Rendez-vous

On ne pouvait pas vraiment dire qu'Ophélia était au mieux de sa forme, en ce moment. Elle restait souvent dans son coin et elle évitait de se mêler trop aux autres élèves du mieux qu'elle le pouvait, principalement à cause du fait qu'elle voulait éviter Marie de Liechtenstein qui, depuis qu'elle avait apprit pour le baiser que la jeune Poufsouffle avait volé à Tobias, détestait plus que tout cette dernière. C'était la raison pour laquelle Ophélia ne pouvait plus revoir le jeune homme. Elle était vraiment triste de ne plus pouvoir le voir, à cause du fait qu'elle avait compris qu'elle l'aimait. Un peu trop tard, peut-être, elle avait compris que ses sentiments pour Tobias étaient plus importants que de l'amitié, et elle regrettait de ne pas être arrivée à le comprendre plus tôt. Elle aurait du réfléchir et comprendre que, si elle avait été tellement embêtée de ne plus le voir aussi souvent qu'avant, depuis qu'il était en couple, et qu'elle était énervée qu'il passe de moins en moins de temps avec elle, c'était à cause du fait qu'elle l'aimait. De toute façon, c'était trop tard, elle ne pouvait plus ni le voir ni lui dire le moindre mot.

Cependant, la jeune poufsouffle ne pouvait pas rester toute une année scolaire sans voir Tobias. Il était son ami quand même, bien que les choses ne soient plus du tout comme avant qu'elle ne l'embrasse. Elle l'aimait mais elle ne pouvait pas oublié que depuis qu'elle l'avait rencontré, elle avait passé beaucoup de temps avec lui. Ils se voyaient tous les jours, à une époque, ils passaient beaucoup de temps tous les deux. Bien évidemment, chacun des deux voyait ses amis de son côté, cependant ils ne restaient pas beaucoup de temps sans se voir, et là, non seulement elle ne le voyait plus, mais en plus elle devait tout faire pour l'éviter du mieux qu'elle le pouvait. Elle en était tellement triste qu'elle rentrait directement dans la salle commune de Poufsouffle une fois que les cours étaient terminés, plutôt que de trainer inutilement dans le parc ou autre, et de devoir faire attention à ne pas voir le vert et argent. Il en était de même quand elle mangeait, elle mangeait et discutait un peu, et puis elle prétextait devoir terminer des devoirs ou encore être un peu fatiguée, et elle quittait la table des Poufsouffles.

Elle en avait plus que marre, et c'est pourquoi elle décida d'écrire une lettre à Tobias, qu'elle enverrait par hibou. Le jeune garçon reconnaître très certainement son écriture dès qu'il la verrait et elle se dit que, au cas où quelqu'un se trouverait à côté de lui au moment où il la recevrait, il pourrait toujours inventer quelque chose, ou bien mentir au sujet de la personne qui lui écrivait. Quoi qu'il en soit, elle n'en avait rien à faire que l'on découvre qu'elle lui avait écrit. Elle doutait que la situation puisse être pire qu'elle ne l'était à présent, de toute façon. Elle chercha donc un bout de parchemin et une plume, et elle commença à écrire quelques mots, ce qui lui venait à l'idée. De toute façon, elle ne lui dirait pas grand chose par lettre. « Tobias, on ne se parle plus depuis des semaines et c'est de ma faute en fait mais est-ce qu'on pourrait au moins se voir de temps en temps ? La Cabane Hurlante pour la prochaine sortie à Pré-au-Lard ? Ophélia. » Elle quitta ensuite les dortoirs, et elle partit en direction de la volière, où elle chercha un hibou de libre.

Elle attendit le jour du rendez-vous avec beaucoup d'impatience et elle arriva très vite à la Cabane Hurlante.

Tobias commençait à en avoir marre de sa relation avec Marie. Pas du tout à cause d’Ophélia contrairement à ce qu’on aurait pu croire, parce que ça, il en avait fait son deuil, mais parce que sa petite amie était plus que morose, presque distante, dernièrement. Il se demandait même ce que cela pouvait bien cacher. Enfin, pour l’heure, ce n’était pas son souci, que Marie garde donc ses petits secrets, quand il en aurait vraiment marre, elle le sentirait passer ! Oui, en clair, Tobias n’était pas de très bonne humeur. Il avait reçu voilà quelques jours une lettre de son ancienne meilleure amie qui lui donnait rendez-vous à Pré-au-lard. Il n’avait pas prévu d’y aller avec Marie à l’origine donc tout allait bien de ce côté-là et il avait demandé à Fred’ de le couvrir au cas où… mais il se demandait bien pourquoi Ophélia voulait le voir. La dernière fois qu’ils s’étaient parlés c’était juste avant noël, dans un couloir sombre, à l’abris des regards… cela avait été bref, juste le temps de lui offrir un pendentif plein de tout son amour pour elle et il avait repris sa vie. Il ne savait pas s’il arriverait un jour à oublier Ophélia, peut-être était-ce tout simplement impossible. Peut-être était-il condamné à l’aimer sans pouvoir l’avoir jusqu’à la fin de sa vie… Cette perspective l’effrayait et le remplissait de sentiments tellement contradictoires qu’il ne savait pas comment réagir. Sa seule certitude : il irait au rendez-vous. Dans la mesure où il sentait bien que Marie n’était pas comme d’habitude sans qu’elle lui en donne la raison, il ne voyait pas pourquoi il n’aurait pas ses propres activités. Ce n’était pas comme s’il allait la tromper après tout.

Lorsqu’il parvint à la Cabane Hurlante, Ophélia était déjà là. Il aurait aimé voir si elle portait le pendentif mais il devait être sous son uniforme (s’il y était) du coup il ne put le vérifier. Laissant tomber cette idée qui, au fond, était un peu puérile, il s’approcha de la jeune fille, les mains dans les poches, l’air plus serein qu’il ne l’était en réalité.

« Salut Ophy… » Il lui sourit du mieux qu’il put et il entra directement dans le vif du sujet parce qu’il avait bien du mal à être naturel. L’avantage c’est qu’ils étaient parfaitement seuls et pouvaient parler librement ce qui n’était jamais le cas dans l’enceinte du château.

« Ecoute… je suis venu mais… je me demande si c’est une bonne idée. » Il n’osa pas le dire tout haut mais comme ils l’avaient soulignés en début d’année, ils ne pouvaient pas être amants mais ils ne pouvaient pas être amis non plus. Lorsqu’on aime, il faut que ce soit tout l’un ou tout l’autre, sinon cela ressemblait à de la torture !

« Cela dit… c’est peut-être une bonne chose, il faut que je te parle. » Tobias fronça les sourcils et il tendit la main à Ophélia. « Tu viens on va s’asseoir ? » Cette journée de printemps était maussade, Tobias trouva que c’était presque mieux, ces derniers temps le beau temps lui tapait sur le système tant il n’était pas en adéquation avec son humeur générale.

Une fois qu’ils furent sur le banc, il reprit la parole, évitant le regard d’Ophélia. « Je n’ai pas encore pris de décision tranchée, mais je vais peut-être rompre avec Marie. »Une ombre de tristesse passa sur son visage. C’était vrai qu’il n’aimait pas Marie comme il aimait Ophélia, mais elle lui était chère, il avait l’impression que s’il mettait fin à cette relation, il perdrait un morceau de lui-même très important. Cela dit, il n’en était qu’au stade de l’idée parce qu’il attendait, espérant que Marie s’ouvrirait à lui, à ce qui la préoccupait, pour qu’ils en parlent… où que cela puisse les mener.

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