être l'exception à la règle.

« Dis-moi, tu es libre samedi soir? » demanda-t-il soudainement sérieux.

Oui, ça arrive, comme un cheveu sur la soupe. Mais bon, Gibs' fait ce qu'il veut. S'il veut inviter une jolie fille, il le fait. Pas besoin de passer par trente-six chemins. De plus, ce n'était pas une inconnue. Loin de là. Alors il pouvait se permettre de l'inviter, non?