[THEME] Que l'année commence ! [Terminé]

Nouvelle année, nouvel uniforme, nouvelle crise pré-départ. Ou comment découvrir, moins d'une heure avant le départ du train, que Chaton manquait à l'appel. Anabelle soupçonnait Quentin qui rime avec crétin d'avoir séquestré la pauvre bête uniquement pour l'ennuyer. Franchement, ce garçon était d'un pathétique ! Anabelle était bien contente de ne plus avoir à le supporter dans les couloirs de Poudlard ! Pour la première fois cette année, elle serait seule à l'école, débarrassée de ses frères et elle s'en réjouissait d'avance. D'autant plus que Shawnie, lui, serait encore là pour un an ! Ah ! Elle allait enfin pouvoir profiter de son cousin préféré sans avoir à se soucier de la réprobation fraternelle. Shawn, si tu m'entends, fuis.
Voilà les pensées qui tournaient dans la tête de la jeune Poufsouffle tandis que, à quatre pattes dans la salle à manger, elle cherchait son chat sous les meubles. Hors de question de laisser Quentin avoir la garde du félin ! Il n'avait rien fait pour la mériter au cours des années passées ! Qui avait brossé le pelage de l'animal ? Elle ! Qui le lavait au péril de sa vie ? Elle ! Qui l'avait soigné quand il avait eu la gale ? Elle ! Bon, d'accord, techniquement parlant, Chaton n'avait jamais eu la gale, mais s'il l'avait eue, Anabelle l'aurait soigné !
Fort heureusement, Ana finit par dénicher Chaton, coincé en haut d'un buffet. Comment était-il arrivé là-haut ? Lui qui était un grand froussard atteint de vertige ? Quentin, bien entendu ! Le jeune homme avait certainement trouvé amusant de placer le malheureux chat en hauteur ! Anabelle en frissonna d'horreur : quelle cruauté ! Pas étonnant que ce garnement ait échoué à Serpentard ! Et il pensait être en mesure de s'occuper du chat toute l'année ? Mais ce serait un crime de le laisser faire !

*J'espère qu'il n'aura jamais d'enfant ! Il va tous les traumatiser !* songea-t-elle avec conviction en récupérant, à l'aide d'une chaise et de deux ou trois livres savamment empilés, un Chaton tremblant de peur et qui n'hésita pas à lui planter les griffes dans l'avant-bras.

Pauvre petit ! Vite, vite, il fallait le ramener dans sa caisse ! Elle allait être en retard pour prendre le Poudlard-Express, sans cela ! Et pour une préfète fraîchement nommée, manquer le train serait du plus mauvais effet. En même temps quelle idée de la nommer préfète. L'administration devait être bourrée ce jour-là. Alors qu'elle se hâtait vers sa chambre, Chaton dans les bras, Ana croisa Quentin au détour d'un couloir. Elle lui lança un regard noir, lourd de sous-entendus avant de demander avec hauteur :

- Franchement, tu trouves ça drôle de kidnapper un pauvre minou innocent ?

Et de passer dignement son chemin. Non mais des fois ! Elle n'allait pas se laisser marcher sur les pieds par cet imbécile ! Ah, il avait de la chance de ne plus être à Poudlard ! Sans cela, sa première action de préfète aurait été de lui enlever des points pour non-respect de la vie animale ! Pauvre Susan obligée de sortir avec un psychopathe ! Elle avait probablement trop peur pour le quitter ! Mais qu'elle ne s'inquiète plus : Anabelle était là, et elle l'aiderait ! Quitte à user pour cela des charmes d'Elea !
Forte de cette résolution, la brunette laissa Chaton s'installer aussi confortablement que possible dans sa caisse de voyage avant d'entreprendre de traîner sa grosse malle jusqu'au hall d'entrée. Ah ça, pour lui donner des ordres, il y avait toujours du monde, mais pour l'aider à porter ses bagages, jamais personne ! Pff, la famille ? Tous des ingrats !
Comme de juste, ce fut Christian qui l'accompagna jusqu'à la gare. Christian. Hé bien le point positif, c'est que depuis son mariage, il était bien trop occupé pour réellement se soucier de sa jeune soeur. N'empêche que se savoir sous la tutelle de cet infâme personnage anti-White révulsait Anabelle. A quel âge pouvait-on demander son émancipation, déjà ? Il faudrait qu'elle le demande à Adrien, il était probablement au fait de ces choses là, lui !
Après avoir déposé un rapide baiser de pure circonstance sur la joue de son aîné et promis, d'un air mi agacé, mi résigné, d'être sage, la jeune fille monta enfin dans le train, quelques minutes à peine avant qu'il ne parte.

