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 Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV]

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Wilhelmina Kilgarvan
Wilhelmina Kilgarvan
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Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV]   Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] - Page 2 EmptyVen 16 Aoû - 23:19

Wilhlmina se mordit la lèvre et se traita mentalement de triple buse. Elle avait oublié beaucoup trop vite qu’Opaline était venue jusqu’à sa table pour la tancer vertement, et pas du tout pour tailler un brin de bavette. Tenir une vraie conversation avec quelqu’un manquait tellement à la petite Serdaigle – la poignée de minutes qu’elle venait de passer avec la Gryffondor était, et de loin, l’échange le plus long qu’elle ait eu depuis son arrivée à Poudlard  – qu’elle avait eu l’illusion, l’espace d’un instant, qu’elle était de nouveau en compagnie d’une de ses amies de primaire (car si Wilhelmina n’avait jamais été une élève très populaire à l’école, elle était tout de même parvenue à nouer quelques amitiés solides). Elle avait donc fait fi de la prudence élémentaire et abandonné toute réserve pour se mettre à parler à tort et à travers. Bien mal lui en avait pris, puisque, de toute évidence, Opaline n’avait pas du tout envie d’entrer dans le débat. Mais à quoi pouvait-elle s’attendre de la part d’une fausse moldue (*Peuh ! Un père moldu ? Et alors ? Moi, mes deux parents sont moldus ! Amatrice !*) ? Elle avait sans doute été nourrie aux histoires de gentil chaudron sauteur et de lapine qui babille (*Je parie qu’elle n’est même pas capable de citer correctement une seule ligne des Quatre Filles du Docteur March !*).

Soucieuse de s’épargner une prise de bec au cours de laquelle elle risquait de déclarer forfait dès les premiers bredouillements, tant son sens de la répartie était défaillant, la fillette fit machine arrière. Elle haussa les épaules d’un air désinvolte que venait démentir la rougeur de ses jours, et marmonna :
- Désolée.
Pour quoi, exactement ? Pour avoir négligé le fait qu’elle appartenait à un monde qui ne semblait pourtant pas vouloir d’elle ? Pour avoir osé émettre une opinion qui n’était pas du goût de la Gryffondor ? Pour avoir exprimé le fond de sa pensée ? Elle n’avait pas eu le sentiment de dépasser les bornes de l’outrecuidance ni ne s’être montrée particulièrement dédaigneuse, comme le disait si bien Opaline, mais elle avait appris depuis longtemps qu’il fallait mieux faire le dos rond plutôt que de prendre le risque de se ridiculiser. Ah ! Si seulement les conversations pouvaient se tenir à l’écrit… Là oui, elle aurait eu ses chances de vaincre, car ses arguments, elle en était convaincue, ne valaient pas moins que ceux de ses adversaires ! Hélas ! Il lui fallait sans cesse lutter contre le bégaiement, les joues cuisantes et la certitude que tout le monde allait se moquer d’elle si jamais elle avait le malheur de faire entendre le son de sa voix. Les excuses confuses étaient donc devenues son mantra, sa bouée de sauvetage, lorsqu’elle sentait que le tour de la discussion devenait glissant. Même quand elle n’était pas sûre de bien comprendre la raison pour laquelle elle devait se récuser, ses interlocuteurs, eux, paraissaient toujours la connaître, et en être satisfaits. Elle venait ainsi de jouer son va-tout.

