2 filles : 1 uniforme, 1 jean, 1 gilet + des chaussures [PV]

Bien que l’ambiance générale sur le chemin de Traverse était plutôt tendue ces temps-ci (rapport au retour de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom) et bien que les finances de Mlle Lavande Brown n’étaient pas au beau fixe (rapport à une année difficile), il aurait été difficile de dissuader Lavande d’aller faire les boutiques pour la prochaine rentrée scolaire.
Certes rapport à son petit budget elle ne pourrait rien s’acheter d’extravagant mais il lui fallait quoi qu'il arrive un nouvel uniforme car sa poitrine avait gagné en volume . Et comme aller faire du shopping juste pour un uniforme était un peu déprimant, elle comptait également s’acheter une paire de chaussures, un nouveau jean et un gilet. Ses sous étaient comptés, mais elle avait bien planifié son coup et elle devrait rentrer dans ses frais.

¤ C’est parti ! ¤

C’est d’une humeur presque guillerette que Lavande se dirigea vers les boutiques du chemin de traverse accompagnée par son père et sa mère (époque dangereuse oblige). Elle passa rapidement acheter un uniforme plus adaptée à son nouveau bonnet de soutien gorge et se rua ensuite sur la première boutique de vêtement à la vitrine un peu attrayante.
Monsieur et Madame Brown la suivirent dans son élan, mais Monsieur n’étant pas forcément enchanté de cette séance de shopping et ils restèrent tous deux un moment à parlementer sur le trottoir sur « l’importance d’accompagner ou non Lavande jusqu’à l’intérieur de la cabine d’essayage ».

Pendant ce temps, Lavande, loin de se soucier d’un débat aussi futile commençait déjà à farfouiller dans les différents portants. Comme elle avait l’œil elle se déplaça plutôt rapidement dans le magasin et avait déjà sélectionné 3 gilets potentiels lorsqu’elle tomba sur une de ses amies très chères : Susan Bones.

« Hiii Susaaan, j’y crois pas… Alors ça pour une surprise ! Trop contente de te voir là ! Ouah ça fait longtemps dis moi… Ça va ? Quoi de neuf ? Roh ça fait plaisir de te revoir ! Poudlard me manque beaucoup trop… L’été est triste ! J’ai revu que Parvati… Heureusement d’ailleurs j’aurai déprimé sinon… Bon ça va toi ? »

La Gryffondor assaillit son amie avec un flot de parole mais c’était sa façon à elle de témoigner son affection. Susan qui devait commencer à connaître la Gryffondor devrait bien voir que la jeune lionne était plus que contente de la retrouver ici .

En temps normal, jamais Susan Bones n'aurait eu le droit de se promener seule Chemin de Traverse. Ou plutôt non. En temps normal, Susan Bones aurait probablement eu le droit de se promener seule Chemin de Traverse. Seulement voilà, nous n'étions plus en temps normal et le trouble causé par le retour de Vous-Savez-Sans-Doute-Qui avait rendu les parents de la Poufouffle - comme beaucoup d'autres, d'ailleurs - totalement hystériques. D'autant plus que les disparitions en série qui frappaient depuis le début de l'été ne touchaient pas que les adultes... Susan ne pouvait donc plus sortir sans être escortée, à tel point, dailleurs, qu'elle avait plus ou moins le sentiment d'être une espèce de bibelot que l'on trimballerait précautionneusement d'un lieu à un autre.

Ce jour-là pourtant, la rouquine était parvenue à échapper aux chaperons. Ses deux parents travaillaient et il avait été décidé (unilatéralement, bien entendu. La pauvre petite n'avait pas vraiment eu son mot à dire dans l'histoire) qu'elle accompagnerait son père au ministère avant d'aller avec lui chercher ses fournitures scolaires. Seulement, ce qui devait être, à la base, une petite réunion de routine s'était rapidement transformé - et sans l'aide de la métamorphose, attention les yeux ! - en interminable colloque où tout le monde cherchait littéralement à bouffer le nez de son voisin.
Quant à Susan, coincée dans le bureau de son père, elle en avait rapidement eu assez d'attendre alors que, fonciérement, le Chemin de Traverse était à deux pas d'ici et qu'à moins qu'elle ne porte une cagoule et une combinaison de ski, il y avait peu de chance qu'un mangemort lui saute dessus pour la violenter. Oui, même la prudente et timorée Susan Bones estimait qu'il était préférable d'affronter la rue hostile plutôt que de mourir d'ennui au ministère. Sans compter qu'au train où allaient les choses, elle pouvait toujours courir pour avoir ses fournitures dans la journée, s'il lui fallait attendre son père.

