DEFI // 30 baisers // Megan Jones

Depuis le matin, c’était la débâcle dans tout le magasin. Megan courait partout. Quand Est-ce que Myrielle revenait ? Elle avait trop de travail là ! Elle avait des tonnes de croquis à faire, des patrons à vérifier, des bons de commande à signer… Aaaaah ! Elle n’y arriverait jamais !

Lorsque la journée se termina enfin, elle se laissa tomber dans le canapé, les clefs dans le pot près de l’entrée. Simon n’était pas encore là, c’était habituel ces derniers temps. Il y avait pas mal de blessés suite aux petits problèmes avec le seigneur des ténèbres. L’hôpital était plein de victimes de sortilèges doloris qui souffraient encore ou simplement de blessés pour des raisons diverses… C’était tellement la folie l’an dernier. Elle avait vécu les choses de loin, mais ça lui suffisait. Cependant, peu importait les raisons de l’absence de Simon, elle se sentait juste très seule. D’habitude, comme elle se levait tôt, elle ne l’attendait pas quand il rentrait tard, mais là, elle avait trop le moral dans les chaussettes pour ça. S’étirant, elle attrapa le téléphone fixe de la maison et composa le numéro de son meilleur ami. Il répondit au bout de deux sonneries.

« Allo ? » Elle ne répondit d’abord pas, elle avait envie de pleurer. « C’est moi… » Murmura-t-elle… Et elle n’eut rien d’autre à dire. Christian avait raccroché et avait transplané chez elle. Il était à côté d’elle et passait la main dans les cheveux blonds de son amie. Sans rien dire, il l’a poussa un peu et se coucha dans le canapé avec elle. Elle mit la tête sur son épaule tandis qu’il continuait machinalement à lui caresser les cheveux.

« Qu’est-ce qu’il y a mon ange ? Tu as un problème avec Simon ? » Elle tripotait un bouton de la chemise de Christian pour chercher quoi répondre. « Ce n’est pas vraiment qu’il y a un problème… c’est plutôt qu’on ne se voit pas… Et qu’au travail c’est compliqué. Myrielle est en congé maternité, je suis obligée de jouer les patrons mais j’y arrive pas, j’ai aucune autorité… »

Elle soupira et sentit la main de Christian se crisper sur son bras. Il l’obligea à se relever et la regarda. « On va t’arranger ta soirée. Il rentre quand ? » Elle regarda l’heure. Il était déjà tard… « Dans une demi heure environ. » Christian quitta le canapé, aida Megan à se lever. « On a pas beaucoup de temps devant nous alors, direction ton armoire mon ange ! »

Il ne fallu pas longtemps à Christian pour choisir comment Megan devait s’habiller. Il était un homme après tout… Et il avait pour petite amie une obsédée des apparences. Sans compter le métier de Megan dont elle lui parlait souvent. La jolie blonde regarda ce qu’il proposait avec un air un peu… perplexe.

« Tu sais qu’il aura travaillé douze heures aujourd’hui ? Je doute que… » Christian la fit taire du geste. « Si j’étais lui je serais vexé de ce genre de réflexion sur ma virilité. » Megan haussa les épaules. Simon et Christian c’était le jour et la nuit. Elle vivait avec Simon, elle avait quand même bien conscience qu’il préférerait dormir. D’ailleurs, même elle, elle avait conscience qu’elle ferait mieux de se coucher pour être en forme demain alors elle était loin de lui en vouloir. Son sentiment de solitude n’avait pas de fautif, c’était comme ça c’est tout.

« Bon, tu mets ça et tu l’attends sans te regarder dans le miroir. Nous sommes bien d’accord ? » Megan lui jeta un regard implorant « Tu restes pas avec moi ? » Chris la regarda d’un air qui en disait long sur ce que ça lui inspirait « Tu rigoles j’espère, je refuse de te voir là dedans. Il y aurait de quoi me traumatiser à vie ! J’aurais l’impression de voir une de mes sœurs ! » Et sur une grimace, il transplana. Elle jura, ce n’était vraiment pas sympa de l’abandonner à son triste sort ! Comme si c’était une manière de remonter le moral des gens ! Enervée, elle retira son tailleur et passa l’espèce de nuisette en tissu transparent qu’elle avait reçu comme cadeau d’une collègue pour rire il y a quelque temps. Elle ne l’avait évidemment jamais portée, elle ne l’avait même jamais montré à Simon. D’après Chris’ c’était une erreur… Oui bah tout les hommes ne sont pas des pervers monsieur Montgomery ! [NDLA : ça c’est encore à prouver…]

Megan s’assit sur le bord du lit, elle n’avait qu’une envie, se mettre en pyjama et se cacher sous la couette, honteuse… Mais en même temps, que ça plaise ou non au français, avec ça sur le dos, il ne pourrait pas tomber comme une masse dans le lit sans la regarder n’est-ce pas ?

