Bal de Noël 2000

L’hiver s’était étendu sur le château et Anabelle l’avait accueilli avec bonheur. Les flocons de neige qui tombaient opiniâtrement depuis plusieurs semaines déjà avaient recouvert l’herbe du parc d’un manteau à la blancheur immaculée et la sérénité qui se dégageait de ce spectacle avait adouci la jeune fille. La colère qu’elle éprouvait si vivement contre tout et tous avait cédé le pas à la langueur et à l’indifférence. Désormais, les événements semblaient glisser sur Anabelle sans parvenir à attirer son attention, comme si le choc qu’elle avait reçu en perdant son insigne de préfète avait été trop grand pour qu’elle pût de nouveau s’intéresser à quoi que ce soit. Avec la première neige était venu l’abandon. Qu’il était agréable, de lâcher prise pour se laisser flotter dans un univers gris et cotonneux ! Le fourmillement de Poudlard lui parvenait encore, mais de très loin : elle avait construit des murailles d’ouate autour d’elle pour mieux fermer sa porte au monde. Cette hébétude bienheureuse ne durerait pas, elle le savait. Elle avait déjà, par le passé, vécu de telles phases de détachement total. Toute son enfance n’avait-elle pas été caractérisée par un désintérêt complet pour la réalité ? Bientôt, la neige fondrait, emportant avec elle la tranquillité d’âme de la Poufsouffle. Pour l’heure cependant, même cette certitude ne parvenait pas à l’inquiéter : après le bruit et la fureur qui avaient marqué son retour à l’école, elle jouissait pleinement du calme qui l’habitait.

Celui-là était d’autant plus absolu qu’elle avait enfin fini les heures de colle qui lui avaient été infligées après sa confrontation avec Fredericke, en cours de potion. Elle avait astiqué, mécaniquement et sans passion, le dernier carreau de carrelage sous l’œil malveillant d’Argus Rusard et, sa tâche accomplie, avait définitivement jeté l’éponge. Au sens propre. A présent, assisse sur le rebord d’une des fenêtres du troisième étage, le front appuyé contre la vitre glacée, Anabelle fixait d’un regard vide la nuit d’encre qui était descendue sur l’Ecosse. Si elle louchait avec application, la fenêtre lui renvoyait son reflet et elle s’amusa un moment de la pâleur quasi fantomatique dont la faiblesse de la lumière teignait les joues de son envers. D’ici une poignée de minutes, il lui faudrait quitter son abri pour se mêler aux festivités de Noël, mais pas tout de suite. Tout de suite, elle avait encore le temps de sourire lentement de ses constatations puériles. Seule.

Non que la compagnie ne l’enchantât pas, si elle était bonne, mais l’effervescence qui régnait toujours dans les dortoirs des filles, avant le bal, la rendait folle. Petite-fille, elle haïssait les bruits inutiles et l’excitation fébrile, ce trait de caractère, elle l’avait conservé tout au long de son adolescence. C’était bien un des seuls auquel elle était restée fidèle. La Poufsouffle s’était donc empressée d’enfiler sa tenue de soirée – une robe d’un vieux rose sans prétention, qui lui arrivait aux genoux et était maintenue par un nœud au niveau de la taille – et de relever habilement ses cheveux à l’aide d’une pince argentée avant de fuir le dortoir.

La perspective d’avoir à évoluer au milieu d’une foule d’élèves animés ne soulevait pourtant pas chez elle l’habituelle vague d’appréhension. Au contraire, elle se sentait paisible et même, fait assez peu coutumier pour être relevé, plutôt heureuse. Le fait que, dès le lendemain soir, elle retrouverait Quentin sur le quai de King’s Cross n’était certainement pas étranger à cette bonne humeur. Il était franchement étonnant de penser que, deux ans auparavant, elle avait fait une scène incroyable à la gare à son aîné alors qu’ils s’entendaient désormais comme larrons en foire. Anabelle esquissa un fin sourire à la pensée de son frère : elle ne l’avait pas vu depuis les dernières vacances et tant de choses s’étaient produites depuis qu’ils ne manqueraient certainement pas de sujets de conversation ! D’ailleurs, Quentin, qui était toujours de bon conseil, était bien une des rares personnes dont Anabelle acceptait d’écouter les avis (les écouter, pas nécessairement les suivre !) sans se braquer. Mais d’ici là…

… D’ici là, elle allait danser, manger des petits Pères Noël fourrés aux truffes et offrir son cadeau à Adrien et là il faut imaginer la joueuse désespérée : « une idée de cadeau, vite, viiiiite ! » Pour toute information sur les désirs – catholiques de préférence, merci ! – d’Adrien, merci d’envoyer un hibou à Anabelle !, dans le pur esprit de Noël. Bien entendu, la soirée ne serait pas parfaite : d’une part parce qu’elle était une incorrigible gaffeuse, d’autre part parce qu’ils seraient entourés de personnes comme… Hum… Au hasard, Fredericke. Mais Anabelle éprouvait une telle satisfaction en cet instant qu’elle se souciait peu de la Gryffondor. En fait, elle se sentait même d’humeur étrangement magnanime à son égard. Comme quoi, l’amour et la bonne volonté, apanages de Noël, pouvaient vraiment tomber sur n’importe qui.

