Ely était assise près du saule cogneur, à une distance assez respectueuse, cependant, pour ne pas recevoir un coup d’une branche un peu en colère. Bien sur, pour le moment, cela ne risquait pas d’arriver puisqu’il était calme ; quiconque n’aurait pas était au courant de la puissance de cet arbre aurait pu avoir la bêtise, en ce moment même, de grimper sur le saule. A cet instant, on aurait presque pu dire que cet arbre était « normal » mais le premier crétin qui oserait laisser sous entendre une énormité comme cela se serait aussitôt attiré les foudres d’Ely ; cet arbre n’était en aucun cas « normal », bien au contraire. Ely ne croyait pas aux arbres doués d’une âme ni aux autres balivernes inventées pour faire frémir les plus lâches. Elle admettait juste que le saule était assez bien ensorcelé pour refuser qu’on l’approche, en encore moins violemment. Si c’était le cas, il s’énervait et ripostait avec une force inouïe, pour écraser ou du moins, essayer, les imprudents qui se croyaient assez fort pour s’en sortir ou, tout simplement, les ignorants qui se retrouvaient là par hasard. Il suffisait juste de savoir, ensuite, où appuyer pour qu’il se calme et se mette presque à ronronner. Ely se dit que le sorcier ayant ensorcelé le saule ou du moins, l’enchantement qui faisait de lui un saule hors du commun était bien recherché car il réagissait comme beaucoup d’humains en ce bas monde : il mordait au premier abord, mais il suffisait d’une caresse ou d’une flatterie glissée avec subtilité pour que tout se calme… C’était pitoyable venant d’un être doué d’un cerveau, bien sur, mais pour un arbre, c’était tout de même un bon début… Ely posa son regard de glace sur la masse écrasante que formait le saule cogneur ; bien sur qu’il était calme cependant…quelques infimes détails permettaient de se dire que quelque chose n’allait pas. Ces minuscules feuilles en forme de pics qui se hérissaient alors qu’il n’y avait pas de vent ; ses branchettes qui formaient un mouvement en ondulant alors que l’air était lourd et pas agité d’un souffle ; l’oiseau minuscule qui passait à côté mais qui retomba inerte, assommé ou mort par un coup rapide comme l’éclair d’une branche un peu épaisse… Quiconque aurait fait attention à ces petits détails et qui n’aurait pas su les particularités de ce saule aurait pu deviner, avec un peu de jugeote, que ce n’était pas un arbre à contrarier.
Ely était donc plongée dans son livre. Elle était revenue à Poudlard après quelques semaines passées dans sa famille, enfin, un famille quelque peu restreinte ces derniers temps. Elle avait vu son oncle et sa tante ; c’était suffisant. Elle affectionnait ses proches parents, et c’était bien les seules personnes qu’elle appréciait et qui le lui rendait. Leurs rapports n’avaient jamais étés chaleureux, loin de là, elle avait toujours reçu une éducation ferme et distante, sa tante se contentant de lui ressasser ses leçons jusqu’à ce qu’elles rentrent, sanctionnant la moindre erreur de conduite par une punition souvent démesurée face à la puérilité de certains faux pas d’Ely. Mais cela avait fait d’elle une jeune fille sachant se contrôler et cachant toute émotion. Bien sur, Ely n’était pas que cela mais dans les grandes lignes, elle était « ça ». Elle se replongea dans son manuel, cachée dans l’ombre d’une des grandes feuilles du saule : elle haïssait la chaleur. Cette moiteur collante, la sécheresse mêlée à l’humidité de l’eau…tout cela lui paraissait exécrable…mais cela l’empêchait au moins de penser à ses parents. Et puis, la chaleur était loin, maintenant. Elle était bien, ici et maintenant, assise dans la neige, un froid mordant l’attaquant sans répit, et surtout, seule…sans personne pour lui parler de choses qui ne l’intéressait pas… quoique… Elle releva la tête en un signe d’agacement profond. Elle avait entendu des pas, même si il étaient étouffés par la neige. Un silhouette encore indistincte s’approchait du saule d’un pas assuré, ce qui eut pour effet d’augmenter encore un peu plus la colère contenue qu’elle maîtrisait sans peine. Sous son air impassible et ses yeux froid, elle se demandait qui était la personne qui venait troubler sa douce quiétude d’un pas aussi assuré… Lorsque la silhouette se fut un peu rapprochée, elle pu voir briller son insigne mais sans pour autant pouvoir distinguer à quelle maison était l’inconnu. Lorsqu’elle (la silhouette) fut arrivée à un certaine distance du saule cogneur, elle stoppa et aperçut Ely. Assise dans la neige et qui ne disait rien. C’était assez ridicule, comme position, tout de même… Mais elle était très bien comme ça et, même ainsi, elle pouvait fusiller du regard une silhouette qu’elle n’arrivait toujours pas à distinguer dans le brouillard neigeux.
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