- Pardon, pardon, s'cusez-moi, je passe, écartez-vous, attention devant... Oups... C'était ton pied ?

Le couloir du Poudlard-Express était bondé, plein d'élèves agitant des mouchoirs en direction de leurs familles, restées sur le quai, ou s'efforçant de tirer leurs valises jusqu'à un compartiment libre. Autrement dit, ça bouchonnait sec, pire que l'autoroute un jour de grand départ ou que la Gare de Lyon, un samedi de juillet. Se frayer un chemin dans la foule ne fut pas chose aisée, et Anabelle n'y parvint qu'au sacrifice de quelques coudes et autres orteils qui se trouvaient malencontreusement sur sa route.
Elle parvint toutefois assez rapidement au wagon qu'elle cherchait et ouvrit la porte coulissante d'une main dynamique juste avant de se coincer les doigts dedans.

- Salut Elizabeth, lança-t-elle d'un ton enjoué.

Puis, sans plus de ménagement, elle entra à l'intérieur et entreprit de caser sa malle dans le porte-bagages, à grand renfort de grognements et non sans piétiner la banquette. Finalement, les joues un peu roses et la tresse en partie défaite, la Poufsouffle se retourna vers sa camarade avec un grand sourire aux lèvres :

- Est-ce que ça te dérange si je laisse le chat sortir ? Il n'aime pas trop la caisse, tu vois... Il a tendance à miauler à la mort quand il est dedans... Rhô, et puis tu sais quoi ? Quentin a essayé de le kidnapper, ce matin ! Le pauvre petit en est encore tout retourné !

Hop, la réputation de Quentin était faite. La fillette gratifia son chat d'un coup d'oeil attristé avant de hocher sombrement la tête. Quel monstre ce grand frère !

(1001 mots, à une saloperie sur Quentin près )

Anabelle n'avait pas demandé son reste, lorsqu'Elizabeth l'avait autorisée à libérer Chaton, et elle avait bien vite ouvert la cage pour laisser le matou gambader à sa guise dans le wagon. Enfin "gambader", le mot était un peu fort ! Chaton n'était pas un animal téméraire et, d'une manière générale, il avait tout d'un gros paresseux. Aussi se contenta-t-il de s'étirer longuement avant de bondir sur la banquette d'Elizabeth et de s'y rouler en boule dans la ferme intention de piquer un petit roupillon. Mais on ne pouvait lui tenir rigueur de ce manque d'énergie : après tout, la pauvre bête venait de vivre une expérience traumatisante, il fallait lui laisser me temps de s'en remettre ! La brunette se pencha en avant et gratouilla son chat derrière les oreilles. Dire que cette grosse brute de Quentin avait essayé de lui faire du mal !
Et en parlant de Quentin... Elizabeth semblait justement s'intéresser au méfait du jeune homme genre elle a des intérêts dans l'histoire. Anabelle hocha donc la tête d'un air entendu à son attention et commença à raconter d'une voix fluette :

- A qui il est ? Hé bien, à moi, bien entendu. Enfin, à la base, on devait s'en occuper tous les deux, tu vois, sauf que Quentin ne l'a jamais fait, parce qu'il a trop peur de se faire griffer ! Et il oubliait tout le temps de lui donner à manger. Et aujourd'hui, il l'avait mis en haut de la console du salon alors que Chaton a le vertige. Tu imagines le traumatisme que ça a dû être pour le pauvre petit ? conclut-elle en caressant amoureusement la tête du chat.

Bon, peut-être exagérait-elle un peu les faits, mais au fond, était-ce si grave ? Quentin était un monstre de cruauté et il fallait bien en convaincre Elizabeth ! Anabelle grosse menteuse. D'ailleurs, comme pour confirmer ses dires, Chaton gros menteur aussi laissa échapper un miaulement digne d'une créature martyrisée. Brave bête !
Plutôt satisfaite, Anabelle se redressa et se cala dans le fond de sa banquette tandis qu'Elizabeth abordait le thème des vacances, tradition incontournable en cette période de l'année.

- Adrien ? Oui, oui, je l'ai vu au mariage d'Edward.