De nouveau, Anabelle sourit avant de sauter lestement au bas de son perchoir. Il lui semblait entendre les couloirs bourdonner autour d’elle, preuve que les élèves commençaient à se diriger vers le Grand Hall. L’ouverture du bal ne serait plus longue et il serait certainement très cavalier de laisser Adrien poireauter. Anabelle se mêla donc tranquillement à la foule qui se dirigeait vers le Hall. Elle ne s’y arrêta pourtant pas : il lui fallait regagner sa salle commune où Adrien devait l’attendre. Ils rejoindraient ensuite la Grande Salle tous les deux. Anabelle descendit donc jusqu’aux quartiers de Poufsouffle dont elle passa l’entrée secrète.

Une fois dans la pièce, elle ne fut pas longue à repérer Adrien, pour une fois décemment habillé. Anabelle se dirigea vers lui sans hésitation et glissa instantanément sa main dans la sienne, comme s’il s’agissait là de la chose la plus naturelle au monde premier choc de la soirée pour Adrien. En même temps, s’il fait un arrêt cardiaque, la joueuse n’aura plus à se creuser la tête pour lui trouver un cadeau.

- Quelle élégance, Monsieur Sallers ! commenta-t-elle d’une voix flûtée en gratifiant le Poufsouffle d’un sourire radieux qui n’avait rien de railleur.

Elle jaugea d’ailleurs son cavalier d’un œil plus qu’approbateur paf, deuxième choc de la soirée et ouverture des paris : Adrien se met à flipper devant tant de bonne humeur au bout de, 30 secondes ? Deux minutes ? Dix minutes ? Une demi-heure ? Autre ?.

- En fait, rajouta-t-elle d’un ton songeur et avec une candeur désarmante, les boutons ouverts, c’est bien mieux qu’une cravate, non ? La cravate, c’est un peu trop guindé… conclut-elle comme s’il s’agissait là d’une affaire d’état.

Adrien achevé en deux temps trois mouvements, Anabelle winner

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La main d’Anabelle dans la sienne, c’est bon, le petit Adrien d’un mètre quatre vingt cinq au bas mot gérait, on n’irait pas jusqu’à dire qu’il l’avait prévu (point trop n’en faut) mais en réponse, il la pressa délicatement sans réaction particulière. Le commentaire sur sa pseudo élégance le laissa un peu plus perplexe parce que de fait, s’il avait fait un effort, c’était plus pour tomber dans une normalité, qui à son goût était affligeante, que pour être réellement élégant ou quoi que ce soit d’autre… Il avait laissé tomber depuis longtemps tout espoir d’avoir un jour l’approbation d’Anabelle quant à son look, après tout, il n’adorait pas le sien non plus si on devait être franc. Elle avait un sens des couleurs un peu particulier et pour ce qui était de la forme et bah… elle ne choisissait pas vraiment ce qui la mettait en valeur. Non que ça le dérange vraiment, il était suffisamment gâteux pour la trouver mignonne en toute circonstance mais il se soigne.

« Merci, cette robe vous va bien aussi mademoiselle Montgomery. » Que vouliez-vous qu’il réponde d’autre ? Il avait été bien élevé ce garçon ! Bon, il préférait Anabelle dans d’autres couleurs mais il ne s’était jamais vraiment prononcé sur la chose et comme sa petite amie avait hérité d’un autre don que celui de la télépathie, elle ne pouvait pas le deviner ! Qui plus est, elle semblait de bonne humeur, ce qui le mettait généralement en joie, du moins quand ça ne l’inquiétait pas…

