Ennui quand tu nous tiens... [PV]

Le mois de décembre, pas chaud pour deux noises, surtout là où se trouvait le château, avait plongé l’école dans un climat froid, venteux et affreusement monotone. Les journées étaient longues, froides et semblaient se répéter, ce qui manquait de rendre folle la petite écossaise de vipère. Rester dans la salle commune ne l’intéressait pas, elle avait besoin de bouger, et se réfugier dans son dortoir et entendre ses camarades jacasser, parler du dernier garçon qu’elles trouvaient mignon, très peu pour la demoiselle. Elle avait donc décider de sortir du petit nid douillet des vert et argent et d’affronter le froid des couloirs et autres environs.

Les couloirs comme la salle commune n’offrait aucun divertissement, et a part parler à des tableaux stupides qui ne feraient que de râler après tout et n’importe quoi, la demoiselle était servie, elle était partie pour s’ennuyer un maximum. Génial ! Ce foutu château n’avait donc rien d’un tant soit peu attrayant ? Si bien, sur, l’école en elle-même était attrayante, mais il n’y avait pas grand chose à faire lorsqu’on avait finit ses devoirs et aucun match ou entraînement. Le calme plat, le vide total.

Cependant, elle aurait pu aller rejoindre son frère, et les amis de son frère, dans un endroit chauffé du château, mais cela ne l’intéressait guère. Elle voyait bien assez son frère comme ça, et n’avait pas vraiment envie de devoir se coltiner ses imbéciles d’amis. Bien qu’en fait, ils n’étaient pas tous des imbéciles, mais étaient souvent des nés-moldus et autres sang-mêlés. De quoi ravir le rouge et or, de quoi dégoûter la vert et argent. Enfin bref, tout ça pour dire que la gamine s’ennuyait totalement.

Quand au Serdaigle pour qui elle s’était adoucie, disons qu’il n’était pas du genre débrouillard ou à prendre soin des autres. Non, en fait, il était plutôt renfermé, et ne parlait jamais. Le bal avait d’ailleurs été un épisode mémorable de leur liaison. Si l’on pouvait appeler cela une liaison… Pas sur, pas sur du tout même. Non, en fait, il n’y avait strictement rien eût entre eux, et cela n’était peut-être pas plus mal. Un Serpentard sera peut-être le prochain, et cela serait beaucoup plus appréciable aux yeux vairons de la jeune fille. Un Serpentard au moins, ça avait la classe, le charisme et les bonnes manières qu’il se faut d’avoir, surtout à l’égard d’une fille. M’enfin bon.

Au détour d’un couloir, elle rencontra enfin quelqu’un. Pas très grand, un premier ou deuxième année. Bon, de loin, il ne lui disait rien, et impossible de voir son insigne. Finalement, elle se trouva face à face avec son capitaine de Quidditch, Siegfried. Dommage, si c’était quelqu’un d’ autre, elle aurait pu se divertir à martyriser mais bon.

- Bonjour Léthé…

Une voix froide, bien entendue, même pour ceux de sa propre maison. Oh, elle n’avait rien contre lui, elle était juste comme ça. Distante, méfiante, et asociale. Mais bon, Siegfried n’était pas méchant, peut-être qu’elle pourrait éventuellement être plus, chaleureuse ?

Alors que Siegfried s’amusait à taquiner la jeune fille, sur son comportement aussi froid qu’un iceberg, Heaven repensa au match. Alors, sur le terrain, il était tout fou, frappant les cognards comme un forcené, s’éclatant, s’extériorisant. L’écossaise n’avait pas été plus sociale lors du match, et elle s’en fichait un peu. Elle, elle se contentait de jouer, et de marquer des points. Un peu comme Gibson quoi, après tout, les autres équipes avaient finit par croire que les Serpentard étaient une équipe de robots non ? Enfin bref.

- A force de manger des sucreries à longueur de journée, tu finiras avec un bon mal de dents toi, tu verras…

C’est vrai qu’à chaque fois que la vipère voyait son capitaine, il était toujours à sucer, mâchouiller, croquer des sucreries. Peut-être avait il besoin d’un apport régulier de sucre, cela était une cause plausible, mais en fait, c’était peut-être un goinfre de taille, un peu comme Crabbe et Goyle… Oh non, mieux vaut ne pas le comparé à ces deux brutes, cela serait une insulte à l’égard du capitaine. Il parlait de son frère. Ah son frère, son adorable jumeau. Il était vrai qu’elle n’était pas souvent avec lui ces derniers temps, mais il fallait bien qu’il comprenne qu’elle ne pouvait pas être toujours avec lui non ?