Cependant, Wilhelmina ne pouvait s’empêcher d’éprouver un soupçon d’inquiétude quant à la réaction d’Opaline. De l’avis de la Serdaigle, les réactions de la jeune sorcière étaient tout à fait imprévisibles. Opaline était sans nul doute la personne la plus étonnante qu’elle ait jamais eu à côtoyer jusqu’alors, si bien qu’elle éprouvait à son égard une forme de curiosité teintée de terreur. Ou plutôt l’inverse, car la terreur l’emportait indubitablement sur la curiosité.
*Holàlà, j’ai vraiment intérêt à faire très attention… Parce que si les sorciers ne supportent pas la moindre critique de leur système, je vais me faire écharper rapidement ! En plus, ce n’était même pas une critique ! Je faisais simplement remarquer que le fait d’être sorcier ou moldu n’avait rien à voir avec la discipline d’une classe… Ce n’est pas exactement comme si j’avais insulté le premier ministre ou laissé entendre que leur politique éducative était une machine à créer des imbéciles ! Ils ne font même pas de maths !* Remarqua-t-elle, en son for intérieur. Elle avait beau chercher ce qu’elle avait bien pu proférer de si terrible, elle avait du mal à concevoir qu’Opaline pût prendre la mouche pour une comparaison très vague entre les moldus et les sorciers. Enfin quoi ! Elle n’avait pas entrepris toute une étude sociologique visant à démontrer la supériorité des moldus, c’était ridicule ! *Ben en tout cas, s’ils réagissent tous comme elle, ça risque d’être coton pour faire changer quoi que ce soit, chez les sorciers…* Conclut-elle, estimant qu’il y avait là quelque chose à creuser, et qu’elle aurait aimé connaître l’avis d’Opaline sur la question.

Après tout, elle n’était sorcière que depuis quelques semaines, et ressentait par conséquent, contrairement à ce qu’elle voulait bien laisser paraître, une forme de saine appétence à l’égard de ce nouveau monde : ses repères avaient été soudainement bousculés, si bien qu’elle se faisait l’effet d’un très jeune enfant qui aurait tout à apprendre de l’existence. C’était un peu effrayant pour la timorée timide qu’elle était. Quoi de plus normal qu’elle continuât à tout mesurer à l’aulne de ce qu’elle connaissait ? Elle avait toujours été très lente, pour s’adapter à un nouveau milieu comme pour faire ses devoirs ou répondre à une question. Quand elle partait en vacances dans un nouvel endroit, il lui fallait des jours et des jours, avant de s’y sentir à l’aise… Souvent, elle n’y arrivait qu’au moment du départ. Malheureusement, Opaline n’avait pas l’air d’humeur à supporter qu’on l’interrogeât avec candeur (« Ah bon ? ça fonctionne comme ça, chez vous ? Et c’est bien ? ») sur les sorciers, aussi Wilhelmina essaya de faire taire ses velléités de rebuffades.

Si elle y parvint assez bien, elle ne réussit toutefois pas à retenir un « Oh ! » scandalisé, quand Opaline critiqua le Professeur Binns, avec une véhémence sans appel (aux yeux de Wilhelmina, du moins !). Mais… Enfin ?! Comment osait-elle se permettre un tel jugement ? D’accord, Binns n’était pas un fin pédagogue, elle-même était obligée de reconnaître qu’elle avait déjà étouffé plus d’un bâillement dans son cours, mais il avait beaucoup de choses à leur apprendre si on voulait bien se donner la peine de l’écouter !
*Et puis, * Songea-t-elle vertueusement, *c’est quand même un Professeur ! On doit le respecter… En plus il est mort, le pauvre… C’est sans doute très dur pour lui…*
- Je ne suis pas d’accord, rétorqua-t-elle, avant même d’avoir eu le temps de réaliser ce qu’elle faisait (*Mais t’es folle ? Tu veux mourir ? Allô Cerveau, ici Raison. Cette fille est une bombe. Je répète. Une bombe. Arrête tout ! Arrête tout avant qu’elle n’explose !*). Euh… Enfin… Euh… Je veux dire… Reprit-elle bravement, tandis que son visage s’empourprait de nouveau,  d’accord, il est c-c-c-c-c-c-carrément p-p-p-p-p-pitoyab-b-b-ble comme enseignant, m-m-m-m-mais l’histoire de la m-m-m-magie, c’est très intéressant ! Euh… M-m-m-même si on ne p-p-p-parle pas de ce que t-t-t-tu voudrais… En p-p-p-plus, ça viendrait p-p-p-peut-être p-p-plus tard dans le programme… Acheva-t-elle, très fière de constater qu’elle n’avait pas bégayé. Enfin… Presque pas.
*C’est vrai, à la fin ! Moi j’aime bien les histoires sur les gobelins ! Je ne savais même pas que les gobelins existaient il y a trois mois ! Et puis ça montre les tensions qui existent entre les différentes euh… euh… Composantes ? Communautés ? Espèces ? du monde sorcier !*

