La porte de la boutique magique se referme derrière Maia O'Coren dans un grincement sinistre et quelque peu inquiétant. Ses parents, deux moldus complètement déboussolés et un poil hagard, sont restés derrière le battant de bois légèrement usé. Seule, minuscule silhouette haute comme trois pommes mais cependant droite et décidée, Maia attend, peut-être un peu anxieuse, l'arrivée du fabricant de baguette.
Prudemment, elle s'avance dans la boutique exigüe à l'atmosphère feutrée, en direction d'un bureau déserté par son propriétaire. Elle aurait peut-être aimé que ses parents l'accompagne. La future sorcière chasse aussitôt cette pensée de son esprit. Elle n'est plus une gamine, non mais. Et elle a honte de penser ainsi...
Un bruit soudain, un cri, et ponctué d'un choc sourd et du son caractéristique d'une avalanche d'objets qui dégringole, tire la jeune Maia de ses pensées hésitantes. Elle ne fait qu'un bond à 180°, et reste plantée toute droite sur place en dardant une paire d'yeux comme des soucoupes sur une scène dont la crédibilité laisse à désirer...Un tas de cartons, non, de boîtes plutôt, s'amoncelle sur le sol, vidant les étagères sur lesquelles elles étaient endormies dans un long et lent sommeil. Le tas remue faiblement, et un échelle de bois vermoulue est artistiquement posée en équilibre précaire sur la pile de boîtes. Maia, mouchée comme une chandelle, incapable de bouger, ne peut que regarder un homme à la tête couronnée de cheveux blancs et aux yeux assortis ( mais furibonds, les yeux ! ) émerger avec difficultés du tas de boîtes.
Se reprenant, elle se précipita et repoussa l'échelle de toute sa force de gnome atrophié. Elle leva ensuite une paire d'yeux un peu craintifs sur l'homme qui s'était redressé.
- Heu...Tout va bien ? Monsieur ...Ollivander ?
- Naturellement, jeune fille, naturellement. Ne bougez pas...
Et l'homme de replonger illico dans ses boîtes en bois, laissant Maia interdite. Au moment même où celle-ci commence à croire que le choc a affecté le cerveau du fabricant de baguette, il ressort du fouillis, un grand sourire aux lèvres, et se rue sur Maia, une boîte d’apparence sans âge dans les mains, le bois tellement usé que des morceaux de tissu argenté en dépassent. Ollivander l’ouvre cérémonieusement, et en sort une baguette de taille moyenne qu’il tend à Maia qui l’a saisit d’un air hésitant à l’écoute des paroles de l’homme, proférées à voix basse :
- Enfin, mademoiselle, enfin, cette baguette va trouver une main pour la tenir… Prenez-la !
Maia, fascinée, s’en saisit. Sitôt qu’elle fut en contact avec ses doigts, une chaleur se répandit dans tout son corps, en même temps qu’une impression jubilatoire d’euphorie et de triomphe, une sensation inexplicable qu’elle ne devait jamais re-sentir. Elle leva un visage à la fois radieux et interrogatif sur Ollivander qui ne lui laissa pas le temps de poser sa question muette.
- J’ai façonné cette baguette un jour où …hum…où je n’avais pas bien la tête sur les épaules, dirons-nous. Elle mesure 24,5 centimètres, est en bois de chèvrefeuille et contient un crin d’hippogriffe. Un animal remarquable. Tu ignores sûrement ce qu’est un hippogriffe…tu l’apprendras bien vite à Poudlard. Mais revenons-en à notre baguette. Il n’est pas commun qu’elles contiennent de l’hippogriffe, en général j’y introduis du ventricule de dragon, du crin de licorne ou une plume de phénix. Voilà la raison de mon excitation ! Je me demandais quelle sorcière ou sorcière cette baguette au tempérament ma foi…explosif allait choisir. Car oui, petite, la baguette choisi son sorcier, ne l’oublie pas…Et si celle-ci t’as choisi, c’est que, ma foi, tu n’en n’a peut-être pas conscience mais ton tempérament est sans doute similaire…
Maia respira soudain un peu mieux. Anxieuse, elle s’imaginait déjà une sombre histoire d’on ne sait quelle prophétie de baguette…Mais il s’agissait simplement d’une baguette un peu bizarre, résultat d’un lendemain de cuite de ce cher Ollivander. Voilà qui dénature le mythe…Maia paya donc sa baguette, très heureuse de ce bout de bois de chèvrefeuille, et, qu’il contienne de l’hippogriffe ou autre chose, ces vingt minutes dans la boutique du fabricant de baguette fut sans doute un des moments les plus marquants de sa vie.
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