Cours de Niveau 1, la Magie dans tous ses Etats !

Contrairement à la plupart des Serdaigles - et plus particulièrement des premières années - Pétronille n'aimait pas le Professeur Flitwick ne se trémoussait pas d'excitation à l'idée de retourner en cours (ou, plutôt, dans son cas, à l'idée d'aller en cours, puisque son statut de première année faisait d'elle une novice complète, quelle que soit la classe).
Lorsque le professeur Flitwick était passé dans les rangs des Aigles, ce matin là, pour distribuer les emplois du temps, elle avait constater avec une déception évidente qu'elle n'aurait ni étude des moldus ni histoire de la magie - cours dont elle attendait beaucoup - avant le surlendemain. En réalité, toutes ces matières du jour étaient désespérément magiques. Sortilège, métamorphose et potion allaient rythmer une journée que la fillette pressentait morose. Si encore elle avait eu une petite heure de culture moldue ou de mécanique du XIXème siècle entre deux leçons purement sorcières, elle aurait probablement fait bonne mine. Mais visiblement, Poudlard ne connaissait pas ces matières. Quel dommage !
Avec un profond soupir, Pétronille avait rangé son emploi du temps dans son sac de cours et terminé son petit déjeuner en silence. Autour d'elle, les premières années nouvellement répartis piaillaient joyeusement, tout contents à l'idée de démarrer la journée avec les sortilèges. Les sortilèges ! Non mais vraiment ! Pétronille avait froncé les sourcils en contemplant son bol de porridge d'un air pensif. Les sorciers étaient tellement simplistes ! Régler les problèmes avec la magie manquait cruellement de créativité ! Alors que les moldus ces étranges petites créatures déployaient des trésors d'imagination scientifique qui leur permettait d'avancer quotidiennement, les sorciers, eux, végétaient au milieu de sorts et autres potions découvertes des siècles plus tôt.

La fillette avait tortillé une mèche de cheveux avant de quitter - bien à contrecoeur - sa table, pour suivre ses camarades. L'heure de la rentrée avait sonné et la cloche ne tarderait pas à le leur rappeler. Toute réticente soit-elle, Pétronille n'en restait pas moins une enfant sage : elle ne tenait pas à arriver en retard pour son premier jour de classe !
Après avoir déambulé plusieurs minutes dans un dédale de couloir (et manqué de justesse d'entrer par erreur dans la salle de métamorphose, où le Professeur MacGonagall attendait ses propres élèves), Pétronille Petri pour les intimes pénétra, à la suite d'un petit Gryffondor, dans la salle de classe, d'un air à la fois résigné et déterminé. En tout cas, son pas n'avait rien d'hésitant et elle ne semblait certainement pas intimidée par la présence d'élèves plus âgés :

- Bonjour Professeur Flitwick, dit-elle d'un ton respectueux, en saluant Flitwick d'un signe de tête un peu raide.

S'étant acquittée avec brio de son devoir d'élève bien élevée, la fillette parcourut la pièce du regard pour repérer une table libre. Malheureusement pour elle, il n'y en avait plus. Elle allait donc devoir se résoudre à partager le pupitre de quelqu'un pour la durée du cours. Honteux, vraiment ! On aurait dû lui réserver une table ! La prochaine fois, elle viendrait avec son propre bureau !
Ell avisa une chaise inoccupée près d'une Poufsouffle (en l'occurrence Bailee) et elle s'y dirigea sans hésiter.

- Pétronille Bindweed, enchantée, chuchota-t-elle en arrivant auprès de Bailee, puis-je m'installer ici ? poursuivit-elle en gratifiant la jeune fille d'un coup d'oeil perçant.

Et sans attendre la réponse - après tout, sa question était purement rhétorique - elle prit place aux côtés de sa camarade et entreprit de préparer méticuleusement ses affaires de cours.

Bailee se tourna vers l'arrivante, une Serdaigle si ses souvenirs étaient exacts et lui adressa un sourire chaleureux :

-Bien sûr ! Je m'appelle Bailee Winsdale.

Enfin quelqu'un s'asseyait à côté d'elle ! Bailee commençait à en avoir marre de la presque solitude dans laquelle elle était plongée à Poudlard. Pourtant, elle usait de sa bonne humeur à qui mieux mieux mais apparemment, peu de gens y étaient sensibles... Même si l'année scolaire ne faisait que débuter. Bailee poussa un peu ses affaires sur le côté afin de laisser à Pétronille plus de place pour les siennes.