« Aaaaaaaah ! Je me hais ! » Un bruit de porte. Celle de l’entrée. Des affaires posés rapidement et une petite foulée. « Megan ? Tout va bien ? » La pénombre cachait la jeune fille et la rougeur de ses joues. « Ou… Oui… Désolé… » Elle se leva pour échapper à Simon qui s’approchait pour vérifier si ce n’était un des pieux mensonges de la jolie blonde. Elle était très souvent malade mais pour ne pas inquiéter son très occupé petit ami, elle préférait le lui cachait ce qui amenait à de longues conversations mais on ne changeait pas les gens, Simon était un angoissé chronique, Megan une préoccupée par le confort des autres. Ceci dit, c’était à peu près leur seul point de mésentente et ça se réglait toujours assez vite.

Simon l’avait entendu crier, maintenant, il était un peu nerveux. Si elle lui cachait quelque chose, c’est que c’était grave n’est-ce pas ? Il s’approcha d’elle à nouveau, commençant à la distinguer dans l’obscurité mais Megan l’esquiva à nouveau.

« Attend ! Il faut que je t’explique avant… Je… j’ai fait une petite déprime… Je voulais que tu me regardes mais là… je n’en suis plus très sûre… »

Simon était estomaqué, au début il n’arriva même pas à répondre… Et Megan pendant ce temps triturait le bas de sa nuisette en se balançant sur ses pieds comme à chaque fois qu’elle était gênée. « Megan… Tu te rends compte que… tu voulais que je te regarde… et que là… tu ne veux plus… Il y a quelque chose qui… m’échappe. » Il était en face de sa petite amie, à quelque mètre d’elle. Il était rassuré que ce ne soit rien de grave mais il se sentait quand même un peu bête que Megan se soit donné tant de mal pour finalement… Finalement quoi ? Faire marche arrière sans qu’il en comprenne la raison. Il avait fait quel que chose de mal ? Elle lui en voulait alors elle ne voulait plus qu’il la regarde ? Simon se faisait des films catastrophe quand Megan reprit la parole.

« Je vais allumer… Mais tu me promets de pas te moquer hein ? » Elle n’attendit pas la réponse et appuya sur l’interrupteur. Une fois la lumière allumée, elle chercha où mettre ses mains pour se cacher sans trouver de solution satisfaisante [NDLA : à priori il connaît déjà mais la timidité c’est maladif…]. « Tadaam » dit elle ironiquement, rouge de confusion, mortifiée par l’impression d’être plus nue avec ce bout de tissu que sans. Simon resta scotché sur place. Il se demanda s’il avait vraiment la bouche béante ou si c’était une vue de l’esprit. Il se calma (il avait un bon self contrôle pour quelqu'un d’aussi maladroit…) et s’approcha de Megan. Il la serra dans ses bras et l’embrassa tendrement. « Je te regarde… Et je ne suis plus du tout fatigué… »

Ah… Finalement Christian avait peut être raison.

Megan se réveilla le lendemain matin de meilleure humeur que lorsqu’elle était rentrée la veille, cependant, elle n’avait pas très envie d’aller travailler pour autant. Son réveil n’était pas de son avis, il se mit à sonner avec fracas à six heure du matin… Sauf qu’elle s’était endormi à deux heures. *La vie est cruelle…* fut la première pensée de la jeune fille qui éteignit rapidement le réveil pour laisser Simon dormir tranquille. Il ne se levait que dans deux heures, pas la peine de le déranger. Certes, cette pensée était fort charitable mais non partagée par le principal concerné qui agrippa sa petite amie pour l’empêcher de sortir de leur lit.