Ce qui fût le cas moins de trente secondes plus tard quand elle sembla approuver son non port de la cravate. Elle avait bu avant de venir ? Elizabeth et elle en étaient presque à lui attacher elles-mêmes la foutu cravate de Poufsouffle le matin ! « Hum… Oui, sûrement. De toute façon, tu sais, moi les cravates… ça me donne l’impression d’avoir un collier pour chat autour du cou. » Ou pire, une laisse de chien ! Il ne supportait vraiment pas d’avoir ce genre de truc autour du cou, alors que les chaînes en argent pas toujours légères par contre ça ne l’embêtait pas… Il ne faut pas chercher à comprendre parfois et puis le fait est que ce soir là il ne portait strictement rien au cou, un bon compromis si on tenait à avoir son avis. Frôlant du bout des doigts de sa main libre la poche qui contenait le mystérieux écrin, il se raidit, puis, alors qu’il commençait à marcher vers le hall, il lorgna rapidement le décolleté (inexistant mais c’était cette direction là) d’Anabelle où il remarqua l’absence de bijoux. « Toi non plus tu n’as pas mis grand-chose. » Et s’il ne le dit pas, il pensa bien au médaillon de Sterne qu’il ne lui avait pas vu depuis un moment autour du cou. Cette simple idée ne fit que nourrir l’angoisse déjà présente et il lui fallut tout le trajet jusqu’à la grande salle pour reprendre son calme… Les *Oh merlin, oh merlin, elle n’aime pas les bijoux, elle va détester mon cadeau !* ou *c’est trop sentimental de toute façon, elle va forcément me le jeter à la figure !* martelait son pauvre petit cerveau déjà trop plein.

Fort heureusement, l’effervescence du bal lui fit oublier pour au moins un temps cette question. Il remarqua la présence de Fredericke (et la longueur – l’absence de plutôt – de sa robe) mais fit mine du contraire, baissant à nouveau les yeux vers Anabelle, cherchant cette fois son regard.

« Je sais qu’il est encore tôt mais… m’accorderais-tu cette danse ? » Adrien savait qu’il avait l’air tendu et que sa main dans celle d’Anabelle n’était pas aussi naturelle que d’habitude, il espérait qu’après une valse il se sentirait mieux, après tout, sa chère et tendre n’avait pas l’air de partager ses angoisses, il allait donc falloir qu’il les fasse taire et surtout qu’il veille à ne pas faire le moindre faux pas. Comme le disait si bien sa mère, un Sallers est un gentlemen avant tout ! Oui maman, et c’est aussi juste un homme… mais ça, c’était l’idée à bannir, vous pensez bien.

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Comme l’année précédente, Tobias allait au bal avec sa petite amie Marie. Depuis leur dispute de l’été, il essayait de se montrer plus franc avec elle, mais ce n’était pas chose facile car les habitudes ont la vie dure et il se trouve que Tobias n’était pas un as lorsqu’il s’agissait de parler des choses qui fâchent. Tant que cela restait dans le superficiel ou dans le positif, il n’éprouvait aucun problème de communication, il était le genre de garçon qui aimait parler et qui était assez sociable, en revanche, lorsqu’il fallait aborder des choses dérangeantes, des pensées négatives, il ne savait plus s’il pouvait le dire ou non. En fait, il se savait méchant et il n’aimait pas ça, tout simplement. Le pire c’est qu’il savait que Marie n’aimerait pas non plus, du coup, malgré sa promesse, il se sentait toujours un peu coincé dans son rôle du petit ami idéal…

Quant à sa tenue, elle était sobre, après tout, il était beau naturellement pas vrai ? Il préférait plutôt jouer sur une élégance simple… le seul petit hic qui s’était présenté à lui était de savoir où mettre son tamagotchi. Il avait bien songé le laisser dans le dortoir le temps du bal en lui donnant à manger juste avant mais il avait quand même peur qu’il crève en son absence, du coup il avait mis Sweety – c’était le nom de son vert gallois de poche – à l’intérieure de sa veste en priant très fort pour qu’il ne couine pas durant la soirée. Cela casserait l’ambiance romantique… Et il se demanda où Fredericke avait pu mettre le sien quand il la croisa dans le hall… parce que sa robe ne laissait pas grande place à la suggestion, alors à un animal électronique vous pensez bien…

Regardant sa montre, il constata que Marie allait bientôt être en retard. Enfin, selon lui, parce qu’il n’y avait pas d’heure fixe pour arriver au bal, mais y arriver après Fredericke et Vincent franchement ça n’était pas glorieux, après tout, Fayr n’était pas connu pour sa ponctualité ! Comment ça il s’en prend toujours au même ? C’est ça d’avoir un ennemi mes chers lecteurs, on le casse par la pensée dès qu’on peut technique applicable à un moindre degré à toute personne vous agaçant ou vous énervant, ça ne paye pas de mine et ça n’engage à rien.

