Bal de Noël

Siegfried se laissa prendre la main sans broncher. Heaven avait dressé comme une barrière entre eux, comme une protection pour ne plus être blessée, et il n’était pas question d’enfoncer cette carapace. Si seulement elle n’avait pas oublié ! Oublié l’enlèvement, la séquestration, et tout le reste ! Enfin, ça ne servait à rien de se plaindre, les nouvelles règles du jeu étaient là, et il fallait s’en sortir comme ça. Les coupables de cette petite contrariété seraient punis… Le temps voulu…

« Ne t’en fais pas pour cette femme Heaven, elle est… En dehors du jeu, définitivement, et sans aucun espoir de retour. »

Morte de chagrin dans les sombres geôles d’Azkaban d’ajouta t il mentalement. Il n’en éprouvait aucun regret, c’était bien là le signe qu’il était complètement guéri. Le contacte de la main de sa camarade dans la sienne était une sensation autrement plus plaisante qu’autrefois. Jamais il ne s’était aperçu que ce contacte pouvait être délicat et galvanisant. Oh, il n’allait pas devenir fleure bleue pour autant bien sur, juste, le gout des sens prenait un autre tournant pour lui.

Siegfried se libera néanmoins de la main de sa partenaire, et saisi deux coupes de Xérès. Enfin, deux coupes d’un cocktail à base de xérès, certainement fourni et sponsorisé par le professeur Trelawney en personne, et certainement à petite dose ! Il y avait de jeunes premières années dans ce bal quand même. Il tendit l’une des deux coupes vers Heaven.

« Il faut profiter de cette soirée, le temps va passer rapidement, et je serais bientôt sorti définitivement de cette école. Dans deux ans et demis tout au plus. Le temps va passer plus vite qu’on ne le croit, ça passe toujours trop vite. J’ai l’impression que c’était hier que je te recrutais dans l’équipe de quiditch, une première année recrutée par un capitaine deuxième année. »

Maintenant que la formule de jouvence était perdue à jamais, Siegfried avait une sorte d’obsession du temps qui passe. Devenir adulte le dérangeait comme avant, mais que pouvait il y faire ? La seule façon qu’il aurait pu avoir d’échapper à la fatalité du vieillissement avait finalement été la source de tous ses malheurs, et il ne pouvait même pas partager cette souffrance avec Heaven puisqu’elle avait oublié tous les éléments clefs de cette histoire.

« J’y pense Heaven, tu ne m’as jamais dis ce que tu comptais faire une fois que tu serais diplômée. Je n’arrive pas à t’imaginer en mère au foyer… Mais j’ai aussi du mal à cerner tes ambitions… La politique peut être ? »

Le miroir renvoyait l’image d’un jeune homme d’environ 17 ans, sûr de lui. De grands yeux bleus, plutôt expressifs, une peau au teint frai et net (hihi à bas l’acné !!!), des cheveux blonds à peine longs de façon à être légèrement mis en bataille si nécessaire. Ce soir, c’était d’ailleurs l’effet qu’avait recherché le jeune homme qui observait son reflet dans la salle de bain de son dortoir. Une fois satisfait, il quitta la pièce avec pour seuls vêtements sa serviette autour de sa taille. La plupart de ses potes étaient déjà près, lui, il préférait aller à son rythme plutôt que suivre tout ce peuple dans sa démence… Bref, il se vêtit d’un boxer (pour commencer) et saisit ensuite un pantalon de costume dans les tons beiges (parce que tout le monde s’habille en noir chez les mecs et que c’est trop la loose quand on est bien dans le rang comme ça. Erwan préférait ressortir un peu, c’était après tout une des choses qui lui permettait de se faire remarquer par de jolies nanas ! (Même si ce soir, il ne pensait pas aller voir ailleurs puisqu’il semblait évident qu’une folle soirée allait l’attendre…). Torse nu, il se passa du déodorant, et, pensif, sortit sa chemise blanche de sa penderie. Il discuta un moment avec Shawn et, finalement, enfila sa chemise tandis que son ami quittait la pièce. Erwan sourit doucement, prenant ce qu’il fallait dans la poche de sa veste (oui oui, il n’avait pas prévu de passer toute la soirée au bal :p). Enfilant ensuite la dîte veste, il fut près alors que 18h45 sonnaient… Ouai, il serait à l’heure. Prenant sa montre en argent, il la passa à son poigné et après un dernier coup d’œil à son reflet, quitta la salle commune des Poufsouffle pour rejoindre les sous-sols.