Convaincre Monsieur Bones de la laisser commencer les courses seule s'était révélé plus facile qu'elle ne l'avait imaginé. Préoccupé par sa réunion qui tournait vinaigre, il s'était rapidement rendu aux arguments de sa fille et l'avait laissée filer, avec l'argent nécessaire à ses achats et quelques recommandations plutôt inutiles : Susan n'était pas idiote... Elle le savait, qu'elle ne devait jamais se séparer de sa baguette !
Elle avait commencé par acheter plumes, encre et parchemins avant de se diriger vers le magasin de vêtements le plus proche. Elle avait eu la chance de prendre quelques centimètres pendant les vacances aussi ses pantalons donnaient-ils le sentiment, lorsqu'elle les portait, qu'un feu de plancher était passé par là...

*Bouh ! Je n'aime pas les magasins de vêtements... Les vendeuses font peur !* songea-t-elle en se faufilant discrétement entre deux rayons, espérant qu'aucune créature blonde décolorée ne lui foncerait dessus en hurlant d'un air extatique: "Je peux vous aider Mademoiselle ? J'ai justement un gilet fait pour les teints comme le vôtre... Il faut absolument que vous l'essayiez !"

Mais en fait de blonde décolorée, ce fut Lavande qui lui tomba dessus, au beau milieu d'une série de gilets plus ou moins jolis. Susan en écarquilla les yeux de surprise. Lavande ! Elle n'en revenait pas ! Quoique... Croiser Lavande dans un magasin de vêtements ne devait pas être si étrange que cela, tout compte fait... En tout cas, la Poufsouffle sentit son moral remonter d'un coup (elle haïssait vraiment, les magasins de vêtements et se sentait déprimée rien qu'à l'idée d'y aller !) et elle se fendit d'un large sourire ravi avant de répondre d'une voix fluette enjouée :

- Lavande, houlàlà ! Je suis vraiment très contente de te voir ! Tu as l'air en forme, dis-moi ! Tu es venue toute seule ? Il faut absolument que tu me racontes tes vacances !

Oui, Lavande Brown avait ceci de fabuleux que, lorsque Susan se trouvait en sa présence, elle en oubliait presque sa timidité. La pétillante Gryffondor avait une influence certaine sur la craintive Poufsouffle...

D’un mouvement souple – on sent l’experte – Lavande rassembla les trois cintres qu’elle avait en main et passa les 3 gilets par dessus son épaule afin de mieux pouvoir faire la bise à sa Susan. Elle était si heureuse de revoir son amie que pour sûr ça allait éclairer sa journée.

“Trop la pêche, faut dire que ça fait du bien de sortir de chez soi. Trop pourries mes vacances, je suis restée enfermée à la maison tout le temps ! Mes parents sont devenus des paranos en puissance depuis que le ministère s’est enfin rangé du côté d’Harry et de Dumbledore… J’sais pas si c’est une bonne chose… Parfois j’ai l’impression d’être mieux armée face à ce qui va suivre que mes propres parents et ça me fait flipper. Enfin bon, tout le monde n’a pas eu la chance de faire partie de l’AD ! Oh d’ailleurs trop contente… J’ai eu un OPTIMAL à ma BUSE de Défense Contre les Forces du Mal… OPTIMAL tu te rends compte ? C’est trop trop génial… Faut trop que je remercie Harry et Ron pour ça ! Et toi ma Susu ? Tu as fait quoi de beau pour tes vacances ? Et tes résultats de BUSE ? J’suis sûre que t’as archi cartonné ! ”

Après cette longue tirade Lavande s’autorisa une courte pause respiration. Au même moment, quelqu’un poussa légèrement la blondinette pour lui faire comprendre qu’elle prenait toute la place dans l’allée. Lavande se poussa de mauvaise grâce et jeta un regard chargé de reproches à cette personne qui venait de se diriger vers un petit top bleu turquoise qui serait du meilleur effet avec le gilet marron qu’elle venait de dégotter.

