Même pas peur ! [PV]

Fredericke Maiden vivait cette rentrée avec une certaine sérénité. Elle avait eu du mal l’an passé lors de sa première rentrée parce qu’elle avait peur de quitter ses parents mais la liberté qu’on leur laissait à Poudlard lui avait rapidement plu. Elle était contente de revoir ses cousines qu’elle avait peu vu durant l’été, d’ailleurs dans le cas de Serena, elle ne l’avait pas vu du tout. En revanche, elle se passait très bien de Friedrich qu’elle ne voyait presque pas parce qu’ils ne restaient pas avec les mêmes personnes.

Ce soir là, une semaine après la rentrée, Fredericke resta dans la salle commune longtemps après le départ de tout ses camarades. Elle savait qu’elle aurait du être dans son lit mais elle ne se sentait pas fatiguée. Elle était hypnotisée par les flammes… Elle aurait aimé avoir une tasse de thé pour accompagner ses pensées. Les Maiden buvaient beaucoup de thé, c’était presque si on ne leur en donnait pas au biberon. La plus jeune de la famille aimait les moments où elle buvait sa tasse de thé en compagnie de ses parents dans le calme ambiant de leur manoir, ou mieux, au sein du château Maiden en écoutant Roze jouer du piano.

La jeune Gryffondor aurait pu rester penchée sur le feu toute la nuit si elle n’entendit pas un bruit du côté du dortoir des garçons. Quelqu’un arrivait. Fredericke se leva brusquement, faisant tomber son sac et s’éparpiller ses affaires de cours.

« Qui... là ? » Demanda-t-elle de son fort accent allemand. Fredericke parlait très mal anglais, elle faisait des progrès mais elle était encore parfois à la limite de l’incompréhensible. Elle n’avait pas le don des langues comme sa cousine Roze ou les facilités de mémoire de Serena. Peut être un jour parlerait-elle l’anglais aussi bien que l’allemand mais ce jour n’était pas encore arrivé, il était même lointain.

Elle s’approcha du nouvel arrivant, probablement un garçon, et vit se découper dans la lumière de l’âtre le visage… d’Edward Montgomery. Elle était presque soulagée que ce soit lui-même si elle ne lui avait jamais parlé seul à seul. Il était le petit ami de sa cousine et depuis peu son préfet mais Fred était une petite fille assez sauvage, même avec sa famille auquel elle tenait beaucoup. Elle n’avait donc jamais osé l’aborder même si, évidemment, elle se posait plein de questions sur lui. Est-ce qu’il leur volerait Roze maintenant qu’elle était presque guérie ? Est-ce qu’il les empêcherait de devenir proche, ferait-il d’elle une vraie anglaise ? Toutes ces questions angoissaient la Gryffondor qui en grandissant avait regretté son comportement d’enfant envers sa grande cousine. Guidée par une mère et une tante très rigides, la petite Fredericke avait parfois été cruelle avec sa cousine malade. Ce n’était qu’une fois arrivée à Poudlard qu’elle s’était rendu compte à quel point c’était injuste et méchant de sa part. Mais elle n’avait que douze ans, elle avait toute la vie pour se rattraper… si on ne lui mettait pas des bâtons dans les roues !

« C’est toi… » Murmura-t-elle tout en levant un menton fier. « Ich bin Fredericke Maiden. Je suis la cousine de Roze. » Comme d’habitude, quand Fred parlait, elle dégageait une seule impression : « même pas peur ! ». Car oui, Fredericke était toujours sur la défensive, elle craignait toujours les attaques et les critiques, du coup, elle avait toujours cette lueur de défi dans les yeux, même quand la situation ne s’y prêtait pas… comme ce soir là.

Fredericke resta debout, droite et fière, toujours sur la défensive en attendant mieux. Visiblement, Edward ne semblait pas enclin à se disputer avec elle où à la punir pour son insomnie, mais il restait un potentiel ennemi, un voleur de cousine, il fallait s’en méfier. Au fond d’elle-même, sous cette carapace pleine de hargne, Fredericke était reconnaissante à Edward, ce garçon qu’elle ne connaissait pas, d’avoir acceptée sa cousine telle qu’elle était. Fredericke en avait été incapable, d’une certaine manière, Serena non plus et Friedrich encore moins. Ils étaient trop proches d’elle pour réussir à l’aider… mais la jeune Gryffondor n’en était pas encore aux épanchements sentimentaux, loin s’en faut.