Le jeune homme rejoignit le hall d’entrée légèrement en avance (autant mettre la belle rousse dans de bonnes conditions dès le début après tout ^_^). Il aurait bien fumé une petite cigarette pour oublier qu’il était censé attendre la miss, mais voilà, c’était interdit à Poudlard et les profs et préfets étaient partout, alors… C’était vraiment nul -_-. Adossé à un pilier, l’air nonchalant, il vit Luca arriver avec… un serpentard. Non, elle ne lui aurait pas fait ce coup *_* (là ça se payerait cher ma petite rouquine, parole de blaireau !). Lorsque la rousse croisa son regard, elle sembla le fusiller un instant, et il fut aussitôt rassuré. Ok… Alors ça ce devait être la sœur (comment ça on dit ‘elle’ et pas ‘ça’ ?). Rasséréné, il oublia son ‘stress’ du moment et finalement, sa rousse arriva dans le hall et il lui adressa un sourire de sa place sans se déplacer pour autant (on n’abuse pas, hein ? Elle peut bien se ramener elle aussi !). Ben quoi ? Erwan n’avait jamais prétendu au titre de ‘gentleman jusqu’à preuve du contraire !! La rousse arrivée devant lui, il sourit et se pencha vers elle, l’embrassant seulement sur le coin de la bouche. Bon, évidemment, il ne s’en contenterait pas, rien que sa robe qui lui allait juste étonnement bien (non pas que ce soit étonnant qu’une robe lui aille, mais plutôt que cette fameuse robe mettait (trop ?) bien les formes de la belle en valeur…) lui donner plus d’idées mais bon… c’était pas le moment… pas encore. Une chose était sûre, Luca était à tomber. Il ne le lui dit pas cependant, elle comprenait après à quel point elle avait fait bonne impression . Le jeune homme se contenta donc de souffler à l’oreille de la jolie demoiselle :

« Salut… »

Puis, glissant sa main au niveau des hanches de sa cavalière, il du se faire violence pour ne pas déjà s’éclipser avec elle et, ferme mais doux à la fois, il la guida vers la Grande Salle.

A peine arrivée dans la Grande Salle que déjà la rouquine riait avec son jeune ami. Ce qui était bien avec Kain c’est qu’aussi Don Juan puisse-t-il être, la relation qui les liait tous deux n’était en aucun cas ambiguë. L’un comme l’autre ne voyaient en le second qu’un ami et rien de plus. Pour Kain, Ruth était un mec, et pour la rouquine, Kain était juste un gars parmi tant d’autres. Si Luca était le genre de fille qui allait facilement vers autrui, Ruth restait extrêmement méfiante avec les hommes… Elle avait vécu la plupart de ses histoires via sa sœur, pour l’aider à se débarrasser d’un copain trop collant… Mais tout s’arrêtait là pour la jeune femme. Il s’agissait sans doute là d’un des plus grands point de divergence des deux jumelles… Si physiquement elles étaient toutes deux parfaitement identiques, elles n’avaient absolument pas la même façon de voir les choses. Là où Luca s’amusait à charmer, Ruth préférait reculer, comme si au fond s’engager l’effrayait (ce qui n’était pas faux, d’ailleurs…).

