Lost story [Leandrà]

On s'aime, et puis voila, on s'aime

Aaron avait fait ça bien. Dans les règles de l'art, aurait-il pu dire, et il avait fait taire mauvaise conscience, regret et apitoiement sur soi et sur les autres. Il n'avait plus le temps pour ça, ni la volonté; la seule chose qu'il désirait pour le moment, ce qu'il n'avait pas recherché depuis des années, c'était de l'aide. De l'écoute et de la compréhension. Juste quelqu'un en face de lui pour discuter tranquillement, pas de dédain, pas de jugement, de l'aide. Et bien entendu, la personne qui lui avait paru toute désignée, c'était Leandrà.

Il avait fait ça bien car il n'avait pas eu le culot de croire que ce serait du tout cuit. En vérité, il ne croyait pas vraiment à son oui, car à leur dernière rencontre, si elle n'avait pas paru froide, elle était légèrement distante. C'était tellement compréhensible, avec ce qu'il lui avait fait... etc, etc...

Au Ministère, il avait simplement laissé un petit mot sur son bureau, profitant du laps de temps où elle l'avait déserté, certainement pour une pause toilettes. La note était brève et explicite, tenant en quelques lignes. "Dîner samedi prochain, besoin de te parler". Il avait rajouté le nom du restaurant dans lequel il avait réservé (après une protestation de son budget) et avait signé de son simple prénom. Non vraiment, il y avait peu de chance qu'elle vienne... Enceinte de plusieurs mois à présent, elle avait certainement mieux à faire un samedi soir, et que penserait-elle de la tournure "besoin de toi"? Elle allait le prendre dans le mauvais sens... Il n'avait peut-être pas fait si bien que ça.

Pourtant il était lui-même venu dans ce restaurant, un établissement assez côté, dans le Londres Moldu. La table qu'il avait pris soin de garder se trouvait à l'écart, sous une lumière tamisée du plus bel effet (keuf keuf), et comportait juste deux places, face à face. Tendu, vêtu aussi élégaemment qu'il le pouvait (polo noir, pantalon foncé, ceinture) et presque bien rasé, il attendait Leandrà en consultant régulièrement sa montre. Il avait précisé dans son mot qu'il n'attendait pas forcément de réponse de sa part, mais il commençait à le regretter. Se faire poser un lapin par l'unique personne qui était de son côté - peut-être... - était un nouveau coup qu'il aurait eu du mal à supporter. Et puis ce restaurant coûtait cher, il allait être obligé de commander quelque chose pour ne pas paraître définitivement pitoyable.

Le regard paresseusement tourné vers l'extérieur, à travers la fenêtre couverte de givre et de neige, il profita d'une étrange sensation de chaleur et de confort, dans cette salle chauffée épargnée par les intempéries. C'était une drôle d'impression, le cul posé sur sa chaise molletonnée, il n'était pas non plus au comble du bonheur, mais à l'idée que peut-être, il pourrait épancher son horribleeee mal-être, il parvenait presque à sourire. Et puis... revoir Leandrà... constater l'ampleur de son ventre... Oublier un peu ses problèmes, de plus en plus pesants.

Et fêter dignement son anniversaire. Hé oui. 11 Janvier, voila 36 ans exactement qu'un beau bébé aux yeux verts a vu le jour, et pas une personne pour lui souhaiter sa fête. Apophis avait peut-être envoyé une petite note perverse, mais il avait lancé depuis fort longtemps un enchantement pour empêcher sa bile écrite de l'atteindre. Fort heureusement. Oh, il avait bien reçu un petit quelque chose de sa mère et de son père, mais est-ce que ça comptait vraiment? Amanda l'avait ignoré, et Melissa aussi, plus inexplicablement. Ce que le monde était cruel avec lui, il prenait de plus en plus de rides et de cheveux blancs et tout le monde s'en foutait royalement; 36 ans et pas même trois amis sur qui compter. Il avait besoin de Leandrà.

Nouvelle consultation de sa montre. Elle n'était pas encore en retard, et le serveur ne l'avait pas non plus accosté. Finalement, il avait du temps... Beaucoup de temps, de quoi ressasser ses pensées, encore, encore, comme un rat musqué brasserait les immondices d'un marécage puant.

Un p'tit bout de papier, qui n'était pas la avant qu'elle ne parte pour aller faire son petit pipi. Elle l'avait regardé avec suspicion. Qu'est-ce que ça pouvait bien être? L'écriture lui disait quelque chose mais elle n'avait pas lu tout de suite. Son supérieur? Qu'est-ce qu'elle avait fait comme connerie encore, il n'allait pas ressortir le coup de l'Endoloris, c'était de la légitime défense et puis voilà. Puis Leandrà avait enfin décidé de le lire, pour calmer ses craintes. Et son coeur avait manqué sortir de sa poitrine. Aaron venait de l'inviter à dîner, besoin de lui parler qu'il disait.