« Je sais qui tu es, Roze parle beaucoup. » Sous entendu « de toi » qu’elle avait oublié dans sa phrase par étourderie autant qu’à cause de l’heure tardive.

Elle finit par s’asseoir mais sur un accoudoir de fauteuil. Ses grands yeux bleus, qui étaient identiques à ceux de sa cousine, fixaient tour à tour Edward et l’âtre. Elle finit par répondre à sa question, essayant de parler un anglais correct pour une fois.

« Je ne suis juste pas fatiguée. Serena et moi, nous avons beaucoup d’énergie. C’est dur pour nous de dormir tôt. »

En réalité, Fredericke ne savait même pas si Edward connaissait Serena. Sa grande cousine était un peu plus bruyante qu’elle, elle aimait se faire remarquer et il était difficile de la louper, mais en même temps, elle n’était pas dans la même année qu’Edward. Le sujet des insomnies ne semblait pas vraiment intéressa nt à la jeune fille, elle en changea donc presque aussitôt, sortant ses cartes de tarot pour s’occuper les mains pendant qu’elle parlait.

« Tu as vu Roze aujourd’hui ? Non moi, je la vois peu. Elle est occupée tout le temps par ses séances et ses cours. »

Elle aurait volontiers pu ajouter « et par toi » mais elle trouvait ça un peu brutal comme manière d’amener la chose. Mieux valait dans un premier temps tâter le terrain pour voir ce qu’Edward en disait et ensuite arriver au sujet qui intéressait la plus jeune des Maiden. En fait, ce qui la préoccupait le plus c’était cette histoire de nationalité… Si Roze devenait plus tard une vraie anglaise en se mariant avec Edward, est-ce qu’elle resterait quand même sa cousine ? Est-ce que, elle, qui était une allemande et comptait bien le rester (surtout que c’est connu, tout les garçons sont des crétins), pourrait encore voir sa grande cousine et mander conseil auprès d’elle ?

Car oui, Fredericke avait souvent besoin de la sagesse de Roze. C’était tout récent, ça avait à peine un an, mais la gryffondor s’était rendu compte que sous ses airs rêveurs, sa cousine de serdaigle était très raisonnée, intelligente et qu’elle était de bien meilleur conseil que sa mère toujours obnubilée par les apparences. Elles n’avaient pas de chance toutes les deux d’être nés Maiden… cela leur imposait une vie de famille vraiment trop bizarre.

Après s’être rassis, Edward se mit dans la position la plus confortable possible pour observer ladite Fredericke. Fière et hautaine, il y avait dans son regard une lueur qu’Edward convoitait depuis longtemps. Combien de fois il n’avait pas rêvé de posséder cette hargne, ce sentiment précieux et délectable de puissance et de fière allure ? Edward fit craquer les articulations de son cou, avant de se frotter l’œil gauche vigoureusement. Son rôle de préfet aurait voulu qu’il réprimande sérieusement Fredericke d’être debout à une heure aussi tardive, mais il n’en fit rien. Ce personnage l’intéressait, le fascinait, et il n’avait même pas envisagé une seule seconde l’idée de lui faire une remarque hautaine, sa fierté et son allure le dissuadant. Apparemment, Fredericke semblait le connaître… Ainsi, Roze lui parlait de lui… Enfin, c’était ce qu’Edward avait compris. Elle pouvait se confier… Elle n’était pas seule. C’était une bonne nouvelle… Savoir qu’elle pouvait aussi compter sur d’autres personnes le rassurait quelques peu.

Roze avait vraiment changé, il s’en était bien rendu compte. On était loin de la Roze solitaire et méprisée de beaucoup de monde… Peut-être que ce mépris n’avait pas disparu, mais le souvenir du bal de Noël dernier suffisait pour se rendre compte qu’Edward avait une chance incroyable d’avoir Roze, une Roze confiante, qui avait toujours ignoré le mépris des autres, et qui s’était relevée fièrement, seule, peut-être avec son aide, mais il n’avait pas la prétention d’en être persuadé, et qui, aujourd’hui, se tenait droite et fière… à ses côtés, sur l’autel de la vie, dans l’aube d’une vie adulte et passionnée.