« Tu es vraiment obligé de partir ? » marmonna-t-il dans un demi-sommeil. « Je dois m’occuper de l’arrivée des livraisons. Rendors toi mon amour, tu as besoin de te reposer. » Elle se pencha et l’embrassa sur l’épaule avant de s’échapper lestement. Bien… des vêtements… des vêtements… heu… Comment allait elle pouvoir s’habiller ? Elle resta un moment devant son armoire à tenter de régler cette question cornélienne (oui, oui, elle a sa propre armoire et Simon la sienne, beaucoup plus petite soit dit en passant). Elle finit par se décider pour un short en jean et une chemise blanche avec un débardeur bleu en dessous. La douche passée (en chantant une petite chanson bien romantique), elle prit bien dix minutes à choisir des chaussures assorties à sa tenue et partit après un ultime regard en direction de la chambre.

***

Quelques temps plus tard, Simon se réveilla encore fatigué mais compatissant pour Megan qui était levée et partie depuis longtemps. Après s’être lavé il constata en prenant son petit déjeuner que Megan n’avait encore rien mangé ce qui le contraria un temps. Elle savait qu’elle devait manger, encore plus à cause de ses crises d’hypoglycémie ! Il croqua dans sa tartine en se demandant combien de temps elle tiendrait avec quatre heures de sommeil et rien dans le ventre…

Ces pensées purement pragmatique se mélangeant à d’autres liés aux évènements de la veille. Il avait trouvé Megan vraiment très belle et il avait été flatté de son geste mais il se demandait si ça ne cachait pas une erreur de sa part. Il avait peut être délaissée sa petite amie sans le vouloir ? C’était peut être le message qu’elle avait voulu lui faire passer… Bien qu’il aima la façon dont le message lui était parvenu, ça ne lui plaisait pas beaucoup de tirer ce genre de conclusion. Posant sa tasse dans l’évier, il constata une nouvelle fois l’absence de celle de Megan et une idée lui vint à l’esprit. Il regarda l’heure et prit rapidement sa décision.

Sainte Mangouste était équipé d’un système de communication à distance par cheminée mais Coleen s’était équipé d’un téléphone portable il n’y a pas très longtemps. Il composa donc le numéro de sa confidente et amie à l’hôpital, par chance, elle était de service ce matin, ça tombait très bien.

« Allo ? Coleen ? Oui, c’est Simon … Oui ça va, dis tu pourrais me rendre un service ? J’ai une course à faire avant de venir, je vais être un peu en retard, tu peux demander à l’assistant de service actuellement de me remplacer une heure ? Je ferais une heure de plus demain à sa place. … C’est ça, je t’expliquerais ce midi. … Merci, tu es géniale ! A ce midi ! »

Bien, le problème du travail réglé, il prit sa veste (en renversant le porte manteau dans sa hâte) et sortit. Il se dirigea vers le café moldu préféré de Megan, commanda un cappuccino à emporter avec des pains au chocolat tout chaud. Il remercia chaleureusement la vendeuse et s’éloigna avec son paquet dans une ruelle vide. Là, il transplana et arriva devant le travail de Megan mais il avait quelque chose à faire avant d’entrer. Il se posa dans un coin et écrivit un petit mot (d’une page) pour accompagner le paquet. Il mit le parchemin tout au fond pour qu’elle ne le voit pas tout de suite, se regarda dans la vitrine en se disant qu’il devrait peut être faire quelques efforts et entra. Aussitôt, il remarqua que tout les regards, exclusivement féminins, logique, s’étaient tournés vers lui.

« Heu… Bonjour. » Une des couturières qui arrangeait un mannequin de la vitrine lui sourit et l’informa sans qu’il pose de question que Megan était dans l’atelier à l’étage en train de remplir des formulaires de comptabilité. Sachant combien sa petite amie adorait les chiffres, il se dit qu’il avait bien fait de passer. Il monta et entra doucement dans l’atelier où la blonde était seule, non en train de se creuser la tête sur son livre de compta mais en train de rêvasser en regardant le plafond, ses jambes nues croisées sur le bureau. Il la regarda un moment sans rien dire puis posa le paquet sur le bureau sans geste brusque. Ça n’empêcha pas que la petite blonde sursauta et manqua de peu de tomber quand les deux pieds de la chaise surélevés touchèrent lourdement sur le sol.