Fort heureusement pour la fillette, avant qu’elle n’eut le loisir de s’épandre davantage sur les mérites de l’Histoire de la Magie (« Hé, les gars ! Venez voir, Binns a un fan club ! »), Opaline rajouta un élément qui surprit franchement Wilhelmina.
- Ah bon ? S’étonna-t-elle avec naïveté, je croyais que tu n’avais peur de rien ! Comment ça j'ai rien écouté quand tu parlais des punitions ? Avoua-t-elle ensuite, sans aucune trace de moquerie. Je veux dire… Tu m’as bien foncé dessus en pleine étude et tu as viré mon voisin de table ! Moi, je ne l’aurais jamais fait ! Expliqua-t-elle, consciente toutefois que ce dernier argument était plutôt faible. Qu’était-elle, en effet, du genre à faire, sinon rentrer la tête dans les épaules en priant pour que personne ne la remarque ?

Elle coula un œil mi-admiratif et mi-craintif en direction de la Gryffondor, puis reprit d'une voix flûtée qui, pour une fois, ne tremblait pas, probablement parce que la fillette était plongée dans une profonde réflexion :
- Ben… On est dans une école, non ? On est là pour travailler, non ? Je veux dire, moi je passe tellement de temps sur les devoirs, que de toute façon, je ne peux plus rien faire après, sinon dormir… Ils font quoi, les autres, quand ils ne révisent pas ?
Elle s’efforça de se remémorer les activités auxquelles ses camarades se livraient, dans la salle commune, après le dîner, mais la seule image qui lui venait à l’esprit était celle des têtes penchées sur les livres de classe. Ceci étant, elle était souvent trop concentrée sur ses propres devoirs pour se soucier de ce qui se passait autour d’elle, si bien qu’elle n’était pas certaine de la fiabilité de son témoignage.

(1500 mots environ)

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Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV]   Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] - Page 2 EmptyMar 20 Aoû - 12:25


    « C'est pas grave, de toute façon, tu n'as pas complètement tord non plus. Il est mort avant ma naissance, alors c'est plutôt le côté sorcier de ma famille qui m'a élevé. Cela dit, je refuse d'être cataloguée comme sang-pur, tu comprends ? » Toujours profondément lunatique, Opaline prit les excuses de sa voisine comme elles l'arrangeaient et comme elle voulait bien les comprendre. Aussi s'était-elle aussitôt radoucie (jusqu'à la prochaine fois, vous l'aurez compris). Et si Opaline refusait d'être sang-pur de manière aussi farouche qu'elle avait refusé d'être à Serpentard, c'était parce qu'elle était née au milieu de la guerre, elle en avait entendu parler toute sa petite enfance et parfois encore maintenant. Certains en gardaient même des cicatrices. Elle ne pouvait tolérer ce genre de comportement, elle préférait encore être une Montgomery indigne qu'être assimilée à la maison des Mangemorts. C'était même pour ça (et aussi un peu pour qu'elle se sociabilise) qu'elle avait été dans une école primaire moldu alors que sa famille aurait pu lui payer un précepteur. Christian l'avait envisage (craignant surtout que sa jeune sœur ne décide de faire sauter l'école juste pour le plaisir), mais Opaline avait beaucoup insisté. Et elle s'était illustrée dans de nombreux domaines, y compris par sa bonne tenue. Cela pouvait sembler difficile à croire, mais comme elle l'évoquât un peu plus tard dans la conversation avec Mina, elle n'était guère friande de punition.