Bon... Pétronille n'avait pas l'air très sympathique à son égard, vu le coup d'œil qu'elle lui avait lancé mais c'était une règle chez Bailee de rester rayonnante quelle que soit la situation. Elle observa un instant les décorations murales (pour le moins étranges) et balaya une énième fois du regard la salle de classe ainsi que ses occupants, s'imprégnant de l'atmosphère de la pièce. Ici suivrait-elles ses cours de sortilèges durant sept ans ! Autant se familiariser.

Le cours n'allait sûrement pas tarder à commencer, puisque le professeur avait distribué une brochure. Il paraissait sympathique. On chuchotait que c'était un des seuls professeurs restés "clean" à Poudlard... Alors Bailee imagina qu'elle n'avait pas trop de mouron à se faire. Cette fois, elle s'était préparée ! Relisant son livre la veille, elle avait essayé de retenir tout ce qu'elle pouvait et avait pris de l'avance sur la matière. On l'aurait prise pour une Serdaigle !

Les matières du cours du Sortilèges étaient autrement plus passionnantes que celles du cours de Maths des Moldus, par exemple. D'ailleurs, Bailee se jura de ne jamais faire de l'Arithmancie dans la mesure du possible. Bien que les cours fussent plus intéressants ici à Poudlard, il fallait tout de même étudier sérieusement. Plus tard, il y aura les BUSE et les ASPIC ! Des épreuves extrêmement difficiles, d'après son (détestable) cousin Edward.

Il lui fallait donc ne pas prendre ces cours à la légère et être une élève toute aussi assidue qu'à Saint-John, le collège où elle était inscrite, à Londres. Bailee n'avait jamais eu des points faramineux mais sa motivation était appréciée par les professeurs. Elle espéra donc que ce serait de même à Poudlard.

Pétronille gratifia sa voisine d'un bref sourire lorsqu'elle se présenta. Bailee Winsdale, Poufsouffle. L'information et le visage de la jeune fille allèrent trouver leur place dans la mémoire de Pétronille. Nul doute qu'elle se souviendrait de Bailee à l'avenir.
Machinalement, elle redressa son livre de sortilège, afin qu'il forme un angle droit parfait avec l'extrêmité du pupitre et une parallèle rigoureusement exacte avec sa plume d'oie avant de tirer sa baguette de son sac. Sa baguette. Elle n'en aurait plus besoin, lorsqu'elle partirait vivre avec les moldus, mais en attendant... Dieu seul savait à quel point il avait été difficile de trouver une baguette qui lui convenait, en août dernier ! Certes, Ollivander ayant disparu de la circulation depuis près d'un an, il était devenu compliqué de trouver un baguettier digne de ce nom dans les ruelles du Chemin de Traverse, mais même en tenant donc de la relative incompétence du vendeur qui s'était chargée de son cas, Pétronille avait été une cliente particulièrement difficile. Le malheureux employé suait à grosses gouttes lorsqu'elle était enfin sortie de la boutique. Peut-être les baguettes sentaient-elle confusément que la fillette n'était pas enchantée de ses capacités magiques ?
D'un geste pensif, Pétronille caressa le bois lisse et clair de sa baguette. Malgré tout ce qu'elle représentait, elle l'aimait bien. C'était un sentiment à la fois désagréable (comment pourrait-elle jamais devenir moldue si elle s'attachait à sa baguette !), et réconfortant. Avec un léger pincement de lèvres, elle la déposa sur le pupitre (parallèle à la plume, non, elle n'est pas maniaque du tout !) et sortit son pot d'encre de sa besace. Ou plutôt ses deux pots d'encre. Précautionneuse, elle avait préféré voir large, question fournitures, pour cette première journée de cours.
Un encrier dans chaque main, elle redressa la tête pour lancer un coup d'oeil vaguement interrogateur à Bailee. Et si...
De nouveau, elle considéra son encre. Elle en avait bien trop pour elle seule ! D'ailleurs, sa mère en avait garni tous les coins de sa malle, quelques semaines plus tôt. Elle avait au moins de quoi aller jusqu'à sa troisième année sans tomber en panne sèche !
Prise d'une inspiration subite, Pétronille se tourna vers Bailee (non sans avoir auparavant vérifié que Flitwick n'était pas encore en passe de débuter la leçon) et demanda d'une voix flûtée :

- Est-ce que tu en veux une fiole ? C'est de l'encre bleu nuit. Ma mère m'en a donné beaucoup trop, avant que je ne parte ! Elle provoque même des petits éclats argentés, quand on écrit avec. Ils appellent ça l'effet "ciel étoilé", expliqua-t-elle avec aplomb, pas timide pour deux sous.