Quelques instants plus tard, il aperçut enfin sa dulcinée en haut des escaliers, il tendit la main vers elle et y déposa un baiser avant même qu’elle eut terminé de descendre toutes les marches. « Joyeux Noël ma belle princesse. » Bien sûr, ils n’étaient que le 24 décembre mais comme Tobias rentrait chez ses parents le lendemain, il n’aurait pas l’occasion de le lui dire réellement, après, il aurait pu attendre minuit, mais c’était tellement plus original comme salut qu’un simple bonsoir… que c’était ce qu’il avait choisi. On le reconnaît bien là, Tobias n’aimait pas faire comme les autres, c’est pour ça qu’il était si fier de son apparence, quand bien même était-il soi-disant une erreur génétique.

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Anabelle sourit largement, franchement amusée par la réflexion de son cavalier sur le collier à chat. De mémoire de Poufsouffle, elle n'avait jamais vu un seul chat manquant suffisamment de dignité pour accepter de porter un petit collier nominatif ! Chaton, par exemple, n'aurait certainement pas hésité à lui lacérer le moindre centimètre de peau plutôt que de se laisser passer un tel artifice. Certes, le chat d'Anabelle avait un caractère particulièrement irascible, pour ne pas dire vraiment impossible, et tous les Poufsouffle avaient appris à l'éviter avec soin lorsqu'il lui prenait l'envie de faire le tour de la salle commune avec des allures de propriétaire, mais, aux yeux de la jeune fille, son animal restait une adorable petite bête et "non, bien sûr que non, ce n'est pas Chaton qui a pu lacérer ce fauteuil ! C'est sans doute Mystère ! Va donc voir Abby..." La vision d'un Adrien, le cou encerclé dans un gros collier rose à strass et paillettes, de préférence garanti antipuces n'en était toutefois pas moins comique et la jeune fille dut faire appel à tout son sang-froid pour ne pas éclater de rire. Elle redoutait, en effet, qu'une telle réaction ne vexe son ami, et elle n'avait pas la moindre intention de commencer la soirée sur un malentendu. Elle aurait bien le temps de gaffer pendant la suite de la soirée !

* Pas grand chose ? * répéta-t-elle en son for intérieur, visiblement perplexe, * Qu'est-ce qu'il veut dire par pas grand chose ? Il pense que je vais attraper froid ? *

- Tu... Tu penses que ma robe est trop courte ? demanda-t-elle en se mordillant la lèvre d'un air anxieux.

Soyons précis : plus ou moins courte que celle de Fredericke ?
Elle n'avait, de toute évidence, pas compris qu'Adrien faisait allusion à l'absence de tout bijou. Le fait était que, contrairement à ce que ses dernières aventures auraient pu laisser penser, la jeune fille détestait qu'on la remarque. Retenue et discrétion étaient ses mots d'ordre... Du moins, tant que Fred ne se mettait pas en tête de la faire sortir de ses gonds ! Dans son esprit, porter un collier, un bracelet, des boucles d'oreille, c'était prendre le risque que le regard des autres élèves soit attiré par les bijoux et donc, nécessairement, se fixent sur elle. Aussi n'était-elle pas habituée à en porter.

- Mais en général, il y a des tas de filles qui ont des robes qui arrivent aux genoux, non... Voire au-dessus... Tu... Tu... crois que cette année MacGonagall a mis un veto sur les tenues qui ne descendent pas jusqu'aux chevilles ? Parce que bon, au fond, cette robe, elle n'est pas plus courte que mon uniforme, non ? poursuivit-elle en fronçant les sourcils avec concentration.

Certes, elle ne doutait pas un seul instant que la directrice fût assez perverse pour légiférer sur les tenues de soirée, mais il lui semblait étrange qu'elle n'en eut pas entendu parler. Après tout, c'était typiquement le genre de micro événement dont les élèves se plaisaient à discuter après une journée de cours ("Han ! MacGonagall, elle a fait tu sais quoi ?!").
Tout en bavassant enfin, Anabelle, du moins, car, pour une fois, elle monopolisait bien la parole les deux jeunes gens étaient parvenus à la Grande Salle. Une grande partie de l'école se pressait déjà autour du buffet, et quelques couples s'étaient lancés sur la piste de danse. Avec un profond sentiment de soulagement, la Poufsouffle constata que sa robe n'était pas, loin s'en fallait, la plus courte de la soirée !

* Houlàlà... Attends, c'est qui, la blonde, là-bas, qui a oublié de... Han ! Fred, j'aurais dû m'en douter ! * songea-t-elle, les yeux écarquillés, en apercevant la large ouverture dans le dos de la tenue de la Gryffondor.