« Simon ! Tu ne travailles pas ??? » Il lui sourit, il était content de son idée, surtout que l’expression du visage de Megan passa de la surprise à la joie. Elle se leva et lui prit les mains, visiblement très heureuse, et il ne regretta plus du tout d’avoir obligé quelque un à le remplacer une heure au travail. « J’avais envi de te voir et surtout de t’apporter ton petit déjeuner, mais je ne peux pas rester. » Elle se mit sur la pointe des pieds (elle avait vieilli mais pas grandi) et l’embrassa avec beaucoup de tendresse. « Merci, ça me fait vraiment plaisir. » Elle s’assit ensuite sur son bureau et prit le cappuccino dans le sac. Il était encore tout chaud, c’est pour ça qu’elle aimait ce café, leur café à emporter avait des récipients qui conservaient la chaleur. Un peu de mousse resta sur le haut de ses lèvres, Simon lui enleva du pouce et l’embrassa à son tour. « Je n’ai pris qu’une heure, je dois y aller, mais je ne devrais pas rentrer tard ce soir, je ne suis pas de garde. » Megan lui fit un splendide sourire et dit d’un ton enjouée « Chouette ! je vais rentrer tôt alors. Ne mange pas avant de rentrer, je prépare le dîner ce soir ! » Il répondit à son sourire et lui répondit qu’il était d’accord avant de transplaner.

Elle sortit les pains au chocolat et commença à en grignoter un quand elle trouva le petit parchemin au fond. Elle lut « Pour Megan » de l’écriture de Simon et tout en grignotant, elle déplia le parchemin pour lire ce que son petit ami avait pu lui écrire. La prose de Simon lui rappelait l’époque où elle était encore collégienne et qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de s’écrire pour rester en contact. Elle se rappelait que ses lettres à elle étaient toujours de vrais romans et que les siennes étaient longues mais un peu moins à cause de la barrière de la langue. Mais depuis, il avait fait des progrès

« Megan, Je sais que j’aurais pu attendre ce soir pour te parler mais ça me semblait important que tu le saches avant. Je te trouve très belle, magnifique, superbe, et je ne veux absolument pas que tu crois que je ne te regarde pas. En ce moment c’est un peu la folie au travail mais ce n’est pas pour autant que je ne te prête pas attention. »

Elle afficha une expression amusée à la lecture des premières phrases mais une des couturières arriva pour lui dire qu’elle avait besoin du cahier de croquis numéro six avec le modèle de l’automne prochain. Elle laissa sa lettre sur le bureau et tendit le cahier qu’elle trouva rapidement dans l’armoire prévu à cet effet. Ils ne savaient vraiment rien faire dans cette boutique quand Myrielle et elle n’étaient pas là. Elle donna le cahier à la fille qui n’avait pu s’empêcher de jeter un coup d’œil à la lettre de Simon. Elle ne fit cependant qu’un seul commentaire « Tu as de la chance de recevoir encore des lettres d’amour de ton copain alors que tu vis avec. » Megan approuva et lui donna congé avec l’ordre qu’on ne la dérange pas avant au moins quinze minutes.

Elle reprit sa lecture.

« Si tu penses que c’est le cas, je m’excuse mille fois. Je te promet de faire des efforts pour que tu ne te sentes plus seule. Tu sais que tu peux m’apeller n’importe quand n’Est-ce pas ? Je ne veux pas que tu vois mon travail comme un rival (c’est comme ça qu’on dit ?). J’aime mon travail mais tu es tout aussi importante, voir même plus importante que lui. Voilà, c’est tout ce que j’avais à dire parce que j’ai réalisé hier soir que je ne te le montrais peut être pas assez…

Je t’aime*

Simon. »

Ce message n’apportait rien de vraiment nouveau à Megan mais ça n’empêchait pas ses joues d’être rose de plaisir. Elle plia soigneusement la lettre et la rangea dans la poche arrière de son jean. Sa collègue avait raison, elle avait vraiment beaucoup de chance. Ce soir, il faudrait qu’elle se surpasse pour le dîner. Avant ça, elle avait du boulot à abattre…

Elle partit de l’atelier à 17h30, heure raisonnable et inhabituelle dans son métier, et alla directement au supermarché du coin de leur rue. Elle n’avait jamais appris sérieusement les sorts pour faire la cuisine, elle s’en sortait mieux à la moldu. Quand ils avaient emménagé, elle avait exigé une vraie cuisine et comme à peu près tout ce qu’elle demandait, elle avait eu ce qu’elle voulait. Si elle n’avait pas un aussi bon caractère, Simon aurait rapidement fait d’elle une enfant gâtée.

