Prémonition tardive pour sauvetage hasardeux [PV]

Carry se baladait dans le château de l'air le plus naturel qui soit. Et justement, chez elle c'est ce qui n''était pas naturel. Charisma était en effet une fille froide et réputée pour son inexpressivité. Paraître aussi normale était très étonnant de sa part. Mais c'était sa manière à elle de montrer sa bonne humeur. Les vacances de noël approchait, elle avait trouvé les cadeaux de beaucoup de monde déjà, y compris celui d'Enry et elle allait revoir ce dernier. Elle ne l'avait presque pas revu depuis les vacances. En l'absence de la magie, malheureusement, les voyages devenaient longs, compliqués, souvent désagréables semblait-il à la jeune fille qui, même si elle avait appris à prendre le train et le métro, pensait que les transports moldus étaient effroyablement longs. Elle en voulait beaucoup en un certain sens à ceux qui avaient volé la magie, ne serait-ce qu'à cause de ce détail dans sa vie, le fait qu'elle ne pouvait pas voir Enry comme elle le désirait. Détail parmi tant d'autres choses qu'elle ne pouvait pas faire comme elle le voulait, entre autre devenir une bonne auror. On lui enseignait la théorie de la magie, mais ils n'avaient plus de baguettes, ça les handicapaient beaucoup. Elle rêvait d'être auror depuis qu'elle était entrée à Poudlard et avait appris leur existence. Issue d'une enfance malheureuse, orpheline de mère et vendue par son père encore enfant à un tuteur qui la traitait bien mais en qui elle n'avait aucunement confiance, Carry pensait pouvoir aider les gens comme elle en devenant auror, empêchant ainsi d'autres enfants de souffrir au point d'en presque perdre la raison. Qui plus est, Carry était une jeune fille très spéciale, elle possédait un don depuis toujours mais c'était Taliesin, l'ancienne école maintenant déchue qui sondait les enfants sorciers pour voir s'ils avaient des prédispositions pour certaines capacité, qui l'avait découverte.

Charisma avait le don de prémonition, cela signifiait qu'elle pouvait voir des morceaux de l'avenir. Au début, elle ne voyait que des flashs de ce qui se passerait dans les minutes à venir, mais plus les années et même les mois passaient, plus la portée de son pouvoir s'étendait. Elle ne voyait pas des flashs plus longs, cela restait en général un peu flou, mais par contre elle voyait nettement plus loin dans le temps, plusieurs heures à l'avance maintenant, ce qui pouvait se révéler utile lorsqu'elle ne recevait pas des flashs sans le demander. En effet, cela finissait par lui donner la migraine (étrange, non, que des parasites dans la tête donne des douleurs ? Elle, elle pensait que ça l'était, parce que cela faisait parti d'elle, en revanche, ce n'était pas trop l'avis des médecins).

Si nous vous avons autant détaillé le pouvoir bien particulier de Carry, la seule chose magique qui lui restât puisque les baguettes étaient désormais inutiles avec le malheur qui frappait le monde magique, c'est parce que, alors qu'elle traversait l'allée aux statues, elle eut un flash sur une catastrophe imminente qui n'était pas sans lui rappeler un incident qui avait eut lieu quelques années plus tôt, la première fois qu'elle avait eu une prémonition en présence de quelqu'un d'autre et la première fois aussi que la prémonition de la concernait pas elle directement. A l'époque donc, un morceau de plâtre du plafond de la salle de bain des filles de serdaigle s'apprêtait à tomber sur la tête de Emma Carter, l'actuelle préfète de la maison, mais à l'époque simple élève. Carry avait une un flash à peu près une minute avant que cela arrive alors elle s'était jetée sur la jeune fille pour la protéger de justesse, le plâtre tombant alors, tout comme elle l'avait vu juste avant.