A ce souvenir, elle esquissa une grimace. Bouh ! Dire qu'Agapanthe faisait officiellement partie de la famille désormais ! Si ça se trouve, elle allait même se reproduire avec Edward. Peuh, c'était vraiment dégoûtant ! Enfin, au moins, Agapanthe ne serait plus à l'école non plus, cette année.
Bien décidée à chasser son affreuse belle-soeur de sa tête, Anabelle demanda à son tour :

- Et toi, c'était comment ? Tu as revu toute ta famille ?

Non, Anabelle n'était pas cruelle notez, elle aurait eu de qui tenir, seulement elle connaissait, au final, assez mal Elizabeth. Elle ne pouvait donc pas deviner que celle-ci avait été bouleversée par la bataille finale aussi posait-elle sa question en toute innocence. D'ailleurs, ayant elle-même quitté le château avant le début des combats, elle n'avait qu'une très mince idée des horreurs qui s'y étaient déroulées. Et bizarrement, elle n'avait pas demandé à Quentin de lui raconter.

(522 mots à d'autres saloperies près)

Anabelle était plutôt contente d'avoir obtenu gain de cause sur Quentin, dans l'affaire Chaton. Certes, Elizabeth n'était pas la juge chargée des affaires de divorce avec garde des enfants mais une victoire demeurait une victoire. Notez, elle n'allait certainement pas contredire Anabelle, des fois que celle-ci aurait des pulsions meurtrières ou pire, qu'elle ne décide de récupérer son chat. Estimant que le sujet était clos, Anabelle se contenta donc de hocher gravement la tête en signe d'approbation des sages paroles d'Elizabeth.
Malheureusement pour elle, le dossier familial n'était pas épuisé pour autant. Ah ! Le mariage d'Edward et d'Agapanthe... Voilà un événement qui avait fait beaucoup jaser, au cours de l'été et, pour être honnête, Anabelle comprenait parfaitement les mauvaises langues. Elle en faisait d'ailleurs partie. Dix-huit était, effectivement, un âge bien tendre, pour prendre un engagement aussi important que celui-là, mais si en plus la mariée n'était autre qu'Agapanthe, on avait de quoi se poser des questions sur la santé mentale d'Edward. Se marier jeune était bien souvent ouvrir la porte d'un futur incertain, mais se marier jeune avec Roze prenait carrément des allures d'opération suicide. Et puis franchement Agapanthe était si ennuyeuse ! L'amour devait réellement rendre aveugle ! Ceci étant, à bien y réfléchir, Edward n'avait rien de très passionnant non plus. Il était l'exemple typique du mâle terne, empli d'idéaux grotesques, persuadé de son importance et convaincu que l'amour était éternel. Vraiment, de la part d'un individu que la société reconnaissait comme adulte, on aurait pu s'attendre à mieux, non ? Bien, maintenant qu'Edward et Quentin en ont pris pour leur matricule, passons à Christian.

- Romantique ? Répéta la jeune fille d'un ton plus sceptique qu'elle ne l'aurait voulu, Moi je trouve que c'est une erreur. Dix-huit est un âge bien trop jeune pour se marier. Certes, Edward et Roze se fréquentent depuis un moment, mais ils ne se connaissent que dans le cadre scolaire ou, en tout cas, que comme élèves. Or, ils viennent précisément de quitter Poudlard. L'année qui s'ouvre va les pousser à évoluer parce qu'ils entrent définitivement dans le monde adulte. Et il n'est pas certain qu'ils apprécieront les changements qu'ils verront chez l'autre, expliqua-t-elle d'un air sentencieux.

Oui, Edward et Agapanthe aurait dû attendre. D'autant plus qu'Anabelle ne voulait vraiment pas de Roze comme belle soeur. Le mariage de Christian avait au moins eu le mérite d'être logique : il avait engrossé Ashaiah et il avait eu la courtoisie d'assumer les conséquences (en l'occurrence roses - ahah - et braillardes) de ses actes. Mais Edward et Roze... Anabelle secoua la tête pour chasser le souvenir du mariage de son esprit.
Une chance pour elle, Elizabeth une Sainte cette petite lui vint en aide sans le savoir. Peur ? Oh ! Voilà qui était intéressant. Mais peur de quoi ? Les Carrow avaient été chassés, Voldemort était tombé et Poudlard allait redevenir ce qu'il aurait toujours dû être. On pouvait compter sur MacGonagall pour rétablir un ordre serein dans le château même si objectivement, Pomona aurait été bien plus capable.