Tout en écoutant la réponse de Susan en souriant, Lavande ne put s’empêcher d'admirer les goûts de la jeune fille de l'allée et de chercher à se rapprocher peu à peu du portant qui tenait ce joli top bleu turquoise… Finalement elle mourait d’envie de continuer de fouiller tout en parlant avec son amie (comme elle aurait pu le faire avec Parvati), mais elle se retint tout de même quelques instants, se disant que Susan ne prendrait pas forcément bien le fait que Lavande ne l’écoute que d’une oreille.

¤ Oh trop une bonne idée ! ¤

« Attends je t’interromps, mais je pensais justement à toi tout à l’heure… Regarde ce haut, il est pas mimi ? Jaune Poufsouffle ! Et comme t’es un peu ma Poufsouffle préférée il faut que tu l’essayes pas vrai ? »

Sourire méga forcé de Lavande pour Susan. Bon elle avait un peu menti en disant qu’elle avait repéré ce truc pour la Jaune-et-Noir. A vrai dire elle avait prit un haut un peu au hasard et avait eu une chance incroyable de tomber sur quelque chose de potable.
La conscience soulagée par ce semi-mensonge qui allait lui permettre de recommencer à fouiner (oui Lav a l'esprit tordu), elle mit le cintre dans les mains de son amie en souriant et fit un pas de côté pour aller prendre le dernier top turquoise du rayon.

¤ XS ah nooon ! ¤

Reposant le top à moitié dépitée, Lavande en profita pour regarder le reste du portant et repéra une petite jupe marron fort mignonne qu’elle posa devant elle pour en admirer la coupe. Satisfaite par cette trouvaille, elle plaça le cintre qui portait la jupe dans sa main gauche avec ses 3 frères (qui portaient les gilets) et s’avança un peu plus loin dans l’allée tout en prenant garde que Susan restait bien près d’elle. Lavande avait encore plein de choses à dire, elle ne comptait pas laisser Susu filer comme ça (non mais !)

« Pardon je t’ai coupé, tu disais ? Et sinon t’es venue pour acheter quoi ? »

Dresser une liste exhaustive des sentiments qui passaient par la tête de Susan en cette minute précise serait certainement impossible. Ou bien trop long. Contentons-nous donc simplement de dire que la rouquine se sentait à la fois extrêmement heureuse et profondément honteuse. Heureuse parce que, tout de même, il s'agissait de the Lavande Brown, son idole de toujours. The Lavande Brown qui lui faisait l'insigne honneur de la tenir, elle, misérable petite Susan Bones, au rang de ses amis. Au point même de lui faire la bise en public. N'en jetez plus, n'en jetez plus, la coupe est pleine !
Mais la confiance que Lavande semblait placer en elle mettait Susan particulièrement mal à l'aise. Et pour cause ! Ne lui mentait-elle pas en prétendant, chaque fois que Lavande abordait - plus ou moins subtilement - le sujet que "non, non, absolument pas, je ne suis pas amoureuse !" avant de rougir de mal être. Une réaction que la Gryffondor - comme beaucoup d'autres - devrait mettre sur le compte de la - hélas tristement célèbre - timidité de la Poufsouffle. En réalité, plus que de la pudeur poussée à l'extrême, il s'agissait d'un véritable sentiment de culpabilité à l'égard de la jeune fille. Culpabilité qui ne faisait que s'accroître au fil des mois.
C'est beau, non ? On se croirait dans du Shakespeare : la jeune première, déchirée par des amours interdites - oui, au pluriel, allons-y carrément ! - brûle de se confier tout en craignant de perdre à jamais ceux qui lui sont chers. Voilà, vous cherchiez une pièce pour la fête de fin d'année de Poudlard ? Ben ne cherchez plus, vous avez trouvé. La Poufsouffle et le Serpentard, un drame romantique en cinq actes, avec beaucoup de larmes et un peu de sang. Dire qu'on ose encore se plaindre du manque de créativité de la jeunesse !