Pétronille n'avait jamais été très douée, dans sa manière d'approcher ses semblables. Là où d'aucuns auraient commencé par demander à Bailee si elle était nouvelle, si elle était d'origine sorcière, si elle avait entendu parler de Flitwick ou - à la rigueur - quelle était la composition de sa baguette, elle proposait directement un pot d'encre. Proposition un peu décalée d'une fille qui l'était également.
Toutefois bien consciente de ce que ses paroles pouvaient avoir d'étranges, la brunette esquissa un sourire contrit à l'adresse de Bailee, qui allait probablement lui répondre qu'en tant que Poufsouffle, elle se faisait un devoir d'écrire en jaune ou en noir, mais certainement pas en bleu ! Tout reflet argenté possède-t-il !

Bailee sourit, heureuse du fait que la jeune fille lui parle .

-Avec plaisir ! Je n'ai jamais eu l'occasion de tester une encre pareille !

La manière de sa voisine de l'aborder ne l'interpella pas, trop heureuse qu'elle était de ne pas être ignorée. Certains Serdaigles prenaient parfois de haut les Poufsouffles, ne les jugeant pas assez érudits pour eux. Pétronille lui tendit la fiole et elle la reçut avec joie. Elle ne possédait que de l'encre noire du plus triste effet et était impatiente de tester cette fiole ^^. Le plus naturellement du monde, elle engagea la conversation, restant toutefois attentive à ce qui se passait en classe :

-Alors... Tu t'es habituée à Poudlard ? Je veux dire, moi je commence tout juste à ne plus me sentir perdue... Et à ne plus me perdre tout court !

Bailee était quasi persuadée que sa voisine n'était pas d'origine moldue puisqu'elle les avait repérés dans le cadre de son appartenance à l'Armée de Dumbledore. De toute façon, si elle l'avait été, il n'aurait pas été prudent d'en parler ainsi devant une classe entière. Comme on dit, les murs ont des oreilles...

Mais le fait que la jeune Serdaigle possédasses de l'encre à effet "ciel étoilé" la conforta dans l'idée qu'elle n'était pas d'origine Moldue. Elle espéra que le professeur ne leur confisquerait pas cette encre originale. Apparemment, Bailee s'était trompée au sujet de Pétronille. Sans doute était-elle moins antipathique qu'elle ne le pensait. Ne se dépourvoyant pas de son sourire, elle sortit sa plume qu'elle avait oublié de prendre et testa le contenu de la fiole sur un bout de parchemin. Elle eut un petit mouvement de recul lorsque des éclats argentés apparurent.

*Excellent !*

Bailee continuait à être impressionnée par des choses aussi minimes, bien qu'elle vécut dans une atmosphère magique. Son père était un passionné des Moldus et souhaitait vivre le plus possible de leur façon. Ainsi Bailee avait-elle fréquenté un collège de Moldus et avait acquis un respect et une compréhension pour ceux-ci.

Pétronille s'était empressée de tendre une des deux petites bouteilles d'encre à Bailee, vraiment heureuse de la voir accepter sa proposition incongrue ("Qu'est-ce qu'elle a cette encre ? Pourquoi tu veux me la refourguer ? Elle est empoisonnée ?"). Elle adressa un sourire chaleureux à la Poufsouffle tout en triturant machinalement le prospectus que Flitwick leur avait distribué quelques minutes auparavant.
La froideur apparente de la Serdaigle n'était due qu'à sa réserve naturelle qui, cumulée à un goût prononcé pour la solitude, lui conférait souvent des airs hautains. Toutefois, une fois la glace brisée, Pétronille se révélait très vite excellente camarade et, si elle n'était pas excessivement bavarde, elle se faisait toujours un plaisir d'écouter.

- Ma mère l'a eue dans une petite papeterie du Chemin de Traverse, expliqua-t-elle, je crois que les propriétaires la fabriquent eux-mêmes alors on ne la retrouve pas en vente dans les autres commerces.