L'accident du jour allait se produire dans peu de temps, aussi Charisma accéléra le pas et lorsqu'elle arriva devant la petite serdaigle de première année (à qui elle n'avait jamais parlé encore mais qu'elle avait déjà vu plusieurs fois dans la salle commune), elle l'attrapa dans ses bras et la poussa vers le mur opposé. « Attention ! » Elle n'eut pas le temps de se mpousser assez loin elle-même et lorsque la statue tomba comme elle l'avait vu dans sa prémonition, ce fut sur elle. Elle gémit. Un peu sonné, il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits. Lorsqu'elle eut l'impression de retrouver ses sens (et avec eux, une certaine douleur...), elle s'extirpa maladroitement de dessous la statue qui pesait son poids trouvait-elle.

Elle réussit à sortir de son pétrin actuel mais elle ne se releva pas tout de suite, encore endolorie. Elle soupira et se massa la cheville qui lui faisait mal. Elle se tourna ensuite vers la jeune serdaigle (dont elle ignorait toujours le nom, mais elle lui demanderait un de ces quatre) et l'observa. Elle semblait aller bien, c'est du moins l'impression qu'elle donnait. Charisma lui aurait bien sourit pour la rassurer, mais 1) Carry ne souriait presque jamais, 2) elle avait un peu trop mal pour l'instant pour ça. Mais ça devrait passer, c'était juste le choc, et puis elle était plus grande que la petite première année (normal, elle était en sixième année!), les dommages étaient moindres sur elle que si la statue était effectivement tombée sur la première année.

« Vous allez bien ? » Demanda-t-elle lorsqu'elle eut le courage de prendre la parole. Il faut savoir que Carry ne tutoie jamais personne (la plupart du temps, pas même son petit ami!), donc il ne fallait pas s'étonner de tant de formalisme même si cela pouvait effectivement paraître étrange vu la situation. Après tout, elle s'adressait à une plus jeune, qu'elle venait d'aider en plus de ça.

« J'espère que vous me pardonnerez ma brusquerie mais la situation pressait... comme vous avez sûrement pu le remarquer. Voilà longtemps que je n'avais pas eu de prémonition sur un aussi court terme. » Et la Voix, qui faisait partie de son pouvoir comme d'une certaine défaillance mentale chronique (mais plus rare d'années en années) se taisait dans la tête de Carry, ce qui valait mieux car la jeune fille était plutôt contrariée de cette régression. Son pouvoir marchait mieux que ça d'habitude, mais bon, elle n'avait jamais vu Jane avant ça, alors sûrement que c'était la raison pour laquelle elle avait eut cette prémonition tardive... Et puis, vous savez ce qu'on dit, mieux vaut tard que jamais. Surtout dans une telle situation !

« Risquer ma vie ? Oh non, je ne pense pas, bien qu’ayant agi avec un peu de précipitation, j’avais à peu près calculer l’angle dans lequel la statue allait tomber. Le seul problème voyez-vous c’est que le poids de la statue sur ma jambe n’a été guère agréable. Ce qui répond probablement à votre question sur ma santé. Je pense aller bien, à part ma cheville. » Cheville qu’elle massa pour vérifier qu’elle n’était pas cassé, mais non, ça devrait aller après un petit moment d’adaptation. Charisma s’était donc relevée et remettait un peu d’ordre dans sa tenue. Elle était très loin d’être une fashion victime, bien au contraire, elle était même quelqu’un qui ne suivait pas les tendances, en revanche elle refusait d’avoir ne serait-ce qu’un faux plis dans sa tenue, ayant une légère tendance à la maniaquerie pour ce qui était de l’ordre et de la propreté d’une personne. Elle était légèrement moins difficile concernant les intérieurs, en grande partie parce qu’elle avait de toute façon un elfe de maison chez elle qui faisait tout le travail et elle n’avait donc pas besoin de se fatiguer outre mesure pour que sa maison soit toujours propre.

Quant à ce qui était du tutoiement ou du vouvoiement, même si elle-même disait « vous » à tout le monde sans jamais faire d’exception (Enry ne compte pas), elle tiqua qu’on la vouvoie. Cela dit, ça arrivait parfois, les gens se laissant entraîner par son excès de politesse, ou bien encore craignant de la froisser parce qu’elle-même était très poli. Mais ça ne la dérangeait pas qu’on la tutoie, c’était juste qu’elle ne rendrait pas la pareille.