    « Binns avait pris sa retraite à un moment, il eût mieux fait d'y rester. » Même si prendre sa retraite pour un fantôme ce ne devait pas être évident. Dès que la place avait été de nouveau vacante, le fantôme avait repris naturellement le chemin de sa salle de classe. Beaucoup étaient persuadés qu'il ne s'en était pas rendu compte. Et Opaline était de ceux-là. « Et, justement, comme il était déjà un fantôme lors de la dernière guerre, je suis persuadée qu'il ne sera pas capable de l'enseigner. C'est pourtant autrement plus important que la vie des gobelins. Mes frères l'ont faite, cette guerre, et je t'assure que ça mérite qu'on en parle. Beaucoup de jeunes sorciers sont morts pour protéger les nés-moldu, les cracmol et les sang-mêlé. On ne devrait pas laisser leurs noms tomber dans l'oubli. » ça y est, Opaline s'enflammait ! D'ici deux minutes, elle risquait même d'exploser. Quoique, la suite de la conversation l'obligea à se calmer assez rapidement.

    « Je ne crains pas les élèves, mais je peux avoir peur d'autre chose. Mon grand-frère dit toujours que le vrai courage n'existe pas sans un peu de peur. » On s'y perdait à force avec ses frères, mais attendez qu'elle sorte ses sœurs, ses belles-sœurs et ses beaux-frères, et là vous pourrez vraiment être perdu ! Elle tapota de nouveau la table d'un air distrait puis, se souvenant que c'était l'objet de sa querelle avec Mina, interrompit son geste et s'étira les bras. Si elle n'était pas obligée de rester en étude, elle aurait volontiers été courir dehors, ou jouer avec ses amis. Se défouler en tout cas, elle n'en pouvait plus d'être sur un banc depuis le début de la journée.

    « Poudlard ce n'est pas qu'une école, c'est aussi une maison de substitution. On n'est pas sensé y faire que travailler. » Quant à ce que faisaient les élèves lorsqu'ils ne révisaient pas... c'était large. « Et bien, hum... il y a des clubs. Le club de danse, le club journal, le club de natation et bien entendu le club de quidditch. Tu sais ce qu'est le quidditch n'est-ce pas ? Il y a eu un match il n'y a pas longtemps, tu y étais ? Bon, et sinon, on peut jouer aux cartes ou aux échecs dans la salle commune, parfois il y a des activités organisées par les préfets, et sinon tu peux simplement passer du temps avec les membres de ta maison. A discuter par exemple. » Elle haussa les épaules, elle oubliait sûrement tout un tas de choses que Opaline pourrait faire, mais là, à froid, elle ne voyait pas.
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Wilhelmina Kilgarvan
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Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV]   Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] - Page 2 EmptySam 31 Aoû - 20:29

Pour un peu, Wilhelmina aurait presque commencé à apprécier Opaline, si elle n’avait pas tant craint ses réactions. Après tout, la pauvre petite bichette avait perdu son papa avant de naître, ce qui apparaissait, aux yeux de la Serdaigle, comme le pire des châtiments. Elle ne parvenait pas à se représenter ce que pouvait être une enfance sans père. Certes, elle n’avait jamais vraiment eu d’atomes crochus avec son propre « daddy », qui semblait sans cesse un peu étonné d’avoir conçu une enfant refusant de s’intéresser au sport, la grande passion de son existence, et incapable de la moindre coordination quand il s’agissait de rattraper un ballon (« A droite, Wilhelmina ! Tends les bras ! Les bras, j’ai dit, pas les jambes ! ») mais, au moins, il avait toujours été présent depuis sa naissance et elle savait que sa nature timorée ne l’empêchait pas de l’aimer sincèrement.

