Il s'en voulait. Les remords commençaient à s'emparer de lui, avec cette impression habituelle d'être un véritable monstre, égoïste et méchant. Il n'avait pensé à personne, juste à lui et à son petit plaisir, juste guidé par une pulsion, un besoin, qu'il tairait soigneusement. Personne ne devait savoir, évidemment, mais il n'avait pas besoin de le lui dire. Complètement éveillé, désormais, extirpé sans ménagement de son petit monde où l'adultère n'existait pas, Aaron se répétait avec dureté qu'il n'avait pas de morale et qu'il était coupable.
Pourtant... Pourtant elle ne l'avait pas repoussé. Malgré toute la brusquerie de son geste et de son baiser volé, Leandrà était restée immobile, le laissant faire, goûtant ses lèvres autant qu'il avait dévoré les siennes... Non. Non, cesser tout de suite de penser à ça. Elle n'avait pas voulu le froisser. Elle avait simplement eu peur qu'il s'emporte si jamais elle osait bouger, elle n'avait pas voulu qu'il s'énerve. Aaron avait brusqué Leandrà autant qu'il avait trahi Amanda, et cette pensée l'accabla plus encore. La main crispée sur la poignet de la porte, il n'avait plus qu'une seule envie: se noyer dans le travail... et peut-être dans l'alcool.
Aaron tressaillit quand Leandrà posa ses doigts sur les siens, un peu comme un animal craintif, peu habitué à ça, qui a peur de la main pourtant amicale qui s'approche trop près. Etouffant la petite grimace presque douloureuse qui s'était collée sur ses traits, il se tourna vers elle pour l'observer d'un air complètement perdu, les sourcils en vague. Quoiqu'elle pouvait dire, il s'en voulait tellement qu'il en venait même à douter qu'ils puissent un jour se reparler les yeux dans les yeux. Saisi par la honte, Aaron l'écouta sans broncher, mais quand elle prononça son prénom - il ne savait même pas qu'elle le connaissait - il serra légèrement ses doigts trop fins.
Hochant légèrement la tête, il laissa partir à regret la douce étreinte pour qu'elle puisse ouvrir la porte. Mais bon dieu! Non, pas à regret! Il fallait qu'il arrête de penser comme ça! Ils n'avaient pas à se tenir la main, et ça s'arrêtait là! Bordel, s'il était accaparé par ce genre de pensées, il allait falloir plus qu'un verre pour se calmer. Surtout, surtout, se rappeler que c'était juste un moment de faiblesse. Ne pas analyser ses sentiments sans 3 grammes d'alcool dans le sang. Ne pas se retourner sur son passage. Eviter de sentir son parfum. Détourner le regard si elle s'avançait.
Ils sortirent tous les deux, le mal d'Aaron ne se calmant pas, ses traits étaient tendus, un peu secs. Il ressemblait déjà plus à l'Auror forcené, débraillé, qui était rentré par effraction chez elle pour la tirer du lit sans galanterie. Ce n'était pas forcément le plus agréable, mais il ne pouvait rien se permettre d'autre. Il avait fauté, bon dieu... Il avait merdé...
Aaron évita son clin d'oeil mais sa remarque lui arracha un petit ricanement nerveux. Lui aussi rattrapé par la pensée qu'ils allaient devoir travailler tous les deux dans le même bureau toute la journée, il dégaina sa baguette pour le transplanage. Autant qu'ils le fassent l'un après l'autre, Aaron n'était pas certain que transplaner ensemble les aiderait vraiment...
- " On va dire que c'est ça..." marmonna-t-il sur un rictus crispé. "Enfin, si ça vous a plu, c'est déjà ça... Leandrà."
D'hô, mais arrête de t'enfoncer pauvre abruti!
Levant légèrement le bras, il risqua un dernier coup d'oeil en sa direction, songeant que de toute façon, il s'interdirait jusqu'à la revoir au boulot, et pivota enfin pour activer le transplanage jusqu'au Ministère. Quelques secondes plus tard, c'était au tour de Leandra et oui je SAIS JE PNJISE TON PERSO MAIS HAHAHA CE N'EST QU'UNE VENGEANCE BIEN MERITEE HAHAHAHAHA. BAD GIRL!!!!