- Hé bien, peut-être parce que ses amis stupides ne m’intéresse pas ?

Mais quel joueur ce serpent ! Il adorait taquiner les gens, et Heaven le savait, après tout, elle avait la plupart de ses cours en même temps que ceux de Siegfried, et essayait toujours d’être près de lui. Disons qu’elle aimait le caractère du vert et argent, et qu’elle adorait l’écouter taquiner les autres, qui ne comprenait pas pourquoi il se comportait comme ça. Puis il continua, encore et toujours, car il ne s’arrêtait jamais. Le serdaigle ? Ah oui, Enry… Heaven décida de lui répondre, un malin sourire aux lèvres.

- Mon Serdaigle, comme tu le dit, ce n’était qu’un cavalier, mais si je te connaissais pas un minimum, je jurerais que tu es jaloux…

Oh, c’est bon, elle n’était pas méchante, et elle ne lui criait pas non plus dessus. Il la taquinait, elle répondait, logique. Après tout, elle aussi adorait s’amuser des gens… Et puis, franchement il lui avait tendu la perche…

Le capitaine de l’équipe des vert et argents avait toutes les qualités d’un Serpentard, et savait les montrer. Comme l’écossaise au Sang-Pur savait montrer que ses origines se devaient d’être respectées, et qu’elle avait totalement sa place chez les vipères. Et elle y arrivait plutôt bien. Première année, oui, mais déjà respectée. Les paroles de son capitaine étaient tellement dénuées de sens qu’elle se mit à rire. Un petit rire, pas du tout moqueur, mais plutôt amusé. Oui, la situation l’amusait, car Siegfried avait tout faux, du début à la fin. Alors lui, il était vraiment un phénomène

- Siegy ! Il fallait t’y prendre plus tôt, j’aurais été ravie de te dire oui. Mais tu sais, il ne fait pas parti de l’équipe, et n’est même pas d’une grande famille… Tu t’es planté sur toute la ligne mon cher…

Elle le regarda et réprima un rire qui allait recommencer. Bien que ce pensait Siegfried aurait été la meilleure des solution, la réalité était complètement différente. Le cavalier de la demoiselle n’était ni dans l’équipe de Quidditch, ni d’une famille puissante et noble comme celle des Clarks. Olivia… Olivia…Ah oui, la capitaine des Serdaigle… Mouais, bof… Siegfried lui donna une petite tape dans le dos, tout ce qu’il y a de plus amical, mais le batteur avait dû oublier que la personne à ses côtés n’était ni un garçon, ni très baraqué.

- Aïe ! Siegy ! Tu m’as fait mal ! Et je ne fais pas la tête !

Elle se massa un peu l’épaule avant de donner un petit coup de poing dans le bras de Siegfried, mais tout ce qu’elle réussit à faire, c’est de se faire encore un peu plus mal. Satané Léthé, en plus de ne pas mesurer sa force, il était dur comme béton…C’est pas du jeu, les garçons ne ressentent jamais rien lorsque les filles les frappent…Puis les deux jeunes sorciers commencèrent à avancer dans les couloirs froids, sans parler, quand Siegfried montra toute sa curiosité en posant une question sur la possible relation de Heaven et du Serdaigle qui avait été son cavalier.

- Ho… Hoturi ? Qui est Hoturi ? Certainement pas le garçon qui m’a servi de cavalier… Serait-ce une fille pour qui tu craques Siegy ?

Tout d’un coup, tout l’intérêt que pouvait manifester Heaven avait été capter par le lapsus du capitaine, et elle brûlait d’impatience d’avoir sa réponse. Bien qu’elle ne voyait pas Siegfried comme un garçon qui pouvait ressentir quelconque sentiments, il avait trouver de quoi l’intéresser.

Elle sourit et regarda autour d’elle. Il n’y avait rien, les couloirs étaient désert, et les personnages dans les tableaux se plaignaient du temps. Siegfried n’avait toujours pas fini sa sucette, et il venait à peine de réagir qu’il s’était planté. Il était marrant, au fond, quand il ne cherchait pas à vous taquiner.

- Oh, je suis sûre que tu étais trop fasciné par ma personne pour te soucier de lui, pas vrai ?