Fredericke vint à parler d’une certaine Serena… Edward ne prêta –involontairement- pas attention à la trame de la phrase de celle qui serait, peut-être, bientôt, sa cousine éloignée, pour s’interroger sur Serena. Ce nom ne lui disait vraiment rien, et pourtant, il était persuadé qu’il aurait dû le connaître. Peut-être qu’il s’agissait d’une amie de Fredericke… Edward n’osait pas rompre le silence, même pour lui demander qui était Serena. Il savait qu’il ne fallait pas briser cette longue plainte silencieuse, au risque de fausser ce premier contact, avec cette personnalité qu’il avait véritablement envie de connaître… de découvrir… et surtout, il ne voulait pas donner mauvaise impression de lui.

Elle reprit la parole pour lui demander s’il avait vu Roze, dans la journée. Edward ferma momentanément les yeux. Aujourd’hui, il n’avait pas vraiment eu le temps de chercher Roze. Il s’en était voulu… Mais les cours, le Convenant Club, son rôle de Préfet, les devoirs… Il n’avait pas vu le temps passer. Pourtant, il cherchait désespérément le moyen de trouver le plus du temps possible dans son emploi du temps, pour Roze. Cela ne lui avait jamais posé de problèmes, et cela continuerait ainsi… Foi d’un Montgomery. Cela faisait plus d’un an que Roze et lui étaient ensemble, et Edward trouvait le temps trop court… Il n’avait pas su le garder, le conserver précieusement, ce temps qui filait entre les doigts comme le sable.

« Non… Je… je n’en ai pas vraiment eu le temps. Et j’ai bien besoin de la voir un peu, ces temps-ci… J’espère la voir demain. »

Il lui fit un sourire doux et évasif. Décidément, passer du temps loin de Roze ne lui réussissait pas…

« Et toi ? Tu te plais, à Gryffondor ? »

Il voulait changer de sujet. Il sentait qu’ils s’aventuraient dans un terrain semé d’épines, qu’il avait très peu de risque d’éviter. Par politesse, et surtout, par peur d’être maladroit, il décida donc d’engager la conversation ailleurs.


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591 mots OK

Fredericke pencha un peu la tête sur le côté pour regarder Edward. Cette façon de faire était une copie d’une des manies de Roze. Quand Roze ne comprenait pas quelque chose ou qu’elle était sceptique, elle penchait toujours la tête pour regarder la personne, comme si elle pouvait ainsi mieux le sonder. Fredericke avait quatre ans de moins que sa cousine, elle l’avait toujours connu malade et avait pris certains de ses tics sans s’en rendre compte.

Ses grands yeux bleus fixèrent le visage d’Edward à la recherche d’une réponse à toutes les questions qu’elle se posait sur lui. Comme rien ne venait, elle prit de nouveau la parole.

« Quand elle sera anglaise, tu la verras tout le temps, mais pour le moment, elle est encore allemande. Elle est ma cousine, exactement comme Serena. Elle est une Maiden. C’est important tu sais, d’être une Maiden. Tante Liza, la maman de Roze, le dit souvent. Tu connais tante Liza toi ? »

Tante Liza ne parlait jamais du petit ami de Roze. Elle avait assez mal digéré la rupture des fiancailles de Romuald. Au fond, Fredericke ne comprenait pas sa cousine. Qu’est ce que ça pouvait changer que ce soit Edward ou Romuald ? Un garçon, c’est un garçon, donc par définition c’est… heu bête (juste parce que j’ose pas faire la rime). L’un ou l’autre, pour le moment, c’était du pareil au même pour Fred’. Une question brûla tout de même les lèvres de la petite fille. Elle savait qu’on avait cassé la poupée de Roze et elle se demandait si c’était vraiment Romuald qui l’avait fait. Il était plutôt gentil pourtant.