Ainsi, elle était rentré directement chez elle, ayant comme excuse le fait de " ne pas se sentir bien". Le fait d'avoir eu le bide sauvagement ouvert quelques semaines plutôt était un avantage dans ces moments la. Pourquoi venait-elle de rentrer? La question se posait bien! Le soir du dîner n'était pas encore arrivé... Tout simplement parce que LadyLys ne se sentait réellement pas bien, nauséeuse, prise de malaise. L'effet Millers. La dernière fois qu'elle l'avait vu, aucun stresse n'avait pu s'installer, tout simplement parce qu'elle avait lu le nom de son -sublime- coéquipier, que deux minutes avant son arrivée.

Le mot, qui faisait office d'invitation, était resté dans sa main depuis sa première lecture, ce qui devait faire plus d'une heure à présent. La jeune femme s'était assise dans la cuisine, exactement à la même place ou , des mois plus tôt, elle s'était tenu face à son... à son ex quoi! Les lettres d'encres étaient sous ses yeux, alors que des heures durant, la Brune s'était gavé de bonbons et de café... Qu'elle avait fini par vomir toute la nuit. L'angoisse, mélangé à une grossesse et à une overdose de sucrerie cafeiné, ça ne faisait jamais bon ménage.

Jour J. Samedi. Elle avait été encore malade toute la nuit. Elle s'était encore posé cent mille questions du genre " J'y vais ou pas? " "qu'est-ce qu'il me veut ceconla?" " Qu'est-ce que j'vais mettre comme chaussures?". Ainsi, LadyLys avait rattrapé sa nuit perturbée tout le restant de la journée. Insouciante et plongée dans le royaume de Morphée, les heures défilaient, et elle se réveilla en sursaut à 18h47, les cheveux en pétard et la tête dans l'coltar, les yeux tout sauf en face des trou, rougi par la fatigue. Elle allait avoir du boulot, pour ce qui était du ravalement de façade.

Et c'était avec cette impression coriace d'être assez souple pour avoir la tête dans l'cul qu'elle migra vers la salle de bain, une bonne douche ça réveille toujours. Leandrà avait manqué de peu le trauma' crânien en sortant de la douche, c'est si vite arriver de glisser sur la flaque d'eau. Puis elle avait du refaire son maquillage quatre fois, car ses gestes tremblants engendraient un résultat plutôt moche à chaque fois. Aaron n'avait pas choisi le moins classe des restaurants, alors il fallait qu'elle soit classe également... Par Gryffondor!!! Qu'est-ce qu'il lui voulait??!!

Après s'être changé trop de fois, jetant chaque vêtement sur son lit, qui devint un bon gros tas dégueulant de tissus. Tout ça pour finalement opter pour une petite robe noire juste serrée sous la poitrine, tout le reste était fait de légèreté, se stoppant au dessus de ses genoux. Son ventre légèrement arrondi était quelque peu visible sur sa silhouette, lui offrant ce petit quelque chose de craquant. Ainsi, la futur maman, après moultes hésitations de dernières minutes et sous les "tunedevraispasallervoircescroutàpetard" de Lilith, elle transplana, direction Londres moldu.

Sa longue veste noire lui tenait bien chaud, et heureusement, car dans la ruelle ou elle s'était rematerialisée, on se les pelait bien. La neige s'était immiscée dans la soirée, venant parsemer de flocon sa chevelure Brune, tirée en une charmante queue de cheval bien haute. Quelques pas dans la neige et la devanture du restaurant s'offrait à ses yeux. D'ailleurs, en parlant d'oeil, celui de droit tiquait légèrement, le stresse était toujours la. Et en plus, elle devait être en retard. La belle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Tant pis, avec tout ce que le Brun lui avait fait, il pouvait bien attendre un peu, seul à une table, comme un mec qui s'attend à chaque instant de voir sa dulcinée, mais de croire fermement au posage de lapin.

Après quelques aller-retour stupides et puérils, sous les regards etonnés des passants, elle se décida à pousser la porte en verre du restaurant. Au début, elle resta planté comme une cruche, laissant la porte se refermer toute seule. Ses prunelles cherchaient, sans trouver. Serait-il déjà parti? Son coeur rata un battement, mais enchaîna sur un rythme effréné, elle l'avait vu. Dans un coin de la pièce, sous une lumière tamisée. Apparemment, lui, ne l'avait pas remarqué. La jolie jeune femme voulu faire demi tour, partir, se dire qu'il allait encore prendre un malin plaisir à la torturer. Mais changea d'avis quand elle se souvint que non, ce n'était pas Apophis, Aaron était diffèrent...

