[THEME] Epouvantes à foison [Terminé]

Elizabeth essayait de se convaincre qu'Anabelle avait raison, mais bien que son cerveau lui hurlait "oui", elle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer les avis des autres personnes qu'elle connaissait. Anabelle était son amie et essayait de la rassurer, mais ce n'était pas le cas de tout le monde, qui aurait bien vite fait de la cataloguer dans une catégorie de looseur bien définie. Les professeurs étant bien sûr les pires concernés par ça, puisqu'Eli ne se voyait pas aller voir son professeur de Défenses contre les forces du mal pour lui dire qu'en 7ème année, elle n'avait pas réussit à contrer un épouvantard. Quoique justement aller le voir pourrait peut être l'aider, dans le fond, puisque toute cette histoire n'était qu'une histoire de force du mal, quand on y réfléchissait. Non, elle ne pourrait pas y aller. Quelle honte mon Dieu, quelle honte ! Elle qui avait toujours tout réussit, ou presque. Non, non, c'était décidément la pire honte de sa vie. Elle avait bien fait de changer de direction, l'an passé, parce qu'auror, auror ! On lui aurait tous rit au nez, à la gourdasse qui ne savait pas contrer un simple épouvantard ! Quoiqu'à y réfléchir, si elle était n'était pas assez douée pour devenir auror, pourquoi le serait elle assez pour jouer au Quidditch en professionnel ? Ce n'était qu'une douce illusion, ça aussi...

« Oui mais il y'a paniquer et paniquer. Toi tu aurais peut être eut peur en voyant le cadavre d'Adrien ou de Quentin, mais tu aurai compris rapidemment, et tu aurais réussit à le contrer. Moi je n'ai même pas eut la présence d'esprit de penser à un épouvantard ! »

Et de le dire, Eli se sentait encore plus nulle. Nulle était faible, même un première année moldu qui ne connaissait pas les épouvantard aurait compris qu'il s'agissait d'une créature magique qui affichait nos pires peurs ! Mais là, la peur elle-même lui avait tellement paralysé le cerveau, qu'il lui avait été impossible de réfléchir. Comme si le cortex droit, celui des émotions, c'était activé, mais rien que lui seul, pas le gauche.

Est-ce que c'était la première fois qu'elle voyait ça ?! Ben bien sûr, sinon elle aurait fuit les coins à Epouvantard toute sa vie, si elle avait su ! Et encore, elle aurait été plus prévoyante que ce qu'elle avait été, là, c'était évident !

« Non, je n'étais sûre de rien. Mais même si j'avais soupçonné l'idée, j'aurai cru à un détraqueur, moi. Depuis la mort de Dennis j'étais certaine que mon épouvantard s'afficherait en détraqueur, mais ce n'était pas trop grave, puis j'aurai su le comprendre, je sais faire apparaitre un patronus corporel. Mais jamais, [i]jamais[i], je n'aurai pensé à ça ! »

Et c'était bien là le problème ! Si elle avait essayé de réfléchir profondément à ce qui lui faisait peur, elle aurait certainement trouvé, mais ce n'était pas vraiment la chose à laquelle on pensait en allant au lit, le soir, pas vraiment non. Jamais Eli n'aurait pensé ça, et à l'avenir, elle devrait faire plus attention. Mais elle s'était laissé trop abattre, elle ne voulait pas faire perdre du temps à Anabelle pour une histoire aussi ridicule, dans le fond.

« Bon, assez pleurniché, on y va. »

(545)

Plus Elizabeth parlait, et plus Anabelle se sentait rassurée sur son état de santé. La jeune fille semblait, en effet, retrouver progressivement ses esprits et une assurance, qu’elle n’avait pas quelques minutes auparavant seulement, venait désormais colorer chacune de ses paroles. Soulagée, la Poufsouffle ne put contenir plus longtemps un hochement de tête approbateur ! Pfiou, elle l’avait échappé belle ! Cinq minutes de larmes encore et elle aurait réellement été obligée de faire un crochet par l’infirmerie !

*En plus, avec la chance que j’ai, Pomfresh, cette délatrice, aurait été tout raconter à MacGonagall, et elle aurait été foutue de me rajouter des heures de retenue… Je suis déjà collée jusqu’à Noël, on va peut-être éviter de rempiler pour le deuxième trimestre !* songea-t-elle en fronçant délicatement le nez.

Malgré la volonté de la jeune fille d’enterrer rapidement toute cette histoire (après tout, voir Elizabeth péter un plomb était bougrement traumatisant : tenez, maintenant, elle était presque convaincue que la prochaine fois qu’elle croiserait un épouvantard, celui-là se changerait instantanément en une réplique fidèle d’Elizabeth en pleine crise d’hystérie), elle ne put s’empêcher de répondre en haussant les sourcils d’un air perplexe :

- Houlàlà, tu as une vision de ma capacité à réagir très flatteuse, mais, honnêtement, je ne crois pas que j’en aurais mené plus large que toi ! Et puis d’ailleurs, c’est comme je te le disais tout à l’heure : on ne peut pas savoir tant que ça ne nous est pas arrivé ! Ma plus grande peur à moi, c’était de la bouillie pour les chats, à côté de la tienne ! affirma-t-elle avec force.