- Peur ? demanda-t-elle, mais... Pourquoi ? Je veux dire, il n'y a plus rien d'inquiétant, à Poudlard, non ? Sauf si tu as peur de Flitwick, bien entendu mais les mangemorts ne sont plus là pour faire la loi, acheva-t-elle en lançant un coup d'oeil perplexe à Elizabeth.

Elle s'apprêtait à rajouter quelque chose lorsque... Caramba, encore raté, le sujet Montgomery revint sur le tapis ! A croire qu'ils étaient devenus des stars pendant les vacances ! Enfin, Shawnie c'était normal, remarquez... Il n'y avait cependant pas moyen d'y couper, aussi Anabelle répondit-elle de bonne grâce que ne ferait-on pas pour Shawnie :

- Oui, oui, exactement, Shawnie est mon cousin. Tu le connais ? Il est très fort, hein ? demanda-t-elle, avec une pointe de fierté, Il va m'adopter, tu sais. Il va bien. On devrait le voir ce soir, au dîner, je suppose.

Sauf s'il a décidé de nous lâcher pour Taliesin.

(664 mots, à un lynchage d'Ed près)

Anabelle, trop ancrée dans la réalité ? Grand Dieu ! Il fallait donc qu'Elizabeth pourtant sa nouvelle meilleure amie la connût bien mal pour en arriver à une telle conclusion ! Nous parlions de la jeune fille qui, jusqu'à l'an passé, était fermement convaincue de pouvoir communiquer avec un moineau invisible. Oui "était". Gorgeous s'était volatisé aussi mystérieusement que brusquement, quelques jours seulement après l'enterrement de Claire. Depuis, Anabelle avait, tant bien que mal, appris à vivre sans lui, persuadée au fond d'elle que le petit volatile était parti prendre des vacances, dans un pays lointain, chez ses cousins les cacatoès et autres perroquets multicolores. Nous parlions de la Poufsouffle qui avait combattu des pirates imaginaires avec une épée non moins imaginaire, dans le parc de l'école, lors de sa troisième année. Nous parlions enfin d'une enfant intimement convaincue que Shawnie allait accepter de l'adopter et, ça, hé bien ça, c'était tout bonnement inconcevable d'un point de vue logique.
Non, Anabelle n'était pas trop terre-à-terre, elle n'était même pas pragmatique à proprement parler. Seulement elle était suffisamment raisonnable et assez observatrice pour pointer du doigt certains mécanismes du fonctionnement humains. Ce qui ne voulait pas dire qu'elle avait raison. Edward et Agapanthe resteraient peut-être ensemble ad vitam aeternam Dieu nous en préserve !. Mais il fallait bien reconnaître que dans l'état actuel des choses, la multitude de potentiels qui constituait leurs avenirs conduisaient plus vers une dissolution de leur mariage que vers un renforcement de leurs liens. Anabelle pouvait peut-être sembler cynique, mais il fallait avouer que sa propre histoire familiale avait de quoi la laisser désabusée en ce qui concernait les sentiments amoureux : sa mère n'avait pas été un exemple de constance ! Il était d'ailleurs étonnant que ses frères se montrent si fidèles. Quoique Quentin...

Elizabeth, quant à elle, paraissait bien plus confiante et, d'une certaine manière, bien plus rêveuse. Le mariage de Roze et Edward la laissait apparemment songeuse. Merlin ! Dans trois minutes, elle allait pousser le soupir typique de jeune donzelle devant une scène d'amour mielleuse. Beuh ! Trop de sentimentalisme tue le sentiment ! Anabelle était un peu étonnée que sa nouvelle meilleure amie comparse fasse preuve d'un tel manque de discernement. Un jour mon prince viendra ? Charmante Elizabeth !
La Poufsouffle jugea toutefois préférable de ne pas poursuivre la discussion. Le sujet était plutôt délicat et les deux filles avaient des opinions très divergentes à son propos. Ana ne se sentait pas encore assez proche d'Eli pour continuer la conversation sans prendre le risque de blesser durablement la préfète ou d'être mal comprise d'elle. Elle se contenta donc de hocher la tête d'un air poli quoique sensiblement désapprobateur avant d'embrayer sur le thème, autrement plus neutre, du retour à Poudlard.