Quant à elle, elle lui avait prouvé son affection en lui envoyant un compte-rendu détaillé du premier match de Quidditch auquel elle avait assisté : bien qu’elle n’eût éprouvé qu’un  faible intérêt pour le match, elle avait passé des heures à agrémenter sa lettre de schémas détaillés des différentes actions afin que son père se les représente mieux… Belle preuve d’amour filial ! Dommage, M. Kilgarvan avait été tellement emballé par son récit qu’il lui avait demandé de prendre des photos lors du prochain match… Qu’elle avait initialement prévu de manquer pour se concentrer sur ses devoirs. Maintenant, elle allait être obligée d’affronter le froid mordant (*Une honte ! On ne devrait pas nous laisser assis pendant des heures sur des tribunes gelées ! C’est vraiment n’importe quoi, cette organisation ! Tout le monde sera malade, c’est sûr !*) pour satisfaire à la requête paternelle.

- Ah, finit-elle par articuler maladroitement, en se dandinant sur sa chaise.
Que convenait-il de dire dans de telles circonstances ? « Désolée » ? Mais elle n’était pas pour grand-chose dans la mort de Monsieur Opaline père. « Je ne savais pas » ? Bien entendu que non, tu ne savais pas, débile, on vient de se rencontrer. « Et tu le vis bien ? » Super, je n’ai jamais eu envie d’avoir un père, de toute façon. Tout ce qui lui venait à l’esprit lui parut manquer de tact et de courtoisie, aussi préféra-t-elle éluder la question des condoléances tardives pour se concentrer sur la suite des propos de la Gryffondor.
- B-b-b-ben, baragouina-t-elle, en fronçant les sourcils, c’est t-t-t-tout à t-t-t-ton honneur, je sup-p-p-p-ppose. Il m’a semb-b-b-blé comp-p-p-prendre que pour cert-t-t-tains, le sang était très imp-p-portant.
Ce n’était peut-être que de vilaines rumeurs, mais ses aînés lui avaient bien laissé entendre, lors du banquet de début d’année, que la petite née-moldue qu’elle était avait tout intérêt à se tenir à l’écart des Serpentards.
- N’emp-p-pêche, rajouta-t-elle pensivement, tortillant d’un geste machinal une mèche de cheveux roux entre ses doigts, j’aim-m-m-merais b-b-bien avoir un p-p-p-parent sorcier, je serais sans dout-t-te moins p-p-perdue tout le temps, expliqua-t-elle, un peu honteuse toutefois de son manque de loyauté à l’égard de ses parents. Ce n’était pas de leur faute, si elle était incapable de se faire le moindre ami ! Les autres enfants de moldus, eux, ne semblaient pas du tout souffrir de la situation.

La fillette secoua résolument la tête pour en chasser ces sombres pensées, et gratifia Opaline d’un coup d’œil un peu vide. Elle n’était pas certaine de bien comprendre cette histoire de guerre (*Une guerre ? Il y a eu une guerre ? Mais… En Angleterre ? Non, ses frères ont dû partir combattre en Irak ou un truc du genre…*), mais elle n’osait pas poser de questions à la Gryffondor – qui avait l’air d’en parler comme d’une évidence-, de peur de passer pour une ignare de la pire espèce (*Il faudra que j’aille consulter les vieux journaux, à la bibliothèque… Il y aura sans doute quelque chose là-dedans !*), aussi se contenta-t-elle d’arguer d’une voix hésitante :
- Euh… B-b-ben, peut-être, euh… Euh… Que c’est comme chez les m-m-m-moldus… T-t-tu sais, on n’a p-p-pas le d-d-droit d’enseigner des événements t-t-trop cont-t-temp-p-porains p-p-parce qu’on n’a p-p-pas encore assez de recul dessus, précisa-t-elle doctement, avant de froncer le nez d’un air anxieux. Si tant de gens étaient tombés pendant cette fameuse guerre, il devait bien y avoir des monuments aux morts quelque part, non ? Leur utilité avait toujours laissé Wilhelmina incrédule, mais elle devait bien admettre qu’en avoir bâti jusque dans le village le plus reculé d’Ecosse constituait un souvenir durable des horreurs perpétrées des décennies auparavant. Toutefois, maintenant qu’elle y songeait, il ne lui semblait pas avoir remarqué que Poudlard rendait hommage à ses morts de quelle que façon que ce fût. Euh… Il n’y a j-j-j-jamais eu de com-m-m-mmémoration ? Se risqua-t-elle à demander, priant pour que la date anniversaire de la dernière guerre ne soit pas encore passée (« Ben non, crétine, tu vois bien qu’on n’a rien fait de particulier, le  10 Octobre dernier ! Tu ne suis vraiment rien, toi ! »).