Elle plissa le nez avec soin avant de donner un léger coup de coude à Adrien :

- Adrien, regarde, commença-t-elle avec beaucoup d'application, car elle prenait le plus grand soin à conserver un ton parfaitement neutre, je crois bien que Fredericke a oublié de fermer le dos de sa robe... On devrait aller le lui dire, tu penses ?

Elle laissa sa phrase en suspens, consciente qu'elle risquait fort de lâcher, malgré toutes ses bonnes résolutions, un commentaire désagréable si elle poursuivait sur sa lancée. Tournant résolument le dos à la Gryffondor, la jeune fille hocha la tête avec détermination et, saisissant fermement le bras de son cavalier, décréta avec assurance :

- Allons-y... Allons vérifier mes derniers progrès en matière de valse... J'espère que tu as les souliers bien renforcés !

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Laissant de côté l’histoire de la cravate (qu’il ne portait pas de toute manière alors…), Adrien en vint plus volontiers à la robe d’Anabelle. Bon, elle n’avait pas compris ce qu’il voulait dire mais les sous-entendu ce n’avait jamais été le truc de la jeune fille, c’était même ce qui l’avait souvent sauvé lui à l’époque où il devait cacher ses sentiments. Elle pourtant intelligente, mais elle n’était pas très fine, pas quand ça le concernait lui en tout cas. « Non ce n’est pas ça, je parlais des bijoux, tu n’en as pas mis. » Et cela l’inquiétait d’autant plus que ça faisait un moment qu’il ne lui avait pas vu le collier qu’il lui avait offert il y a deux ans au bal de Sterne… Bon, même si elle le mettait sous sa chemise, il n’était pas certain qu’il arrive à le voir, mais Adrien vivait un moment d’angoisse profond et il ne pensait pas à ce genre de détail technique !

« Ne t’inquiète pas, ta robe est parfaite. » Du point de vu du règlement tout au moins, parce qu’il n’aurait pas été contre quelque chose d’un peu plus sexy… ou pour le moins d’un peu plus court. Anabelle avait de très jolies jambes, mais elle ne les montrait pas assez à son goût… rectification : elle ne les lui montrait pas assez. Non qu’il soit jaloux, mais les autres il s’en fiche pas mal, c’est pour lui qu’il aurait voulu une robe plus courte !!! Ceci étant, ce n’était pas du tout gentlemen de le dire tout haut, en plus Anabelle n’a pas grand intérêt pour ce qui plait ou non à Adrien, chose qu’il concevait parfaitement puisqu’en dehors de certains évènements, il ne faisait guère d’effort pour lui plaire physiquement non plus. Remarquez, ça aurait été vain, Anabelle ne s’intéressait pas au physique, le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’était pas superficielle pour ces choses là, même si ça pouvait de temps en temps être un brin vexant pour le benjamin Sallers. Il avait été élu le plus beau mec de Poudlard après tout !

Comme Anabelle lui parlait de la robe de Fredericke, il reposa le regard dessus. « La robe est comme ça, quand elle est malade, elle fait toujours n’importe quoi. » Il avait fait cette réflexion d’un ton neutre pour ne pas montrer qu’il avait été aussi inquiet que les autres amies de la blonde dernièrement. Comme à chaque fois qu’elle faisait des crises assez longue, elle se mettait à complexer et elle cherchait à compenser en étant tellement provocante qu’on en oublie qu’elle a l’air pas bien. C’était son mécanisme habituel, ça voulait dire aussi quelque part qu’il n’avait plus de raison de s’inquiéter, d’ici une ou deux semaines il pourrait faire lever son interdiction de paraître à Sterne.

Reposant le regard sur Anabelle, il ne pût s’empêcher de l’imaginer dans pareille robe, voire dans quelque chose qui soit plus dans ses goûts à lui… « Quand même… j’ai beau le détester, j’admire Fayr, si c’était toi qui t’habillais aussi sexy, tu serais tellement canon que je te… » Il réalisa alors qu’il était en train de fantasmer tout haut, d’ailleurs sa voix avait pris un accent rêveur. Pour interrompre ceci, il se racla bruyamment la gorge, les joues subitement en feu. « Hum… bref, il a un bon self contrôle quoi. » Ceci dit, Vincent n’était sûrement pas aussi frustré que lui, Fredericke avait toujours été plutôt tactile. Encore un point commun avec Adrien – qui ne l’était plus uniquement par concours de circonstance -.

