Et l’effet de tarda pas à se faire attendre ! Le sort lancé par Aelita avait atteint Susan en pleine poitrine mais à quoi fallait-il s’attendre d’autre de la part d’une jeune sorcière membre de la noble maison de Rowena Serdaigle ? N’étaient-ils pas censés réussir tout ce qu’ils entreprenaient, les Serdaigle ?
Susan eut le sentiment que des milliers de petites fourmis lui remontaient dans le corps, depuis le doigts de pied jusqu’à la racine des cheveux. C’était une sensation à la fois très agréable et un peu effrayante qui se termina par un grand frisson généralisé.
Surprise, la fillette écarquilla les yeux et lança un coup d’œil interrogateur à Aelita, comme si elle cherchait à vérifier d’une paire d’oreilles vertes ne lui avait pas poussé sur la tête ou quelque chose dans son genre.
Elle regarda ses bras, ses mains, ses jambes d’un air légèrement anxieux (si, si, elle fait confiance à Aelita ! Par contre, elle se connaissait suffisamment pour que la perspective de développer une réaction inconnue et stupéfiante au sortilège soit plausible) et s’apprêtait à dire quelque chose comme «Alors ?» lorsqu’elle eu soudain l’impression que quelqu’un venait de lui annoncer quelque chose (oui ce n’est pas très précis) de merveilleux. Quelque chose comme «Rogue va mettre vingt à tous les examens de potion, cette année».
Un grand sourire béat et parfaitement idiot vint éclairer son visage tandis que ses yeux se mettaient à briller étrangement. Puis, sans réellement s’en apercevoir, elle commença à sautiller sur place en battant des mains, l’air ravi, à la manière d’une petite fille qui découvrirait tous les paquets cadeaux étalés devant l’arbre de Noël, un 24 au soir.
Dans son euphorie artificielle, elle entreprit de sauter à cloche-pied jusqu’à Aelita et, se dressant sur la pointe des pieds (quoique ayant pris quelques centimètres au cours de l’année, elle restait encore plus petite que la moyenne fait qui est destiné à ce combler avec le temps, n’en doutons pas), déposa un bisou sonore sur le nez de la Serdaigle, ce qu’elle ne se serait jamais permise en temps normal et qui lui causerait certainement un sentiment de honte cuisante une fois qu’elle aurait un peu repris ses esprits.
Mais pour l’heure, elle se contenta d’éclater de rire avant de faire une petite pirouette et de s’arrêter, un peu essoufflée mais le même sourire imbécile aux lèvres.
Elle pencha la tête sur le côté droit à la façon d’un petit oiseau et regarda Aelita d’un air malicieux : la pauvre fille n’avait pas l’air en forme, il fallait faire quelque chose pour l’aider ! Bien décidée à faire voir la vie en rose à son binôme, Susan lui saisit les mains d’autorité et s’exclama d’une voix fluette :
- Allez Aelita, on danse !
Et d’entraîner la Serdaigle dans une petite ronde parfaitement anarchique qui, merci Merlin, ne dura que quelques secondes. Susan lâcha rapidement Aelita : elle avait aperçu Drago Malefoy qui avait l’air de se fendre la poire : enchantée de constater que quelqu’un, au moins, était heureux dans cette pièce, elle lui adressa un petit coucou de la main, signe indéniable qu’elle n’était pas elle-même.
Elle se retourna ensuite vers Aelita et décréta d’une voix chantante :
- Fabuleux, ce sort est faaaa-bu-leux !
De son avis, Aelita n’avait pas l’air de vraiment en profiter, c’était vraiment trop dommage d’être triste par une si belle journée ! Susan attrapa sa baguette dans la noble intention de faire connaître à la jeune sorcière les affres de l’euphorie. Pour une fois sans ressentir la moindre appréhension, elle pointa sa baguette sur son bînome et prononça de la même voix un peu chantante :
- Joncuditas !
Lorsque ce fut chose faite, elle s’approcha à nouveau d’Aelita et, la serrant affectueusement dans ses bras, dit d’un ton transporté :
- Paix et Bonheur, ma sœur !