Elle lui tira la langue, pour montrer qu’elle plaisantait, et éclata de rire suite à ses paroles. Elle avait un comportement assez enfantin lorsqu’elle se sentait bien avec quelqu’un, ce qui compensait l’attitude froide et hautaine qu’elle montrait toujours aux premiers abords. Oui, avec ceux qu’elle considérait comme des amis potentiels, elle était chaleureuse, et taquinait juste parce que cela lui était indispensable.

Les autres, elle s’en fichait bien. Elle avait brisé des cœurs et des dignités maintes et maintes fois à cause de son caractère vil et sournois, et elle n’en était pas peu fière. Oui, en fait, son ego faisait peut-être le double d’elle même mais peu importe, au moins, elle savait ce qu’elle valait et le montrait. Au moins elle ne s’effaçait pas.

- Oh, hé bien je te souhaite bonne chance… Tu risques d’avoir du mal à en trouver une…

Mais nooon, elle n’était pas méchante, elle jouait son jeu, elle le taquinait, et puis, il ne pouvait pas lui en vouloir, on ne peut jamais lui en vouloir. Il ne voulait pas de fille pour le moment, et Heaven elle jouait avec le petit Serdaigle. Au final, ils avaient un point commun. D’ailleurs, son cher jumeau l’appelait souvent « Cœur de pierre », car elle n’était jamais touchée par les sentiments que les autres pouvaient éprouver, et ne montraient jamais les siens.

Mais Siegfried paraissait vraiment s’intéresser à cette relation naissante, et voulait visiblement en savoir plus. Le petit curieux. A croire que la diversion que la petite aux yeux vairons avait tentée de faire n’avait pas marché… Tant pis.

- Enry… Enry Stanley. Tu sais Siegfried, je crois que tu n’as pas encore très bien cerné mon caractère… Car si le cas contraire était en vigueur, tu ne me poserais pas cette question…

Non, décidément, le capitaine et batteur de l’équipe des vert et argent n’avait strictement rien compris au caractère de la petite Sang-Pur. Indépendante, certes, mais elle avait besoin de son jumeau comme l’eau est nécessaire à la survie de l’être humain, mais elle s’efforçait de ne pas le montrer. Oui, elle n’avait pas d’autre choix. Il pensait qu’elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, normal, puisque c’était elle qui broyait les pieds des autres, les réduisant à l’était de larves obligées de ramper pour pouvoir avancer. Elle était forte, oui, peut-être pas autant qu’elle le voulait, mais elle l’était quand même.

- Je ne détourne rien du tout, je te fais simplement remarquer que si tu me connaissais plus que cela, tu aurais compris que ce petit piaf n’est qu’un jouet pour moi.

Sa voix s’était refroidie, et son sadisme avait resurgit. Oh, bien sur, Siegfried n’y était pour rien, elle réagissait comme ça à chaque fois qu’il était nécessaire de montrer ce qu’elle valait, ce dont elle était capable. Elle aimait se jouer des gens, briser des cœurs, envoyer valser des sentiments, et ne s’en privait pas le moins du monde.

Mais Siegfried s’inquiétait pour l’équipe, il ne voulait pas qu’elle se déconcentre, car, comme il l’avait lui même dit, elle était la plus productive des trois poursuiveurs de Serpentards, et elle devait le rester. Pour elle avant tout, pour se prouver qu’elle était la meilleure, mais aussi pour sa maison, car elle se devait de la représenter fièrement et dignement. Se relâcher à cause d’une amourette aurait été stupide, et elle en était totalement consciente.

- Siegy, si je montre moins d’intérêt aux entraînements, je te promet que tu auras le droit de m’envoyer une de ces saletés de cognard en pleine figure, pour me sortir de mes rêves, d’accord ?

Tout en disant cela, elle fit comprendre à son capitaine qu’il ne servait à rien de lui faire la morale, car jamais elle n’abandonnerait son précieux petit souaffle adoré, et ce même pour les beaux yeux d’un pigeon qui roucoulait sous sa fenêtre. Elle était déterminée, et voulait absolument gagner à chaque fois qu’elle était sur le terrain. Tapotant l’épaule de son camarade, elle reprit :

- T’inquiètes pas, je serais toujours prête à plumer deux ou trois moineau et à dépecer les lionceaux et les blaireaux.

Elle esquissa un sourire, ses yeux vairons plongés dans les yeux de son capitaine, avant de tourner la tête et de fixer le bout du couloir.