Inquiétude et Solidarité [PV. Fred]

Fredericke n’était pas spécialement inquiète ou triste, ou quoi que ce soit d’autre… en revanche, elle n’était pas non plus exactement enchantée. Comme chaque premier jour de chaque rentrée, elle vivait super mal le fait de ne plus être en permanence avec son petit ami. Elle avait parfaitement conscience que c’était sûrement plus sain pour leur couple de se séparer un peu de temps en temps (vu leur âge quoi) et aussi que ce n’était pas un drame… mais Vincent n’était pas non plus exactement le même en public, devant les autres élèves de l’école, et quand ils n’étaient que tous les deux. Quelque part, c’était mieux, elle gardait pour elle tous les bons côtés de son chéri et il avait tellement mauvaise réputation que depuis que Marie avait jetée l’éponge, Fred’ n’avait pas trop de soucis à se faire à propos des autres filles… Mais en même temps, elle en était elle aussi privée de ses bons côtés.

En plus, ce jour là, elle était contrariée parce que le matin un garçon de sa maison l’avait surprise sortant de la douche. Elle était à ce moment là en sous vêtement et Fredericke avait la réputation de ne pas être pudique… ce n’était donc pas ce qui la dérangeait. C’était le fait que justement, Vincent allait sûrement montrer ses mauvais côtés quand elle allait lui apprendre cet incident.

Elle réfléchissait à comment annoncer la chose à son homme quand elle entendait qu’on l’interpellait. Elle se retourna et vit un garçon de sa maison mais pas de son année. Elle ne lui avait jamais vraiment parlé, il faut dire que notre jeune Gryffondor était assez souvent fourré à la table des Serpentards… allez savoir pourquoi !

« Tiens, salut Zeno ! » Elle se demandait bien ce qu’il pouvait lui vouloir mais se dit que c’était peut-être en rapport avec son nouveau statut de préfète, ou alors pour parler du Quidditch. Fredericke n’avait pas été au mieux de sa forme la saison dernière. Des petites frappes de la maison de son copain n’appréciaient pas sa réussite et ses relations avec des gens de Serpentard, du coup, ils l’avaient harcelés puis tabassés durement. Cela avait beaucoup joué sur ses prestations mais elle comptait bien faire mieux cette année, surtout que l’équipe était super motivé, pas comme au dernier match !

« J’ai rendez-vous avec Vincent. » Puis, se disant qu’il ne savait peut-être pas qui c’était tout le monde ne lit pas les ragots du HB, elle précisa « Vincent Fayr, mon petit ami. » En disant ça, elle sourit et repoussa ses longs cheveux blonds derrière son épaule. Elle se souvenait que l’année dernière à la même époque ça n’avait pas été très drôle pour elle, elle s’était vraiment sentie mal après la mort de son oncle et puis… sa relation avec Vincent commençait à changer mais le jeune garçon avait des doutes qu’il ne lui expliquait pas. Oui, l’année dernière en début d’année ça avait été très dur mais maintenant elle s’était remise de la mort de son oncle et elle sortait enfin avec le garçon qu’elle aimait depuis des années… donc tout allait bien. Sauf qu’il lui manquait déjà…

Regardant sa montre, elle précisa « Enfin, pour être exacte, j’ai rendez-vous dans seulement une demi-heure. » Elle leva ensuite son regard azuré sur son camarade « Tu voulais quelque chose ? » bah vi, sinon pourquoi il lui parlait hein ?

A la mention de son petit ami, Fredericke sourit et fit un petit signe d’assentiment. Elle savait que pour un Gryffondor lambda – surtout des hautes années peut-être, car ils ont connus la guerre -, les Serpentards sont les ennemis, la maison à abattre quoi qu’il puisse advenir. Mais malgré ça, petit à petit, Fredericke arrivait à imposer aux autres sa relation avec Vincent. Peut-être que ça paraissait naturel à force aussi parce que Vincent avait toujours fait parti de la vie de la lionne (ou presque puisqu’ils avaient un an d’écart) depuis qu’elle était à Poudlard.