- Oui mais... C'est fini maintenant, non ? Je veux dire... L'année passée a été vraiment, vraiment horrible, mais celle-ci sera bien plus sereine. Au moins, on est sûr que personne ne va s'enfuir au beau milieu du trimestre, commença-t-elle d'une voix calme, je ne dis pas qu'on va oublier ce qu'on a bien pu connaître l'année dernière, mais c'est une partie de notre passé, maintenant, et il faut qu'on accepte d'aller de l'avant... Ou alors... Ou alors on ne vit plus.

Anabelle n'avait pas été la plus touchée par le règle des Carrow. Les Montgomery jouissait d'une certaine réputation et, qu'elle le veuille ou non, avoir un frère à Serpentard avait été un sacré atout. Mais elle n'avait pas été particulièrement épargnée non plus. Trop rêveuse en cours, trop connue pour l'intérêt qu'elle portait envers les moldus, amie de nés-moldus, même, les Carrow lui avaient fait sentir à plusieurs reprises quelle mauvaise sorcière elle était. Cependant, trop discrète, trop calme, trop insignifiante, elle ne leur était jamais apparue comme une menace potentielle, aussi les punitions dont elle avait écopées étaient-elles restées relativement douces en comparaison au sort de Juliet, par exemple. Elle avait tout de même vu, avec une horreur croissante, la violence dont les mangemorts pouvaient faire preuve. Comme tout le monde, elle avait vécu au rythme des arrestations et des fuites d'élèves. Elle avait dîner à une table de plus en plus désertes. Elle était restée éveillée des heures durant à se demander ce qu'il advenait de ses camarades absents. Oui, pour elle comme pour tous les autres, l'année passée avait laissé des traces indélébiles. Mais sous ses airs fragiles, Anabelle Montgomery pouvait faire preuve d'une force de caractère étonnante. Elle s'était d'emblée placée du côté de la vie. Et la vie exigeait qu'elle surmonte ses douleurs psychologiques pour continuer à exister. Elle n'oubliait pas, non, elle refusait seulement de laisser ses souvenirs l'accaparer. Ils appartenaient au passé et ils devaient être traités en tant que tel. Il fallait les observer calmement, logiquement, les disséquer presque, pour mieux les comprendre. Il fallait en tirer force et sagesse. Et puis il fallait les ranger dans un coin de son esprit. Et avancer.

Anabelle cruelle de nature n'avait pas remarqué le trouble qui s'était emparé d'Elizabeth. Probablement parce qu'elle était bien trop heureuse d'avoir trouvé quelqu'un avec qui évoquer ce cher Shawn. Sans compter que le temps s'était couvert, depuis que le train s'était ébranlé, aussi la lumière, à l'intérieur du compartiment, était-elle plutôt faible.
Cette fois-ci, la brunette hocha vigoureusement la tête pour marquer son assentiment. Extra, voilà, c'était le mot ! Shawnie était extra ! En même temps c'était un White, il partait avec un avantage non négligeable dans la vie ! Bon, moins que les MacMillan mais quand même, c'était pas mal...

- Euuuh... Tu ne vas pas me traîner chez Madame Piedodus, hein ? demanda-t-elle d'un ton suspicieux.

Ouais, parce que le salon de thé de Madame Piedodus, il faisait vachement peur, avec tous ses anges dorés en papier mâché et ses froufrous en dentelle rose ! Et maintenant qu'Ana connaissait le penchant romantique d'Eli, elle se méfiait de ses goûts esthétiques...

- Un plan d'action ? renchérit-elle enfin, non pas trop... Je veux dire, ça serait déjà bien d'avoir des nouveaux, cette année. Pour le reste... Hé bien je suppose que c'est à nous de les houspiller un peu pour qu'ils se tiennent correctement et rapportent des points... Euh... C'est crédible, venant de moi ? demanda-t-elle, en adressant un coup d'oeil perplexe à Elizabeth.