Mais revenons à nos jeunettes. La volubilité de Lavande avait ceci de terrible qu'elle collait instantanément un grand sourire dit "de la pelle à tarte" à Susan. Si grand, d'ailleurs, qu'on pouvait sérieusement se demander si elle n'allait pas avoir des crampes huit jours durant. Susan n'était pas portée sur les signes ostentatoires d'affection. Elevée dans la pure tradition anglaise, elle voyait d'un très mauvais oeil les câlins incessants, les "hop, je te tiens par le bras pour te prouver comme je t'aime !" et autres démonstrations de ce genre. Pourtant, lorsqu'il s'agissait de Lavande, elle ne se sentait absolument pas gênée. Mieux (ou pire ?) ! Elle sentait qu'il ne lui en faudrait pas beaucoup plus pour sauter elle-même au cou de son amie-à-qui-elle-cache-des-trucs-importants. Elle parvint toutefois à se contenir que dirait ses aïeux ? et se contenta donc de sourire benoîtement avant de répondre avec un entrain évident :

- Optimal ? Waouh ! C'est vraiment la classe ! Moi aussi j'ai eu Optimal ! Alors l'an prochain, je continue ! C'est chouette, j'espère qu'on sera dans le même groupe ! Remarque, à partir de la sixème année, on doit tous être mélangés, non ? En tout cas, c'est sûr, j'arrête les potions ! J'ai juste eu Acceptable, Rogue ne voudra jamais de moi avec une note pareille... Mais je m'en moque royalement, en fait ! Tu penses, pour ce que j'aime le personnage...

Elle laissa sa phrase en suspens et esquissa une grimace significative pour bien montrer ce qu'elle pensait de Rogue. Ouf ! Plus de trouille bleue avant d'entrer dans la salle de classe, plus de genoux qui claquent, plus de tête qui tourne et plus de remarques désobligeantes ! Oui, vraiment, en avoir fini avec les cours de Rogue était un grand soulagement.
Chassant l'image de cette répugnante chauve-souris humaine de son esprit, Susan poursuivit avec un peu plus de sérieux :

- Oui, mes parents aussi sont totalement fous avec ça ! A croire qu'ils craignent que les mangemorts en aient particulièrement après moi ! En tout cas, je suis obligée de me promener partout avec un kit de premiers secours... Je veux dire... Un kit de premiers secours... Quand même, ça se saurait si les blessures infligées par les mangemorts pouvaient se résorber avec ce genre de trucs...

A nouveau, elle marqua une pause et parut se rembrumir légèrement. Elle n'avait pu s'empêcher de penser à Diggory. Une trousse de secours semblait peser bien peu quand on songeait à ce qu'il lui était arrivé. Les mangemorts n'avaient pas pour coutume d'infliger de légers bobos à leurs victimes avant de s'en retourner bien sagement vers leurs chaumières. En réalité, leur politique semblait plutôt être "On tue d'abord, on avise ensuite". Ce qui laissait peu d'espoir...

- A ce sujet, reprit la rouquine en battant furieusement des paupières, ma tante Amelia, tu sais... Celle qui travaille au ministère... Elle a disparu depuis plusieurs jours maintenant et... Enfin, ce n'est peut-être rien mais... Enfin voilà... Je crois que ça me fait très peur... acheva-t-elle d'une toute petite voix.

La pauvrette piqua du nez en direction de ses souliers et commença à sautiller nerveusement. Arf ! Mais qu'est-ce qui lui avait pris, de parler de ça ? Lavande allait se sentit mal à l'aise et la détester, c'était certain ! D'ailleurs elle... Elle... Comment ? Un vêtement ? Oooooh ! Cette fille était trop choupinette de chercher à la consoler ! Et elle pauvre sotte, qui restait bêtement plantée là... Susan essuya une larme de reconnaissance. Lavande avait vraiment un don pour divertir les gens en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Pauvre choupine, viens faire un câlin !". Susan sentait déjà son moral remonter en flèche cyclothymique, la gamine. Elle retint un éclat de rire et répondit d'une voix fluette :

- Oh, c'est vraiment très, très, très gentil de penser à moi ! Mais tu sais, là, je cherchais surtout un pantalon et un nouvel uniforme ! Enfin, je veux bien l'essayer si ça te fait plaisir, hein ! s'empressa-t-elle de rajouter.

Aha ! Quelle belle preuve d'amitié. Car s'il y avait bien une chose que Susan détestait au moins autant que les vendeuses, c'était les cabines d'essayage... Malheureusement, elle ne pouvait décemment pas se déshabiller devant tout le monde.