C'était donc d'une démarche peu assurée que l'Auror s'avança vers son coéquipier, sans l'ombre d'un sourire sur le visage. Elle pouvait toujours essayer, mais ça donnerait qu'une vague grimace, alors, autant ne rien faire. En marchant, elle avait levé son manteau. Et plus elle s'approchait, plus elle discernait à quel point il s'était fait beau. Et plus elle comprit que ce jour était spécial, son anniversaire. Non, ça ne pouvait pas être cette raison qui l'ai poussé à invité son ex au restaurant... 36 ou 37? Merde... La Brune s'arrêta devant la table.

« Bonsoir Aaron. »

Elle posa son manteau sur le dossier et s'assit sans attendre quoi que ce soit de sa part. Ses iris se plantèrent dans les siennes, le sondant un instant, sans rien dire. Puis elle sourit, le regard pétillant, preuve qu'elle allait sortir une brave connerie.

« Bon bha ça va, un an de plus, ça ne te change en rien. Bon anniversaire. »

Mouais l'entrée en matière n'était pas terrible, mais c'était ou ça, ou elle le criblait de questions sur le pourquoi il l'avait invité.

Clac-clac-clac. Les yeux d'Aaron fermement scotchés à la fenêtre eurent beaucoup de mal à suivre le mouvement vif de sa tête. Aaron s'était tourné vers la jeune femme brune qui s'avançait vers lui, et la scène sembla se figer l'espace de quelques secondes. Aaron était assis sur sa chaise et fixait Leandrà, qui debout, elle-même le regardait, dans sa grande veste noire et son ventre rebondi. Puis il se leva, histoire d'être poli, sans dire un mot, l'air très gêné, mais Leandrà n'attendait pas qu'il lui tire sa chaise et elle s'installa directement. Après un petit temps d'immobilité et de silence, Aaron fit de même.

- " Bonsoir, Leandrà."

Quand elle eut enlevé son manteau, l'Auror ne se priva pas de yeuter autant qu'il le pouvait son ventre, à peine plus gros que celui d'Apophis. Ca ne poussait pas bien vite... S'il se souvenait bien, pour Amanda...

Non. Ne pas penser à elle.

Le sourire torve de Leandrà le mit légèrement mal à l'aise, et le visage d'Aaron se teinta d'un air grognon. Il attendit la sentence, il s'attendait à quelque chose de très félon, quelque chose qu'elle aurait appris en côtoyant Apophis, donc quelque chose qui touchait juste pour faire du mal.... En même temps, ça aurait été un peu étonnant de sa part, surtout qu'elle avait l'air de bien vouloir passer la soirée avec lui. Déjà, elle avait accepté son invitation, elle avait déposé son manteau, elle s'était calée sur sa chaise.

Ah, ça, il ne s'y était pas attendu. Aaron écarquilla les yeux, les sourcils se haussant haut sur son front, l'air parfaitement hébété. Bien entendu, dans un coin de sa tête, il avait espéré entendre ces mots de sa bouche à elle, mais il avait été persuadé qu'elle ne l'aurait pas dit pour tout l'or du monde. Question de fierté tout d'abord; en tout cas, lui ne l'aurait pas dit. Et puis il ne se souvenait même pas lui avoir fait part un jour de sa date d'anniversaire... Sa mine grincheuse et surprise se volatilisa au bout de quelques secondes pour laisser place à un sourire un peu bancal tout de même.

- " Ah, heu... Merci..." souffla-t-il sans très bien savoir s'il devait prendre ce qu'elle avait dit comme un compliment ou non. "Je pensais que tu t'en souviendrais pas."

Ses yeux ne décollaient plus des siens. Aaron avait bien de la gêne à son égard, et des manières préméditées, et des façons de faire qui trahissaient toujours son malaise, mais jamais il ne baissait les yeux lorsqu'elle était avec lui. Il baissait les yeux avec tout le monde, toujours, mais avec Leandrà, c'était inutile. Il la fixait, n'avait ni honte, ni peur, ni sentiment qu'elle n'appréciait pas ça. Il pouvait la dévorer des yeux, la contempler ou juste la lorgner du coin de la table, et c'était bien. Après s'être légèrement éclarci la gorge, il ajouta:

- " Enfin, c'est pas pour ça que je t'ai invitée."

Les menus étaient déjà déposés sur la table recouverte d'une jolie nappe brodée de soie rouge, et avec un petit geste de la main, il lui indiqua qu'elle pouvait commencer à choisir. Lui-même en prit un et fit semblant de le feuilleter, parce que cela faisait déjà dix minutes qu'il avait décidé quoi prendre. Enfin, ce n'était pas la peine de le faire remarquer à Leandrà.

Après quelques minutes où ses yeux passaient plus de temps à détailler le visage de son invitée que les lignes explicatives des menus raffinés qu'ils servaient dans ce restaurant, Aaron laissa tomber son menu sur la table, et un serveur s'approcha d'eux.