Elle se mit à la cuisine après s’être changée, elle avait passée une robe à fleur et avait mis son tablier pour faire un vraie dîner entre amoureux avec Simon. Elle n’avait fait que les plats préférés du français et avait mis la table, un jolie bouquet de marguerite au centre de la nappe blanche (lui était sorti de sa baguette par contre…). Une fois tout installé, elle regarda l’heure et elle n’eut que le temps de faire une dernière vérification dans le miroir de la salle de bain et de se débarrasser de son horrible tablier avant que Simon ne rentre à 20h tout pile.

La soirée fut moins mouvementée que la précédente mais lorsqu’ils se couchèrent pour enfin dormir une nuit complète, elle l’embrassa l’assura qu’elle ne doutait pas de ses sentiments. Preuve en est qu’elle s’endormit rapidement dans ses bras, une expression de bonheur sur le visage.

* En français dans le texte

Les jours passèrent et se transformèrent en semaines, trois pour être exacte. Le moral de Megan était plutôt au beau fixe. Simon travaillait toujours aussi tard mais elle avait son petit mot dans sa boîte à bijoux pour lui remettre du baume au cœur quand elle se sentait un peu seule dans leur appartement. Autre amélioration et non des moindres : Myrielle était revenu à l’atelier ! Megan n’avait plus à tout gérer pour deux et à prendre des décisions (elle détestait devoir le faire). Ce jour là, elles devaient faire des essayages sur les mannequins. Megan aimait voir les dessins devenir réalité et prendre les photos des jeunes femmes. Au début, Myrielle payait un photographe professionnel, puis, elle s’était rendu compte que le coup d’œil de Megan fonctionnait aussi en photographie et pour faire des économies, c’était maintenant la blonde qui s’en chargeait avec l’aide du responsable book. Évidemment, ce n’était que pour la présentation de la collection, pour les défilés, elles engageaient toujours des pros. C’est pleine d’entrain qu’elle laissa Simon en bas de leur immeuble. Cela devait être une bonne journée… sauf qu’une fois à la boutique, elle sentit à l’ambiance que quelque chose n’allait pas.

« Notre mannequin principal nous a lâché ! » Ragea avec violence Myrielle. La rousse n’avait aucune patience, heureusement Megan savait gérer les crises. Elle sortit son portable et tapa les numéros de plusieurs agences moldus, ça permit à Myrielle de se calmer… Mais sa blonde assistante n’aimait pas du tout le regard qu’elle jetait sur sa silhouette.

« Megan, arrête avec ton téléphone. » L’ancienne Poufsouffle lâcha son appareil. Elle ne désobéissait jamais. « Tu es blonde, tu as à peu près les mêmes mensurations… Tu es juste un peu petite… mais si on s’y met à plusieurs on doit pouvoir retoucher les robes… Et tu fais la même pointure que la mannequin pour les chaussures… Hum… » Megan commença à paniquer, bougeant nerveusement les mains. « N… Non ! Hors de question ! Moi je dessine les robes ! Je ne les porte pas ! » Myrielle lui prit le bras et la bouscula pour l’envoyer sur une des couturières qui commença à prendre les mesures de l’assistante de la grande patronne sans dissimuler son amusement. « Il y a un début à tout. » Conclut la rousse, contente d’avoir régler son problème aussi vite. Au bout d’une heure, toutes les robes étaient mise à la taille de Megan. A la baguette ça va plus vite qu’à la main, forcément, et Myrielle n’engageait que les meilleures. La blonde avait abandonné l’idée de lutter, elle se laissa faire docilement. Lorsque vint le moment des photos, elle sourit à l’objectif le plus naturellement possible pendant qu’un photographe engagé à la dernière minute faisait son boulot à sa place.

A la pause de midi, ils n’avaient pas encore terminer. Megan n’osait rien manger de peur de faire craquer sa robe, quoi qu’en dise Myrielle, niveau mensuration, elle n’avait la même que la mannequin qu’au niveau de la poitrine et de la taille, les hanches c’était pas gagné. Elle regardait ses collègues se nourrir de sandwichs en soupirant quand elle eu une apparition. Simon était là. Deux fois en un mois ? Houla, elle l’avait vraiment traumatiser avec sa nuisette transparente !