« Lui-même. Un adorable Serpentard, si, si j’te jure. » Elle avait terminé sa phrase en riant. Elle était bien la seule personne de tout Poudlard à trouver Vincent adorable mais c’est parce qu’elle le connaissait mieux que tout le monde. De toute manière, quoi qu’on en dise, Vincent n’avait jamais été exactement le même avec Fred’ qu’avec les autres, il avait toujours été à peu près gentil avec elle. A peu près seulement car ils s’étaient souvent disputés très fort, mais ils s’étaient aussi toujours réconciliés, incapables de rester fâcher. Bref, c’était son nounours à elle puis c’est tout, sa maison on s’en fichait !

« Merci, mais je pense que ça ira. J’ai confiance en nous. » Vincent avait besoin d’elle, elle avait besoin de lui, il n’y avait aucune raison que cela cesse. Elle était d’ailleurs plutôt pressée effectivement, elle n’avait vu son petit ami que le matin et elle n’avait même pas pu en profiter vraiment à cause de cet imbécile de Damon qui l’avait perturbé. Elle comptait bien se rattraper ce soir même si pendant quatre mois, ils devraient être sages. Ils n’étaient pas chez eux ici ! Elle espérait que Vincent était sur la même longueur d’onde qu’elle mais elle verrait ça à l’usage, ce n’était pas le moment d’y penser.

« Oui, j’ai hâte de le voir, il m’a beaucoup manqué toute la journée. Je sais, ça fait trop ringard dit comme ça et tout… mais tu vois on vit ensemble hors Poudlard alors j’ai toujours du mal en début d’année à m’habituer à ne pas le voir quand j’en ai envie. » Soit tout le temps, il n’y avait pas un jour où elle n’avait pas envie de le voir et pas une heure non plus… enfin, sauf quand elle dansait ou dormait, ou faisait du Quidditch à la très grande limite.

C’est alors que Zeno lui dit qu’il s’inquiétait, ce qu’elle trouvait vraiment super gentil de sa part, d’autant plus qu’ils étaient loin d’être proches. Juste des camarades comme ça, rien de plus. « Oh désolée, je ne voulais inquiéter personne ! J’étais un peu triste que ce soit la rentrée justement et je m’inquiétais de mon nouveau statut de préfète ! Je crois que je ne suis pas faites pour ce boulot. » Elle ajouta ensuite « Au fait, tu connais un certain Damon ? Parce que pour le coup, lui, il me cause de vrais soucis. » cela ne coûtait rien d’en parler avec Zeno, non ? Il semblait si gentil… C’est là qu’on comprends pourquoi Vincent peut sortir avec Fred’, elle pense que tout le monde est gentil de base

Fred’ sourit, elle se doutait bien qu’il ne pouvait pas la croire sur parole, mais en même temps il n’y avait aucune chance pour qu’il découvre cet aspect de Vincent… parce qu’il était bien caché en fait ! Elle s’était toujours demandé pourquoi Vincent préférait se faire passer pour un gros dur mais c’était sûrement parce qu’il avait peur de passer pour un faible sinon, ça se comprenait après tout ce qu’il avait vécu dans son enfance.

« Je n’ai pas dit que les Serpentards étaient adorables, j’ai seulement dit que mon copain l’était. En plus, j’peux t’accorder qu’il l’ait qu’avec moi… mais bon, c’est le principal. » Parce qu’on s’en foutait de son comportement avec les autres non ? Ok, s’il était moins violent ce serait mieux parce qu’il se tapait vraiment une vieille réputation dans Poudlard, mais au moins, ça faisait peur aux autres filles. Le bruit courait que Vincent était sauvage et qu’il n’y avait que Fred’ à savoir l’amadouer, c’était pas faux… même si ce n’était pas exempt de prise de bec parfois mémorables. Encore qu’il n’y en ait pas vraiment eu durant l’été. C’était toujours plus calme quand il n’y avait personne pour chercher Vincent ou pour essayer de se mettre entre eux.