Aaron eut l'image fugitive de cette espèce de rouquin boutonneux à Pré-au-Lard, et quand l'homme se pencha vers eux d'un air docte, un carnet à la main, il fut certain que les deux avaient un lien de parenté. Il échangea un regard avec Leandrà, les coins de sa bouche se tordant très légèrement, et la laissa commander la première. Les prix des menus n'étaient pas mentionnés sur la carte, preuve indubitable de leur caractère onéreux, mais au moins Leandrà n'aurait aucune gêne à demander ce qui lui ferait plaisir.

Une fois que ce fut fait, Aaron commanda une salade simple en entrée, et un filet de boeuf accompagné de sa sauce, et de tout le reste, précisant qu'ils commanderaient le dessert par la suite. Si Leandrà l'envoyait paître quand il lui demanderait ce qu'il avait toujours su qu'il lui demanderait, alors il n'aurait pas besoin de payer de desserts...

Le serveur nota tout ça sur son petit caleppin, hocha la tête d'un air un peu hautain, et s'apprêta à partir, mais Aaron le retint.

- " Eeeet, heu.... Ramenez-nous du champagne."

Mot français, qu'il avait prononcé comme il avait pu, sans forcer sur l'accent. Il savait très bien que ça pouvait faire un certain effet à Leandrà de le voir commander cet alcool des grandes occasions, et d'ailleurs, il l'espérait. Ca ne pourrait que la mettre... hum... De bonne humeur? Mouais.

Le serveur s'éloigna sans un commentaire et ils furent à nouveau seuls, les yeux d'Aaron affrontant toujours les siens.

[ Court résumé, grace au bug intersideral de forumactif, nous avons perdu l'essenciel de nos postes.]

Leandrà, etonnée d'être invitée dans un endroit si chic, avec le champagne en prime, se pose des questions, et n'hesite pas à le faire à haute voix, avec un humour assez etrange. Alors qu'Aaron se decompose sous les paroles de la jeune femme qui vient de pietiner sa demande en mariage, la Belle se rend compte de sa boulette quand il lui jete sechement l'ecrin devant elle. Cette derniere sort du restaurant et revient comme si elle n'était jamais arrivée, une sorte de remise à zero pour tenter d'effacer la boulette. LadyLys force un peu la main à Millers pour qu'il lui dise ce qu'il avait à lui dire. Avec une certaine lassitude, ce dernier lache un " Leandrà LadyLys, veux-tu m'epouser?" .

[/court résumé]

Non, bien sur que son petit manège n'avait pas marché, il n'y avait qu'à voir la tronche que tirait Aaron. Mais c'était pour se donner bonne conscience, voilà tout. Et aussi pour montrer au sorcier qu'elle avait capté qu'elle avait fait une bonne grosse boulette et qu'elle voulait se racheter à tout prix.

Même si elle s'attendait à cette question, qu'il n'y avait plus la surprise, elle avait eu le don de lui serrer le coeur, de faire naitre à nouveau ces piquotements au fond des yeux. La brune n'osait pas sourire, ni même lever les yeux vers lui d'ailleurs! Elle avait même peur de parler, au cas ou elle faisait une autre boulette.

Après une minute de silence assez pesant, ou elle était entré dans une espece de phase d'observation profonde vis à vis de tout ce qu'il y avait sur la table, Lean' fut bien forcé de lever les prunelles. Ce regard pouvait facilement s'apparenter à ceux des cockers, c'était un peu involontaire, mais ne fit rien pour corriger ça. Elle s'eclaircit la voix avec un petit toussement. Elle ne voulait pas vraiment parler, elle ne savait pas trop quoi dire en fait. C'était si etrange, si imprévisible, si incroyable.

« Je ne te cache pas qu'une question me ronge le cervelet... " Pourquoi?" ... »

Y avait de quoi se poser franchement la question. D'abord, pourquoi l'avait-il quitté? Pourquoi la demander en mariage? Pourquoi ?

« Pourquoi me demander ça alors que tu m'as quitté. Pourquoi me demander ça alors qu' "il y a Apophis, il y a la jalousie, il y a " ta famille? »

Ses iris se plantèrent dans les siennes. Il y avait tellement de questions qui lui bouillonnaient dans la tête. Mais comme d'habitude, il n'y repondrait pas, comme d'habitude il allait se buter, se decomposer, et toujours se taire. Dans un geste tendre, la belle attrapa la main d'Aaron et lui sourit. C'était un peu contradictoire avec ses paroles. Mais la situation elle même, l'était.

« Mais, vois tu, je n'attend aucune reponse. Mais la mienne est oui. »

Elle ressera un peu sa main dans la sienne, peut être le coup de l'émotion. Etrangement, elle se sentait un peu seule, plongée dans ses sentiments, mais elle preferait ignorer cette sensation, pour le moment.