« Vous pouvez me tutoyer, le vouvoiement est simplement dans ma façon de parler et je ne voudrais pas que cela vous trouble. » Cela dit, si elle voulait continuer à la vouvoyer, ça ne posait pas non plus de problème à Carry du moment que c’était un choix. Elle secoua sa chevelure brune pour lui donner du volume ou sur l’avatar elle fait plutôt rousse mais c’est juste un effet de lumière, normalement Carry est brune hein et aussi pour se donner une contenance. Cette situation n’était pas forcément des plus simples à gérer. Comme la jeune fille venait de se présenter, elle se dit qu’il allait falloir qu’elle en fasse de même, aussi tendit-elle sa main pour que la première année puisse la serrer. C’était plutôt une habitude française car en Angleterre cela se faisait assez peu entre femmes, mais Charisma n’était pas toujours à l’aise avec les relations sociales alors elle préférait tendre sa main à serrer que passer encore une fois pour une fille froide et sans cœur. C’était lassant à la longue vous comprenez ?

« Enchantée mademoiselle Stewart. Je suis Charisma Kostovak, en sixième année dans la même maison que vous. Je suis contente d’être arrivée à temps pour que vous alliez bien. » Et il n’y avait plus grand-chose à dire semblait-il pour l’instant, aussi Charisma prit-elle le parti de se taire pour être sûre de ne pas brusquer la petite jeune fille.

« Oh, je vois. » Dit Charisma à propos du vouvoiement avant de réfléchir quelques instants sur la question tout en se massant la cheville. Pour pouvoir faire ce geste de manière un peu plus efficace, elle avait délassée le haut de ses bottines. Heureusement d’ailleurs qu’elle portait des chaussures qui montaient assez haut parce que sinon l’armure lui aurait peut-être vraiment fait mal, là, dans quelques jours, en faisant attention, il n’y paraîtrait plus.

« En réalité il est plutôt de coutume de se tutoyer mais j’ai pour principe de ne pas suivre les mœurs du lieu et uniquement les miennes, hors depuis l’enfance je ne fais que vouvoyer même ma proche famille, aussi continuais-je ici. Mais cela ne me dérange nullement qu’on me tutoie, j’accepte très bien ce fait, contrairement à d’autres. » Elle repensa alors à son ennemi attitré (pour d’obscures raisons car en réalité il ne lui avait jamais vraiment fait quoi que ce soit) et se dit que si elle supportait parfaitement qu’on ne pousse pas la politesse à ses frontières les plus extrêmes, en revanche elle ne supportait pas la vulgarité, sous aucune de ses formes.

« Par contre, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je ne supporte pas la vulgarité, hors elle semble faire aussi parti des coutumes d’une partie de la population de ce collège. Comme si finir toutes ses phrases par un gros mot la rendait plus lourde de sens. Enfin, je dis ça, mais peut-être n’êtes vous pas de mon avis ? » Comme souvent, Charisma parlait à moitié pour la personne qui se trouvait avec elle mais aussi en partie pour elle-même. Bien qu’elle passât moins de temps à discuter avec la Voix, elle n’en avait pas perdu pour autant l’habitude de formuler à voix haute le cours de sa pensée, pour peu que celle-ci lui semble intéressante à partager. D’ailleurs, la Voix effleura son esprit, répondant ainsi à son interrogation, mais elle laissa cette réponse de côté pour attendre celle de Jane car le contraire eut été impoli.

« J’accepte volontiers votre proposition, je pense qu’il est nécessaire que j’aille voir l’infirmière ne serait-ce que pour qu’elle bande ma cheville. Je vais vous montrer le chemin, c’est toujours utile à savoir. » Charisma était une habituée de l’infirmerie parce qu’elle avait une petite santé, mais depuis qu’il n’y avait plus de magie, elle devait y aller encore plus souvent parce que les soins étaient plus longs. Elle n’était pas à proprement parler maladroite, mais elle pouvait rester éveillée jusque tard la nuit, quitte à prendre froid, sans compter ses escapades dans la neige… et puis, il arrivait aussi que plongée dans ses pensées, elle saute un repas, ce qui n’aidait pas non plus.