(1049 mots et des saloperies sur Eli )

Ah booooon ? Anabelle se faisait de fausses idées sur Elizabeth ? Vous croyez ? Ou bien était-ce Elizabeth qui ne se voyait pas telle qu'elle était ? En même temps on la comprend, c'est un peu la honte ! Il fallait tout de même reconnaître qu'elle avait des idées un peu bizarres, en matière de sentiments ! Elle aurait été parfaitement à son aise dans un Disney bien niais comme Blanche-Neige, par exemple. L'espace d'une seconde, la vision fugace d'une Elizabeth, toute de rose vêtue, la bouche en coeur, l'air potiche et poussant des soupirs languissants en contemplant l'horizon, du haut de sa tour d'ivoire, traversa l'esprit d'Anabelle. La Poufsouffle écarquilla involontairement les yeux d'une saine horreur. Eeeerk ! Visiblement, l'année Ombrage avait laissé plus de séquelles qu'elle ne l'avait pensé, pour que son imagination lui joue ce genre de tours. Enfin, elle, au moins, n'avait pas été atteinte au point de devenir comme Elizabeth. Elle secoua vigoureusement la tête pour en chasser cette pensée tandis que Chaton, à mille lieues de là, s'étirait paresseusement en plantant les petites griffes de ses pattes antérieures sur les jambes d'Elizabeth, excellent reposoir à chat. Finalement, l'animal bailla sans retenue il avait pris ses mauvaises manières auprès de Quentin et posa la tête sur le genou d'Eli' oui, un seul genou, le quidditch laisse des traces pour se rendormir en bavant un peu.

- Trop drôle ? s'étonna la jeune fille en adressant un bref coup d'oeil suspicieux à Elizabeth, pourquoi trop drôle ? J'ai rien dit ! J'ai dit quelque chose ?

Elle cligna des yeux en fronça les sourcils, tentant vainement de retrouver ce qu'elle avait bien pu dire de "trop drôle". Elle n'eut toutefois pas le temps de se pencher sérieusement sur la question car déjà Elizabeth poursuivait en évoquant leurs collègues et néanmoins ennemies de Serpentard. Erk ! Marie et Heaven... Il allait falloir s'en méfier, de ces deux là ! Surtout d'Heaven, contre laquelle Anabelle avait une dent depuis son aventure avec Adrien. Et ce même si la jeune fille aurait tout nié en bloc si quelqu'un avait osé soupçonner les raisons de son animosités pour la jeune fille. Elle hocha sombrement la tête en signe d'assentiment avant de renchérir :

- Oui, tu as raison ! Elles risquent d'être assez insupportables, en plus ! Je veux dire, déjà, ce n'est pas la modestie qui les étouffe, mais alors avec un badge de préfet agrafé sur la poitrine...

Elle laissa sa phrase en suspens et tritura machinalement le premier bouton de son gilet de coton moldu. Elle se sentait un peu honteuse : Elizabeth semblait avoir plein d'idées, pour la maison, tandis qu'elle... Hé bien, elle, elle était un peu le gros boulet de l'histoire. La brunette se mordilla la lèvre nerveusement, persuadée qu'Elizabeth devait déjà sérieusement regretter d'avoir été mise en duo avec elle.

- Tu as raison encore une fois, il faut absolument trouver un moyen de renforcer les liens entre les différentes années ! On peut organiser une chasse à l'oeuf de Pâques ? Une soirée de Noël ou de Nouvel An avec échange de cadeaux ? Ouais, comme l'an dernier, le bug d'Herbert en moins Une chasse à l'homme dans le château ? Oooooh ! Une murder partyyy ! Ou alors un killeeeer ? Ce serait troooop cooooool ! s'extasia-t-elle, les yeux brillants d'excitation.

Bon, en même temps, si on a quatre pauvres élèves, on va être limités...
La petite se laissa bercer, un cours instant, par ses pensées, avant de reprendre d'un ton rêveur :

- Et puis peut-être qu'il y a moyen de décloisonner pour faire des activités avec d'autres maisons ? Enfin, pas trop avec les Serpentards, remarque, mais les préfets de Serdaigle et Gryffondor seront peut-être d'accord pour qu'on fasse des choses en commun ? Tu sais bien qu'on a besoin d'être plus solidaires... Mais sans les Serpentards.

Elle fut interrompue quelle grossièreté par l'arrivée du charriot. La clochette tintinnabulante éveilla Chaton qui bondit de la banquette pour aller renifler les roues de l'engin. Miam, nourrituuure Anabelle récupéra son chat d'une main leste avant qu'il n'ait eu le temps de faire de dégâts et le tint fermement sur des genoux tandis qu'Elizabeth passait commande.

- Euuuh... Euuuuh... dit-elle, soudain timide car peu habituée à ce qu'on lui offre quelque chose, c'est très gentil mais je vais le faire tu sais euh... Une plume au sucre, s'il vous plaît, demanda-t-elle, plus fermement, tendant sa monnaie avant qu'Eli ne puisse s'y opposer.

(751 mots toujours avec des saloperies)