« Simon qu’est-ce que tu fais là ? » Il sembla un peu gêné. « Madame Montgomery m’a téléphoné en me disant que tu étais en crise alors… je suis venu pendant ma pause. Mais… Tu as l’air bien. » Conclu-t-il en se demandant vaguement ce qu’ils fichait là, surtout que tout le monde les regardait. Megan lui prit la main et le guida jusqu’à son bureau minuscule. Elle ferma soigneusement la porte derrière eux et elle se laissa tomber sur sa chaise.

« C’est horrible, je remplace une des mannequin principale ! » Simon passa derrière elle et posa les mains sur ses épaules, les massant légèrement. « C’est trop de pression pour moi, je vais craquer. » Elle leva les yeux sur Simon qui lui sourit. Il aimait bien voir Megan lorsqu’elle était stressée, c’était peut être un peu contradictoire puisqu’au point de vu médical le stress n’était pas vraiment une bonne chose pour elle, mais il ne pouvait pas s’empêcher de la trouver mignonne quand elle perdait pied… et il aimait bien être celui qui la calmait et la rassurait. « Tu es très jolie dans cette robe, tu n’as aucune inquiétude à avoir. » Elle fit une petite grimace et répondit vivement « Tu es mon petit ami, tu n’es pas objectif. » Il approuva d’un signe de tête et passa devant elle, se penchant pour l’embrasser. Elle glissa ses mains sur la nuque de Simon et répondit à son baiser tout en se relevant un peu. Il l’attrapa avec douceur par la taille et la serra contre lui…

Jusqu’à ce que Myrielle entre. « Bien, je vois qu’on se détend ici » Megan jeta un regard noire à son amie et patronne tandis que Simon semblait ne plus trop savoir ni où se mettre, ni quoi faire. Il n’osait pas lâcher Megan parce que ce ne serait pas très galant mais il se sentait un peu honteux de s’être fait surprendre. Ce qui ne savait pas c’est qu’il avait fait exactement ce que Myrielle voulait qu’il fasse. « Allez Meg’, au travail… A moins que tu ne veuilles que je crée un scandale dans la boutique en disant comment tu occupes ta pause déjeuner ? » Megan tira la langue à Myrielle « Méchante ! J’arrive ! Ouste ! Va-t-en ! » La rousse lui rendit sa petite grimace et disparu. Megan embrassa à nouveau son petit ami et le regarda dans les yeux en se mordant la lèvre comme à chaque fois qu’elle est partagée entre deux idées. « Faut vraiment que j’y aille… Tu es de garde ce soir ? » Il lui fit signe que oui d’un air désolé. Elle s’éloigna lentement de lui et tourna sur elle-même pour qu’il l’admire dans sa robe bustier. « Tant pis pour toi mon amour… A ce soir quand même ! »

Et là, vous ne pouvez même pas imaginer à quel point la maladresse de Simon fut décuplée durant sa garde. Il n’avait absolument pas la tête à ce qu’il faisait, ses collègues le charrièrent beaucoup sur le sujet. Il faut dire qu’il était assez envié par ses collègues masculins d’avoir une petite amie qui soit à la fois très belle et très tolérante. Les assistants médicomages avaient des horaires parfois un peu dingue, ils avaient la plupart de leurs week end mais ils travaillaient beaucoup et toutes les jeunes filles n’acceptait pas de relation sérieuse avec quelque un qu’elle pensait ne voir jamais. De fait, Simon ne s’en rendait pas toujours compte, mais il était l’une des cibles préférés du commérage masculin. Surtout quand la petite amie en question l’attendait dans la salle d’attente.