Elle n’eut pas l’occasion de réfléchir plus avant à la chose, Edward avait déjà changé de sujet. Il lui parlait de Gryffondor. Heu… Est ce qu’elle se plaisait dans sa maison ? Bah oui, enfin, globalement, toutes les maisons lui aurait été, elle s’en moquait un peu.

« Oui, oui, c’est super. J’aime beaucoup Poudlard, il y a plein de place ! »

Voilà qui comptait beaucoup pour la jeune allemande. Elle qui avait tant besoin de se défouler, elle pouvait s’en donner à cœur joie dans l’enceinte du château. Tout les matins, elle se levait tôt et elle allait jouer dehors, la plupart du temps toute seule. Après, elle retournait dans la salle commune ou alors elle se rendait dans la grande salle et elle tirait le tarot. La prédiction de la journée… C’était assez important pour elle. Elle se demandait encore comment elle faisait avant de découvrir cet art divinatoire. Ensuite, elle déjeuner, allait en cours, puis vers midi, elle faisait des photos. Après les cours elle travaillait ses devoirs, se baladait un peu, dînait et ensuite elle envoyait sa pellicule à développer par hibou. Fredericke suivait ce rituel chaque jour et cela lui semblait tellement mieux que chez elle… Au manoir Maiden, elle devait toujours bien se tenir et tout faire dans les règles… Pourtant, ce n’était pas elle l’héritière vu qu’elle avait un frère aîné. D’ailleurs, Fredericke se demandait encore comment Roze allait faire pour gérer le château (elle est fille unique donc elle en héritera automatiquement) et sa vie en Angleterre. La mère de Fred’ espérait que Roze renoncerait à son héritage à leur profit… Vraiment, Fred’ aimait sa mère, mais sa cupidité la perdrait un jour.

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Liza Maiden… La mère de Roze laissait une impression très complexe dans l’esprit d’Edward. Il ne l’avait vue qu’une seule fois, lors du concours, l’année précédente. Elle s’était montrée assez froide, bien qu’un certain respect et une certaine puissance émanaient d’elle. En fin d’année précédente, elle avait envoyé des lettres à Roze dans lesquelles elle lui parlait des moyens de contraceptions. Il ne l’avait pas oublié. Cette démarche, dans l’esprit d’Edward, était la preuve d’un manque total de confiance envers lui. Sans doute il ne lui avait pas fait une bonne impression… Il ne savait pas. Néanmoins, il saurait respecter cette femme, car elle était la mère de Roze, et il avait le devoir de ne pas mettre en péril les relations de Roze, même involontairement. Il ne répondit donc pas à la question de Frédérique, qui lui demandait s’il connaissait la mère de Roze. Il ne voulait pas s’étaler sur le sujet, et il avait peur d’être maladroit dans sa réponse, et de dire des choses qu’il ne pensait pas. Car même si Mrs Maiden s’était montrée peu confiante, Edward s’était fait la promesse de tout faire pour améliorer leur terrain d’entente… un jour.

Regarder quelqu’un qui ressemble à ce qui compte le plus au monde pour vous, alors que vous n’avez pas vu ce trésor rarissime depuis un bon bout de temps est un spectacle horrible. Edward n’avait pas vu Roze depuis un petit moment, certes, mais il se sentait seul dès qu’il n’était plus avec elle. Et, en ce moment, il dévisageait Fredericke en étant troublé. Parfois, sur son visage se dessinaient les traits de Roze, ces traits dont il était éperdument amoureux, ces traits qu’il admirait tellement, mais, quelques secondes après, ces traits disparaissaient, pour prendre une autre forme qu’il ne connaissait pas encore. Il ne pouvait se contenter d’une ressemblance temporaire pour satisfaire sa solitude, une ressemblance qui lui laissait un goût amer dans l’estomac à chaque fois qu’elle disparaissait. Aussi, il essayait de cacher sa tristesse par de faux sourires, pâles mimes d’une joie inexistante.