*De toute façon je n’aime personne, alors ce n’est pas demain la veille que des cadavres me tomberont dans les bras ! Attends, c’est qui Dennis, déjà ?* s’interrogea-t-elle, bien incapable de mettre un visage sur ce nom.

Elle se doutait bien qu’il devait s’agir d’un élève/membre de la famille Harris/ami très proche décédé pendant la prise de pouvoir de Vous-Savez-Qui, mais les meurtres avaient été si nombreux, au cours de cette période, qu’il était bien difficile de tous se les rappeler. D’une manière générale, les survivants chérissaient avant tout la mémoire des disparus qu’ils avaient connus. Pour les autres… Hé bien il ne leur restait tout bonnement plus assez d’énergie pour les pleurer. D’ailleurs, il aurait été particulièrement vain et destructeur de porter le deuil pour chacun des disparus : le mieux qu’ils avaient encore à faire, c’était de s’efforcer d’avancer en laissant les ombres derrière eux. Comment espérer continuer à vivre s’ils devaient traîner le poids de tous les malheureux assassinés ?
La brunette était toutefois trop prudente pour demander à Eli de l’éclairer sur ce trou de mémoire inopportun, aussi se contenta-t-elle de reprendre d’un ton grave laissant clairement entendre qu’elle n’ignorait rien de l’événement auquel son amie faisait allusion :

- En même temps, il vaut mieux ne pas y penser, je crois… Et puis un détraqueur, ce serait horrible aussi ! Moi je n’ai jamais compris que le ministère ait pris le parti de continuer à les employer après ce qu’ils ont fait pendant le règne de Tu-Sais-Qui… Je veux dire : ils étaient carrément de son côté ! Comment on peut leur faire confiance, franchement ?

Ana n’était pas idiote. Elle savait bien que remettre les détraqueurs en poste à Azkaban était aussi un moyen de les avoir à l’œil, mais il n’en restait pas moins qu’elle trouvait abject qu’ils ne soient pas jugés, à l’instar des mangemorts, pour avoir rejoint le camp de Voldemort pendant la guerre. Eux-aussi, avaient causé de nombreuses morts !
La Poufsouffle finit par se relever avec un horrible craquement de la hanche léger soupir et conclut :

- Oui, allons-y ! MacGonagall serait bien capable de nous remonter les bretelles si elle venait à apprendre qu’on a passé une partie de la ronde assisse dans ce couloir !

(648 mots)
VAMPIRE

(FIN ANA)

Ana disait qu'elle aurait elle aussi était bien incapable de se défendre face à un épouvantard de ce genre là, mais Eli avait un sérieux doute. Franchement, quand on connaissait Anabelle Montgomery, on ne se l'imaginait pas franchement en train de rester tétanisée devant une simple créature magique, aussi terrifiante soit-elle. C'était par contre bien plus le genre d'Elizabeth Harris, qui – cette greluche – ne voyait pas la différence entre de vrais cadavres et la forme prise par un épouvantard. 7ème année, préfète, on applaudit.

« On ne pourra jamais savoir, de toute manière. Mais je ne te le souhaite jamais... »

Et c'était vrai, parce qu'Eli ne souhaitait pas ça, même à son pire ennemi ! Voir de pareilles horreurs avait de quoi vous traumatiser pour un bon moment ! Et bien qu'elle se convainquait du contraire, il y avait fort à parier qu'elle ferait nuit sur nuit, de fabuleux cauchemars mettant en scène ce passage de sa vie. Histoire de bien lui rappeler ce qu'elle avait vécu, en fait. Merci le subconscient, j'ai envie de dire...

« On ne peut pas. Mais même s'ils ont grandement contribué à détruire une partie de notre camp, il nous sont utiles. Sans eux à Azkaban, ce serait largement pire. Puis on sait les combattre, ça aide. »

Eli essayait comme elle pouvait se convaincre de l'utilité des détraqueurs dans le monde sorcier, mais au fond d'elle, elle voulait tous les voir morts, pour que plus aucun ne revienne semer le chaos parmi ses proches. Ses proches ou ses amis, d'ailleurs... Comme Dennis, qui serait encore en vie sans la présence de ces créatures venues des enfers... Dennis qui aurait pu mourir d'un tas de façon durant la bataille finale, mais qui avait finalement été victime de la pire.

« Oui tu as raison, pas question de traîner plus longtemps ici. Mais il faudra signaler au professeur Mordeus qu'il y'a des cadavres un épouvantard dans l'armoire de cette salle... »

Oui parce qu'à la base, quand même, elles étaient de ronde, les cocotes ! Et l'épouvable passage de l'épouvantard avait légèrement retardé les deux préfètes. Il fallait bien qu'elles rondent parce que le château, et ses élèves hors la lui, eux , n'attendaient pas. Elizabeth se leva donc d'un bond, rejoignant Anabelle qui commençait à avancer. Les deux jeunes filles firent donc leur ronde, sans toutefois reparler du passage de la salle vide, de l'armoire affreuse, et des morts à tire l'arigot.

(Terminé pour Eli)