« Oui, allons y, même si je n’ai pas mis de souliers spéciaux cette année, mais je suis sûr que tu ne me marcheras plus sur les pieds ! » Au bout de tant d’années à Sterne quand même… Il posa une main sur la taille de sa petite amie et l’autre glissa jusqu’à son poignet avant d’enlacer ses doigts, puis il fit le premier pas, et le second… l’avantage avec Adrien c’est qu’il savait danser, rien que pour ça il était un bon cavalier (même si les smoking c’était pas trop son truc). Toutefois, ce contact rapproché alors qu’il avait eut quelques pensées pas très catholique juste avant était assez troublant pour lui, il évitait donc soigneusement de regarder Anabelle en détail, se concentrant plutôt sur les pas et la musique…

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Camille attendait sa sœur depuis de (trop) nombreuses minutes maintenant. Il commençait même à se faire des films ! Bien sûr, ça ne se voyait pas sur son visage, il faisait de son mieux pour ne pas s’emballer, mais intérieurement il imaginait déjà Mike ou Zeno en train de lui voler sa cavalière sous son nez ! Toutefois, il ne tarda pas à apercevoir Zeno ce qui le rassura sur ce point ci, mais restait Mike, toujours pas là ! Il n’avait pas intérêt à lui piquer sa sœur parce que ça allait chauffer, c’était lui qui vous le disait ! Enfin, bien sûr, contrairement au capitaine de l’équipe de Quidditch, le jeune Moreau n’était pas spécialement sportif – autant dire qu’il ne l’était même pas du tout – alors s’il se montrait agressif, peut-être qu’il se ferait rétamer… mais malgré tout ça, pas question de se laisser aller et de relâcher sa vigilance, Camille considérait ce dernier point comme essentiel.

Enfin, Nina parut, le rassurant sur ses intentions. Elle était toute mignonne avec son chignon travaillé et sa robe d’un joli bleu nuit. Il l’aurait bien prise en photo pour leur mère, mais il n’avait pas son appareil, autant laisser tomber autrement dit.

« Bonsoir Petite Sœur, tu es très mignonne. » En réalité, c’était Nina la plus vieille, mais Camille se comportait tellement souvent en grand frère qu’il ne pouvait pas l’appeler ‘grande sœur’ ce serait trop étrange, c’était elle sur qui il fallait toujours veiller, surtout pour qu’elle ne redouble pas. Bon, elle était trop fière pour l’admettre c’est sûr, mais sans lui elle n’irait pas bien loin ahah !

Lui offrant son bras, il conduisit sa sœur et cavalière jusqu’au buffet où il lui servit un verre de sa boisson préférée. La fête battait déjà son plein et quelques couples évoluaient avec grâce sur un air de valse sorcière… pas trop le genre de musique des Moreau autrement dit. L’avantage d’aller à ce genre de festivités en famille c’est qu’il n’y avait pas de pression, ni quoi que ce soit du même genre, en effet, il connaissait tellement bien Nina qu’il pouvait devancer le moindre de ses désirs comme un vrai gentlemen, et ça, ça lui faisait plaisir, du coup, il avait presque l’air content. Enfin, même s’il restait un petit détail à mettre au point…

« Tu veux danser ? Corann m’a un peu appris l’année dernière mais je ne sais pas si je suis vraiment doué là-dedans. » Si on lui posait vraiment la question, il dirait sûrement que non, parce qu’il ne se sentait pas à l’aise dans la foule alors sur la piste de danse noire de monde vous pensez… toutefois, venir à un bal et ne pas danser, c’était quand même un peu idiot. Même l’année précédente, alors qu’il était venu avec une septième année – top canon d’ailleurs même si ça importait peu à Camille vu leur différence d’âge, objectivement, elle l’était, et c’était aussi ce que pensaient pas mal de garçons plus vieux dans Poudlard -, il s’était un peu trémoussé sur la piste… non sans un profond sentiment d’être ridicule, certes, mais ce qui compte c’est de participer !

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Ce devait être la saison du violet, oui, c'était sûrement ça, la saison du violet. Ne manquait plus que les cheveux violets à Elizabeth et elle se fondrait parfaitement dans n'importe quelle surface de la même couleur. Chaussures à talons violettes, robe violette, collier violet, tout l'était, chez Elizabeth ! Elle avait opté pour un maquillage plutôt discret mauve tendant vers le bleu et sa coiffure était pour ainsi dire particulièrement changeante. Si Elizabeth était fière de porter la robe que ses trois soeurs lui avait faite sur mesure (la plus belle robe existante, pour Elizabeth. Elles n'avaient jamais un aussi beau travail, c'était juste sublime et Eli était même prête à la vendre aux enchères juste après le bal pour devenir multi-milionnaire au moins tout ça), elle était surtout très fière de la coiffure qu'elle avait fait.

