Tout le monde à son poste...

Nous étions le premier septembre, date fatidique à laquelle les élèves allaient envahir les couloirs Poudlardiens pour le plus grand dam de Rusard.
Cette année, il avait décidé d'être particulièrement intransigeant avec cette bande de jeunes délurés et, pour commencer sur de bonnes bases, rajouté une petite dizaine de noms à la liste des objets interdits dans l'enceinte de l'école.

Ladite liste était affichée, bien visible, au mur à côté de celle du top ten des élèves "à risque" (ou plutôt plus à risque que les autres puisque tous les élèves sont dangereux, il faut le savoir), liste sur laquelle figurait notamment Potter, Granger et Weasley, qui s'étaient crus très malin en sauvant (soi disant) le monde en juin dernier alors qu'en réalité, ils avaient juste fait preuve d'une stupidité supérieure à la moyenne et d'une tendance suicidaire inquiétante.

Rusard s'assit à son bureau et, posant les coudes dessus, croisa les doigts avec satisfaction avant de plisser les yeux, se donnant ainsi une mimique qui accentuait sa ressemblance avec Miss Teigne. Le félin en profita d'ailleurs pour lui sauter sur les genoux, lui enfoncer les griffes dans le pantalon et ronronner de contentement. Y'avait pas à dire, mais dans sa petite cervelle de minou, courser les élèves était plus amusant que chasser les souris, ne serait-ce que parce qu'il y a plus à manger sur un élève.

Le concierge gratta l'animal derrière les oreilles (dont l'une était déchiquetée, la faute à un élève récalcitrant qui refusait de se laisser déchiqueter sympathiquement, quel manque de reconnaissance !) avant d'ouvrir un tiroir.
Il contempla avec amour les martinets soigneusement rangés et étiquetés qui s'y trouvaient avant d'écraser une petite larmouille de déception à l'idée que Dumbledore avait encore refusé de réintroduire les punitions corporelles.

*L'a vraiment rien compris à ce que doit être l'éducation des jeunes, de nos jours ! De mon temps, vingt coups de fouet tous les soirs et l'autorité était respectée mais aujourd'hui, les gosses sont élevés dans de la guimauve !*

[hj : Etant donné qu’il y a eu une plainte auprès du professeur Rogue, je me dois d’honorer ma colle. Pardon d’avoir oublié, disons que c’est devenu une méga colle maintenant (à laquelle s’ajoute celle donné par Alex au bal…)]

Quel moment monstrueux Drago allait passer ! Sa première colle avec Rusard et il la redoutait !!! Jusqu’à présent il avait eu la présence d’esprit ou plutôt la chance d’avoir évité le concierge et de n’être tombé en colle qu’avec McGonagall…

Bref ! Quoi qu’il en soit le moment promettait d’être fort désagréable. Et c’est avec une grimace de forte, très forte désapprobation que Drago poussa fort la porte de la salle de colle… Il la poussa tellement fort qu’il manqua de se casser la figure tellement elle s’ouvrit facilement. A croire que le concierge passait sa vie à huiler sa porte en attendant que les élèves la franchissent enfin. Se raccrochant désespérément à la poignée pour ne pas se ramasser, il se redressa lentement et chercha le concierge du regard.

Il ne fut pas difficile à trouver… Un regard, un sourire, une tête de sadique posée sur un corps de criquet habillé par des chiffons huileux. Mon dieu mais comment sont recrutés les concierges !!! Ras-le-bol de la discrimination positive ! Quand est-ce qu’on pourrait évoluer avec des gens propres, beaux, correctement habillés et de taille normale dans cette école ???

*Aaaah, quel supplice !!!*

Coup d’œil vers les sièges… Il n’était un secret pour personne que le concierge regrettait la douce époque où les élèves indisciplinés se faisaient fouetter avec des orties. Drago était certain qu’il ferait son maximum pour rendre sa colle la plus inconfortable physiquement possible. Rien que les sièges avaient l’air archi dur ! Ca n’aurait pas étonné Drago que des clous rouillés en sortent d’un peu partout et il se promis de faire très très attention à sa petite personne pendant la colle.

*Mais que fait Gunther*

Il resta planté droit comme un i, regardant le concierge dans les yeux, le visage archi-fermé… Il ne dirait pas bonjour, il ne dirait d’ailleurs pas un mot de toute la colle, c’était un défi personnel qu’il venait de se lancer…

(HJ : Oups ! Désolée, je n'avais pas vu qu'il y avait un post... Mais ça me fait tellement plaisir d'avoir Malefoy en colle que je me dois de répondre ! Souffrez, betits chenabans ! )

Rusard avait esquissé un fin sourire qui en disait long sur ce qu'il avait réservé à Malefoy pour sa mauvaise conduite. Le concierge se moquait pas mal que sa petite victime parle ou non, en fait, il ne tenait pas particulièrement à entendre le son discordant c'est l'âge qui veut ça mélodieux de la voix du jeune garçon. Les petits voyous dans son espèce devaient avoir la langue coupée pour apprendre le respect !
Assis à son bureau avec des airs de Pacha quand le Serpentard était entré, Rusard posa les coudes sur la table et croisa les jambes, la mine extrêmement satisfaite : cette fois, même Rogue avait dû se plier à la loi de l'école et reconnaître son bon droit. Pourtant, de la part d'un voleur de nounours et d'un lanceur de rumeurs (il n'était pas du tout amoureux de Mme Pince, enfin, c'était évident ! ) il s'était attendu à plus de protestations... D'autant plus que Malefoy était son petit favori. Raison de plus pour en profiter pendant qu'il le tenait.

- Aaaah ! Malefoy, aboya-t-il avec fougue, on dirait bien que cette fois-ci, le professeur Rogue n'a rien pu faire pour vous sauver la mise, hein ? Il serait temps d'apprendre à assumer vos actes, graine de chenapan !

Insulter ainsi Malefoy sans qu'il puisse se défendre lui donnait un sentiment de toute puissance très agréable. Il allongea les jambes sous le bureau et tira une clef d'une des nombreuses poches de sa redingote.
Sans quitter Malefoy des yeux, il l'introduisit dans le troisième tiroir de son bureau, celui où se trouvait la photo de Madame Pince en maillot de bain, une photo purement amicale, bien entendu, et en tira une brosse-à-dent qui, si l'on en jugeait par le peu de poils qui restaient dessus, avait servi plutôt deux fois qu'une. L'ustensile était, en outre, assez sale et plutôt petit. Rusard retint de justesse un ricanement digne du méchant dans James Bond et posa la brosse en face de Malefoy.

Puis, plongeant à nouveau la main dans le tiroir, il en retira un pot de cire qui devait pourrir là depuis des lustres et ne plus nettoyer grand chose. D'ailleurs, si l'on en jugeait pas la légéreté du pot, son contenu devait être extrêmement réduit.
Avec précaution, Rusard le plaça aux côtés de la brosse. Le dessous du pot était couvert de cire séchée et poisseuse et Malefoy risquait fort de s'en mettre plein les doigts. A nouveau, il dut se contenir pour ne pas laisser échapper un petit rire froid et sec de mauvaise augure.
Après avoir refermé le tiroir, non sans avoir lancé un coup d'oeil humide à la photo de Madame Pince, un coup d'oeil purement amical, c'est évident, il reprit d'un ton mielleux :

- Voici vos outils, Malefoy, vous allez me faire le plaisir de cirer tous les parquets du second étage parfaitement... Vous avez des questions ?