Son sourire s’agrandit à la suite de la conversation « Bah, t’inquiète, j’suis pas trop susceptible. » Pas trop seulement, disons que ça dépendait du sujet… mais là, c’était clairement de la rigolade donc elle n’avait aucune raison de montrer les griffes. Pas comme ce matin là !

« Tu te méprends je crois. On ne vit pas ensemble parce qu’on est en couple, on vivait ensemble avant de sortir ensemble… Les parents de Vincent sont des gros incapables et les miens sont pas mieux alors ma tante s’occupe de nous deux. On vit dans mon château, en Allemagne, et en théorie on a chacun notre chambre. Après, dans la pratique… je ne dis pas. Mais bon, on a des adultes avec nous, c’est pas comme si on était vraiment que nous deux en amoureux. » C’est clair que sinon ça pourrait faire bizarre. C’était déjà bizarre même ! Mais à l’époque où ils s’étaient installés ensemble au château Maiden, elle ne pensait pas du tout avoir ses chances avec Vincent et que quelques années plus tard elle sortirait avec. Quand ils avaient pris cette décision, ça avait semblé normal… après tout, ils étaient là l’un pour l’autre depuis le début. Elle était sa famille, son seul soutien indéfectible depuis qu’il était à Poudlard.

Quant à la veille au banquet… « Oh, t’en fais pas, je trouve pas ça indiscret. Après tout, c’est moi qui me suis ridiculisée publiquement. Puis c’est gentil, merci. » Elle remit une mèche blonde derrière son oreille, machinalement, et regarda le château. Elle repensa ensuite à Damon tandis que justement Zeno lui répondait à ce sujet.

« Non, non, mais j’ai eu un problème avec lui ce matin… Bon, c’était peut-être un peu ma faute à l’origine, mais après il s’est mis en colère et il m’a agressé ! Et tu vois, moi ça m’énerve trop ce genre de comportement ! Alors j’voulais juste en savoir plus sur lui parce que mes copines ne le connaissent pas… » Hésitant, elle finit par ajouter « En plus, là j’vais voir Vincent, et j’hésite à lui raconter parce qu’en fait Damon m’a vu en… bah… en sous-vêtement… et si je le dis à Vincent, ça va le mettre en colère. Surtout vu ce que Damon m’a dit après quoi… Mon copain est du genre super protecteur… » Après, elle ne pouvait pas savoir que ce qu’elle venait de raconter pouvait très bien causer d’autres problèmes à ce pauvre Damon…

« Oui, Vincent s’occupe bien de moi. Je pense même que mon bien-être arrive en tête de la liste de ses priorités. » Peut-être même avant son précieux sommeil, c’est dire ! De toute façon, Vincent n’était pas un grand expansif par nature, c’était plutôt elle qui susurrait des mots d’amour et de tendresse… mais il lui montrait qu’il tenait à elle autrement. En la protégeant (ou la vengeant) de tout, et très souvent de rien, par exemple. Vincent était quelqu’un d’assez compliqué au fond, mais ce n’était pas grave, parce qu’elle savait depuis qu’elle l’avait rencontré à quoi s’en tenir. Il était l’empereur des cartes (Fred’ le surnommait d’ailleurs Kaiser), solitaire et avec un fort caractère. C’était fou en y repensant qu’ils aient commencé leur relation par des provocations et qu’ils en aient fini par le point où ils en étaient. Qui aurait pût s’en douter hein ? Sûrement pas Fred’, dont les amis, à l’époque, se comptaient sur les doigts d’une seule main. Et puis, au contact de Vincent, elle avait découvert que les Serpentards n’étaient pas tous si terribles. Bien sûr, il y en avait des peu fréquentables (de l’avis de Fred – qui ne regardait qu’elle -, Heaven Clarks en faisait parti), mais il y en avait aussi de très sympas comme Tobias ou Marie. Juste eux en fait tout bien réfléchi…

« Je préfère ne pas abuser de mon statut, et puis, une heure de retenue, ce serait trop peu pour toi voyons. » Elle sourit à son camarade, l’air amusée. Bah, puisque ce rôle de préfète ne lui semblait pas fait pour elle, mieux valait en rire qu’en pleurer après tout. Mais il était vrai qu’elle espérait ne jamais avoir à donner des heures de retenues !