Simon ne la remarqua pas avant qu’on le lui dise (pauvre Meg’ tiens). Un de ses collègues se chargea de le lui annoncer sans le vouloir. Il matait clairement Megan depuis quelques minutes quand il posa son bras autour du cou de son camarade avec un soupir. « Tu connais pas ta chance vieux, elle est vraiment trop bonne. » La première réaction de Simon fut l’incompréhension. Il était préoccupé par l’état d’un patient qui était couvert de pustules vertes et dont le dossier lui semblait plein d’interrogations. Il suivit donc le regard de son collègue et aperçu Megan qui feuilletait un magazine de mode d’un air distrait. « Elle vient même t’attendre lorsque tu es de garde… Je veux une copine… » Finit il par se plaindre. Simon le repoussa, il n’aimait pas vraiment entendre ses amis parler de Megan comme ça, elle n’était pas un objet. Il était assez d’accord pour dire qu’elle était très belle et qu’effectivement, il avait de la chance, mais c’était sa petite amie à lui. Oui, oui, même à Simon il arrive d’être un peu jaloux. C’est rare, ça ne se voit pas, mais c’est là quand même. « Peut être que si tu arrêtais d’utiliser le terme « bonne » quand tu veux dire « belle », tu en trouverais une. En attendant, arrête de regarder Megan comme ça s’il te plait. » Son ami haussa les épaules, il n’avait pas une once de romantisme en lui du coup il ne comprit même pas le sens profond de ce que venait de lui conseiller Simon. « Qu’est-ce que tu vas me faire si je n’arrête pas ? » Ah oui… Bonne question. « Rien… Je suppose. » L’assistant lui tapota l’épaule et s’éloigna après avoir pris un dossier. Simon ne savait pas comment il devait interpréter ce geste… Mais au fond, ce n’était pas un mauvais bougre, il aimait bien Miguel (c’est le prénom de ce collègue), il n’aimait juste pas sa façon de parler des femmes. Le français continua sa garde, il trouva même comment soigner le pustuleux vert et vers une heure du matin, il alla dans la salle d’attente. Megan somnolait sur une chaise. Il lui toucha légèrement l’épaule et elle sursauta.

« Tu as fini ? » Demanda-t-elle d’une voix pâteuse. Il acquiesça et l’aida à se lever en lui prenant la main. Elle se laissa transplaner par son petit ami, elle était trop fatiguée pour faire de la magie. Une fois arrivé, elle raconta à Simon que Myrielle n’avait pas tenu leur marché et avait évidemment tout raconter à tout le monde. Même les clientes avaient été mise au courant. Pourtant, elle s’était bien amusé… Certaines sainte nitouche avaient trouvé ça scandaleux mais elle savait que ça leur passerait comme ça leur était venu et aussi, Myrielle lui avait expliqué pourquoi elle avait fait ça avant de partir.

« Je suis trop sage, je ne correspond pas à l’image de la boutique… Alors Myrielle a tout manigancé, même l’absence de la mannequin, pour que ma réputation corresponde à la sienne. » Simon l’embrassa dans le cou et elle s’adossa contre lui. « Du coup, tu m’as attendu à l’hôpital ? » Megan était déjà à moitié endormie, il la coucha délicatement et repoussa les cheveux blonds qui s’étaient éparpillés sur le lit. La réponse qu’elle lui donna était faites d’une voix pâteuse mais Simon la comprit quand même. « Je ne voulais pas… que tu sois le seul à venir à faire des visites surprises… » Et elle sombra définitivement direction les bras de morphée. Simon la regarda dormir un moment, peut être qu’il n’avait pas eu ce qui l’avait laissé embrasé ce midi, mais il était bien plus heureux de la visite surprise de Megan qui l’avait attendu patiemment et il ne pouvait s’empêcher d’admirer les dons de manipulatrice de Myrielle. Il déposa un baiser sur le front de sa petite amie et la garda contre lui avant de s’endormir à son tour.

Jennifer coiffait sa sœur qui était tellement nerveuse qu’elle avait mis ses mains à plat sur la coiffeuse pour ne pas se ronger les ongles. Maintenant que les cheveux de Megan tombaient autour de son visage, retenus par des fleurs blanches, son aînée lui massa les épaules énergiquement.

« Calme toi. Tu n’as aucune raison de stresser, c’est ton mariage… le plus beau jour de ta vie tu te souviens. » Megan répondit par un signe mécanique de la tête avant de porter la main à son front. Elle avait préparé son mariage avec beaucoup de soin, tout ses amis l’y avait aidé, mais elle se sentait… effrayée. Pas par le mariage en lui-même mais par la peur du faux pas qui lui gâcherait sa journée et pire, gâcherait celle de Simon ! Christian entra sur ces entre faits et s’accroupit aux côtés de sa meilleure amie. « La mariée va bien à quelques minutes du grand moment ? » Elle répondit à son sourire. « Elle est un peu angoissée à l’idée de tout faire rater mais ça va… Qu’as-tu fait de Ashaiah ? » le jeune homme se releva et haussa les épaules. Sa petite amie avait l’habitude de se préparer pendant des heures avant les évènements important. Il avait l’habitude.