« Trop bien ! J’suis presque sûre que toute l’AD a eu un Optimal… Même Neville pourrait y être arrivé ! En même temps avec toute la pratique qu’on a pu faire sur les contre maléfices, l’épreuve c’était du gâteau ! Sinon trop contente, j’ai eu un autre Optimal ! En Divination… C’était celle que je voulais, c’est génial ! Et puis j’ai eu un E en Métamorphose. Alors là j’en revenais pas ! Mais en même temps McGonagall est vraiment une prof extra. Toi t'as eu A en potions ? J’ai eu P… En même temps, c’est tellement nase les potions, ne plus avoir Rogue c’est une vraie victoire, je suis bien d’accord avec toi ! »

¤ Bingo ! ¤

Lavande venait de trouver le portant qui soutenait tous les jeans et commença à les passer en revus les uns après les autres afin d’en retenir au final 3 qu’elle comptait filer essayer dans la minute. Elle dut se faire violence pour ne pas attraper quelques autres petits tops qu’elle trouvait magnifiques et se tourna vers Susan, plongeant ses grands yeux bleus dans ceux de la jeune fille.

« Retiens-moi sinon je vais acheter toute la boutique… Toi tu as trouvé ton pantalon ? Non ? Je t'attends alors, comme ça on fait la queue ensemble… On a encore plein de trucs à se raconter ! »

Après avoir gratifié Susan d'un léger clin d'œil, la Gryffondor passa tous ses articles d’un bras à l’autre et se mit à les compter tout en vérifiant les étiquettes de prix. Deux ou trois étiquettes lui arrachèrent une grimace, mais elle reporta bien vite son attention sur la rouquine qui venait de se lancer dans la quête d’un pantalon neuf. Elle la suivit des yeux quelques instants et son sourire retomba légèrement lorsqu’elle se souvint des paroles de son amie.

¤ Qu’est ce que je peux bien lui dire sur sa tante ? ¤

Si Lavande n’avait pas répondu à la petite confidence de Susan, c’était car elle avait été prise de court. Il était vrai que la menace planait, c’était indéniable, mais là ça devenait concret pour son amie si elle avait perdu un membre de sa famille. La gentille Susan avait bien rapidement changé de sujet après avoir exprimé ses craintes, mais la blondinette estimait devoir apporter tout son soutien à son amie et se permit de lui glisser quelques mots de soutien.

« Pour ta tante, je suis sûre qu’on va la retrouver… Elle était sûrement très expérimentée, elle doit se cacher… J’espère que ça n’est pas grave, mais ne t’inquiètes pas, on va la retrouver… »

La pétillante Rouge-et-Or aurait voulu se montrer rassurante, mais bien vite elle se rendit compte que ses paroles prirent une intonation tragique qui n’était pas du meilleur effet.

¤ Mince, ça va plomber l’ambiance… Vite, trouve autre chose à dire !!! ¤

« Pfiou, on crêve de chaud ici ! Qu’est ce que je ne donnerai pas pour une grande piscine, avec un jus d’orange bien frais, et un beau gosse à portée de main pour les massages et la crème solaire… »

Rapidement elle s’était recomposé un sourire mais elle demeurait un peu inquiète car elle estimait s'être enfoncée avec son "changement de sujet"… Peut-être que Susan allait mal prendre son intervention (imaginons Susan en mode "non mais pour qui elle se prend celle-là, elle est trop égoïste et n'en a rien à faire") et Lavande trouverait presque ça légitime.

¤ Lav t’es trop stupide, tu ferais mieux de te taire par moments. ¤

Oh Merlin... La divination ! Lorsque Lavande annonça sa note, Susan écarquilla les yeux, l'air à la fois impressionné et surpris. Certes, elle savait que Lavande était très forte en divination, mais jamais elle n'aurait pensé que l'enseignement de Trelawney pourrait lui valoir un Optimal ! Elle devait avoir un vrai don ! La pauvre petite rouquine se sentit tout d'un coup bien honteuse de son Désolant qu'elle avait considéré, jusqu'alors, comme un sauf-conduit pour enfin arrêter cette horrible matière. De toute façon, elle préférait ne pas trop en connaître sur son avenir... Si c'était pour découvrir qu'elle allait mourir de manière précoce pour une cause indéterminée mais impliquant notamment un mangemort, une baguette et d'atroces souffrances, elle préférait ne rien savoir, merci.