« Oui, Aaron Millers, je veux devenir ta femme. »

Pour combien de temps, elle n'en savait rien, mais si on se pose ce genre de questions des la demande, ça annoncerait un avenir pas très glorieux pour leur relation. Leandrà ne se leurrait pas, il ne pouvait pas avoir oublié sa Amanda en si peu de temps, alors, pourquoi ce changement de situation? Peut être, qu'au final, c'est bien en perdant une personne qu'on comprend qu'on l'aime.

« Mon pauvre... prends-tu conscience que tu vas avoir comme epouse, un veritable boulet? »

Le regard rieur posé sur lui, elle se servit un peu de champagne et porta la coupe aux levres. Déjà que sa vie avait pas mal changée ces derniers temps, ce nouvel evenement allait surement en rajouter une bonne couche. Bordel en vue.

Aaron avait l'étrange impression qu'un troupeau d'hyppogriffes poursuivis par une fée en slip venait de piétiner sa demande en mariage, avant de se rendre compte que ce n'était que Leandrà. La première fois, c'était un peu plus compréhensible venant d'elle, elle avait juste gaffé, elle ne s'y était tout simplement jamais préparé, n'y avait jamais cru. Ok, il comprenait, il pardonnait, ça pouvait arriver à tout le monde, et son petit manège était finalement plutôt drôle, même si tous les regards étaient tournés vers eux, ces regards de bourgeois enfarinés.

Mais là, il avait un peu de mal à déglutir. Il venait de prononcer les mots irrémédiables, qu'il ne pourrait jamais effacer, sa deuxième demande en mariage, solennelle et figée dans le temps pendant que les musiciens du restaurant entamaient une ballade... et Leandrà ne répondait pas. Elle avait baissé les yeux, et gardait le silence, un silence qu'Aaron n'osait pas briser tant il lui paraissait austère.

La bouche un peu ouverte, son propre regard se posant un peu partout, il osa enfin se déplacer dans la mesure où il observa le reste de la savoir pour voir s'il n'y avait pas trop de gens qui se marraient dans son dos. C'était très humiliant. Qu'elle lui dise non immédiatement, si elle ne voulait pas se marier avec lui, il aurait compris nom d'une pipe. Mais là, ne rien dire, ne pas réagir, c'était tellement douloureux qu'il avait envie de l'attraper par les épaules et de la secouer en lui hurlant à l'oreille le prix que lui avait coûté sa superbe bague de fiançailles. Décidant de se montrer aussi indifférent que lui, il plongea sa fourchette dans sa salade et se mit à ruminer dans son coin, le visage grognon, en laissant échapper divers mots tels que "groumpf" et "nanmairohh".

Mais quand Leandrà leva enfin les yeux et s'éclaircit la gorge, Aaron interrompit tout ce qu'il était en train de faire et reposa lentement sa fourchette en happant le morceau de salade qui restait insolemment accroché à ses lèvres ("Noooon, ne me mange pas, NE ME MANGE PAS!"). Silencieux, il écouta ce que la brune avait à lui dire et crut se liquéfier sur place.

Généralement, quand on demande quelqu'un en mariage, on s'attend en réponse à "Oui", "Non", ou encore "Ouhouh, huhuhuhuh, alors là, hahaha, hihihihihi!!!", mais pas à "Pourquoi". Pourquoi, de ce ton désespéré, comme celui qui a tout perdu et qui au bord de la falaise s'adresse au ciel en pleurant. Comme un enfant récalcitrant qui n'a pas envie de faire ce qu'on lui dit. Le visage d'Aaron s'était figé mais un léger tic nerveux agitait son oeil droit.

Il n'arriva tout simplement pas à répondre et laissa couler le déluge en l'observant, en l'écoutant, se détendant peu à peu à mesure que la sincérité et la générosité de Leandrà lui réapparaissaient. Elle ne cherchait pas à lui faire mal, ou a le torturer, juste à se rassurer... Parfait. Il allait remplir ce rôle à merveille, et en tant que futur mari, la rassurer, la protéger serait son devoir...

Avec une certaine émotion qu'il cacha au plus profond de lui-même, il la laissa prendre sa main dans la sienne et la serrer, en souriant légèrement. Du pouce, il lui caressa la peau, son regard dans le sien, prêt à la sentence... qui s'avéra aussi douce que l'était sa peau de lait. Elle disait oui, elle acceptait sa proposition, elle voulait devenir sa femme. Envers et contre tout-s.