Alors que la rousse observait la salle et ses occupants, elle sourit à son cavalier :

« Alors dis moi, t’as l’intention d’en embarquer une ce soir ? »

Oh ce n’était pas un reproche et elle n’en voudrait pas à son ami s’il finissait la soirée avec une autre… Elle le connaissait un peu (quand même, depuis le temps !!!) et savait qu’il avait quand même besoin de plaire et, surtout, de se sentir admiré par toutes les demoiselles qui croisaient son chemin… la rousse observait les autres filles sans méfiance. Elle savait ce qu’elle valait et ce qu’elle voulait. Ce soir, elle n’avait personne à séduire, et laissait volontiers tous les mecs du château aux autres filles. Soupirant intérieurement, Ruth se surpris à espérer trouver un jour chaussure à son pied avant d’écarter d’un sourire amusé cette idée de sa tête. C’était stupide ! Elle trouverait quand le moment serait venu et puis c’est tout. Elle n’avait pas envie de se forcer si personne ne lui plaisait non plus !

C’est sans méfiance qu’elle vit Wendell Dory s’avancer vers eux. La rousse ne s’attendait absolument pas à ce qu’il vienne lui parler puisqu’ils étaient de simples camarades d’une même maison… Jamais ils n’avaient eu de vraie conversation aussi ne comprit-elle pas pourquoi, tout à coup, il semblait foncer droit sur elle, ses yeux ne quittant point sa personne. La rousse, mal à l’aise tout à coup, souffla à son cavalier :

« Eu… Dory doit te casser la gueule ou vous êtes amis depuis peu et tu me l’as caché ? »

Ben quoi ??? Il y avait de quoi se poser des questions là tout de même o____O. La rousse n’était pas la seule à fixer le jeune homme à présent, puisqu’il semblait fendre la foule sans se soucier des personnes présentes sur son chemin, s’attirant quelques regards noirs (et ce n’était pas spécialement du au mascara, ni même au crayon… non non ^^’) au passage.

*Ca doit être là, le moment où je dois trembler de peur et partir en courrant j’imagine ?*

Lorsqu’il s’arrêta à sa hauteur, et qu’il lui adressa la parole avec une drôle d’expression au visage (c’est ça ton sourire mec ??? Huhu, vas falloir bosser dessus mon grand, c’est pas encore ça, si tu veux mon avis…). Alors qu’il lui tendait son bras, elle comprit qu’elle avait fait fausse route précédemment.

*Ah ben non, c’est là que j’ai le droit de hurler, partir en courant, voire même perdre connaissance pour la forme… génial.*

Fronçant les sourcils, la rousse répondit au jeune homme avec colère :

« Non mais qu’est ce… je suis déjà… »

En réalité, ce n’était pas pour Kain qu’elle s’inquiétait (oh que non, il était du genre à se dégoter une nana plus rapidement encore qu’une fille trouve son premier article soldé). Mais disons qu’elle n’avait pas du tout apprécié la ‘façon’ dont la demande avait été formulée. Puis, le s’il te plait qui change tout se fit entendre et elle serra les dents, n’étant pas du genre à fuir face aux complications (au contraire, elle avait tendance à les attirer et à les adorer, alors…)

« Bien. »

Elle prit son bras, tout en se tournant vers Kain, se demandant s’il comprenait tout (Ruth en tout cas n’avait pas tout saisit encore…)

« Eu je reviens ok ? Enfin, si tu fais d’autres projets pour ta soirée, tu viens me prévenir comme d’habitude ? »

Ouai, ils avaient leur code quand ils allaient en ville ensemble et que Kain se trouvait une fille pour la soirée… Là ce serait comme d’habitude. La rousse suivit donc le jeune homme de serpentard sans trop savoir ce qu’elle faisait (et encore moins ce que lui faisait).

« Eu… Qu’est ce que tu me veux au juste ? »

Elle n’avait pas parlé fort, plutôt chuchoté même puisqu’au fond, elle n’était aps vraiment le genre de fille qui aimait parlé fort, sauf lorsqu’elle faisait un scandale (et ça elle le réservait aux petits rigolos qui venaient lui balancer dessus de l’eau pour crapaud *par exemple* dans les couloirs….