Visiblement, Fredericke semblait se plaire à Poudlard. Les premiers jours d’Edward à Poudlard avaient été difficiles. Horribles. Très horribles. Il s’était mis à dos l’ensemble de son dortoir dès la première nuit, lorsqu’il avait violement agressé de manière verbale un condisciple qui discutait avec un autre à une heure du matin, lorsque tout le monde dormait. Ce non respect du sommeil l’avait mis hors de lui, et il ne s’était pas gêné pour le faire remarquer. L’ensemble du dortoir avait alors protesté, et s’était rangé du côté des fêtards, pour la plus grande joie d’Edward… qui finit sa première nuit sur le canapé de la Salle Commune. La deuxième nuit, il était allé présenter ses excuses… Ce fut la première fois, et la dernière fois de sa vie, qu’il exprimait des remords sur ses actes. Personne ne lui pardonna cet accrochage, et il fut remballé par l’ensemble de ses condisciples du dortoir. La première heure de cours fut aussi la pire. Il se disputa violemment avec son voisin de table, un Serpentard. Le professeur remarqua ce désaccord, et se rangea du côté d’Edward. En même temps, en tant que directrice de Gryffondor, Minerva McGonagall ne se serait jamais rangé aux côtés du Serpentard… Hélas pour lui, les autres Gryffondor, qui avaient eu vent du caractère grincheux d’Edward pendant la précédente nuit, prirent cet acte de départage pour du favoritisme et ce fut une autre occasion de se mettre à dos tous les autres Gryffondors de la même année pour Edward… ainsi que les autres Serpentard.

Bref, en deux jours, Edward s’était pas mal disputé. Et aujourd’hui, il ne s’entendait qu’avec seulement cinq ou six Gryffondor, qui constituaient ses seuls amis… En dehors, il ne parlait à personne d’autres. Et sa nomination au poste de Préfet avait pas mal cloué le bec à ses anciens camarades de dortoir (Edward avait demandé à changer de dortoir peu de temps après), qui, à présent, le regardaient d’un œil encore plus mauvais. Tout ça pour dire qu’Edward espérait que la rentrée de Fredericke s’était mieux passée que la sienne, qui avait été, on peut le dire… catastrophique.

« Je pense que rares sont ceux qui n’aiment pas Poudlard. Simplement, on s’en rend moins compte quand on y est… C’est comme quand on aime quelqu’un. On s’en rend véritablement compte que lorsque cette personne est loin, très très loin… et alors, là, elle nous manque véritablement. »

Edward ne savait pas comment il s’était débrouillé pour en revenir à Roze même en essayant de dévier le sujet. Décidément, son cœur prenait le dessus ! Il ferma les yeux et étouffa un bâillement. Il se gratta les yeux, et un long silence s’installa dans la pièce. Finalement, Edward dit :

« Tu sais chanter ? Ou tu joues peut-être d’un instrument de musique ? »

Peut-être que la ressemblance allait au-delà des apparences… Fredericke avait l’occasion de monter encore plus haut dans l’estime d’Edward. Elle avait juste à répondre « oui » à l’une des deux questions. Pour Edward, la musique était l’essence même de la grâce. Mais ne pas savoir chanter n’était tout de même pas un cas gravissime pour lui… Non, simplement un gâteau sans crème.


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Fredericke trouvait les paroles de Edward énigmatique. Elle alla même jusqu’à se demander si elle avait bien compris, peut être qu’une fois encore son anglais lui faisait défaut ? Visiblement non. Elle prit donc la peine de réfléchir au sens profond de ce que disait Edward. Peut être parlait-il de Roze ?

« Roze te manque ? Elle me manque aussi. Elle ne s’occupe plus de moi comme avant. »

Même quand Roze ne parlait plus aux gens, ou alors indirectement, elle avait toujours semblé très concernée par les problèmes de ses cousines, elle s’occupait d’elles. Cette année, elle était distante. Elle avait un peu changé. C’était peut être parce qu’elle n’avait plus Suu. Fredericke avait toujours trouvé débile que sa grande cousine garde tout le temps sa poupée avec elle. Ce n’était même pas évident pour bouger en plus, et puis Roze avait tellement de classe, c’était dommage de tout gâcher. Ceci dit, cela faisait un peu parti d’elle, c’était étrange de la voir sans sa poupée.

« Je crois que c’est parce qu’il n’y a plus Suu. »

Elle en était même plus ou moins persuadée.

