Une amitié précieuse [PV]

Hum… Bon, serait-il possible de ne pas épiloguer trop longtemps sur l’importance de l’oubli ? Cela gênait un peu notre bon Alex de comprendre que Susan s’en voulait plus que lui ne lui en voulait. D’autant que comme il lui ne lui en voulait plus du tout, un rien suffisait. Il n’était pas rancunier pour deux sous et il avait depuis longtemps fait une croix sur cette histoire. La mémoire de Susan avait été rafraîchi et tous le monde était content… du moins jusqu’à un certain point si on considère que Nathan courait toujours et continuera sûrement longtemps. Les aurors étaient trop occupés à s’occuper des mangemorts évadés pour faire attention à un grand frère qui tapait sa sœur et dont la peine n’était que de deux ans. Certes, Nathan avait probablement rejoint les rangs de Voldemort… mais ça, il n’y avait que Myrielle et Alexander pour pouvoir s’en douter.

« Je suppose que depuis notre première année tu as appris trop de recettes de potion et de dates de la guerre des gobelins. Dernier point que personnellement que n’apprend jamais alors… »

Il sourit à son amie et termina son chocolat. Il avait l’impression qu’ils nouaient enfin un dialogue, ce n’était pas trop tôt. En bon anglais (même métissé) qui se respecte, il prit quand même la chose du bon côté : mieux vaut tard que jamais. Comme quoi, il suffisait d’insister un peu.

« Je comprends mais… Je suis quand même particulièrement doué pour sauver les apparences. D’ailleurs, jusqu’à une date récente, je gardais volontairement une distance avec le groupe d’Elizabeth, Wendy, toi… Le vouvoiement, les mademoiselles, c’était pour ça. Je pensais le faire pour votre bien mais c’est que c’était plus simple de cacher mes sentiments de cette façon. »

C’était la première fois qu’il l’avouait à voix haute et il sentit un poids quitter brusquement ses épaules. C’était un peu comme si, en parlant au passé, il mettait tout cet aspect de sa vie derrière lui… Du moins pour les personnes proches comme Susan. Cette dernière lui assura par ailleurs que ça ne remettait pas du tout en cause leur amitié… ce qui lui fit grandement plaisir. Alexander restant celui qu’on connaît, il ne montra pas l’ampleur de sa joie, mais il fit quand même un grand sourire à la rouquine.

« Merci, ça me rassure tu sais… Enfin même si maintenant nous avons un autre problème. » Lança-t-il en désignant du menton les poudlardiens avides de ragots qui les entouraient. Ils les regardaient (discrètement croyaient-ils) et tout ceci allait sûrement tourner bientôt en dérive diverses. Tant pis, il avait quand même obtenu ce qu’il était venu chercher, pour le reste, ils verraient plus tard.

Comment ? Alexander n’apprenait jamais ses dates d’histoire de la magie ? Mais… Mais… Mais c’était mal ! Très mal, même ! Il fallait apprendre ses dates ! Comment le monde pouvait-il tourner sans cela ? Susan lança un coup d’œil franchement éberlué à son ami. Vraiment, c’était tout un mythe qui venait de s’effondrer ! Elle qui avait toujours vu en Alexander the garçon sérieux par excellence, voilà qu’elle découvrait qu’il ne se donnait pas la peine de retenir les cours d’histoire de la magie ! Ah ben ça alors… La jeunesse, n’était plus ce qu’elle était ! La rouquine cligna plusieurs fois des yeux d’un air stupéfait avant de siroter pensivement une nouvelle gorgée de thé. Bon, inutile de remonter les bretelles d’Alexander avec ça maintenant, elle aurait bien le temps de le tanner pour qu’il révise au moment des examens (comment ça, il n’a pas gardé histoire de la magie ? Mais siiiii, voyons ! C’est essentiel pour sa carrière future !). Peut-être même qu’elle pourrait subtilement glisser des dates au cours des conversations qu’ils avaient durant leurs rondes préfectorales ? Certes, réussir à caser, l’air de ne pas y toucher, 1298, révolte gobeline du Nord menée par Heûrk le cracheur de menthos risquait d’être un exercice assez périlleux.

En attendant de mettre son plan (très diabolique, c’est Susan, ne l’oublions pas) à exécution, la rouquine rendit son sourire à Alexander (accentuant ainsi sans le vouloir la rumeur qui venait de naître). Elle était franchement soulagée d’entendre qu’Alexander ne la tutoyait pas par mépris ! Mine de rien, cette pensée lui avait pesé, au cours des derniers mois (Susan était du genre ruminante, quand elle s’y mettait !). Ceci étant, il lui fallait bien reconnaître que le fait de ne plus être vouvoyée avec également quelque chose de très confortable : au moins, elle n’avait pas à s’arracher les cheveux en se demandant comment il convenait d’appeler Alexander ! C’était fatiguant, à la fin, de toujours essayer d’inventer des tournures de phrase pour ne pas avoir à interpeller directement le jeune garçon. Au cours des cinq années passées, Susan avait passé son temps à sautiller du tu au vous pour mieux revenir au tu. A bien y réfléchir, ce genre de problème n’était pas très sain pour une amitié. Il était vraiment temps qu’ils signent un accord ! Et puisqu’Alexander semblait avoir abandonné le vous de distance, Susan n’avait plus à s’en faire !

Elle finit son thé et lança, à l’instar de son ami, un coup d’œil aux élèves qui se trouvaient attablés dans la taverne. Oups ! Elle avait gaffé plus qu’elle ne l’avait cru sur le moment ! Toutefois, elle était bien trop contente de s’être réconciliée avec Alexander pour se soucier – du moins pour le moment – des représailles que Quentin ou Jade allaient bien pouvoir exercer sur elle. Elle se contenta donc de hausser les épaules avec une désinvolture réelle avant de lâcher d’un ton franchement amusé :

- Ah ! Mais que serait Poudlard sans son lot de potins ?

*Encore une chance que ni Lavande ni Parvati ne soient dans les parages, remarque, on a une chance de juguler le truc…* nota-t-elle mentalement, en se laissant tomber dans le fond de sa chaise, les yeux pétillant de malice et un sourire en coin accroché aux lèvres.

Une bonne chose de faite.

(559 mots)

(Fin pour Susan).


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