« Mon pauvre... prends-tu conscience que tu vas avoir comme epouse, un veritable boulet? »

Il se mit à rire, dans un état de félicité absolue, satisfait de tout, de la voir boire du champagne, de savourer son regard, de la musique, de l'éclairage, des rideaux bordeaux et de la nappe rouge, de la salade au fond de son estomac ("Ne me digère pas, NE ME DIGERE PAS!"). Tout lui apparaissait tellement plus beau et plus facile, le goût dans sa bouche n'était pas que de cendres, il voyait autrement qu'en noir et blanc, ou en rouge sang; les couleurs revenaient, les saveurs, les parfums, et la femme en face de lui allait devenir la sienne. Yeah.

- " Je m'en rends compte, ouais. Ca me fait pas peur. J'adore les challenges." ricana-t-il avant de prendre une mine plus sérieuse. "Mais, heurrrh, tu me demandais pourquoi... Tu dis que tu ne veux pas de réponse, je vais quand même t'en donner une."

Il but une gorgée de champagne, sans lâcher la main, pour se donner un peu plus de cran, pour délier sa langue.

- " Alors déjà... J'exclue le "pour me faire pardonner" gnagnagna... J'avais déjà cette idée dans la tête depuis un bon moment mais... il s'est passé ce qu'il s'est passé... Et puis y'avait tout le bordel avec Amanda d'un autre côté... Disons que tout ça m'a fait réfléchir. Et puis c'est pourtant simple."

Il baissa un peu les yeux, toussota pendant qu'il murmurait:

- " Jet'aimeLeandrà. Et heu..." reprit-il plus intelligiblement. "J'ai compris... c'est vous deux, ma famille."

La tête lui tournait quelque peu. Il ne savait pas s'il devait mettre ça sur le compte du champagne qu'il avait ingurgité, ou parce que ce qu'il disait n'était jamais sorti de son cerveau jusque là. Il avait l'impression de se trouver dans une mauvaise série où le protagoniste principal avoue enfin tous ses sentiments, où l'héroïne n'en peut plus de pavoiser, et où au final, elle accepte, et qu'ils se retrouvent sur le parking à faire l'amour sauvagement sur le capot de la voiture du serveur roux et laid sans connecteur logique. L'alcool aidant, certainement.

- " Enfin voila. Faudrait qu'on voie pour le mariage, où, quand, comment... Plutôt un truc intime, si ça te dérange pas... Et j'aimerais que tu te dépêches de devenir madame Leandrà Millers, histoire que mon fils ne s'appelle pas LadyLys..." fit-il d'un ton moqueur. "D'ailleurs, si on l'appelait Aaron Junior?? Aaron Jr Millers... Quelle classe!"

« Je m'en rends compte, ouais. Ca me fait pas peur. J'adore les challenges. »

Non mais la, c'était plus qu'un challenge, mais plutot un Kho Lanta version sorcier, et en beaucoup plus epprouvant. Elle se mit à rire, elle aussi, avec beaucoup de tendresse, sans le quitter des yeux. Puis elle se calma en même temps que la mine d'Aaron redevint plus serieuse.

« Mais, heurrrh, tu me demandais pourquoi... Tu dis que tu ne veux pas de réponse, je vais quand même t'en donner une. »

Elle ne cacha pas son etonnement. En effet, elle releva un sourcil, à l'ecoute de ce qu'il allait dire, de ses justifications peut être? Elle lui avait pourtant dit qu'elle n'en voulait pas. Leandrà ne voulait pas de reponse, tout simplement parce qu'elle avait cru dur comme fer qu'il n'en donnerait pas, comme il l'avait toujours fait.

« Alors déjà... J'exclue le "pour me faire pardonner" gnagnagna... J'avais déjà cette idée dans la tête depuis un bon moment mais... il s'est passé ce qu'il s'est passé... Et puis y'avait tout le bordel avec Amanda d'un autre côté... Disons que tout ça m'a fait réfléchir. Et puis c'est pourtant simple. »

Amanda. Comme ce prénom la faisait doucement rire. La jeune femme n'avait jamais été du genre à se moquer du malheur des autres, mais la, c'était tellement jouissif. Pour une fois, l'amante en est sorti gagnante. D'habitude, le mari vagabond regrete en pensant à son passé avec son épouse, et fini par quitter sa maîtresse. Mais cette fois, l'epoux avait quitté femme et enfant, pour passer la bague au doigt à une autre. Elle avait presque envie d'en ricaner.

« Jet'aimeLeandrà. Et heu... » « J'ai compris... c'est vous deux, ma famille. »

La douceur de ses mots, même ceux qui étaient presque inaudibles, la sortirent de ses pensées dirigé vers la porteuse de cornes. Jamais une seule fois un homme lui avait dit ça. Si on met de côté la periode d'adolescence à Poudlard, ou les garçons de son âge lui ecrivaient des petits parchemins d'amour, emprunt de sentiments ephémères. Non, elle n'essuya pas les larmes qui avaient perlé aux bords de ses yeux. Des larmes de bonheur, un sourire gêné et les mains tremblantes.