« Elle se fait belle mais elle n’arrivera pas à t’éclipser. Lève toi que je te regarde. » Megan obtempéra et se leva, se tournant lentement devant Chris’ qui lui souriait d’un air paternaliste. Quelqu’un d’autre frappa à la porte et entra sans façon. Il s’agissait de Myrielle. Elle avait cousu elle-même la robe dont Megan rêvait. La blonde avait fait un dessin et sous les doigts de fées de l’ancienne Serpentard, le rêve était devenu réalité.

« Ah Meg’ ! Simon est près. Tu m’excuseras mais j’ai été obligé de lui faire son nœud papillon… Il était de travers et ça m’énervait. Tu en es où ? » Puis elle jeta un coup d’œil critique à la blonde. « Tu es prête. Je vais prévenir les musiciens. Ton père t’attend au bout du couloir. »

Le mariage avait lieu dans une église qui avait pour principal attrait d’avoir une salle des fêtes non loin. Megan et Simon n’avait pas les moyens de se payer tout ça, d’ailleurs, à la base, Megan voulait se marier dans son ancien quartier. Ses amis riches avaient refusés tout net… Myrielle avait prétexté que c’était très mauvais pour l’image de leur société et Christian avait dit que ce n’était pas ce qu’elle méritait et que si elle se mariait dans une ruine, il ne donnait pas son consentement pour ce mariage. Bien qu’elle ait répliqué à ce dernier qu’elle n’avait pas réellement besoin de son contentement ( il n’est pas son père - elle finit par céder aux supplications de ses amis. Myrielle paya toute la cérémonie et Megan le banquet, la rousse lui avait dit que c’était son cadeau de mariage et en plus, elle obtint de Megan qu’elle posa pour le book avec sa robe. Bref, tout le monde était content et même si la blonde ne se l’avouait pas, elle trouvait vraiment que ça ressemblait plus au mariage de ses rêves dans cet endroit.

Tout le monde sortit et Megan prit une respiration. Le moment était venu. Aux premières notes de musique, elle devrait entrer dans la salle, devant sa famille et ses amis, et surtout, bien pire, devant ceux de Simon. Elle commençait à se faire un film catastrophe intérieur quand Christian lui souffla à l’oreille. « Aujourd’hui c’est toi la superstar, tout va bien se passer. » Et ces paroles eurent un effet magique.

Le jeune homme retourna à sa place de témoin de la mariée et quelques secondes plus tard, le signal du départ fut donné par les musiciens. Elle prit le bras de son père qui pour une fois était impeccable et elle entra à pas lent dans la salle. Simon l’attendait au bout et elle rougit un peu. Tout le monde la regardait en chuchotant, c’était intimidant, mais le regard de son fiancé l’était encore plus. Comme le voulait la tradition, il ne savait pas à quoi ressemblerait la jeune fille le moment venu… mais il semblait apprécier.

Elizabeth ne pouvait pas être témoin, elle était encore mineur, mais elle était demoiselle d’honneur avec Susan. Megan leur fit un sourire en passant devant elles. Lorsqu’elle arriva devant l’autel, Simon lui prit les mains. Il semblait un peu nerveux lui aussi. Normal me direz vous, on ne se marie pas tout les jours ! Par choix, la cérémonie n’avait pas été prévu pour être longue. Les vœux vinrent rapidement.

« Megan Jones, acceptez vous de prendre Simon de Greef pour légitime époux, de l’aimer et de le chérir dans la joie comme dans l’adversité, dans la santé ou dans la maladie, jusqu’à ce que la mort vous sépare ? » Quel question stupide, si elle ne l’avait pas voulu, elle ne serait pas là ! « Oui, je le veux. » Toc. On posa la même question à Simon qui répondit lui aussi par l’affirmative. « Je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée. » Finit-il à l’adresse de Simon qui bien que rouge jusqu’au oreilles, ne se fit pas prier une fois son alliance passé. Il se pencha et embrassa tendrement sa jeune épouse sous les applaudissements de l’assemblée. Vint ensuite le moment des photos. Megan posa avec Simon bien sûr mais aussi avec tout le monde. Elle ne savait plus où donner de la tête… Son mari non plus d’ailleurs. Ce jour là, c’était vraiment leur jour… et c’était vraiment le plus beau de la vie de Megan.