Entorse [Qui veut venir me voir ? ^^]

Malgré l'odeur tenace des produits pharmaceutiques qui trainaient dans cette pièce, Skiìrt était obligé d'attendre.
Sa plus mauvaise idée de la semaine avait été de se laisser enfermer dans une des rares pièces dont il n'avait pas encore trouvé d'issue de secours.
Le seul passage disponible était l'espace sous la porte mais il devait pour cela passer devant l'infirmière dont il n'avait pas encore mesuré le taux d'agressivité.
A la vue d'un rat, certaines personnes, poussaient des cris percants d'alerte ou de peur, il ne savait pas trop (c'était surtout des personnes féminines), d'autres tentaient de l'attraper dans des buts inconnus, d'autres enfin tentait de l'écraser sous leurs semelles, avec un balai ou en lancant des objets.
Bref, il valait mieux adopter une attitude discrète.
L'occupante des lieux était sur sa chaise et sur le point de s'assoupir quand on tocqua à la porte.
L'infirmière se leva et ouvrit à la nouvelle venue qui semblait bien abimée. A voir son allure, elle avait du échapper de peu à un dangereux prédateur.
Après un bref examen, la rescapée s'allongea sur le matelas situé au fond de la pièce tandis que l'infirmière préparait une mixture à l'odeur délicieuse.
La salive venait à la bouche du rat mais, hélas, était destiné à nourrir la femme mal en point. Celle-ci renifla le breuvage puis plissa le visage.
Peut-être une marque de contentement ?
Elle vida lentement le verre et le rendit à la préparatrice en tordant la bouche pour la remercier.
Décidément, les humains utilisaient beaucoup leur mobilité faciale pour communiquer avec leurs semblables.
L'infirmière reposa le verre sur son bureau et retourna s'asseoir près du lit.
Skiìrt regarda avec envie le verre laissé seul.
Il restait peut-être quelques traces de cette délicieuse préparation ?

Pauvre McGonagall, elle aurait mieux fait de rester couchée en cette glorieuse journée. Quelques minutes après elle, Rusard entra dans l'infirmerie, tenant un affreux bouquet de chardons à la main. Il venait, comme chaque jour, rendre une petite visite à Miss Teigne entre deux rondes dans les couloirs, profitant de ce que les élèves soient en cours.
Le vieil homme avait toutefois sorti sa canne de son placard, sait-on jamais, des fois qu'il tomberait sur un élève en cavale... Argus avait une conception très particulière du délit. D'une manière générale, il considérait tout élève comme un danger pour l'ordre public et n'hésitait pas à les accuser de forfaits farfelus pour le simple plaisir de pouvoir les coller. La plupart d'entre eux s'étaient retrouvés à récurer le sol à l'aide d'une vieille brosse-à-dents sans trop savoir comment.
Et depuis ce funeste soir d'Halloween, il se montrait plus teigneux que jamais : on avait attenté à la vie de Miss Teigne et il allait en coûter à la communauté poudlardienne, foi de Rusard !

Le cher homme avança d'un pas déterminé dans l'infirmerie, sans même prendre la peine d'avertir Pomfresh de sa présence, après tout, il avait parfaitement le droit de rendre visite à son chat, non ? Il était la malheureuse victime d'un complot inter-élèves et, soupçonnait-il, inter-professeurs qui avait fait de son félin un martyr de la cause de châtiment corporel. C'était Dumbledore, bien entendu, qui avait dû souffler cette idée à l'oreille de ces petites brutes... Mais que pouvait-on attendre de la part d'un homme qui vouait un amour suspect pour les plantes de Chourave et prétendait que quelques coups de fouet pouvaient être nocifs pour la santé de ces charmants bambins ?

Argus fut toutefois coupé net dans son élan lorsque son regard tomba sur McGonagall. Comment ? Alors comme ça, elle aussi pouvait tomber malade ? Serait-elle humaine, finalement ? Rusard avait toujours considéré McGonagall avec un respect mêlé de méfiance. Respect parce qu'avec elle, les élèves se tenaient à carreau, méfiance parce qu'il était certain qu'elle oubliait régulièrement de s'essuyer les pieds en entrant dans le grand hall. Sans compter qu'elle avait été élève un jour et que tout élève est un coupable. Il l'imaginait très bien en train de préparer de chiper des gâteaux aux cuisines : après tout, c'était une Gryffondor et les Gryffondor étaient tous idiots.

Rusard avait toutefois quelques rudiments en matière de politesse et parmi ceux-ci, on pouvait trouver la règle suivante : "Tu ne passeras point devant une connaissance sans la saluer, sauf bien entendu, si c'est un élève, auquel cas tu ne passeras pas devant lui sans l'accuser."
Il hocha donc la tête d'un geste sec en direction du professeur de métamorphose avant de demander d'un ton cassant :

- Rien de grave, professeur ?