- Waouh ! s'exclama-t-elle, O en divination ? Mais tu es vraiment trop douée ! Moi, j'ai eu un D ! Mais bon, j'avais prévenu mes parents alors ça va, ils n'ont pas été trop choqués... Ah oui, c'est vrai que MacGonagall est vraiment une prof géniale... Même si elle fait un peu peur ! Tu vas continuer la métamorphose, alors ? J'espère qu'on sera ensemble ! J'ai eu O en métamorphose, mais bon, aucun mérite, je suis tombée sur un exercice facile... Quentin par contre était trop dégoûté parce que...

Susan s'arrêta net et porta la main à sa bouche, comme si elle venait de dire une énormité. Complètement horrifiée, elle rosit ostensiblement et commença à sautiller nerveusement d'un pied sur l'autre. Oups... Gaffe, gaffe, gaffe !
Tentant vainement de prendre un air détaché, Susan gratifia Lavande d'un sourire crispé et se passa la main dans les cheveux, genre "Non, je l'ai pas dit, t'as mal entendu !". Avec un peu de chance, Lavande n'aurait même rien entendu du tout... Surtout si elle s'arrangeait pour noyer le calmar. Bien décidée à réparer sa lamentable erreur, Susan se rattacha à cette idée comme une moule se raccroche à son rocher de toutes ses petites ventouses (oui, la dissection de la moule, ça remonte à ma cinquième, faut pas m'en vouloir pour les ventouses !) quand le gamin braillard essaie de l'en arracher pour faire un "joli" château. Ou pire... Une "succulente" paëlla qui rendra tout le monde malade.

- Enfin bref, reprit-t-elle vivement, en rougissant de plus belle, j'ai aussi eu O en sortilèges, mais bon, pareil, je suis tombée sur un examinateur coulant. Et puis gros coup de chance, il m'a demandé de faire les sorts que je connaissais le mieux, alors tu penses... J'espère que j'aurais autant de chance le jour des ASPICS. Mais il paraît que c'est trop dur, les ASPICS ! Moi, ça me stresse trop, pas toi ?

Pouinpouinpouin... Pathétique tentative de la candidate Bones pour choper une branche dans sa chute, mais elle a les bras trop petits. Merci à elle d'être passée sur ce plateau et à bientôt !
Si Susan voulait semer Lavande-Reine-Du-Potin, il allait falloir qu'elle se montre plus finaude. La Gryffondor ne se laisserait certainement pas avoir par une histoire de notes aux ASPICS ! Non ! Ce qu'il fallait, c'était une rumeur bien croustillante... Malheureusement, Susan n'en avait pas sous la main. D'ailleurs, l'immense majorité des rumeurs qu'elle connaissait, elle les devait à Lavande. Elle allait devoir se lever de bonne heure pour en trouver une qui ne soit pas déjà parvenue aux oreilles de son amie. Ou alors, il lui faudrait l'inventer... Hélas ! Susan n'était pas bien douée pour ce genre de mensonge et de toute façon, elle n'était pas prête à ruiner la réputation de quelqu'un d'autre pour préserver la sienne...


*Je vais lui dire que Quentin c'est euh... Mon cousin... Enfin si elle demande et euh... Arg ! Non, je n'ai pas de cousin de mon âge à Poudlard ! Et si je dis qu'il est dans une autre école, c'est crédible ?* songea-t-elle, fébrile.

- Comment ? Pardon ? I beg your pardon ? Tu disais ? demanda-t-elle en sursautant légèrement car Lavande la sortit brutalement de ses pensée, mon pantalon ? Qu'est-ce qu'il a il est taché ?

Un peu inquiète d'avoir sali un pantalon propre du matin (*Maman va me tuer !*), Susan baissa nerveusement les yeux en se contorsionnant dans tous les sens, pour tenter d'apercevoir la tache en question.

*Mais non... Il est propre, mon pantalon ! Pourquoi est-ce qu'elle m'a parlé de mon... Ouuuups !*

- Ah euh... Mon pantalon ? Héhé... Euh, nonon, mais ce n'est pas urgent et de toute façon, rien ne me plaît... rectifia-t-elle avec une moue significative, pour le moment, je vais me contenter de reprendre deux uniformes... Oui, on est prévoyant, chez Bones, s'empressa-t-elle de préciser avec un sourire entendu qui en disait long sur ce qu'elle pensait de cette "prévoyance".