De nouveau, la fillette se tortilla sur sa chaise, perdue dans ses pensées. Elle n’était pas certaine de comprendre la philosophie de Montgomery-le-Frère-numéro-inconnu, mais elle lui semblait comporter un léger défaut.
- Oh, alors dans ce cas, je dois avoir des réserves de courage insoupçonnées, soupira-t-elle d’un air un peu triste. Elle fronça encore le nez et ajouta, sans se soucier de passer de la licorne à la chimère, ce qui devait être pénible pour Opaline. Ouais, j’ai vu qu’il y avait un club d’échecs, mais je ne suis pas encore totalement habituée à voir les pièces se livrer une guerre sans merci et donner des conseils de survie aux joueurs…
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Ξ Sujet: Re: Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV]   Et ils osent appeler ça "étude" ?! [PV] - Page 2 EmptyMar 10 Sep - 12:42


    Opaline resta un moment le regard dans le vague, repensant à ce qui se disait sur le sang et son importance du côté de la famille de sa mère. Elle n'aimait pas beaucoup ses grands-parents. Enfin, elle les aimait, mais elle ne les respectait pas. Ils avaient des paroles blessantes à son égard sans même le faire en pensant à mal. Beaucoup de personnes sans dans sa famille lui reprochaient la mort de la si formidable Claire Montgomery, le joyaux de la bonne société sorcière Londonienne. On regrettait sa beauté, son sourire, ses manières à la fois élégantes et provocantes, et de tout ça, il ne restait plus rien, parce qu'elle avait aimé un homme malade et lui avait donné une fille pour ensuite le suivre dans la mort. Opaline n'avait que de vagues souvenirs de sa mère et elle soupçonnait qu'elle les avait inventé à partir des photos ou des histoires que ses frères ou sœurs lui racontaient. Mais ce dont elle était sûre c'était qu'elle n'était pour rien dans la mort de sa mère, et que Claire l'aimait, parce que sur les photos, même amaigrie et affaiblie, elle souriait avec beaucoup de tendresse. Dommage que ses snobs de grands-parents ne soient pas cet avis. Ils lui rappelaient souvent – quand Christian et Ash' n'étaient pas là pour les en empêcher – qu'elle n'était pas comme ses autres frères et sœurs, qu'elle était arrivée trop tard, qu'elle n'était pas pure. Opaline écoutait les discours figés de sa grand-mère avec un regard fixe, sans vraiment les entendre. Cette vieille femme ne s'entendait pas très bien avec Chris' de toute façon, alors c'était qu'elle n'en valait probablement pas la peine. Opaline était seulement dégoûtée que les jumeaux et Chiara aient toute son attention, c'était si hypocrite, tout ça parce que Ash' était d'une grande famille... Christian ne l'avait pas épousé pour ça. C'était ridicule.

    « Oui. Dans ma famille c'est considéré comme important. Enfin, pour certains d'entre eux du moins, les plus vieux. La jeune génération est plus tolérante... » Au moins en apparence, car est-ce qu'ils pensaient tous que les enfants nés-modus valaient les sorciers de sang pur ? Voilà qui n'était pas certain, loin s'en fallait.

    « Tu t'habitueras à Poudlard. Tu mettras peut-être plus de temps que ceux qui ont eu de la famille ici, mais tu t'y feras. Il y a beaucoup de nés-moldus célèbres dans l'histoire des sorciers, dis-toi qu'ils étaient peut-être aussi perdu que toi au début. » Bon, peut-être pas à ce point là quand même car Mina avait vraiment l'air à côté de ses pompes. Mais Opaline avait décidé d'être magnanime (pour le moment).