« J’espère que vous n’aviez rien de pressé à faire, je ne vais pas pouvoir marcher vite. » Carry n’était pas bien grande mais elle l’était tout de même pour s’appuyer sur Jane, aussi elle s’appuya sur le mur pour avancer de quelques pas prudents vers la direction de l’infirmerie, le tout en espérant que les escaliers seraient à peu près docile, elle n’avait pas envie de faire perdre son temps à Jane même si elle appréciait sa compagnie.

Si Charisma détestait la vulgarité, ce n’était pas uniquement parce qu’elle avait été élevée dans la bonne société sorcière russe. Son éducation jouait en ce qu’elle était elle-même trop polie pour agir ainsi, mais des jeunes filles qui ne parlaient pas comme des charretiers et qui côtoyaient des jeunes hommes comme Axel, ça existait, elle le savait. Non, si elle détestait ça, c’était surtout parce que ça n’arrangeait rien à une situation, c’était non seulement une preuve de faiblesse, mais c’était aussi une facilité à laquelle on cédait trop souvent pour un oui ou un non. Il suffisait de voir pendant l’heure d’étude, un simple crayon à papier tombé par terre pouvait entraîner un chapelet d’injures plus que grossière… un simple crayon. Alors qu’il suffit de se baisser et de le ramasser en fait, pas besoin de s’énerver. Enfin bon, pas la peine de s’attarder là-dessus, ça ne ferait qu’agacer Charisma d’y penser.

« Oh, je vois. Vous ne devriez pas vous en faire autant mademoiselle Stewart, ici chacun finit par trouver sa place. » Elle eut un sourire indulgent. Finalement, elle ne s’en sortait pas trop mal avec les petits, comme elle avait l’avantage de l’âge, ça se passait moins mal que lorsqu’elle était elle-même dans les petites années.

« Vous savez, pour moi aussi la première année a été difficile. Je suis originaire de Russie et je n’étais pas forcément heureuse d’étudier au Royaume-Uni, en plus les autres élèves se moquaient beaucoup de moi autrefois. Maintenant je suis globalement plus tranquille en comparaison… » Il était difficile vu l’assurance qu’elle affichait de s’imaginer que Charisma puisse avoir des problèmes d’ordre social, mais c’était en vérité son seul et unique gros problème dans sa vie. Ce qui n’était pas bien grave d’ailleurs car elle s’était faite petit à petit un cercle d’ami, de fait elle se sentait bien comme elle était. Si on l’aimait, c’était parfait, si on ne l’aimait et bien… mieux valait-il le faire en silence. Parce que Carry n’était pas spécialement magnanime avec l’intolérance. Cela ne la faisait pas souffrir, mais ça lui paraissait mériter une punition quand même, selon le degré évidemment. Les simples moqueries à cause des Voix, elle n’y prêtait même plus attention… et puis, ce qui énervait vraiment Carry c’était quand on s’en prenait à ses amis. Elle, encore, selon son humeur, cela pouvait passer.

« Et il ne faut pas être timide. Je ne peux pas parler pour les autres maisons, ni pour les premières années, mais si vous vous sentez seule, vous pouvez venir me voir, ou bien Elyna Artanis, la préfète en chef. Salomé Dumézil, une autre préfète est un peu plus jeune aussi si vous préférez. Il n’y a aucune raison de vous en faire, à Serdaigle, nous ne sommes pas forcément les plus nombreux, mais tout le monde y est sympathique. Enfin dans sa majorité du moins. » Sur le moment, trop occupée à penser à rassurer la jeune demoiselle, elle en avait oublié que la seule personne du château qu’elle ne supportait pas était aussi dans leur maison ! Mais il ne comptait pas, on ne le voyait jamais aux activités de groupe, et en plus de ça, si Jane hésitait déjà à aller parler à des filles de sa classe, il y avait peu de chance qu’elle approche ce monstre de Griffins !

« Je vous remercie, il me serait difficile d’aller à l’infirmerie toute seule, en plus l’infirmière ne m’a pas à la bonne si vous voulez tout savoir... » A cette idée, elle grimaça, mais n’ajouta rien, si Jane avait des questions, elle les poserait, n’est-ce pas ?