« C’est vrai que c’est Romuald qui a cassé ? »

Fred’ aimait bien Romuald, mais s’il était méchant avec Roze, alors Fred serait du côté de sa cousine. Chez les Maiden, on était solidaire ! Mais venons en à la musique, elle allait malheureusement décevoir un peu le petit ami de sa cousine, elle n’était pas aussi douée qu’elle.

« Un peu de piano, c’est obligatoire dans ma famille. Mais je sais pas chanter. »

Elle chantait un peu comme ses pieds d’ailleurs, sauf les comptines, mais dés qu’il fallait vraiment faire dans la beauté sa voix tremblait et cela ne ressemblait plus à rien. Les dons ne pouvaient pas être également répartis dans la famille, c’était chacun sa spécialité, Fred, elle, c’est la photo. D’ailleurs, voilà qu’elle sort son appareil pour le régler. C’est souvent ce qu’elle fait quand elle commence à avoir envie de bouger mais qu’elle ne peut pas. A croire qu’elle ne s’était pas encore assez dépensé aujourd’hui.

Fredericke écouta sagement les paroles de son préfet. Elle ne pouvait cependant pas s’empêcher d’avoir des petits tics nerveux. Elle ferait peut être mieux d’aller se coucher finalement, ses membres commençait à réclamer tout juste ce qu’elle ne pouvait pas leur donner : une bonne course à pied dans le parc. Soupirant sans réfléchir, elle laissa Edward terminé et lui répondit sur un ton monotone.

« Romuald n’est pas méchant, je me demande pourquoi il a fait ça. Il était peut être jaloux. Roze devait se marier avec lui tu sais ? Mais c’est bien aussi que ça ne se fasse pas. Ils n’allaient pas très bien ensemble. Il n’acceptait pas aussi bien que toi sa maladie. »

C’était probablement ce qui l’avait poussé à briser la poupée. Il ne l’avait pas fait en imaginant que cela ferait du mal à Roze. Il devait penser que c’était un reste d’enfance, un caprice de petite fille. Jusqu’à encore récemment, Fred’ pensait aussi comme ça. C’est en étant à Poudlard qu’elle avait vu les choses sous un autre angle, sans le prisme déformant du regard des adultes Maiden. Même si ce n’était pas souvent dit, il y avait une espèce de rivalité dans la famille. Le père de Roze était l’aîné, il était donc logique que Roze hérite du château Maiden, mais d’après le père de Fred’, c’était à Friederich d’hériter, parce que de tous les enfants Maiden, il était le seul garçon. En tant que fille et dernière des cousins, elle n’était pas concernée par ces problèmes, en plus, elle doutait beaucoup que son grand frère ait les épaules pour diriger le château. Il était peut être le seul garçon, mais il n’était pas bien viril.

« Mon frère joue de la guitare aussi. Il joue de beaucoup d’instruments. Il aime nous casser les oreilles. »

Dis Fredericke sans vraiment penser à son frère ou à la musique. Elle en était restée à Edward et Romuald, à Roze aussi. Elle se fichait pas mal de la musique, c’était par politesse qu’elle n’en disait rien à Edward. En revanche, elle adorait les photos. Elle trouvait ça magique de capturer un instant aussi fugace qu’un vol d’oiseau ou un sourire sur la pellicule. C’est machinalement qu’elle faisait et défaisait ses réglages. En réponse à son préfet, elle approcha le viseur de son œil et appuya sur le bouton. Clic, clac, Edward était dans la boîte. C’était un instantané, la photo sortit donc quelques secondes plus tard.

« Je la donnerais à Roze. » Commenta-t-elle en se levant. « Je vais aller me coucher, merci de m’avoir tenu compagnie. » Et elle s’éloigna après un petit « Bonne nuit ». Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas rester mais plutôt qu’elle ne pouvait pas. Il n’était pas encore assez proche de leur famille ou simplement d’elle pour qu’elle lui révèle tous leurs petits secrets. Ce moment viendrait peut être un jour… Tout espoir n’était pas définitivement perdu. Il lui était sympathique… Mais il n’était pas de leur monde, il ne savait rien d’eux. Elle ne vendrait pas la mèche, pas ce soir en tout cas car elle ne tarda pas à rejoindre ses draps et, contre toute attente, à s’endormir bienheureusement.

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[Terminé]