Sans plus se préoccuper de pantalon, Susan emboîta le pas à Lavande pour aller payer ses achats. Bouh ! Revoir l'uniforme après bientôt deux mois de vacances la déprimait un peu. Elle était contente de retourner à Poudlard, bien entendu, mais elle n'avait pas très envie de retrouver le rythme réveil/cours/devoirs que leur imposait la vie de l'école... Enfin, c'était surtout le coup d'y aller, en fait. Une fois dans l'ambiance, elle se demanderait probablement comment elle avait fait pour survivre deux mois loin du château (warf ! Je vous épargne la référence bidon !)!

- Oui... J'espère que tu as raison... Elle est très forte, ma tante, tu sais ! répondit-elle d'un ton pensif, mais un peu ragaillardie par la suggestion de Lavande.

*C'est vrai, ça ! Pourquoi est-ce qu'on n'a pas pensé qu'elle se cachait peut-être ? Nous, faut toujours qu'on s'imagine le pire, dans la famille... Lavande, elle est trop forte !*

- Oh, à défaut de piscine, on peut toujours aller prendre un jus de citrouille bien frais, non ? proposa-t-elle, les yeux pétillants, enfin, tu n'as peut être pas le temps... Euh... Même si je paie ?

Bouh ! Se séparer de Lavande si vite était vraiment trop triste !

¤ Quentin ? Quentin Montgomery ? ¤

Suite aux paroles de Susan et à son attitude gênée au possible, Lavande ne put s’empêcher de relier le prénom Quentin au seul Quentin qu’elle connaissait dans tout Poudlard : Quentin Montgomery, une petite saloperie de Serpentard…

D’un côté, Lavande était sûre d’avoir mal compris Susan. Son amie était si timide, si pure et si droite que jamais elle n’irait copiner avec un Serpentard ! Ces choses-là (les Serpentard), c’est le mal en personne, c’est bien connu …
D’un autre côté Susan avait une attitude plus que suspecte et il était évident qu’elle cachait quelque chose à Lavande. Croisant fortement les doigts dans son dos pour que Susan ne lui annonce pas un truc du genre « si, c’est bien Quentin Montgomery, c’est mon meilleur ami maintenant ou même pire, c’est mon amant… il m’a envouté avec un filtre et je me suis laissée avoir et j’suis trop heureuse maintenant ».

La Gryffondor se mordit la langue pour s’empêcher de parler et laissa Susan s’expliquer, mais celle-ci devait certainement croire que sa boulette était passée inaperçue puisqu’elle se remis à parler d’ASPICs et de choses diverses et variées, tout en continuant d’avoir l’air plus que louche.

La blondinette écouta toujours attentivement Susan et commençait à afficher un sourire légèrement crispé, en attendant le moment opportun pour couper la parole à la préfète. Moment qui ne tarda pas à arriver puisque Susan se trouva rapidement à court d’idée.

“Heu revenons à Quentin… Quentin ? Quentin qui ? Quentin Montgomery ? Nan Susan dis moi pas que c’est pas vrai !”

Au ton légèrement catastrophé de Lavande, Susan ne devrait pas tarder à trouver que la situation sentait le roussi. La Gryffondor étant tout à fait du genre à taper un mini scandale en plein milieu du magasin pour montrer qu’elle n’était pas tout à fait d’accord avec les choix de Susan.

¤ Attends Lavande, ça peut pas être ça… Tu t’emballes trop vite là… ¤

Les deux jeunes filles faisaient toujours la queue pour les cabines et une place se libéra à cet instant précis. Sans hésitation, Lavande attrapa le poignet de la Poufsouffle et l’emmena avec elle à l’intérieur d’une cabine d’essayage pour qu'elle puissent poursuivre leur discussion on ne peut plus sérieuse ^^.

« Explique, j’comprends pas… Quentin qui ? Quentin quoi ? »

Lavande avait lâché tous les vêtements qu’elle portait, et ils trainaient désormais pêle mêle sur le sol. En même temps, elle avait porté sa main à son cœur et attendait, presque anxieuse les explications de Susan.