« Bah on vit en couple en quelque sorte… parce que comme on sort ensemble, bah ça déteint forcément sur notre attitude chez nous. On en profite quoi. Mais quand on s’est installé au château, je ne sortais pas encore avec lui, il devait avoir… 13 ans je crois, il venait de les voir. C’était l’été de la fin de sa deuxième année. Moi j’étais déjà amoureuse mais pas lui, mais il était malheureux alors je l’ai invité à venir vivre avec moi, puis l’année d’après il a été pris sous tutelle de ma famille. C’est elle qui lui paye ses frais de scolarité et tout ce qu’on arrive à lui faire accepter… Parce que tu sais quoi ? Un Serpentard c’est orgueilleux et têtu ! » Pas beaucoup plus qu’elle, certes, mais c’était pas elle qui s’était baladé pendant un an avec des fringues trop petites parce qu’elle refusait de l’argent ! Bon, peut-être que c’était une question de fierté pour lui, il n’avait jamais voulu se faire entretenir par sa petite amie et anciennement juste meilleure amie. Mais pour elle, ce n’était pas forcément un don, il aurait tout aussi bien pût voir ça comme un prêt… mais non, il avait continué à être ridicule jusqu’à ce qu’il arrive à trouver de lui-même trois sous pour s’acheter des fringues (de ce qu’elle en savait, il avait racketté ses parents biologiques, mais elle n’en était plus sûre). Fort heureusement, sa croissance avait enfin décidé de ralentir et le problème se posait moins.

« Et entre nous, je trouve ça ridicule, parce que je suis à la tête d’une fortune confortable, je pourrais très bien lui payer tout ce dont il a envie. Mais ce doit être un truc de mec, toi qui en est un, si tu étais dans sa situation, tu laisserais ta copine t’acheter ce qu’il te faut ? » Fredericke était duchesse, elle était aussi la seule héritière restante, son frère ayant disparu (et étant déshérité bien avant ça), sa cousine préférant renoncer à cet héritage pour devenir une Montgomery. Elle aurait volontiers partagé… mais il ne voulait pas !

Passons… Il s’agissait maintenant d’aborder sa soi-disant popularité. Enfin, elle savait qu’elle était un peu connue dans l’école, après tout on pouvait difficilement passer côté des esclandres dont elle était la cause directe, et elle était aussi attrapeuse de l’équipe des Gryffondors et danseuse à Sterne… Ceci dit, ça ne faisait pas d’elle une bonne préfète. « Ce n’est pas parce que je me débrouille en Quidditch que je vais réussir à être une bonne préfète. » Logique, non ?

« Bah… le truc c’est que j’ai peur que plus Vincent va l’apprendre tard, plus ça va le mettre en colère – contre moi aussi au passage, c’est un peu ma faute à la base -. » Et elle n’avait pas envie de se fâcher avec son cher et tendre… pas du tout même. « J’voulais juste savoir s’il était dans les habitudes de ce… Damon c’est ça ? D’agresser les gens. Parce que même si c’était vrai que je n’avais pas à traîner dans les couloirs en sous-vêtement, ça n’avait rien de très grave non plus. Si tu avais été à sa place, tu ne m’aurais pas fait un scandale pas vrai ? Tu m’aurais passé ta veste le temps que je rejoigne mon dortoir, et on n’en aurait plus parlé ! Et bah non, lui il a pas arrêté de m’insulter, tout ça parce qu’il a peur de se faire frapper par Vincent. J’en suis restée très vexée. » Parce qu’elle n’était pas responsable de la jalousie de son copain, en plus de ça, elle trouvait que c’était idiot de s’en faire autant. Certes, Vincent cognait, mais il n’avait jamais tué personne non plus, faut pas charrier !