Elizabeth avait dans un premier temps retrouvé sa couleur chatain naturelle, quittant enfin le blond qu'elle arborait depuis si longtemps. La 7ème année, c'était l'année du changement, aussi. Anabelle avait d'ailleurs du faire preuve d'une patience monstre pour voir Elizabeth – dans leur salle de bain - passer tant de temps à se coiffer. A vrai dire, Elizabeth n'avait jamais été une grande fan de coiffures complexes, mais là elle voulait changer radicalement, épater, en jeter. Elle voulait vraiment plaire à Alban, ça lui tenait très à coeur. Et elle avait aussi pour challenge personnel de prouver qu'en 7 ans elle avait bien grandit, et changé. La préfète avait donc tiré ses cheveux chatains clairs en arrière et les avaient soigneusement coiffés, comme la photo du magazine qu'elle tenait collé au miroir devant elle. Pas question de faire un truc différent, la coiffure était bien trop belle pour la gâcher et Elizabeth voulait vraiment ressembler à la manequin de la photo, au niveau des cheveux, tout du moins. Puis, la robe était si belle qu'elle se devait de ne pas ressembler à un thon brésilien je sais, c'est dur, aussi...

Une fois qu'Elizabeth se fut coiffée, habillée, chaussée, et maquillée, elle regarda Anabelle partir pour rejoindre Adrien. Elle était vraiment belle, Anabelle, franchement, c'était après Susan une des plus belles filles qu'elle connaisse... Eli elle, avait rendez-vous avec Alban devant la grande salle. Il l'attendrait en principe et Eli ne voulait pas le voir avant, juste pour avoir une bonne surprise en voyant comment il était. Elle voulait aussi secrètement qu'il la trouve belle, c'était un peu le soucis principal de toutes les filles de Poudlard qui avaient un cavalier, en fait, qu'ils la trouvent belle. Une sorte de petit stress mélé à de l'excitation qui vous faisait paniquer presque toute la soirée, tout ça avec enthousiasme, ceci dit.

Quand Elizabeth jugea qu'elle était prête, après avoir jeté un dernier coup d'oeil dans la glace c'est terrible ce narcissisme exacerbé ! , elle se rendit à la grande salle, en passant par la salle commune – presque vide, tout le monde se préparait pour le bal – par les sous-sols, pour enfin arriver dans le hall de l'école. Il y'avait du monde, des couples se croisaient, se rencontraient, de par les étages du château qui arrivaient de différents couloirs. Elizabeth resta légèrement en retrait de cette foule hétéroclite, les mains jointes devant elle, cherchant anxieusement Alban des yeux. Pitié, faite qu'il soit déjà là et qu'il la voit, elle ne voulait pas rester là comme une pauvre cruche, sans aucun cavalier ! Surtout qu'en plus de ça elle ouvrait le bal, si Alban n'était pas là, ça le ferait moyen.

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Robe : https://i.servimg.com/u/f27/11/27/17/22/rob_el10.jpg
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C'est la, c'est la, c'est la Bamboula ! You-hou, le bal de Noël, c'était ce soir !! Roman était content d'y aller, en particulier parce que cette année, il n'aurait aucun stress. Aucun stress venant de sa cavalière, toujours ! Pas que Roman avait souvent stressé aux bals de Noël passés, mais il était vrai, qu'à chaque fois ou presque il avait eut quelqu'un de son âge et inévitablement ça sous-entendait, une ambiguité. Du moins Roman le voyait comme ça. Là, y aller avec Annagovia c'était un peu comme partir au zoo et s'amuser comme des fous, tranquilles, entre frères et soeurs. Et là, ils allaient s'amuser, c'était clair ! Le but de la manoeuvre - cette année oui on innove, les pétards c'est sympa 5 minutes mais l'avenir c'est le nouveau - étant de chipper un maximum de nourriture très trèèès discrètement, pour en ramener le plus possible dans la salle commune des Poufsouffle, histoire de faire un after-bal, dès le soir même. Il fallait dire qu'il y avait beaucoup de gens qui ne voulaient pas aller au bal de Noël et Roman ne pouvait pas s'empêcher d'avoir de la peine pour eux. C'est ainsi qu'il avait eut l'idée d'une contre-soirée avec Annagovia. Il avait fait un maximum de gâteaux pour tous ceux qui restaient dans la salle commune des Poufsouffle, et allait avant ça amener un maximum de mets issus de la grande salle. Alors non, il ne voulait pas rester dans sa salle commune, d'un parce qu'il la connaissait déjà très bien et deux parce que râter le bal de Noël, quand même, ça ne se faisait pas, en particulier quand on était un reporter sans frontière hors pair, comme lui.