« Enfin voila. Faudrait qu'on voie pour le mariage, où, quand, comment... Plutôt un truc intime, si ça te dérange pas... Et j'aimerais que tu te dépêches de devenir madame Leandrà Millers, histoire que mon fils ne s'appelle pas LadyLys... »

Elle se mit à rire avec lui. Leur fils... parfois, elle oubliait presque la présence de ce petit bout de choux qui poussait dans son ventre. Toujours par reflexe, elle se mis à carresser doucement ce dernier.

« D'ailleurs, si on l'appelait Aaron Junior?? Aaron Jr Millers... Quelle classe! »

Grand sourire plein de dents. Oui classe, mais ça faisait très repetitif, non? Il était bien vrai qu'elle n'avait jamais pensé à un prénom encore. Peut être parce que ce genre de chose se trouvait avec le père de l'enfant. Inconsciement, avait-elle attendu son retour?

« Oui oui, classe. Mais ça fait très... vieille famille de sang pur totalement coincé, tu ne trouve pas? » Elle fit mine de reflechir. « Gabriel Millers. Ca sonne bien je trouve. » Dit-elle, d'un air reveur. « Et puis si tu veux caser un Aaron quelque part... »

Une envie soudaine d'aller le prendre dans ses bras, de l'embrasser, de passer sa nuit à ses côtés, comme avant. Et dire que bientot, elle pourait passer toutes ses nuits avec lui, dans ses bras. Tous ces moments ou elle pourait se moquer interieurement de l'autre glande. Tant pis pour elle si elle n'avait pas réussi à le garder, elle n'allait certainement pas culpabiliser. Non, Leandrà comptait bien profiter de son bonheur jusqu'au bout.

« Pour ce qui est du mariage. Le plus tôt sera le mieux... Je ne crois pas que les robes de mariage pour baleine, ça existe. »

Elle baissa le regard sur son ventre et haussa les epaules dans un sourire. Oui, effectivement. Peut être était-elle encore belle et mince à present, mais d'ici peu, son ventre allait s'arrondir, s'arrondir... A un tel point qu'elle serait obligé de porter les chemises d'Aaron et autres t shirts détendu pour ne pas se sentir à l'etroit. Alors, à part se marier en pyjama XXL, il vallait mieux le faire dans peu de temps.

La Brune se leva et fit le tour de la table. Sur son dos pesait encore les regards de moldus qui s'etonnaient de tout le merdier que pouvait faire ces deux la. Et sans hesitation, elle embrassa tendrement son futur epoux, en se moquant des protestations etouffés des tables voisines, comme s'ils n'avaient jamais embrassés leurs maris, toutes ces prudes la! Elle passa ses doigts dans ses cheveux, le regarda amoureusement, puis retourna s'asseoir, comme si ne rien était. Elle avait envie, voilà tout. Et on ne va pas contre ce genre de pulsion.

« Hmmm, dans un mois ou deux... Je pense que j'entrerais encore dans un jolie robe jusque la. » Elle fit une legere pause. « Je souhaiterais juste qu'on en sache un peu plus l'un sur l'autre. On a un peu de temps pour ça. »

Oui, parce qu'au final, ils ne savaient pas grand chose l'un de l'autre. A part qu'ils connaissaient leurs corps par coeur, pour ce qui était de leur passé, c'était plutot creux. Mais avec le temps, les futurs mariés allaient bien se connaitre sur le bout des doigts, non?

Comme il était plaisant de la voir approuver ce qu'il proposait, de l'entendre dire qu'elle était d'accord, qu'il avait raison, et qu'ils se marieraient vite, pour le meilleur et pour le pire. Sachant que le pire, il avait déjà donné, et que Leandrà n'inspirait pas beaucoup le malheur, plutôt la serrénité absolue, leur mariage serait le bâteau sur un long fleuve tranquille. Il se mit à imaginer Leandrà dans une splendide robe de mariage, avec son joli ventre rond - certes, il ne fallait pas attendre trop longtemps - et eux deux devant l'autel, qui se promettaient monts et merveilles réciproquement. Un sourire, un peu béat, étira ses lèvres alors qu'il buvait, buvait encore ce champagne délicieux qui réchauffait sa gorge et son ventre.

- " Vieille famille de Sang Pur? Moui, si tu le dis..." fit-il en haussa les épaules d'un air faussement déçu. "Mais j'avoue que Gabriel... C'est parfaitement convenable. Gabriel Millers. Aaron, Leandrà et Gabriel Millers... Ca te fait rêver, heeein?"

