Sur le quai, une femme d’une pâleur extrême pleurait à chaudes larmes. Ses jambes avaient vacillés, et cela faisait maintenant quelques minutes qu’elle se trouvait à terre, le visage baissé. Ses cheveux blonds pendaient devant son visage, de sorte qu’on ne pouvait voir que son menton ; mais au bruit que la drôle personne faisait, nul doute que ses yeux déversaient des litres de larmes chaudes et salées. D’ailleurs, sur le béton, on distinguait des flaques de diamètres variables, de façon à ce que n’importe quelle personne passant devant la misérable pouvait vite se rendre compte des quantités de litres versés.
Pourtant, la dame n’avait pas l’air d’une médiante ou d’une aliénée : Vêtue d’un tailleur crème à la coupe stricte, de bas foncés et d’escarpin noirs, elle ressemblait plus à une businesswoman qu’à une démente venue là on ne sait pourquoi, pleurant le départ de dizaines de gamins sorciers inconnus. On pouvait même distinguer, en s’approchant un peu, que la femme portait un collier, une bague et des boucles d’oreilles en perles véritables. Rien de voyant, mais assez pour dévoiler que la femme avait de l’argent.
Tout un coup, la femme appela d’une voix rauque, sortit tout droit de sa gorge, en fillette qui montait dans un wagon : « VICKY, VICKYYYY ! Ma petite fille… ma petite fille… FAIT ATTENTION A TOI, NE MANGE PAS TROP, BOIS BEAUCOUP D’EAU ET DORS AU MOINS NEUF HEURES HEIN ! JE T’AIME MA FILLE… je t’aime… »
La « Vickyyyyyy » en question, progéniture de cette femme prostré au milieu de la gare, faisait tout pour qu’on ne la remarque pas. Que ferait-elle si on la remarquait, alors que sa propre mère se donne en spectacle de façon si indécente ?! La gamine en mourrait, ça c’est sûre… C’est pourquoi l’enfant monta hâtivement dans un wagon, espérant que le train partirait bientôt. Après avoir trouvé un wagon occupé par déjà deux personnes, elle s’installa sans un regard pour ses futurs camarades. Victoria sorti une revue de mode moldue de son sac à dos violet, et commença à lire, sagement.
*Hé bien, il sont pas géniaux les sorciers ! Regardez moi ces têtes… Mon dieu, et quel mauvais goût !*