La papeterie en question s'appelait Martin's Ink, du nom de son fondateur, et les Bindweed en étaient de fidèles clients. Toutefois un peu excentrée, le commerce était nettement moins florissant que Fleury & Bott ou autres librairies mieux situées. Et la situation actuelle ne devait pas favoriser les affaires de la papeterie ! Rares étaient les honnêtes sorciers qui osaient s'aventurer dans les ruelles sombres et moins fréquentées du Chemin de Traverse.
La fillette plissa le front d'un air concerné mais fut tirée de ses pensées par Bailee. Pétronille reposa son prospectus et entreprit de le lisser du plat de la main avant de répondre d'un ton pensif :

- Hé bien, je connais par les histoires de famille. Mais entre entendre parler de Poudlard et y être, la différence est énorme. Je veux dire, tout est tellement... Grand ! J'ai failli me tromper de salle de classe, en venant ici, confia-t-elle avec un sourire amusé, ils devraient fournir des plans, aux premières années, conclut-elle.

A défaut de plan, les nouveaux élèves étaient contraints de se déplacer en troupeau, tels des moutons apeurés, ce qui n'était guère pratique (imaginez que celui de tête aille aux toilettes ? Ou que lui-même ne connaisse pas le chemin ?). Les années supérieures devaient bien rigoler, à les voir ainsi défiler dans les couloirs !
Si Bailee (hop, sans transition, c'est mal !) avait dit à Pétronille qu'elle était allée dans une école moldue et que son père adorait les moldue, Pétronille lui aurait probablement sauté au cou (nonobstant la retenue anglaise !) de plaisir. Née dans une famille sorcière dédaignant les moldus, Pétronille avait toujours fait figure, sinon de mouton noir, du moins de bizarrerie au sein du clan Bindweed et nul ne savait d'où lui venait cet amour - si peu conventionnel - pour le monde moldu. Aussi en était-elle arrivée à penser que tous les sorciers partageaient cette opinion.
Si les Bindweed n'étaient pas mangemorts pour deux sous, ils n'en restaient pas moins convaincus que moins on se mêlait aux moldus et mieux on se portait. Chacun chez soi et les licornes seront bien gardées, en somme !

Bailee partit d'un petit rire.

-Tu as raison ! Moi, j'avais repéré la classe hier afin de ne pas me tromper en m'y rendant aujourd'hui. Je n'ai pas vraiment le sens de l'orientation !

Heureuse de constater que la Serdaigle n'était décidément pas antipathique, son habituel sourire rayonnant resta affiché sur ses lèvres. Il était rare que les gens l'abordent de par eux-mêmes et Bailee était contente de, pour une fois, ne pas avoir eu à engager la conversation, même si elle était plutôt habile en cet art.

Bailee se prit à penser à ses parents. Curieusement, ils ne lui manquaient pas tant que ça ; La découverte de Poudlard et ses merveilles ne lui avaient pas vraiment donnés le temps de penser à ses géniteurs ce qui était plutôt surprenant pour une gamine de onze ans... Mais bon, on disait de Bailee qu'elle était plutôt mature même si elle ne se montrait sérieuse que quand il le fallait. Sa devise était : Pourquoi être sérieux quand on peut rigoler ? ce qui illustre parfaitement le caractère de notre chère Poufsouffle.

Elle avait cet instinct qui lui soufflait quel ton employer, quel visage afficher ; Oui, Bailee savait se faire apprécier par sa bonne humeur, sa discrétion et son tact. A son contact, les gens ne restaient généralement pas timides et finissaient par rigoler de bon cœur avec elle ! Son humour était généralement subtil et pas trop lourd, ainsi pouvait-elle parfaitement s'entendre avec des élèves plus âgés.

Notre jeune Poufsouffle avait vite compris pourquoi elle avait été envoyée dans cette maison en lisant L'histoire de Poudlard et approuvait ce choix de la part du Choixpeau Magique (heureusement parce qu'il est un peu trop tard pour changer !). Longtemps, comme tout le monde, elle avait eu peur de ne se faire associer à aucune maison et d'être obligée de rentrer chez elle... Ou à Beauxbâtons, l'école de fille française.

Une école de fille ? Ennuyant ! Bailee, perchée sur ses onze ans, ne nourrissait déjà plus de dégoût enfantin envers les garçons et même avait quelques amis masculins. Sûrement serait-elle une vraie tombeuse plus tard, m'enfin le futur nous le dira.