    « Ah oui, peut-être que c'est pour ça... tu as raison. Mais je trouve ça dommage quand même. Poudlard était au centre de la guerre, on se sentirait plus concerné par ces événements que par la révolte de nos amis les gobelins. » Ces derniers mots étaient ironiques, les gobelins (pour la plupart) lui faisaient un peu peur. Surtout à Gringotts. Depuis le décès de sa mère, elle avait son propre compte vu qu'elle avait sa part d'héritage du côté de Claire et sa part du côté de son père qui avait laissé à ses deux enfants illégitimes une partie de sa fortune. Bien entendu, Opaline était loin de connaître tous les détails, elle savait juste qu'elle avait hérité et qu'elle avait, par le fait, un compte à elle, dans lequel elle pouvait piocher avec l'accord de Christian. Quand elle avait voulu certaines choses qui ne rentraient pas dans les lignes budgétaires du manoir, elle s'était rendue à la banque des sorciers pour aller dans son coffre prendre quelques précieuses pièces d'or. Bien qu'accompagnée par son tuteur ou par l'un de ses autres frères, elle frémissait à chaque fois qu'elle devait tendre sa clé au gobelin. Elle le faisait en cachant ce sentiment, mais il était bien là, elle n'aimait pas tellement les gobelins (même si elle voulait bien faire des exceptions pour certains d'entre eux).

    « Si, il y en a eu une cinq ans après la guerre. Deux de mes frères s'y sont rendus, certaines de mes belles-sœurs aussi, mais pas les jeunes sorciers, pas ceux de notre âge. J'aimerais juste qu'on n'oublie pas ce qui est arrivé... j'étais toute petite pendant la guerre, je ne m'en souviens pas, mais ma famille s'est battue, ils ont perdus des amis, gardés des blessures parfois... ou du moins des traumatismes. Je... je... » Elle hésita, elle ne savait pas quoi dire pour conclure, son regard était devenu très vague, presque vide. Elle revoyait des images de son enfance. Sa famille n'avait pas eu besoin d'une guerre pour avoir des ennuis, n'empêche, ça ne les avait pas aidé. Edward restait très marqué par ses combats, Opaline tenait de lui son militantisme, Quentin aussi avait vécu cette période avec beaucoup d'énergie. Ils avaient eu des camarades qui avaient disparu ou qui étaient morts au combat. Des gens avec qui ils avaient passé des années à Poudlard. Et c'était avec ceux qui se souvenaient qu'elle avait grandi. Pour elle, c'était suffisant. Jamais elle ne voulait vivre ce que eux ils avaient connu, point. C'était une chose de subir des dysfonctionnements magiques, s'en était une autre de vivre dans la peur du camarade qui partage votre banc.

    « C'est possible, qui sait, tu te découvriras peut-être du courage lorsque tu ne t'y attendras pas. » Opaline haussa les épaules, le changement de sujet lui avait fait du bien, elle souffrait plus qu'elle ne le savait consciemment de l'héritage de sa famille. Être une Montgomery n'était pas une partie de plaisir tous les jours après tout.

    « Tu pourrais commencer par y aller juste pour voir. Moi je me suis inscrite à Sterne, j'aime bien bouger. » Mina devait l'avoir remarqué. « L'étude est terminée » lança le professeur. « Tiens, on dirait que c'est fini. Je vais aller poser mon sac dans ma salle commune. Pense à ce que ce que je t'ai dit pour les devoirs, tu devrais demander à quelqu'un de t'aider si tu n'y arrives pas. » Elle s'était levée et avait ramassé ses affaires nonchalamment. « A plus tard ! » Lança-t-elle en se mêlant au groupe des Gryffondors pour prendre la même direction qu'eux. Elle était un peu étourdie et elle avait oublié le mot de passe, mais quelqu'un s'en souviendrait pour elle. Opaline ne doutait jamais de rien quand il s'agissait de questions pratiques !


{1 078}
{Terminé pour Opaline}
BAL
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