Roman s'habilla donc naturellement pour l'occasion, en prince charmant. Oui enfin pour lui, s'habiller d'un costard c'était s'habiller en prince, ainsi, on comprenait sans mal pourquoi il idôlatrait tant les bals de Poudlard. Vêtu d'une chemise blanche, d'un costard jaune, façon The Mask beige, et d'une cravate dorée, Roman enfila ses chaussures de la même couleur que son pantalon et sa veste et alla dans la salle de bain. Il aimait bien quand Megan et Myrielle l'habillaient, ça lui donnait l'impression d'être une star et Roman adorait ça. Le jeune homme alla donc se coiffer dans la salle de bain avec du gel et termina avec une note de parfum. Voilà, tout était prêt, et Roman - après s'être un dernier sourire éclatant à son reflet – se rendit dans la salle commune, où Annagovia devait venir le rejoindre. Il était bien évidemment en avance et s'assit donc sur un fauteuil de la salle commune, en attendant. Dire que dans quelques temps, ici se tiendrait une seconde soirée vraiment la classe, où tout le monde qui le souhaitait (Poufsouffle, donc) pourrait profiter de leur grande salle commune, entre amis. Que c'était la classe d'avoir une salle commune par maison, sérieux ! Réalisant qu'il venait d'oublier son appareil photo dans ses affaires, Roman fila dans son dortoir, au pas de course et une fois sa porte-tonneau franchie, alla immédiatement dans son placard, chercher son appareil photo. C'est qu'il voulait prendre des photos des couples de Poudlard, ce soir ! Surtout que ça faisait intégralement partie de son plan avec Annagovia, ça, le coup de la photo. Pendant que Roman flashait, Annagovia elle, chipait discrètement par derrière quelques mets du buffet. Quelle fine équipe, vraiment !

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Pourquoi est-ce qu'il allait au bal ? Bonne question. On ne pouvait pas vraiment dire que c'était le genre de trucs qui le branchait. Loin de là même, mais on pouvait malgré tout dire qu'il y avait de la compensation sérieuse là ! Qu'on soit bien d'accord, à défaut d'être bloquée à cause d'un bal et de se retrouver peut être même obligé de danser, il allait pouvoir être en compagnie de la plus belle fille de toute l'école. Sa cavalière, Giada Rowle. Alors bien sûr, il n'y avait pas la moindre faute qui était accepté, il se devait d'être droit et sérieux, il se devait de tenir la route et de ne pas se défiler un seul instant. Même si ça pouvait à tout moment devenir compliqué bien sûr, mais bon, il n'allait pas faire n'importe quoi, il était même persuadé de pouvoir jouer les cavalier tout galant et tout mignon. Enfin bon, cela restait à voir quand même, il ne voulait pas non plus passer pour un bouffon fou d'amour. Non non, il n'était pas amoureux, elle était canon, c'était tout ! Hein ouais ? Doute, doute !

Il termina en tout cas de se préparer. Il avait même fait péter le costume cravate dans le seul et unique but de l'éblouir. Stupide ? Non, pas tant que ça, mais en tout cas, il comptait bien faire tout son possible pour que ça marche, il n'avait pas peur, tout comme il ne sentait pas le besoin de faire toute une montagne de cette soirée. C'était comme il était qu'il irait, avec ses qualités et ses nombreux défauts. Si ça ne lui plaisait pas, et bien soit, mais il n'était pas du genre à changer pour les autres, loin de là, et cela n'allait pas commencer, en plus de ça. Non, il ferait comme d'habitude, il serait lui même et il verrait bien comment cela bousculerait les événements. De toute façon, pas la peine d'espérer, ce n'était pas lui qui allait se faire passer pour un autre. Son sale caractère, ses mauvaises manies, sa façon de parler, c'était du lui tout craché, en faite. Alors ça ne servait à rien de se mettre à espérer qu'il pourrait changer si facilement. Ca n'arriverait pas. Sauf peut être avec quelques coups dans la tête. Mais à l'heure actuelle, le seul qui semblait avoir envie de le frapper ne le touchait pas. Et oui, Vincent Fayr semblait encore craindre de perdre son amitié avec Seth s'il venait à lever la main sur son cousin. Peur totalement fausse mais bon, si ça lui faisait plaisir et si ça évitait au Serdaigle de perdre quelques dents, et bien soit ! Ce n'était pas lui qui allait se mettre à rouspéter. Parce que le Serpentard frappait dur hein ! Alors voilà quoi.

Bon, il était temps de retrouver la belle, ou en tout cas, de filer pour l'attendre au bas des marches puisque bon, on ne pouvait pas vraiment dire qu'il était si en retard que ça, et il y avait fort à parier qu'il serait là avant elle. Plus qu'à aller voir !

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