Aaron, tout le monde le savait, n'avait jamais été un grand rêveur qui se repaissait du bonheur et de jolis projets d'avenir, et il n'avait pas pu s'empêcher d'afficher un air sarcastique alors qu'il disait cela, comme si une partie de lui-même restait sceptique et inaltérable. Pourtant, c'était vrai, Gabriel était un joli prénom, ça faisait penser à l'ange Gabriel, c'était doux... Mais l'amertume de son éprouvante vie ne quitterait jamais vraiment Aaron, et il se souvenait de son premier fils quand il observait le ventre rond de Leandrà....

Mais non. Non, pas ce soir, pas aujourd'hui, plus jamais. Il ne voulait pas se laisser enselevir encore et toujours de remords, de culpabilité, et le tutti quanti, surtout à présent que celle qu'il aimait - oui oui, il l'avait avoué - venait d'accepter sa demande en mariage. Alors exit Amanda, exit ses problèmes, il venait de sautiller gaiement vers une nouvelle vie.

Ses yeux se plissèrent quand Leandrà se releva - il avait un peu peur qu'elle ressorte du restaurant et rerentre pour lui dire bonsoir. En fait, elle s'approcha de lui, enfonça sa main dans ses cheveux et se mit à l'embrasser devant tout le monde, collant du rouge à lèvres sur sa propre bouche, dévoila là la passion et le désir qui le rongeait lui-même, et qui serait le ciment de leur mariage. Quand elle se détacha de lui, il surprit les regards des autres clients outragés - une mère avait caché les yeux de son fils - et il se sentit un peu gêné. Ses cheveux étaient complètement ébouriffés, la trace du maquillage de Leandrà ne s'enlevait pas de son visage, et il paraissait un peu paumé. La jeune femme, elle, se rasseyait lentement, posément. Dans sa tête, il y avait une main qui appuyait nerveusement sur la télécommande pour mettre avance rapide jusqu'au moment où le couple forniquait sur le parking. Gloups.

« Je souhaiterais juste qu'on en sache un peu plus l'un sur l'autre. On a un peu de temps pour ça. »

Oh. C'était un peu plus embarassant encore que leur tout récent baiser. Il trouvait cette question un peu déplacée, un peu trop difficile, et se sentait tel l'élève pendant un examen qui se creuse les méninges pour répondre. Qu'est-ce qu'il pourrait bien lui dire sans qu'elle n'ait l'envie soudaine de le fuir comme la peste, comme l'avait fait Amanda? Que pourrait-il faire ensuite...? Et puis, il avait toujours cru que Leandrà le connaissait mieux que quiconque... Apparemment, il s'était trompé.

- " On a du temps, c'est vrai..." répondit-il prudemment. "Et on se connait déjà beaucoup, tu ne crois pas?"

Rha zut, il avait l'impression de se trouver en pleine psychothérapie pour couple. Il adoucit ses paroles d'un sourire tendre, en se demandant très sérieusement quelle était la réponse qu'attendait Leandrà. "Salut, je m'appelle Aaron, tu peux m'appeler Aa', je suis alcoolique et dépressif, je connais pas beaucoup de positions sexuelles, je ronfle, je bave en dormant, je n'aime pas faire les courses, je ne sais pas enfiler les préservatifs, je ne sais pas changer les bébés, je m'habille plutôt mal, j'adore prendre des bains à deux, je ne supporte pas l'odeur de tes cigarettes, des fois je trouve que tu t'habilles trop court, et sinon je ne vois plus ma mère et j'espère que la tienne ne sera pas trop possessive". Là, pour le coup, elle le connaîtrait vraiment, il commençait un peu à comprendre ce qu'elle entendait par là. Après tout, leurs visites fugitives l'un à l'autre n'avaient rien à voir avec une vie commune. Tiens au fait, chez qui allaient-ils vivre...?

Aaron se redressa un peu sur sa chaise.

- " Et si on y allait dès maintenant?" murmura-t-il. "Pas que je sois radin au point de te priver d'un dîner à mille gallions, mais j'en peux plus de cette atmosphère coincée et... J'ai très envie de toi."

Car après tout, il y avait des choses beaucoup plus urgentes que d'avouer à Leandrà qu'il ne ferait pas le ménage...

[Edit exigé par Leandrà parce que c'est qu'une feignasse]

Aaron se leva, un petit air énigmatique au visage, attrapa la main de Leandrà pour l'attirer à sa suite, et se pressa vers la sortie du restaurant dans le but évident de s'enfuir sans payer.

Au passage, il donna des coups de pied aux rouquins et aux femmes à barbe et courut dans la rue en chantant I sinninegue ine ze raineuh.

Fin.

» Tout débute où je le désire... [PV Léandrà puis libre]
» Blond Story [PV]
» Chez des Sang mêlés [PV Leandra]
» Revenge is so sweet {{Apophis, Leandrà & Cellulette
» Installation [PV: Ma chtite Leandrà ... puis Libre qui veut]